Teneurs en nickel dans les sols Franc-Comtois - Infoterre

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Teneurs en nickel dans les sols
Franc-Comtois – Proposition d’une
stratégie pour l’instruction des
dossiers d’épandage des boues
domestiques
Rapport final
BRGM/RP-55302-FR
Mai 2007
Teneurs en nickel dans les sols
Franc-Comtois – Proposition d’une
stratégie pour l’instruction des
dossiers d’épandage des boues
domestiques
Rapport final
BRGM/RP-55302-FR
Mai 2007
Étude réalisée dans le cadre des projets
de Service public du BRGM 2006 EAUG09 et 2007 EAUG09
E. Gomez
Avec la collaboration de
V. Mardhel et C. Crouzet
Vérificateur :
Approbateur :
Nom : Céline LEGRAND
Nom : David DESSANDIER
Date : 25/05/2007
Date : 28/05/2007
Signature :
Signature :
Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2000.
I
M 003 - AVRIL 05
Mots clés : fond géochimique, nickel, Franche-Comté, boues STEP
En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :
E. Gomez (2007). Teneurs en nickel dans les sols Franc-Comtois – Proposition d’une stratégie
pour l’instruction des dossiers d’épandage des boues domestiques. Rapport BRGM RP-55302FR
© BRGM, 2007, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Synthèse
En Franche-Comté, de fortes teneurs naturelles en nickel dans les sols sont
susceptibles d'être observées. Ces teneurs posent un problème d'ordre réglementaire
pour l'épandage des boues. En effet, le décret du 8 décembre 1997 et son arrêté du 8
janvier 1998 exigent, pour des sols à plus de 50 mg/kg de nickel total, une étude
prouvant que le métal n'est "ni mobile, ni biodisponible". Dans ce cas, une dérogation
préfectorale peut alors être accordée.
Après une analyse bibliographique sur l’origine et la mobilité du nickel dans les sols, ce
rapport s’attache à caractériser les sols franc-comtois vis-à-vis des teneurs en nickel
d’origine naturelle.
Cette estimation s’appuie sur l’exploitation des données analytiques disponibles dans
la base de données de l’inventaire minier (BRGM, SNEAP) en s’appuyant sur une
approche analogique (les sols issus d’une même série litho-stratigraphique sont admis
comme étant similaires du point de vue des teneurs en nickel) et en croisant ces
informations avec l’occupation du sol et la topographie à l’aide d’un SIG.
Une analyse semi-quantitative du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg pour le
nickel dans les sols est mise en œuvre à l’échelle de la région Franche-Comté.
La cartographie résultante renseigne l’utilisateur sur les zones susceptibles de contenir
des teneurs naturelles élevées en nickel dans les sols et permet de le guider dans le
choix des zones d’épandage.
Lors de l’étude préalable à l’épandage, si les teneurs en nickel dépassent la valeurseuil de 50 mg/kg, une demande de dérogation pourra alors se faire suivant le
logigramme proposé par le guide technique de l'ADEME et de l’APCA en 2005.
Ce présent document s’appuie très largement sur la méthodologie proposée dans ce
guide. Ainsi, pour tout complément d’information, il est conseillé de le consulter.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Sommaire
1. Introduction ............................................................................................................ 9
1.1. LA PROBLEMATIQUE DES EPANDAGES ....................................................... 9
1.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE................................................................................. 9
2. Synthèse des connaissances sur le nickel dans les sols ................................. 10
2.1. LE NICKEL DANS LES SOLS ......................................................................... 10
2.1.1. Origine naturelle..................................................................................... 10
2.1.2. Origine anthropique................................................................................ 11
2.1.3. Teneurs dans les sols ............................................................................ 12
2.2. COMPORTEMENT DU NICKEL DANS LES SOLS......................................... 12
3. Typologie des sols franc-comtois vis-à-vis des teneurs en nickel liées à la
géologie ................................................................................................................ 15
3.1. CADRE REGLEMENTAIRE ............................................................................ 15
3.2. DONNEES DISPONIBLES.............................................................................. 16
3.3. METHODOLOGIE ........................................................................................... 17
3.4. ANALYSE STATISTIQUE ............................................................................... 18
4. Proposition d’une stratégie pour l’instruction des dossiers d’épandage des
boues domestiques.............................................................................................. 27
4.1. ZONES D’EPANDAGE.................................................................................... 27
4.1.1. Méthode de définition des zones d’épandage des boues ....................... 27
4.1.2. Cartographie .......................................................................................... 29
5. Mise en œuvre de la demande de dérogation .................................................... 32
5.1. ORIGINE NATURELLE DU NICKEL DANS LES SOLS................................... 32
5.1.1. Recherche d’études ou de demandes de dérogations............................ 33
5.1.2. Etude du contexte géologique et pédologique local................................ 33
5.1.3. Prélèvement et analyse de terres ........................................................... 33
5.2. ETUDE DE LA MOBILITE DU NICKEL DANS LES SOLS............................... 35
5.2.1. Matériel .................................................................................................. 35
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
5.2.2. Description simplifiée de l'essai .............................................................. 36
5.3. PHYTODISPONIBILITE DU NICKEL (EXTRACTION RAPIDE)....................... 36
5.4. PERTINENCE DES TESTS CHIMIQUES PRATIQUES POUR VERIFIER LA
PHYTODISPONIBILITE DES METAUX LOURDS PRESENTS DANS UN SOL
AVANT EPANDAGE........................................................................................ 38
5.4.1. Quelques définitions ............................................................................... 38
5.4.2. Discussion.............................................................................................. 40
5.5. SYNTHESE ..................................................................................................... 42
6. Conclusions.......................................................................................................... 43
7. Bibliographie ........................................................................................................ 45
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BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Liste des illustrations
Figure 1- Localisation des points de mesures géochimiques (inventaire minier national
BRGM-SNEAP) sur fond géologique au 1/1 000 000 ...............................................................19
Figure 2 – Teneurs en nickel et nombre d’échantillon de sol par niveau stratigraphique
(321 niveaux à l’échelle 1/50 000) ...........................................................................................23
Figure 3 – Nickel d’origine géologique dans les sols franc-comtois - Carte de risque de
dépassement du seuil de 50 mg/kg dans les sols profonds (supports : cartes
géologiques au 1/1 000 000 et 1/50 000).................................................................................26
Figure 4 – Nickel d’origine géologique dans les sols franc-comtois sur les zones
d’épandage potentiel (supports : cartes géologiques au 1/1 000 000 et 1/50 000)....................29
Figure 5 – Logigramme de décision pour une demande de dérogation appliquée au
nickel (source : ADEME et APCA, 2005) .................................................................................31
Figure 6: Biodisponibilité et bioaccessibilité des composés dans un sol (Semple et al,
2004). .....................................................................................................................................40
Liste des tableaux
Tableau 1 – Valeurs seuils en nickel pour les sols (France et UE) ...........................................15
Tableau 2 – Comparaison des bases de données nationales ou régionales (source :
Darmendrail et al., 2000) .........................................................................................................16
Tableau 3 – Teneurs en nickel par niveau stratigraphique (croisement de la BD
inventaire miner et de la carte géologique au 1/1 000 000) ......................................................21
Tableau 4 – Teneurs en nickel par niveau stratigraphique (croisement de la BD
inventaire miner et de la carte géologique au 1/50 000) – Sélection des valeurs
médianes > 50 mg/kg..............................................................................................................24
Tableau 5 : Démarche proposée pour une étude de dérogation – Cas du Ni : 50 < [Ni] ≤
70 mg/kg.................................................................................................................................42
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
1. Introduction
1.1. LA PROBLEMATIQUE DES EPANDAGES
En France, l’épandage agricole recycle environ 62 % des boues de stations
d’épuration, soient environ 800 000 t de matières sèches par an (rapport Ecrin, 2000).
