rie Centre de recherche sur l ’i nterventi on éducative Faculté d’ éducati on Université de Sherbrooke Forum sur la formation des enseignant-e-s primaires Université de Genève, FAPSE 15 février 2006 Formation des maîtres et professionnalisation: quelles évolutions entre être formé et se former? Yves Lenoir, D. sociologie Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’intervention éducative Université de Sherbrooke [email protected] Plan de la présentation La formation à l’enseignement en profonde mutation Du danger des apprentis sorciers, des gourous et des vendeurs de miracles… Quelques enjeux actuels de l’éducation scolaire La formation à l’enseignement alors: que faire? © 2006 Yves Lenoir 2 QuickTi me™ et un décompresseur TIFF (non compressé) sont requis pour vi sionner cette image. QuickTime™ et un décompresseur TIFF (non compressé) sont requis pour visionner cette image. –1– La formation à l’enseignement en profonde mutation QuickTi me™ et un décompresseur TIFF (non compressé) sont req ui s pour vi sionner cette i mag e. QuickTime™ et un décompresseur TIFF (non compressé) sont requis pour visionner cette image. QuickTime™ et un décompress eur TIFF (non c ompres sé) sont requis pour v is ionner cette image. Des transformations majeures dans les sociétés occidentales: des transformations sur le plan social: multiethnicité, citoyenneté, nouvelles attentes sociales; des transformations sur le plan économique: globalisation des marchés, compétitivité, etc.; des transformations sur le plan politique: affaiblissement et remise en question des Étatsnations; © 2006 Yves Lenoir 4 des transformations sur le plan spatial: internationalisation et accélération des échanges; des transformations sur le plan communicationnel: nouveaux moyens de communication et d’information; des transformations sur le plan éducatif: • nouveaux curriculums, nouveaux objets, etc.; • des élèves différents; • centration sur les processus de professionnalisation et, par là, sur le développement des compétences. © 2006 Yves Lenoir 5 De nouvelles problématiques: comment répondre au problème de l’échec scolaire? aux problèmes de la persévérance et la réussite scolaires? à la question de l’efficacité de l’enseignement et des “bonnes pratiques”? © 2006 Yves Lenoir 6 De nombreuses publications, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, insistent sur la nécessité d’un recours à des pratiques enseignantes efficientes et transformées; sur le rôle capital des enseignants dans le cadre d’une implantation réussie d’un nouveau curriculum, car ils constituent l’interface entre ce dernier et l’élève. © 2006 Yves Lenoir 7 La question de l’efficacité de l’enseignement est à l’ordre du jour: «La qualité de l’enseignement passe d’abord par la formation d’enseignants compétents» (Gouvernement du Québec, 1996, p. 33). Toh, Ho, Chew et Riley II (2003) ajoutent que «le meilleur curriculum peut être enseigné de manière désintégrée si les enseignants ne sont pas adéquatement équipés et préparés» (p. 195). © 2006 Yves Lenoir 8 Les réformes actuelles de l’enseignement ont entre autres pour raison d’améliorer la qualité de l’intervention éducative des enseignants parce que ceux-ci «exercent une influence forte et remarquable sur la performance académique des élèves» (American Council on Education, 1999, p. 3). © 2006 Yves Lenoir 9 Des travaux de recherche font état de différences dans l’efficacité des enseignants. Il existe un effet-maître. • L’effet-maître doit être considéré – comme le produit d’une interaction entre des élèves et l’enseignant à propos d’une situation d’apprentissage, et non comme le seul résultat des caractéristiques personnelles de l’enseignant. © 2006 Yves Lenoir 10 Fullan et Stiegelbauer (1991) soulignent que «le changement éducatif dépend de ce que les enseignants font et pensent – c’est aussi simple et aussi complexe que cela» (p. 117). Fullan (2001) signale que la présente réforme des systèmes d’enseignement ne demande pas aux enseignants de faire