Présentation

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Histoire de la
France
révolutionnaire
Premier cours :
Les origines matérielles de la
révolution : la France du XVIIIe
siècle
Premier cours :
1 – Introduction
2 – Société
3 – Le problème fiscal
4 – Système politique
5 – Les déboires de la politique étrangère
1 – Introduction
• Le XVIIIe siècle est une période charnière : deux
événements vont changer la mécanique de sociétés qui
semblaient fonctionner suivant des règles immuables.
• Les révolutions américaine et française vont imposer
des institutions, des principes, des concepts qui
régissent encore aujourd’hui notre univers politique et
social.
• Sans nier l’importance de la révolution américaine, les
événements qui débutent en 1789 en France vont
avoir plus d’impact, car aux États-Unis, le terrain étant
vierge, on peut construire à neuf dès le départ.
• En France, il faudra avant tout détruire. Et d’abord
l’ordre féodal, non seulement sous ses formes
économiques (dont il ne reste que peu de choses), mais
surtout sous ses formes politiques et sociales.
• Le monde qui naît en 1789 consacre un changement de
paradigme fondamental : la place de l’individu dans le
monde ne lui sera plus imposée par le hasard de sa
naissance, mais par le fruit de ses efforts
• L’histoire change aussi car depuis toujours, ce sont
les élites qui déterminaient la marche de l’histoire,
les peuples n’étant alors que le matériau passif avec
lequel on façonnait le monde.
• Ils existaient, mais leur destin consistait à subir. Avec
1789, les masses populaires font irruption dans
l’histoire et dorénavant, les peuples n’assisteront plus
passivement aux événements : ils vont y participer, les
provoquer et les déterminer.
• On a retenu le 14 juillet 1789 pour marquer le début de
la révolution, mais ce jour n’est qu’un épisode de
1789, aboutissement de processus déjà anciens :
développement économique, modification des rapports
sociaux, alphabétisation, etc.
• Ces éléments sont liés à l’essor de la pensée critique
qui, après avoir remis en question l’ordre divin, va se
tourner vers la remise en question de l’ordre humain,
provoquant des changements fondamentaux.
• Les révolutionnaires de 1789 sont les héritiers de
l’humanisme de la renaissance. D'un point de vue
intellectuel, c’est à partir de celle-ci que commence
la révolution.
• Si déterminer le début de la Révolution française est
complexe, il est encore plus difficile d’en définir la fin.
Selon les auteurs, elle prend fin à différemment moment
et il n’existe pas de convention évidente à ce sujet.
• Ainsi, certains historiens retiennent le 10 thermidor (28
juillet 1794), d’autres le 18 brumaire 1799 (9
novembre 1799), d’autres enfin le 14 août 1815, suivant
les sensibilités politiques de chacun. Et la liste pourrait
être allongée bien davantage.
• On peut considérer que la Révolution française prend
fin avec la stabilisation du système politique et
l’assagissement des mœurs politiques, qui survient
en 1880, dix après la proclamation de la IIIe
république, alors que la France fait la paix avec
l’héritage de 1789 : amnistie des communards, adoption
du 14 juillet comme fête nationale, de la devise
nationale, etc.
• La France connaîtra d’autres crises, mais de façon
générale, la discussion remplace alors la violence et
les relations politiques se pacifient.
• De même, en 1880, le système politique français
trouve un point d’équilibre entre les deux notions
dont la juxtaposition a entraîné 1789 et dont la lutte
pour la prédominance a rythmé l’ensemble de ce siècle
révolutionnaire : liberté et égalité.
• Ainsi, toute la période 1789-1880 peut être qualifiée
de siècle révolutionnaire.
2 – Société
2.1 – D’une société d’ordres…
• Depuis le Xe siècle, la société française, société
d’ordres, est composée de trois éléments : bellatores,
oratores et laboratores, qui ont évolué dans leurs
fonctions et leurs dénominations pour devenir les ordres
de la renaissance, noblesse, clergé et tiers état.
• Même si ces ordres sont très hétérogènes, la société
française d’ancien régime est divisée par fonction et
non par richesse, comme dans les sociétés modernes.
• Au sein des ordres privilégiés, on compte des
pauvres, des gens dont le niveau de vie est inférieur à
la moyenne et à celui des membres privilégiés de ces
ordres privilégiés.
• On trouve des membres du tiers état plus riche que
certains membres des ordres dominants, car ceux-ci
dominent politiquement et non économiquement.
• Monarchie absolue oblige, le clergé supplante la
noblesse. Depuis le concordat de 1516, le
catholicisme est religion d’État, malgré l’existence de
minorités religieuses. Cette situation confère au clergé
un pouvoir d’influence considérable, d’autant qu’une
part de ce clergé est elle-même issue de la noblesse
• Garant idéologique de la structure politique du royaume,
le clergé assure de multiples services publics : l’aide
aux démunis et aux indigents; l’enseignement; les soins
de santé et l’État civil.
• Le clergé français est doté de ses propres institutions.