Les boues de STEP constituent un engrais naturel si les teneurs en métaux et
composés organiques n’excèdent pas certaines valeurs.
Parmi les substances potentiellement toxiques dans les boues, les éléments traces
métalliques (ETM) font l’objet d’une surveillance particulière. En effet, à l’inverse des
pathogènes et des micro-polluants organiques, les ETM n’offrent pas de possibilité de
dégradation. Toute quantité d’ETM apportée dans un sol ne peut que s’y accumuler et,
suivant les conditions physico-chimiques du milieu, être potentiellement transférable
vers les eaux souterraines et les végétaux.
Ainsi, l’arrêté ministériel du 8 janvier 1998 interdit l’épandage si les teneurs en Nickel
dépassent 50 mg/kg. De plus, si la pente excède 7 % ou si le pH du sol est inférieur à
5, des restrictions sont imposées.
1.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE
Dans les 4 départements de Franche Comté, de fortes teneurs naturelles en nickel
dans les sols sont susceptibles d'être observées. Ces teneurs posent un problème
d'ordre réglementaire pour l'épandage des boues. En effet, le décret du 8 décembre
1997 et son arrêté du 8 janvier 1998 exigent, pour des sols à plus de 50 mg/kg de
nickel total, une étude prouvant que le métal n'est "ni mobile, ni biodisponible". Dans ce
cas, une dérogation préfectorale peut alors être accordée.
A ce propos, un guide technique, effectuée par l'ADEME et l'APCA en 2005, propose
en particulier un logigramme de décision en fonction des teneurs en nickel et du pH du
sol pour définir son aptitude à l’épandage de boues.
Dans ce cadre, l’objectif de la présente étude est :
d’effectuer une synthèse des connaissances sur ce sujet ;
d’identifier les types de sols pour lesquels l'origine géologique du Nickel est
fortement probable ;
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
de proposer une stratégie dans l'instruction des dossiers, à savoir quelles sont
les conditions à remplir pour :
o un épandage sans étude complémentaire ;
o un épandage possible sous réserve d'une étude complémentaire ;
o un épandage impossible.
La présente étude s’appuie sur une analyse bibliographique et sur la valorisation de la
base de données de l’inventaire minier (BRGM, SNEAP) pour répondre à ces objectifs.
2. Synthèse des connaissances sur le nickel
dans les sols
2.1. LE NICKEL DANS LES SOLS
2.1.1. Origine naturelle
Les teneurs en métaux mesurés dans les sols résultent de processus naturels. En
effet, les sols se sont formés aux dépens de roches ou de formations superficielles.
Ainsi, en l’absence de tout apport d’origine anthropique, la composition géo-chimique
d’un sol est héritée du matériau géologique parental. Il en résulte une concentration
pédo-géochimique naturelle (CPGN) correspondant à cet état.
Cette CPGN peut varier sensiblement, de manière spatiale, en fonction de la nature du
matériau parental (héritage), de l’histoire géologique locale, du type et de la durée de
la pédogénèse, d’où la nécessité de la prendre en compte au niveau local dans la
problématique de l’épandage des boues de STEP.
En France, le nickel se rencontre dans 5 catégories principales de sols :
10
-
sols développés sur des roches ferro-magnésiennes (basaltes, serpentinites…).
Le nickel est particulièrement abondant dans les minéraux primaires silicatés
(olivine, pyroxènes) et les minéraux secondaires de type serpentine qui y sont
associés ;
-
sols développés dans des moraines alpines contenant des minéraux provenant
de roches basiques et ultrabasiques ;
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
-
sols argileux, plus ou moins décarbonatés, riches en fer, issus de calcaires
jurassiques ;
-
sols argileux et très riches en fer issus de roches minéralisées (calcaires du
Sinémurien, marnes du Carixien) ;
-
sols calcaires développés directement à partir de calcaires jurassiques.
L’analyse lithologique permet donc d’identifier les roches susceptibles de contenir du
nickel.
D’un point de vue géologique, la Franche-Comté est un pays calcaire, du moins dans
toute sa partie centrale et orientale. Plus de 60 % des terrains qui affleurent sont
calcaires. Seuls les secteurs comme la Serre près de Dole ou la partie méridionale des
Vosges (qui ne comporte pas de terrain d’âge secondaire) font exception avec des
roches métamorphiques et éruptives (granites en particulier) comportant quelques
témoins de séries gréseuses. La succession des terrains est très variée à l’échelle
locale.
D’un point de vue pédologique, des raisons géologiques (prédominance des calcaires
durs), tectoniques (intensité du plissement) et historiques (glaciations) font que les sols
de haute Franche-Comté sont généralement assez superficiels (de types calcimagnésiques, colluviaux brunifiés, humo-calciques et bruns). En basse FrancheComté, la plus faible karstification et l’absence de rajeunissement par les glaciers
autorise des sols plus profonds, développés dans des altérites mixtes, argiles de
décarbonatation et placages limoneux (de types bruns lessivés, voire lessivés
podzoliques).
