Facteurs de risque de cancer du sein

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Epidemiologie et prévention
Pr J P Lefranc
Service de chirurgie gynécologique
Hôpital Pitié Salpetrière
Incidence

Cancer le plus fréquent de la femme occidentale
(31.5%)

En France en 2012, nbre de nx cas : 48763, soit
une incidence de 101.5/100000 femmes

Augmentation de l’incidence multipliée par 2 de
1980 à 2005 et en diminution depuis 2005

L’incidence par tranche d’age augmente

Chez l’homme moins de 1 %.
Mortalité





Cause de décès par cancer la plus fréquente chez la
femme (18.8%, 11886 patientes décédées en 2012)
Taux brut de 15.7 pour 100 000 femmes en 2012
Taux de mortalité augmente avec l’âge
La mortalité par cancer du sein s’est élevée de 10 %
entre 1968 et les années 1990.
Il existe depuis 1990 une diminution des taux de
mortalité (dépistage de masse, stade précoce, +50%
T0-T1, meilleure prise en charge pluridisciplinaire et
développement des traitements adjuvants)
Évolution de l’incidence et de la mortalité par
cancer du sein en France entre 1980 et 2000
Année
Incidence
1980
1985
1990
1995
2000
Cas
21 211
55.5
24 908
63.2
29 617
71.5
35 471
80.1
41 845
88.9
8 629
18.7
9 299
19.1
10 059
19.4
10 892
19.6
11 637
19.7
Taux
Mortalité
Décès
Taux



Le risque de cancer du sein est associé au dev économique
mais aussi à d’autres caractéristiques du mode de vie et de
l’environnement
Le risque reste très faible au Japon, il devient très élevé après
deux générations pour les japonaises migrant aux Etats-Unis
Le contraste entre les pays d’Amérique du nord et d’Europe de
l’ouest et ceux d’Afrique et d’Asie est frappant et il est difficile
de savoir quels facteurs expliquent un tel rapport de risque de
l’ordre de 6 à 8.
La France se situe dans les pays à haut risque de cancer du sein
et à taux moyen de décès.
Incidence et mortalité des cancers du
sein par tranche d’age
Tranche
d’âge (ans)
0-34 35-39
40-44
45-49 50-54 55-59 60-64
65-69
70-74 75+
Taux
brut
Tous
âge
Incidence
(/100 000)
4.7
63.3
119.7
187.3
177.3
182.8
211.3
220.0
232.1
220.4
89.2
Mortalité
(/100 000)
0.7
10.0
20.2
32.9
50.2
61.9
74.3
90.8
93.1
154.9
33.9
Facteurs de risque de
cancer du sein






Sexe féminin +++
L’age +++
Facteurs génétiques ++
Facteurs alimentaires +
Facteurs génitaux ++
Facteurs « mammaires » (ex: CLIS) +++
Facteurs de risque alimentaires du cancer du sein





Obésité : effet démontré chez les femmes ménopausées (conversion accrue
de la D4-androsténe-dione en estrone dans le tissu adipeux)
Aspect qualitatif : La consommation de graisses saturées d’origine animale
augmenterait le risque. Les graisses d’origine végétale (huile d’olive)
diminueraient le risque + alimentation riche en fibre.
Alcool : relation linéaire entre la dose consommée et le risque de cancer
mais le risque reste faible
Vitamines, oligoéléments :consommation des précurseurs de la vitamine A,
le bêtacarotène, réduit le risque
Les phytoestrogènes pourraient jouer un rôle protecteur
Facteurs génitaux

Age des premières règles : rôle très faible (les études sont contradictoires,
surtt retrouvé si on compare aux ages extrêmes (<12 ans et >15 ans)

Age de la ménopause (idem)

Age de la première grossesse (faible poids ex: >20 ans et > 35 ans RR 1.5)

