Quoi de neuf dans le domaine des ichtyoses congénitales Assemblée générale de l’A.N.I.P.S 27 octobre 2007 Dr E Bourrat Dermatologue Centre de référence des maladies génétiques à expression cutanée de l’hôpital Saint Louis – Paris Quoi de neuf dans les ichtyoses • Quoi de neuf en génétique ? • Quoi de neuf en thérapeutique ? • Des nouvelles du centre de référence des maladies génétiques à expression cutanée … • Questions diverses Sources scientifiques • Revue littérature dermatologique et génétique des 5 dernières années • First World Conférence on Ichthyosis : – 31 aout au 2 septembre 2007 – Münster (Allemagne) – Network fot ichtyosis and related keratinization disorders (NIRK) – Pr Traupe – GENESKIN Quoi de neuf en génétique • Ichtyose vulgaire : Filaggrine • Ichtyoses congénitales non bulleuses autosomiques récessives : 6 locus, 5 gènes • Encore des gènes identifiés : Netherton, Dorfman-Chanarin, Curth-Macklin ….. • Nouvelle classification des ichtyoses génétiques Ichtyose Vulgaire et gène de la filaggrine • Filaggrine : – transformation de la profilaggrine située dans les grains de kératohyaline de la couche granuleuse – matrice cytoplasmique des cornéocytes (couche cornée) – agrège en réseau les filaments intermédiaires de kératine – dégradation en AA polaires libres qui sont des facteurs hydratants naturels de la peau (eau nécessaire au fonctionnement des enzymes impliquées dans la desquamation) Ichtyose Vulgaire et gène de la filaggrine • Ichtyose vulgaire : 3 mutations de la filaggrine dans 4% de la population européenne – Ichtyose la plus fréquente : 1/250 – Homozygotes ou hétérozygotes composites : ichtyose vulgaire – Phénomène de semi dominance avec phénotype modéré chez les hétérozygotes : • Hyperlinéarité palmaire • Kératose pilaire • Desquamation modérée • Dermatite atopique (altération de la barrière cutanée) Ichtyose vulgaire Ichtyose vulgaire et Dermatite Atopique • Progrès déterminant dans la physiopathogénie de la DA : – Anomalie constitutionnelle primitive de la barrière cutanée – Favorisant le passage per cutané des allergènes et la sensibilisation secondaire d’où l’apparition des autres maladies « allergiques » (asthme, rhinite ..) – Contre la thèse d’une maladie immuno-allergique primitive • Conséquences thérapeutiques : privilégier – la reconstitution de la barrière cutanée et la lutte contre l’inflammation – plutôt que l’éviction des allergènes Ichtyoses Congénitales Autosomiques récessives (ARCI) • Gène ABCA12 (chromosome 2) – Ichtyose Harlequin – Ichtyose lamellaire érythrodermique • Gène TGM1 (transglutaminase kératinocytaire 1) (chromosome 14) – Ichtyose lamellaire généralisée – Ichtyose en « maillot de bain » – Bébé collodion spontanément résolutif Ichtyoses Congénitales Autosomiques récessives (ARCI) • Aloxe3 et Aloxe 12 (chromosome 17): érythrodermie ichtyosiforme congénitale sèche s’amméliorant avec l’âge • Cyp4F22 (cytochrome 450) (chromosome 19) : ichtyose congénitale à squames fines • Ichthyne (chromosome 5): EICS • ?? (chromosome 9, locus 9q33-34) : ichtyose congénitale et prématurité (diagnostic échographique anté natal) • ST14 (chromosome 11(11q24.3-q25) : ARCI avec hypotrichose (matriptase) Autres Ichtyoses • Syndrome de Netherton (AR): mutation du gène SPINKS, chromosome 5 (5q32) qui code pour un inhibiteur d’une serine protéase kératinocytaire (LEKTI) • Syndrome de Dorfman Chanarin (AR) : mutation du gène CGI-58, chromosome 3 (3p21) qui code pour une lipase • Ichtyose de Curth Macklin (AD) : mutation du gène codant pour la kératine 1 sur le chromosome 12 (12q13) Intérêt du diagnostic moléculaire (génétique) des ichtyoses 