IRC - UE 3-3 GESTION SOCIALE DES

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Université de Montpellier II
M1 "Interactions Bioculturelles:
ethnobiologie et écologie humaine"
Une perspective socioanthropologique des relations
Milieux/Sociétés
Bernard Moizo
Socio-anthropologue IRD
UR199
Novembre 2009
Dynamiques socio- environnementales et
gouvernance des ressources
Tensions croissantes sur les ressources, la
dynamique de ces ressources et les impacts de
leur utilisation = des crises et conflits multiformes
(questions centrales de développement et de la
recherche sur/pour le développement).
Dynamiques, crises et conflits : une double
dimension : environnementale et gouvernance
La mise en avant du développement durable
comme nouveau référentiel d’action, aussi bien
localement que globalement, exprime la
convergence de ces deux dimensions.
action publique : dimensions environnementales et
de gouvernance du développement entraînent
d’importantes évolutions dans les objectifs, les
formes et les modalités des politiques et des
pratiques.
Redéfinir les relations entre le champ social au
sens large (social, économique, politique,
institutionnel) et le champ biotechnique (modes et
techniques d’exploitation, d’usage, ou de
production des ressources).
Nouveaux enjeux pour la recherche sur
l’environnement et le développement en intégrant
un dialogue renforcé entre sciences biologiques,
techniques et sociales, et une prise en compte des
relations entre différentes échelles d’action et de
régulation.
Champ général d’investigation les relations
des sociétés à la « nature » et les relations
entre les membres de ces sociétés, dans
leur rapport à la « nature ».
Les innovations dans les mécanismes, les
formes et les institutions de régulation
L’apparition de nouveaux acteurs ou de
nouvelles fonctions sociales
Les nouvelles dynamiques sociales et la
redéfinition des territoires ou des identités
Préfixe : ethno- « * »
Ethnographie : étude d’une société
Particulière (pratiques, monographie)
Ethnologie : comparaison de deux
ou plusieurs sociétés (représentations,
ouvrages plus théoriques)
Anthropologie : vers une « universalité »
des faits sociaux (traits récurrents
(structures), anthropologie économique)
l’Homme en société
Un objet qui pense, qui parle et qui
classifie
La langue spécifie les entités naturelles ou
surnaturelles, matérielles ou immatérielle
que le monde contient (ou ne contient pas)
La culture précise les relations que ces
entités peuvent ou ne peuvent pas, doivent
ou ne doivent pas entretenir entre elles.
Il en résulte
une manière de voir le monde et
d’interagir avec lui
l’Homme producteur de société
Humains différents des autres
espèces sociales, ne vivement pas
seulement en société: ils produisent
de la société pour vivre
Humains : capacité de transformer les
modes d’existence matérielle (leurs
rapports à la nature) et sociale
(l’organisation de leur vie en
commun) Godelier 2008
Jalons disciplinaires
Déterminisme : Cartographier les sociétés, leurs
coutumes et interpréter leurs spécificités en fonction des
milieux
Possibilisme : Facteurs du milieu ne sont pas des
conditions nécessaires mais des conditions possibles, des
possibilités qui sont nullement déterminantes. Selon
époques et circonstances inhérentes aux groupes humains,
un même site peut être utilisé de manière très différente
Écologie culturelle :Évolution multilinéaire (Steward,
1955). Intégration des contraintes environnementales pour
décrire l’évolution des sociétés. L’adaptation des sociétés à
l’environnement est culturelle
Argument central : la
terre est indépendante
de l'homme, mais
l'homme en revanche
lui doit tout.
Montesquieu, de Rousseau, de
Adam Smith et des
physiocrates
Effet sur les sociétés :
Les plus « pauvres en
culture » sont telles
parce qu’elles vivent
dans des milieux
extrêmes. La
contrainte écologique
est forte, le temps est
tout entièrement
consacré à la survie.
« Donnez moi la carte d’un
pays, sa configuration, son
climat, ses eaux, ses vents
et toute sa géographie
physique ; donnez-moi ses
productions naturelles, sa
flore, sa zoologie et je me
charge de vous dire a priori
quel sera l’homme de ce
pays et quel rôle ce pays
jouera dans l’histoire, non
pas accidentellement, mais
nécessairement ; non pas
à telle époque, mais dans
toutes » (COUSIN, cité par
Lucien FEVRES , 1970 : 20 ;
BARRAU, 1975 : 9)
De l’évolutionnisme au
fonctionnalisme
Ethnocentrique
Le découpage des sociétés en morceaux (techniques,
religieux, économiques, politique…) et leur comparaison est
une abstraction.