2.1.2. Origine anthropique
Les concentrations de ce métal dans les engrais et les amendements sont
généralement inférieures à celles présentes dans les sols. Par ailleurs, le nickel n’est
pas utilisé dans les pesticides. De ce fait, l’agriculture ne conduit pas à la
contamination des sols.
En revanche, le nickel est relâché dans l'air par les centrales et les incinérateurs de
déchets. Ensuite, il se dépose sur les sols ou retombe après réaction avec l'eau de
pluie. Il faut en général un certain temps pour éliminer le nickel de l'air. Le nickel peut
aussi se retrouver dans les eaux de surfaces quand il est présent dans les eaux usées.
La part la plus importante du nickel relâché dans l'environnement est adsorbée par les
sédiments et les particules du sol et devient par conséquent immobile. Cependant,
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
11
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
dans les sols acides, le nickel devient plus mobile et il peut alors rejoindre les eaux
souterraines et la biosphère.
2.1.3. Teneurs dans les sols
D’après les différentes bases de données constituées à partir des analyses des sols
français, le seuil de 50 mg.kg-1 est dépassé dans 659 cas sur 11 000 (BD ANADEME),
dans 303 cas sur 1813 (BD ASPITET 2002), et dans 52 cas sur 758 (BD RG-NPC) sur
le territoire français.
Note : les bases de données ASPITET et RG-NPC incluent de nombreux
horizons profonds, généralement plus riches en nickel. La BD ANADEME
associe des analyses à l’eau régale et à l’acide chlorhydrique dont les résultats
diffèrent notablement (un tiers de Ni dosé en moins avec une attaque à l’eau
régale).
Par ailleurs, ces bases de données ont permis de montrer qu’il existe une corrélation
positive entre la teneur en nickel et le taux d’argile. Plus le sol est argileux, plus il
risque de contenir une grande quantité de nickel d’origine naturelle.
De la même façon, dès qu’un échantillon de sol contient plus de 4 % de fer total, il y a
une grande probabilité pour que son taux de nickel dépasse le seuil de 50 mg/kg.
Il existe également une forte corrélation entre le nickel et le chrome due à la géochimie
de la roche-mère.
2.2. COMPORTEMENT DU NICKEL DANS LES SOLS
Dans le sol, le nickel se distribue entre la phase solide et, dans une moindre mesure, la
phase liquide (solution du sol). En phase solide, le nickel peut être : inclus dans des
minéraux (primaires ou secondaires), co-précipité avec des phases minérales,
incorporé dans la biosphère, complexé avec la matière organique ou adsorbé.
La spéciation du nickel, c’est-à-dire, la répartition du nickel entre les différentes phases
constitutives du sol, détermine sa mobilité dans le sol ; les formes les plus mobiles
étant les formes adsorbées et solubles.
12
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
La fraction du métal associée à la matière organique solide est généralement faible, le
nickel étant plus complexé par les formes solubles de la matière organique
(essentiellement acides carboxyliques) que par les composés humiques précipités. A
ce propos, Crouzet et Bourg (1992) ont montré l’importance de la teneur en matière
organique apportée par les boues sur la mobilité du nickel
Par ailleurs, la teneur en matière organique, plus ou moins soluble, dans le sol est
corrélée au taux d’absorption des métaux par les plantes.
Plusieurs facteurs du milieu influence la spéciation du nickel : le pH, le potentiel rédox,
la température et l’humidité.
•
pH : c'est le plus important des facteurs contrôlant le statut du métal dans les
compartiments du sol. D'une manière générale, un pH acide favorise la mobilité
et la phytodisponibilité du nickel.
•
potentiel rédox : les faibles valeurs de potentiel rédox (milieu réducteur)
favorisent la solubilisation des hydroxydes de fer et de manganèse, et
contribuent ainsi à augmenter la concentration des éléments métalliques en
solution, initialement absorbés ou co-précipités avec ces composants.
A l’inverse, la précipitation des hydroxydes de fer et de manganèse, en milieu
oxydant, entraîne une co-précipitation ou une sorption du nickel. Ce
phénomène de piégeage est toutefois peu fréquent et très localisé. Il semble
que le nickel co-précipite aussi avec les carbonates dans les environnements
calcaires.
L’abaissement du niveau piézométrique d’une nappe peut entraîner une
oxydation de la partie dénoyée. Si cette zone contient des sulfures (pyrite,
marcassite), contenant eux-mêmes du nickel, alors la dissolution des sulfures
entraîne une augmentation des teneurs en nickel mais aussi en sulfates, fer,
manganèse.
•
température et l'humidité : ces facteurs jouent un rôle important sur les
réactions physico-chimiques et l'activité microbiologique du sol. L'absorption de
métaux par les plantes nécessite des niveaux de température et d'humidité qui
diffèrent selon l'exigence biologique des diverses espèces végétales.
Cependant, les teneurs en nickel dans les plantes sont relativement faibles. La
comparaison des teneurs dans le végétal à celles dans le sol conduit à
considérer que le nickel est généralement peu phyto-disponible, à l’exception
des plantes hyperaccumulatrices telles que l’Alyssum murale. Les teneurs sont
généralement plus élevées dans les racines que dans les parties aériennes,
sauf pour les légumineuses.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
13
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
3. Typologie des sols franc-comtois vis-à-vis des
teneurs en nickel liées à la géologie
3.1. CADRE REGLEMENTAIRE
Depuis 1985 et la norme NFU 44-041, la réglementation fixe notamment des limites de
concentration en éléments traces métalliques (ETM) pour les sols récepteurs de boues
de STEP. Ainsi, un sol considéré comme déjà riche en ETM n’est pas censé recevoir
d’épandage de boues.
Or, les teneurs en ETM du fond pédo-géochimique naturel sont très variables en
France selon la composition initiale des matériaux parentaux des sols. Dans ce cas, la
réglementation prévoit la possibilité de demander des dérogations suite à la réalisation
d’une étude démontrant que les ETM ne sont « ni mobiles, ni biodisponibles » dans le
sol (arrêté du 8 janvier 1998).
Le tableau suivant présente les valeurs seuils en nickel dans les sols suivant la
réglementation.