Lactation : effet protecteur faible (durée d’allaitement longue (>20 mois))
Nombre de grossesse :
La grossesse augmente le risque de cancer du sein dans les 10 ans qui la
suivent. Ce risque élevé (x2-3) décroît avec le délai
Au contraire à la ménopause le risque est réduit par le nombre de grossesses

Facteurs génitaux



Estrogènes endogènes : la revue générale de Thomas et al. (29
études) révèle une élévation de 15 % du taux d’estrogènes chez les
femmes ménopausées atteintes de cancer du sein
Contraception orale : il semblerait qu’il n’y ait pas de rôle significatif,
mais si prise précoce..?
THS : les résultats des études sont difficiles à interpréter.
Globalement il ne semble pas que le THS augmente le risque de
cancer du sein
Problème des spécialités prescrites?

Induction de l’ovulation: aucune étude n’a révélé à ce jour un risque

Distilbène ?
Facteurs mammaires



Mastopathie proliférante sans atypie, adénose sclérosante, papillome
solitaire, fibroadénome : RR entre 1.5 et 2
Hyperplasie atypique canalaire ou atypique : RR entre 4 et 5
Carcinome lobulaire in situ et carcinome canalaire in situ non
comédocarcinomateux : RR entre 8 et 10

Néoplasies lobulaires in situ = marqueur de risque (≤ 1%/an)

Comédocarcinome in situ = véritable carcinome souvent microinvasif
Prédispositions génétiques





Une histoire familiale de cancer du sein constitue un facteur majeur, avec
un risque relatif variable de 1.5 à 3.6
2 gènes : BRCA1 et BRCA2 +++
3 autres gènes: P53 (Li Fraumeni), PTen, ataxie télangiectasie
1/100 à1/2500 serait porteuse du gène BRCA avec une probabilité de
transmission de 50 % à chaque enfant.
Selon les séries le risque de dev un cancer du sein est estime entre 40 et
80 % avant 70 ans
Consultation génétique BRCA
 Critères : les indications d’une consultation de génétique (avec l’accord de la
patiente) peuvent être aujourd’hui :

3 sujets atteints (ou plus...) de cancer du sein et/ou de l’ovaire chez des
apparentés du premier ou deuxième degré dans la même branche
parentale

au minimum 2 cas de cancer du sein chez des apparentés du premier degré (ou
du deuxième degré si la transmission est paternelle), si l’un d’eux est
diagnostiqué avant 50 ans ou bilatéral

ou un cancer du sein et un cancer de l’ovaire chez des apparentés du
premier degré (ou du deuxième degré si la transmission est paternelle)

ou deux cancers de l’ovaire chez des apparentées du premier degré, ou du
deuxième degré si la transmission est paternelle, quelque soit l’âge

cas précoces (avant 30 ans), tumeurs primitives multiples (deux cancers
ou plus chez une même personne), cancer du sein chez l’homme

autres syndromes cliniques, type maladie de Cowden ou syndrome de LiFraumeni, patiente à risque de 50% d’être hétérozygote pour le gène de l’ataxie
télangiectasie...

toute autre famille à caractère particulier, dans le cadre d’une recherche.

Cancer des ovaires avant 65 ans
La prévention est elle possible ?



Population à risque « normal »
Population à « haut » risque non
génétique
Population à « très haut » risque
=génétique=mutation BRCA1/2
Tous cas
Incidence Mortalité
Cancers sein isolé
8%
2,2 %
BRCA1
Incidence Mortalité
62,1 %
17,1 %
BRCA2
Incidence
Mortalité
44,3 %
12,2 %
Cancer sein post ovaire 0,01 % 0,007 %
2,9 %
2,4 %
0,7 %
0,5 %
Cancer sein total
65 %
19,5 %
45 %
12,7 %
8%
2,2 %

Population générale
– Dépistage précoce = réduction de la mortalité de 30 %
– Pronostic plus favorable