Fonctionnalisme
Pour chaque société, nous sommes en présence d’un Tout qui
possède une cohérence et qui fonctionne. Chaque réalisation
est particulière, mais achevée
Impasse pour l’étude du dynamisme
Milieux et techniques : Tendance et
fait technique
LEROI-GOURHAN A. 1973 (1945) :
Milieu et technique; Archéologue et
technologue.
La « tendance technique » tient à la nature
même de l’évolution des techniques.
Le « fait technique », à l’inverse de la
tendance, est « indissolublement lié au
milieu dans lequel il se produit».
Pour Leroi-Gourhan, l’invention et
l’adoption soulèvent le même problème :
pourquoi une technique se fixe-t-elle ou
non dans une culture.
L’écologie et la Phytogéographie
Le terme écologie est
proposée par Ernst
HEACKEL en 1866, en tant
que science
de l'habitat.
La création du parc de
Yellowstone aux
États-unis (1872)
La première société
d’écologie est fondée
à Londres en 1913
Le Projet Manhattan en
1942 marque le
début de «l’âge de l’écologie»
A la suite des expéditions
coloniales et scientifiques,
le corpus d'espèces
végétales augmente
considérablement
18 000 espèces connues en
1800
40 000 en 1826
2 constats:
a) Corrélations entre climat et
formes des végétaux.
b) Les traits morphologiques
et structuraux des plantes
variaient suivant le milieu
dans lequel elles vivent
• => Expliquer la répartition
Ethnoscience
L’ethnoscience s’intéressent à l’ensemble
des rapports des sociétés à leur milieu =
toutes les disciplines d’interface
consacrées aux relations sociétés environnement
Contrairement aux courants culturalistes
de l’anthropologie, l’ethnoscience
s’intéressent aux rapports des sociétés à
leur milieu = réinscription de l’humain dans
un ensemble de relations sociales, mais
intègrent aussi des dimensions
écosystémiques.
Ces deux écoles,
l'ethnoscience, qui
met l'accent sur les
aspects cognitifs des
cultures, et l'écologie
culturelle, centrée
autour du paradigme
de l'adaptation, sont à
peu près
contemporaines de
l'ethnoécologie.
Pourtant, ce dernier
concept, ou cette
désignation, a mieux
traversé ces
décennies et reprend
en quelque sorte du
service sous
l'influence des
paradigmes de
développement
«durable» et
«soutenable».
Pour les ethnologues, ce qui est
fondamental, c'est de rendre compte des
catégories sémantiques, des
connaissances, de la vision du monde
indigène, dans le cadre d'une société
donnée et donc d'une certaine organisation
sociale qui, seule, permet de comprendre
comment nature et culture s'articulent, de
l'intérieur, alors qu'une partie de
l'ethnobiologie, toujours dominée par les
ethnobotanistes, continue à travailler dans
l'optique de la botanique tropicale. Il s'agit
pour ces chercheurs avant tout de rendre
compte, de l'extérieur, de l'utilisation des
plantes par un peuple, de ce que l'on a
appelé les plantes utiles.
L’ouverture aux autres disciplines
Jusque dans les années 80, nette propension à la
monodisciplinarité, soit refus de l’anthropologie
d’avoir recours aux autres disciplines, en
particulier les sciences naturelles, soit parce que
ces disciplines ont une perception partielle,
partiale et réductrice de l’apport possible de
l’anthropologie
Sur la question environnementale la
pluridisciplinarité s’impose à devenir
incontournable pour faire que la démarche fasse
sens.
Jalons disciplinaires
Prise en compte des rapports des sociétés
à la nature est inhérente et
consubstantielle à la démarche
anthropologique
les premiers grands ethnographes étaient
aussi des naturalistes
Le fait est que le binôme sociétés/nature a
progressivement vu un écart se
matérialiser entre ses deux composantes
une rupture de fonds entre naturalistes et
humanistes
Nouveaux repères ?
L’objet « environnement », plutôt un objet
imposé, induit des changements notoires
dans la pratique anthropologique
Ph Descola : Premier ouvrage (sa thèse)
« La nature domestique », résume bien sa
démarche de dépassement de l’opposition
entre une approche anthropologique
réduisant la « nature (à un simple) objet
d’exercice de la pensée » et le « projet
délirant » du réductionnisme écologique
« postulant une détermination totalisante
de la société par l’environnement »
Une démarche qui intègre une perspective
historique et l’idée de « transformations »
et qui va en ce sens à l’encontre des
perspectives structuralistes largement
dominante en France.