ETM
Ni
Tableau 1 – Valeurs seuils en nickel pour les sols (France et UE)
Valeurs seuils (mg/kg)
Projet de révision de la directive
européenne (2000)
Directive
Arrêté du 8 janvier
86/278/EEC, art. 4
1998, art. 11
5<pH<6
6<pH<7
pH>7
30 à 75
50
15
50
70
A la différence de la réglementation française, le projet de révision de directive
européenne propose des valeurs seuils en fonction du pH des sols pour prendre en
compte les conditions de mobilité du nickel.
Notons cependant que les valeurs présentées dans ce tableau ne sont pas directement
comparables dans la mesure où les méthodes d’extraction peuvent être différentes
(acide fluorhydrique pour la réglementation française et acide fluorhydrique ou eau
régale pour la réglementation européenne).
A ce titre, il est préférable d’analyser les teneurs en ETM selon les méthodes
normalisées (NF ISO 14869-1 et NF ISO 14869-2) qui utilisent des mises en solution
par acide fluorhydrique, acide perchlorique ou fusion alcaline. La méthode de digestion
à l’eau régale ne devra pas être utilisée car son rendement d’extraction est trop faible.
Par ailleurs, l’arrêté du 8 janvier 1998 prévoit des restrictions lorsque le pH est inférieur
à 5 ou lorsque la pente du terrain est supérieure à 7 % dans un rayon de 200 m de part
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
15
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
et d’autre d’une entité du réseau hydrographique (cas des boues non-stabilisées ou
non solides).
3.2. DONNEES DISPONIBLES
Pour définir le fond géochimique naturel d’une région donnée, on dispose actuellement
de trois bases de données à l’échelle nationale : les bases de données de l’inventaire
minier national, du programme INRA-ASPITET et du programme INRA-ADEME. Ces
bases ayant été constituées pour des objectifs différents et à des périodes différentes
présentent une forte hétérogénéité entre elles sur le plan des techniques
d’échantillonnage, des méthodologies analytiques et du choix des éléments à analyser.
Le tableau suivant résume le contenu et la nature des principales bases nationales.
Tableau 2 – Comparaison des bases de données nationales ou régionales (source :
Darmendrail et al., 2000)
Nombre
Organisme Type étude d'échantillons
BRGM
INRA
ASPITET
INRA
ADEME
Régionale
(Inventaire
minier)
Locale
Régionale
280 000
Surface
couverte
101 536 km
Type
Densités d'échantillon
2
2,8 / km
2
Sols
(20 %)
Analyse
Finalité
Avantages
Inconvénients
DCP (90 %)
ICP (10 %)
Synthèses
régionales
Effectif stat.
7 éléments à
LD inf. >
Fonds limité
au socle
Vaste surface
1 310
11 000
(8 530 géoréf.)
Variable
86 dépt.
Variable
Sédiments
(80 %)
Réservoirs
crustaux
Sols (avec
horizons
profonds)
Estimation fonds
par litho.
Approche
fonds
pédo géoch.
Sols
(surface
seulement)
A.A.
Variée
Etat des sols
agricoles
en 1990
Densité
élevée
Analyse
standard
large
population
couverture
hétérogène
Lias-Juras.
sur-représenté
base
d'analyses
hétérogène
La base de données du programme INRA-ADEME présente l’avantage d’être conçue à
l’échelle nationale. Elle est conçue pour une finalité de gestion des sols agricoles dans
le cadre des procédures d’épandage des boues de stations d’épuration. Les teneurs
mesurées correspondent aux 30 premiers centimètres du sol, donc à des horizons qui
ont été le réceptacle de toutes les contaminations agricoles diffuses, retombées
atmosphériques et, éventuellement, de pollutions locales. Il est donc impossible, avec
cette base, de remonter valablement au fond pédo-géochimique naturel. La base
contient de nombreuses analyses, mais présente l’inconvénient de rassembler des
données hétérogènes sur le plan de l’échantillonnage et des méthodes d’analyse.
La base de données INRA-ASPITET est également conçue pour caractériser le fond
géochimique des sols agricoles, avec une approche analytique sur plusieurs horizons
du sol. Ces bases ont permis de mettre au point des stratégies d’interprétation et
d’extrapolation spatiale (dite approche typologique). Cette méthode présente
16
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
l’avantage de réduire fortement le nombre d’analyses, mais nécessite au préalable une
cartographie pédologique détaillée et une bonne connaissance de la lithologie sousjacente. L’inconvénient de cette base est qu’elle a une couverture hétérogène du
territoire nationale avec une sur-représentation des formations liasiques et jurassiques.
La base de données de l’inventaire minier (BRGM) présente l’avantage d’être le
résultat d’une approche systématique et standardisée sur le plan de l’échantillonnage.
Elle couvre de vastes surfaces avec une forte densité d’échantillons. Cette base fournit
une information relativement fiable des caractéristiques du sol entre 30 et 50 cm de
profondeur et exclut l’horizon humifère de surface.
3.3. METHODOLOGIE
L’objectif consiste à identifier les types de sols franc-comtois pour lesquels l’origine
géologique du nickel est fortement probable.
Ainsi, afin de juger de l’origine naturelle du nickel dans les sols, une méthode consiste
à échantillonner la partie basale du sol, située à l’abri des contaminations d’origine
anthropique.
Parmi les bases de données disponibles, nous avons retenu la base de données de
l’inventaire minier du BRGM, complétée par les prospections SNEAP, qui présente
l’avantage :
-
d’analyser les sols profonds, en lien avec la lithologie ;
-
d’utiliser une approche systématique et standardisée sur le plan de
l’échantillonnage ;
-
d’avoir une bonne couverture du territoire nationale et une forte densité
d’échantillonnage.
Ainsi, à partir des cartes géologiques au 1/1 000 000 et au 1/50 000, nous avons
cherché à identifier le fond pédo-géochimique naturel en caractérisant les formations
géologiques avec les teneurs en nickel dans les sols (issues de la base de données de
l’inventaire minier).
Il en résulte une cartographie typologique des teneurs en nickel par formation
géologique.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
17
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
De cette manière, les concentrations mesurées sur un petit nombre de sites
représentatifs d'une "série lithologique" sont extrapolées à l'ensemble des surfaces
cartographiées comme correspondant à la même série. Selon cette démarche, il est
donc possible de réaliser une carte pédo-géochimiques régionales des teneurs en
nickel sans avoir recours à un échantillonnage systématique régulier.
Cette méthode permet d’aboutir à la détermination des teneurs naturelles en nickel
(origine géologique) dans les sols du secteur étudié.
