Colloque 15: Écosystèmes d’innovation en région éloignée Activité « Enjeux de la recherche » Mardi, 26 mai 2015 Mercredi, 27 mai 2015 Auditorium A-337 Institut maritime du Québec 1 2 Table des matières Mise en contexte _________________________________________________________________ 6 Principaux constats _______________________________________________________________ 6 La nécessité d’avoir une vision globale de l’innovation _______________________________________6 La nécessité d’intégrer l’innovation dans une stratégie de développement à long terme ____________7 L’importance des initiatives citoyennes ____________________________________________________8 L’importance de tous les maillons de la chaîne d’innovation, incluant le volet commercialisation ____9 La primauté du lien de confiance entre tous les membres de la Triple Hélice ___________________ 10 L’importance de la proximité organisationnelle et technologique _____________________________ 11 Remerciements _________________________________________________________________ 12 Annexe 1 - Le secret du modèle d’innovation finlandais ________________________________ 14 Annexe 2 – Innovation et entreprenariat : le modèle allemand ___________________________ 28 Annexe 3 - L’innovation au Québec : un écosystème en pleine mutation __________________ 39 Annexe 4 - Les effets des proximités du modèle Triple Hélice ___________________________ 55 Annexe 5 - Utilisation de l’écosystème de soutien à l’innovation en région éloignée : difficultés d’accessibilité ou problème de pertinence ? __________________________________________ 74 Annexe 6 - L’innovation en région frontalière : le cas de l’Outaouais______________________ 87 Annexe 7 - Le Saguenay─Lac-Saint-Jean à la croisée des chemins ______________________ 107 Annexe 8 - Innovation territoriale en région éloignée : Le cas du Laboratoire rural des Îles-de-laMadeleine _____________________________________________________________________ 122 3 4 Ce compte rendu a été réalisé suite aux conférences suivantes : « Le secret du modèle finlandais » - M. Yan Castonguay Ph.D., professeur à l’UQAR « L’Allemagne innovante et entrepreneuriale : Leçons pour le Québec des régions » – M. Gilles Cloutier, Conseiller stratégique et mentor, Président de STRATT Executive University, chroniqueur au Journal Les Affaires et au magazine DZ Entreprise « L’innovation au Québec : Un écosystème en pleine mutation » – M. David Bourdages, directeur du CIRADD, centre collégial de transfert en innovation social « Les effets de proximité du modèle Triple Hélice » - M. Yan Castonguay Ph.D., professeur à l’UQAR « Utilisation de l’écosystème de soutien à l’innovation en région éloignée : difficultés d’accessibilité ou problème de pertinence » – M. Michel Trépanier, professeur à l’INRS et chercheur à l’INRPME de l’UQTR « L’accélérateur d’affaires internationale pour l’éveil d’une région frontalière : le cas de l’Outaouais » – M. Reda Bensouda, commissaire à l’international chez Export Outaouais « Mise en œuvre et fonctionnement d’un système régional d’innovation au Saguenay-Lac-StJean : le cas de la Table de concertation Innovation 02 » – M. Romain Cunat, coordonnateur des activités de la Table de concertation Innovation 02 « Innovation territoriale en région éloignée : le cas du Laboratoire rural des Îles-de-laMadeleine » – M. Guglielmo Tita, UQAR Rédaction et montage Marie-Hélène Gonthier David Bourdages Publication : Septembre 2015 5 Mise en contexte Le processus d'innovation a longtemps été perçu comme un processus linéaire développé par les grands laboratoires, qui stipulait que tout, ou presque, prenait son origine au sein d'une même organisation. Ce n'est qu'au tournant du 21e siècle que le processus d'innovation est passé du stade de "processus insondable" au stade de "processus déchiffrable" et qu'il a dès lors été considéré comme le meilleur moyen à mettre en œuvre pour acquérir un avantage compétitif. Le concept de système régional d’innovation, qui se distingue de celui de processus d'innovation par la présence de dispositifs de diffusion et d'organisation de l'innovation à l’intérieur d’une même région est relativement récent. Ce décloisonnement du processus d'innovation qui passe d'une définition purement industrielle à une représentation territoriale fondée sur les complémentarités et les synergies entre les acteurs, transcende les strictes frontières d'une seule organisation pour se muter en ce qu’il est désormais possible de nommer un « écosystème d’innovation ». Les régions éloignées du Québec et d’ailleurs n’ont pas fait exception à ces bouleversements idéologiques : les capacités d’innovation des régions devenant alors intimement liées aux ressources internes dont elles disposent. Ces ressources étant plus souvent qu’autrement limitées, les enjeux de la proximité et de la synergie prennent de l’ampleur au fur et à mesure que l’éloignement des grands centres urbains se fait sentir. C’est donc sur le thème des « Écosystèmes d’innovation en région éloignée » que s’est déroulé le colloque no 15 du congrès de l’ACFAS 2015, les 26 et 27 mai derniers. S’échelonnant sur deux journées, ce colloque a été l’occasion d’accueillir plus d’une demi-douzaine de conférenciers d’envergure, cumulant une remarquable expérience en développement économique régional, issus parfois des institutions d’enseignement, parfois des organismes de soutien à l’innovation ; mais toujours animés par la volonté de renforcer les capacités d’innovation territoriales de ces régions. Les conférenciers et les participants à ce colloque s’étaient donné pour mission d’analyser les approches de soutien à l’innovation développées dans certains pays leaders dans le domaine, de faire ressortir les déterminants clefs de l’innovation dans les exemples analysés et surtout, d’identifier les orientations stratégiques ayant un potentiel de transférabilité aux régions éloignées québécoises. Les conférences portant sur ces thèmes, ponctués de périodes de questions, de tables rondes et d’échanges informels ont permis de dégager les principaux constats présentés dans ce compte rendu. Principaux constats La nécessité d’avoir une vision globale de l’innovation Un des principaux constats auxquels en sont venus les participants au colloque est l’importance de concevoir l’innovation d’un point de vue global et non strictement d’un point de vue régional. La vision trop « régionaliste » a été maintes fois pointée du doigt par les participants qui soulignaient entre autres, les conséquences négatives de l’étiquetage de plusieurs régions du Québec en tant que « régions ressources ». Il a été souligné que les avantages que procuraient ces ressources naturelles, mais surtout la demande pour ces ressources naturelles, n’étant pas éternels, cette catégorisation a plutôt constitué un frein au développement à long terme de ces régions. Le développement économique reposait sur de 6 grandes entreprises qui détenaient un immense pouvoir sur ces régions. Quand ces grandes entreprises ont fermé ou qu’elles sont parties, ces communautés ont perdu leur assise économique et ne disposaient plus de ressources culturelles et sociales pour reprendre en main leur développement. Cette précarité a eu des conséquences sur la compétitivité des économies régionales. En plus de la hausse rapide des coûts (salaires, immobilier, etc.) qui peut freiner le développement d’autres industries, ce sont les effets indirects sur la main-d’œuvre qui ont été les plus désastreux : les hauts salaires payés par les industries des ressources n’incitaient pas les jeunes à poursuivre leurs études. Les faibles taux de diplomation (collégiale et universitaire) qu’affichent aujourd’hui les « régions ressources » expliquent leur difficile passage vers l’économie du savoir. À cet effet, plusieurs participants au colloque ont exprimé le souhait que les régions éloignées s’approprient leurs actifs collectifs et les mettent en valeur durablement et à leur image et ce, en incluant les ressources naturelles présentes sur leurs territoires. Une vision plus globale de l’innovation implique également que les ressources humaines, matérielles et intellectuelles de toutes les régions soient mises à contribution pour augmenter la capacité d’innovation de l’ensemble de la province. Ce souhait est d’autant plus actuel que des bouleversements très récents ont amené la disparition ou encore la fusion de certains centres ou acteurs en innovation. Le réalignement des missions des organismes ayant traversé cette période de turbulence est encore nébuleux, d’où le besoin de cohérence et de synergie des actions et des investissements en matière d’innovation et de développement qui est partagé par l’ensemble des acteurs, selon M. David Bourdages du CIRADD. En Finlande, tel que l’a souligné M. Yan Castonguay, les décisions prises par le gouvernement finlandais visent à soutenir le système d’innovation du pays et non de certaines régions uniquement. Ainsi, 50 % du budget est voué aux axes de développement stratégiques nationaux préalablement identifiés, alors que 50 % du budget est dédié aux axes de développement qui émergent directement du milieu des affaires. Qui plus est, les secteurs d’activités sont placés en compétition les uns par rapport aux autres pour l’octroi de ces fonds. Un secteur qui ne propose pas de projets jugés intéressants, peut se voir retirer les fonds pour une période donnée. Parallèlement et paradoxalement, cette compétition renforce les liens de collaboration entre les acteurs d’une même industrie qui s’efforcent alors de proposer des projets attrayants et innovateurs. La Finlande offre également un système national d’innovation exceptionnel stimulant le rapprochement des entreprises et des acteurs tels que les organismes de soutien, les universités et les centres de transfert de technologie. Tel est le rôle des SHOKs, qui ont le mandat d’accélérer le processus d’innovation par le maillage des acteurs œuvrant dans les six secteurs d’activités clés pour le pays. De plus, le système d’éducation actuelle, qui tend vers la gratuité, assure au pays un bassin de connaissances pour l’innovation. La nécessité d’intégrer l’innovation dans une stratégie de développement à long terme Les participants ont fait ressortir l’instabilité créée par les changements de gouvernements, tant à l’échelle provinciale que nationale. Cette obsession du court terme constitue plus souvent qu’autrement 7 un obstacle à la création d’un environnement propice à l’innovation alors que politiques, programmes de soutien et stratégies évoluent au gré des idéologies partisanes. Cette logique a tendance à créer un biais dans l’économie en faisant souvent primer le développement d’actifs financiers plutôt que réels. Il en ressort que le développement d’une communauté doit se faire dans une démarche de planification à long terme et que celle-ci doit dépasser le cadre strictement politique. En Finlande, tel que l’a souligné M. Yan Castonguay dans sa conférence portant sur les « Secrets du modèle finlandais », les gouvernements nouvellement élus tendent à construire sur les décisions prises par leurs prédécesseurs et évitent généralement de fonder leur capital politique sur le renversement de décisions impopulaires. La force du modèle finlandais provient également de sa proactivité. À titre d’exemple, depuis 2010, le pays a adopté une approche d’innovation tirée par le marché (au lieu d’être poussée par la technologie) et dès l’année suivante, le gouvernement s’attardait à évaluer ce nouveau modèle. La dépendance des régions envers les décisions prises par les différents paliers de gouvernement constitue aussi un frein au développement de la capacité d’innovation des régions éloignées. De façon factuelle ou historique, ces régions sont souvent coincées dans des rapports de dépendance économique qui font en sorte qu’il n’est pas toujours simple de cultiver des relations de coopération qui soient fondées sur l’équité. Qui plus est, les participants au colloque ont souligné que la valorisation et la publicisation des subventions accordées à un organisme, une entreprise ou à une région ne tient plus la route et qu’il serait désormais préférable de capitaliser sur les résultats des projets entrepris, qu’ils aient été soutenus financièrement ou non. Dans le même ordre d’idées, il a été admis que les critères servant régulièrement à attribuer les aides financières étaient incohérents car trop souvent basés sur le nombre d’emplois créés au détriment de la qualité et de la pérennité même de ces emplois. Des critères liés à au développement durable, à l’autonomie des territoires et à l’intelligence économique devraient dorénavant primer. L’importance des initiatives citoyennes Il est possible de miser sur l'intelligence collective pour mettre en place des écosystèmes communautaires qui permettent l’émergence d’idées nouvelles, d’entreprises innovantes et potentiellement exportatrices. Dans un contexte d’instabilité économique où les programmes d’aide à l’innovation (quand ils sont accessibles), ne sont pas toujours adaptés aux réalités régionales, il importe que la communauté se mobilise et prenne en main une part importante de son avenir économique. Cette responsabilisation doit toutefois pouvoir se reposer sur un leadership territorial visionnaire et compétent, un levier fondamental vers la valorisation des connaissances et l’économie du savoir. En Outaouais, tel qu’expliqué par M. Reda Bensouda lors de sa conférence portant sur « L’innovation en région frontalière : le cas de l’Outaouais », les fractures existantes entre la région de l’Outaouais et Ottawa freinent la mise en place d’un écosystème d’innovation dynamique. L’absence de CCTT et la fermeture récente du Centre de développement d’entreprises 8 technologiques, démontrent cette incapacité de la région à soutenir l’innovation. Pour pallier ce manque, des initiatives de citoyens engagés ont vu le jour. L’espace « coworking Creagora », le premier « Startup Weekend », le premier TEDxGatineau ainsi que le projet pilote de création d’un FabLab au Cégep de l’Outaouais en sont des exemples probants. Au Saguenay-Lac-St-Jean, la Table de concertation Innovation 02 a été créée en 2007 par la volonté du milieu socioéconomique. Tel que l’expliquait M. Romain Cunat dans sa présentation portant sur le fonctionnement et la mise en œuvre d’un système régional d’innovation dans cette région, cette initiative, malgré ses ressources financières limitées, a effectué des interventions touchant près de 600 individus issus de PME depuis sa création. Aux îles-de-la-Madeleine, M. Guglielmo Tita présentait une expérience de « laboratoire rural » qui a été mise en œuvre en gestion intégrée des matières résiduelles, sous l’impulsion et la coordination du CERMIM. Cette expérience fut une véritable innovation territoriale puisqu’elle visait à la fois à donner une réponse nouvelle à une problématique régionale connue (la gestion des matières résiduelle dans un contexte d’insularité) et à apporter une amélioration au bien-être de cette communauté insulaire. Cette initiative a permis un renforcement des capacités du milieu en innovation et a induit une amélioration de la performance environnementale de la région. L’importance de tous les maillons de la chaîne d’innovation, incluant le volet commercialisation Les cartographies régionales des organismes composant le système d’innovation sont complexes et difficiles à comprendre pour un entrepreneur/innovateur. Le manque de synergie et la méconnaissance des rôles joués par chacun de ces acteurs nuit à leur utilisation optimale. Qui plus est, les organismes voués à la commercialisation sont généralement inexistant dans les chaines d’innovation régionales et dans le meilleur des cas, ils en constituent le maillon faible. La maturation commerciale des innovations exige des ressources financières importantes, souvent supérieures à celles déjà investies au cours de la phase de développement. L’efficacité de toutes les mesures de soutien à l’innovation en est affectée, car sans ce transfert vers la société ou l’industrie, il n’y a qu’invention et non innovation. Au Québec, tel que soulevé par M. David Bourdages, le maillon « commercialisation » est le parent pauvre de la chaîne d’innovation. M. Michel Trepanier a corroboré ce fait via l’exemple de l’industrie de la transformation des produits de la mer où le passage vers les produits de 2 e et de 3e transformation pose problème. Ici, il n’est pas question de la dimension technologique, mais plutôt du manque d’expertises qui permettrait à l’entreprise de trouver, à faible distance organisationnelle ou géographique, de quoi combler ses besoins spécifiques en termes de soutien à la commercialisation. En Allemagne, tel que présenté par Monsieur Gilles Cloutier dans sa conférence portant sur « L’Allemagne innovante et entrepreneuriale : leçons pour le Québec et les régions », la vitalité des secteurs industriels s’explique par l’efficacité décisionnelle et opérationnelle des PME exportatrices. D’un point de vue institutionnel, les chercheurs universitaires, en plus des tâches d’enseignement, se doivent de faire les démarches pour obtenir des subventions, de faire de la recherche de fine pointe, d’obtenir des résultats concluant et les publier. Ces tâches sont suffisamment importantes pour occuper 9 le chercheur et ne laisse donc que peu de perspectives pour le développement d’une invention qui a un fort potentiel commercial. Qui plus est, les partenariats entreprises-universités sont complexifiés en raison de la dualité quasi omniprésente du désir du chercheur de publier les résultats de ses recherches et du désir de l’entreprise d’obtenir rapidement les fruits des efforts consentis en recherche. Il a été admis, qu’à terme, si l’entreprise ne performe, le système d’innovation régional ne performe pas non plus. Le rôle fondamental de l’entreprise dans le système d’innovation régional doit être valorisé et l’implication du privé, notamment dans le financement de la recherche, doit être favorisé afin qu’ils se responsabilisent à l’égard des retombées de celle-ci. Il en ressort de ces affirmations que la présence d’un catalyseur pour assurer une synergie et une utilisation efficace des ressources déjà en place est essentielle dans le but de permettre la résolution de Au Saguenay-Lac-St-Jean, Innovation 02 assume le rôle de catalyseur dans le système régional d’innovation. Il prodigue information et conseil pour le développement d’un projet d’innovation ; il permet d’identifier des partenaires et des programmes d’aide pour de tels projets en plus de s’assurer de la mise en relation d’experts qui peuvent aider à résoudre des problématiques technologique, technique et scientifique qui peuvent survenir dans la mise en œuvre de projets d’innovation. Le même constat a été fait par M. Guglielmo Tita aux Iles-de-la-Madeleine dans le cadre du projet de « Laboratoire rural » en gestion des matières résiduelles, alors que le CERMIM a joué le rôle de catalyseur et a permis d’articuler une vision transversale et multisectorielle de cet enjeu régional. problématiques d’entreprises ainsi que la saisie d’opportunités de marché. La primauté du lien de confiance entre tous les membres de la Triple Hélice1 Depuis les années '90, la volonté de plusieurs nations de se tourner vers une économie du savoir a amené les décideurs à s'interroger sur les conditions nécessaires à l'émergence d'idées nouvelles sur leur territoire respectif. Les politiques de l'innovation sont ainsi de création récente et leur apparition marque une prise de conscience grandissante du fait que le savoir joue un rôle d'importance capital dans le progrès économique. La compréhension du processus d'innovation a permis à bon nombre de pouvoirs publics de mettre en œuvre de nouvelles politiques (incitatifs financiers et fiscaux, entre autres) afin d'agir sur les bons leviers et stimuler l'émergence d'idées nouvelles. Les politiques de développement associant le gouvernement, les institutions académiques et les entreprises ont commencé à voir le jour et l'évidence voulant que l'innovation se nourrisse de la complémentarité des secteurs, des entreprises et des fonctions a graduellement été assimilée, permettant ainsi une vision de l'innovation décloisonnée qui intègre l'ensemble des acteurs et des parties prenantes internes et externes à l'entreprise. Cette approche systémique de l'innovation mettait ainsi l'accent sur les interactions entre les institutions et s'intéressait particulièrement à la création du savoir, sa diffusion et son application. Si on accepte que la définition de 1 La Triple Hélice : Milieu institutionnel, industrie et État 10 l’innovation comporte une dimension de « risque », la confiance qui lie les composantes de la Triple Hélice va jouer un rôle prépondérant dans le succès de tout projet innovant. L’importance de la proximité organisationnelle et technologique La chaine d'innovation peut être considérée comme un nouveau modèle économique fondé sur la proximité relationnelle et le développement d'alliances stratégiques. Le concept de chaine d'innovation a évolué au gré des stratégies gouvernementales, notamment celles favorisant la création des pôles de compétences régionaux. L'application de ces stratégies gouvernementales a permis de constater qu'une action pérenne dans le but de soutenir l'innovation ne pouvait se faire sans la présence d'un ensemble de dispositifs adaptés. Ces dispositifs d'innovation ont pour objectif de créer les conditions propices au développement d'une économie du savoir et reposent sur le partage des connaissances, la création d'une synergie et le renforcement de la communication inter-organisationnelle mais aussi sur la polarisation territoriale. Ces actions se basaient sur l’hypothèse que la proximité géographique entre science, technologie, industrie et même finance contribue à l’émergence d’innovations, très souvent par l’intermédiaire de la création d’entreprises. Toutefois, des doutes sérieux commencent à émerger sur la validité et sur le bien-fondé de cette hypothèse. M. Yan Castonguay, dans sa conférence portant sur « Les effets de proximité du modèle Triple Hélice » a fait ressortir que la mise en place d’un système d’innovation efficace dans une région éloignée doit reposer sur les proximités organisationnelle et technologique afin de contrer les effets de la distance géographique. Ces recherches ont permis de constater que seule la proximité géographique des universités et des cégeps influençait positivement la capacité d’innovation des entreprises. La proximité organisationnelle qui fait référence aux relations entre les acteurs en termes de partages d’information et la proximité technologique qui fait plutôt référence aux connaissances et aux technologies revêtent une importance capitale pour la création d’un écosystème d’innovation efficace en région éloignée. M. Michel Trépanier en venait au même constat suite à une étude approfondie des pratiques d’innovation dans l’industrie de la transformation des produits de la mer alors qu’il soulevait le fait qu’une PME de la Côte-Nord travaillait étroitement avec les organisations de soutien technologique de la Gaspésie et que des PME du Québec maritime pouvaient très bien travailler avec des fournisseurs d’équipements dont les bureaux sont souvent localisés dans les provinces de l’Atlantique. La proximité organisationnelle et culturelle liée à l’appartenance à une même industrie semblait plus importante que la stricte proximité géographique. Il est clair que la proximité géographique demeure essentielle à la mise en œuvre et à la réussite de certains projets réalisés en commun par des entreprises ou des organisations différentes. Mais la permanence de cette proximité ne serait pas indispensable au développement de la capacité d’innovation des entreprises puisque cette proximité est davantage de mise lors des premières phases de collaboration, afin d’établir des liens de confiance et de mettre en place des protocoles de travail. 