Désireux de maintenir son autonomie face au roi et au
pape, il dispose de ses propres tribunaux et de ses
assemblées.
• Ces structures lui permettent de demeurer à l’écart de la
société et de défendre sa singularité, qui s’exprime
par ses privilèges fiscaux, sa contribution se limitant à
un « don gratuit »…
• L’Église est le plus riche propriétaire du pays. Environ
10 % des terres du royaume lui appartiennent. Cette
richesse foncière génère annuellement environ 100
millions de livres, somme à laquelle il faut ajouter près
de 80 millions qu’elle reçoit par le biais de la dîme.
• Dans la France d’Ancien régime, l’espace public est
religieux. À Paris, on trouve une cinquantaine de
paroisses et près du quart du territoire de la capitale
est occupé par les couvents et les monastères.
• Le temps aussi est catholique, rythmé par les fêtes
chômées, qui sont religieuses, et les grands événements
de la vie — naissance, mariage, décès – inconcevables
en dehors du cadre religieux.
• La puissance de l’Église irrigue le corps social, alors
que la foi et la pratique religieuse sont
omniprésents : assiduité aux messes dominicales,
caractère massif des processions, etc.
• L’incroyance, l’agnosticisme, le panthéisme et l’athéisme
se développent, mais demeurent extrêmement
marginaux et ne concernent qu’une petite partie de
l’élite intellectuelle.
• Grâce à cette puissance sociale, politique, économique,
culturelle et spirituelle, le clergé français domine le
royaume de France.
• Mais les pouvoirs sont très mal répartis et la
domination de l’Église concerne le haut clergé,
dépositaire de la puissance et des privilèges globaux de
l’ordre.
• Le clergé est divisé entre les 70 000 prêtres des 135
diocèses du royaume (le clergé séculier) et les 60 000
membres, hommes et femmes, des congrégations
• Mais les maîtres de cet ordre ne sont que 3 000 :
prélats, chanoines des chapitres les plus riches, abbés
et supérieurs des couvents et monastères les plus aisés.
Dans leur quasi-totalité, ils sont nobles et souvent de
haute noblesse, les cadets des grandes familles étant
poussés vers l’église pour y faire carrière.
• Disposant d’une grande aisance, ce haut-clergé est
critiqué pour son oisiveté et ses mœurs mais il y a
une part de clichés, bien que les qualités
d’administrateurs y sont plus visibles que la vocation
mystique.
• La grande masse du clergé est issue du milieu
paysan et défend des intérêts semblables à ceux de
ses ouailles, d’autant que son revenu ne lui permet pas
d’avoir un niveau de vie significativement supérieur.
Logiquement, ce clergé paysan évolue au même
rythme que son milieu tout au long du XVIIIe siècle.
• Entre les deux, une place de plus en plus importante est
occupée par un clergé moyen, issue du tiers état,
dont il partage la relative aisance. Sans être
nécessairement radical, le clergé moyen réclame une
place plus grande dans la hiérarchie religieuse.
• Deuxième ordre en importance, la noblesse cherche
au long du XVIIIe siècle à récupérer les fonctions qu’elle
a occupées lors des périodes où l’absolutisme royal se
relâchait : elle cherche sa revanche sur Louis XIV.
• Cette noblesse assez faible numériquement (environ
80 000 personnes) récupère une partie de ses
attributions dès l’époque de la régence de Louis XV et
tout au long du siècle, sa puissance se renforce.
• Plus homogène que le clergé, la noblesse française
est néanmoins diverse, même si ses membres ont en
commun un sentiment de supériorité qui les distinguent,
de par leur naissance, leur mode de vie, leurs rôles et
leur désir de maintenir leur suprématie.
• Mais il existe des différences marquées entre la vieille
noblesse et la nouvelle et entre celle des grandes
familles et celles de la province.
• Vers le milieu du siècle, la noblesse contrôle encore
directement le quart des terres du royaume, malgré le
rôle de plus en plus important joué dans la production
agricole par les paysans propriétaires. Cette richesse
foncière est la principale source de ses revenus.
• Mais les droits seigneuriaux sont souvent encore
exigés sur les terres que le noble ne possède plus en
propre : le cens, les droits de mutation (vente et héritage
– la mainmorte), les banalités (redevances perçues pour
l’utilisation des équipements de la seigneurie), etc.
• La hausse de la valeur foncière est doublement
bénéfique à la noblesse. Mais même lorsque celle-ci
baisse, le noble a toujours la possibilité d’accroître la
pression fiscale sur les paysans.
• La première distinction au sein de l’ordre concerne
l’ancienneté des titres, laquelle ne va pas toujours de
pair avec une plus grande aisance. La vieille noblesse,
dite d’épée, refuse d’être confondue avec la
noblesse de robe, dont les membres, anoblis
récemment, ont obtenu leur titre par l’achat d’un office
important ou par le service de l’État.
• Mais la principale distinction entre les membres de la
noblesse concerne la richesse et l’influence
sociale. La haute noblesse est composée de quelques
milliers de membres de familles « présentées » au roi.