1. Intérêt physiopathogénique : a) convergence de la physiopathologie des ichtyoses vers les voies métaboliques des lipides intracellulaires b) nouvelle classification moléculaire plus que sémiologique (érythrodermique # lamellaire) c) thérapeutique adaptée : - Corriger ou suppléer la fonction déficiente identifiée Thérapie génique Intérêt du diagnostic moléculaire (génétique) des ichtyoses 2. Diagnostic anténatal : - Dans les familles comportant au moins un membre atteint - Le diagnostic moléculaire du cas index doit être fait avant la mise en route de la grossesse - Afin de permettre un diagnostic anténatal précoce (biopsie de trophoblastes à 12 semaines) et rapide (15 jours) Intérêt du diagnostic moléculaire ( génétique) des ichtyoses 3. Corrélation génotype – phénotype : 105 familles de Saint Louis – En cours (CNG Dr J Fisher) • • – – Collecte des ADN : OK Analyse moléculaire : identification de gène dans 70 % des cas A faire : recueil, souvent rétrospectif, des données cliniques à partir des dossiers des patients (et des photos). Certains patients à reconvoquer. Intérêt pronostic : évolution favorable des EICS avec mutation du gène ALOX12 Nouvelle classification des ichtyoses génétiques : • Arbre décisionnel • Les « branches » – – – – – Congénitales/non congénitales Isolées/Syndromiques AR/AD Bulleuses/non bulleuses Gène impliqué • Ce qui disparaît : EICS # Ichtyose lamellaire Ichtyoses génétiques Non Congénitales Isolées Syndromes Ichtyose Vulgaire Refsun Ichtyose Récessive Liée à l’X Déficit multiple en sulfatase Congénitales Isolées Syndromes Ichtyoses Congénitales Autosomiques Récessives (ARCI) -ABCA12 -TGM1 -ALOXE3 et ALOX12 -FLJ39501 (CYT450) -Ichtyine -? (+prématurité) Syndrome de Dorfman Chanarin Ichtyoses Autosomiques Dominante (ADLI) Syndrome de Sjögren Larson Ichtyoses Congénitales Bulleuses -Kératine 1 : (EICB + Curth Macklin) -Kératine 10 -Kératine 2A (Siemens) Trichothiodystrophie Syndrome de Gaucher 2 Syndrome de Netherton Conradi-HünermannHapple Syndrome Bébé collodion • Définition : état cutané néonatal transitoire caractérisée par une enveloppe collodionée recouvrant la surface épidermique • Présentation initiale de différents troubles de la différentiation épidermique • Prise en charge en réanimation néonatale : mortalité < 10 % Bébé collodion : évolution et diagnostic étiologique – Jamais : • ichtyose liée à l’X • EICB, – Probablement pas : • Netherton • Sjogren Larson – Restent • Self healing BB collodion : 10 % • Ichtyose vulgaire : 10 % • EICS et IL : 60 % • Autres : 20% : maladie de Gaucher, trichothiodystrophie, … Quoi de neuf en thérapeutique • AMM européenne du Dexeryl ® dans les ichtyoses héréditaires • Remboursement des préparations magistrales • Rétinoïdes et molécules apparentées • Pimecrolimus et Syndrome de Netherton • Thérapie biologique ou remplacement enzymatique Remboursement des préparations magistrales • Décret n°2006-1498 (JO 01 12 2006) • Préciser « PMR à but thérapeutique en l’absence de spécialité équivalente disponible » • Remboursement partiel – Les principes actifs remboursables le sont : urée, acide lactique … – Les excipients non remboursables ne le sont pas • Emulsion SVR actuellement non disponible : – lipocrême 50g Spirig (environ 8 euros) – non remboursée (mutuelle ?) • Objectif : travailler avec le labo P Fabre sur une PMR utilisant le Dexeryl® comme excipient Tazarotène (Zorac®) et ichtyoses congénitales • Etude ouverte prospective monocentrique (Stadler, Ann Dermatol Venereol 2006; 133:66-7) • Tazarotène 0,1% sur 25% de la surface corporelle (100% atteints en 4 jours) : EICS, IL, EICB (13 