11 Remerciements La concrétisation de ce projet de colloque fut un travail long et ardu. La qualité des exposés et de l’organisation de cet événement fut possible grâce au travail et au soutien de personnes engagées et compétentes. Les responsables du colloque, messieurs David Bourdages, Yan Castonguay et Guglielmo Tita, souhaitent remercier ces personnes et organismes pour leurs indéfectible engagement et leurs efforts constants en disant milles fois merci : - - - À l’ACFAS pour avoir permis la tenue de ce 83e Congrès ; A nos partenaires financiers : le CIRADD, le Ressources, sciences et technologies marines, le Réseau Transtech et Innovexport ; À nos conférenciers : Yan Castonguay (UQAR/CEUDO), Gilles Cloutier (STRATT Executive University), David Bourdages (CIRADD), Michel Trépanier (INRS), GuglielmoTita (UQAR), Romain Cunat (Innovaiton 02) et Reda Bensouda (Export Outaouais) ; A l’équipe de soutien sans qui rien n’aurait pu se réaliser : Jean Blondeau (Réseau Transtech – logistique et organisation), Caroline Dodier (Innovexport - logistique et financement), MarieChristine Fortin (Cégep Gaspésie les Îles – communications), Karen Guimond (Innovexport – logistique et financement), Marie-Hélène Gonthier (notes et actes de colloque), Annie Chouinard (ACCORD RSTM – logistique et financement) et Benoit Bazinet (animation) ; A tous ceux et celles qui ont supporté l’équipe et la réalisation de ce projet porteur pour le Québec et ses régions ! 12 13 Annexe 1 - Le secret du modèle d’innovation finlandais Conférence de M. Yan Castonguay, Ph.D., professeur, Université du Québec à Rimouski et Directeur du Centre d’expertise universitaire voué au développement des organisations Biographie Yan Castonguay, Ph. D. est professeur à l’Université du Québec à Rimouski au campus de Lévis depuis 2011. Son parcours allie l’expérience sur le terrain et la recherche. Il a complété un baccalauréat en administration des affaires en finance à l’Université de Sherbrooke, un M.B.A. en gestion internationale ainsi qu’un doctorat en management à l’Université Laval. Ses expériences professionnelles lui ont permis de constituer un vaste réseau de contacts dans le milieu des affaires. Il a de plus développé un réseau de contacts tant au Canada qu’à l’international avec différentes universités. Monsieur Castonguay a ainsi contribué à de nombreux projets de recherche. Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur la gestion de l’innovation, la gestion stratégique et l’entrepreneuriat. Depuis janvier 2015, le professeur Castonguay assure la direction du Centre d’expertise universitaire voué au développement des organisations qui vise à favoriser le maillage entre les experts universitaires et le milieu des affaires. Résumé Afin de faire face à la concurrence internationale, les entreprises doivent miser sur un système d’innovation ouvert. Les interactions avec des acteurs externes augmentent leur capacité d’innovation. Les échanges de connaissances avec des acteurs externes apportent aux entreprises de nouvelles idées permettant le développement de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouveaux processus de fabrication et de nouvelles techniques de commercialisation (Amara et Landry 2005; Bell et Zaheer 2007). Depuis plusieurs années, les gouvernements ont pris de nombreuses décisions politiques afin de stimuler l’innovation des entreprises (Renaud 2012). Ils ont mis à la disposition des entreprises des programmes d’incitation à l’innovation, des crédits fiscaux, du financement, ainsi que des organismes de soutien visant à encourager le développement d’un système national d’innovation. Malgré ces différents efforts gouvernementaux, le rapprochement entre les acteurs externes et les entreprises manufacturières demeure faible au Québec (Amara et Landry 2005). Basé sur le modèle Triple Hélice, certains pays réussissent, néanmoins, à créer une synergie entre le milieu des affaires, le milieu académique et les institutions gouvernementales. L’un des systèmes nationaux d’innovation les plus performants au monde est celui de la Finlande (ICEG European Center 2011). Selon la Banque mondiale2 en 2012, le rapport 2 http://data.worldbank.org/indicator/GB.XPD.RSDV.GD.ZS/countries?order=wbapi_data_value_2010+wbapi_data_value &sort=desc (site consulté le 17 avril 2015) 14 des dépenses intra-muros de recherche et développement sur le produit intérieur brut de la Finlande était de 3,55% comparativement à 1,73% pour le Canada et à 1,75 % pour la moyenne mondiale, ce qui place la Finlande au second rang des principaux leaders mondiaux en recherche et développement juste après Israël. Précédée par la Suède, la Finlande détient la seconde position sur 143 pays en 2012 du Knowledge Economy Index (KEI) qui reflète le développement économique d’un pays vers une économie du savoir selon la Banque mondiale 3 . Le Canada se situe au 7e rang. La Finlande offre un système national d’innovation exceptionnel stimulant le rapprochement des entreprises et des acteurs tels que les organismes de soutien, les universités et les centres de transfert de technologie. Une meilleure compréhension de leur système national d’innovation permet non seulement de comprendre les mécanismes en gestion de l’innovation du modèle finlandais, mais également d’identifier leurs meilleures pratiques. Basées sur une approche méthodologique exploratoire, 10 entrevues semi-dirigées ont été réalisées à l’été 2014 auprès des gestionnaires des organismes de soutien qui représentent l’un des principaux acteurs du système national d’innovation finlandais. Qui plus est, une onzième entrevue a été réalisée avec un professeur d’université qui a contribué au développement des politiques de ce système d’innovation. Les résultats de cette étude ont permis d’identifier le rôle du gouvernement finlandais dans leur système d’innovation. Les politiques et les stratégies de soutien de l’innovation et la façon dont les priorités de développement sont gérées de manière à répondre aux préoccupations du milieu des affaires seront discutées. Les forces et les faiblesses du modèle d’innovation finlandais seront identifiées, ce qui apportera des pistes de réflexion. Plusieurs organismes de soutien ont été mis en place afin d’assurer une fluidité entre le milieu académique, le milieu des affaires et le gouvernement. Approches théoriques Tout d’abord, il est important de comprendre le concept de système national d’innovation complexe et d’où il vient. L’un des premiers auteurs qui a traité de l’importance des échanges entre les entreprises dans le processus d’innovation est Joseph Schumpeter (1934). Il a d’abord fait la distinction entre le concept d’invention et celui d’innovation. Ce dernier définit l’invention comme étant un objet qui est créé pour la première fois, tandis que l’innovation est définie comme étant une réalisation de nouvelles combinaisons permettant l’application commerciale d’une invention. Quelques années plus tard, Schmookler (1966) a souligné le rôle des clients dans le processus d’innovation car ils représentent une importante source d’information permettant d’innover. Les clients informent les entreprises de leurs besoins, ce qui permet de développer de nouveaux produits notamment dans un processus d’innovation tiré par le marché « Market Pull ». Nelson (1984) a quant à lui abordé le processus d’innovation poussé par la technologie « Technology Push » qui démontre l’importance que prennent les fournisseurs de technologie dans le processus d’innovation, notamment lors d’innovation des procédés de fabrication. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que le concept de système national d’innovation a fait son apparition (Niosi 2005). Paul Krugman (1991) et Michaël Porter (1998; 2000) ont étudié les interactions entre les 3 http://siteresources.worldbank.org/INTUNIKAM/Resources/2012.pdf (site consulté le 17 avril 2015) 15 différents acteurs du système d’innovation. Issus du modèle Triple Hélice, les systèmes nationaux d’innovation comportent trois principaux acteurs : les entreprises, les universités et les organismes gouvernementaux de soutien à l’innovation. Les organismes de soutien visent à faciliter le transfert des connaissances du milieu de la recherche vers le milieu des affaires. Le gouvernement finlandais a mis en place un modèle d’innovation qui semble performant (ICEG European Center 2011), ce qui mérite d’être étudié. Voyons d’abord le contexte de la Finlande. Contexte de la Finlande Avec environ 5,4 millions d’habitants, la Finlande est un pays nordique qui a été influencé par la Suède et par la Russie car, elle a été sous l’emprise du tsar russe pendant près d’un siècle jusqu’au début des années 1900. Selon les répondants, leur culture a été grandement influencée par ces derniers car, les finlandais innovent pour améliorer la société; ils pensent à la collectivité. Paradoxalement, ils ont vécu un retard technologique important dû à l’occupation russe. Ce n’est que depuis les années 1960 que les Finlandais ont misé sur l’innovation et la R&D dans le but de rattraper ce retard mondial (Lemola, 2003). Inspiré des rapports Brooks Report (1971) de l’OCDE sur le développement des sciences et technologies, le gouvernement Finlandais a instauré en 1983 le National Technology Agency (Tekes). Cet organisme est devenu l’un des principaux acteurs du système d’innovation finlandais visant la planification et la mise en œuvre du développement de l’innovation et de la recherche. Pendant les années 1980 et 1990, la Finlande a vécu de grands changements liés à la gestion de l’innovation et de la R&D. Elle a participé avec l’OCDE au développement d’un nouveau concept : une société orientée sur la connaissance. Plusieurs de ces changements sont dus à l’entreprise Nokia qui est l’un des premiers fabricants de téléphones mobiles en 1998. Ce fleuron de la Finlande a conservé sa position de leader mondial jusqu’en 2011 où l’entreprise Samsung a pris la première place. Nokia avait misé sur sa technologie afin d’innover et d’offrir des produits à une clientèle de plus en plus exigeante. Elle a ainsi inspiré plusieurs entreprises finlandaises et montré l’importance d’investir dans la recherche et le développement (R&D). Selon de nombreux répondants, le pourcentage élevé des investissements nationaux dans la R&D est principalement dû aux investissements de Nokia. Aujourd’hui, à l’instar d’Apple, Nokia a changé son orientation stratégique en misant sur un processus d’innovation tiré par le marché plutôt qu’un processus d’innovation poussé par la technologie. La crise de 2008 a poussé la Finlande à revoir ses stratégies liées à la gestion de l’innovation. Le gouvernement a donc instauré en 2009 la Stratégie nationale d’innovation de la Finlande et en 2010 le Guide des politiques de la recherche et de l’innovation 2011-2015. La Finlande a également réformé les SHOKs qui sont des organismes visant à rapprocher le milieu de la recherche du milieu des affaires. Le gouvernement a également modifié la loi sur le statut légal des universités. Depuis le 1er janvier 2010, les universités finlandaises sont des organisations autonomes et distinctes de l’état. Rôle du gouvernement finlandais Le gouvernement finlandais a pris des décisions politiques en vue de mettre en place un système d’innovation facilitant la collaboration entre le milieu des affaires et celui de la recherche. Outre son rôle de promoteur visant à stimuler la collaboration entre les acteurs d’innovation, le gouvernement finlandais 16 encourage l’investissement dans les activités de R&D. Il tente également d'assurer le bien-être de la société en conformité avec la culture finlandaise. La dimension régionale semble toutefois beaucoup moins importante que la dimension nationale. Il a été demandé aux répondants « Comment le système d’innovation finlandais laisse une place pour l’adaptation dans chacune des régions ? ». La plupart des répondants ont souligné que le gouvernement finlandais visait à soutenir le système d’innovation avec une orientation globale pour le pays plutôt qu’avec une orientation régionale. Contrairement aux attentes, le gouvernement finlandais prend des décisions descentes « top down » sur les axes de développement stratégique du pays. Ils analysent les différents secteurs d’activité et soutiennent ceux ayant un potentiel pour le développement de la Finlande. D’un autre côté, le gouvernement offre dans une approche ascendante « bottom up » une latitude au milieu des affaires afin que les entreprises puissent proposer de nouveaux axes de développement. Ainsi, 50% du budget est déjà déterminé pour cinq axes de développement : l'énergie et l'environnement, la bioéconomie finlandaise, les produits métalliques et l’ingénierie mécanique, la santé et le bien-être ainsi que les services et l'industrie de la communication. L’autre 50% du budget est dédié aux axes de développement qui émergeront directement du milieu des affaires tel que les innovations environnementales dans le domaine de la construction4. Forces du modèle d’innovation finlandais Les répondants ont identifié de nombreuses forces du modèle d’innovation finlandais. L’esprit de coopération de la communauté finlandaise est l’un des principaux facteurs qui explique le succès de leur modèle. Dû en grande partie à leur culture, les Finlandais ont le désir de travailler ensemble afin d’améliorer leur société. D’ailleurs, de nombreux répondants ont souligné que les nouveaux partis politiques qui prenaient le pouvoir ne renversaient que rarement les décisions de l’ancien gouvernement. Ils soutiennent que de renverser ces décisions serait mal vu par la population car, elles ont été prises pour améliorer la communauté et non de façon partisane. De plus, la force du modèle d’innovation finlandais repose en grande partie sur la communication et la confiance entre les acteurs. Les principaux acteurs du système d’innovation finlandais se connaissent entre eux et se rencontrent régulièrement. Plusieurs répondants ont souligné que les Finlandais sont des gens de parole et qu’il est possible d’innover ensemble. La proactivité a également été mentionnée lors des entrevues. Les acteurs du modèle d’innovation finlandais visent à développer un marché ensemble. Ils tentent d’adopter une approche d’innovation tirée par le marché et non poussée par la technologie. Tout leur modèle d’innovation a pris ce virage en 2010 et, dès l’année suivante, le gouvernement évaluait ce nouveau modèle. Certains répondants ont souligné que la Finlande investit dans le système d’éducation de manière à rendre l’éducation gratuite, ce qui assure un bassin de connaissances pour l’innovation. Toutefois, un des répondants soutient que la gratuité de l’éducation comporte un problème. Étant gratuite, les étudiants prennent plus de temps à terminer leurs études, ce qui retarde la disponibilité des connaissances sur le marché. Inspiré par Nokia, l’implication du privé dans le financement de la recherche est également apparue comme un facteur important à leur système d’innovation. Cette implication permet aux chercheurs de travailler sur 4 http://www.shok.fi/en/ (site consulté le 20 avril 2015) 17 des problèmes actuels et de raccourcir le délai entre la création de la nouvelle connaissance et l’application de cette nouvelle connaissance en entreprise. Le modèle d’innovation finlandais comporte de nombreuses forces mais comporte aussi certaines faiblesses qui ont été identifiées. Faiblesses du modèle d’innovation finlandais Bien que le modèle d’innovation finlandais soit considéré comme l’un des meilleurs systèmes d’innovation au monde, les répondants ont identifié certaines faiblesses dont quatre particulièrement: le manque d’expertise en commercialisation à l’intérieur du pays, la taille limitée du marché finlandais, l’effet négatif Nokia ainsi que le manque de communication entre les différents ministères. Actuellement, le principal défi est de passer d’une économie basée sur l’innovation poussée par la technologie à une économie basée sur l’innovation tirée par le marché. Les répondants ont ainsi apporté d’importantes recommandations afin d’améliorer davantage le système : innover pour la Finlande et non pour soi-même, avoir une pensée globale, être pluridisciplinaires, être à l’écoute du marché. Acteurs du système Afin de faciliter le rapprochement entre le milieu de la recherche et le milieu des affaires, le gouvernement finlandais a créé plusieurs organismes gouvernementaux ayant des objectifs différents mais, complémentaires dans le système d’innovation finlandais: Sitra, VTT, Tekes, les Shoks, Finpro, Finnvera, et d’autres organisations. De façon formelle ou informelle, ces acteurs ont pour mission de soutenir l’innovation et de faciliter la communication entre le milieu de la recherche et le milieu des affaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Certains acteurs notamment Sitra et VTT soutiennent davantage la recherche fondamentale tandis que d’autres sont axés sur la recherche appliquée. L’organisme Tekes est un acteur central du système d’innovation qui coordonne de nombreuses activités de R&D en Finlande et qui finance une grande partie du budget des organismes Shoks. Ces derniers impliquent les entreprises directement dans leur processus d’innovation. Quant à Finpro, il encourage les échanges de connaissance afin de soutenir la globalisation des entreprises finlandaises. Finalement, l’organisme Finnvera soutient l’innovation, la croissance et la globalisation des entreprises finlandaises en finançant leurs projets. En résumé, cette étude permet de comprendre le fonctionnement du partenariat entre les divers acteurs du système d’innovation finlandais. Ces résultats contribuent vraisemblablement à fournir des pistes de réflexion pour améliorer les décisions politiques liées à stimulation de la collaboration entre les différents acteurs d’un système d’innovation. Il est important de mentionner que les résultats de cette recherche reflètent le point de vue des organismes de soutien sur leur système national d’innovation. Dans une future recherche, il serait pertinent d’étudier le point de vue des entreprises et le point de vue du milieu académique. Bibliographie Amara, N. and R. Landry (2005). "Sources of information as determinants of novelty of innovation in manufacturing firms: evidence from the 1999 Statistics Canada innovation survey." Technovation 25: 245– 259. 18 Bell, G. G. and A. Zaheer (2007). "Geography, Networks, and Knowledge Flow." Organization Science 18(6): 955-972. ICEG European Center (2011). Policies in Support of Service Innovation. INNO-Grips Policy Brief. Budapest, INNO-Grips – Global Review of Innovation Policy Studies. No. 3. Krugman, P. (1991). Geography and Trade. Cambridge: Massachusetts, MIT Press. Lemola, T. (2003). "Transformation of Finnish Science and Technology Policy." Science Studies 16(1): 5267. Nelson, R. R. (1984). High-Technology Policy: A Fice-nations Comparaison. Washington, The American Enterprise Institute. Nioso, J., T. G. Bas and M. Zhegu (2005). Canada's Regional Innovation Systems: The Science-based Industries. Montréal, McGill-Queen's University Press. OCDE (1971). Science, Growth and Society: A New Perspective. H. Brooks Report. Paris, OCDE. Porter, M. (1998). On competition. Boston, Harvard Businesss School. Porter, M. (2000). "Location, Competition, and Economic Development: Local Clusters in a Global Economy." Economic Development Quarterly 14(1): 15-34. Renaud, G. and M. Boucher (2012). L'innovation dans le secteur de la fabrication au Québec entre 2008 et 2010. Québec, Institut de la statistique du Québec. Schmookler, J. (1966). Invention and Economic Growth. Cambridge, Harvard University Press. Schumpeter, J. (1934). The theory of Economic Development. New York, Oxford University Press. 19 Conférence présentée à Rimouski ACFAS le 26 mai 2015 Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 20 2 Objectifs de recherche rôle du gouvernement finlandais • Comprendre le • Identifier les stratégies mises en place • Identifier les forces et les faiblesses de leur modèle • Apporter des pistes de réflexion Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 3 Méthodologie Approche exploratoire Été 2014 11 entrevues semi-dirigées 10 gestionnaires des organismes de soutien 1 professeur d’université Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 21 4 Approches théoriques Invention versus innovation (Joseph Schumpeter, 1934) « » (Schmookler, 1966) » (Nelson, 1984) « • Concept de système national d’innovation (Niosi 2005) • Interactions entre les acteurs (Krugman, 1991 & Porter, 1998; 2000) Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 Industrie 5 Université Gouvernement Rôle de l’université et du gouvernement (Etzkowitz et al., 1995) Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 22 6 Rôle du gouvernement finlandais • Mettre en place un système d’innovation facilitant la collaboration • Encourager l’investissement dans les activités de • Assurer le bien-être de la société en conformité avec sa culture • Avoir une orientation • Prendre des décisions descentes « top • Offrir une approche ascendante « bottom globale R&D plutôt que régionale down » up » Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 7 Budget des SHOKs alloué par TEKES 50% 50% top down bottom up Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 23 8 Budget des SHOKs alloué par TEKES 50 % du budget sur 5 axes de développement « top down » : • Énergie et environnement • Bioéconomie finlandaise • Produits métalliques et ingénierie mécanique • Santé et bien-être • Services et industrie de la communication 50 % du budget dédié aux axes de développement qui émergeront directement du milieu des affaires « bottom • up » Domaine de la construction Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 9 Acteurs du système Secteur public PARLEMENT Conseil de la recherche et de l’innovation GOUVERNEMENT Ministère de l’éducation Académie de la Finlande Ministère de l’emploi et de l’économie Autres ministères et instituts VTT Sitra Finnvera Finpro Universités Secteur privé Tekes Centres stratégiques de la science, de la technologie et de l’innovation (SHOKs) Entreprises privées FIBIC Oy TIVIT Oy FIMECC Oy CLEEN Oy SalWe Oy RYM Oy Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 24 10 Forces du modèle • Esprit de coopération • Communication • Confiance entre les acteurs finlandais • Proactivité des finlandais • Système d’éducation • Implication du privé dans le financement de la recherche Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 11 Faiblesses du modèle • Manque d’expertise en commercialisation • Taille limitée du marché finlandais • Effet négatif • Manque de communication entre les différents ministères Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 25 12 Recommandations Le principal défi est de passer d’une économie basée sur l’innovation poussée par la technologie à une économie basée sur l’innovation tirée par le marché • Innover pour la Finlande • Avoir une pensée globale • Être pluridisciplinaires • Être à l’écoute du marché Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 13 Conclusion Cette étude a permis de comprendre le système d’innovation finlandais. Pistes de réflexion Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 26 14 Limites et futures recherches Industrie Université Gouvernement Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 27 15 Annexe 2 – Innovation et entreprenariat : le modèle allemand Conférence de M. Gilles Cloutier, Président ,STRATT Executive University et conseiller stratégique. Biographie Gilles Cloutier cumule depuis plus de trente ans des fonctions de dirigeant d'entreprises et d'entrepreneur dans les secteurs des technologies de l'information, de l'énergie et des services financiers. Son expertise comme conseiller stratégique et mentor l'amène à intervenir particulièrement sur les marchés internationaux auprès de partenaires publics et privés dans le développement et l'internationalisation des compétences, des innovations et des transferts technologiques. Monsieur Cloutier siège sur de nombreux bureaux de direction et conseils scientifiques internationaux. A titre de professeur en management et de conférencier, il intervient auprès d'universités canadiennes et à l'étranger. Il est notamment chroniqueur auprès du Journal LES AFFAIRES et du magazine DZ ENTREPRISE. Ses activités philanthropiques sont orientées dans les secteurs de l'innovation et de la créativité et du développement du potentiel humain dans les régions émergentes. Résumé Perspective générale L'Allemagne se distingue très avantageusement sur l'échiquier mondial des économies innovantes et entrepreneuriales. Troisième économie, intervenante majeure dans la géographie industrielle planétaire, elle se différencie par un modèle de concertation et de complémentarité qui lui assure la flexibilité essentielle à innover et à poursuivre une gestion optimale de sa chaîne de valeur industrielle. Au chapitre entrepreneurial, l'écosystème allemand repose sur la priorisation des exportations. Le bilan: 50 pourcent (50 %) du PNB est attribuable aux exportations, en comparaison avec les États-Unis,14 pourcent (14 %),le Japon,15 pourcent (15 %) et le Royaume-Uni,32 pourcent (32 %). L'emploi généré par les PME innovantes et exportatrices rejoint 70 pourcent de la main - d'œuvre. Somme toute, les PME allemandes se qualifient dans la catégorie des " joueurs planétaires"(<Global Players>) et figure dans le peloton de tête international des start-ups innovantes. La réussite allemande prend sa source dans une tradition culturelle où la conjugaison des dispositifs géopolitiques, sociaux, éducatifs, industriels et de gouvernance privilégient le consensus, l'optimisation des ressources et la valorisation de l'initiative concertée. 