Les enjeux de la spatialisation pour la musique mixte

Comment réfléchir la musique
avec la philosophie après
Adorno ?
François NICOLAS
compositeur, professeur associé à l’Ens (Ulm, Paris)
[email protected]
www.entretemps.asso.fr/Nicolas
17° Forum Le Monde / Le Mans (22 octobre 2005)
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« Le labyrinthe Adorno » (Boulez)
• L’explorer
Sa logique est philosophique.
Son cœur est sa Dialectique négative (1966)
•S’en extraire en musicien
Sortir en musicien de ce labyrinthe? Icare !
Construire les opérations pour s’en échapper
« par le haut »
… au risque de « la chute »…
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La question du « contemporain » pour le musicien
dans son activité critique:
de quelles autres œuvres artistiques
les œuvres musicales sont-elles contemporaines?
dans son activité esthétique:
de quel univers (ou « Monde »)
la création musicale est-elle contemporaine?
dans son activité théorique:
de quel mode de théorisation
la théorie musicienne doit-elle être contemporaine?
Pour le musicien, une philosophie est comme…
• une météorologie :
une philosophie configure le temps qu’il fait pour la pensée
(« l’esprit du temps »…)
• une géographie :
une philosophie localise et oriente la musique dans un
système général des pensées
• une géologie :
une philosophie clarifie les conditions de possibilité du
discours musicien (du « dire la musique »)
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La philosophie se rapporte à la musique
sous forme d’essais
sur les particularités musicales
(Jankélévitch, Adorno…)
sous forme de définitions
de la musique comme région de la pensée
(Leibniz, Hegel, Schopenhauer, Deleuze…)
sous forme d’évaluations
d’une singularité musicale évènementielle
(Descartes, Rousseau, Nietzsche, Adorno)
« Une philosophie de la musique aujourd’hui ne peut être
qu’une philosophie de la nouvelle musique. » Adorno
Le principe du contemporain pour le philosophe :
une philosophie contemporaine de la musique
ne peut être qu’une philosophie de la musique contemporaine.
• Pour Rousseau, une philosophie « naturelle » de la musique
ne peut être qu’une philosophie de la musique mélodique
italienne.
• Pour Nietzsche, une philosophie « dionysiaque » de la musique
ne peut être qu’une philosophie de la musique wagnérienne.
• Pour Adorno, une philosophie « critique » de la musique
ne peut être qu’une philosophie de la « nouvelle musique ».
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Le principe du contemporain pour le musicien :
une théorie de la musique contemporaine
doit être une théorie contemporaine de la musique.
• Pour Rameau, une théorie de la musique tonale doit être
une théorie cartésienne de la musique.
• Pour Wagner, une théorie de l’œuvre d’art de l’avenir doit
être une théorie érotico-politique de la musique.
• Pour Boulez, une théorie de la musique sérielle doit être
une théorie axiomatisée et formalisée de la musique.
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Un chiasme, sans rencontre…
une philosophie contemporaine de la musique
ne peut être qu’
une philosophie de la musique contemporaine.
une théorie de la musique contemporaine
doit être
une théorie contemporaine de la musique.
Démarche d’Adorno en trois temps :
• Un conditionnement musical
sur la philosophie:
Schoenberg et l’École de Vienne
• Une réciprocité sororale
entre musique et philosophie:
« dialectique négative »
• Une configuration philosophique
pour la musique:
« musique informelle »
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Un dilemme…
« Un jour, vous aurez à choisir entre Kant et
Beethoven. »
(Berg à Adorno, en 1926)
« Je vois de plus en plus clairement comment l’on
doit composer et comment l’on ne peut pas
composer – seulement, le courage me manque. »
(Adorno à Berg, en 1931)
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« Après Auschwitz » ?
« Écrire un poème après Auschwitz est barbare »
(1951)
« Il pourrait bien avoir été faux d’affirmer qu’après
Auschwitz il n’est plus possible d’écrire des poèmes. »
(Dialectique négative, 1966)
« Penser et agir en sorte qu’Auschwitz ne se répète pas,
que rien de semblable n’arrive. »
(Dialectique négative, 1966)
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Un impératif catégorique
(négatif)…
procédant du nazisme !
« Hitler a imposé aux hommes un nouvel
impératif catégorique : penser et agir en
sorte qu’Auschwitz ne se répète pas, que
rien de semblable n’arrive. »
(Dialectique négative, 1966)
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« Après Adorno » (1) :
Relire en musicien Adorno
• Relire ses textes comme textes philosophiques,
et non pas musiciens (ou musicologiques)
• S’attacher aux « raisonances » locales,
non à la consistance philosophique globale
• Dégager le bon angle d’incidence d’une lecture oblique
plutôt que frontale
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« Après Adorno » (2)
Les rapports de la musique à la philosophie
• comme météorologie :
Privilégier les philosophies affirmativement conditionnées,
en particulier par la pensée politique
• comme géographie :
Désororiser musique et philosophie : ni intimité, ni hostilité (antiphilosophique)
S’appuyer sur la philosophie pour mieux penser la musique avec les
autres pensées
(scientifiques, artistiques, politiques, psychanalytiques…)
• comme géologie :
Écarter le philosophème
Assumer l’abîme entre pensée musicale et langue musicienne
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« Après Adorno » (3)
Les enjeux proprement musicaux
• monde :
Penser la musique comme monde singulier, non comme langage
• écoute :
Penser la musique comme art de l’écoute, non comme socialisation
de l’audition ou esthétisation de la perception
• écriture :
Penser l’écriture musicale comme opérateur central de consistance
du monde de la musique
• œuvres :
Penser les œuvres comme acteurs véritables de l’art musical,
les musiciens n’étant que des passeurs.
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