ce qu’ils faisaient, mais mieux (premier niveau de changement), mais de le faire différemment (deuxième niveau de changement). © 2006 Yves Lenoir 11 Nécessité d’une professionnalisation du corps enseignant requérant une responsabilisation de leur pratique et des changements radicaux dans leur intervention éducative: centration sur le développement des compétences professionnelles; relèvement des exigences de la formation et du niveau culturel; amélioration de la qualité de l’intervention éducative. © 2006 Yves Lenoir 12 Quic kTime™ et un déc ompres seur TIFF (non c ompres sé) s ont requis pour visionner cette image. QuickTime™ et un décompress eur TIFF (non compress é) sont requis pour visionner cette image. –2– Du danger des apprentis sorciers, des gourous et des vendeurs de miracles… QuickTi me™ et un déc ompresseur TIFF (non compres sé) sont requis pour vi sionner cette image. Plusieurs remèdes miracles ont été proposés au cours des années passées pour résoudre TOUS les problèmes d’enseignement: Le multimédia dans les années 1970. Différentes méthodes d’apprentissage de la lecture. Les styles d’apprentissage (La Garanderie). Le Programme d'enrichissement instrumental (PEI) de Feuerstein. L’autostructuration cognitive (pédagogie organique, ouverte). © 2006 Yves Lenoir 14 Il en est encore de même aujourd’hui: Les intelligences multiples. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication en éducation (TICE). L’enseignement explicite (Clermont Gauthier): des pratiques “efficaces”, “probantes”. © 2006 Yves Lenoir 15 How to do…? “La” solution!!! –3– Quelques enjeux actuels de l’éducation scolaire Se méfier des discours extrémistes dualistes qui défendent des points de vue attrayants mais simplificateurs et de sens commun. © 2006 Yves Lenoir 18 1º Se former sur le terrain, dans des écoles normales ou à l’Université? La formation uniquement de terrain. Tendance: un métier qui s’exerce sur le terrain sans mettre au jour les savoirs qu’il implique. • UN MÉTIER SANS SAVOIRS. La formation à l’école normale. Tendance: des sciences de l’éducation qui produisent des savoirs qui ne prennent pas en compte les conditions concrètes d’exercice du métier d’enseignant. • UN MÉTIER INSTRUMENTALISÉ. © 2006 Yves Lenoir 19 La formation uniquement à l’Université. Tendance: des sciences de l’éducation qui produisent des savoirs qui ne prennent pas en compte les conditions concrètes d’exercice du métier d’enseignant. • DES SAVOIRS SANS MÉTIER. Et pourquoi pas une formation en réelle alternance intégrative associant étroitement • la pratique et sa conceptualisation? • les différents intervenants? à visées professionnalisantes? © 2006 Yves Lenoir 20 2º L’expérience ou l’expérience? Expérience = ensemble de pratiques répétées. acquisition par frayage, par mimétisme. Expérience = capacité de se distancier par rapport à sa pratique. Acquisition par la conceptualisation, l’analyse de sa pratique, la réflexion critique. © 2006 Yves Lenoir 21 3º Instruire ou socialiser? Instruire uniquement… Centration sur les dimensions cognitives. Centration sur les dimensions didactiques. Socialiser uniquement… Centration sur les dimensions sociales et affectives. Centration sur les dimensions pédagogiques. © 2006 Yves Lenoir 22 Quelle(s) finalités pour l’école? Une double fonction des États-nations démocratiques: • Émanciper par le développement des compétences intellectuelles (savoir + raison + savoir-faire). – Si éduquer, c’est émanciper, rendre libre, il faut accepter l’existence d’une pluralité de voies pour atteindre et exprimer cette liberté. • Intégrer socialement: – Le “vivre-ensemble” propre à l’agir citoyen (savoir-être). Une conséquence parmi d’autres: • Penser la relation enseignement-apprentissage en • tant qu’interaction sociale. Apprendre = une démarche collective, non individualiste. © 2006 Yves Lenoir 23 4º Transmettre un savoir ou favoriser la production d’un savoir? La question épistémologique est fondamentale en ce qui regarde le rapport au savoir. Répondre à trois questions: 1º Quel est le statut alloué au savoir? © 2006 Yves Lenoir 24 Σ Au-del R v lation Qu i ck Ti me ™e t u n d éc omp res se ur TIFF (n on co mpre ss é) s on t req ui s p ou rv i si on ne rc ette i ma ge . Pass Contemplation SAVOIR DU SUJET D voilement Futur Q ui ck Ti m e ™ et un d éc om p r es se ur TI FF (n on co m pr e ss é) s on t r eq ui s p ou r v i si on ne r c et t e i m a ge . Construction Ici-bas © 2006 Yves Lenoir 25 ATTENTION: distinguer entre • constructivisme radical (von Foerster, Glasersfeld); • et socioconstructivisme (Vygotsky; Gergen). 