28 En découlent les impératifs d'une planification rigoureuse et d'un pilotage harmonieux entre les parties prenantes. Analyse stratégique Une lecture simplifiée basée sur la matrice des Forces, Faiblesses, Menaces et Opportunités (FFMO/SWOT) permettra de rendre compte du diagnostic suivant: Les forces: La formation de la main-d’œuvre et des talents en général est subordonnée à la validation de compétences déterminées par l'industrie manufacturière. Ainsi, l'approche de l'alternance classeusine largement répandue. L'innovation technologique et l'amélioration continue sont omniprésentes à toutes les étapes du déploiement de la chaîne de valeur industrielle. La production des savoirs, leur diffusion ou leur traduction en savoir-faire technique accréditent l'implication des entreprises dans le financement de la recherche et leur engagement à intégrer ces innovations et améliorations dans leurs processus. La concertation et la complémentarité des parties prenantes liées aux financements publics et privés, à la recherche fondamentale et appliquée, à la qualité de vie générale et à la commercialisation internationale consolident les prédicteurs de la réussite de l'écosystème innovant et entrepreneurial. A titre allégorique, tout se passe comme si, avant d'investir sur un joueur, on s’assurait que les retombées seront collectives. Les faiblesses : Plusieurs mesures législatives et réglementaires souvent trop rigides alourdissent le fardeau financier non-productif des entreprises à une étape souvent critique de leur développement Ces rigidités, notamment en matière d'insolvabilité, assombrissent le goût du risque et génère parfois des attitudes hostiles devant les initiateurs de nouveaux projets. Les opportunités : La valorisation de la culture et des réussites entrepreneuriales dans les médias et dans l'opinion publique conforterait une relève parfois hésitante. Une telle attitude aurait sans doute pour effet d'attirer une main-d’œuvre internationale qualifiée, de stimuler et d'attirer une nouvelle génération d'entrepreneurs. Les pressions concurrentielles pour des compétences internationales de haut niveau sont propices à l'assouplissement de mesures législatives en matière d'immigration des cerveaux et de personnel technique. Le déficit de main-d’œuvre qualifiée et de chercheurs est actuellement alarmant. Les menaces : 29 Le ralentissement de la croissance en Chine pourrait avoir un impact les exportations allemandes. L'instabilité dans la zone euro pourrait entraîner des conséquences imprévisibles sur la devise et se répercuter sur la production industrielle. Le modèle allemand : ses déterminants Le modèle social Le modèle allemand se distingue selon un cadre de référence qui privilégie le "marché social" en opposition à la seule économie de libre marché. En bref, le marché social entretient la conviction que l'économie et le développement social sont intrinsèquement liés. Pour les Allemands, l'entreprise est assujettie à une responsabilité dans la gestion de l'ordre social, tant sur le milieu du travail que dans l'organisation de la vie communautaire. Ainsi, les pouvoirs publics tout autant que les regroupements de travailleurs et les syndicats ont leur mot à dire dans la gestion de l'entreprise (enrichissement des tâches, innovation..) et dans l'implication de l'organisation dans les activités relatives à la qualité de vie en général (environnement, infrastructures publiques, éducation…). Cette dynamique de concertation et de dépendance formelle de l'organisation atténuerait, selon certains observateurs, la flexibilité essentielle aux activités de créativité et d'innovation. Or, il est démontré que le résultat de cette culture organisationnelle est davantage bénéfique pour assurer une gouvernance dynamique et proactive. Le partenariat social de l'organisation garantit une participation des syndicats dans la gestion économique et le développement des activités de l'entreprise. S'ajoute à ce contrat social, l'implication syndicale dans l'élaboration des programmes de formation appuyés financièrement par les pouvoirs publics et le secteur privé et définis selon les normes nationales et les besoins spécifiques des entreprises. Parmi autres caractéristiques du système social, les salariés des entreprises de cinq employés et plus détiennent le droit d'élire des représentants au comité de gestion de l'organisation avec plein accès aux informations financières, stratégiques et opérationnelles. Droit de gouvernance et droit d'intervention consolident donc le modèle du consensus incitatif à l'innovation sociale, managériale et technologique au sein des organisations. Aussi, une atténuation des résistances au changement. La compréhension et l'adhésion des salariés aux impératifs des pressions concurrentielles internationales, l'innovation, l'amélioration continue, le développement des compétences et la prise de risques n'étant pas les moindres. Le modèle d'affaires L'Allemagne se distingue historiquement sur le podium des pays dont la contribution à la science et la technologie ont eu les retombées les plus importantes et durables dans une panoplie de secteurs qui couvrent les sciences pures et appliquées, les sciences naturelles et biologiques, la médecine, le génie 30 industriel et mécanique et les télécommunications, pour ne retenir qu'une énumération forcément partielle. Outre la contribution intellectuelle exceptionnelle des scientifiques(Les scientifiques allemands détiennent le record des prix Nobel au XXe siècle), les environnements institutionnels du savoir, universités, centres de recherche et laboratoires, ont constamment côtoyés les milieux d'affaires, grandes, moyennes et petites entreprises en s'assurant de leur permettre d'incuber les découvertes susceptibles d'améliorer leurs capacités et de déployer leur savoir-faire à l'échelle planétaire. Pari remporté et culture du progrès renforcée. Retenons, à titre d'exemple, la poursuite du projet SME robotics auquel se greffe une constellation d'intervenants européens et dont l'objectif principal est d'élaborer des solutions technologiques destinées à la robotique intelligente pour le bénéfice des PME manufacturières. Concertation des parties prenantes, innovation ouverte et adaptabilité, une fois de plus réaffirmées! Le modèle d'affaires se décline selon des contours stratégiques qui intègrent de manière efficace les orientations gouvernementales et optimisent le rôle régulateur et financier des pouvoirs publics. L'équilibre entre technologie, ingénierie et mise en marché soutient avantageusement les PME innovantes dans des secteurs où l'industrie allemande de la machinerie, notamment, rayonne de manière incontestée. Rappelons que les usines chinoises utilisent principalement des équipements allemands... Le cliché qui affirme que l'innovation de rupture différencie favorablement les innovations américaines par rapport aux innovations allemandes, davantage incrémentales, est largement contesté. La distinction plaiderait davantage sur une efficience de la chaîne de valeur allemande qui assimile davantage les innovations de rupture dans son système de production et les rendraient plus structurantes au plan industriel. L'innovation incrémentale et l'amélioration continue caractérisent la stratégie allemande de domination et de différentiation. La subordination de cette approche à des marchés de niche réconcilie ainsi le marché social et les exigences d'une économie ouverte sur le monde. L'innovation endossée par l'ensemble des parties prenantes au processus global de l'organisation! La cohérence sociale de l'organisation comme facteur de réussite! L'approche allemande de coalition des intervenants de proximité s'élargit également à l'espace européen et à des partenaires internationaux dans certaines niches où le couple R&D et innovation est porteur de retombées commerciales et d'intégration du système social allemand. Hégémonie pour les caciques, stimulation nécessaire pour les partisans d'une Europe communautaire de la valorisation technologique et industrielle. Cette initiative de concertation paneuropéenne consiste en l'établissement d'une feuille de route nationale où sont planifiées les activités prévues et leur imputabilité auprès des commanditaires publics et privés. Consentement et engagement selon ses ressources sont privilégiés à la coercition. Six priorités sont retenues: Optimisation des systèmes nationaux de recherche; Renforcement des initiatives conjointes et des partenariats de R&D; 31 Mobilité accrue des scientifiques et techniciens à travers l'Union; Équité des genres; Dispositif intégré de production et de diffusion des découvertes; Internationalisation sélective de l'Espace européen de recherche(EER). Typologie des innovations La comparaison est désormais fragilisée entre les États-Unis et l'Allemagne sur le bilan des innovations. Les observateurs n'hésitent plus à défendre le dynamisme allemand au chapitre des innovations de rupture, jadis le terreau américain. La puissance de l'approche allemande réside néanmoins dans les disciplines propices à l'innovation incrémentale et dans l'amélioration continue. Ainsi, 22 pourcent (22%) de la main-d’œuvre allemande et 21 pourcent (21%) du PIB enjolivent le bilan manufacturier. En comparaison, aux États-Unis, onze pourcent (11%) de la main-d’œuvre et treize pourcent (13%) représentent le bilan. Trois facteurs déterminants se conjuguent pour rendre compte de l'efficacité de la démarche incrémentale des grandes entreprises et des PME allemandes: L'innovation doit répondre à une exigence de productivité accrue (procédés) plutôt que de favoriser le développement technologique à risque élevé dans des secteurs émergents (rupture). En quelque sorte, faire mieux davantage que faire différemment. Les seuls exemples métaphoriques de BMW et Mercedes Benz dans l'industrie automobile illustrent favorablement la valorisation du rôle des PME innovantes comme sous-traitants dans des secteurs tels les TIC, le génie logiciel, les systèmes de sécurité ou d'éclairage. On croisera facilement un doctorant en génie logiciel dans les centres d'assemblage d'automobiles alors qu'aux États-Unis le même doctorant sera confiné à son écran chez Google, Apple, Facebook ou Amazon. L'Allemagne soutient financièrement et logistiquement des institutions vouées à la R&D et à l'innovation destinées aux PME innovantes. Interactions soutenues, accompagnement et évaluation permanente sont les piliers de la logistique de ces associations. Les Instituts Frannhofer, par exemple, illustrent bien cette approche de "compagnonnage". La formation continue et adaptée de la main d'œuvre est une priorité fondamentale. Alignée à la recherche constante de l'avantage concurrentiel international, la formation doit rendre compte de sa capacité à mettre en œuvre les innovations et à répondre aux paramètres sociaux de l'organisation en matière de satisfaction des salariés et de valorisation des tâches. En un mot, remplir son mandat social. Conclusion 32 En guise de conclusion, nous évoquerons quelques observations stratégiques: L'architecture du système social et économique allemand découle d'une longue tradition de valorisation d'une culture de concertation et de stabilité sociale. Ces facteurs, parmi d'autres, sont reconnus propices à l'éclosion d'attitudes créatives, innovantes et entrepreneuriales. La famille comme nucleus et l'organisation comme famille élargie pourrait succinctement illustrées l'analogie et traduire le climat organisationnel prédicteur d'initiatives. Le dispositif de concertation, sans cesse réévalué, est assujetti à la finalité commerciale et à la satisfaction des clientèles. Les nécessités de préservation de l'environnement et de promotion du développement durable, valeurs inaliénables chez la population allemande, se retrouvent favorablement dans les stratégies manufacturières allemandes. A surveiller parmi les risques inhérents à une approche d'efficacité continue: Le rôle insuffisant des banques ou autres institutions financières comme pourvoyeurs de capital de risque. Actuellement à trente pourcent, (30 pourcent) en comparaison de quarante-sept pourcent (47%) pour les prêts et trente-six pourcent (36%) pour le financement public. Le risque pourrait venir de la précarisation du système financier européen, des fluctuations dans la devise EURO (L'Allemagne est un exportateur majeur), des coûts relatifs au loyer des prêts et du fléchissement des financements publics attribuables à des recettes fiscales en régression. L'émergence actuelle de nouveaux champions, notamment chez les tigres asiatiques, constitue une menace réelle pour la solidité du modèle allemand, rappelons-le, qui repose sur sa capacité de commercialisation planétaire. Au chapitre de la recherche scientifique, malgré les récentes initiatives porteuses, une stagnation est observable depuis une dizaine d'années. Les effets pervers d'un exode des cerveaux sont aujourd'hui perceptibles et préoccupants. Les défis majeurs résident dans le maintien et l'amélioration d'un système d'éducation à haute valeur ajoutée pour les entreprises et les centres de recherche. Également, dans l'intégration culturelle et professionnelle de talents internationaux. Bibliographie sélective Why Germany dominates the US in Innovation, Dan Breznitz, Harvard Business Review, mai 2014; Germany at a glance, EY Entrepreneurship Barometer,2013; Science and Technology Based Regional Entrepreneurship: Global experience.., SA Miran, EE, 2011; L'innovation incrémentale, secret de l'industrie allemande, Philippe Silberzahn, Blogue, février 2011; Le discours entrepreneurial dans les journaux allemands, F.Welter, Erudit.org, 2008. 33 Innovation et entrepreneuriat Le modèle allemand Professeur Gilles Cloutier Congrès de l’ACFAS Rimouski, Mai 2015 1. Objectifs de l’exposé 2. Perspective générale • Qu’ont en commun la Philarmonique de Berlin, BMW, Siemens et Unkel Robotics (14 employés) (RhénaniePalatinat)? 3. Analyse contextuelle • Le modèle FFOM (SWOT) vs. autres modèles entrepreneuriaux – Rendre compte d’une approche stratégique globale – Présenter une analyse simple adaptée à la prise de décision (« frugalité théorique ») 34 3.1. Les forces: • Formation adaptée à l’industrie manufacturière (employabilité et intégration sociale); • Innovation technologique et amélioration continue omniprésentes à toutes les étapes de la chaîne de valeur industrielle; • Entreprises (PME et grandes entreprises) impliquées dans le financement de la recherche fondamentale et appliquée; (production des savoirs, diffusion et adaptation); • Concertation /complémentarité des rôles des parties prenantes: – Modèle social modèle économique – Valorisation des économies structurées autour de modèles de « confiance, de coopération et d’alliances » (Karpik, 1996; NooteBoom, 2006). 3.2. Les faiblesses: • Rigidités législatives et réglementaires («paperasse inutile et coûteuse »); • Goût du risque atténué par des mesures contraignantes (ex: insolvabilité); • Capital de risque insuffisant. 3.3. Les opportunités • Valorisation accrue de la culture et des réussites entrepreneuriales (media, écoles, etc.) pour stimuler la relève et les nouveaux joueurs; • Attractivité d’une main-d’œuvre internationale qualifiée (compenser le déficit de scientifiques et de techniciens spécialisés); • Scolarité gratuite (éducation supérieure), incluant les étrangers (actuellement 100,000 dont 5,000 Américains). 35 3.4. Les menaces: • Ralentissement de la production manufacturière en Chine; • Instabilité dans la zone euro; • Réalignement géostatique (Russie, Moyen-Orient). 4. Le modèle allemand: Déterminants 4.1. Le modèle social: • Le marché social (approche intégrée, analyse sociologique, politique, anthropologique, économique…); • Entreprises: Partenariat et responsabilité dans la gestion de l’ordre social (interne, communautaire); • Concertation des parties prenantes (direction, comités d’entreprises, syndicats, gouvernements); – Ex. programme de formation, politiques GRH, analyse stratégique internationale. • Régions intelligentes (harmonisation et complémentarité). 36 4.2. Le modèle économique (« modèle d’affaires ») • Contribution historique à la science et à la technologie universelle; • Rôle régulateur et financier de pouvoirs publics; • Effort concerté à toutes les étapes de la chaîne de valeur industrielle (« accompagnement des champions »); • Arbitrage entre innovations de rupture, innovations incrémentales et améliorations continues; • Approche pan-européenne et internationale (ciblée). – Feuilles de route nationales et communautaires (actions preuves, résultats, retombées industrielles, imputabilité auprès des partenaires financiers) 4.2. Le modèle économique (« modèle d’affaires ») • Actions privilégiées: – – – – Optimisation des systèmes de R&D; Démultiplication des initiatives et partenariats; Mobilité accrue des scientifiques et techniciens; Dispositif intégré de production et diffusion des découvertes et savoirs; – Internationalisation des activités de recherche (réseaux, etc.). 37 5. Typologie des innovations • Priorité aux innovations incrémentales et améliorations continues – Allemagne: 22% - main-d’œuvre 21% - PIB – Comparaison (USA): 11% - main d’œuvre 13% - PIB • Facteurs de valorisation – Innovation: Exigence de productivité accrue (procédés); – Impacts mesurables sur les PME innovantes; – Avantage concurrentiel international (veille stratégique permanente). 6. Conclusion •Harmonie sociale interne et externe à l’entreprise (écosphères) •Responsabilité sociale et environnementale (ex. énergies vertes) •Avenir préoccupant – Affaiblissement de l’union européenne – Immigration économique – Montée accélérée des « tigres asiatiques » (« bloc asiatique » 38 Annexe 3 - L’innovation au Québec : un écosystème en pleine mutation Conférence de M. David Bourdages, directeur général du Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable Biographie Œuvrant depuis plus de 15 ans en développement régional dans différents postes de direction, David Bourdages dirige depuis 2011 le CIRADD, centre collégial de transfert en innovation sociale. Intéressé particulièrement par la gouvernance des organisations et entreprises ainsi qu’à l’intégration de l’innovation, il termine des études supérieures en administration publique régionale à UQAR-ÉNAP. Résumé Depuis le début du 20e siècle, l’intervention de l’État québécois a profondément changé, entrainant le développement du territoire et de son économie vers des orientations en constante évolution. D’un état minimaliste, à un état interventionniste et accompagnateur. Les politiques publiques en matière de développement, économique ou autres ont longtemps été rudimentaires. Toutefois, depuis la Révolution tranquille des années 60, une accélération des actions publiques en matière d’économie et de développement social a permis de développer une multitude d’initiatives, programme et politiques, afin d’augmenter les productivités des entreprises québécoises, d’une part, et de développer les collectivités et le territoire, d’autres parts (Klein et al 2010, Gingras 2012, Almeida 2002). La période actuelle de grands changements, soit depuis le début de 2014, impose une réflexion sur l’état actuel de l’écosystème d’innovation québécois qui est en pleine transformation. Cherchant à atteindre plus d’efficacité et d’efficience dans leurs actions collectives, les acteurs de l’innovation transforment leur environnement et leur culture d’action dans une économie mondialisée. Le présent article présentera un survol des différentes politiques publiques mises de l’avant, principalement depuis la Révolution tranquille (19702015), afin de dresser un portrait de l’évolution du système québécois d’innovation via les interactions des acteurs qui le compose (public, parapublic, privé), les orientations ou objectifs de ceux-ci et les changements sociopolitiques. Les politiques publiques d’innovation Les premiers balbutiements en matière de recherche et d’innovation remontent aux années 30, avec la création de l’Office provinciale des recherches scientifiques (Almeida, 2002). Dès ce moment, l’état souhaitait orienter la recherche vers des extrants dédiés aux secteurs industriels tout en favorisant la 39 création de débouchés aux diplômés universitaires et l’ouverture vers des carrières scientifiques. Cet élan, dans la continuité des orientations d’institutionnalisation de la science, mènera en 1969 à la création du CRIQ (Centre de recherche industrielle du Québec) et en 1979 l’adoption de la politique Pour une politique québécoise de la recherche scientifique. Mais la crise économique des années 80 marquera un changement de discours, ce dernier passant de «politique scientifique» à la priorisation de «politique technologique». Ainsi, on verra la création du Conseil de la science et des technologies du Québec en 1980 (qui sera aboli en 2010) et la mise en œuvre de politiques tel que Bâtir le Québec : Le virage technologique (1982) et La maîtrise de notre avenir technologique (1988) (Gingras, 2012). Ce virage amènera le gouvernement à privilégier les actions ponctuelles comme la création de programmes qui permettront l’accélération de la création d’organismes tels les centres de liaison et de transfert (CLT), les centres collégiaux de transfert et plusieurs consortiums de recherche. Une décennie plus tard, la province entamera un nouveau virage. Après avoir misé sur une transition de la science vers la technologie, on misera maintenant sur le concept d’innovation ou de recherche et innovation (Changer le monde : Politique québécoise de la science et de l’innovation- 2001). On s’appuie sur la recherche, qualifié de scientifique, afin d’accélérer la création d’innovation, tant technologique que sociale, permettant un développement économique accru. La dernière grande phase d’évolution des orientations gouvernementale s’effectuera à partir de 2006 avec la Stratégique québécoise de la recherche et de l’innovation, qui aura deux moutures (2007-2010 et 2010-2013). Ces politiques marqueront le début d’une rationalisation du système de l’innovation et comprendront un volet financement important de la recherche, mais surtout une orientation de tous les types de recherche vers des résultats appliqués, tangibles et directs pour les entreprises. Enfin, la dernière initiative portera le nom de Politique nationale de la recherche et de l’innovation – 2014-2018. Cette dernière mouture, par l’importance de l’équilibre entre tous les types de recherche, amplifiera l’importance d’orienter la recherche et le transfert vers des applications concrètes et la formation, même de 2e et 3e cycle universitaire, vers la création d’employés qualifiés pour les entreprises et industries manufacturières sensées crée de la richesse plus rapidement. Mais le plus important, elle tentera spécifiquement de mobiliser et de créer une cohésion, naturelle ou forcée, et une performance