Suzanne Beaulieu, Université de Sherbrooke

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Les processus de légitimation: une
composante incontournable
de la RSE
Suzanne Beaulieu, Ph.D.
Université de Sherbrooke
Objectifs de cette présentation
La RSE et la légitimité organisationnelle
sont deux concepts intimement liés.
La RSE est une partie intégrante des
processus de légitimation.
Étude de la légitimité organisationnelle
dans un contexte particulier
• Ordre des comptables agréés du Québec: OCAQ
• institut provincial qui représente la profession des CA
au Québec.
• 125 années d’existence
• 17 200 membres
• Un titre réservé et un champ d’exercice exclusif
• Engagement à protéger l’intérêt du public
 La réalité de cette organisation est centrée sur les
intangibles et implique de nombreux stakeholders.
Exemples tirés du cas:
stratégies de légitimation ou RSE ?
 Mission de l’Ordre:
La protection du public
 Mot-clé de la profession CA: la confiance
avoir les compétences requises (formation)
adopter un comportement irréprochable
(code de déontologie)
 Trois axes de contrôle:
 confiance
• Contrôle de l’admission
• Contrôle de la compétence
• Dépistage de la pratique illégale
Contrôler l’admission
• Des critères sévères sont prévus: BAA + 2e cycle + EFU + stage
• La formation est revue continuellement
•
•
•
•
les connaissances requises augmentent sans cesse
les normes sont de plus en plus complexes
les besoins du marché évoluent
les attentes des parties prenantes également
• Exemples de décisions stratégiques prises:
• En 1970: le diplôme universitaire devient obligatoire
• En 1996: une 4e année devient obligatoire – plusieurs candidats n’y
auront pas accès
• Le stage s’étend au-delà de la certification (sept.2007)
 Pour l’Ordre, l’imposition de la 4e année sera très difficile car
universités, candidats à la profession, gouvernement (MEQ et OPQ)
tous s’y opposent. Comités, Représentation, rencontres, discussions
 il importe de trouver un consensus… la légitimité technique et la
légitimité perceptuelle de l’Ordre sont à risque, car les candidats ne
sont pas à la hauteur (crise de 1989)  compétences  confiance
Contrôler la compétence
• Via le processus d’admission d’abord
• Exigences en matière de formation continue (au fil des
années plus d’heures requises et un suivi est fait)
 Imposer de nouvelles contraintes aux membres n’est
jamais facile
 cela les protège mais protège aussi le public,
 préserve la légitimité identitaire, technique et perceptuelle
 et montre un comportement responsable.
 Surveillance de la compétence
• Inspection professionnelle: obligation statutaire de l’Ordre
• Toutefois latitude dans l’application
Contrôler la compétence
• Faits: pour 2005-2006
•
•
•
•
•
•
Nombre de membres inspectés : 1473
Nombre de membres assujettis à un stage de perfectionnement : 62
Collaboration avec Groupes de travail sur la confiance du public
et les normes du contrôle de la qualité
Transmission de cas au Syndic: 372 dérogations
Sanctions données: ex.
• Amende de 12000$ pour défaut de s’assurer de la qualité du travail de
son employé et pour non-conformité aux normes
• Radiation temporaire d’un mois, plus les frais d’expert pour non
respect des normes et présentation non fidèle…
« Nous ne voulons pas de moutons noirs dans la profession »
(personne interviewée à l’Ordre)
 N’avons-nous pas là un ex. de comportement responsable?
Le code de déontologie: savoir-être
• 1935: dix règles, dont indépendance et impartialité
• 1942: 26 règles: responsabilité du comptable, confiance du public,
surveillance des membres
• 1961 et 1971: révision des mesures disciplinaires, cadre d’exercice
de la profession, règles d’éthique
• 1973: grande réforme: Office des professions créé - Code des
professions: inspection professionnelle, perfectionnement, réforme
formation, fonds d’indemnisation et arbitrage des comptes
 perte d’autogestion partielle, « le mot d’ordre est de rejeter toute
attitude négative et de faire preuve de responsabilités à l’égard
des nouvelles obligations imposées par la loi »
• 2005: 76 règles - un code de déontologie harmonisé
 Contraintes pour les membres, les maîtres de stages (cabinets), les
formateurs mais répond aux besoins (exigences) des organismes de
réglementation et protège le public contre les abus.