• Avec le retrait du pouvoir absolutiste, elle parvient à
supplanter les bourgeois à la tête des institutions du
royaume. Fiers de leur statut et s’appuyant sur des
fortunes considérables, les membres de la haute
noblesse sont peu nombreux à s’impliquer dans le
développement économique du pays.
• Le train de vie de cette haute noblesse est étranger à
la majorité des nobles, petits hobereaux de province,
qui disposent d’un domaine parfois devenu très limité.
• Sa richesse relative rend le noble de province
conservateur et très attaché à ses titres, lesquels sont
pour beaucoup la seule richesse dont il dispose encore.
Comme la haute noblesse, le petite noblesse s’implique
peu dans le commerce, car ce serait à ses yeux
déchoir.
• Le service militaire est souvent la seule alternative
pour les jeunes hommes de cette noblesse, surtout avec
la loi de 1781, qui réserve à la noblesse les grades
d’officiers. Mais il va de soi que les fils de la haute
noblesse grimpent plus aisément, et plus rapidement, les
échelons de la hiérarchie militaire.
• Et puis, il y a le « reste ». Ce reste, que l’on nomme
le tiers état, constitue 98 % de la population du
royaume.
• S’agissant de la quasi-totalité des sujets du roi, le tiers
état est diversifié : on y compte autant les indigents
que certains membres de la bourgeoisie, dont la
richesse est supérieure à celle de la haute noblesse.
• Ce tiers état est très nombreux et il croit tout au long du
siècle. On estime généralement que du début à la fin du
XVIIIe siècle, la population de la France passe de 20 à
26 millions, ce qui fait du royaume de France l’État le
plus peuplé d’Europe (si on excepte la Russie).
• C’est aussi une population très jeune : les moins de 20
ans comptent pour plus du tiers, les plus de 40 ans,
pour moins du quart.
• Cet accroissement n’est pas dû à un baby-boom
(d’autant que le taux de fertilité semble décroître), mais
plutôt à une diminution de la mortalité, ce qui témoigne
de l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène,
ainsi que des progrès scientifiques.
• Cette masse de la population, dont le niveau
économique est très varié, a cependant une chose en
commun : les membres du tiers état, qu’ils
appartiennent à la paysannerie misérable ou à la
riche bourgeoisie industrielle, sont dépourvus de
tout pouvoir politique.
2.2 — … à une société de classes.
• Les sociétés modernes se caractérisent par la
complexification
des
rôles
sociaux
et
la
diversification sociale. Ce processus est entamé en
Angleterre dès le XVIIe siècle et s’enclenche en France
au cours du XVIIIe siècle.
• Puisque c’est par la division des tâches économiques
que survient cette diversification des rôles sociaux, elle
concerne avant tout les producteurs, c’est-à-dire les
membres du tiers état, et beaucoup moins les ordres
supérieurs, qui demeurent à l’écart des changements
provoqués par la première révolution industrielle.
• Sous l’impulsion des changements économiques et
démographiques, le tiers état se stratifie. C’est autour
de la ville et de l’urbanisation croissante que ce
processus prend place.
• Les villes ne sont pas une nouveauté du XVIIIe siècle,
mais les mutations agricoles, en augmentant la
productivité et la production, ont permis une société
urbaine de plus en plus importante.
• Au cours du XVIIIe siècle, la masse critique est
atteinte pour permettre des changements dans les
rapports villes-campagnes. Si on ajoute à cela les
innovations techniques, toutes les conditions sont
réunies pour l’émergence de la classe dominante des
sociétés modernes : la bourgeoisie.
• La population urbaine n’est pas homogène. Au
sommet, on trouve les grands bourgeois : négociants,
banquiers, dont certains deviennent rentiers, grands
industriels.
• Certains sont plus riches que la haute noblesse, mais ils
s'en distinguent par la mentalité, car c’est à leurs
propres forces et à leur esprit économe, croient-ils, qu’ils
doivent leur fortune, et non à leur naissance.
• Puis viennent les petits entrepreneurs, dénomination
qui regroupe un grand nombre de statuts sociaux et de
niveaux de vie, cette classe comprenant autant les
propriétaires de petites entreprises que les artisans
• Mais ils ont en commun le désir d’ascension sociale
et d’amélioration de leur condition de vie, de sorte
que, par la mentalité, ils ressemblent plus à la haute
bourgeoise qu’au petit peuple des villes.
• Viennent ensuite les pauvres, généralement
manœuvres ou ouvriers, ou sans-emploi lors des
périodes de crise.
• Malgré l’augmentation de ces pauvres urbains, ils ne
constituent pas un prolétariat au sens moderne, car
on y trouve une grande variété de statuts : chambrelan
(ouvrier à domicile), compagnon résidant chez son
patron, petit propriétaire pour qui le travail salarié
constitue un revenu d’appoint, etc.
• Cette classe urbaine pauvre partage un statut précaire,
car elle est très dépendante de la conjoncture
économique. Que survienne une mauvaise récolte,
l’augmentation des
prix alimentaires provoque
invariablement des troubles urbains. On passe ainsi
aisément de la pauvreté à la misère.