Renversement de perspective sur les
objets environnementaux : avant point de
départ un groupe culturel, considéré
comme une « société », aujourd’hui un
objet anthropologique peut être la
biodiversité, la forêt ou l’eau.
Une observation du réel comme un
« laboratoire de l’homme et des relations
sociales »
Comprendre la construction des relations de
l’homme à la nature
Les référentiels théoriques
La philosophie. Le paradigme de la
modernité: toujours d’actualité?
Les nouvelles philosophies de la nature
(Latour, Larrère)
L’approche anthropologique:
Domestication de la nature (Godelier,
Descola) et savoirs indigènes des
ethnobotanistes (Haudricourt, Barrau,
Ellen)
L’écologie politique: la gestion de la nature
dans la construction des Etats: par
l’exclusion et le conflit
Opposition centre / périphérie (local / global)
(sur la forêt: Dove, Doornboos)
L’anthropologie et l’explicitation de la
Domestication de la nature
Domaine de l’idéel
Domaine du matériel
et du social
Investissement et
appropriation
symboliques (mythes,
définition des
proximités et des
limites, noms et
classifications)
Constitution des
représentations et des
savoirs
Constitution des
savoirs, des pratiques
et savoir-faire
Mise au point des
techniques
Investissement et
appropriation
institutionnels (droits,
devoirs,
responsabilités,
relations sociales
autour de l’utilisation
de la nature)
Relations Sociétés Milieux
Chaque catégorie parle depuis sa
propre place, à partir de ses propres
représentations et des normes
(collectives et individuelles) qui en
découlent, de son imaginaire, de son
histoire et de son éducation, en
fonction de ses propres aspirations et
objectifs
Problème de la légitimité respective
de chaque groupe
Une nouvelle donne mondiale
« Le 20e siècle a marqué une RUPTURE
dans l’histoire, sinon des hommes, du
moins de notre civilisation. C’est la double
conscience de notre POIDS dans la
dynamique de la biosphère et de notre
totale DEPENDANCE vis-à-vis de celle-ci.
C’est ce que traduit le concept de
BIODIVERSITE et l’affichage d’un
OBJECTIF MONDIAL de
DEVELOPPEMENT DURABLE »
(Barbault et Chevassus-au-Louis 2005)
Biodiversité: évolution du concept et SHS
Années 80: un
concept de biologistes
Renouvellement des
approches scientifiques
« naturalistes »
(identification,
description,
quantification,
fonctionnement et rôle)
Mais aussi une
nouvelle « toile de
fond » pour penser les
activités humaines
Années 90 (Rio 1992):
La biodiversité en
politique et dans la
logique marchande
repositionnement du
rapport de l’homme à
la nature et du rapport
Nord/Sud
Nouvelle norme globale
d’organisation et de
régulation des
rapports de l’homme à
l’environnement
Nouvel encadrement
politique global et
national
Bouleversement des
pratiques (réintégrer
l’homme, valoriser pour
mieux protéger, se
concerter)
Années 2000 (Johannesburg 2002): La
biodiversité dans la dialectique de la
mondialisation et des changements globaux
Biodiversité et lutte contre la pauvreté, les
inégalités et les maladies émergentes
Biodiversité et développement des échanges
marchands généralisés
Bouleversement des échelles (le local ne suffit
plus, le local et le global sont indissolubles)
La reconsidération des savoirs locaux
Avant années 75/80:
pratiques traditionnelles = archaïques, frein au développement
Années 80 : la transition
processus d’acculturation des populations locales et montée des
problèmes environnementaux
reconsidération des intérêts portés à ces savoirs traditionnels
Aujourd’hui :
savoirs locaux = porteurs d’un avenir
pour secteur privé et sociétés civiles
politique « développementiste » (durabilité, participation, soutien...)
Les savoirs (naturalistes) des
communautés autochtones
Longtemps méprisés et rejetés (archaïques
ou dégradants)
Réhabilités:
Diversité culturelle partie de la biodiversité:
Objet d’étude et de conservation
Garants de la préservation de la diversité
biologique: Instrument de gestion (rechercher
dans les pratiques qui leur sont associées des
alternatives aux modèles dominants de
production)
Une mine d’informations : Instrument de
valorisation, enjeu économique, source de
richesse
Mais de nombreuses questions pour la
recherche
Quels savoirs (naturalistes et autres)?
Comment les aborder?