3.4. ANALYSE STATISTIQUE
Il s’agit de caractériser les sols de la région Franche-Comté vis-à-vis des teneurs en
nickel à partir de la base de données de l’inventaire minier BRGM complété par les
prospections SNEAP. Les échantillons de sols ayant été prélevés dans la partie basale
des profils, les analyses rendent compte des teneurs en nickel d’origine géologique
(héritage du matériau parental sus-jacent).
La figure suivante présente la distribution des points d’analyses de sols sur fond
géologique au 1/1 000 000.
Compte tenu du nombre relativement limité de points en région Franche-Comté, nous
avons complété la caractérisation des formations lithologiques en intégrant des
données complémentaires en Bourgogne sur des formations géologiques similaires à
celles rencontrées sur la zone d’étude. On dénombre ainsi 15 819 points d’analyses de
sols.
18
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Figure 1- Localisation des points de mesures géochimiques (inventaire minier national BRGMSNEAP) sur fond géologique au 1/1 000 000
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
L’analyse statistique des données chimiques permet de définir plusieurs paramètres :
- les valeurs minimales et maximales ;
- le premier quartile Q1 (25 % des effectifs) ;
- la valeur du deuxième quartile Q2 (50 % des effectifs) ou médiane ;
- la valeur moyenne ;
- le troisième quartile Q3 (75 % des effectifs).
Le tableau page suivante présente, de manière synthétique, les caractéristiques
chimiques de chaque formation stratigraphique en prenant la lithologie simplifiée
définie à partir de la carte géologique au 1/1 000 000.
20
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Stratigraphie
dévonien moyen-supérieur
Lithologie
Nb. éch.
leucogranites peralumineux
84
argiles, grès, schistes,argiles, sables, grès, marnes,
6
paléocène, éocène
calcaires
leucogranites peralumineux,microgranites, apligranites,
viséen supérieur, namurien
monzogranites, granodiorites, monzogranites,
2038
métagranites
argiles, cailloutis, sables,cailloutis, argiles, sables,
50
pliocène, pléistocène inférieur
galets
schistes, grès, wackes, charbons,rhyodacites,
914
namurien, westphalien
andésites, ignimbrites, rhyodacites, tuffites acides,
ignimbrites, schistes, grès, charbons, conglomérats
diorites, gabbros, granitoïdes indifférenciés,
granodiorites, tonalites, quartzdiorites, leucogranites
tournaisien, viséen inférieur
2607
peralumineux, microgranites, apligranites,
monzogranites, granodiorites
cambrien, ordovicien
métagranites, orthogneiss,orthogneiss granitiques
56
grès, conglomérats, schistes, charbons,grès,
permien
1173
conglomérats, tuffites, arkoses
grès, conglomérats, quartzites,quartzites,
trias inférieur
1045
conglomérats, schistes
basaltes, tuffites basiques, dolérites,grès,
stéphanien
conglomérats, charbons, schistes, rhyodacites, tuffites
149
acides, ignimbrites
briovérien supérieur,
amphibolites,orthogneiss granitiques
260
cambrien
pléistocène moyen-supérieur argiles, cailloutis, blocs,argiles, sables, graviers, galets
Teneurs en nickel (mg/kg)
Minimum 1er Quartile Moyenne Médiane 3eme Quartile Maximum
10
10.0
14.4
10.0
15.5
42
10
10.3
12.3
11.0
11.8
20
3
10.0
15.3
11.0
16.0
125
9
10.0
15.0
12.5
18.0
38
7
10.0
17.8
14.0
22.0
69
10
10.0
16.9
14.0
20.0
82
10
12.0
17.0
15.0
20.3
43
2
12.0
19.4
17.0
24.0
145
5
12.0
18.5
17.0
21.0
179
5
11.0
25.0
18.0
32.0
80
10
13.0
20.7
18.0
25.0
89
469
2
13.0
20.4
18.0
24.0
152
miocène, pliocène
argiles, sables, graviers,sables, cailloutis, argiles
78
10
16.0
21.2
19.0
24.8
49
briovérien, cambrien
métawackes, micaschistes, paragneiss,métawackes,
schistes, micaschistes, migmatites paradérivées,
paragneiss, amphibolites, leptynites
136
10
13.0
23.4
19.0
28.3
157
trias
holocène
tournaisien, viséen
argiles, cailloutis, sables,marnes, évaporites,
cargneules, dolomies
sables, argiles, graviers, galets
schistes, calcaires, grès, ampélites,basaltes, dolérites,
spilites, rhyodacites, andésites, ignimbrites, schistes,
grès, wackes, conglomérats
1
20
20.0
20.0
20.0
20.0
20
306
5
13.3
24.1
20.0
28.0
133
1186
6
14.0
26.1
20.5
31.0
715
dévonien supérieur, dinantien
wackes, schistes, calcaires, grès
91
10
15.5
20.7
21.0
24.0
64
jurassique
marnes, calcaires, dolomies, argiles
argiles, grès, marnes, dolomies,dolomies, marnes,
évaporites, grès, marnes, dolomies, argiles
paragneiss plagioclasiques
andésito-basaltes, tuffites basiques, schistes
verts,schistes, calcaires, grès, tuffites
dolomies, marnes, évaporites,marnes, dolomies, grès,
argiles
marnes, calcaires, conglomérats, grès,marnes,
conglomérats, grès, marnes, grès, conglomérats,
calcaires, sables, marnes, argiles, conglomérats
marnes, calcaires, argiles,marnes, calcaires, argiles,
sables, marnes, schistes noirs, calcaires
calcaires, dolomies, schistes,marnes, argiles, grès,
dolomies
18
15
18.3
23.4
22.0
27.0
42
1498
7
15.0
26.7
22.0
33.0
129
282
10
18.0
26.0
25.0
33.8
62
228
10
12.8
27.3
25.5
37.0
129
718
7
18.0
28.9
27.0
36.0
108
28
12
20.5
43.2
29.5
38.3
218
184
10
22.0
30.7
30.0
38.0
77
364
7
24.0
35.7
31.0
42.0
149
1481
5
26.0
44.9
40.0
56.0
281
trias moyen-supérieur
cambrien, ordovicien
dévonien moyen-supérieur
trias moyen
oligocène
jurassique supérieur
trias supérieur
jurassique inférieur
jurassique moyen
paléocène, éocène
calcaires, marnes, grès, argiles, dolomies,dolomies,
marnes, calcaires, marnes, calcaires, schistes,
marnes, dolomies, calcaires, grès
calcaires, calcschistes, marnes,calcaires, marnes,
calcaires, marnes, dolomies
basanites, hawaïtes, téphrites
368
7
28.0
46.2
40.0
55.0
363
1
42
42.0
42.0
42.0
42.0
42
Tableau 3 – Teneurs en nickel par niveau stratigraphique (croisement de la BD inventaire miner
et de la carte géologique au 1/1 000 000)
Ce tableau montre globalement une bonne représentation statistique des différents
niveaux stratigraphiques avec une moyenne de 545 points d’analyse de sol par
formation géologique. Cependant, les formations du Paléocène, de l’Eocène et du
Trias sont moins bien représentés avec un nombre restreint d’échantillons de sol (6 à 1
au minimum).