accrue des différents acteurs et réseaux (formation, recherche, soutien, entreprises) existants au bénéfice des entreprises et organisations du Québec, toujours d’en l’objectif d’accroitre la performance économique de la province. En sommes, les politiques d’innovation auront eu un point en commun, soit un développement provenant d’une réflexion centrale et nationale. Les politiques publiques de développement régional Durant la même période, soit des années 60 à aujourd’hui, le Québec s’est engagé dans un vaste chantier de planification du développement du territoire. Ces efforts suivaient l’idée d’occupation du territoire ayant principalement débuté avec les vagues de colonisation des années 20 à 40, principalement, mais se voulaient une réponse de rationalisation et de performance du développement dit régional. Ainsi, on verra la mise en œuvre, dans les années 60, d’initiative telle que le Bureau d’aménagement de l’Est-duQuébec (BAEQ), l’Office de planification et de développement du Québec (OPDQ) et l’Office de développement de l’Est-du-Québec (ODEQ) (OREGAND, 2015). Des volontés de planification naitront celles de concertations et de mobilisation des acteurs selon une philosophie de prise en mains 40 des milieux. Ce sera l’ère des Conseils régionaux de développement (CRD) dès 1970 et des Conseils régionaux de concertation et de développement (CRCD). On tendra rapidement vers de visées de régionalisation en créant notamment les Municipalités régionales de comtés (MRC) en 1980 jusqu’au Conférences régionales des élus (CRÉ), le tout en essayant de développer la société et son économie via un développement global et local. On notera un exemple particulier d’appui au développement spécifique des régions dans le programme ACCORD qui sera mis en place dès 2002. Celui-ci cherchera à «Positionner les régions du Québec comme des sièges de compétences industrielles spécifiques reconnues en Amérique et dans le monde en développant des créneaux d’excellence qui pourront devenir leur image de marque» (MEIE. 2015). Ainsi, on peut voir une volonté dans ces politiques de développement à partir des milieux, pour les milieux. Description des acteurs et interactions Au fil des politiques, un réseau de réseau s’est constitué au Québec. Plusieurs types de centres et d’organisation qui, malgré leur objectif commun d’appui au développement du Québec, auront des balises, restrictions et des cadres différents, selon l’origine de leur création. Jusqu’en 2014, les acteurs de l’innovation dite de production pouvaient être énumérés comme suit : Centres collégiaux de transfert de technologie(CCTT) : 49 centres (43 en technologie et 6 en innovation sociale), créés de 1983 à 2014 partout au Québec, affiliés chacun à un collège, afin de soutenir, dans un domaine particulier, les PME et organisations en matière de recherche appliquée, assistance technique, formation et information. Centres de liaison et de transfert (CLT): Au nombre de 5, ils constituent des agents de liaison entre les universités et les entreprises. Organismes de liaison et de transfert en innovation sociale (OLTIS) : similaires aux CLT, les trois OLTIS sont spécialisés dans des domaines d’innovation sociale. Consortiums de recherche : Principalement créés dans les années 90 et 2000, ils sont au nombre de 8. Centres de recherche privés à but non lucratif, ils interviennent dans des secteurs spécifiques et sont soutenus principalement par les entreprises membres. Regroupements sectoriels de recherche : Ces sept institutions regroupent des centres de recherche et des entreprises afin de favoriser, dans un secteur particulier, le développement technologique et l’animation des milieux. Société de valorisation de la recherche universitaire : En 2014, on dénombrait quatre sociétés en commandite du monde universitaire qui cherchent à introduire sur les marchés les technologies découlant des résultats des recherches des commanditaires. Centres de recherche appliquée : Cinq centres ont été créés, principalement via des politiques économiques, comme le CRIQ (1969) et visent pour certains l’accompagnement des acteurs de l’innovation ou la réalisation de projets d’innovation ou le renforcement de certains secteurs. 41 À ces centres spécifiquement ciblés et identifiés s’ajoute une multitude de centres universitaires et collégiaux, de centres gouvernementaux, de centres privés en entreprise ainsi que les dispositifs fédéraux comme le CNRC (Centre national de recherche du Canada). Il faut aussi ajouter les acteurs de financement (ex. : Investissement Québec, Fonds de la recherche du Québec, fonds fédéraux), de soutien de première ligne (SADC, CLD), d’accompagnement ou de démarrage (accélérateurs, incubateurs). La figure suivante place ces acteurs selon leur positionnement dans la chaine de l’innovation. Source: Marchal 2008, p.14. Analyse sommaire acteurs-politiques : arrimage des orientations en innovation et développement économique Ce portrait a toutefois évolué au cours de l’année 2014-2015. Les changements dans les orientations politiques ont amené la disparition de certains centres ou acteurs (CQVB, CLD), la fusion de d’autres et 42 surtout un questionnement de la mise en œuvre de l’innovation et du soutien aux entreprises. Un constat sommaire nous indique que globalement les politiques de recherche et d’innovation ont favorisé le déploiement de plusieurs réseaux en lien avec des politiques de développement sectoriel national, que les politiques en matière de développement régional ont favorisé une prise en charge par les milieux et que peu d’initiative a été développée en arrimant les deux angles (innovation et développement régional) de façon synergique. Malgré tout, on a pu constater que certains systèmes locaux se sont développés avec un souci particulier de développement régional à priori (cas des programmes ACCORD et de La Pocatière). Mais les différents changements d’orientation, principalement la volonté de mettre le développement économique entre les mains des MRC, et la disparition d’acteurs clés, nous portent à réfléchir sur l’efficacité du système actuel dans un contexte de redéfinition des rôles des acteurs de l’innovation. Le besoin de cohérence et de synergie des actions et des investissements en matière d’innovation et de développement est partagé par l’ensemble des acteurs. Toutefois, nous pouvons nous questionner à savoir si ces mêmes acteurs pourront revoir leurs positions et leur action dans un écosystème où le déploiement des acteurs d’intermédiation n’a pas toujours été en lien direct avec les orientations de développement régional. Références ALMEIDA, Mike. 2002. 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Politique nationale de la recherche et de l’innovation 20142019 – Priorité emploi. Document synthèse GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. 2010. Mobiliser innover, prospérer. Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation – Sommaire 2010-2013 GOUVERNEMENT DU QUÉBEC.2006. Un Québec innovant et prospère. Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation – 2007-2010- Sommaire. 12 p. GROUPE DE TRAVAIL RÉSEAU RECHERCHE INNOVATION QUÉBEC (RRIQ) Document de travail révisé (V.3) Pour la réunion du 1er avril 2014. KLEIN, Juan-Luis, Jean-Marc Fontan, Denis Harrisson et Benoit Lévesque. 2010. L’innovation sociale dans lecontexte du «modèle québécois». The Philanthropist. Vol. 23. Pp. 235-246. 43 LANDRY, Réjean et N. Amara. 2010. Portrait des organisations d’intermédiation économique au Québec et comparaison avec le reste du Canada. Rapport présenté au Conseil de la science et de la technologie du Québec. Département de management Université Laval MARCHAL, Christophe. 2008. 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Direction de la coordination et de l’évaluation des programmes du ministère des Finances et de l’Économie du Québec. Québec. 44 L’innovation au Québec : un écosystème en pleine mutation David Bourdages Directeur général, CIRADD 26 mai 2015 – Rimouski 83e Congrès de l’ACFAS Objectif : - Dresser un portrait macro du syst. d’innovation du Qc et son évolution Méthodologie: - Survol des politiques et de la littérature. Présentation: - Les politiques publiques d’innovation - Les politiques publiques de développement régional - Description des acteurs et interactions - Analyse sommaire acteurs-politiques 2 45 Les politiques publiques d’innovation 1937 1971 1979 3 Les politiques publiques d’innovation 1982 1988 2001 4 46 Les politiques publiques d’innovation 2001 2006 2010 2014 5 Les politiques publiques d’innovation 1937 1971 1979 1982 1988 2001 2006 2010 2014 6 47 Les politiques publiques d’innovation - PNRI 2014-2018 - Principes: - - - Équilibre entre tous les types de recherche, qu’elle soit fondamentale ou appliquée Importance de la collaboration et de la concertation de tous les acteurs du monde du savoir Axes importants: - Mobiliser les chercheurs, institutions et entreprises pour le développement du Québec Former la relève Viser la collaboration et l’excellence : université et collège Favoriser l’entreprenariat scientifique et valoriser l’innovation industrielle Engager l’action gouvernementale 7 Les politiques publiques d’innovation - Sciences à technologie (1982) - Techno. À innovation (2001) - Innovation à recherche et innovation - Accélération année 80 et orientation par domaine - Intégration du volet social (Maîtrise sociale des changements techno-1982 / Sc. De la vie et innovation sociale-2010) - 3 phases : 1930-1980 / 1980-2000 / 2000 à 2014 - Le développement régional dans tout ça? 8 48 Les politiques publiques de développement régional 1961 1966 1970 9 Les politiques publiques de développement régional 1980 1995 2003 2007 2014 10 49 Les politiques publiques de développement régional - Autres initiatives d’intérêt: - Loi sur l’économie sociale et solidaire-2013 Programme ACCORD-2002 Système régionaux d’innovation : ex.: La Pocatière 11 Description des acteurs et interactions • Centres collégiaux de transfert de technologie(CCTT) (49) 1983 à 2014 • Centres de liaison et de transfert (CLT) (5) • Organismes de liaison et de transfert en innovation sociale (OLTIS) (3) • Consortiums de recherche (8) années 90 et 2000 • Regroupements sectoriels de recherche (7) • Société de valorisation de la recherche universitaire (4):. • Centres de recherche appliquée (5) : CRIQ (1969) 12 50 Description des acteurs et interactions • S’ajoute une multitude de centres universitaires et collégiaux, de centres gouvernementaux, de centres privés en entreprise ainsi que les dispositifs fédéraux comme le CNRC (Centre national de recherche du Canada), sans oublier les centres indépendants; • Les acteurs de financement (ex. : Investissement Québec, Fonds de la recherche du Québec, fonds fédéraux), de soutien de première ligne (SADC, CLD), d’accompagnement ou de démarrage (accélérateurs, incubateurs). • Sans oublier les associations tel l’ACFAS, l’ADRIQ, ARC, CICAN, etc. 13 Description des acteurs et interactions 14 51 Description des acteurs et interactions 15 Description des acteurs et interactions - 2014-2015: phase de restructuration intense - Fermeture de centre (CQVB) - Fusion d’entité : Nano Québec et Innovation polymère = Prima Québec - Naissance du RRIQ - Financement orienté et remise en question d’organismes (ex.: ACFAS) - Questionnement rôle et positionnement de plusieurs types de centre 16 52 Analyse sommaire acteurs-politiques : arrimage des orientations en innovation et développement économique - Pol. d’innovation(5) pol. développement rég.(7-10) - Un réseau de réseaux, multiples conditions - Universités, collèges, état, privé - MESRS vs MEIE et autres ministères - Dynamique provincial - fédéral 17 Analyse sommaire acteurs-politiques : arrimage des orientations en innovation et développement économique - Exemples du programme ACCORD et syst. Local La Pocatière - Naissance «spontannée» de multiples initiatives locales et régionales-centres, institus (ex.:Observatoire Abitibi, CERMIM, Consortium en foresterie) - Focus sur les MRC : bottom up des politiques économiques et synergie d’acteurs ? 18 53 Analyse sommaire acteurs-politiques : arrimage des orientations en innovation et développement économique Le système d’innovation québécois est-il territorialisé? 19 À VOUS LA PAROLE!!!! Questions? Commentaires? CIRADD «La recherche au cœur du développement territorial durable» 20 54 Annexe 4 - Les effets des proximités du modèle Triple Hélice Conférence de M. Yan Castonguay, Ph.D., professeur, Université du Québec à Rimouski et Directeur du Centre d’expertise universitaire voué au développement des organisations Biographie Yan Castonguay, Ph. D. est professeur à l’Université du Québec à Rimouski au campus de Lévis depuis 2011. Son parcours allie l’expérience sur le terrain et la recherche. Il a complété un baccalauréat en administration des affaires en finance à l’Université de Sherbrooke, un M.B.A. en gestion internationale ainsi qu’un doctorat en management à l’Université Laval. Ses expériences professionnelles lui ont permis de constituer un vaste réseau de contacts dans le milieu des affaires. Il a de plus développé un réseau de contacts tant au Canada qu’à l’international avec différentes universités. Monsieur Castonguay a ainsi contribué à de nombreux projets de recherche. Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur la gestion de l’innovation, la gestion stratégique et l’entrepreneuriat. Depuis janvier 2015, le professeur Castonguay assure la direction du Centre d’expertise universitaire voué au développement des organisations qui vise à favoriser le maillage entre les experts universitaires et le milieu des affaires. Résumé Les petites et moyennes entreprises (PME) manufacturières font face à une concurrence internationale de plus en plus féroce et doivent donc miser sur l’innovation afin de produire à meilleur coût ou de répondre aux besoins de la clientèle désirant constamment de la nouveauté. L’innovation joue un rôle déterminant dans le succès des entreprises (St-Pierre 2002). Par le passé, les entreprises adoptaient un modèle d’innovation fermé. Elles désiraient contrôler l’ensemble des activités d’innovation, c’est-à-dire faire cavalier seul pour trouver des idées innovatrices, fabriquer les produits et les mettre en marché sans l’appui d’acteurs externes (van de Vrande et al. 2009). Cependant, le modèle d’innovation totalement fermé est difficilement viable, dû notamment au fait que les PME ont des ressources limitées. Par conséquent, plusieurs d’entre elles adoptent un modèle d’innovation ouvert en travaillant avec des sources externes d’information nommées « réseaux d’innovation » dans la littérature (Chesbrough 2003). De plus en plus de chercheurs étudient les effets de ces réseaux d’innovation en utilisant le modèle Triple Hélice. Ce modèle qui a été développé en grande partie par Etzkowitz et Leydesdorff (1995) vise à étudier l’innovation selon le point de vue de trois groupes d’acteurs : l’université, l’industrie et le gouvernement. La présence et l’utilisation de ces réseaux d’innovation influencent différemment le processus d’innovation des entreprises manufacturières (Castonguay 2012). Bien que le modèle d’innovation ouvert a été largement étudié auprès des multinationales du secteur des hautes technologies 55 (Gassmann 2006), peu de recherches ont été réalisées auprès des PME manufacturières, d’où la pertinence de cette étude. Les PME ne disposant pas des mêmes ressources que les grandes entreprises doivent combler ce manque de ressources en travaillant davantage avec des acteurs externes (Antonelli 2000). Afin de faciliter l’accès aux connaissances de ces divers acteurs, les entreprises manufacturières ont tendance à se regrouper géographiquement (Krugman 1991, Porter 1998). Le fait de se regrouper géographiquement et d’entretenir des relations avec des réseaux d’innovation tels que les clients, les fournisseurs, les autres entreprises, les organismes régionaux de soutien ainsi que les cégeps et les universités permet aux PME de pallier aux ressources limitées. Proximité géographique Les moyens de communication modernes pourraient laisser croire que la proximité géographique n’a plus la même importance qu’auparavant. Cependant, les connaissances tacites telles que le savoir-faire, l’expérience et les compétences nécessitent une proximité géographique afin d’être transférées. Il est plus facile de transférer des connaissances explicites qui sont codées sous forme écrite que des connaissances tacites (Martin et Sunley 2003, Bell et Zaheer 2007). La littérature a largement traité de l’influence de l’utilisation des réseaux d’innovation issus du modèle Triple Hélice (industrie, université et gouvernement) sur le processus d’innovation (Peled 2001, Park et Lee 2004, Amara et Landry 2005, Moreno et al. 2006). Toutefois, peu d’auteurs (Acs et al. 1991, Oerlemans et Meeus 2005) ont étudié l’impact de la proximité géographique de ces réseaux sur la capacité d’innovation des entreprises. La plupart des chercheurs ont étudié l’effet de la proximité géographique des sources externes d’information non pas directement sur l’innovation, mais plutôt sur les activités des phases d’exploration et d’exploitation de la connaissance telles que l’acquisition, la création, le transfert et le partage de connaissances (Fuchs et Koch 2005, Bell et Zaheer 2007, Rosa et Mohnen 2008). Plusieurs auteurs, dont Porter (1990, 1998), ont étudié les réseaux d’innovation en tenant compte de la dimension géographique et de la dimension socio-économique qui est souvent associée à la proximité non spatiale dite organisée (Knoben et Oerlemans 2006). Cette proximité organisée traite de la capacité qu’a une organisation d’interagir avec les divers acteurs (Bouba-Olga et Grossetti 2005, Torre et Rallet 2005). Knoben et Oerlemans (2006) décomposent cette proximité organisée en deux formes distinctes : la proximité organisationnelle et la proximité technologique. Proximité organisationnelle La proximité organisationnelle fait référence aux relations entre les acteurs en terme de partage d’informations (Crevoisier 2004, Petruzzelli et al. 2007, Shearmur 2011). Les interactions qu’entretiennent les entreprises avec les acteurs externes sont un déterminant important pour l’innovation (Landry et al. 2002, Bengtsson et Solvell 2004). De plus, la proximité géographique des sources externes d’information influence l’utilisation de ces sources d’information (Castonguay et al. 2014). Proximité technologique 56 La proximité technologique fait plutôt référence aux connaissances et aux technologies partagées entre les acteurs. La proximité technologique est élevée lorsqu’un groupe d’acteurs partage des connaissances technologiques communes (Crevoisier 2004, Knoben et Oerlemans 2006). Ce concept ne porte pas sur les technologies en tant que telles, mais plutôt sur les connaissances liées à ces technologies (Knoben et Oerlemans 2006). La proximité technologique se mesure par le niveau de connaissances technologiques similaires entre les acteurs (Lane et Lubatkin 1998, Knoben et Oerlemans 2006). Les connaissances technologiques peuvent être semblables ou complémentaires (Bouba-Olga et Grossetti 2005). Lorsqu’il y a une forte proximité technologique entre les acteurs, il est plus facile pour les entreprises d’identifier les perspectives d’avenir liées à l’exploitation de ces connaissances (Cohen et Levinthal 1990, Knoben et Oerlemans 2006). La proximité technologique influence donc le processus d’innovation et peut même compenser l’effet de la distance géographique (Vecchi et Brennan 2009). Bref, la proximité géographique n’est pas la seule qui doit être prise en considération (Knoben et Oerlemans (2006) et Crevoisier (2004)). Le niveau technologique des acteurs ainsi que les interactions entre eux influencent également la capacité d’innovation. Il est donc pertinent d’évaluer les effets de chacune de ces trois formes de proximités sur la capacité d’innovation des entreprises. D’ailleurs, la mise en place d’un système efficace d’innovation pour une région éloignée s’appuiera vraisemblablement sur les proximités organisationnelle et technologique afin de compenser les effets de la distance géographique. Méthodologie Cette étude porte sur une enquête réalisée en 2003 auprès de 615 entreprises manufacturières de la région de Chaudière-Appalaches dans la province de Québec au Canada avec un taux de réponse 69,7 %. Des informations complémentaires portant sur les coordonnées géographiques des acteurs ont servi au calcul des distances géographiques. Le site Internet Google Maps Canada5 a été utilisé afin d’extraire les données mesurant la proximité géographique. Le cadre opératoire a été inspiré par le design de recherche proposé dans l’article de Castonguay (2012). Étant donné l’approche positiviste, un modèle de régression linaire multiple et une estimation des coefficients d’élasticité ont été nécessaires afin de hiérarchiser les effets des différentes proximités à l’aide du logiciel statistique SPSS version 13.0. La méthode d’analyse causale “Path analysis” utilisée en équations structurales a permis d’estimer à l’aide du logiciel MPlus version 3.0 les effets directs et indirects entre les trois formes de proximité : géographique, organisationnelle et technologique. Résultats L’analyse des résultats du modèle de régression linéaire a montré que la proximité géographique des universités et des cégeps influence positivement la capacité d’innovation des entreprises. Contrairement aux attentes, la proximité géographique des autres sources externes d’information n’a pas montré d’effet direct sur la capacité d’innovation. L’examen des coefficients d’élasticité partielle des variables 5 http://maps.google.ca/ (consulté le 28 novembre 2011) 57 explicatives a permis de constater que l’impact de la proximité géographique des universités et des cégeps est supérieur à l’impact de la proximité technologique et encore davantage à celui de la proximité organisationnelle. La méthode d’analyse causale a révélé que bien que plusieurs auteurs (Granovetter 1985, Boschma 2005, Bell et Zaheer 2007) soutiennent que la proximité géographique entre les acteurs crée un climat de confiance, la proximité géographique n’influence pas directement la proximité organisationnelle. Le fait d’être proche géographiquement des sources externes d’information n’influence pas l’utilisation de ces sources d’information. Par contre, la proximité géographique des autres entreprises l’influence de façon indirecte par l’effet de médiation de la proximité technologique. La proximité géographique des autres entreprises influence la proximité technologique qui a un effet positif sur la proximité organisationnelle. La proximité géographique des autres entreprises encourage à mener des activités de R&D augmentant ainsi la proximité technologique, ce qui entraine une plus grande proximité organisationnelle, c’est-à-dire une meilleure utilisation des sources d’information (Fuchs et Koch 2005, Callois 2008). La proximité géographique des clients et celle des organismes régionaux de soutien ont révélé l’effet contraire. Le fait d’être loin géographiquement des clients ou d’un organisme régional de soutien, tel qu’il est souvent le cas dans les régions éloignées, influence positivement la proximité technologique. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que l’absence d’une de ces deux sources d’information proches de l’entreprise pousse cette dernière à investir dans le R&D à défaut d’avoir accès à leurs connaissances. Par ailleurs, les travaux de Vecchi et Brennan (2009) soutiennent que bien que facilitant la capacité d'absorption des connaissances, la proximité technologique ne va pas nécessairement de pair avec la proximité géographique et elle peut même compenser l'effet de la distance géographique des réseaux d'innovation. Conclusion En conclusion, cette recherche a permis de pallier à certaines lacunes identifiées dans la littérature en apportant de nouvelles contributions aux connaissances existantes. La principale contribution au plan scientifique est de confirmer les effets directs et indirects de la proximité géographique des sources externes d’information sur la capacité d’innovation des entreprises. Les trois groupes d’acteurs du modèle Triple Hélice ont ainsi été testés; l’industrie (clients, fournisseurs et autres entreprises), l’université (universités et cégeps) et le gouvernement (organismes régionaux de soutien). Cette recherche vise également à faire avancer les connaissances sur les effets des proximités organisationnelle et technologique sur la capacité d’innovation des entreprises. Une meilleure connaissance liée à l’importance de la dimension socio-économique présente dans ces deux formes de proximité fournira des pistes de réflexion pour la mise en place d’un système d’innovation pour une région éloignée. Finalement, les résultats de cette recherche fournissent des pistes d’actions pour les gestionnaires d’entreprises en facilitant l’identification du type de proximité à favoriser afin d’accroître leur capacité d’innovation. Ces derniers peuvent ainsi prendre des décisions plus éclairées quant à l’utilisation des sources externes d’information en fonction de leurs proximités géographique, organisationnelle et technologique. Références 58 Acs, Z. J., D. B. Audretsch and M. P. Feldman (1991). "Real Effects of Academic Research: Comment." The American Economic Review 82(1): 363-367. 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Research in International Business and Finance 23(2): 181-192. 60 Tableau : Modèle de régression linéaire pour le Degré de nouveauté des innovations Modèle [DNI] Variables indépendantes Coefficient P-value Constance 2,352** ,000 DG clients [DG1] ,001 ,452 DG fournisseurs [DG2] -,002 ,125 DG entreprises [DG3] ,001 ,591 DG recherche [DG4] -,005** ,009 DG organismes de soutien [DG5] -3,39E-005 ,992 ,241** ,000 ,023** ,001 Ln Nombre d’employés [T] ,160** ,000 R2 ajusté ,264 F calculé 15,016** Degré de liberté 8 Nombre total de répondants 313 Distance géographique Proximité technologique Ln Nombre tech., ing. et scient. sur nombre total d’employés [PT1] Ln Dépenses en R&D [PT] Proximité organisationnelle Utilisation des sources externes d’information [PO] Variable contrôle * et ** indique que la variable est significative à 5 % et 1 %. 61 Tableau : Impact des variables explicatives sur le Degré de nouveauté des innovations Modèle [DNI] Variables indépendantes Élasticité partielle Distance géographique DG clients [DG1] Non Significative DG fournisseurs [DG2] Non Significative DG entreprises [DG3] Non Significative DG recherche [DG4] -0,1332 DG organismes de soutien [DG5] Non Significative Proximité technologique Ln Dépenses en R&D [PT] 0,0844 Proximité organisationnelle Utilisation des sources externes d’information [PO] 0,0703 Variable contrôle Ln Nombre d’employés [T] 0,1532 Coefficient de l’élasticité = [(y/x)*X1/Y1 + (y/x)*X2/Y2 +…+ (y/x)*Xn/Yn] N X = Variable explicative; Y = Variable dépendante; N = Nombre d’observations FIGURE : CADRE OPÉRATOIRE Proximité technologique Ln Pourcentage des dépenses en R&D [TP] Proximité géographique du modèle Triple Hélice H2 Industrie : H5 Clients [DG1] Capacité d’innovation Degré de nouveauté d’innovation [DNI] H1 Université : H6 H4 Gouvernement : Organismes régionaux de soutien H3 Proximité organisationnelle Utilisation des sources externes d’information [PO] 62 Control Variable Ln Nombre d’employé [Taille] FIGURE : FINAL MODEL Geographical Proximity GD Customers [GD1] GD Suppliers [GD2] GD Other Firms [GD3] 0.226*** -0.204*** GD Regional support [GD5] 13.269 df 10 P-value 0.2090 0.106* 0.117** GD Research [GD4] Chi- Square X2 Technological Proximity Ln Percentage of R&D expenditures [TP] R2 = 0.078 0.318*** H2 H6 -0.133*** Innovation Capacity Degree of novelty of innovations [DNI] R2 = 0.260 H1 Organizational Proximity Using external sources of information [OP] R2 = 0.011 0.165*** H3 0.285*** Control Variable Ln Number of employees [Size] Chi- Square X2 / df 1.3269 *, ** and *** Significant at 10 %, 5 % and 1 %. 63 Conférence présentée à Rimouski ACFAS le 26 mai 2015 Contexte PME manufacturières et concurrence internationale Rôle de l’innovation au succès de l’entreprise Par le passé, un modèle d’innovation fermé Contrôler seul les activités d’innovation Difficilement viable Ressources limitées Adoption d’un modèle d’innovation ouvert Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 64 2 Présence et Utilisation des réseaux d’innovation • Clients Industrie Université • Fournisseurs • Autres entreprises Gouvernement • Universités et cégeps • Organismes régionaux de soutien Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 3 Proximité géographique La proximité géographique se traduit la distance en kilomètre entre deux entités selon un coût temporel ou monétaire (Torre et Rallet 2005). Moyens de communication et connaissances explicites Proximité géographique et connaissances tacites Effets de l’utilisation des réseaux d’innovation Effets de la proximité géographique sur l’exploration et l’exploitation de la connaissance Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 65 4 Dimensions de la proximité Proximité Dimension géographique Dimension socio-économique Proximité géographique Proximité géographique Proximité technologique Proximité organisationnelle Proximité institutionnelle Proximité cognitive Proximité culturelle Proximité sociale Proximité technologique Source : Knoben et Oerlemans (2006) Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 5 Proximité organisationnelle La proximité organisationnelle fait référence aux relations et aux interactions entre les acteurs en terme de partage d’informations (Crevoisier 2004, Petruzzelli et al. 2007, Shearmur 2011). Les interactions entre les acteurs sont déterminantes pour l’innovation (Landry et al. 2002, Bengtsson et al. 2004). Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 66 6 Proximité technologique La proximité technologique se définit par le niveau de connaissances technologiques similaires entre les acteurs (Crevoisier 2004, Knoben et Oerlemans 2006). Connaissances semblables ou complémentaires Identifier les perspectives d’avenir liées à l’exploitation (Cohen et Levinthal 1990, Knoben et Oerlemans 2006) Compenser l’effet de la distance géographique (Vecchi et Brennan 2009) Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 7 Objectif de recherche La proximité géographique n’est pas la seule qui doit être prise en considération. Il est pertinent d’évaluer les effets de ces trois formes de proximités sur la capacité d’innovation. Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 67 8 Démarche méthodologique Nature des données • 615 entreprises de la région de Chaudière-Appalaches (enquête de Landry et Amara 2003) • Taux de réponse 69,7 % • Site Internet Google Maps Canada • Bases de données de plusieurs réseaux d’innovation • Design de recherche (Castonguay 2012) • Proximité géographique • Proximité technologique • Proximité organisationnelle Cadre opératoire Analyses statistiques • Analyse descriptive • Régression linéaire multiple • Coefficients d’élasticité • Méthode d’analyse causale Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 9 Cadre opératoire Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 68 10 Carte géographique de la région de la Chaudière-Appalaches Source : http://www.chaudiere-appalaches.qc.ca/site.asp?page=element&nIDElement=478 Analyse descriptive Non innovante 154 (25,0%) Faible innovation 65 (10,6%) Moyenne innovation 320 (52,0%) Forte innovation 76 (12,4%) Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 69 12 Analyse descriptive Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 13 Modèle de régression linéaire Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 70 14 Impact des variables explicatives sur le Degré de nouveauté des innovations Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 15 Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 16 Modèle finale 71 Conclusion Pallier à certaines lacunes identifiées Confirmer les effets directs et indirects de la proximité géographique Tester 3 groupes d’acteurs du modèle Triple Hélice Tester les diverses formes de proximité : proximité géographique, proximité organisationnelle et proximité technologique Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 17 Pistes de réflexion Pour les décideurs politiques, .... Pour les gestionnaires d’entreprises, .... Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 72 18 Bref, la mise en place d’un système efficace d’innovation pour une région éloignée doit s’appuyer sur les proximités organisationnelle et technologique afin de compenser les effets de la distance géographique. Merci ! Yan Castonguay, Professeur UQAR Conférence ACFAS 2015 «Insertion PPT» 73 19 Annexe 5 - Utilisation de l’écosystème de soutien à l’innovation en région éloignée : difficultés d’accessibilité ou problème de pertinence ? Conférence de M. Michel Trépanier, Institut natinale de la recherche scientifique (INRS) Biographie Michel Trépanier est professeur à l’INRS et chercheur à l’INRPME de l’UQTR. Il s’intéresse aux relations science-industrie et aux impacts de ces collaborations sur l’innovation dans les PME. Avec Josée St-Pierre, il a développé Innostic®; un outil de diagnostic de la capacité d’innovation des PME qui peut être utilisé à l’échelle de l’entreprise, d’un secteur ou d’une région. Résumé La littérature sur l’innovation dans les PME montre qu’une grande diversité de facteurs (technologiques, organisationnels, économiques, psychologiques, sociologiques, etc.) et de caractéristiques (taille, secteur, leadership, ressources, compétences, façons de faire, etc.) « explique » leur manière propre d’innover ainsi que leur succès ou leur échec à cet égard. Étant donné l’hétérogénéité de ce dont il faut disposer pour innover, la littérature montre clairement que l’innovation se fait à plusieurs : plusieurs individus, plusieurs départements, plusieurs organisations. Cette dimension interactive de l’innovation désigne tout autant les relations à l’intérieur de l’entreprise que les liens qu’elle noue avec des organisations externes, qu’il s’agisse d’entreprises, de centres de recherche, de consultants, de clients ou d’associations (Fagerberg, 2005). Les nombreux travaux qui se sont intéressés aux relations inter organisationnelles de l’entreprise innovante ont mis en évidence qu’elle fait régulièrement appel aux ressources et capacités des organisations de proximité (Asheim et Gertler, 2005). Ainsi, l’innovation est-elle en bonne partie, mais pas exclusivement (Bathelt, Malmberg et Maskell, 2004), tributaire d’échanges de proximité qui visent à solutionner rapidement des obstacles ou des impasses ponctuelles (Boschma, 2005). Elle est aussi facilitée par le partage de valeurs et une culture régionale commune essentielle au transfert de connaissances tacites (Asheim et Cooke, 1999). Pour les régions éloignées, généralement moins bien pourvues en organisations de soutien à l’innovation, ces « conclusions » soulèvent des enjeux cruciaux : où les entreprises trouvent-elles les ressources et les capacités externes dont elles ont besoin pour innover, ce dont elles ont besoin est-il disponible dans la région, les organisations de soutien existent-t-elles, leur offre de service est-elle pertinente, etc. L’étude approfondie des pratiques d’innovation et, plus spécifiquement, celle des processus de développement 74 de produits (PDP) de cinq PME québécoises œuvrant dans l’industrie de la transformation des produits de la mer et souhaitant développer des produits de 2ième et de 3ième transformation s’avère un cas intéressant pour répondre à ces questions et étudier l’impact que peut avoir une localisation en région éloignée sur l’accessibilité à un écosystème de soutien approprié. L’écosystème de soutien étudié ici est à la fois sectoriel et territorial. D’une part, il désigne une industrie : celle de la transformation des produits de la mer avec des matières premières, des produits, des technologies, des pratiques commerciales et des institutions qui lui sont propres. D’autre part, il désigne deux territoires ou, plus précisément, deux régions éloignées : la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et la Côte-Nord. Quatre des PME de notre échantillon sont situées dans la première et la cinquième dans la seconde. Pour soutenir l’innovation, les deux régions disposent de relativement peu de ressources comparativement à la moyenne des régions du Québec : les scientifiques y sont proportionnellement moins nombreux, les diplômés universitaires et collégiaux également de même que les ressources financières consacrées à la R-D. Ni l’une ni l’autre ne compte sur la présence d’une université et, dans les deux cas, les collèges et les centres collégiaux de transfert de technologie sont peu nombreux. Cela dit, la Gaspésie, dispose de ressources spécialisées dans le domaine des pêches et de la transformation des produits de la mer. Les PME de la région peuvent compter, notamment par le biais d’un CCTT (Mérinov) et des organismes gouvernementaux dédiés aux pêches et à l’alimentation, sur des expertises, des ressources matérielles et des ressources financières à la fois importantes et pertinentes. Les PME de notre échantillon les utilisent abondamment. Le Tableau 1 présente, en fonction des composantes du PDP, une synthèse des interactions des cinq PME avec des organisations externes. Ces résultats montrent le rôle essentiel des différents acteurs de l’écosystème de soutien à l’innovation. Les projets se réalisent à travers une suite complexe d’interactions entre la PME et plusieurs organisations de son milieu, que celui-ci soit de nature sectorielle ou territorial. Dans les histoires de PDP, on voit bien sûr défiler le personnel de l’entreprise, mais aussi les pêcheurs, les clients des poissonneries et des restaurants, les conseillers et les experts de différentes institutions (de recherche, de formation, gouvernementales, financières), des consultants, des fournisseurs, des distributeurs, etc. 75 Tableau 1 – Collaborations des cinq PME étudiées pour le développement de nouveaux produits Localisation Idéation Faisabilité Conception développement Acteurs de l’écosystème CN LR * LR G-ÎM. Clientèle « extérieure » (poissonnerie, restaurants. épiceries) Infrastructures de recherche et de transfert (Merinov, Centre spécialisé) Gouvernements (provincial, fédéral) ER ER** ER LR ER ER Ministères (agences régionales) ER LR Programmes Institutions financières ER ER Financement Consultants ER LR Fournisseurs (technologies de production) ER ER Fournisseurs (ingrédients alimentaires) ER ER Distributeurs / courtiers ER ER Foires commerciales ER ER Pêcheurs Clientèle locale (poissonnerie, restaurant) * : LR = locale ou régionale. LR LR Matière première Suggestions produits Suggestions produits Production Mise marché Débarquements Négo. des prix nouveaux Besoins marché Dégustations Feedback nouveaux Besoins marché Dégustations Feedback Information Expertise Recettes, expertise techno. Lois, programmes en Formation Programmes Certification Recettes Certification Expertise technologique Expertise techno. Équipements formation Expertise chimie des aliments Besoins du marché Expertise techno. Idées nouveaux produits en Programmes Distribution, exportation, feedback Prospection clients ** : ER = extra régionale. Nos observations montrent que les PME ne comptent pas principalement sur les organisations de leur territoire d’appartenance pour élargir leur base de ressources et trouver les diverses composantes de l’innovation. Les données du Tableau 3 illustrent bien l’ancrage extrarégional de plusieurs des organisations avec lesquelles les entreprises interagissent pour réussir leurs projets d’innovation. Comme l’ont montré d’autres études (Doloreux et Melançon, 2007; Saint-Pierre et Trépanier, 2011; Trépanier, Gosselin et Dallaire, 2014), la proximité géographique du partenaire n’a peut-être pas le caractère nécessaire qu’on lui prête souvent. Dans notre étude, la PME de la Côte-Nord travaille avec les organisations de soutien technologique de la Gaspésie même s’il faut mettre une journée entière pour s’y rendre. Les cinq PME étudiées travaillent également avec des fournisseurs d’équipements dont les bureaux sont souvent localisés à grande distance dans les provinces de l’Atlantique. De la même manière, la confiance et la perspective d’avantage mutuel qui caractérisent les liens ne sont pas associés à la proximité géographique : elles s’observent tout autant pour les acteurs régionaux que pour les organisations extrarégionales. C’est une observation qui va à l’encontre de l’importance accordée aux valeurs et à la culture partagées sur une base régionale. Ici, la proximité organisationnelle et culturelle liée à l’appartenance à une même industrie combinée au caractère durable des liens semble plus importante que la proximité géographique pour comprendre les relations et en expliquer l’efficacité. Cela dit, la proximité géographique n’est pas totalement absente des relations entre des organisations éloignées. On nous a rapporté maints exemples où un des deux collaborateurs s’est installé chez l’autre pour plusieurs jours de manière à faire progresser plus rapidement et plus efficacement un projet. 76 de En somme, l’accessibilité ne pose pas problème; du moins en terme de proximité géographique, culturelle et organisationnelle. Dit autrement, une fois assurée la proximité qui découle de l’appartenance à une même industrie, l’éloignement n’est pas un « obstacle » insurmontable. Nos données montrent plutôt que les problèmes de l’écosystème de soutien se trouvent du côté de la pertinence de ses expertises et de ses difficultés à s’arrimer à ce que font les entreprises. En effet, nos données permettent de caractériser l’écosystème entrepreneurial et de montrer de quoi il est capable ou incapable en matière de soutien à l’innovation. On remarque d’abord qu’il est relativement démuni en ce qui a trait à l’identification de nouveaux produits à développer. Dans un écosystème peu diversifié où les idées viennent essentiellement des employés et des clients locaux de même que des distributeurs de produits de 1ere transformation, les idées pour des produits de 2ième et 3ième transformation ne sont pas légion parce que tous les acteurs impliquées partagent à peu de choses près les mêmes expertises, les mêmes besoins, goûts et points de vue. En ce qui concerne les dimensions technologiques de l’innovation, l’écosystème s’avère performant et le passage vers les produits de 2ième et 3ième transformation ne soulève pas des difficultés insurmontables. Les fournisseurs d’équipements de production et d’ingrédients alimentaires, les consultants, les organismes gouvernementaux et les centres de recherche et de transfert sont en mesure d’offrir le soutien dont ont besoin les PME. Ceci dit, il s’avère beaucoup plus difficile pour ces organisations d’appuyer efficacement les entreprises dans la commercialisation des produits des deux derniers types. Dans le « nouveau monde » du plat préparé, la PME ressent rapidement les limites de ses compétences et de celles des organisations qui ont l’habitude de l’accompagner dans ses projets d’innovation. Ici, l’écosystème n’a pas la diversité d’expertises qui permettrait à l’entreprise de trouver à faible distance organisationnelle ou géographique ce dont elle a besoin. Dans ce milieu, elle ne peut compter sur une université avec des programmes et des experts en marketing ni, non plus, sur des firmes de consultants ou des officines gouvernementales abritant des experts en marketing de produits fins, des graphistes et des experts en emballage, des programmes spécifiques de soutien à la commercialisation, etc. En somme, elle n’a pas accès à des personnes et des organisations qui soient à la fois suffisamment « proches » pour bien collaborer avec elle et assez compétentes dans les nouveaux marchés visés pour être capables de voir les choses autrement et correctement. Notre analyse le montre bien : en permettant à la PME de cheminer dans ses projets d’innovation - en l’occurrence, le développement de produits nouveaux - les différents acteurs de l’écosystème contribuent directement à son développement. Partant de là, l’accessibilité à ces acteurs externes devient un enjeu majeur pour les PME qui innovent. Sur ce plan, notre analyse montre que l’éloignement pèse moins lourdement sur l’accessibilité que la pertinence des expertises offertes et disponibles. Les PME qui innovent s’accommodent mieux de la distance géographique que de l’absence d’organisations de soutien dont les manières de faire et les expertises correspondent à ce dont elles ont besoin dans le cadre de leurs activités d’innovation. 77 Références Asheim, B. & Cooke, P. 1999. “Local Learning and interactive innovation networks in a global economy” dans Making Connections: Technological learning and Regional Economic Change, eds E.J. Malecki, & P. Oinas, Ashgate, Aldershot. Asheim, B. & Gertler, M. 2005. “The Geography of Innovation, Regional Innovation systems” dans The Oxford Handbook of Innovation, eds J. Fagerberg D. Mowery & R. Nelson, Oxford University Press, London, pp. 291-317. 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Weingartner, 2003, The Toy and Game Inventor’s Handbook, Alpha, Indianapolis, p. xii-xiii.) Écosystème de soutien à l’innovation et SRI L’écosystème est un système d’acteurs hétérogènes interdépendants et en coopétition qui fonde une communauté d’intérêt stratégique en partageant des ressources, des compétences et des normes/standards de comportement stratégique qui peuvent prendre plusieurs formes (standard technologique, savoir-faire partagés, visions partagées, règles informelles, …) (Froehlicher, T., 2008) Le système régional d’innovation (SRI) la dimension interactive de l’innovation désigne les relations à l’intérieur de l’entreprise que les liens qu’elle noue avec des organisations externes, qu’il s’agisse d’entreprises, de centres de recherche, de consultants, de clients ou d’associations (Fagerberg, 2005) l’entreprise innovante fait régulièrement appel aux ressources et capacités des organisations de proximité (Asheim et Gertler, 2005) l’innovation est-elle en bonne partie, mais pas exclusivement (Bathelt, Malmberg et Maskell, 2004), tributaire d’échanges de proximité qui visent à solutionner rapidement des obstacles ou des impasses ponctuelles (Boschma, 2005) elle est facilitée par le partage de valeurs et une culture régionale commune essentielle au transfert de connaissances tacites (Asheim et Cooke, 1999) 5 80 L’accès aux ressources externes – un enjeu pour les régions éloignées • Pour les régions éloignées, généralement moins bien pourvues en organisations de soutien à l’innovation, l’accès aux ressources externes soulève des enjeux cruciaux : • où les entreprises trouvent-elles les ressources et les capacités externes dont elles ont besoin pour innover ? • ce dont elles ont besoin est-il disponible dans la région ? • les organisations de soutien existent-t-elles ? • leur offre de service est-elle pertinente ? 