Nouvelles observations sur la distribution des tortues de la

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• Chéloniens 15 • septembre 2009
Abstract : New observations on the geographical
distribution of the freshwater turtles and tortoises
of Bénin, Ivory Coast and Togo are provided.
Key words : Turtles, tortoises, geographic distribu-
tion, Bénin, Ivory Coast, Togo.
Résumé : De nouvelles localités sont recensées
pour les tortues aquatiques et terrestres de la Répu-
blique du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo.
Mots-clefs : Tortues, distribution géographique,
République du Bénin, Côte d’Ivoire, Togo.
Matériel et méthodes
Les données présentées ici ont été récoltées par
l’auteur à l’occasion de plusieurs déplacements en
Afrique de l’Ouest réalisés entre les années 1993 et
2002 (République du Bénin : du 29/08/02 au
25/09/02 ; Côte d’Ivoire : du 31/08/93 au 07/10/93 ;
du 25/07/97 au 28/08/97 ; du 27/05/00 au
13/08/00 ; du 15/08/02 au 23/08/02 ; du 03/11/02
au 11/11/02). Les recherches se sont essentielle-
ment portées sur la répartition des tortues des ré-
gions visitées. Les observations rapportées
reposent d’une part sur la capture d’animaux vi-
vants sur le terrain à l’aide de nasses (pour les tor-
tues aquatiques) ou de visu (pour les tortues
terrestres) et d’autre part sur la récolte de cara-
paces trouvées dans les restes de cuisine des villa-
geois. Qu’il s’agisse des carapaces ou des
témoignages de la population locale, les nouvelles
localités mentionnées ont toutes été vérifiées par
l’observation in situ de spécimens vivants. Les tor-
tues, qui font l’objet d’une chasse importante, sont
couramment proposées à la vente dans les mar-
chés des villes et des villages. Nous n’avons volon-
tairement pas pris en compte les observations
relatives aux espèces vendues sur ces marchés.
Les tortues qui y sont proposées proviennent par-
fois de très loin et ne reflètent absolument pas une
présence effective dans la région concernée. Toutes
les tortues examinées ont été systématiquement
mesurées, pesées, photographiées et relâchées.
Résultats
RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
PELOMEDUSIDAE
Pelomedusa subrufa olivacea
(Schweigger, 1812)
Péloméduse roussâtre occidentale
Pelomedusa subrufa olivacea semble commune en
République du Bénin où elle colonise tous les mi-
lieux aquatiques situés en savane guinéenne. Cette
espèce est active principalement en saison des
pluies.
Localités d’observation (5) : Bohicon, Dpt du Zou,
06/09/02 ; Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Kétou, Dpt
de l’Ouémé, 05/09/02 ; Tanoué-Hessou, Dpt du
Zou, 09/09/02 ; Zogbodomé, Dpt du Zou, 09/09/02.
Pelusios castaneus (Schweigger, 1812)
Péluse de Schweigger
Pelusios castaneus est très commune dans tous les
milieux aquatiques répartis sur la côte (lagunes,
marécages) et à l’intérieur du pays. Les populations
qui vivent dans les marécages côtiers présentent
une couleur générale noire (plastron doté d’une
zone centrale claire) alors que celles présentes en
savane guinéenne sont brun clair sans tache noire.
Pelusios castaneus est capturée à l’hameçon esché
de vers de terre, de morceaux de poisson ou de
noix de palme.