Population à risque génétique
– Dépistage précoce : mammo ( échec , contant )
Echo
IRM
– Pronostic : avis divergents (Marcus, Albano, StoppaLyonnet
Chimioprévention
- Ménopausée < 40 ans =diminution du risque
de 30 %
-LH-RH
-ovariectomie +++ (Kauff)=
diminution du risque de 50 % en cas de
mutation de BRCA 2 +++
- Anti-oestrogènes et anti-aromatases
Chimioprévention
-
Tamoxifène 20mg/5ans:
->NSABP P1: RR K invasif: 0.58 (p<0.0001)
RR K in situ: 0.64 (p=NS)
Ne réduit pas le taux de K RH-> Etude IBIS: RR: 0.73
-
Raloxifène 60mg/5ans/ Tamoxifène
-> STAR (NSABP P2) p=NS à 6 ans (k invasif p=0.83, k in
situ p=0.52)
Morbidité: moindre avec le Raloxifène
qu’avec le Tamoxifène
Chimioprévention: Tamoxifène
Chimioprévention: indications
Hyperplasie atypique, CLIS
- Tamoxifène (NSABP P01: USA)
20mg/jour, durée?
Surtout en pré-ménopause (risque K endomètre et
thromboses inférieurs à la post-ménopause
En France, pas d’AMM
- Raloxifène
En France, pas d’indication en prophylaxie
60mg pendant 5 ans
Haut risque en post ménopause
Risque K endomètre et thromboses inférieurs au Tam.
Pré-ménopause: pas de données.
- Anti-aromatases, en cours d’étude
Populations à risque
« normal »


Pas de prévention hormonale ni
chirurgicale
Mesures hygiéno-diététiques et
dépistage
Populations à « haut risque » de cancer
du sein
Mammectomie prophylactique = Rares indications

CLIS ??

Cancer controlatéral ?? Si pronostic favorable

CLIS et cancer controlatéral

CLIS et microcalcifications diffuses
USA, …: chimioprévention par Tamoxifène
En France, pas d’AMM
Populations à risque
« génétique » (BRCA)


USA: chirurgie prophylactique/
chimioprévention + dépistage
En France: dépistage/ chirurgie
prophylactique
CLINIQUE
Inspection :
MALADIE DE PAJET DU MAMELON
 ECOULEMENT
 RIDE CUTANEE
 TUMEFACTION DEFORMANT LE
SEIN
 NECROSE CUTANEE
 PEAU D ’ORANGE
 ASPECT INFLAMMATOIRE DU
SEIN

Palpation :
–
–
–
–
-
Statique quadrant par quadrant assise et couchée
Schéma daté et précis.
Dynamique : MANŒUVRE DE TILLAUX
Vérification d’un écoulement
Aires ganglionnaires (axillaires et susclaviculaires)
LE SCHEMA PRECISE :
– LA TAILLE DE LA TUMEUR
– LES CARACTERISTIQUES DE LA TUMEUR :
REGULARITE, DOULEUR, CONSISTANCE
– UNE EVENTUELLE ANOMALIE CUTANEE
– LA LOCALISATION PAR RAPPORT AUX
QUADRANTS ET AU MAMELON
Bilan d’extension et
classification
AMERICAN JOINT COMMITTEE ON CANCER STAGING SYSTEMS (PATHOLOGIC)
2003

pTx : taille tumorale indéterminée
pT0 : pas de tumeur primitive retrouvée
pTis : in situ seul (DCIS ou CLIS) ou Paget sans tumeur sous jacente

pT1 : < 2 cm
pT1mic : microinvasion < 0.1 cm
pT1a : >0.1 et < 0.5 cm
pT1b : > 0.5 et < 1cm
pT1c : >1 cm et < 2 cm< 2 cm







pT2 : > 2 cm et < 5 cm
pT3 : > 5 cm
pT4a :
extension à la paroi
pT4b :
extension cutanée incluant œdème (peau d’orange), ulcération, nodules
de perméation du même sein
pT4c :
a+b
pT4d :
inflammatoire
pNx : état ganglionnaire inconnu
pN0 : pas de métastase ganglionnaire loco-régionale
pN1 : 1-3 N+ axillaires ou CMI avec atteinte microscopique de celle ci détectée par GS mais pas
cliniquement apparente
pN1mi :
micrométastase (> 0.2 mm, < 2 mm)
pN2 :
4-9 N+ ou atteinte clinique de la CMI en l’absence de N+ axillaire
pN3 :
> 10 N+ ou métastases isous-claviculaires ou CMI clinique + axillaire +, ou axillaire > 3 N+
avec CMI micro, ou sus-claviculaire homolatéral