Les valeurs médianes et moyennes des teneurs en nickel dans les sols sont toutes
inférieures à 50 mg/kg (valeur-seuil).
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
21
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Toutefois, les sols présents sur les formations du Jurassique moyen et inférieur ont
globalement des teneurs élevées en nickel (3ème quartiles supérieures à 50 mg/kg). Par
ailleurs, certaines valeurs maximales de teneur en nickel sont largement plus élevées
que la valeur médiane : on parle alors d’anomalie géochimique. Ce cas de figure se
rencontre notamment au niveau de la formation du Tournaisien-Viséen où la valeur
atteint 715 mg/kg.
La résolution spatiale offerte par la cartographie géologique au 1/1 000 000 ne permet
pas d’identifier des zones de dépassement de la valeur-seuil de 50 mg/kg (seulement
29 niveaux stratigraphiques identifiés sur la zone d’étude). Par conséquent, nous
avons appliqué le même raisonnement en utilisant cette fois une résolution spatiale
plus précise à l’échelle 1/50 000. De cette façon, il est possible d’identifier des zones
de dépassement potentiel de la valeur-seuil. En outre, compte tenu de la méthode
adoptée, ces zones de dépassement seront identifiées comme étant d’origine
géologique.
Notons toutefois qu’une résolution plus fine du contexte géologique tend, bien entendu,
à diminuer la représentativité de la caractérisation des formations stratigraphiques visà-vis des teneurs en nickel (densité d’échantillonnage plus faible par niveau
stratigraphique).
On dénombre 321 formations stratigraphiques, à l’échelle 1/50 000, pour lesquelles on
dispose de données géochimiques de sol.
La figure suivante présente la distribution des teneurs en nickel pour chacun des
niveaux stratigraphiques.
22
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
maximum
médiane
minimum
nb. échantillon / niveau strati.
10000
Teneur en nickel (mg/kg)
1000
100
100
50
Nb. éch. / formation strati.
1000
10
10
0
50
100
150
200
250
300
1
350
Nombre de formations stratigraphiques
Figure 2 – Teneurs en nickel et nombre d’échantillon de sol par niveau stratigraphique (321
niveaux à l’échelle 1/50 000)
En premier lieu, les niveaux géologiques sont caractérisés par 1 à 1053 analyses de
sols suivant les cas, avec une valeur médiane à 7. En d’autres termes, environ 57 %
des niveaux stratigraphiques sont décrits par 1 à 11 analyses de sols, tandis que les
43 % restants sont décrits par 12 à 1053 analyses.
Pour faciliter la lecture, les niveaux stratigraphiques ont été classés par valeurs
médianes croissantes. Ainsi, d’après les données disponibles, la valeur médiane des
teneurs en nickel (fond géochimique) dépasse le seuil de 50 mg/kg dans 10,6 % des
cas en Franche-Comté. Le tableau suivant présente les formations lithostratigraphiques pour lesquelles le fond géochimique (valeur médiane) est supérieur au
seuil de 50 mg/kg.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
23
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Tableau 4 – Teneurs en nickel par niveau stratigraphique (croisement de la BD inventaire miner
et de la carte géologique au 1/50 000) – Sélection des valeurs médianes > 50 mg/kg
Code strati.
l2
B/l2C
j3
l3a
j2E
l4b-c
l1-2
j2POE
t-l2
B/tli
t7-l1
l3b-c
l4c
l6a
l2¹
B/l3-4
l2-3
l4a
l3-4
l4-j1
j3a
l3-5
l2c-3MC
l2b
H
l3M
t-li
B/t-l2
B/l2-4
B/l5-6
¡/l
¡C
l2-4
B/l2-4(3)
Teneur en nickel (mg/kg)
Lito-stratigraphie
Nb. Éch. Minimum 1er Quartile Moyenne Médiane 3ème Quartile Maximum
Argiles, marnes, calcaires (Lotharingien-Sinémurien)
74
27
42.0
58.7
51.0
68.8
147
Formations de plateaux : limons anciens : argileux et ferrugineux, rouges
2
49
50.5
52.0
52.0
53.5
55
Calcaires et calcaires marneux (Callovien, Bathonien inf.)
5
41
43.0
52.6
52.0
59.0
68
Marnes et argiles gris foncé (Domérien), Marnes à Bélemnites (Carixien,
63
10
38.0
52.8
52.0
62.5
100
pliensbachien inf.)
Calcaire à entroques (Bajocien inférieur)
27
26
41.0
60.7
54.0
73.0
121
Marnes micacées, marnes bleues (Toarcien moyen et supérieur)
63
20
35.0
60.1
54.0
70.0
363
Calcaire à Gryphées, calcaire marneux (Hettangien-Sinémurien)
25
26
43.0
52.5
55.0
65.0
76
Calcaires à polypiers, calcaires à entroques, Calcaires à oolites cannabines
2
51
53.5
56.0
56.0
58.5
61
(Bajocien inférieur à moyen)
Ensemble argilo-marneux avec lits et petits bancs calcaires, gréseux ("Grés
blonds"), dolomitiques, ferrugineux ; amas de gypse au sud-est (Carnien 10
30
51.0
57.0
56.5
59.0
89
Hettangien)
Formations de plateaux : limons anciens : argilo-sableux brun-beige du pays
2
52
54.5
57.0
57.0
59.5
62
d'Arnay
Marnes noires reposant sur des calcaires compacts, lumachelliques à
9
28
44.0
60.6
59.0
76.0
107
Cardinies (Rhétien).