Localités d’observation (37) : Adjaha, Dpt du
Mono, 13/09/02 ; Adjara, Dpt de l’Atlantique,
Nouvelles observations sur la distribution des tortues
de la République du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo
(Chelonii : Pelomedusidae, Trionychidae, Testudinidae)
J
ÉRÔME
M
ARAN
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Chéloniens 15 • septembre 2009
24/09/02, entre Pahou et Tori-Bossito ; Adjohoun,
Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Affamè, Dpt de
l’Ouémé, 01/09/02 ; Agbodji, Dpt du Mono,
12/09/02, dans la rivière Kouffo et les marécages
adjacents ; Aguégué, Dpt de l’Ouémé, 17/09/02 ;
Aholouyèmè, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Ahozon,
Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, sur la RNIE 1, entre
Pahou et Ouidah ; Atchanou, Dpt du Mono,
11/09/02 ; Atchonsa, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ;
Athiémè, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Avlékété, Dpt de
l’Atlantique, 24/09/02 ; Avrankou, Dpt de l’Ouémé,
02/09/02 ; Bonou, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ;
Bopa, Dpt du Mono, 12/09/02, dans le lac Ahémè ;
Dédékpoè, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Djavi, Dpt de
l’Ouémé, 20/09/02, situé à mi-chemin entre les vil-
lages Malanwi et Medédjonou ; Djérègbé, Dpt de
l’Ouémé, 20/09/02 ; Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ;
Ganvié, Dpt de l’Atlantique, 25/09/02 ; Gbaffo, Dpt
du Zou, 06/09/02, situé en bordure du fleuve Zou à
moins d’un kilomètre du village de Domè ; Héviè-
dodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, juste après le
village de Kokokodji ; Houdjava, Dpt de l’Atlantique,
24/09/02, en partant de Ahozon à deux kilomètres
vers l’Océan ; Hounviguè, Dpt de l’Ouémé,
01/09/02 ; Hovidokpo, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02,
situé peu après le village Dja à la frontière du Nigeria ;
Kétonou, Dpt de l’Oué, 20/09/02 ; Kokokodji, Dpt
de l’Atlantique, 24/09/02, RNIE 1 ; Kokotomè, Dpt de
l’Atlantique, 24/09/02 ; Kpokissa, Dpt du Zou,
08/09/02 ; Koussoukpa, Dpt du Zou, 06/09/02, dans
la rivière Hounto ; Lac Nokoué, Dpts de l’Atlantique
et de l’Ouémé, 31/08/02 ; Lokossa, Dpt du Mono,
11/09/02 ; Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Pahou,
Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, RNIE 1 ; Tanoué-Hes-
sou, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Tohouè, Dpt de l’Omé,
20/09/02 ; Towe Akpa, Dpt de l’Omé, 01/09/02 (vil-
lage situé à mi-chemin entre les villages Atchonsa et
Affame) ; Zogbodomé, Dpt du Zou, 09/09/02.
1:Pelusios castaneus, femelle adulte, vue
latérale de la tête, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique,
24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin.
2:Pelusios castaneus, femelle adulte,
vue dorsale, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique,
24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin.
3:Pelusios castaneus, femelle adulte,
vue ventrale, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique,
24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin,
à noter le plastron entièrement noir de ce spécimen.
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Pelusios niger (Duméril & Bibron, 1835)
Péluse à bec crochu
Pelusios niger se rencontre essentiellement dans
les marécages côtiers caractérisés par des eaux
noires et une végétation constituée de nénuphars,
de Cyperus papyrus, de jacinthes d’eau et de Sal-
vinia. Elle vit également dans les rivières à courant
plus ou moins important. La végétation terrestre
basse comprend des palmiers raphia et de nom-
breuses fougères. Elle vit en syntopie avec Pelusios
castaneus.
Localités d’observation (6) : Avrankou, Dpt de
l’Ouémé, 02/09/02 ; Djavi, Dpt de l’Ouémé,
20/09/02, situé entre Malanwi et Medédjonou ; Ké-
tonou, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Lac Nokoué,
Dpts de l’Atlantique et de l’Omé, 20/09/02 ;
Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Tohouè, Dpt de
l’Ouémé, 20/09/02.
TRIONYCHIDAE
Trionyx triunguis (Forsskål, 1775)
Trionyx du Nil
Le Trionyx du Nil n’a pas été observé directement
mais à partir de photos de l’espèce ; de nombreux
pêcheurs du village Hounviguè (Dpt de l’Ouémé,
01/09/02) l’ont formellement identifié. Ils nous ont
certifié qu’il était jadis communément pêché et
consommé mais que sa capture demeure au-
jourd’hui exceptionnelle. Les locaux ne la considè-
rent pas comme une tortue à cause de sa
morphologie générale atypique.
TESTUDINIDAE
Kinixys belliana nogueyi (Lataste, 1886)
Cinixys de Bell
Kinixys belliana nogueyi est largement répandue sur
l’ensemble du territoire où elle se rencontre unique-
ment dans les milieux de type savane guinéenne.