6 Les pratiques d’innovation de cinq PME québécoises de la transformation des produits de la mer • Étude approfondie des pratiques d’innovation – les processus de développement de produits (PDP) • Cinq PME québécoises œuvrant dans l’industrie de la transformation des produits de la mer et souhaitant développer des produits de 2ième et de 3ième transformation – elles ont innové dans la 1ere transformation et eu du succès • Un cas intéressant pour étudier l’impact que peut avoir une localisation en région éloignée sur l’accessibilité à un écosystème de soutien approprié 7 81 Méthodologie • Visites dans chaque entreprise • La démarche repose sur quatre outils spécifiques mais complémentaires de cueillette de données : • un diagnostic de la capacité d’innovation de PME (Innostic®) afin de cerner les pratiques d’innovation et de collaboration ainsi que les besoins de soutien; • des entretiens semi-dirigés avec les dirigeants des PME diagnostiquées pour documenter leur processus de développement de produits et leurs capacités de réseautage; • passation de questionnaires dans les six PME diagnostiquées sur les risques associés aux activités d’innovation et sur la façon dont les dirigeants gèrent ces risques; • une analyse de la chaîne de valeur telle qu’on l’observe dans les entreprises de transformation des produits de la mer. L’écosystème de soutien L’écosystème de soutien étudié est à la fois sectoriel et territorial • • une industrie • la transformation des produits de la mer, avec ses matières premières, ses produits, ses technologies, ses pratiques commerciales et ses institutions deux territoires ou, plus précisément, deux régions éloignées : • la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (4 entreprises) • la Côte-Nord (1 entreprise) Comparativement peu de ressources pour soutenir l’innovation • • • • les scientifiques y sont proportionnellement moins nombreux les diplômés universitaires et collégiaux moins nombreux ressources financières consacrées à la R-D plus faibles absence d’une université, collèges et CCTT peu nombreux. La Gaspésie dispose de ressources spécialisées • • • CCTT (Mérinov) des organismes gouvernementaux dédiés aux pêches et à l’alimentation des expertises, des ressources matérielles et des ressources financières à la fois significatives et pertinentes 82 Collaborations pour le développement de nouveaux produits Localisation Idéation Faisabilité Acteurs de l’écosystème C-N G-ÎM. Pêcheurs LR* LR Clientèle locale (poissonnerie, restaurant) LR LR ** Conception développement Matière première Production Débarquements Suggestions nouveaux produits Besoins marché Dégustations Suggestions nouveaux produits Besoins marché Dégustations Information Expertise Recettes, expertise techno. Négo. des prix Feedback Clientèle « extérieure » (poissonnerie, restaurants. épiceries) ER ER Infrastructures de recherche et de transfert (Merinov, Centre spécialisé) ER LR Gouvernements (provincial, fédéral) ER ER Ministères (agences régionales) ER LR Programmes Institutions financières ER ER Financement Consultants ER LR Recettes Certification Fournisseurs (technologies de production) ER ER Expertise technologique Expertise techno. Équipements formation Fournisseurs (ingrédients alimentaires) ER ER Expertise en chimie des aliments Expertise techno. Distributeurs / courtiers ER ER Besoins du marché Foires commerciales ER ER Lois, programmes Mise en marché Feedback Formation Programmes Certification Idées nouveaux produits Programmes Distribution, exportation, feedback Prospection de clients * : LR = locale ou régionale; ** : ER = extra régionale . Le rôle essentiel des différents acteurs de l’écosystème de soutien à l’innovation • Les projets se réalisent dans une suite d’interactions entre la PME et plusieurs organisations du milieu – milieu de nature sectorielle – milieu de nature territorial • Dans les histoires de PDP, on voit défiler – les pêcheurs – les clients des poissonneries et des restaurants – les conseillers et les experts de différentes institutions (recherche, formation, gouvernementales, financières) – des consultants – des fournisseurs – des distributeurs, etc. 11 83 Où sont les partenaires ? • Les PME ne comptent pas principalement sur les organisations de leur territoire d’appartenance pour trouver du soutien – la PME de la Côte-Nord travaille avec les organisations de soutien technologique de la Gaspésie – les cinq PME travaillent avec des fournisseurs d’équipements localisés dans les provinces de l’Atlantique – la confiance et la perspective d’avantage mutuel qui caractérisent les liens ne sont pas associés à la proximité géographique : elles s’observent tout autant pour les acteurs régionaux que pour les organisations extrarégionales. • La proximité géographique n’est pas totalement absente des relations entre des organisations éloignées – souvent, où un des deux collaborateurs s’est installé chez l’autre pour plusieurs jours de manière à faire progresser plus rapidement et plus efficacement un projet. 12 L’accès est plus une question de proximité organisationnelle que de proximité géographique • Nos données illustrent l’ancrage extrarégional de plusieurs des organisations avec lesquelles les entreprises interagissent • La proximité géographique du partenaire n’a peut-être pas le caractère nécessaire qu’on lui prête souvent – Voir, entre autres, Doloreux et Melançon, 2007; Saint-Pierre et Trépanier, 2011; Trépanier, Gosselin et Dallaire, 2014 • La proximité organisationnelle et culturelle liée à l’appartenance à une même industrie combinée au caractère durable des liens semble plus importante que la proximité géographique pour comprendre les relations et en expliquer l’efficacité – une fois assurée la proximité qui découle de l’appartenance à une même industrie, l’éloignement n’est pas un « obstacle » insurmontable 84 13 Un problème de pertinence plus qu’un problème d’accessibilité géographique L’inaccessibilité au soutien s’explique par la non-pertinence des expertises présentes dans l’écosystème et ses difficultés à bien s’arrimer à ce que font les entreprises • L’écosystème est démuni quant à l’identification de nouveaux produits à développer – un écosystème peu diversifié où les idées viennent essentiellement des employés et des clients locaux de même que des distributeurs de produits de 1ere transformation – les idées pour des produits de 2ième et 3ième transformation ne sont pas légion parce que tous les acteurs impliquées partagent à peu de choses près les mêmes expertises, les mêmes besoins, goûts et points de vue • Au plan technologique, l’écosystème s’avère capable de soutenir le passage vers les produits de 2ième et 3ième transformation – les fournisseurs d’équipements de production et d’ingrédients alimentaires, les consultants, les organismes gouvernementaux et les centres de recherche et de transfert sont en mesure d’offrir le soutien dont ont besoin les PME 14 Un problème de pertinence plus qu’un problème d’accessibilité géographique • Spécialisé dans la 1ere transformation, l’écosystème s’avère incapable d’appuyer efficacement les entreprises dans la commercialisation des produits de 2ième et 3ième transformation – dans le « nouveau monde » du plat préparé, la PME ressent rapidement les limites de ses compétences et de celles des organisations qui l’accompagnent habituellement dans ses projets d’innovation – l’écosystème n’a pas la diversité d’expertises qui permettrait à l’entreprise de trouver à faible distance organisationnelle ou géographique ce dont elle a besoin • absence d’une université avec des programmes et des experts en marketing • absence de firmes de consultants, d’officines gouvernementales ou de centres de recherche abritant des experts en marketing de produits fins • absence de graphistes et d’experts en emballage • absence de programmes spécifiques de soutien à la commercialisation, etc. • L’entreprise n’a pas accès à des personnes et des organisations qui soient à la fois suffisamment « proches » pour bien collaborer avec elle et assez compétentes dans les nouveaux produits/marchés visés pour être capables de voir les choses autrement et correctement 15 85 Conclusion L’écosystème est une condition nécessaire au développement de l’innovation dans les entreprises et plus largement au développement du territoire L’accessibilité à ces acteurs externes est un enjeu majeur pour les PME qui innovent Notre analyse montre que l’éloignement pèse moins lourdement sur l’accessibilité que la pertinence des expertises offertes et disponibles Les PME qui innovent s’accommodent mieux de la distance géographique que de l’absence d’organisations de soutien dont les manières de faire et les expertises correspondent à ce dont elles ont besoin dans le cadre de leurs activités d’innovation En région éloignée, on ne peut s’attendre à ce que l’écosystème soit « omniscient » et toujours à la hauteur de l’hétérogénéité de ce que qu’exige l’innovation … pour trouver tout ce dont elle a besoin, l’entreprise doit sortir de son milieu … de leur côté, les acteurs de l’écosystème doivent demeurer pertinents et continuellement s'ajuster en termes de ressources et d'expertises 16 Références (liste partielle) Asheim, B. & Cooke, P. 1999. “Local Learning and interactive innovation networks in a global economy” dans Making Connections: Technological learning and Regional Economic Change, eds E.J. Malecki, & P. Oinas, Ashgate, Aldershot. Asheim, B. & Gertler, M. 2005. “The Geography of Innovation, Regional Innovation systems” dans The Oxford Handbook of Innovation, eds J. Fagerberg D. Mowery & R. Nelson, Oxford University Press, London, pp. 291-317. Bathelt H, Malmberg A. & Maskell P 2004. “Clusters and Knowledge : Local Buzz, Global Pipelines and the Process of Knowledge Creation”, Progress in Human Geography, 28, 1, 31-56. Boschma, R.A. 2005. “Proximity and Innovation : A Critical Assessment”, Regional Studies, 39:1, pp.61-74. Doloreux D & Melançon Y. 2007. “Réseaux d’innovation dans les PME en Estrie”, Revue Internationale PME, 20, 1, 69-90. Fagerberg J. 2005. “Innovation : a guide to the literature”, dans The Oxford Handbook of Innovation, eds J. Fagerberg J, D. Mowery & R.R. Nelson R.R, Oxford University Press, Oxford, pp.1-26. 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(ed.), Innovating in Urban Economies: Economic Transformation in Canadian City-Region, University of Toronto Press, chapitre 13, p. 318350. 17 86 Annexe 6 - L’innovation en région frontalière : le cas de l’Outaouais 6 Conférence de M. Reda Bensouda, Commissaire à l’international pour Export Outaouais Biographie En tant que stratège marketing et gestionnaire de projet, Reda Bensouda a aidé de nombreuses entreprises à s’ouvrir à de nouveaux marchés et à se positionner stratégiquement. Détenteur d’un baccalauréat en marketing et en gestion internationale de l’Université d’Ottawa et d’une maîtrise en gestion de projet de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), il a d’abord œuvré en appui à l’entrepreneuriat local comme conseiller et formateur. Il a par la suite travaillé sur des mandats de concertation régionale, de communication stratégique et d’accompagnement dans des démarches d’internationalisation. Il a contribué au développement d’un nouveau modèle de gestion de l’innovation pour PME dans le cadre de RAINOVA, un projet financé par la Commission européenne impliquant 14 partenaires européens, un partenaire chinois et le Cégep de l’Outaouais. Il est actuellement Commissaire à l’international pour Export Outaouais. Résumé Sur plusieurs indicateurs, l’Outaouais se porte mieux que l’ensemble du Québec, notamment en matière d’emploi. Il existe par contre une grande disparité entre le milieu urbain, qui bénéficie de la présence de la fonction publique fédérale, et le milieu rural. La crise forestière importante, qui a marqué l’économie régionale dans les années 2000, a provoqué la fermeture d’usines, des pertes d’emploi et la fragilisation de plusieurs communautés rurales, dont certaines se classent parmi les moins favorisées du Québec (Doucet, 2014). Par ailleurs, en comparant son PIB par habitant aux autres régions du Québec, l’Outaouais se situe au quatorzième rang parmi les 17 régions du Québec (ISQ, 2013). En matière d’exportation, l’Outaouais est en avant-dernière position selon les données de 2007 7. Pour dynamiser l’économie de la région et réduire par le fait même sa dépendance à l’administration publique, le renforcement des capacités d’innovation des entreprises apparait comme une priorité pour plusieurs acteurs. Mais comment soutenir l’innovation dans une région qui peine à se démarquer d’Ottawa, la capitale du Canada? Pour répondre à cette question, il conviendra de présenter dans cette communication les particularités de l’Outaouais au regard de sa situation frontalière et de l’innovation pour ensuite introduire les bases de l’Accélérateur d’affaires Cet article a été réalisé à partir d’une revue documentaire ainsi que des résultats de recherches menées dans le cadre du projet Regional Approach to Innovation for Vocational Education and Training (VET) and Learning Communities (RAINOVA) financé par la Commission européenne. Il n’engage que ses auteurs et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues. 6 7 Données les plus récentes des exportations par région diffusées par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). 87 internationalesMC, un programme d’appui aux entreprises qui allie intelligence économique (IE), écosystèmes d’affaires et globalisation des entreprises. Situation frontalière de l’Outaouais et innovation Située au sud-ouest du Québec, la position frontalière de l’Outaouais lui confère plusieurs avantages. Sa métropole, la ville de Gatineau, fait partie de la région de la capitale du Canada qui représente plus de 1,2 millions d’habitants (Statistique Canada, 2011) et plus largement, de la méga région Montréal-Toronto qui compte plus de 18 millions d’habitants (Martin Prosperity Institute, 2009). De plus, Ottawa est le siège de 130 ambassades et consulats qui pourraient faciliter l’accès à des marchés internationaux aux entreprises de l’Outaouais. La présence d’un aéroport international à Ottawa est un autre atout pour les entreprises de l’Outaouais souhaitant transiger à l’international. Certains établissements de formation et centres de recherche situés à Ottawa (Université d’Ottawa, Université Carleton, La Cité, Collège Algonquin, laboratoires de recherche du fédéral, etc.) sont largement utilisés par la population et les entreprises de l’Outaouais. En matière d’emploi, près de 40 % de la population de Gatineau traverse chaque jour la rivière pour travailler du côté d’Ottawa (Doucet, 2014). Malgré la proximité géographique et un marché du travail intégré, on constate un fractionnement de la région d’Ottawa-Gatineau causé par trois blocages (Paquet, 2004). Un premier, sur le plan symbolique, est associé au fait que malgré les efforts du gouvernement fédéral pour créer la région de la capitale du Canada, « les deux ensembles urbains des deux côtés de la rivière des Outaouais ne se perçoivent pas vraiment comme portion d’un même ensemble ». Un deuxième est en lien avec l’asymétrie entre les deux villes qui pousse certaines minorités à juger trop périlleuse toute forme de collaboration. Enfin, l’absence d’un forum de discussion et de collaboration entre les deux rives constitue probablement le blocage le plus conséquent et le plus difficile à éliminer, compte-tenu des différentes juridictions en présence : fédérale, provinciales (Ontario et Québec) et municipales (Ottawa et Gatineau), sans compter la Commission de la Capitale nationale du Canada qui exerce son pouvoir sur des centaines de kilomètres carrés en territoire québécois. Plusieurs évènements survenus en 2014 ont modifié l’écosystème d’innovation de l’Outaouais. La région a d’abord vu son Centre de développement d’entreprises technologiques fermer ses portes. De plus, Le Centre de recherche en technologies langagières (CRTL) 8 a de son côté élargi son champ d’action à l’informatique décisionnelle et à l’entrepreneuriat novateur. Par ailleurs, plusieurs initiatives de citoyens engagés ont vu le jour à Gatineau telles que l’espace de coworking Créagora, le premier Startup Weekend et le premier TEDxGatineau. Du côté d’Ottawa, notons la présence de l’organisme Investir Ottawa qui met en œuvre des programmes et des initiatives de développement économique dans les domaines du mentorat entrepreneurial, du développement d’entreprises naissantes, de l’incubation d’entreprises, de la commercialisation, du développement de secteurs ciblés, de l’attraction des investissements, du maintien des entreprises, de l’expansion et du développement du commerce mondial (Investir Ottawa, 2015). Soulignons également que deux centres d’innovation importants sont en phase de développement à Ottawa : le centre d’innovation dans les Cours de Bayview (Ville d’Ottawa, 2015) et le projet Place 801 de Le CRTL a été créé en 2003 par le Conseil national de recherches Canada, l’UQO et le Bureau de la traduction du Canada pour appuyer la recherche canadienne sur l'industrie de la langue et le développement de nouvelles solutions en matière de technologies langagières. 8 88 La Cité (Dugas, 2014). Pour certains, ces dispositifs viendront enrichir l’écosystème d’innovation de la région alors que pour d’autres, ils risquent d’attirer les entrepreneurs les plus prometteurs de l’Outaouais au profit d’Ottawa. L’Accélérateur d’affaires internationalesMC Les fractures existantes entre la région de l’Outaouais et la ville d’Ottawa mettent un frein à la mise en place d’un écosystème d’innovation dynamique qui pourrait créer de nouvelles connaissances, de nouvelles technologies et de nouveaux processus pour améliorer la compétitivité et le succès à l’international des industries de la région. Selon Paquet (2004), le développement d’une solidarité transfrontalière dans la région d’Ottawa-Gatineau passe par le secteur privé qui doit réclamer une plus grande collaboration entre les administrations publiques. C’est dans cette optique qu’Export Outaouais, un service de la Chambre de commerce de Gatineau, a mis en place l’Accélérateur d’affaires internationalesMC, un programme d’appui aux entreprises qui vise à créer des synergies, simplifier les démarches d’internationalisation des entreprises et accélérer l’émergence d’entreprises innovantes et globales en Outaouais. Le cadre d’intervention proposé pour ce programme comprend trois grandes composantes : 1 – Intelligence économique (IE) : Mise en place d’un système d’information territorial sur les exportations pour améliorer la prise de décision et la mise en relation dans des secteurs d’activités stratégiques pour la région; Intelligence économique Entreprises innovantes et globales Écosystèmes d'affaires 2 – Écosystèmes d’affaires (ESA)9 : Développement d’activités de maillage et de renforcement du rôle des entreprises de la région dans des écosystèmes d’affaires; Démarches d'internationalisation 3 – Globalisation des entreprises : Accompagnement d’entreprises dans des démarches d’internationalisation pour accroitre le taux de succès et le nombre de projets innovants à l’international. Nous nous attarderons ici davantage à la notion d’intelligence économique. Avec la croissance exponentielle de l’information disponible, le nouvel enjeu pour les entreprises est de savoir comment la sélectionner et la combiner pour prendre de bonnes décisions stratégiques dans un environnement concurrentiel évoluant rapidement (Pelissier, 2009). Dans ce contexte, l’IE peut s’avérer utile pour les entreprises. Elle représente, selon Haoud (2011), « l’ensemble des concepts, méthodes et outils qui unifient toutes les actions coordonnées de recherche, acquisition, traitement, stockage et diffusion d’informations pertinentes pour les entreprises ». La conception française de l’IE comprend aussi la sécurité du patrimoine informationnel ainsi que les stratégies d’influence. Au Québec, on réfère plutôt à la notion de veille (Dufau, 2010) qui a souffert dans les années 1990 d’un manque de prise en compte de la réalité des réseaux locaux et des besoins spécifiques des tissus industriels localisés (Clerc, 2004). Pour soutenir le développement économique, l’IE doit en fait reposer sur l’organisation La notion d’ESA est apparue en 1993 dans un article de James F. Moore qui la présente comme un cadre d’analyse pour mieux appréhender les changements survenus dans le monde des affaires, notamment au niveau du développement des logiques de coopération. 9 89 et la mutualisation des ressources locales et sur l’établissement de véritables réseaux informationnels entre les acteurs privés et publics du territoire (Clerc, 2004). Pour opérationnaliser ce concept en Outaouais, la Chambre de commerce de Gatineau a mis en place une base de données géolocalisées à l’échelle de l’Outaouais en partenariat avec DBx Geomatics, une entreprise spécialisée en cartographie web interactive (Badaoui, 2015). À ce jour, la base de données dénombre plus de 250 entreprises qui exportent ou qui démontrent un intérêt pour l’exportation. La prochaine phase de développement de cet outil vise à l’alimenter sur une base continue en vue de produire un portrait dynamique des exportations dans deux secteurs d’activités stratégiques pour l’Outaouais, à savoir : 1) les TIC et 2) l’industrie du bois. Le premier secteur est en lien avec Ottawa qui bénéficie de la présence de plusieurs multinationales telles qu’IBM et Adobe et de plus de 550 entreprises dans le domaine du logiciel employant près de 20 000 personnes (Investir Ottawa, 2015). Le second est davantage ancré dans le milieu rural avec la présence du créneau d’excellence ACCORD10 Collectif bois. L’équipe d’Export Outaouais prépare actuellement une étude qui servira d’état des lieux en matière d’exportation en Outaouais pour alimenter la base de données. Cette étude fournira une meilleure connaissance des besoins des entreprises exportatrices en vue de moduler les interventions des organismes de développement économique de la région. Elle favorisera également les échanges et le partage d’information entre trois groupes d’acteurs qui influencent les processus d’innovation des entreprises : les universités et collèges, l’industrie et le gouvernement La démarche ACCORD (Action concertée de coopération régionale de développement) s’appuie sur les forces régionales et sur la recherche de l’excellence dans les secteurs clés du Québec. Elle favorise le regroupement de gens d’affaires et d’entrepreneurs d’une même région qui ont une vision commune de leur secteur d’activité et qui définissent une stratégie à long terme pour le mettre en valeur. Source : http://www.economie.gouv.qc.ca/ 10 90 Références Badaoui, M. (2015). L’accélérateur d’affaires internationales : vers un système d’intelligence territoriale, Rapport de stage chez Export Outaouais : IUP Ingénierie économique. Document inédit. Clerc, P. (2004, novembre). Intelligence économique et développement territorial. Communication présentée dans le cadre des Rencontres internationales de Tétouan, Tétouan, Maroc. Repéré à : http://s244543015.onlinehome.fr/ciworldwide/wp-content/uploads/2008/06/rencontres_tetouan.pdf Doucet, C. (2014). Portrait économique de l’Outaouais. Gatineau, Québec : Université du Québec en Outaouais. Dufau, J.-P. (2010, juillet). L’intelligence économique. Rapport présenté à la XXXVIème SESSION de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Dakar, Sénégal. Repéré à http://apf.francophonie.org/IMG/pdf/2010_ccd_rapport_intelEco.pdf Dugas, J.-F. (2014, 2 octobre). Nouveau pavillon de 30 M $ à La Cité. Le droit. Repéré à http://www.lapresse.ca/le-droit/actualites/education/201410/01/01-4805496-nouveau-pavillon-de-30m-a-la-cite.php Haoud, N. E. (2011). L’intelligence économique au service de l’entreprise innovante. Revue internationale d’intelligence économique, 3 (2), 175-187. Institut de la statistique du Québec (ISQ). (2013). 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Repéré http://ottawa.ca/fr/entreprise/resources-pour-les-entreprises/centre-dinnovation-dans-les-coursbayview 91 à L’INNOVATION EN RÉGION FRONTALIÈRE: LE CAS DE L’OUTAOUAIS Colloque Écosystème d’innovation en région éloignée: enjeux de développement pour le Québec ACFAS, mai 2015, Reda Bensouda Améliorer l’adéquation entre les formations techniques et les besoins changeants du marché du travail Développer une culture de l’innovation aussi bien dans les entreprises que dans les différentes régions du monde Besoins à l’origine du projet rainova Créer des communautés d’apprentissage qui partagent des idées, des réussites et des échecs 92 Soutenir les entreprises, notamment les PME, pour initier, gérer et assurer le succès de projets innovants 15 PARTENAIRES RAINOVA 10 RÉGIONS RAINOVA R1 R10 R9 R2 R3 R4 R5 R6 Danemark du Sud (Danemark) R4 Suède occidentale et du Centre-Nord R5 Basse-Silésie (Pologne) R6 South Muntenia (Roumanie) R3 R2 Pays basque (Espagne) Pays de Galles (Royaume-Uni) R7 Toscane R8 Izmir (Italie) R1 R7 (Turquie) R8 R9 Tianjin R10 Outaouais (Chine) (Canada) ÉCHÉANCIER RAINOVA-OUTAOUAIS ÉCHÉANCIER DES PHASES ET DES ACTIVITÉS DU PROJET RAINOVA-Outaouais 2012 P H A S E S DU P R O J E T 3 trim . 4 trim . 2013 1 trim . 2 trim . PHASE 1 Étude des systèmes d'innovation dans les différentes régions du projet (Québec - Outaouais) PHASE 2 Conception d'un modèle de gestion de l'innovation PHASE 3 Élaboration d'un plan d'action pour l'amélioration du système régional d'innovation (Outaouais) Activités de diffusion 93 3 trim . 