• Malgré les différences de classe, la population urbaine
partage un environnement commun et une mentalité
qui la distingue de l’écrasante majorité de la population
d’une France encore très majoritairement rurale.
• En 1780, plus de 75 % de la population française
appartient à la paysannerie, de sorte que le tiers état,
c’est avant tout cette population paysanne. Mais elle est
la force passive de ce tiers état, les hautes classes
urbaines en constituant la force active.
• Restée à l’écart des grands bouleversements du siècle
elle demeure encore profondément traditionnelle,
conservatrice, religieuse et analphabète.
• Le cloisonnement qui caractérise la vie paysanne n’est
guère remis en question par les progrès techniques,
car les communications encore très lentes font que
l’univers du paysan se limite essentiellement à la
région ou il vit.
• Basée sur la culture du froment, du seigle et du blé noir,
mais aussi de la vigne et de l’élevage, selon les régions,
l’économie villageoise repose sur une agriculture de
subsistance, car pratiquant généralement l’assolement,
le rendement agricole demeure faible.
• Cette faible productivité préoccupe les spécialistes des
villes, mais ils ne parviennent pas à convaincre les
paysans de changer leur façon de faire.
• D’autant que les innovations permettant un décollage
de la productivité ne sont possibles que sur de très
grandes exploitations, ce qui nécessite la formation
d’un capitalisme agraire, limité à la grande région du
bassin parisien.
• Ailleurs, c’est l’exploitation familiale qui domine. Les
statuts d’exploitation sont divers : on trouve le fermage,
le métayage ou la propriété personnelle.
• En 1789, environ la moitié des terres du royaume
appartient à des familles paysannes. Les paysans qui
disposent de suffisamment de terres pour pouvoir
vendre des surplus bénéficient de la hausse des prix
agricoles tout au long du siècle. On les appelle les
laboureurs et ils sont très peu nombreux.
• Pour les autres, l’autarcie est le mode de vie habituel
et la misère, l’horizon économique. Même pour ceux
qui sont propriétaires, les charges sont lourdes : taille
royale, dîmes ecclésiastiques et charges seigneuriales
amputent sévèrement un revenu très modeste.
• Ils arrivent à vivre lorsque la récolte est bonne, mais
sinon, c’est la misère. Lorsqu’il ne peut trouver un salaire
d’appoint dans les petites industries rurales, le paysan
en est réduit à la mendicité et au vagabondage.
• Cette condition économique pénible constitue un terreau
de choix pour l’éclosion de troubles dans les
campagnes, qui de strictement économiques peuvent
aisément devenir politiques.
• La paysannerie en a contre la taille royale, mais
surtout contre les charges seigneuriales qui ont
perdu leur raison d’être et sont perçues comme autant
d'avatars d’un servage qui a pour l’essentiel disparût. De
sorte que la colère paysanne se tourne généralement
contre les seigneurs, non contre le roi.
3 – Le problème fiscal
3.1 – Un système déséquilibré
• Si le pouvoir politique est de plus en plus contesté,
ce n’est pas uniquement à cause de son aspect
anachronique, mais aussi à cause son inefficacité
économique. Les idées nouvelles se répandent d’autant
plus facilement qu’elles critiquent un royaume en piteux
état du point de vue financier.
• Ceci n’est pas une nouveauté pour la France. Mais au
XVIIIe siècle, les besoins se multiplient, alors que les
sources de revenus se tarissent : lourdement endetté,
l’État français à de plus en plus de difficultés à obtenir de
l’argent par des emprunts et les possibilités de pressions
fiscales sont aussi limitées, car les plus fortunés ne
contribuent presque pas aux finances de l’État.
• Le clergé contribue par le biais de son « don
gratuit » qu’il verse annuellement à l’État, mais comme
c’est lui-même qui en détermine le montant, cette source
de revenus est plutôt instable.
• Ce déséquilibre fiscal est d’autant plus insupportable
que le payeur ne bénéficie d’aucun retour sur les
impôts qu’il est le seul à payer : les dépenses du
royaume sont consacrées pour l’essentiel à deux
secteurs, soit l’entretien d’une armée pléthorique et le
fonctionnement d’un État qui se centralise et se
bureaucratise.
• Et il y a aussi bien sûr les dépenses de la cour. Elles
ne sont pas en fait particulièrement élevées, soit de 2 %
à 5 % du budget de l’État, selon les sources.
• Même si ces dépenses ne sont pas énormes, elles
apparaissent aux yeux de la population parfaitement
futiles et inutiles et mettent en évidence le caractère
parasitaire de la noblesse.
• Si la chose est à peu près tolérable en période de
faste, lorsque la situation économique se détériore et
que la disette frappe les campagnes et les villes, ces
dépenses deviennent bien sûr insupportables.
• Si on ajoute à ces dépenses ordinaires les coûts d’une
politique étrangère inefficace et des guerres
infructueuses, la situation financière du royaume est
plutôt préoccupante.
