Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 C.B. – 41.71 ● ● NOMENCLATURES Lo Parvi Code Nom français CORINE Biotope 41.71 Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées Natura 2000 ND Non désigné CBNA CP1 à CP6, CP10, CP13, CC1, CC4. Chênaies pubescentes PHYTOSOCIOLOGIE Classe Querco roboris-Fagetea sylvaticae Forêts caducifoliées de l'Europe tempérée Ordre Quercetalia pubescenti-sessiliflorae Chênaies thermophiles et supra-méditerranéennes Quercion pubescenti-sessiliflorae Chênaies pubescentes supra-méditerranéennes avec irradiations septentrionales Alliance Association Buxo-Quercetum pubescentis Chênaies pubescentes à Buis ● PRESENTATION DE L'HABITAT Boisement feuillu dont la strate arborée est très largement dominée par le Chêne pubescent (Quercus pubescens) qui est accompagné par le Chêne sessile (Quercus petraea), le Frêne (Fraxinus excelsior), les Erables (Acer sp.), les Tilleuls (Tilia sp.). La strate arbustive est très dense et recouvrante avec la présence notamment du Buis (Buxus sempervirens). La strate herbacée est assez lâche et très peu dense. Son faciès traduisant une formation pure ou presque de Chêne pubescent est caractéristique. Cet habitat moyennement répandu et de façon très inégale se situe sur tous types de pentes allant de faibles à fortes. On le retrouve presque exclusivement sur des substrats calcaires (83%) et de temps en temps sur des zones morainiques. Il est présent sous toutes les expositions mais semble tout de même être souvent dans des secteurs bien exposés. Néanmoins, le facteur limitant pour son apparition est essentiellement la sécheresse du site. Il est situé sur les contreforts du plateau de l’Isle Crémieu (en alternance avec la tillaie de pentes) ou sur les zones sèches du plateau. Il est organisé soit en petites taches, soit en bandes le long des pentes occidentales du plateau et se développe principalement sur toute la bordure ouest, au nord et dans l’est du territoire étudié. Cet habitat principalement traité en taillis présente peu d’intérêt pour l’exploitation forestière si ce n’est dans certains cas pour la pratique de l’affouage (bois de chauffage). En effet, le développement des arbres est limité et l’accès à certaines parcelles est rendu difficile par la pente souvent forte ce qui fait que certaines zones sont inexploitées. Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 ● Lo Parvi CARACTERISTIQUES STATIONNELLES Géologie Topographie Calcaires secondaires 100% 0-10% 60% 40% 50% Marnes secondaires 100-275% Moraines ou alluvions fluvioglaciaires 0% 20% 10-25% 0% 50-100% 25-50% Eboulis Sans exposition Nord-Ouest Nord 60% Exposition Nord-Est 40% 20% Sud-Ouest ● presque ► Sol : sol calcaire, parfois sur substrats siliceux aux sols non podzolisés. Est ► Topographie : habitat préférant les pentes moyennes à fortes comprises entre 10 et 50%. Sud-Est ► Exposition : habitat présent sous toutes les expositions, la configuration du plateau favorise les expositions ouest. 0% Ouest ► Géologie : habitat présent exclusivement sur substrat calcaire. Sud VEGETATION ET ESPECES PATRIMONIALES Strate arborée Chêne pubescent - Quercus pubescens Chêne sessile - Quercus petraea Erable à feuilles d’obier - Acer opalus Erable champêtre - Acer campestre Erable de Montpellier - Acer monspessulanum Frêne commun - Fraxinus excelsior Tilleul à grandes feuilles - Tilia platyphyllos Tilleul à petites feuilles - Tilia cordata Strate herbacée Garance voyageuse - Rubia peregrina Germandrée petit chêne - Teucrium chamaedrys Germandrée scorodoine - Teucrium scorodonia Laîche des montagnes - Carex montana Mélitte à feuilles de mélisse - Melittis melissophyllum Sceau de Salomon odorant - Polygonatum odoratum Fréquence 89.6% 23.1% 5.4% 30.8% 16.5% 46.9% 4.2% 7.7% 16.5% 2.7% 0.8% 0.8% 15.4% 4.2% Espèces patrimoniales Faune : Bondrée apivore, Busard St-Martin, Circaète Jean-le-Blanc, Couleuvre d’Esculape, Couleuvre verte et jaune, Couleuvre à collier, Grenouille agile, Lucane cerf-volant, Milan noir, Pic noir, Rainette verte, Sonneur à entre jaune. Flore : Laîche appauvrie. Strate arbustive Alisier blanc - Sorbus aria Alisier torminal - Sorbus torminalis Buis - Buxus sempervirens Cornouiller mâle - Cornus mas Cytise à grappes - Laburnum anagyroides Coronille arbrisseau - Hippocrepis emerus Fragon petit Houx - Ruscus aculeatus Groseillier des Alpes - Ribes alpinum Nerprun purgatif - Rhamnus cathartica Viorne lantane - Viburnum lantana Fréquence 15% 10.8% 74.2% 38.5% 3.1% 22.7% 16.9% 3.8% 3.1% 28.4% En gras : espèces indicatrices de l’habitat. Fréquence : pourcentage de présence de l’espèce sur la totalité des placettes. Nombre de placettes pour cet habitat : 260 ► Strate arborée : composée majoritairement de Chênes pubescents ou d’autres Chênes. ► Strate arbustive : soit composée uniquement de Buis, soit d’espèces calcicoles thermophiles. ► Strate herbacée : soit inexistante (faciès à Buis), soit composée d’espèces calcicoles thermophiles. Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 Lo Parvi ● LES DIFFERENTS SYLVOFACIES EN ISLE CREMIEU La chênaie blanche occidentale et communautés apparentées présente plusieurs sylvofaciès en lien principalement avec les espèces en présence et leur abondancedominance. Les principaux sylvofaciès rencontrés en Isle Crémieu sont : - le faciès à Buis et Chêne pubescent. Le Chêne pubescent est dominant, forte présence du Buis qui limite le développement de la strate herbacée. Par contre le Charme est absent. - le faciès à Coronille arbrisseau. Présence de cette espèce, ce faciès est plus rare que les autres mais en progression dans notre zone d’étude. - le faciès de transition avec la chênaie-charmaie calciphile. Les strates arbustives et herbacées sont très diversifiées et composées d’espèces calcicoles thermophiles. Présence significative de Charme. ● RISQUES DE CONFUSIONS EN ISLE CREMIEU L’identification de cet habitat peut parfois poser des problèmes, il est possible de le confondre avec d’autres habitats forestiers souvent assez proches dans leur forme et leur composition. Certains caractères que nous énumèrerons par la suite permettent de trancher entre les différentes possibilités. Il est possible de confondre notre habitat avec : - la chênaie-charmaie et frênaie-charmaie calciphile (C.B. 41.27). L’absence du Charme dans le 41.71 est un bon indicateur pour le différencier du 41.27. - La forêt thermophile alpienne et péri-alpienne mixte de Tilleuls (C.B. 41.45). La différence se fait par la richesse en bloc du sol et l’exposition (chênaie dans des expositions plus chaudes). La dominance ou non des Tilleuls est aussi un bon indicateur. ● HABITATS ASSOCIES EN ISLE CREMIEU Trois grands types d’habitats peuvent être associés ou en contact avec les chênaies blanches occidentales et communautés apparentées : 1> les milieux arbustifs : ▪ Faciès d’embroussaillement (N2000 – 6210 ; C.B. 34.3 et 34.4). ▪ Stades de recolonisation des milieux ouverts. 2> les milieux forestiers : ▪ Chênaies-charmaies et frênaies-charmaies calciphiles (C.B. 41.27). ▪ Les forêts thermophiles alpiennes et péri-alpiennes mixtes de Tilleuls (N2000 – 9180-12 ; C.B. 41.45). ▪ Autres plantations d'arbres feuillus (C.B. 83.325). 3> les autres milieux : ▪ Les pelouses préforestières ▪ La végétation de trouées, chablis ou coupes. Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 Lo Parvi DYNAMIQUE DE L’HABITAT EN ISLE CREMIEU ● Schéma d’évolution de la chênaie blanche occidentale et communautés apparentées Pelouses sèches issues de déboisements anciens Eboulis thermophiles Pelouses sèches à Bromus erectus Pelouses très sèches à Bromus erectus Installation des ligneux Broyage, pâturage, fauche… Fourrés à Buis Landes à Genévriers Développement d’essence arborée Stades pionniers Maturation Chênaie pubescente Traitement sylvicole favorisant le Chêne Sol peu profond Stations les moins exposées Chênaie-charmaie thermophile Réchauffement climatique Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 ● REPARTITION GEOGRAPHIQUE Lo Parvi ► Répartition nationale : Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, LanguedocRoussillon et Midi-Pyrénées. ► Répartition régionale : présent au sein de l’ensemble des départements. ► Répartition départementale : faciès à Buis assez commun dans toute l’Isère. Présent sur le pourtour des massifs préalpins calcaires (Vercors et Chartreuse) ainsi que dans le Nord Isère. ► Répartition en Isle Crémieu : ■ Présence dans tout l’ouest, le nord et l’est. Absent au sud. Dans 30 communes sur 37. ■ Surface : 1310,46 hectares. ■ Cet habitat représente environ 9,1 % de la totalité de la surface forestière étudiée dans le cadre du réseau Natura 2000. Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 Lo Parvi ● ETAT DE CONSERVATION ET MENACES EN ISLE CREMIEU Cette formation est présente sur une bande allant du nord-ouest au sud-ouest du territoire et à l’est principalement dans la commune de Creys-Mépieu. Des espèces patrimoniales animales et végétales ont été observées dans ce milieu. Le Lucane cerf-volant est assez bien représenté avec 37 observations toutes zones confondues. Dans ce milieu la flore naturelle est en compétition avec plusieurs espèces introduites envahissantes qui sont l’Ailante, le Buddleia et le Robinier fauxacacia. Données écologiques sur les placettes Petit bois mort (ø 10-35cm) 300 260 250 Nombre de placettes où le petit bois mort est présent 105 155 Nombre de placettes où le petit bois mort est absent 200 150 100 50 1 1 6 GBM sur pied GBM couché Arbres à cavités 0 Nombre de placettes pour cet habitat : 260 Nombre de placettes GBM = Gros bois mort (ø >35cm) Cet habitat apparaît comme stable en raison des conditions édaphiques contraignantes (sécheresse et pauvreté trophique). La régénération naturelle dans cette formation se fait en faveur du Chêne pubescent (31%) suivi du Frêne (16%). Il semble donc que si on le laisse évoluer librement cet habitat tend à se stabiliser et perdurer. Le type de traitement sylvicole appliqué est la futaie ou le taillis sous futaie. Dans cette formation la ressource en bois d’œuvre est très faible car le développement des arbres est limité, le bois sera surtout mobilisé pour le chauffage au travers de l’affouage notamment. Le petit bois mort est présent sur plus de la moitié des placettes inventoriées (carré de 20x20m). Cet habitat souffre d’un déficit en bois mort lié à l’âge des peuplements dû soit à leur traitement en taillis, soit à des colonisations récentes. Une seule donnée de gros bois mort couchés et sur pied, ainsi que très peu d’arbres à cavités ont été répertoriés dans ces boisements. Tous ces éléments sont très peu présents dans un habitat qui couvre pourtant une grande superficie. Tout ceci est plutôt défavorable à la biodiversité. La principale menace réside dans les travaux sylvicoles, les coupes à blanc sont à éviter car elles risquent de détruire les sols. De plus, la faible régénération ne permettra pas à l’habitat en question de se reformer rapidement et il risquera d’être remplacé par un autre, voire colonisé par des espèces introduites envahissantes. Un problème se pose aussi pour l’exploitation de la ressource en bois, la position dans des pentes rend souvent difficile la mobilisation. Représentation de l’habitat en Isle Crémieu par rapport à la surface boisée étudiée Surface de l’habitat compris dans le site d’intérêt communautaire par rapport à la surface totale Natura 2000 Surface forestière (ha) Interprétation 1310,46 ha 9,1 % Habitat très présent en Isle Crémieu, peu menacé. 