Le faible nombre de localités d’observations récol-
tées s’explique par le fait que les prospections se
sont concentrées essentiellement sur la côte. Mais
il ne fait pas de doute qu’il s’agisse de l’une des es-
pèces les plus communes en République du Bénin.
Localités d’observation (10) : Adakplame, Dpt de
l’Ouémé, 05/09/02 ; Dassa, Dpt du Zou, 09/09/02 ;
Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Forêt du Dogo, Dpt
de l’Ouémé, 05/09/02 ; Forêt de Kétou, Dpt de
l’Ouémé, 05/09/02 ; Kétou, Dpt de l’Ouémé,
05/09/02 ; Koussoukpa, Dpt du Zou, 06/09/02 ;
Kpokissa, Dpt du Zou, 08/09/02 ; Sè, Dpt du Mono,
11/09/02, RN2, entre Lokossa et Comè ; Sodji, Dpt
de l’Ouémé, 05/09/02.
Kinixys homeana (Bell, 1827)
Cinixys de Home
Kinixys homeana n’était pas connue au Bénin (Iver-
son, 1992 ; McCord et al., 2005 ; Bour, 2006) où elle
occupe les dernières forêts existantes comme par
exemple la fot de Ko (appelée aussi forêt de
Lama). Kinixys homeana est également psente
dans la forêt galerie de la rivière Zou. Cette espèce
inféodée à la forêt dense humide sempervirente et
semi-décidue est à rechercher dans toutes les fo-
rêts encore existantes y compris dans les forêts ga-
leries qui bordent les rivières et les fleuves du pays.
La Cinixys de Home est une espèce en danger qui
disparaîtra de la République du Bénin si aucune
mesure visant à la protéger n’est prise rapidement.
Localités d’observation (3) : Domè, Dpt du Zou,
08/09/02, dans la forêt galerie du Zou ; Don-Zou-
koutoudja, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Forêt de Lama,
Dpt du Zou, 09/09/02.
Utilisation des tortues
Dans tous les marchés des grandes villes, les tor-
tues sont vendues soit pour l’alimentation ou soit
parce qu’elles rentrent dans la composition de mé-
dicaments traditionnels. Les espèces les plus cou-
ramment commercées sont Pelusios castaneus,
Pelusios niger,Pelomedusa subrufa olivacea,Cy-
clanorbis senegalensis,Kinixys belliana nogueyi et
de manière plus anecdotique Kinixys homeana. Les
tortues marines sont également représentées par
Dermochelys coriacea, Eretmochelys imbricata et
Lepidochelys olivacea (marché de Cotonou, le
30/08/02). Les dossières, les plastrons et les crânes
des tortues sont vendus séparément. Ils sont utili-
sés comme ingrédients dans l’élaboration de mé-
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4:Pelusios niger, mâle
adulte, vue d’ensemble,
Sado, Dpt de l’Ouémé,
02/09/02, Bénin.
5:Pelusios niger,
femelle adulte, vue d’ensem-
ble, Sado, Dpt de l’Ouémé,
02/09/02, Bénin.
6:Pelusios niger, mâle
et femelle adultes,
vue ventrale, Sado, Dpt de
l’Ouémé, 02/09/02, Bénin.
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dicaments destinés à soigner les problèmes intes-
tinaux, les maux de reins ou les brûlures de la peau.
Les fétichistes les vendent également pour les sa-
crifices vaudous. Dans ce cas, seul le sang est uti-
lisé dans les rites alors que la chair est consommée.
Pour guérir les hémorroïdes, des escargots (Acha-
tina sp.) mélangés à des tortues rouges (Kinixys ho-
meana ou Kinixys belliana nogueyi sont nommées
« tortues rouge » par les populations locales en rai-
son de la couche de latérite rouge qui recouvre par-
fois leur carapace) sont brûlés jusqu’à complète
calcination. La poudre fine ainsi obtenue est mélan-
gée avec de l’huile de palme jusqu’à former une
pommade. Cette dernière est appliquée localement
et mangée par petite quantité le matin et le soir pen-
dant huit jours. Pour lutter contre la sorcellerie, les
carapaces de tortues noires (Pelusios castaneus et
Pelusios niger) sont écrasées et mélangées dans le
canari (petit récipient) avec des morceaux d’oiseau
charlatan et de vautour ainsi que du poivre de gui-
née. L’ensemble est brûlé et la poudre obtenue est
mélangée avec du lait ou une boisson alcoolisée.