• D’où les multiples tentatives de résoudre ce problème
chronique de financement, dont les conséquences
politiques sont évidentes, car l’inégalité fiscale
contribue au discrédit du système.
3.2 – Tentatives de solutions
• Philipe d’Orléans, régent à partir de 1715, ne peut
remettre en question l’assiette fiscale : il n’est que régent
et pour asseoir son autorité, il a besoin de la noblesse.
• De toute façon, il vient de remettre à cette dernière les
moyens de s’opposer à toutes réformes fiscales qui lui
seraient
désavantageuses
en
redonnant
aux
parlements leurs pouvoirs de remontrance et il a
aussi besoin de l’appui de la bourgeoisie et du peuple.
• Il doit donc être imaginatif : il confie alors à l’Écossais
John Law la fondation d’une Banque générale, sur le
modèle des banques hollandaise et anglaise, qui recourt
à l’émission de papier-monnaie.
• S’inspirant des mêmes États, en 1717, Law fonde la
Compagnie d’Occident, qui deviendra la Compagnie
française des Indes en 1719, laquelle obtient du régent
le monopole du commerce colonial du royaume.
• Ces initiatives auraient pu fonctionner si l’économie
française avait été comparable aux économies
anglaises et hollandaises.
• Mais en France, la richesse est foncière ou liée à la
rente et aux revenus que la noblesse tire de son
statut et de son rôle dans l’État. Elle est peu mobile et
ses détenteurs sont aussi plus conservateurs.
• Quand Law devient en 1720 contrôleur général des
finances, la noblesse retire ses avoirs de la banque,
entraînant l’effondrement du cours de la monnaie et
la faillite de la Compagnie. Law dut alors quitter la
France.
• Malgré le coup de fouet donné à l’économie marchande
par ces initiatives, un coup sévère fut porté à
l’économie du pays, car nombreux sont les rentiers qui
déclarèrent faillite. Par voie de conséquence, l’impact
politique fut également important, car on reprocha au
gouvernement d’être responsable de la situation.
• Mais la crise eut du bon pour les finances de l’État,
car une partie considérable des dettes de la couronne se
trouvait entre les mains de la bourgeoisie nationale
rentière et la vague de faillites dont elle fut victime
permit à l’État d’effacer une part importante de ses
dettes.
• Au début du règne de Louis XV, la situation
s’améliora, grâce au développement de l’économie
nationale et au commerce étranger, alors que les
dépenses étaient mieux contrôlées.
• Pendant ses 15 années de gouvernement, Fleury évita
les aventures à l’extérieur, permettant à l’économie de
se développer et aux revenus de l’État de croître.
• Mais à partir des débuts des années 1740, la France
recommença à s’impliquer en Europe et les guerres
couteuses
qu’elle
mena
entraînèrent
une
détérioration de la situation économique et des
finances de l’État.
• En 1749, par l’édit de Marly, le roi tenta d’imposer un
impôt dit « du vingtième », contraignant tous les sujets
du royaume à verser au trésor 5 % de leurs revenus.
• Le rejet de cette mesure par les parlements et les États
provinciaux fut unanime, obligeant le roi à recourir à de
nombreux lits de justice. Mais l’opposition ne désarmait
pas et le gouvernement dut finalement reculer : il
dispensa d’abord le clergé (1751), puis la noblesse.
• Le problème des finances n’étant pas réglé, c’est encore
le tiers état qui écopa, alors que la taille, impôt
ordinaire dont étaient dispensés les ordres privilégiés,
fut considérablement augmentée.
• Louis XV revint à la charge en 1771. Le chancelier
Maupeou supprima les parlements, ordonna
l’arrestation des parlementaires et nationalisa leurs
charges. Il put s’atteler à la réforme fiscale : l’impôt du
vingtième fut restauré et les exemptions fiscales abolies.
Jusqu’en 1774, le gouvernement eût les mains libres.
• La mort de Louis XV, l’arrivée sur le trône de son petitfils et le rappel des parlements entraîna un retour aux
conditions d’avant 1771. Tous les ministres qui se
succèderont alors buteront sur le même problème, soit le
refus des parlements de consentir de nouveaux impôts.
• Necker, qui succéda à Turgot de 1776 à 1781,
recourut massivement à l’emprunt. Ses tentatives de
remise en question de l’ordre fiscal échouèrent et il fut
renvoyé après avoir, dans son Compte rendu au roi,
dénoncé les abus de la noblesse.
• Calonne, l’un des ministres qui succéda à Necker,
développa une méthode fort simple : pour donner
confiance aux prêteurs, il fallait donner l’illusion de
la richesse et pour cela, dépenser, en profitant du fait
que l’économie croissait alors, consécutivement à la fin
de la guerre et au développement économique.
• La méthode fonctionna un temps : les besoins
immédiats purent être comblés, mais à moyen terme, le
déficit se creusa, les dépenses courantes étant alors
alourdies par les paiements d’intérêts sur les dettes.
• Il fallut revenir à la réforme fiscale. Deux années de
discussions infructueuses convainquirent Louis XVI de
convoquer en 1787 une assemblée de notables,
composée de représentants des trois ordres, dans le but
de court-circuiter les parlements.
