La police comme institution morale

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La police comme institution morale
1 La justification morale de l’institution
Pourquoi une justification morale de la police?
 La police dispose d’un immense pouvoir coercitif.
 Dans une démocratie libérale, la coercition ne peut se
passer de justification.
Qu’est-ce qu’une justification morale?
 Démonstration que nous y consentirions.
 La police fait-elle partie des outils que nous nous
donnerions pour échapper à l’état de nature?
 Doit nous indiquer quels sont les pouvoirs que nous
accorderions à la police.
 Doit nous indiquer quelles sont les limites de ce pouvoir.
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La forme traditionnelle de l’argument contractualiste:
 Fait état du besoin de force pour appliquer les lois.
 La principale responsabilité de la police est d’être
l’épée du législateur et du juge.
 La police comme serviteur des lois.
 Limites importantes à l’autonomie de la police.
 Sa principale fonction serait de lutter contre le crime.
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Les limites de l’argument contractualiste:
 La police n’a jamais été instituée à l’intérieur de ces limites.
 Son rôle traditionnel est de maintenir l’ordre et la paix.
 Des études révèlent qu’une proportion limitée du travail des
policiers est consacrée à la lutte contre le crime.
 La police intervient dans des crises familiales, recherchent des
enfants perdus, sauvent des animaux, orchestrent la circulation
automobile, visitent les écoles, aident les personnes âgées, etc.
(Kleinig p. 23).
 Son rôle traditionnel est beaucoup plus large que ce que prévoir
l’argument contractualiste.
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Problème:
 Le rôle de la police est informe.
 Par de nombreux aspects, la police remplit des rôles
paternalistes.
 L’imprécision donne trop de marge discrétionnaire à la police.
 Est-il possible de lui assigner une justification uniforme?
Trois possibilités évoquées par Kleinig:
 La police comme suppléant d’urgence.
 La police comme utilisateur de force coercitive.
 La police comme gardien de la paix sociale.
La police comme institution morale
Le rôle social de la police échappe à toute
caractérisation simple.
La justification morale de ce rôle sera toujours
déphasée par rapport à la réalité.
L’éthique policière ne pourra jamais être énoncée par
un simple ensemble de règles.
La formation morale du policier doit passer par le
développement de vertus à exercer dans une
multitude de rôles, plutôt que par l’apprentissage de
règles.
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2) La police et l’État
La police devrait-elle disposer d’une marge
discrétionnaire dans l’application des lois?
Arguments pour:
 C’est inévitable pour des raisons de ressources
 C’est inévitable pour des raisons conflits de rôles.
 C’est inévitable car la tolérance du crime de bas
niveau est parfois nécessaire pour éviter des crimes
plus importants.
 C’est désirable car les policiers sont plus proches du
terrain.
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Arguments contre:
 Les policiers ne sont pas représentatifs.
 Besoin de baliser l’utilisation de la force.
 Dépend du jugement de policiers individuels.
 arbitraire
 manque d’uniformité dans l’application des lois.
Conclusion:
 La discrétion policière est inévitable et indésirable.
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3) La police et le marché
Pourquoi la police est-elle une institution publique?
 La sécurité comme bien public.
 La sécurité comme droit fondamental.
 Besoin de circonscrire l’utilisation de la force.
 Importance de l’impartialité.
 Complément naturel du rôle législatif et juridique de
l’État.
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Pourrait-on songer à « privatiser » la police?
Arguments pour:
 Gains d’efficacité.
 « Surcharge » de l’État.
 Liberté économique.
Arguments contre:
 Ambiguïté de rôle.
 Incitatifs pervers.
 La police comme « symbole ».
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Devrait-on permettre un marché de sécurité parallèle?
Arguments pour:
 Surcharge de l’appareil de sécurité.
 Liberté économique.
 Augmentation de la quantité « totale » de sécurité.
Arguments contre:
 Inégalité.
 Conflits de juridictions.
 Besoin de limiter l’utilisation de la force par des normes
publiques.
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Si nous permettons un marché personnel, les policiers
devraient-ils avoir le droit d’y travailler?
Arguments pour:
 Liberté économique
 « Autant que ce soit eux! »
Arguments contre:
 Conflits de rôles.
 Conflits de règles morales.
 Conflits d’intérêts.
 Confiance sociale.
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4) La police et les « professions ».
Qu’est-ce qu’une profession?
 Délivre un bien social important.
 Exige une formation experte.
 Repose sur l’importance de la confidentialité.
 L’expertise justifie un haut degré d’autonomie
institutionnelle.
 la profession octroie le droit de pratiquer.
 elle prévoie son propre code d’éthique.
 elle s’ ’auto-police’.
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La police est-elle une « profession »?
Arguments pour:
 Prestige
 Processus de sélection
 Formation de plus en plus spécialisée
Arguments contre:
 Importance de normes publiques dans l’utilisation de la force.
 Conflits d’intérêts.
 Importance « sociale » de la publicité des normes.
 Importance du « sens commun » autant que de l’ »expertise ».
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5) La police et la « moralité ordinaire ».
Y a-t-il une « moralité de rôle » des policiers?
L’institution policière ne remplit-elle son rôle qu’en
permettant/exigeant des policiers qu’ils enfreignent la
moralité ordinaire?
Exemple: l’avocat dans un système « contestatoire ».
 Le système ne fonctionnerait pas s’il agissait
« directement » pour la justice.
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Deux types de théorie morale:
 Déontologique: les agents doivent respecter
certaines valeurs.
 Conséquentialiste: les agents doivent promouvoir
certaines valeurs.
Le conséquentialiste peut accepter que la meilleure
manière d’atteindre un résultat moralement désirable
est de ne pas le viser directement.
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L’éthique policière devrait-elle être conséquentialiste ou
déontologique?
Considérations:
 Rôle « exemplaire » de la police.
 Danger d’accorder trop de discrétion.
 « La fin justifie les moyens ».
 « Pas d’omelette sans casser d’oeufs ».
 Réalisme.
 Efficacité.
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