Une autre préparation permet de lutter contre la
vieillesse : la tortue rouge est calcinée et la poudre
ainsi obtenue est mélangée à du savon noir. L’en-
semble est appliqué sur le corps quotidiennement.
Le 31 août 2002, nous visitons les marchés de
Porto Novo (Ahouangbo, Ouando et Grand Mar-
ché). De nombreuses Pelusios castaneus, Pelusios
niger, Kinixys belliana nogueyi et Kinixys homeana
sont observées vivantes à chaque reprise. Les Ki-
nixys homeana sont vendues 4000 FCFA/pièce
alors que les Kinixys belliana nogueyi sont propo-
sées à 3000 FCFA/pièce. Les tortues vivantes sont
vendues essentiellement par les femmes qui les
conservent dans des paniers à poules, ronds à leur
base et de forme pyramidale. En plus des tortues,
les femmes proposent également des poules et des
canards. Au marché d’Ahouangho, les vendeuses
affirment que les Kinixys homeana proviennent des
forêts du Dogo et de Kétou. Ces informations n’ont
pas pu être confirmées sur le terrain, c’est la raison
pour laquelle ces localités ne sont pas retenues
dans le présent travail.
TOGO
PELOMEDUSIDAE
Pelomedusa subrufa olivacea
(Schweigger, 1812)
Péloméduse roussâtre occidentale
Pelomedusa subrufa olivacea est commune sur
l’ensemble du territoire dans tous les milieux de
type savane guinéenne.
Localités d’observation (2) : Sansanné-Mango, ré-
gion des Savanes, dans le fleuve Oti, 09/10/02 ;
Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02.
Pelusios castaneus (Schweigger, 1812)
Péluse de Schweigger
Pelusios castaneus est présente dans les tous les
milieux marécageux (type bas-fonds) situés notam-
ment en bordure des grands cours d’eau. Les tor-
tues qui vivent en savane présentent une couleur
typique marron clair alors que celles présentes dans
les marécages côtiers possèdent une couleur gé-
nérale noire (dossière noire et plastron avec une
zone périphérique noire et une zone centrale claire).
Localités d’observation (2) : Koumoungou, Région
des Savanes, situé à 20 km au sud de Sansanné-
Mango sur la N17, dans les bas-fonds adjacents au
fleuve Koumoungou, 07/10/02 ; Sansanné-Mango,
région des Savanes, dans le fleuve Oti, 10/10/02 ;
TRIONYCHIDAE
Cyclanorbis senegalensis
(Duméril & Bibron, 1835)
Trionyx à clapets du Sénégal
Cyclanorbis senegalensis est commune dans toutes
les collections d’eau telles que les fleuves, les ri-
vières et les marécages. Sa chair, considérée
comme très douce, est recherchée par les popula-
tions humaines locales. Cette tortue est également
une source de revenu. Son prix dépend de sa taille
et oscille entre 1500 et 5000 FCFA (entre 2,28 et
7,62 euros). Beaucoup de Ghanéens traversent la
Pelomedusa subrufa, femelle adulte, vue d’ensemble,
Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02, Togo.
Pelomedusa subrufa, mâle et femelle adultes, vue ventrale,
Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02, Togo.
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Localités d’observation (5) : Sansanné-Mango, ré-
gion des Savanes, dans le fleuve Oti, 06/10/02 ;
Koumoungou, région des Savanes, dans le fleuve
Koumoungou, 07/10/02 ; Koumongoukan, région
des Savanes, dans le fleuve Oti, 08/10/02 ; Nandoti,
région des savanes, 08/10/02, situé à 11 km de
Sansanné-Mango sur la N.23 ; Tchanaga, région des
savanes, 09/10/02, situé à 16 km au nord sur la N.41.