2º Étant donné la conception retenue de ce qu’est le savoir, par quel processus est-il possible à un être humain d’y accéder? • Qu’est-ce que APPRENDRE? – Passage obligé par des processus médiateurs cognitifs. © 2006 Yves Lenoir 26 3º Étant donné la conception retenue de ce qu’est le savoir et des processus requis pour y accéder, quelles sont les modalités à mettre en œuvre pour favoriser ces processus d’apprentissage? • Une situation (problème). – Faire sens au point de vue: épistémologique; cognitif; psychologique; social. • Des dispositifs: – instrumentaux; – procéduraux: facilitateurs pédagogiques; démarches à caractère scientifique, non des démarches de sens commun. © 2006 Yves Lenoir 27 Une activité d’enseignement-apprentissage requiert dès lors 1º de poser le problème (problématiser), 2º de le construire en recourant • à un cadre conceptuel, • à des méthodes de recueil et de traitement des données, 3º en vue de le résoudre en mettant en œuvre ces méthodes. © 2006 Yves Lenoir 28 5º Tout transmettre ou tout construire? Clarifier ce qui est de l’ordre de la transmission: • faits de connaissance, • habiletés instrumentales; de la construction: • concepts et trames conceptuelles; • démarches. © 2006 Yves Lenoir 29 PƒDAGOGIES DΥHƒTƒROSTRUCTURATION COGNITIVE PƒDAGOGIES DΥAUTOSTRUCTURATION COGNITIVE TRANSMISSION par lΥenseignant CONSTRUCTION par le sujet qui apprend du savoir (h ritage culturel) 2 1’ de TOUTE la connaissance 1 2’ SYNTHÈSE RÉORGANISATION N gation (fond e sur les donn es de la psychologie g n tique) PƒDAGOGIES DΥINTERSTRUCTURATION COGNITIVE N gation (tout ne peut et ne doit pas tre construit) D marche dΥapprentissage Recours aux CONTENUS CULTURELS par le sujet qui apprend Recours la (RE)CONSTRUCTION par le sujet qui apprend Action m diatrice de lΥenseignant © 2006 Yves Lenoir 30 5º Se centrer sur l’élève ou sur le savoir? Un débat entre les tenants de la centration sur l’élève et les tenants de la centration sur le curriculum. Un débat qui n’est pas nouveau… depuis la fin du 19e siècle aux États-Unis; au 20e siècle en Europe francophone; après 1960 au Québec. © 2006 Yves Lenoir 31 Quelques arguments Centration sur le Centration sur l’élève: curriculum: La relation au savoir est première. Magistrocentrisme. Importance de la transmission des savoirs et de la tradition. Relation didactique. La relation à l’élève est première. Puérocentrisme. Importance de la prise en compte des caractéristiques, des préoccupations et de la motivation des élèves. Relation psychopédagogique. © 2006 Yves Lenoir 32 Une troisième conception: La dimension organisationnelle de la classe est fondamentale. • La gestion du temps, de l’espace, des différents facteurs internes et externes qui influent sur la dynamique du fonctionnement de la classe sont jugés déterminants. © 2006 Yves Lenoir 33 Quatre ou même cinq logiques distinctes visent l’amélioration les apprentissages: par le renforcement de la relation psychopédagogique (la relation aux élèves à propos des processus d’apprentissage); par celui de la relation didactique (la relation aux savoirs à propos des processus d’apprentissage); par la transmission frontale d’un savoir disciplinaire déjà constitué; © 2006 Yves Lenoir 34 par un aménagement organisationnel qui favoriserait les apprentissages; par la relation affective. © 2006 Yves Lenoir 35 Ce qui est au “centre” du processus enseignement-apprentissage: c’est la