• Mais cette assemblée se déclara impuissante à donner
son accord, refusant d’outrepasser les prérogatives
des parlements. Le roi tenta d’imposer un lit de justice
au parlement de Paris, provoquant une violente réaction
des institutions, appuyées par la population.
• Afin de régler la question, les parlements réclamèrent
la convocation des États généraux. Sans le moindre
enthousiasme, Louis XVI y consentit le 8 août 1788,
avant de rappeler Necker au ministère.
• L’aristocratie crut alors avoir remporté la bataille : le
problème fiscal ne serait plus du ressort exclusif du
roi. C’est ce que l’on a nommé dans l’historiographie la
révolte des ordres.
4 – Système politique
4.1 – L’absolutisme épuisé
• La mort de Louis XIV marque d’une certaine façon la
fin de l’absolutisme : la monarchie se poursuit, et elle
demeure absolue, mais les forces politiques écrasées
par le Roi-Soleil reprennent de la vigueur.
• Un trône absolu requiert un roi absolu. Or, Louis XIV
ne laisse à sa mort comme héritier qu’un arrière-petit-fils.
Une régence devra donc s’exercer jusqu’à la majorité du
monarque, situation idéale pour la noblesse avide de
reprendre une partie de son ascendance politique.
• D’autant que le régent, Philippe d’Orléans, neveu du roi
défunt, tranche singulièrement avec ce dernier quant à
son mode de vie.
• Le roi faisait peu confiance à ce neveu et son
testament encadrait cette régence très strictement :
autour de Philippe, un conseil devant l’épauler était
constitué. La situation déplait au régent, d’autant que
l’un des bâtards de Louis, fait prince du sang par son
père, est chargé de l’éducation du monarque.
• La situation va pousser le régent à permettre l’apparition
d’une première brèche dans l’absolutisme : Philippe
propose au parlement de Paris de casser le testament
du roi en échange du droit de remontrance dont le
Roi-Soleil l’avait privé et les parlementaires retrouvent
leurs pouvoirs de contrôle et d’opposition.
• Louis XIV choisissait son chef de gouvernement au sein
de la bourgeoisie; Philippe préfère concéder des
pouvoirs à la vieille noblesse en créant des Conseils
dirigés par des membres des vieilles familles princières.
Même si dès 1718, on reviendra à l’ancienne pratique,
c’est une autre fissure dans l’édifice absolutiste.
• Dans la population, le pouvoir politique commence à
être contesté plus ouvertement. Il n’est d’abord
question que des élites intellectuelles et il ne s’agit pas
d’une contestation du roi, mais le pouvoir est alors
occupé par un régent, ce qui rend les critiques plus
faciles, même si elles demeurent tout aussi interdites .
• Quand Louis XV décide de gouverner lui-même, rien
n’est joué. Le pouvoir absolu est battu en brèche, mais
rien n’exclut une évolution politique vers une monarchie
constitutionnelle, surtout que l’Angleterre est alors le
modèle pour de nombreux membres de l’élite.
• Le début du règne se passe assez bien : peu de
guerres, de bonnes récoltes, une lente amélioration de la
gestion du territoire permettent à la misère de reculer.
• Trois dates permettent de montrer l’évolution de l’opinion
à l’endroit du roi : en 1744, Louis XV tombe malade à
Metz et on assiste à des milliers de messes sur le
territoire, où l’on prie pour le rétablissement du roi.
• 13 ans plus tard, lorsque Damien tente d’assassiner le
roi, on ne note aucune émotion de ce genre. Et enfin,
en 1774, on ne compte que trois messes pour le
rétablissement du roi, à nouveau malade.
• Avec l’arrivée sur le trône de Louis XVI, le discrédit
entourant la monarchie s’accroît. Ce n’est pas tant le
système qui est contesté que l’homme qui le représente.
• Si les rumeurs et les bruits circulant concernant les
incapacités sexuelles du monarque ne sont pas la
cause de ce discrédit, leur existence témoigne de la
désacralisation du personnage.
• Si Louis XVI n’a rien d’un despote, c’est un roi très
attaché à son autorité et aux institutions et
coutumes sur lesquelles elle repose.
• L’esprit réformateur qui souffle à la fin du siècle en
France est complètement étranger à cet homme
passionné de chasse et de bricolage, occupation jugée
peu noble pour un homme de son état.
• La présence de Marie-Antoinette n’arrange rien. Pour
la population, l’Autriche est un État ennemi depuis
longtemps et la haine du pays se retourne aisément
contre celle sur qui on répand des ragots et des
rumeurs.
• La reine joue pour l’opinion publique le rôle de bouc
émissaire commode et fait l’objet d’une détestation très
répandue, affaiblissant d’autant l’autorité du couple
royal, car les libelles dont elle est l’objet sont très
diffusés et très lus par une population.
• Alors que la population s’intéresse de plus en plus
aux nouvelles idées, le roi reste campé sur ses
positions et refuse de remettre en question son pouvoir.