patients) • Bons résultats sauf EICB • Bonne tolérance sauf EICB • Pas d’effets secondaires, y compris chez jeune enfant • Confirmation prévue sur étude randomisée en double aveugle multicentrique sur IL RAMBA : Retinoïc Acid Metabolism Blocking Agent • Rétinoïdes : dérivés synthétiques de la vitamine A – Efficaces dans divers troubles de la kératinisation dont ichtyoses congénitales – Effets secondaires : tératogènes, métaboliques, ostéotendineux, cutanéo-phanériens • RAMBA : inhibent le catabolisme endogène de la vitamine A via le cytochrome 3A4 RAMBA : Ann Dermatol Venereol 2006;133:66-7 • Liarozole : dérivé immidazolé qui inhibe le cytochrome P450 • Etude randomisée double aveugle liarozole 75 et 150 mg versus placebo 12 semaines chez 64 patients souffrant d’ichtyose lamellaire • Evaluation sur IGA, desquamation, rougeur, prurit et échelles de qualité de vie • Répondeurs : 11% (placebo), 41 % (75 mg), 50 % (150 mg) • Effets secondaires modérés à moyens, un arrêt pour rash dans le groupe 150mg Netherton Ann Dermatol Venereol 2006;133:71-2 • Trouble de la perméabilité cutanée : – Risque de déshydratation hypernatrémique – passage systémique des molécules thérapeutiques et/ou toxiques • Phénomènes inflammatoires avec poussées eczématiformes • Déficit immunitaire localisé : risque de surinfection à papilloma virus (verrues), pox virus (molluscum), herpès virus • Topiques limités: – Dermocorticoïdes +/– Tacrolimus : non – Pimecrolimus : oui (mais pas d’AMM en France) Thérapie « biologique » ou remplacement enzymatique • Un exemple de remplacement enzymatique : AMM dans la maladie de Fabry de 2 substituts enzymatiques de l’enzyme déficiente : effets thérapeutiques et prophylactiques sur l’évolution de la maladie • Travaux en cours dans les ichtyoses lamellaires par déficit en transglutaminase kératinocytaire 1: – – – – Protéine recombinante fonctionnelle Injection ou pénétration via une crème Restauration d’une activité enzymatique in vitro Problème : comment faire pénétrer l’enzyme spécifiquement dans la membrane des kératinocytes de la couche granuleuse : intérêt des liposomes ? Centre de référence MAladies Génétiques à Expression Cutanée • MAGEC (2005) • 3 sites : – Hôpital Necker : Pr C Bodemer – Hôpital Saint Louis : Dr Blanchet Bardon – Hôpital Avicennes (Bobigny) : Pr Laroche • Prise en charge des maladies génétiques à expression cutanée dont les ichtyoses et divers troubles de la kératinisation MAGEC Saint Louis : quelques chiffres (auto évaluation septembre 2007) • Personnel médical et paramédical: – Dr Claudine Blanchet Bardon, Praticien Hospitalier, temps plein – Dr Emmanuelle Bourrat , Praticien Attaché , une vacation hebdomadaire – Paulette Malaval, IDE , plein temps (consultation et hospitalisation; lien avec l’HAD) – Madame Anne Christine Degut, psychologue, cinq vacations hebdomadaires – Monsieur Jérome Nataf podologue, deux vacations hebdomadaires MAGEC Saint Louis : quelques chiffres • Consultations – 2 consultations hebdomadaires Dr Blanchet Bardon – 1 consultation hebdomadaire Dr Bourrat • Hospitalisation de jour adulte (Saint Louis) • Hospitalisation de jour enfant (Robert Debré) • Hospitalisation traditionnelle MAGEC Saint Louis : quelques chiffres (2006) • • • • Nombre d’Ichtyoses/an : 150 patients Nouveaux malades : 25 % Adultes/Enfants : 50 % Origine géographique : – 80% Paris et IDF – 20% Province – Quelques patients CEE, Afrique MAGEC Saint Louis : à retenir • BCRV : 01 42 49 99 61 ou 99 62 • Infirmière MAGEC Saint Louis : 01 42 49 49 32 06 84 48 85 20 • Délais de RDV : – Dr CBB : 3 semaines – Dr Bourrat : 8 jours Merci pour votre attention