2014 4 trim . 1 trim . 2 trim . 3 trim . 4 trim . MÉTHODOLOGIE RAINOVA-OUTAOUAIS Recherche documentaire Entrevues : 2 fonctionnaires du MDEIE 2 entreprises innovantes en Outaouais 2 responsables dans le réseau des CCTT 1 chercheur sur les systèmes régionaux 2 groupes de discussion avec des acteurs locaux en Outaouais L’OUTAOUAIS : UNE RÉGION ÉLOIGNÉE? 94 UNE POSITION GÉOGRAPHIQUE AVANTAGEUSE Au sud-ouest du Québec et voisine d’Ottawa Bénéficie d’un bassin démographique de plus 1,2 millions Porte d’entrée du Québec Position centrale par rapport à Toronto et Montréal Intégrée au corridor QuébecWindsor 13 MÉGA RÉGIONS EN AMÉRIQUE DU NORD TROISIÈME RÉGION MÉTROPOLITAINE DU QUÉBEC Nombre d'emplois, régions métropolitaines, 2014 Montréal Québec Gatineau est la troisième région métropolitaine du Québec avec 173 200 emplois Gatineau Sherbrooke Saguenay Trois-Rivières 0 500 000 1 000 000 1 500 000 2 000 000 2 500 000 SOURCE : STATISTIQUE CANADA, ENQUÊTE SUR LA POPULATION ACTIVE, ADAPTÉ PA R L’INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC 95 INDICATEURS DU MARCHÉ DU TRAVAIL Outaouais (2014) Ensemble du Québec (2014) Taux d’activité 65,8 64,7 Taux de chômage 7,4 7,7 Taux d’emploi 60,9 59,7 Durée moyenne du chômage 28,3 22,9 SOURCE : STATISTIQUE CANADA, ENQUÊTE SUR LA POPULATION ACTIVE, ADAPTÉ PAR L’INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC INDICE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE Cet indice repose sur quatre composantes : démographie, marché du travail, revenu et scolarité SOURCES : STATISTIQUE CANADA ET INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. FAIBLE PIB PAR HABITANT PIB par habitant, régions administratives et ensemble du Québec, 2013 Côte-Nord Nord-du-Québec Montréal Abitibi-Témiscamingue Capitale-Nationale Ensemble du Québec Saguenay–Lac-Saint-Jean Centre-du-Québec Chaudière-Appalaches Montérégie Estrie Bas-Saint-Laurent Laval Mauricie Outaouais Laurentides Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Lanaudière L'Outaouais est en quatorzième position sur les 17 régions du Québec avec un PIB par habitant de 31 687 $ $- $10 000 $20 000 $30 000 $40 000 $50 000 $60 000 $70 000 COMPILATION : INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC . 96 $80 000 $90 000 FAIBLE NIVEAU DES EXPORTATIONS Valeur des exportations, régions administratives, 2007 Montréal Montérégie Capitale-Nationale Saguenay–Lac-Saint-Jean Côte-Nord et Nord-… Estrie Centre-du-Québec Laurentides Chaudière-Appalaches Mauricie Lanaudière Laval Bas-Saint-Laurent Abitibi-Témiscamingue Outaouais Gaspésie–Îles-de-la-… 0 L'Outaouais est en avant dernière position en matière d'exportation 5 000 10 000 15 000 M$ 20 000 25 000 30 000 SOURCE : STATISTIQUE CANADA, REGISTRE DES EXPORTATEURS. COMPILATION: INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. PRÉDOMINANCE DU SECTEUR TERTIAIRE SOURCE : MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DE L’INNOVATION ET DES EXPORTATIONS NAVETTAGE IMPORTANT VERS OTTAWA 39,1 % des personnes en emploi qui résidents à Gatineau travaillent à Ottawa Les trois principaux secteurs des navetteurs résidant à Gatineau et travaillant à Ottawa sont : Administrations publiques Services d'enseignement Soins de santé et assistance sociale SOURCE : L’ATINO, STATISTIQUE CANADA, 2006 97 L’INNOVATION EN OUTAOUAIS Présence d’un créneau d’excellence : Collectif bois Fermeture du CDET et nouvelle orientation stratégique du CRTL Présence d’une université et de deux collèges publics Absence de centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) La dynamique de collaboration intersectorielle collèges-entreprises s’implante plus difficilement qu’ailleurs Les ressources collégiales ainsi que celles du réseau québécois des CCTT sont peu utilisées par les entreprises de l’Outaouais L’INNOVATION EN OUTAOUAIS L’ouverture de Créagora Le premier espace coopératif de travail et d’innovation à Gatineau L’INNOVATION EN OUTAOUAIS La tenue du premier TEDx Gatineau Gatineau, le 15 mars 2014 98 L’INNOVATION EN OUTAOUAIS La tenue du premier Startup Weekend Gatineau - Outaouais Gatineau, les 21, 22 et 23 mars 2014 ET DU CÔTÉ D’OTTAWA 2 universités 2 collèges 44 centres de recherche du fédéral 130 ambassades et consultats Un aéroport international Etc. SOURCE : INVEST OTTAWA, WHY OTTAWA? VIDÉO ACCÉDÉE LE 27 AVRIL 2015 AU : HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=8OWXBBXSJZA ET DU CÔTÉ D’OTTAWA “The Innovation Centre will be an exciting one-stop-shop for entrepreneurs, creatives and innovators to gather, share ideas, launch new businesses, and assist current ventures to reach their highest potential. It will also be an important landing point for foreign investors and a launch point for international success stories.” (Source : Prototype D) Un budget de 30 millions pour la phase 1 99 ET DU CÔTÉ D’OTTAWA La Cité a dévoilé les détails entourant son projet PLACE 801 évalué à 30 millions de dollars, qui serait un futur pavillon de l'innovation situé en plein cœur du campus principal du collège à Ottawa. L’ouverture officielle de PLACE 801 aura lieu en 2017 et coïncidera ainsi avec les célébrations du 150e anniversaire du Canada. SITUATION FRONTALIÈRE Un fractionnement de la région en raison de trois blocages (Paquet, 2004) : Deux univers culturels ne se percevant pas comme portion d’un même ensemble Asymétrie entre les deux villes Absence de forum de discussion et de collaboration entre les deux rives Différentes juridictions en présence : fédérale, provinciales (Ontario et Québec), municipales (Ottawa et Gatineau) et CCN Pourtant, des liens étroits existent (navetteurs et utilisation de services de part et d’autres) CONSTATS ET PERSPECTIVES Dépendance à l’administration publique fédérale et à Ottawa Nécessité de renforcer les capacités d’innovation des entreprises pour diversifier son économie Les fractures entre les deux rives nuisent à la mise en place d’un écosystème d’innovation dynamique transfrontalier La clé : Secteur privé 100 L’ACCÉLÉRATEUR D’AFFAIRES INTERNATIONALES INNOVATION ET INTERNATIONALISATION Pourquoi exporter? (Kotabe & Helsen, 2003) Saturation du marché domestique Concurrence mondiale Commerce électronique Lien entre innovation et internationalisation Une étude auprès de PME québécoise a révélé que les entreprises innovantes ont plus d’activités internationales et plus d’exportations que les non innovantes (Niosi et Zhegu, 2011). La globalisation des marchés, l'accessibilité à la connaissance et la facilité des échanges électroniques poussent les entreprises à s’inscrire dans un « processus d’innovation en réseau à l’échelle mondiale » (Rabeau, 2007). Les entreprises « ne sont pas du tout limitées à puiser leur ressources, informations et services externes dans leur environnement immédiat » (Doloreux & Shearmur, 2012). OBJECTIFS DE L’ACCÉLÉRATEUR D’AFFAIRES INTERNATIONALES Créer des synergies Faciliter les démarches d’internationalisation 101 Accélérer l’émergence d’entreprises globales et innovantes en Outaouais CADRE D’INTERVENTION Intelligence économique Entreprises innovantes et globales Globalisation des entreprises Écosystèmes d’affaires 1. INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Définition : « L’ensemble des concepts, méthodes et outils qui unifient toutes les actions coordonnées de recherche, acquisition, traitement, stockage et diffusion d’informations pertinentes pour les entreprises » (Haoud, 2011) Conception française de l’IE : comprend la sécurité du patrimoine informationnel ainsi que les stratégies d’influence Au Québec : on réfère plutôt à la notion de veille (Dufau, 2010) qui a souffert dans les années 1990 d’un manque de prise en compte de la réalité des réseaux locaux et des besoins spécifiques des tissus industriels localisés (Clerc, 2004) L’IE doit en fait reposer sur l’organisation et la mutualisation des ressources locales et sur l’établissement de véritables réseaux informationnels entre les acteurs privés et publics du territoire (Clerc, 2004) 1. INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Mise en place d’un système d’information territorial sur les exportations : Quelles sont les entreprises qui exportent? Où exportent-elles? Qui peut les aider à exporter davantage? 102 SYSTÈME D’INFORMATION TERRITORIAL SUR LES EXPORTATIONS 1. INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE Google et EDC 2. ÉCOSYSTÈMES D’AFFAIRES 103 2. ÉCOSYSTÈMES D’AFFAIRES Les principales caractéristiques des ESA (Isckia, 2011, adapté de Péltioniemi, 2005) 2. ÉCOSYSTÈMES D’AFFAIRES La plateforme comme support de la dynamique d’innovation collective au sein de l’ESA (Iskia, 2011) 104 #PrixMercadOr 3. DÉMARCHE D’INTERNATIONALISATION Démarche d’internationalisation de Mercadex (DIM) EN BREF! Intelligence économique • Système d’information territorial sur les exportations Écosystèmes d’affaires Globalisation des entreprises 105 • Activités de maillage • Activités de promotion et de valorisation des exportations • Soutien aux démarches d’internationalisation CONCLUSION Agir aussi bien sur les écosystèmes d’affaires que sur les processus d’internationalisation et d’innovation des entreprises Agir aussi bien à l’échelle micro (entrepreneur et entreprise) que macro (phénomènes économiques globaux à l’échelle de la région) 106 Annexe 7 - Le Saguenay─Lac-Saint-Jean à la croisée des chemins Conférence de M. Romain Cunat, coordonnateur chez Innovation 02 Biographie Diplômé de l’Université de Strasbourg en France en biologie et en communication scientifique, Romain Cunat agit comme conseiller au développement régional de l’innovation pour le Saguenay─Lac-SaintJean. Il coordonne les activités de la Table de concertation Innovation 02 et veille à la mise en œuvre de la stratégie régionale d’innovation. Résumé Sur le plan économique, comme dans plusieurs régions du Québec et du Canada, la structure industrielle du Saguenay─Lac-Saint-Jean s’est traditionnellement développée autour de l’exploitation des ressources naturelles et de la grande entreprise, comme en témoigne la présence de Rio Tinto Alcan, d’HydroQuébec, de Produits forestiers Résolu et de Niobec. Si ces dernières ont pris le virage de la technologie et de l’innovation grâce à leur grand pouvoir d’attraction de talents, les PME qui se sont développées dans leur réseau ont, en permanence, les défis d’assurer une relève et de se développer. Diverses études11,12 réalisées de 2002 à 2009, dans le cadre d’une vaste réflexion stratégique régionale par IDÉA Innovation PME et la Table de concertation Innovation 02, ont mené à la publication de la stratégie régionale d’innovation13. Sur les 17 régions administratives du Québec, le Saguenay–Lac-SaintJean figure dixième au chapitre de l’environnement interne innovant de l’entreprise, huitième en ce qui a trait à son environnement externe immédiat et sixième pour son environnement externe global. À ce jour, il n’existe pas de données plus récentes pour la région. L’importance de développer la culture d’innovation Dans le cadre de la démarche de concertation qui a mené à l’élaboration de la stratégie régionale d’innovation et lors des différentes interventions d’Innovation 02 dans les deux dernières années, des discussions qui ont eu lieu avec les entreprises et leur personnel ont confirmé que ces dernières se sentent mal outillées pour créer un environnement, gérer et développer les compétences nécessaires pour innover. La culture et la capacité d’innovation des PME sont donc des composantes essentielles pour 11 12 13 Innovation 02, 2007. Portrait statistique de l’innovation au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Centre de haute technologie, 2002. Étude sur l’innovation dans les entreprises manufacturières au Saguenay–LacSaint-Jean. Innovation 02, 2009. Dinamo, vers une économie créative, stratégie régionale d’innovation du Saguenay–Lac-SaintJean. 107 assurer la création d’emplois et la prospérité du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elles ont un impact direct sur la compétitivité de nos entreprises. En moyenne, selon une étude régionale réalisée en 200214 (la plus récente à ce jour) auprès d’entreprises manufacturières du Saguenay─Lac-Saint-Jean, les entreprises innovantes : ont un chiffre d’affaires plus élevé; emploient, de manière générale, plus d’employés; emploient particulièrement plus de techniciens, d’ingénieurs ou de scientifiques; ont de meilleures capacités d’importation et d’exportation; connaissent mieux les intervenants socioéconomiques sur leur territoire. Innovation 02 : collaborer pour innover Actuellement, la Table de concertation Innovation 02 regroupe les principaux acteurs du Système régional d’innovation (SRI) 15 , dont des représentants de chaque centre collégial de transfert de technologie (CCTT), de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), des créneaux d’excellence ACCORD, ainsi que des centres locaux de développement (CLD) et des sociétés d’aide au développement de la collectivité (SADC). Elle est pilotée par un comité technique et un coordonnateur est dédié à temps plein à l’organisation et à l’animation d’activités et d’interventions de conseils et de liaison en soutien aux PME qui ont des projets d’innovation. Les PME et les organisations régionales issues de tous secteurs d’activité sont la clientèle cible de la Table de concertation Innovation 02. 65 % de sa clientèle rejointe est issue de PME, contre 35 % d’organisations parapubliques ou publiques 16 . Les secteurs d’activité les plus touchés par l’action d’Innovation 02 sont6 la fabrication (une majorité de fabricants d’équipements et de machines, suivie des fabricants de produits métalliques, d’aliments et de produits en bois), les services professionnels, scientifiques et techniques, les administrations publiques et l’agriculture. De plus, 80 % de la clientèle sont des dirigeants, des gestionnaires ou des travailleurs stratégiques au sein des entreprises et des organisations régionales17. Innovation 02 intervient auprès de sa clientèle selon trois enjeux stratégiques majeurs, soit : 14 15 16 17 La culture de l’innovation dans les entreprises et les organisations régionales; Le développement des connaissances et des compétences en innovation dans les entreprises et les organisations régionales; Le maillage au sein du SRI. Landry, R. et N. Amara, 2002. Étude sur l’innovation dans les entreprises manufacturières du Saguenay─Lac-SaintJean, Centre de haute technologie (CHT). http://www.innovation02.ca/a-propos/table-regionale Selon des données statistiques collectées par Innovation 02 pour la période 2013-2015. Selon un sondage réalisé par Innovation 02 pour la période 2013-2015 (50 répondants). 108 En l’espace de deux ans, malgré des ressources financières et humaines limitées, ses activités et ses interventions ont rejoint près de 600 individus issus de PME au Saguenay─Lac-Saint-Jean. Mise en oeuvre et fonctionnement d’un Système régional d’innovation au Saguenay─Lac-Saint-Jean (SLSJ) Romain Cunat, M.A. Conseiller au développement régional de l’innovation 83e Congrès de l’ACFAS Colloque 15 – Écosystèmes d’innovation en région éloignée : enjeux de développement pour le Québec UQAR, 27 mai 2015 © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 1 PARTIE 1 : PORTRAIT DU SYSTÈME RÉGIONAL D’INNOVATION (SRI) DU SLSJ © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 109 2 Le système d’innovation du SLSJ – Acteurs www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 110 Le système d’innovation du SLSJ – Modèle © Innovation 02 2015 – Tous droits Source : CST, 2001; Adaptation réservés : Innovation 02, 2007 www.innovation02.ca 5 Le système d’innovation du SLSJ – Peformance Entreprise - Intensité technologique Environnement immédiat - Nombre d’entreprises actives en R&D - Niveau de collaboration interentreprises - Dépenses des entreprises en R&D - Dépenses de l’enseignement supérieur en R&D - Recherche universitaire commanditée par l’industrie - Nombre de professeurschercheurs - Investissement en capital de risque - Diplômés collégiaux et universitaires - Etc. - Main-d’œuvre créative - Personnel en R&D - Nombre d’inventions brevetées - Investissement en technologie, machinerie, etc. Environnement global - Etc. - Etc. Données tirées du portrait statistique de l’innovation Saguenay-Lac-Saint-Jean, 2007 111 L’entreprise innovante • L’innovation est surtout le lot de la grande entreprise • Les PME investissent moins dans l’innovation (pas priorité) • PME pas assez connectées sur les réseaux d’innovation extrarégionaux • Sous-utilisation des ressources disponibles en région pour innover • Culture d’innovation pas assez présente © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés www.innovation02.ca 7 Dépenses consacrées à l’innovation (%) Ensemble du Québec 9,4 Côte-Nord et Nord du Québec 14,2 Outaouais 11,1 Montréal 10,8 Laurentides 10,0 Bas-Saint-Laurent 9,9 Laval 9,7 Montérégie 9,4 Mauricie 8,8 Capitale-Nationale 8,8 8,7 Centre-du-Québec Abitibi-Témiscamingue 8,3 8,0 Chaudière-Appalaches Estrie 7,8 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 6,7 Saguenay–Lac-Saint-Jean 6,5 5,9 Lanaudière 0 2 4 6 8 10 12 14 Des dépenses totales dans les entreprises innovantes www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits Données tirées du portrait statistique réservés de l’innovation Saguenay-Lac-Saint-Jean, 2007 112 Personnel dédié à l’innovation Ensemble du Québec 7,2 Montréal Outaouais 11,5 8 Laval 6,7 Capitale-Nationale 6,2 Montérégie 5,1 Côte-Nord et Nord-du-Québec 4,7 Estrie 4,7 Bas-Saint-Laurent 4,4 Laurentides 4,4 Mauricie 3,8 Abitibi-Témiscamingue 3,7 Saguenay–Lac-St-Jean 3,7 Centre-du-Québec 3,2 Chaudière-Appalaches 2,4 Lanaudière 2,2 Gaspésie–Iles-de-la-Madeleine 1,6 0 2 4 6 8 10 12 Par établissement actifs en R-D www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits Données tirées du portrait statistique réservés de l’innovation Saguenay-Lac-Saint-Jean, 2007 Inventions brevetées Ensemble du Québec 9,4 Montréal 17,4 Estrie 15,3 Laval 14,6 Outaouais 14,3 Montérégie 13,7 Capitale-Nationale 11,1 Centre-du-Québec 8,4 Laurentides 7,6 Chaudière-Appalaches 7,6 Bas-Saint-Laurent 4,5 Mauricie 3,8 Lanaudière 3,5 Saguenay–Lac-Saint-Jean 3,3 Côte-Nord 3,1 Abitibi-Témiscamingue Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine Nord-du-Québec 2,8 0,0 0,0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Par 100 000 habitants www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits Données tirées du portrait statistique réservés de l’innovation Saguenay-Lac-Saint-Jean, 2007 113 Forces en présence Nous avons tout ce qu’il faut pour bâtir un SRI performant : • Services locaux d’aide aux entreprises et à la collectivité • Instance de concertation régionale (Conférence régionale des Préfets) • Infrastructure de recherche diversifiée (UQAC, CNRC, CQRDA, CIUSSS, CED, CQDD, 4 CCTT, etc.) • Bonne infrastructure de formation et de liaison – – – – 1 Université 4 CÉGEP 4 Commissions scolaires Des centres de services aux entreprises et de formation continue dans les commissions scolaires et les collèges www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 11 Forces en présence (suite) • Présence de grandes entreprises (Rio Tinto, Cascades, PFR, HydroQuébec, Niobec, etc.) et de PME innovantes inspirantes • Des secteurs d’activité dominants – Agriculture et agroalimentaire, aluminium, bois, tourisme, énergie, génomique et biomédical • Trois créneaux d’excellence reconnus par le gouvernement provincial – AgroBoréal (agriculture nordique), Transformation de l’aluminium et Tourisme d’aventure et écotourisme • Des réseaux et des regroupements mobilisateurs – 5 Chambres de commerce et d’industrie, Réseau Trans Al, Alliance Bois, Table agroalimentaire, Société des fabricants régionaux, Réseau Action TI et Société de la Vallée de l’aluminium • Des acteurs politiques bien positionnés www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 114 12 Défis à relever • Instaurer une culture d’innovation chez nos organisations, surtout chez les leaders • Renforcer la capacité d’innovation des organisations • Améliorer la qualité des réseaux, pour que les entreprises aient un meilleur accès aux ressources et qu’elles tirent pleinement profit du soutien disponible www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 13 Pourquoi? • En moyenne, les entreprises innovantes* ont un chiffre d’affaires plus élevé. • Elles emploient, de manière générale, plus d’employés. • Elles emploient particulièrement plus de techniciens, d’ingénieurs ou de scientifiques. • Elles ont de meilleures capacités d’importation et d’exportation. • Elles connaissent mieux les intervenants de soutien sur leur territoire et font plus d’ententes de coopération pour innover. * Entreprises qui ont développé ou amélioré, de façon significative, leurs produits (ou services), procédés de fabrication ou méthodes organisationnelles ou de commercialisation au cours des trois dernières années. Source : Réjean Landry et Nabil Amara, Étude sur l’innovation dans les entreprises manufacturières du Saguenay–Lac-Saint-Jean, 2002. www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 115 14 PARTIE 2 : INNOVATION 02, TABLE DE CONCERTATION EN INNOVATION DU SLSJ © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 15 Historique Création de la Table régionale de concertation “Alliance Innovation 02” par IDÉA Innovation PME et la CRÉ 2007 2008 Publication du Portrait statistique de l’innovation au Saguenay-Lac-Saint-Jean - cartographie des acteurs du Système régional d’innovation et cercles de créativité pour réfléchir sur les enjeux stratégiques 2009 Publication de la stratégie régionale d’innovation “Dinamo” Juin 2010 Août 2010 Cessation des activités d’IDÉA innovation PME Lac-à-l’épaule : les 4 CCTT en région deviennent promoteurs du projet Mars 2013 Signature d’une entente 2013-2016 entre les 4 CCTT, la CRÉ, L’ACLD et le MFEQ (MEIE) Avril 2013 Embauche d’un conseiller au développement régional de l’innovation Sept.