• Ce « parti philosophique », comme on le nomme
souvent dans l’historiographie, est victime de la
répression de l’État : en 1749, Diderot est emprisonné
et en 1752, les deux premiers tomes de l’Encyclopédie
sont interdits de parution.
• Loin de faire taire les opposants, ces mesures de
répression accroissent l’intérêt et la sympathie du
public. D’autant que personne parmi ces penseurs
n’appelle à une révolution violente ou même (à
l’exception notable de Rousseau) à un renversement de
l’ordre social.
• Le maître mot de la grande majorité de ces penseurs
est celui de liberté, pas encore d’égalité. Il s’agit d’un
courant bourgeois, non d’un mouvement des plus
pauvres de la société.
• Et ce « parti philosophique » pèse d'autant plus sur
l’évolution de l’opinion que sa contestation de la
monarchie absolue rencontre celle que conduisent
les parlementaires.
4.2 – La montée des contre-pouvoirs
• Tout au long du siècle, l’opposition des parlements ne
cesse de croître : qu’ils défendent ce qu’ils considèrent
comme les intérêts généraux de la nation ou leurs
intérêts propres, dès le moment où Philippe les
ressuscite, ils s’empressent de prendre leur revanche
sur un système absolutiste qui les a marginalisés.
• Mais c’est surtout la question fiscale qui cristallise
le conflit. Malgré leurs désirs de se présenter comme
les défenseurs du peuple, les parlementaires sont
soucieux de leurs intérêts : la majorité d’entre eux sont
issus du tiers état, dont ils se sont affranchis par
l’acquisition d’une charge.
• La tentative de Maupeou aurait pu aboutir, n’eût été la
volte-face de Louis XVI à son avènement. Loin d’avoir
été brisée, la volonté des parlementaires s’en trouva
fortifié.
• Au-delà de la question fiscale, c’est l’absolutisme du
pouvoir royal qui est remis en question. Ce que les
Parlements réclamaient, c’était l’imputabilité et donc,
la fin de l’absolutisme.
• En insistant sur le caractère traditionnel de leurs
prérogatives, les parlements soulignaient que leur
légitimité n’était pas inférieure à celle du monarque,
position déjà révolutionnaire.
• Cette révolte aurait pu se limiter à une querelle de
juridiction, mais le climat général ne s’y prête pas et
même en faisant des concessions à ses parlements,
Louis XVI n’aurait satisfait qu’une partie de l’opinion.
• Cette opinion se trouve représentée au sein d’une
institution informelle que l’on nomme le Parti
national. Ce n’est pas une organisation partisane au
sens contemporain, mais plutôt une vague coalition de
groupes très variés à travers le pays, coordonnée par
un comité de 30 membres, issus du tiers état.
• La force de ce mouvement tient au fait que son
idéologie progressiste rallie une part non
négligeable de représentants des ordres privilégiés,
comme La Fayette, le duc de La Rochefoucauld, le
comte de Mirabeau et l’abbé Sieyès. Ce parti est en fait
la concrétisation des courants philosophiques qui
traversent le siècle.
• Son moteur de diffusion, ce sont les clubs qui se
multiplient, particulièrement à partir de 1788 et qui
trouvent dans les quelques 600 ou 700 cafés de la
capitale les lieux de rencontre nécessaires à l’échange
des idées. Ces clubs sont aussi présents dans les
campagnes et s’établissent ainsi peu à peu des liens,
des solidarités un peu partout sur le territoire français.
• Le quartier du Palais-Royal à Paris est le principal centre
d’effervescence. C’est aussi le lieu de résidence du
duc d’Orléans, cousin du roi et figure importante
d’un libéralisme aristocratique.
• Ce foisonnement a donné naissance à l’idée (au
mythe?) d’un complot orléaniste, visant
le
remplacement de la dynastie des Bourbons par la
branche cadette des Orléans.
• Peu d’éléments tendent à démontrer un complot de
cet ordre, même si on devait trouver à Paris des gens
soutenant l’idée, entre autres au sein des loges
maçonniques, dont Philipe d’Orléans était lui-même
grand maître depuis 1773.
• Cette présence maçonnique a donné naissance à une
interprétation de la révolution comme aboutissement
d’un complot. Pas de preuve, mais on ne peut nier que
la Franc-maçonnerie était l’un des ciments du parti
national.
• L’influence de ce parti permet à Necker d’obtenir du
roi le doublement des membres du tiers état aux
états généraux à venir, mais le maintien du vote par
ordre vient réduire à peu de chose cette concession.
5 – Les déboires de la
politique étrangère
• La politique étrangère de Louis XIV n’avait pas été
sans taches : ses guerres couteuses handicapèrent le
développement économique et provoquèrent morts et
destructions innombrables. Mais même si certaines de
ces guerres ne furent pas couronnées de succès, elles
permirent à la France de s’imposer dans le monde.
• La politique étrangère de ses successeurs apparait
chaotique et infructueuse, sans pour autant être moins
couteuse. Mais compte tenu du statut qu’occupe la
France en 1715, le contraire eût été surprenant, car
l’ensemble de l’Europe regarde le pays avec inquiétude.