Quelle pertinence pour la conservation ou le
DD?
Entre production et conservation, peut-on
désormais penser autrement la gestion de la
nature ?
Quelles évolutions dues à l’intégration dans
des dynamiques globalisantes (soumis aux
politiques internationales et nationales, au
marché, à des protections juridiques)
On reconnaît aujourd'hui que:
Les peuples vivant dans un certain milieu naturel ont des
connaissances qui leur permettent de le gérer, souvent de
façon durable, puisqu’ils n‘y ont pas épuisé les ressources
naturelles.
Les peuples revendiquent un droit à l'autonomie, ou du
moins à la prise en compte de l'occupation de leur territoire
(préservation des droits de chasse, pêche, agriculture). Bien
souvent, cette reconnaissance se heurte à une
méconnaissance, plus ou moins intéressée, de l'Etat et de
ses représentants qui ne peuvent (veulent) tenir compte de
ce qu'ils ne connaissent pas.
Que le dialogue entre les scientifiques ou gestionnaires et
ces peuples nécessite le recueil de ce savoir écologique, de
ces pratiques, par des spécialistes.
Conflits autochtones-migrants et accès aux
espaces forestiers dans le Sud Ouest malgache
Préambule
La culture malgache
comporte des
mécanismes qui
tendent
à estomper les
difficultés,
à "feutrer" tensions et
conflits,
à afficher les images
d'union ( et non de
scission) et de
"fivahanana" (la relation
qui unit entre eux les
parents) même lorsque
de sérieux problèmes
existent.
La nature fortement
connotée, la surnature
présente partout, le
hommes peuvent
passer de pactes afin
de s’allier les bonnes
grâces d’entités
surnaturelles, mais
dangers + tabous…
Contexte
Ouest et Sud Ouest de Madagascar, depuis plus
vingt ans, crise écologique grave.
Dégradation de la forêt : accélération.
L'immigration rurale, ancienne et structurelle, forte
amplification
Extension des défrichements spectaculaire et
incontrôlée.
Modes d'exploitation du milieu : systèmes de
culture extensifs de type « défriche-brûlis » un
élevage pastoral avec feux de brousse
Croissance rapide des villes demandes + en +
fortes en charbon de bois.
La forêt, très sollicitée, de plus en plus dégradée
et morcelée.
Les ressources en sol sont elles aussi menacées
de dégradation, voire de disparition.
Approche et enjeux
Bilan afin d’associer le processus de déforestation
à de profonds changements dans la perception du
territoire forestier, débouchant sur de nouvelles
stratégies foncières.
A Madagascar la forêt, désacralisée, est
considérée comme une potentielle source de
revenus.
Forêt : enjeu de conflits d‘accès, d’usage voire
d’appropriation, parfois violents, entre populations
autochtones et migrantes.
Disparition de la forêt = reconstruction des
territoires et des groupes sociaux.
Innovations socio-cérémonielles dans un contexte
de changements constants
Emergence de stratégies d'occupation et de mise
en valeur, de la forêt (préservée et protégée),
révélatrices d'une transformation radicale des
rapports entre des sociétés et un milieu.
Forêts du Sud Ouest + Migrations
Forêts sèches du sudouest de Madagascar
: pas de populations
forestières à part
entière.
Déforestation a débuté
dés les années 20
(Menabe), dans les
années 60 (Forêt
Mikea, RN7), et 70
(pays Bara), voir le
milieu des années 80
(Bemaraha).
Phénomène migratoire
pas nouveau à
Madagascar, mais
profonds
changements :
dynamiques et
itinéraires de
migrations,
modalités et la durée
de l’installation des
populations migrantes
Passé : migrations
individuelles et
ponctuelles, selon
deux schémas :
initiatives de
populations
autochtones, soit
main œuvre
concessions ou
plantations.
Droits sur un territoire : légitimation et continuité
d’occupation
Logique traditionnelle : droits d’un groupe sur une territoire
légitimés par l’établissement d’un équilibre stable entre le
groupe et les forces de la surnature antérieures.
Cet équilibre peut être construit :
Par alliance directe avec ces forces (cas du premier occupant
d’un lieu),
Par une alliance directe avec les premiers occupants (mariage,
fraternité de sang ou parenté à plaisanterie).
Légitimité initiale pas nécessairement durable. Nécessité
d’une continuité d’occupation et d’une gestion « normale »
des lieux
Continuité d’occupation marquée par
Installation sur place des ancêtres du groupe (construction des
tombeaux)
Détermination d’espace cérémoniels (poteaux cérémoniels) et
de lieux sacrés (tamariniers, mares, où sont déposés les
placentas des nouveau-nés du groupe, etc.).