Mx : statut métastatique inconnu
M0 :
M1 :
pas de métastases à distance
atteinte métastatique distante

Stade 0 : Tis N0 M0

Stade 1 : T1 N0 M0


Stade 2a :T0N1, T1N1, T2N0, M0
Stade 2b : T2N1, T3N0, M0

Stade 3a : T3N1, tous les N2 jusqu’à T3 inclus
Stade 3b : T4 jusqu’à N2 inclus, M0
Stade 3c : N3 M0

Stade 4 : M1


La classification des cancers du sein
est basée sur :
le stade d’extension
 le type histologique
 le grade de malignité
 la « biologie » :
-gènes
–protéines / « récepteurs »

le stade d’extension

• pT : taille de la tumeur

• pN : ganglions axillaires

• M : 4% de patientes métastatiques au diagnostic
Cancers « précoces » Si pN0
• pTis
– < 1,5 cm
– > 1,5 cm
• pT1< 2cm
 Cancers évolués pN+ fréquent++
• pT2 > 2cm, < 5cm
• pT3 > 5cm
• pT4

pN
• pN0
 • pN1
–pN1mi : micrométastase : < 0,2 cm
–pN1 : métastase : > 0,2 cm


Ganglion sentinelle : pN0 (sn)(i+) :
cellules tumorales isolées détectées
par immunohistochimie
Ganglion sentinelle :
- cellules tumorales isolées
-Micrométastase
- métastase
Si le ganglion sentinelle contient des
cellules tumorales, un curage classique
est réalisé

M



• Métastases à distance ?
• Os, foie, plèvre, cerveau,
…
Le stade d’extension d’un cancer du sein
Taille de la tumeur : pT
Statut des ganglions axillaires : pN
est à l’heure actuelle le principal élément
d’appréciation du risque d’évolution métastatique.
Types histologiques
Canalaire
•In situ : 15-25 % de tous les cancers du sein
•Invasifs : 75 % des cancers invasifs








Lobulaire 10 % des cancers invasifs
Tubuleux
Mucineux
Adénoide kystique
Médullaire
Endocrine
Types spéciaux de bon pronostic
Grade histologiques
• Scarf Bloom Richardson 1957
 • Elston et Ellis 1991
• 3 critères :
– Différenciation (tubes? Quantité %)
– Pléomorphisme nucléaire
– Index mitotique

Le rapport de l’examen anatomo-pathologique de la pièce de
tumorectomie (ou mastectomie) indique

• le stade d’extension : pT pN

• le type histologique

• le grade de malignité

• L’expression de récepteurs aux oestrogènes
progestérone
Méthodes d’évaluation de l’extension à
distance des cancers infiltrants

La recherche de la maladie métastatique sera
fonction :
-Du risque de diffusion métastatique
-De la sensibilité et de la spécificité des moyens
d’investigations
-Des possibilités thérapeutiques disponibles

Le risque de dissémination initiale est de 9 %
(squelette, poumon, plèvre, foie, gg périphériques, et le
revêtement cutané



Os : clinique et scintigraphie osseuse au pyrophosphate
de technicium +/- radios du sqelette
Foie : clinique et échographie (Se :75 à 90 %)
Poumon : clinique, radio du thorax (bilan
préanesthésique)

Autres examens que sur signe d’appel

Intérêt de pet-scann (en cours d’évaluation)
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