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Ce que la statistique fait à la sociologie (et vice-versa).
Les sociologues sont-ils de simples « usagers » de la statistique ?
–Dans cette perspective les progrès de la « méthodologie statistique »
correspondraient a posteriori a des évolutions des disciplines conçues comme des
«domaines d’application ».
–Il faut toutefois souligner que, vers la fin du XIXème siècle, ce sont les travaux de
Francis Galton et Karl Pearson sur l’hérédité humaine et l’eugénisme, qui ont conduit
à formaliser la régression linéaire, la corrélation et le test du Chi2.
(voir STIGLER S., The History of Statistics. The Measurement of Uncertainty before 1900. Harvard University Press, Cambridge, 1986.)
Quel est le rôle joué par le « pôle statistique » en sociologie ?
–Comme « penseur du social » le sociologue pourrait sans problème faire remonter sa
pratique professionnelle à Platon ou Aristote, rien moins que ça. Plus modestement, il
est le plus souvent admis que la sociologie naît avec la révolution industrielle et
l’émergence des démocraties modernes.
–Vous le savez sans doute, c’est Auguste Comte qui revendique la paternité du terme
sociologie et c’est dans la 47ème leçon de son cours de philosophie positive, publiée en 1839
que ce terme apparaît.
–Dans une logique disciplinaire, la statistique a offert des arguments « clé en main »
pour justifier l’autonomie et la prééminence d’une science nettement distincte du droit,
de la philosophie, de la psychologie ou même de l’économie…
–« Le groupe social a des structures spécifiques et des propriétés de régularité et de
prévisibilité dont sont dénués les individus volatiles et imprévisibles ». Cette version
classique de la sociologie quantitative a été clairement formulée par Quetelet dans les
années 1830, puis approfondie par Durkheim, Lazarsfeld… Bourdieu et beaucoup
d’autres.