• Les guerres menées au cours du XVIIIe siècle vont
se solder par un affaiblissement du pays sur la scène
internationale, tout en grevant les finances de l’État.
• Cela contribua aussi à la désaffection de la population
envers le régime. Car c’est une chose de payer pour une
armée qui triomphe et qui, en permettant l’expansion de
l’empire, permet l’expansion économique; c’en est une
autre de payer pour une armée défaite constamment.
• C’est ainsi que la désastreuse politique étrangère de
Louis XV et de Louis XVI, va contribuer à
l’affaiblissement du régime, entraînant des difficultés
financières considérables et une perte de prestige
dans la population.
• Si la guerre de la Quadruple Alliance (1718-1720)
n’apporte pas de grands changements sur l’échiquier
européen, les guerres qui débutent avec la Guerre de
succession de Pologne (qui voit par ailleurs le
rattachement de la Lorraine), jusqu’à la Guerre de SeptAns (1756-1763), ont un impact beaucoup plus
important.
• D’abord, elles voient un renversement d’alliance mal
compris, alors que la France se détourne de
l’Angleterre et de la Prusse, deux États appréciés par
l’opinion, qui voit dans la première le phare du
libéralisme politique et économique, et dans la seconde,
le modèle du despotisme éclairé.
• De guerre en guerre, la France se rapproche de
l’Autriche, considérée comme l’ennemi héréditaire et
contre laquelle elle s’est battue pendant de longs
siècles. De plus, la couronne autrichienne est vue
comme le plus solide rempart du conservatisme et de
l’autocratie. De sorte qu’avant même le début de la
Guerre de Sept Ans, l’opinion française divorçait d’avec
le régime dans le domaine de la politique étrangère.
• Lors de la Guerre de succession d’Autriche (17411748), quelquefois qualifiée de première guerre de sept
ans, la France, opposée à l’Angleterre, aux Pays-Bas et
à l’Autriche, est le principal allié du roi de Prusse.
• Cette guerre couteuse n’aura pour conséquence, et
malgré les victoires terrestres de la France contre
l’Autriche et le match nul sur les mers contre
l’Angleterre, que le renforcement de la puissance de
la Prusse, alors que la France n’y gagnera que peu
de choses, car par le traité d’Aix-la-Chapelle de 1748,
elle restitue les territoires occupés à l’Autriche.
• La guerre de Sept Ans va peser lourdement sur le
destin de la France. En plus du mécontentement qu’elle
provoque, elle se solde par une série de catastrophes
militaires qui détruisent l’empire français qui, par le
traité de Paris, se voit contraint d’abandonner
pratiquement l’Amérique et les territoires indiens, ne
conservant que quelques petits territoires ici et là.
• Si le territoire de la métropole est peu concerné par cette
guerre, le traité de Paris marque un changement
fondamental en Europe, car la France n’est plus
alors la première puissance du monde.
• L’Angleterre voit s’ouvrir les mers et les continents,
ce qui lui permettra d’établir sa domination, alors que la
France rentrera dans ses terres, panser ses blessures.
• En fait, le seul point positif de la politique étrangère
française au XVIIIe siècle sera sa victoire contre les
révoltés corses en 1769.
• La France saisira l’occasion de sa revanche contre
l’Angleterre en s’impliquant dans le conflit qui l’oppose
à ses colonies américaines à partir de 1776.
• L’opinion est favorable à cette guerre, autant les
libéraux, qui voient dans les indépendantistes
américains, comme Franklin, les champions des idées
nouvelles, que chez les conservateurs, pour qui il s’agit
avant tout de venger l’affront du traité de Paris.
• La France se gardera dans un premier temps de
déclarer la guerre au Royaume de Grande-Bretagne,
s’impliquant par un soutien financier et matériel.
• Cette position ne sera pas tenable à long terme et la
France se trouvera impliquée militairement dans le
conflit à partir de 1778, la guerre entre les deux rivaux
s’étendant par la suite aux Antilles et à l’océan Indien.
• Mais la France, dont le rôle dans la victoire des
indépendantistes américains ne doit pas être sousestimé, obtiendra peu de chose de ce conflit auquel
met fin le traité de Paris de septembre 1783 :
quelques territoires récupérés en Asie, en Amérique et
en Afrique, ainsi que certains droits commerciaux
• Même si sur le plan moral et diplomatique la victoire des
coalisées est importante, ces quelques gains ne
compensent pas les couts exorbitants du conflit,
évalués de 1 à 3 milliards de livres.
• C’est entre autres à cause de ces dépenses que le
problème fiscal devient incontournable. À ce titre, la
guerre d’indépendance a joué un rôle dans le processus
révolutionnaire en France.
• Autre conséquence, moins évidente, mais tout aussi
importante : la propagation encore plus grande des
idéaux libéraux défendus par les Américains, qui
pénètrent alors d’autant mieux en France qu’ils sont
portés par les héros de cette guerre de revanche
nationale, dont le marquis de La Fayette.
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