Droits sur un territoire : légitimation et continuité
d’occupation (suite)
Gestion « normale » conditionnée par
l’homogénéité et la cohésion du groupe qui doit
faire valoir ses droits, les affirmer face aux tiers,
négocier les autorisations d’installation pour les
nouveaux arrivants.
Etre en mesure de gérer les conflits de divers
ordres (internes, humain/nature,
humain/surnature, autochtones/migrants,
communautés locales/Etat)
Pour maintien durable de la légitimité et éviter la
contestation de ses droits, le groupe doit exercer
certaines fonctions sociales.
Les plus « légitimantes » sont liées à une
prospérité « généreuse ». En général, des
rapports de clientèle qui permettent au groupe
« riche » de disposer d’obligés et de dépendants.
Migrants : passé et changements
Passé : migrants des hommes, momentanément
intégrés au réseau social local (mariage, parenté à
plaisanterie, fraternité de sang, alliance
cérémonielle) et contrôlés.
Migrants : deux buts :
amasser un pécule
retourner dans leur territoire d’origine.
Changements : combinaison de facteurs sociaux,
historiques et climatiques : migrations
graduellement amplifiées pour devenir collectives
et, parfois, définitives.
Migrants : pas l’idée de s’installer quelque part,
mais la migration un mode de vie de certains
groupes ethniques, se déplaçant au gré des
opportunités d’emplois et des campagnes
agricoles.
Conséquences des nouvelles dynamiques
migratoires
Passé groupes locaux = contrôle du nombre et installation
des migrants, empêcher leur enrichissement par des
prélèvements directs (cérémonies) ou indirects (vols
commandités) et interface entre les divinités du territoire et la
population migrante
Domination socio-religieuse et économique = érosion
graduelle puis disparition dans certaines situations.
Emergence de conflits sociaux et fonciers, de plus en plus
marqués, entre les populations autochtones et migrantes.
Erosion du pouvoir local et renfort de la cohésion de migrants
Modalités d’installation de migrants de moins en moins
contrôlées par les groupes locaux.
A présent les migrants organisent les migrations de parents
ou d’alliés, voire de groupes ethniques différents, et
contrôlent, dans une certaine mesure leur accès au foncier.
Passé : l’aménagement d’un territoire, transmis
par les ancêtres à la communauté villageoise,
permet un renforcement des liens entre les
humains (clan fondateur) et leurs référents,
mythiques ou réels (ancêtres, divinités du
territoire), via des activités cérémonielles
ostentatoires (sacrifices de zébus, offrandes des
prémices).
L’enrichissement des migrants, leur dynamisme
économique et leur forte cohésion sociale,
associés à des opportunités politiques (campagne
de mise en valeur des terres, booms agricoles,
immatriculation foncière), leur ont souvent donné
un moyen d’obtention de titres fonciers contestés
par la population autochtone sur la base du droit
foncier traditionnel.
Diverses crises liées aux conflits
Crise foncière dans le
sud ouest malgache :
conflits de droits et
rapport de force
Crise des structures
lignagères
Crise des relations
interethniques
Crise du pouvoir local
Dysfonctionnements
des systèmes de
production locaux
Résumé de la dynamique
Conflits autour d’un espace peu utilisé par les
autochtones mais fortement sacralisé et un
glissement du niveau des conflits potentiels :
Hommes et Surnature
Esprits et médiateurs (individuel + collectif)
Entre autochtones (lignages)
Entre autochtones et migrants
Différence de perception d’un même espace (forêt)
Les modes d’exploitation du milieu (éleveurs, agriculture
de marché)
Dieu de la Terre et de l’Eau et cultes
Millénaristes chez les Pwo Karens,
Ouest Thaïlande
Rappel du contexte historique
Axe commercial important,
nombreux conflits
frontaliers, zone tampon…
Karen = migrations vers
1750, avec soutien et
appui royal
Karen perçus et considérés
par les Thaïs comme
différents des autres
montagnards (“hill tribes”)
Certains ‘privilèges’
Visites de plusieurs
souverains
Fin du 19ème siècle,
changements + épidémies
1976 ouverture du PN
Thung Yai Naresuan
La vallée de Sangklaburi
noyées en 1984 (barrages
+ déplacements)
Arrivée des réfugiés Mons
Karen refus des
confrontation directes mais
replis dans la forêt dense
Frustration des Karen
Le territoire Karen : un
sanctuaire, un monde
Karen, règne de
l’harmonie, le refuge de
l’éléphant blanc…
Dès 1988 menaces
d’éviction du PN et de
déplacement
Perception de l’environnement et du Territoire chez
les Karen
Chaque village Karen a son propre dieu de la terre et de
l’eau
Forêt = divisée en trois “mondes”
Règle d’or : Préserver “l’harmonie”
Les Karen font partie de la forêt
Dieu de la Terre et de l’Eau = entité centrale du système
religieux (dans ce cas substitué par l’ Eléphant Blanc)
Karen responsables de tous les humains et de leurs
comportements sur leur territoire
Village Karen dans le Parc de Naresuan
Eléphant attelé
Etre Karen…Une harmonie fusionnelle et
complémentaire avec la forêt
Village/essart/forêt
Emprunter/restituer
Des animaux « modèles »
L’éléphant de Vessantara
Interdits et transgressions
Karen = garants d’un contrat…
Alimentation : hommes nourris par forêt et
inversement
Pas du tout statique ni passéiste, mais
« commémorer » et retracer un itinéraire +
mode de vie.