rencontre qui se réalise entre le rapport que l’élève établit aux objets de savoir (le rapport d’apprentissage ou médiation cognitive) • par le biais de processus cognitifs médiateurs (différentes démarches), et le rapport que l’enseignant établit par sa pratique au rapport d’apprentissage. © 2006 Yves Lenoir 36 –4– La formation à l’enseignement alors: que faire? Vivre en tension et de façon complémentaire se former et une responsabilité réciproque être formé entre le formateur et le formé POUR ÉVITER LES DÉRIVES. © 2006 Yves Lenoir 38 Un enseignant n’est pas un didacticien; Qu ic kTi me™ e t u n dé co mp re ss eu rTIFF (n on c om pres sé ) so nt req ui s p ou rv is i on ne rc ette i mag e. un pédagogue; Qu i ck Ti me ™e t u n d éc omp res se ur TIFF (n on co mpre ss é) s on t req ui s p ou rv i si on ne rc ette i ma ge . Un gestionnaire. Un enseignant est tout cela à la fois, en interaction et en tension, et bien davantage… © 2006 Yves Lenoir 39 L’enseignement est un acte complexe; un acte multidimensionnel. © 2006 Yves Lenoir 40 Dimensions contextuelles Rapport au milieu - social (rapport aux autres: enseignants, direction, parents, etc. - culturel - conomique - politique (rapport au pouvoir) Rapport aux attentes sociales: explicites et implicites Dimensions historiques Rapport lΥ volution e t au x transformations qui ont marqu la fonction et la pratique enseignante Dimensions psychop dagogiques Rapport a ux l ves: repr sentations - de leurs caract ristiques psychologiques, cognitives, sociales, culturelles, de leurs vis e s, etc. - de leurs modes de fonctionnement (conduite) en classe - des formules p dagogiquesappro pri es Dimensions pist mologiques Rapport a u savoir: re pr sentations - du statut et de la place du savoir scientifique (disciplines outils et disciplines objets), scolaire, exp rientiel - des modalit s favorisant lΥacce ssion au savoir Dimensions curriculaires Rapport: - aux finalit s duca tives - aux finalit s institu tionnelles - au choix des savoirs retenus - la structuration des savoirs - de savoirs (place et fonction des savoirs; stratification sociale des savoirs; inte rd isc iplin arit ) Perspectives op rationnelles Effectuation: - anticip e (pr action) - en classe (interaction) - apr s la classe (postaction) Dimensions organisationnelles Rapport la gestion - du temps - de lΥespace - de la discipline (conduite) - des routines - des facteurs externe s et interne s: vnements critiques, etc. Dimensions socio-affectives Rapport: - lΥidentit professionnelle - la formation ant rieure - la motivation - aux options e t vis e s personne lle s (int r ts, valeurs, etc.) © 2006 Yves Lenoir Dimensions didactiques Rapport - aux savo irs enseigne r - au rappo rt de lΥ l ve au savoir (p rocessus c ognitifs m diateurs internes) - aux proc essus d Υenseignement sp c ifiques aux diff rentes mati res scolaires - de savoirs (hi rarchisation de s savo irs, interdisciplinarit ) Dimensions M diatrices Rapport a u processus m diateurs externes: - Situations probl m es - Dispositifs de formation - D m arche s - Modalit s interactives - ƒvaluation Dimensions mor ale et thiques Rapport: - aux principe s, a ux normes et aux r gles qui guident la conduite sociale - la r flexion critique sur les valeurs sociales qui influent sur les pratiques - la responsabilit sociale de lΥintervenant face au x situa tions probl m es 41 © 2006 Yves Lenoir 42 Si la responsabilité de l’enseignant est d’offrir les meilleures conditions possibles aux élèves pour leur permettre de poursuivre les apprentissages attendus, Alors, la formation à l’enseignement doit se poursuivre durant toutes les années d’activités professionnelles; impliquer une interaction forte entre être formé et de se former; être centrée sur le développement de compétences à proposer des situations d’enseignement-apprentissage appropriées faisant appel à des dispositifs de formation adéquats requérir des processus d’auto-analyse de sa pratique. © 2006 Yves Lenoir 43 © 2006 Yves Lenoir 44