Calcaires marneux, marnes à Pleuroceras spinatum ou Amaltheus
24
18
41.5
70.0
59.5
82.3
276
margaritatus (Plienbachien: Domérien)
Marnes micacées (Toarcien supérieur)
13
32
41.0
57.4
60.0
62.0
112
Marnes (Aalénien, Domérien)
6
31
46.8
54.3
60.0
64.3
67
Calcaires variés, lumachelles, oolithes ferrugineuses (Hettangien calcaire du
2
55
58.5
62.0
62.0
65.5
69
pays d'Arnay et d'Epinac)
Formations de plateaux : limons anciens : argileux et ferrugineux, rouges
1
63
63.0
63.0
63.0
63.0
63
Calcaire à Belemnites et calcaire ocreux, marnes (Sinémurien supérieur11
29
49.0
69.6
64.0
92.0
130
Carixien)
Argiles et "Schistes cartons" (Toarcien inférieur)
9
23
35.0
58.6
65.0
72.0
105
Ensemble calcaire (Sinémurien s,l)
3
43
54.5
68.7
66.0
81.5
97
Calcaire et calcaire oolitique sableux roux, marnes sableuses, minerai de fer
84
12
49.8
78.3
67.5
93.3
343
(Toarcien supérieur-Aalénien)
Calcaires, ooloithes ferrugineuses (Callovien, Bathonien sup.)
7
60
63.5
70.3
68.0
74.5
88
Calcaires à Gryphées et calcaires à Ammonites (Carixien, Lotharingien,
25
35
48.0
70.5
68.0
96.0
115
Sinémurien s,s)
Marnes et calcaires à Prodactylioceras davoei et Echioceras (Sinémurien
13
36
53.0
90.6
69.0
105.0
281
supérieur-Domérien inférieur)
Marnes schistoïdes (Sinémurien supérieur: Lotharingien inférieur)
26
17
53.3
77.2
71.0
97.3
172
Complexe argileux superficiel
3
20
46.0
61.0
72.0
81.5
91
Marnes et calcaires à Pleuroceras spinatum (Pliensbachien: Domérien
3
67
69.5
81.0
72.0
88.0
104
supérieur)
Argiles et marnes à petits bancs gréseux et carbonatés interstratifiés
(Rhétien et Hettangien infèrieur ?) ; grès de base quartzeux, moyens à fins +
6
52
56.8
75.5
72.0
94.8
103
ou - friables (Rhétien et Trias plus ancien ?)
Formations de plateaux : limons anciens argilo-sableux brun-beige
6
16
64.0
69.7
75.5
89.3
97
Formations de plateaux : limons anciens argileux et ferrugineux, rouges
11
47
75.0
88.4
90.0
99.0
146
Formations de plateaux : limons anciens argileux et ferrugineux, rouges
8
76
80.8
103.5
96.0
113.0
167
Formations à dominante argileuse du Lias : "manteau" à dominante argileuse
1
102
102.0
102.0
102.0
102.0
102
sur formations liasiques non différenciés
Complexe de formation de versants : formations hétérogènes : Complexe
2
83
94.0
105.0
105.0
116.0
127
colluvial dominant
Plateau calcaire de Marcheseuil (Hettangien - Sinémurien)
4
112
112.8
130.0
127.5
144.8
153
Formations de plateaux : limons anciens : argileux et ferrugineux, rouges,
1
129
129.0
129.0
129.0
129.0
129
avec chailles
Parmi ces formations, les teneurs en nickel se distribuent entre 10 et 363 mg/kg. Si l’on
retient les formations avec une forte densité d’échantillonnage, on remarque
globalement une forte dispersion des teneurs en nickel. C’est le cas par exemple du
Toarcien supérieur-Aalénien (l4-j1) où les valeurs s’échelonnent entre 12 et 343 mg/kg.
A partir de la Figure 2, il est possible de déterminer 4 domaines d’occurrence de
dépassement ou non du seuil de 50 mg/kg :
24
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
- si la teneur maximale en nickel est inférieure au seuil, le risque de
dépassement est faible voire nul suivant la quantité d’échantillons
prélevés (risque faible) ;
- si la teneur maximale est supérieure au seuil, il existe un risque de
dépassement (risque moyen) ;
- si la teneur médiane est supérieure au seuil, il existe un risque fort de
dépassement (risque fort) ;
- si la teneur minimale est supérieure au seuil, il existe un risque très élevé de
dépassement (risque très fort).
Cette évaluation semi-quantitative du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg
pour le nickel dans les sols franc-comtois est à mettre en relation avec la densité
d’échantillons par niveau litho-stratigraphique afin de juger de la pertinence de la
caractérisation.
Ainsi, en appliquant cette démarche sur le territoire de Franche-Comté, on obtient une
cartographie des sols pour lesquels l’origine géologique du nickel est fortement
probable (utilisation de la base de données inventaire miner) et avec un critère
d’évaluation du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg (analyse semiquantitative).
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
25
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Figure 3 – Nickel d’origine géologique dans les sols franc-comtois - Carte de risque de
dépassement du seuil de 50 mg/kg dans les sols profonds (supports : cartes géologiques au 1/1
000 000 et 1/50 000)
Les risques faibles ou moyens occupent la majeure partie de la région Franche-Comté.
Rappelons que ces zones rendent compte respectivement d’une absence de valeurs
supérieures à 50 mg/kg ou de l’existence d’anomalies géochimiques (valeur maximale
supérieure à 50 mg/kg et valeur médiane inférieure à 50 mg/kg).
Cette cartographie permet d’identifier des sols où le nickel d’origine géologique risque
de dépasser le seuil de 50 mg/kg. C’est le cas notamment en Haute-Saône, dans le
Doubs, et plus localement dans le Jura, où l’on rencontre des risques forts à très forts.
Cette cartographie présente également un indice de confiance sur l’évaluation du
risque par niveau litho-stratigraphique en faisant figurer les zones pour lesquelles on
26
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
dispose de moins de 7 points de mesure (en pointillés). L’évaluation de l’importance du
risque doit donc être pondérée par cette information.
Ainsi, les zones identifiées avec un « risque faible », et pour lesquelles le nombre
d’analyses de sol est limité, pourraient avoir localement des valeurs anormalement
élevées (présence d’anomalies géochimiques).
En revanche, on peut raisonnablement accorder un haut niveau de confiance sur
l’évaluation du risque dans la partie nord de la Haute-Saône où la densité
d’échantillonnage est forte (cf. Figure 1).