825,65 ha 63 % Habitat bien pris en compte par le zonage Natura 2000 Bilan de l’état de conservation Favorable Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 Lo Parvi ● - ETAT DE CONSERVATION DE L’HABITAT EN ISERE SELON LE C.B.N.A. (J.C. VILLARET, 2007) Extension de l’habitat en Isère : assez rare et assez peu étendu. Originalité biogéographique : habitat commun et représentatif sur le domaine médio-européen (partie Bas Dauphiné). Originalité phytocénotique et écologique : assemblage classique d’espèces. Présence d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale : flore ordinaire ou assez ordinaire. Fragilité et sensibilité : habitat assez fragile. Contexte et menaces potentielles : habitat situé dans un contexte moyennement concerné par les activités humaines. Evolution spatiale depuis un demi-siècle : habitat stable. ► Statut liste rouge des habitats de l’Isère : Non menacé ◄ ● ORIENTATION DE GESTION Cet habitat est tout à fait remarquable dans sa composition, le Chêne pubescent y est largement dominant et accompagné de tout un cortège d’espèces thermophiles calcicoles dans les strates arbustives et herbacées. C’est un milieu riche en espèces subméditerranéennes qui sont assez rares chez nous. La mosaïque qu’il forme avec les milieux ouverts à une grande valeur biologique. Il accueille des espèces patrimoniales de faune et de flore, son faciès à Buis sert de refuge pour la faune. Cet habitat est également un atout pour la diversité paysagère. Nous préconisons, pour le maintien de cet habitat dans un bon état écologique, la non intervention dans les zones de pentes afin de garder des secteurs en évolution libre. Ceci permettra de conserver des boisements non exploités par l’Homme. La création d’îlots de sénescence ou de vieillissement augmenterait le potentiel écologique de cet habitat et lui rendrait une plus grande naturalité. De nombreuses espèces pourraient alors coloniser ces boisements, notamment les insectes saproxylophages, les oiseaux cavernicoles et les chiroptères forestiers. Ces îlots devraient être créés principalement dans les zones de pentes difficiles d’accès où il n’engendrerait pas de conflits avec les exploitants forestiers. Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées C.B. – 41.71 ● Lo Parvi BIBLIOGRAPHIE BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GEHU J.M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.C., ROYER J.M., ROUX G., TOUFFET J. 2004. Prodrome des végétations de France. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 171 p. (Patrimoines naturels, 61). BESSARD S. 2007. Les habitats forestiers du site Natura 2000 du Massif de la Serre. ONF Agence du Jura, DIREN Franche-Comté. 54 p. BISSARDON M., GUIBAL L., RAMEAU J.C. 1997. Nomenclature CORINE Biotopes, types d’habitats français. ENGREF. 217 p. Centre régional de la propriété forestière Rhône-Alpes. 2006. Synthèse pour les Alpes du Nord et les montagnes de l’Ain – Guide pour identifier les stations forestières de Rhône-Alpes. 132 p. COLLECTIF. 2001. Cahiers d'habitats Natura 2000, Connaissance et gestion des habitats et des espèces d'intérêt communautaire. Tome 1 Habitats forestiers Volume 1. 337 p. 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