 Liens avec la légitimité morale, la légitimité identitaire et la
légitimité perceptuelle
Définitions tirées du terrain
• Légitimité:
• La légitimité « professionnelle » est un construit
multidimensionnel dont l'existence est liée à la pertinence
d'une profession. La pertinence (ou bien-fondé) d'une
profession, c'est l'adéquation entre un champ de
connaissances, les compétences individuelles, le marché et
les attentes sociales.
• Légitimation:
• La
légitimation est le processus suivant lequel
l’organisation démontre à ses parties prenantes la
pertinence de la profession qu’elle représente, de ses
membres, et de leurs attitudes et comportements.
Les six dimensions de la légitimité « professionnelle »
Dimensions de la
légitimité
Éléments de définition
Présence de RSE
La légitimité
identitaire
Identité organisationnelle, son
rôle, ses prérogatives.
Protection du public
Caractère d’utilité (besoins)
Symbolisme des lettres CA
RSE = agir en fonction
de son statut, des
privilèges et des
attentes sociales qui y
sont liés
La légitimité
technique
Compétences pertinentes en
fonction des besoins.
Compétences = pierre angulaire
de la notoriété
Acquisition et maintien de
compétences
Acquisition de nouvelles
connaissances
RSE = fournir des
services de qualité,
correspondant à
l'identité, au statut
obtenu et aux
responsabilités qui y
sont liées.
La légitimité morale
Valeurs morales prônées par
l'organisation.
Éthique professionnelle
(intégrité, objectivité et
indépendance)
RSE = adopter des
comportements et des
règles à la hauteur du
statut et des
prérogatives accordés.
La légitimité légale
Prérogatives fixées par la loi.
Statut légal et privilèges formels
Devoirs et obligations
RSE = assumer les
devoirs et obligations
liés au statut accordé.
La légitimité
perceptuelle
Perceptions favorables des diverses
parties prenantes.
Jugement sur la performance et le
comportement des membres de la
profession
Dimension essentielle aux autres
dimensions
RSE = répondre aux
attentes des parties
prenantes, répondre
aux besoins
changeants du
marché.
La légitimité
institutionnelle
Confiance acquise et notoriété
confèrent des avantages liés à
l’habitude et considérés comme
allant-de-soi.
Élément de stabilité et de sécurité
RSE = faire évoluer
les habitudes et
manières de faire (car
nouveaux besoins),
tout en préservant les
acquis.
Les cinq modes de légitimation
Modes de
légitimation
Objectifs visés
Construction
initiale
Se définir, objectifs, valeurs fondamentales, compétences.
Répondre aux besoins du marché et obtenir la
reconnaissance de l'État.
Préservation
Préserver les acquis, défendre son territoire.
Maintenir et promouvoir les compétences et les valeurs.
Renforcement
Ajouter des éléments nouveaux pour renforcer les acquis.
Restauration
Réagir à des attaques, justifier les actes et décisions prises.
Remettre en état.
Élargissement
Construire une légitimité nouvelle (incrémental).
Démontrer le bien-fondé et la pertinence (l'utilité) d'un
nouveau projet.
A dynamic model
Initial
Construction
Preservation
Reinforcement
Restoration
Enlargement
Identity
Technical
Moral
Legal
Perceptual
Institutional
Renforcement de la légitimité technique: modifications majeures au
programme de formation et à l’EFU
En même temps, ceci témoigne d’un comportement responsable car on
renforce les compétences des candidats  confiance et attentes du public
Conclusions
• RSE et légitimation sont-ils deux synonymes?
• Le modèle de légitimité proposé peut-il aider à
mieux comprendre le concept de la RSE?
 peut fournir un vocabulaire utile et mieux comprendre les
objets visés par la RSE
 la pratique de la RSE est intimement lié aux modes ou
stratégies de légitimation suivantes: préservation, renforcement,
et restauration des diverses dimensions de la légitimité
• Ce modèle est-il généralisable?
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