Trionyx triunguis (Forsskål, 1775)
Trionyx du Nil
Trionyx triunguis n’était pas mentionné au Togo (voir
Iverson, 1992). Un exemplaire fraîchement capturé
a été observé dans la retenue de Nangbéto. L’es-
pèce est à rechercher dans les milieux aquatiques
qui lui sont favorables comme par exemple les ri-
vières, les fleuves (fleuves Mono, Oti) mais aussi les
lacs et les lagunes côtières.
Localité d’observation (1) : Retenue de Nangbéto,
région des plateaux, 14/10/02.
TESTUDINIDAE
Kinixys belliana nogueyi (Lataste, 1886)
Cinixys de Bell
Cette espèce est commune dans les milieux de
type savane guinéenne.
Localités d’observation (2) : Dayes Élavagnon,
plateaux de Danyi, région des plateaux, 17/10/02 ;
Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02.
Kinixys homeana (Bell, 1827)
Cinixys de Home
Kinixys homeana nétait pas connue au Togo (Iverson,
1992 ; McCord et al., 2005 ; Bour, 2006) où elle est p-
sente dans les massifs forestiers encore existant
comme par exemple les forêts des plateaux de Danyi.
D’après les locaux qui la consomment, cette esce
se nourrit de noix de palme, de charbon et de cham-
pignons. Elle est à rechercher dans les dernres forêts
présentes dans les régions des Plateaux et du Centre.
Localités d’observation (1) : Kpélé Elé, région des
plateaux, 17/10/02.
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• Chéloniens 15 • septembre 2009
frontière proche pour venir acheter des tortues. Ce
sont des Manpouchis ou des Achanti qui en ont be-
soin pour fabriquer des fétiches. Les tortues sont
pêchées principalement pendant la saison sèche
(notamment entre les mois de janvier et février). Les
pêcheurs utilisent trois méthodes pour les capturer.
La première consiste à disposer dans toute la lar-
geur du cours d’eau un fil de nylon totalement im-
mergé. Sur ce fils, des cordelettes longues de vingt
centimètres et terminées par un hameçon (numéro
14) dépourvu d’appât sont attachées tous les dix
centimètres. Plusieurs centaines d’hameçons sont
nécessaires. Tous les trente six hameçons, un flot-
teur et un caillou sont accrochés de manière à lester
la ligne. Cette dernière doit couler suffisamment
sans pour autant toucher le fond de la rivière. Il faut
qu’elle demeure en suspension pour permettre aux
nombreux hameçons de rester en eau libre. C’est
en nageant que la tortue se fait prendre par les ha-
meçons au niveau du cou et le plus souvent aux
pattes avant. Cette technique est également utilisée
à terre pour capturer le petit gibier sauvage (lapins,
perdrix et pintades). Le second système consiste à
attacher au bout des hameçons des vers de terre
ou des morceaux de poisson. Les hameçons sont
placés les uns des autres à une distance comprise
entre 1,50 m et 2 m. La troisième méthode
concerne l’utilisation de nasses qui sont placées
dans les endroits du fleuve où le courant est faible.
Les tortues vont souvent dans ces endroits pour se
reposer. Les nasses sont enfouies dans les herbes
immergées, et les tortues se font prendre facilement.
La dernière méthode fait référence à l’utilisation plus
classique d’un filet de pêche qui facilite la capture
de poissons mais également de tortues. Une fois les
animaux capturés, ils sont soit consommés le jour
même ou alors conservés à l’intérieur de l’habitation
dans un coin frais. L’endroit où est conservée la tor-
tue est tenu humide afin qu’elle ne se déshydrate
pas. La plupart du temps, la tortue s’enterre dans le
sol meuble. Elle peut être conservée vivante pen-
dant au moins trois mois avant d’être consommée.
Cyclanorbis senegalensis, mâle adulte, vue d’ensemble, Sansanné-Mango, région des Savanes,
dans le fleuve Oti, 06/10/02, Togo.
Cyclanorbis senegalensis, mâle adulte,
vue ventrale, Sansanné-Mango,
région des Savanes, dans le fleuve Oti,
06/10/02, Togo.