-Oct. 2013 Relance officielle sous le nom Innovation 02 www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 116 16 Stratégie régionale d’innovation Portrait Niveau stratégique Niveau stratégique Ajustements de la stratégie Ajustements de la stratégie Suivi de la stratégie Bilan Design de la stratégie régionale d’innovation Suivi de la stratégie (Tableau de bord) Stratégie régionale d’innovation Cercles de créativité Cercles de créativité Niveau opérationnel Niveau opérationnel Pland’action Feuille de route Mise en oeuvre de projets www.innovation02.ca Réalisation de projets structurants © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 17 Cercles de créativité 6 enjeux prioritaires (réalisés) • Leadership et gestion de l’innovation • Compétences en innovation • Compétences en marketing et commercialisation • Financement de l’innovation • Créativité et esprit d’entreprise • Innover en réseau 12 cercles exploratoires (non réalisés) • • • • • • Capacité technologique Développement et rétention de la main-d’œuvre créative Compétences informationnelles et maîtrise des TI Design Industriel Propriété intellectuelle Liaison PME – Chercheurs www.innovation02.ca • • • • • • Culture scientifique et technique Renforcement de la recherche Internationalisation Interactions entre les secteurs manufacturiers Bilinguisme et apprentissage des langues Médias d’information et culture de développement © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 117 Gouvernance Table de concertation (stratégie) 4 CCTT – Agrinova, CGQ, CPA, ÉCOBES Comité technique (administration et soutien logistique et opérationnel) (orientation) Coordonnateur www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 19 Raison d’être Mission • Développer une culture d’innovation et soutenir le potentiel d’innovation des entreprises et des organisations du Saguenay─LacSaint-Jean. Vision • Assurer un leadership en matière de développement régional de l’innovation auprès des différents acteurs du SRI. www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 118 20 Membres et partenaires • • • • • • • AgroBoréal, créneau ACCORD Agriculture nordique CEE-UQAC Chambres de commerce et d’industrie Saguenay-Lac-Saint-Jean Commission scolaire Lac-Saint-Jean Conseil du loisir scientifique (CLS) Créneau ACCORD Tourisme d’aventure et écotourisme • • • • • Centre québécois de recherche et développement de l’aluminium (CQRDA) SADC Lac-Saint-Jean Ouest SERDEX International Société de la Vallée de l’Aluminium (SVA), créneau ACCORD Transformation de l’aluminium Réseau Alliance Bois UQAC SOUTENU FINANCIÈREMENT PAR www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 21 Positionnement dans le SRI • Innovation 02, par l’entremise de ses actions, tient à favoriser une cohésion du système régional d’innovation par la collaboration de ses acteurs au bénéfice des entreprises, des organisations et des collectivités. www.innovation02.ca Système d’innovation québécois Source : MEIE © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 119 22 Plan stratégique 2013-2016 ENJEU 1. LA CULTURE D’INNOVATION ENJEU 2. LE DÉVELOPPEMENT DES CONNAISSANCES ET DES COMPÉTENCES EN INNOVATION DANS LES ENTREPRISES ET LES ORGANISATIONS ENJEU 3. LE MAILLAGE AU SEIN DU SYSTÈME RÉGIONAL D’INNOVATION Objectif 1.1 Développer et promouvoir la culture d’innovation Objectif 2.1 Augmenter l’offre de formation en innovation Objectif 3.1 Développer et soutenir le maillage entre les entreprises et les experts en innovation - Promotion et diffusion d’information sur l’innovation - Production d’outils - Représentation d’Innovation 02 sur le terrain - Organisation d’activités - Organisation d’activités www.innovation02.ca - Utilisation d’outils de réseautage facilitant le maillage entre les entreprises et les experts - Réalisation d’activités de liaison - Intervention individuelle © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 23 Quelques résultats 2013-2015 • • Profil clientèle • 65 % PME • 80 % dirigeants, gestionnaires ou travailleurs stratégiques Secteurs d’activité les plus touchés • • Fabrication (machines et équipements, produits métalliques, produits agroalimentaires et produits en bois) • Services professionnels, scientifiques et techniques • Administrations publiques • Agriculture • 20 activités de sensibilisation - 665 participants • 9 activités de formation - 200 participants • Un cercle en amélioration continue - 12 participants • 7 projets collaboratifs avec PME-CCTT • Plus de 70 interventions en réponse à des demandes d’information et des besoins en conseils venant de PME • 6 rencontres-conseils personnalisées sur la propriété intellectuelle Impacts les plus souvent mentionnés par les participants : – – – Meilleure compréhension des enjeux reliés à l’innovation et à la compétitivité; Augmentation du niveau de compétences interne pour gérer un projet d’innovation; Meilleur accès à des ressources et à des expertises. www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 120 24 Opportunités à saisir • Lorsqu’on demande aux participants des différentes activités d’Innovation 02 en quoi Innovation 02 pourrait les aider, voici les réponses, par ordre d’importance : • – Information et conseils pour le développement d’un projet d’innovation; – Identification de partenaires pour réaliser un projet d’innovation; – Présentation des programmes d’aide à l’innovation disponibles; – Mise en relation avec des experts pouvant résoudre une problématique technologique, technique ou scientifique. © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés www.innovation02.ca 25 Questions? Merci pour votre attention. Romain Cunat Tél. : 418 698-5995, poste 1633 [email protected] • www.innovation02.ca (actualités, ressources et outils disponibles) • www.strategiedinamo.com (pour télécharger la stratégie et les études régionales ainsi que le mémoire) • Groupe de discussions LinkedIn « Innovation02 » www.innovation02.ca © Innovation 02 2015 – Tous droits réservés 121 26 Annexe 8 - Innovation territoriale en région éloignée : Le cas du Laboratoire rural des Îles-de-la-Madeleine Conférence de M. Guglielmo Tita, Ph.D., professeur associé à l’université du Québec à Rimouski Biographie Après une carrière d’une douzaine d’années à titre de chercheur en océanographie en Amérique du Nord, Europe et Afrique de l’Ouest, M. Guglielmo Tita a fait une transition progressive vers la gestion de la recherche multidisciplinaire. Il a été ainsi responsable de plusieurs programmes de R&D ayant eu pour objet le développement durable des communautés maritimes et insulaires en région éloignée. Plus particulièrement, il a coordonné nombreuses études et activités de recherche-action dans des domaines aussi variés que la gestion des ressources naturelles, les enjeux socioéconomiques territoriaux, l’innovation en gestion des matières résiduelles et l’adaptation aux impacts des changements climatiques. Il a été directeur scientifique du Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) entre 2007 et 2015, et directeur général entre 2009 et 2015. Titulaire d’un PhD en océanographie (UQAR), d’une MSc en environnement marin (Université d’AixMarseille II, France) et d’un BSc en biologie (Université de Catania, Italie), il a aussi suivi des formations supérieures en administration des affaires (Université Laval) et en gestion des crises majeures (American Military University). Résumé Contexte territorial Les petites îles sont reconnues comme étant des territoires particulièrement vulnérables sur le plan environnemental, aussi bien qu’économique (Briguglio et Kisanga, 2004; Eurisles, 2002; Tita, 2014). Leur vulnérabilité environnementale est associée principalement à la rareté des ressources naturelles, la disponibilité limitée des terres utiles et à l’exposition accrue aux risques environnementaux associés aux zones côtières. Leur vulnérabilité économique est plutôt reliée à la petitesse des marchés locaux, à la très faible diversification économique, à la rareté de la main-d’œuvre qualifiée et d’expertise en R&D, aux surcoûts liés au transport et à une économie très ouverte et fortement dépendante de l’économie globale ou régionale. Les capacités d’innovation des milieux insulaires se trouvent ainsi typiquement affectées, notamment dans le cas où l’éloignement s’ajoute au contexte géopolitique (Baldacchino et Greenwood, 1998). 122 L’archipel des Îles-de-la-Madeleine (~12 500 résidents; superficie ~202 km2) ne fait pas exception à cette réalité, avec un territoire fortement exposé aux risques côtiers et une économie largement basée sur l’industrie des pêches et sur le tourisme. De plus, plusieurs caractéristiques socioéconomiques de sa communauté et son éloignement des pôles d’innovation expliquent le déficit de capacités d’innovation souvent évoqué (Genivar, 2011). Ce déficit constitue souvent une contrainte à la recherche, à l’identification et à la mise en œuvre de solutions à des problématiques territoriales complexes comme, par exemple, la gestion des matières résiduelles (Thibodeau et al., 2011). Révision des paradigmes de la gestion des matières résiduelles La gestion des matières résiduelles (GMR) est un défi à l’échelle mondiale, régionale et locale. En fait, il s’agit d’une problématique complexe et ramifiée, avec des impacts environnementaux, sociaux et économiques qui, dans un contexte de région éloignée et insulaire, deviennent particulièrement importants. À ce propos, une approche novatrice fondée sur les stratégies 3RV (réduction, remploi, recyclage et valorisation) a été élaborée en 2009 par le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM), affilié à l’Université du Québec à Rimouski et situé aux Îles-de-la-Madeleine. Cette approche, intégrant un volet d’innovation sociale et un volet d’innovation technologique, fut approuvée par l’Agglomération des Îles-de-la-Madeleine qui a mandaté le CERMIM pour la mettre en œuvre afin de réviser tout le système de GMR de l’archipel. Les objectifs généraux sous-jacents de cette approche visaient à : (i) améliorer la performance environnementale de la gestion des matières résiduelles sur le territoire, (ii) renforcer les capacités du milieu dans la gestion de ce dossier complexe et (iii) créer des opportunités de développement économique à partir des « ressources » résiduelles, reformulation des matières résiduelles. Plusieurs paradigmes de gestion et d’organisation des pratiques locales en GMR ont dû ainsi être remis en question et analysés sous une nouvelle lumière. Un Laboratoire rural comme modèle d’innovation territoriale Grâce à l’appui de la Politique nationale de la ruralité 2007-2014 du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT) et du programme de soutien à la valorisation et au transfert (PSVT) du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Exportation (MEIE) du Québec, une expérience de « Laboratoire rural » en gestion intégrée des matières résiduelles a été menée entre 2010 et 2014, sous l’impulsion et la coordination du CERMIM (CERMIM, 2014). À cet effet, dans le cadre du volet d’innovation sociale du Laboratoire, un plan d’action a été élaboré en s’appuyant sur une démarche de concertation avec une vingtaine d’acteurs du milieu, ce qui a permis d’identifier une trentaine d’axes d’intervention ancrés à une vision de développement locale. Le plan d’action a ainsi servi de référence pour la réalisation d’une multitude d’initiatives touchant aux sphères de la gouvernance municipale, de l’activité entrepreneuriale, du milieu scolaire, de l’environnement et des arts actuels. De plus, grâce à un programme d’écoconseil et d’écoconception mis en place dans le cadre 123 du Laboratoire, il a été possible de développer des écoproduits novateurs, notamment une installation de tri publique adaptée à la climatologie maritime et fabriquée localement avec des matériaux de recyclage d’après un design ayant fait l’objet d’un vote public. Dans le cadre du volet d’innovation technologique, une collaboration avec l’Université de Sherbrooke et l’entreprise PyroGenesis Canada a été établie afin de réaliser une étude de faisabilité pour la valorisation de presque 100 % des matières résiduelles en forme d’énergie et de vitrifiat utilisable comme matériau de construction (substitut cimentaire). Plus précisément, l’étude a porté sur la possibilité de coupler ou d’exploiter séparément un système de biométhanisation, pour le traitement des matières putrescibles, et un système de gazéification et vitrification au plasma, pour les déchets secs. Cette étude reflète l’esprit du modèle de l’innovation ouverte (CST, 2010), qui dans le cas spécifique a été basé sur l’utilisation accrue, en amont, de connaissances externes au système, et la multiplication, en aval, des canaux de transfert et d’applications technologiques dans le but d’accélérer l’innovation territoriale. Retombées et perspectives futures Le Laboratoire rural sur la gestion intégrée des matières résiduelles des Îles-de-la-Madeleine a eu des retombées importantes pour le territoire, notamment sur la manière d’aborder des problématiques territoriales complexes. Il a été l’occasion d’expérimenter un modèle de développement d’un milieu rural éloigné, dont les limites des ressources techniques, financières et humaines représentent une contrainte majeure à la résolution d’enjeux locaux. L’effet catalyseur d’une organisation de recherche multidisciplinaire comme le CERMIM, dotée de capacités d’articuler une vision transversale et multisectorielle des enjeux régionaux, a permis aussi de décloisonner la perception technique de la gestion des matières résiduelles et de développer une vision davantage territoriale où les responsabilités reviennent à l’ensemble des acteurs du milieu. Cette approche non seulement a favorisé l’émergence d’un sentiment de responsabilité collective et partagée, mais a aussi permis d’innover dans certaines pratiques de gestion locales. Elle également fait émerger de nouvelles opportunités d’affaires ou mené à la consolidation de certaines déjà existantes. De plus, en s’appuyant sur des évènements artistiques de haut niveau, elle a stimulé des débats de société sur nos modes de vie et de consommation. Ultimement, le Laboratoire aura démontré l’existence d’avenues qui permettent de surmonter ce qui est souvent indiqué comme un déficit quasi endémique des capacités d’innovation d’une région éloignée et de surcroît, insulaire. Le défi sera maintenant de s’assurer que l’enseignement de cette expérience puisse être « internalisé », sur le plan collectif et surtout de la gouvernance locale. Références Baldacchino G. et Greenwood R. (éds.) (1998). Competing strategies of socio-economic development for small islands. An Island Living Series, vol. 2, Charlottetown, P.E.I., Institute of Island Studies, University of Prince Edward Island. 124 Briguglio L. et Kisanga J. (2004). Economic vulnerability and resilience of small islands. Islands and Small State institute of the University of Malta and The Commonwealth Secretariat. Malta: Formatek Publishing. CERMIM (2014). Laboratoire rural : Gestion intégrée des matières résiduelles aux Îles-de-la-Madeleine. Rapport final. Préparé par le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) et la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Îles-de-la-Madeleine (Québec), iii, 45 p. + annexes. CST (2010). Innovation ouverte – Enjeux et défis pour le Québec – Rapport de conjoncture 2009. Conseil de la Science et de la Technologie, Québec, 118 p. Eurisles (2002). Off the coast of Europe: European construction and the problem of the islands. Conférence des Régions Périphériques Maritimes est indépendante des institutions communautaires (CRPM), 147 p. Genivar inc. (2011). L’innovation au sein des entreprises de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Rapport final présenté à la Conférence régionale des élus de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Mars 2011, 110 pp. + annexes Thibodeau M., Durbecq T., Tita G. et Hubert J. (2011). Gestion des matières résiduelles aux Îles-de-laMadeleine : État de la situation et perspectives de développement. Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes, Îles-de-la-Madeleine (Québec), viii + 79 p. + annexes. Tita G. (2014). Coping with inherent vulnerabilities and building resilience in small islands: Socioeconomic and governance perspectives. Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM), affilié à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Îles-de-la-Madeleine QC (Canada), iii + 18 p. 125 Innovation territoriale en région éloignée Le cas du Laboratoire rural des Îles-de-la-Madeleine Guglielmo TITA, PhD Université du Québec à Rimouski Département de biologie, chimie et géographie Îles-de-la-Madeleine (Québec) [email protected] Acfas (UQAR), 26-27 mai 2015 1 Partenaires financiers Plan de la présentation 1. Contexte régional et territorial 2. Définition de l’Innovation territoriale 3. Le cas du Laboratoire rural des Îles-de-la-Madeleine 2 126 Le contexte de région « éloignée » Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 3 Urbain vs. rural GÎM BSL Capitale Nationale Montréal 127 De Montréal à la GÎM Capacités et potentiel endogènes d’innovation Région Population PIB/ha (2013) 1 959 987 725 095 Bas-St-L 201 091 GÎM 93 284 Province QC 8 155 334 Montréal Capitale N. Établissements manufacturiers R&D intra-muros k$ N /1000 hab N /km2 $/hab (2013) (2010) (2010) (2004) 60,0 46,9 33,1 29,0 41,6 4,66 1,70 1,89 1,37 2,67 1 820 1 405 6,3 270 1,9 98 0,6 11 1,6 573 Niv. scolarité Publications Universités universitaire scientifiques Campus principaux 7 4 1 18 % population N /100k hab (2012) (2012) 46,5 33,5 20,5 14,1 29,4 392 305 83 6 133 Source : ISQ (www.stat.gouv.qc.ca) Contribution GÎM au Québec: • Population • PIB • Pub. scientif. 1,14 % 0,80 % 0,0006 % • Diplômés universitaires 0,6 % • Établiss. manufacturiers 0,6 % • R&D intra-muros 0,02 % Perspectives démographiques en GÎM Impact sur le potentiel d’innovation futur? 2011 2036 - 17,300 (- 2,500 aux ÎdM) -27 % 60 000 (QC: +1 %) 50 000 Source : ISQ (2014) + 14,850 (+ 1,900 aux ÎdM) +77% (QC: +94 %) 40 000 30 000 20 000 - 1,240 (- 200 aux ÎdM) -11 % (QC: +14 %) 10 000 0 0-14 ans 15-64 ans 128 >65 ans 6 Éloignement + Insularité Îles-de-la-Madeleine 7 Instrument de développement territorial Le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (2006-?) • • • • • Recherche appliquée Liaison et transfert Formation Plan stratégique régional de mise en valeur des RN Étude d’opportunité pour un parc régional Valorisation du patrimoine géomorphologique Aire marine protégée Biodiversité des crustacés marins Environnement Changements climatiques Innovation sociale et technologique • Stratégie 3RV • Programme d’écoconseil • Études de faisabilité technico-économique • Vulnérabilité et résilience des communautés insulaires • Inventaire des émissions de GES aux ÎdM Société et économie • • • • • • Chaîne de valeur et gouvernance − Industrie des pêches Surcoûts en régions éloignées et insulaires Rétention des jeunes en région éloignée Plan d’immigration pour les ÎdM Persévérance scolaire Économie sociale et coopération 129 8 Caractérisation de l’innovation Méthode NOOV’LR ® (Synersud, 2014; Région Languedoc-Roussillon) 1. Nature de l’innovation (Comment?) 2. Objet de l’innovation (Quoi?) 3. Intensité de l’innovation (Combien?) Technologique Sociale Usage Autre nature (ex.: artistique) Produits (ou services) Procédés (ou processus) Marketing (ou commercialisation) Organisation Territoire De rupture Incrémentale D’assemblage D’adaptation Risque R&D 9 Innovation territoriale − Définition Oural, 2015 L’innovation territoriale consiste en une réponse nouvelle (ou transférée dans un contexte nouveau) à une problématique et/ou à un besoin identifiés collectivement sur un territoire, en vue d’apporter une amélioration du bien-être et un développement local durable. Elle repose sur: • Adaptation fine de la réponse à un contexte territorial donné; • Mobilisation des ressources et des atouts locaux; • Modèle économique durable; • Capacité à mobiliser les acteurs locaux et notamment les citoyens dans une logique de coconstruction / coproduction. 10 130 Le Laboratoire rural des Îles-de-la-Madeleine (1M$, 2010-2014) Innovation territoriale Gestion intégrée des matières résiduelles Convertir une problématique en opportunités Un des Laboratoires ruraux de la Politique nationale de la ruralité 11 Objectifs généraux Gestion intégrée des matières résiduelles (GIMR) 1. Augmenter le niveau d’autonomie territoriale; 2. Améliorer la performance environnementale (GES et valorisation); 3. Réduire les coûts globaux (~17 % du budget municipal); 4. Renforcer les capacités du milieu et augmenter le capital social; 5. Créer des opportunités de développement. 12 131 Chaîne des matières résiduelles Schéma conceptuel Approche stratégique 3RV Réduction Réemploi Recyclage Valorisation Minimiser les déchets Prévenir les déchets Gérer les déchets Innovation sociale Innovation technologique Plan d’action (horizon de 4 ans) • • • • • • Concertation avec le milieu (Comité de mobilisation) Définition des objectifs spécifiques Gouvernance (Municipalité, MAMOT) Développement économique Organismes environnementaux Tourisme Éducation Économie sociale • 4 volets (stratégies 3RV) • 15 objectifs spécifiques • 35 moyens (> 116 actions) • >20 partenaires Identification des moyens et des partenaires Élaboration d’un échéancier • Volet innovation sociale • Volet innovation technologique 14 132 Quelques exemples d’actions innovantes (3RV) 15 Volet Innovation sociale (Réduction) Information et sensibilisation Marché des artisans recycleurs Projet d’écoréseau Caravane 3RV Tournée des écoles Foire agricole Outils d’information/sensibilisation Info Municipal Déchets Recyclage ! 11% ! 56% OK 89% OK 44% 133 Volet Innovation sociale (Réduction) Milieu culturel – Attrait touristique AdMare – Centre d’artistes en art actuel Exposition collective d’artistes « Faire Avec » (2013) Déclenchement d’un débat public Yoanis Menge – Photographe Reportage « Une époque Ré-Utiles » (2013) L’expression artistique: instrument de conscientisation et d’innovation Volet Innovation sociale (Réemploi) Entreprises d’économie sociale Coop La Machine – Récupération de matières textiles Réorganisation de la filière textile résiduelle municipale (~35 t/an) Élimination de coûts et création de valeur pour la Municipalité Conception et implantation d’une plateforme de tri textile sécuritaire 134 Volet Innovation sociale (Recyclage) Entreprises d’économie sociale Ré-Utîles – Ressourcerie et réinsertion au travail Éco-conception d’une installation de tri publique o Design choisi par un vote populaire o Matériaux de recyclage o Fournisseurs majoritairement locaux Élaboration des plans pour un centre éducatif 3RV dans un site de revitalisation Finaliste 19 Volet Innovation technologique (Valorisation) Gazéification et vitrification plasmatique + biométhanisation Chaleur / Vapeur 2012 − Prix « Coup de cœur » partenariat en innovation 80% Syngas Électricité Produits chimiques Vitrifiat Substitut cimentaire Agrégats 20% Déchets: • municipaux • médicaux • dangereux • industriels Métaux <1% Lingots recyclables 20 135 Volet Innovation technologique (Valorisation) Création de valeur − Symbioses industrielles Coquilles de mollusques (35-50 t/an) -$ Usines de transformation CGMR -$$ Compostage -$ Carapaces de crustacés (~1300 t/an) -$ 0$ Usines de transformation +$ Broyage CGMR 0$ -$ Amendement calcique agricole +$ Chaleur / Vapeur +$$ Farines alimentaires an. 21 Biosechage Bilan Effet levier pour de l’innovation territoriale Mobilisation d’acteurs Développement du capital social Sensibilisation et conscientisation Renforcement des capacités du milieu Établissement de nouveaux partenariats Laboratoire rural (stratégies 3RV) Optimisation de la GMR Développement économique Performance environnementale Création d’un climat d’innovation Effet catalyseur de projets 22 136 Enseignements à retenir Innovation territoriale en région éloignée 1. Pertinence de la fonction de l’innovation territoriale en région éloignée Soutenir le développement des capacités du milieu Faciliter l’accès aux expertises non disponibles localement (liaison/transfert) Catalyser les opportunités de développement et d’entrepreneuriat 2. Nécessité de conjuguer les approches top-down et bottom-up 3. Importance d’un leadership territorial visionnaire et compétant Valoriser la connaissance comme levier pour une économie du savoir Intégrer le court terme dans une trajectoire de long terme Permettre la pondération des enjeux et l’interrelation des solutions 23 Merci! 137 Quelques références CERMIM (2014). Laboratoire rural : Gestion intégrée des matières résiduelles aux Îles-de-la-Madeleine. Rapport final. Préparé par le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) et la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine, Îles-de-la-Madeleine (Québec), iii, 45 p. + annexes. Eurisles (2002). Off the coast of Europe: European construction and the problem of the islands. Conférence des Régions Périphériques Maritimes est indépendante des institutions communautaires (CRPM), 147 p. Genivar (2011). L’innovation au sein des entreprises de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Rapport final, présenté à la Conférence régionale des élus de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, mars 2011 ISQ (2014). Profils statistiques des régions administratives. Institut de la Statistique du Québec. Site Web: www.stat.gouv.qc.ca MFE (2012). Portrait socioéconomique des régions du Québec. Édition 2012. Ministère des Finances et de l’Économie, 103 p. Oural A. (2015). L’innovation au pouvoir! Pour une action publique réinventé au service des Territoires. Rapport établi par Akim Oural avec l’appui du Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique, France. Disponible sur: ww.action-publique.gouv.fr/files/files/PDF/2015_rapport_innovation_territoriale.pdf Synersud (2014). NOOV’LR ®: Lexique de catégorisation de l’innovation élargie (version du 6 janvier 2014). Le Réseau créateur de réussites du Languedoc-Roussillon. Disponible sur: www.synersud.com Tita G. (2014). Coping with inherent vulnerabilities and building resilience in small islands: Socioeconomic and governance perspectives. Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM), affilié à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Îles-de-la-Madeleine QC (Canada), iii + 18 p. 25 138