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CHAPITRE 2:
LAÏCITÉ, RELIGIONS,
ATHÉISME –AGNOSTICISME
(CONCEPTS-CLÉS)
PARTIE 3:
AGNOSTICISME - ATHÉISME
PLAN
1. Etymologie et clarification des concepts
2. Les formes d’agnosticisme - athéisme
au cours des âges
1. Etymologie et clarification des
concepts
Incrédulité (terme le plus général)
Désigne toute forme de mise en doute, d’abandon ou de nonadhésion à certaines croyances religieuses
→ Concerne tant des personnes religieuses qui remettent en
question certains points de leur foi que des agnostiques ou
des athées.
Agnosticisme (a gnosis) Huxley, 1869
Conception philosophique selon laquelle il est impossible à l’être
humain de savoir s’il existe un Dieu ou non et quels en seraient les
attributs.
→ Ces questions sont indécidables sur le plan de la raison.
1. Etymologie et clarification des
concepts
Athéisme (a theos) « sans Dieu »
- Athéisme dit « faible » (défini par la négative):
attitude ou doctrine qui ne conçoit pas
l’existence de quelque divinité ou entité
surnaturelle.
- Athéisme dit « fort » (défini par l’affirmative):
attitude ou doctrine qui affirme l’inexistence de
quelque divinité ou entité surnaturelle.
1. Etymologie et clarification des
concepts
Remarques importantes:
- Le mot « athée » a été utilisé dans des sens
très différents au cours de l’histoire…
- Agnosticisme et athéisme impliquent, d’un point
de vue éthique, de se définir un système de
valeurs sur une base strictement humaine,
sans référence à une puissance transcendante
2. Les formes d’agnosticisme –
athéisme au cours des âges
2.1 Grèce antique
(1) Formes d’incrédulité:
Scepticisme
« A propos des dieux, il m’est impossible de savoir s’ils existent ou pas, ni
quelle est leur forme… » (Protagoras)
« Aucun homme ne sait et ne saura jamais rien de certain concernant les
dieux » (Xénophane)
« N’ayant ni le temps, ni la capacité de me connaître moi-même, il serait
ridicule de me prononcer sur les dieux… » (Socrate)
Rationalisme
- Nature de l’univers ? recherche d’explications matérielles
ex: Démocrite (atome)
- Religions: inventions humaines ?
- critique de l’anthropocentrisme (ex: Xénophane)
- critique de la fonction sociale des religions (ex: Critias)
2.1 Grèce antique
Epicuriens:
- les dieux n’interviennent pas dans la vie
des hommes ;
- morale athée basée sur la recherche du
bonheur individuel.
Stoïcisme:
- forme de panthéisme matérialiste
- le sage doit vivre selon les lois de la
nature
2.1 Grèce antique
(2) Attitudes vis-à-vis de l’athéisme ?
1e période: cohabitation entre conceptions panthéistes, polythéistes,
athées…
décret de Diopeithès (- 432) : procès contre les sceptiques ou
athées
→ Pourquoi ?
- sapent la crédibilité des devins ;
- ne pas croire dans les dieux de la Cité est considéré comme
incivique ;
- argument métaphysique: pour le dualisme platonicien, les
athées sont des matérialistes grossiers, niant la partie la plus
noble de la réalité + accusations d’immoralité, etc.
→ intolérance forte contre les athées…
3e période: religion officielle perd du terrain
2.2 Rome
Introduction:
- des dieux grecs,
- mais aussi de conceptions philosophiques variées
(rationalisme, scepticisme, épicurisme, stoïcisme…) ;
→ - forme de « tiédeur » vis-à-vis de la religion
traditionnelle et grande diversité d’opinions
(1e s. av. J.C.)
- tentative de restauration sous Auguste
Introduction des cultes orientaux, dont le christianisme.
2.3 Moyen-âge
Importance très forte de la religion et de la foi
Mais la foi ne va pas nécessairement de soi…
- ex: recherche des « preuves » de l’existence de Dieu ,
- ex difficultés dans l’interprétation des Ecritures
- ex: lors des « disputes », des arguments et contre-arguments sont échangés
Problème fondamental : rapports entre foi et raison
→ positions très différentes:
- recherche d’unité (ex: Thomas d’Aquin)
- autonomie de la raison par rapport à la foi (influence d’Aristote, Averroès):
- ex: doctrine dite de la « double vérité » (e.a. Sieger de Brabant)
→ condamnation par l’Eglise (1277)
- ex: la foi ne peut être prouvée par la raison (ex: Guillaume D’Occam, 14e s.)
→ pour G. Minois (2006), on peut parler d’un a-théisme « latent » chez une partie
des intellectuels
2.3 Moyen-âge
Incrédulité dans différents milieux
ex: Frédéric II
ex: témoignages de dérisions, blasphèmes,
éloignement de la pratique religieuse etc. en
milieu populaire
Conclusion (G. Minois, 2006): vision plus
complexe et nuancée du moyen-âge → e.a.
existence de formes « latentes » d’athéisme
2.4 Renaissance
Nombreux facteurs contribuent à renforcer l’incrédulité:
- redécouverte des auteurs grecs de l’Antiquité ;
- grandes découvertes (ex: autres cultures et religions) ;
- spectacle du fanatisme et des guerres de religion ;
- attitude de « doute » chez les humanistes (ex: Erasme)
- etc.
Durcissement de l’inquisition (ex: Biscazza)
Conclusion (pour G. Minois, 2006):
L’athéisme devient une réalité plus consciente d’ellemême, mais inavouable (sous peine de mort)
2.5 Le 17e siècle
Siècle des contrastes:
Fastes des Eglises officielles
Montée du rationalisme (ex: « doute
méthodique» de Descartes, affaire Galilée,
médecins niant les cas de possession, etc.)
Mouvements « libertins »
Montée de l’incrédulité → conduira le plus
souvent (au siècle suivant) au « théisme » qu’à
« l’athéisme ».
2.6 Le 18e siècle
Théistes (ex: Voltaire)
Panthéistes (ex: Spinoza)
Criticisme de Kant
Athées (avec une théorie systématique)
ex: Diderot
ex: baron d’Holbach : un athée: « quelqu’un qui détruit les
chimères nuisibles au genre humain pour ramener les hommes à la
nature, à l’expérience, à la raison »
ex: abbé Meslier (curé d’Etrepigny, mort en 1729)
Remarque: révolution française et liberté d’expression
2.7 Le 19e siècle
Critique des conceptions religieuses:
Ludwig Feuerbach (1841): idée de projection
Marx: « religion: opium du peuple »
A. Comte: théorie des 3 stades de l’humanité
Nietzche: « Dieu est mort »
→ Mouvement de déchristianisation
→ Tensions très vives entre non croyants, librepenseurs / croyants (surtout cléricaux)
2.8 Le 20e siècle
Contrastes:
- exacerbation des extrémismes et intolérances :
ex: communisme (U.R.S.S.)
ex: fondamentalismes religieux
- formes d’apaisement:
ex: sécularisation de la société, basée sur le principe de la liberté
conscience et des Droits de l’Homme
ex: Vatican II (reconnaît aussi la liberté conscience)
Tendances évolutives (fin 20e s, début 21e s.):
- Augmentation importante du nombre de non croyants
- Montée ou retour du religieux
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