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Chéloniens 15 • septembre 2009
Pelusios cupulatta Bour & Maran, 2003
Péluse à dos rayé
Cette espèce s’apparente à Pelusios niger mais
également à Pelusios gabonensis avec lesquelles
elle a longtemps été confondue (voir Bour & Maran,
2003). Pelusios cupulatta vit dans les régions de fo-
rêts denses humides sempervirentes et semi-déci-
dues. Il se rencontre dans les rivières forestières
caractérisées par des eaux noires et un courant
pouvant être important. On le retrouve également
dans les bas-fonds (marécages à eau calme, peu
profonde et à végétation importante) ainsi que dans
les mares forestières. En saison sèche, les tortues
occupent les rivières forestières alors que durant la
saison des pluies, les animaux (surtout les juvéniles)
investissent les milieux forestiers inondés.
Localités d’observation (12) : Rivière Brimé, située
entre San Pédro et Monogaga, 07/11/02 ; San
Pedro, 20/08/02 ; Guikla, 01/06/00, situé à 7 km de
Grand-Bérébi, sur la route goudronnée en direction
de San Pedro ; Rivière Davo, 15/06/00 ; rivière Sou-
mié, route A100, entre Grand-Bassam et Aboisso,
peu avant Assouba ; Divo, 1997 ; Didoko, 1997 ; Ri-
vière Méno, 2000 ; Forêt de Taï, 2000 ; Mani, 2000 ;
Rivière Dodo, 2000 ; Grand-Bérébi, 2000.
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• Chéloniens 15 • septembre 2009
TE D’IVOIRE
PELOMEDUSIDAE
Pelomedusa subrufa olivacea
(Schweigger, 1812)
Péloméduse roussâtre occidentale
Pelomedusa subrufa olivacea est largement répan-
due en Côte d’Ivoire où elle occupe la zone de forêt
claire et de savane guinéenne ainsi que la zone
préforestière. Cette espèce investit tous les mi-
lieux aquatiques calmes en milieu ouvert (mares,
étangs, lacs et savanes inondées). Dans les envi-
rons de Bouaké, les enfants piègent régulièrement
cette espèce en utilisant une technique particu-
lière. Cette dernière consiste à utiliser deux
cannes, dont l’une est équipée d’un petit mor-
ceau de polystyrène, au bout du fil de pêche. L’un
des pêcheurs agite le morceau de polystyne à
la surface de leau pour provoquer des vibrations
qui attirent les tortues. À la seconde ligne, un cri-
quet est accroché à un petit hamon. Intriguée
par les vibrations à la surface de leau, la tortue
quitte le fond de la mare et cherche à se saisir de
l’insecte. À ce moment précis, lenfant ferre d’un
grand coup sec en parvenant à piéger la tortue.
Les tortues de petite taille sont conservées vivantes
tandis que les plus grosses sont revendues sur
les marchés.
Localités de récolte (2) : Béoumi, 19/06/00 ;
Bouaké, 27/06/00.
Pelusios castaneus (Schweigger, 1812)
Péluse de Schweigger
Pelusios castaneus est commune tout le long de la
côte où elle investit les marécages, les lacs et les
lagunes. On la retrouve à l’intérieur des terres sur
l’ensemble du territoire mais de manière plus ponc-
tuelle. Dans le Nord du pays, elle fréquente surtout
les zones inondées en bordure des grands fleuves
et des lacs importants. Les tortues qui vivent en sa-
vane présentent une couleur typique marron clair
alors que celles présentes dans les marécages cô-
tiers possèdent une couleur générale noire (dos-
sière noire et plastron avec une zone périphérique
noire et une zone centrale claire). Pelusios casta-
neus est régulièrement capturée et consommée par
les populations locales.
Localités de récolte (3) : Béoumi, 19/06/00 ; Bodo-
kro, 21/06/00 ; Grand-Bassam, 30/07/97.
Pelusios castaneus, femelle adulte,
Bouaké, Côte d’Ivoire.
Pelusios cupulatta, mâle adulte, vue dorsale et ventrale,
rivière Brimé, située entre San Pédro et Monogaga,
07/11/02, Côte d’Ivoire.
Pelusios cupulatta, mâle adulte, vue d’ensemble, rivière Brimé,
située entre San Pédro et Monogaga, 07/11/02, Côte d’Ivoire.
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