d’assem bla ge
a pos te rio ri
” posant le mou -
ve ment dans son auto no mie, et éli mi -
nant “toute hypo thè se pré con çue,
toute arti cu la tion méca nis te.”
Le corps au ciné ma
se divi se en qua tres
cha pi tres dis tincts. Le pre mier s’attar -
de sur Keaton, le second sur Bresson,
le troi siè me sur Cassavetes, et le
der nier vient syn thé ti ser—sous le
titre “Une esthé ti que dés in car née”—
l’ensem ble de l’ana ly se cri ti que. Ces
cha pi tres ne fonc tion nent tou te fois
pas de maniè re auto no me, Amiel
n’hési tant pas à éta blir des paral lè les
éclai rants entre les trois cinéas tes à
l’étude, ce qui donne au livre une véri -
ta ble cohé sion. Amiel a éga le ment eu
l’excel len te idée, pour clore ses cha pi -
tres, d’inclu re dans la dis cus sion une
réfé ren ce à un créa teur con tem po rain,
de façon à met tre en relief ce qu’il
con si dè re être, pour cha que cas, une
dévia tion de la norme. À Keaton,
Bresson et Cassavetes, il oppo se donc
Chaplin, Guitry et Woody Allen.
Le cha pi tre qui porte sur Keaton nous
fait décou vrir un acteur qui se déta che
réel le ment de la vogue bur les que de
son épo que, et qui arri ve, grâce au
mutis me de sa phy sio no mie et de
l’extrê me acui té de son corps, à effec -
tuer des cour ses et des acro ba ties pro -
pres à “une autre logi que.” Amiel fait
remar quer, en effet, que le corps de
Keaton prend en char ge les enchaî ne -
ments de ses ges tes et mou ve ments
avec une pré ci sion, une rigueur, qui lui
don nent une gran de liber té. Son corps
est comme déta ché, il s’affir me indé -
pen dam ment de la nar ra tion; son
visa ge, en rup ture avec la psy cho
lo -
gie nais san te du ciné ma nar ra tif
puisqu’aucu ne émo tion ne peut y être
déce lée, vient sou li gner que c’est
le
corps
qui est trans por té par les émo -
tions. Le spec ta teur n’a fina le ment
d’autre choix que de res sen tir “cor po -
rel le ment” une émo tion, non-intel lec -
tua li sée, étant donné l’absen ce d’iden -
ti fi ca tion à laquel le il est habi tué.
“Peut-être est-ce là,” dit-il, “très pré ci -
sé ment, l’expé rien ce esthé ti que: l’émo -
tion de la forme, ni intel lec tua li sée ni
objec ti vée, mais res sen tie, comme par
appro pria tion.” C’est là en quoi
Keaton s’oppo se à Chaplin.
Chez Bresson l’auto no mie du corps se
retro uve dans “la pesan teur accep tée,
et le mor cel le ment des ges tes,” le mon -
tage serré ne répon dant à aucu ne exi -
gen ce exté rieu re, puis que c’est le corps
ici qui nous accro che à la véri té, ce
sont les ges tes qui comp tent et qui
nous font oublier les rai sons. Bresson
crée une frag men ta tion anté rieu re à la
sup po sée tota li té, accor dant ainsi le
sta tut de “tout” à la par tie. Par oppo si -
tion, Guitry offre une com pré hen sion
glo ba le de l’action et ce, mal gré son
mépris “pour le corps-cli ché du ciné ma.”
A pro pos de Cassavetes, Amiel sou li -
gne sa tri ple rup ture par rap port au
ciné ma clas si que: au plan de l’intri gue
d’abord, puis sur les plans psy cho lo gi que
et sty lis ti que. L’auteur sou li gne
l’englou tis se ment des per son na ges
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