Renouveau Millénariste
Cette cérémonie a ré-émergé plusieurs fois,
toujours lors d’une crise pour les Karen
Karen : montrer leur frustration et leur
incompréhension, refus d’amalgame
Le danger est localisé à l’extérieur (du territoire,
du monde Karen), c’est les Thaïlandais (menace,
rupture, harmonie brisée)
Renouveau Millénariste (suite)
Une Nécessité impérative et vital de revenir à des
vraies valeurs Karen
Réaffirmer : une identité, de liens forts avec le
territoire, rétablir l’harmonie pour obtenir le soutien
de l’éléphant blanc
Durant saison des pluies 1991/2 fortes
inondations, les villages détruits mais pas le
sanctuaire
Résumé de la dynamique
Utilisation de symboles forts du groupe dominant
pour affirmer sa propre identité
Rituel en résonance avec ceux dédiés aux esprits
tutélaires du territoire chez els Karen
Un moyen de surmonter un dilemme : Comment
se présenter Thaï tout en maintenant des valeurs
propres aux Karen
Karen sont les hommes de la forêt, ils en font
partie intégrante, les déplacer (les en exclure) une
hérésie voire un danger, ce sont eux les garants
de l’harmonie…
Karen désireux de s’adapter mais à leur propre
rythme tout en conservant des spécificités d’un
mode de vie “Karen”.
UNE APPROCHE COMPLEXE : LA GESTION
SOCIALE DES RESSOURCES
L’étude des techniques. Les relations d'une
société avec son milieu passent,
d'évidence, par l'élaboration de techniques
d'exploitation de ce milieu L’étude de ces
relations va au-delà de la seule culture
matérielle. Elle implique qu'on connaisse
les savoirs de la société et les
représentations qu'elle se donne du milieu
(« tout ce qui lui rend son milieu à la fois
pensable et consommable») Des travaux
ont donné des exemples de techniques
remarquablement adaptées et efficaces ou
au contraire des techniques qui dépendent
plus de l'idée qui est faite d'un élément du
milieu que d'une réalité objective
L’étude de la langue. C'est un révélateur
de la compréhension du monde. Chaque
société nomme les éléments qu'elle
distingue. Les appellations, les termes
utilisés, confrontés avec le reste de la
langue (sur la parenté, l'organisation
sociale, etc.), révèlent l'intégration de
l'homme dans son milieu.
Dans plusieurs sociétés, il n'y pas
nécessairement - comme dans la pensée
occidentale - coupure conceptuelle entre
un environnement naturel et l'homme qui y
habite.
Les pratiques religieuses mêmes, car elles
intègrent des éléments naturels
On pourrait ajouter une quatrième
approche celle qui, parfois, cherche à
montrer que les choix sociaux dépendent
du mode d'appréhension ou de
représentation du milieu. Cette approche
alimente des débats théoriques généraux
sur le matérialisme écologique ou la
sociobiologie avec la réduction du social au
naturel (sociétés halieutiques dont la
division tranchée du travail conduirait à la
matrilocalité, par exemple) ; soumission de
la nature aux seules catégories mentales
vernaculaires selon l'expression de
Descola ; expression de l'identité d'une
population par rapport aux caractéristiques
de son terroir dans nos sociétés
occidentales, par exemple; statut de
l'animal dans les sociétés ..
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