4. Proposition d’une stratégie pour l’instruction
des dossiers d’épandage des boues
domestiques
Il s’agit à présent de proposer une stratégie dans l'instruction des dossiers, à savoir
quelles sont les conditions à remplir pour :
o un épandage sans étude complémentaire ;
o un épandage possible sous réserve d'une étude complémentaire ;
o un épandage impossible.
Au préalable, il convient de définir les zones potentielles d’épandage de boues de
STEP sur la région Franche-Comté.
4.1. ZONES D’EPANDAGE
4.1.1. Méthode de définition des zones d’épandage des boues
Pour définir les zones potentiellement épandables, nous utiliserons 3 couches
d’informations :
- la cartographie des teneurs en nickel dans les sols ;
- le modèle numérique de terrain de l’IGN au pas de 50 m ;
- la couche d’occupation du sol issue de la base Corine Land Cover de l’IFEN.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
27
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
a) Cartographie des teneurs en nickel
Il s’agit de la cartographie du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg dans les
sols franc-comtois, résultant du croisement entre les informations géochimiques
(inventaire minier national) et les informations litho-stratigraphiques au 1/1 000 000 et
1/50 000 (approche analogique), complété par un traitement semi-quantitatif (cf. Figure
3 et chapitre 3).
b) Modèle numérique de terrain
La législation sur l’épandage des boues prévoit une exclusion des zones à pente
supérieures à 7% et situées à moins de 200 m d’une rivière si les boues ne sont pas
stabilisées. Cette distance est réduite à 100 m si les boues sont solides et stabilisées
(annexe II de l’arrêté du 8 janvier 1998).
Par conséquent, le modèle numérique de terrain de l’IGN (pas de 50 m) a été traité à
l’aide du logiciel ArcView afin de définir les pentes du terrain à proximité des cours
d’eau.
Ainsi, seront exclues de l’épandage les zones où la pente est supérieure à 7% dans un
rayon de 200 m de part et d’autre du réseau hydrographique (issu de la BD Carthage).
c) Occupation du sol
Cette couche d’information, dérivée de la base européenne Corine Land Cover gérée
par l’IFEN, définit les principales zones d’occupation des sols en cinq classes
principales :
- territoires artificialisés (1) ;
- territoires agricoles (2) ;
- forêts et milieux semi-natuels (3) ;
- zones humides (4) ;
- surface en eau (5).
Dans la mesure où l’épandage des boues est autorisé sur les territoires agricoles, sous
réserve de respect des normes en vigueur, seules ces zones seront sélectionnées
dans la base comme potentiellement épandables.
28
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
4.1.2. Cartographie
Le croisement de ces trois couches d’information permet d’aboutir à une cartographie
des zones potentielles d’épandage des boues de STEP (Figure 4).
Figure 4 – Nickel d’origine géologique dans les sols franc-comtois sur les zones d’épandage
potentiel (supports : cartes géologiques au 1/1 000 000 et 1/50 000)
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
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Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Ainsi, les zones où l’épandage est interdit correspondent aux territoires non-agricoles
et aux zones où les pentes sont supérieures à 7 % dans un rayon de 200 m de part et
d’autre du réseau hydrographique (représentées en blanc sur la carte).
Sur la surface potentiellement épandable restante, 4 situations peuvent se
rencontrer vis-à-vis du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg de nickel d’origine
naturelle dans les sols : risque faible, moyen, fort ou très fort.
Cependant, rappelons que la notion de risque est ici établie à partir des seules
données disponibles et en s’appuyant sur une approche analogique : les sols issus
d’une même série litho-stratigraphique sont admis comme étant similaires du point de
vue des teneurs en nickel.
Par conséquent, cette cartographie, qui apporte des indications sur les teneurs
naturelles en nickel dans les sols, mérite d’être vérifiée lors de l’étude préalable
d’épandage.
Néanmoins, cette carte renseigne l’utilisateur sur la teneur naturelle en nickel dans
les sols. En effet, sous réserve d’un nombre suffisant de points représentatifs :
- les zones où le risque est faible (en bleu) semblent propices à l’épandage des
boues (teneurs naturelles en nickel inférieures à 50 mg/kg), mais n’exclues pas la
présence de fortes teneurs dans la partie superficielle qui seraient alors d’origine
anthropique ;
- les zones où le risque est moyen à très fort (en rose, orange et rouge)
correspondent aux secteurs où les teneurs en nickel d’origine naturelle peuvent
être élevées. Notons que dans la partie superficielle de ces sols, les teneurs
peuvent être inférieures ou supérieures au seuil de 50 mg/kg.
Ainsi, conformément à la réglementation, une analyse systématique des sols (partie
superficielle) doit être engagée, lors de l’étude préalable à l’épandage, car il peut
exister localement des anomalies géochimiques, résultant des phénomènes d’érosionreprécipitation lors de la pédogénèse, ou des pollutions d’origine anthropique.
Ensuite, si les teneurs en nickel dépassent la valeur-seuil de 50 mg/kg, alors la
demande de dérogation pourra se faire suivant le logigramme proposé par le guide
technique de l'ADEME et APCA en 2005 (Figure 5).
Ce logigramme de décision permet de définir l’aptitude d’un sol à l’épandage de boues
en fonction des teneurs en nickel, des valeurs de pH, de l’origine du nickel, de sa
mobilité et de sa phytodisponibilité (consulter ce guide pour avoir plus de détails sur la
méthodologie).
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BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Figure 5 – Logigramme de décision pour une demande de dérogation appliquée au nickel
(source : ADEME et APCA, 2005)
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
31
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
5. Mise en œuvre de la demande de dérogation
Deux types de demandes de dérogation sont possibles :
- une demande simplifiée : des dérogations systématiques peuvent être délivrées
lorsque les teneurs des sols en nickel (Ni) sont légèrement au-dessus des seuils
prévus (50 < Ni mg.kg-1 ≤ 70), et lorsque le pH du sol est suffisamment élevé pour
limiter la mobilité des éléments (> 7).
- une demande détaillée qui s’articule autour de trois axes :
•
démonstration de l‘origine "naturelle", géologique ou pédogénétique des
teneurs en nickel mesurées ;
•
étude de la mobilité du nickel dans les sols ;
•
étude de la biodisponibilité, et du transfert possible du nickel vers les
plantes.
Ce chapitre vise à apporter un complément d’information sur les tests analytiques
permettant de démontrer :
- l’origine naturelle du nickel dans les sols ;
- la faible mobilité du nickel ;
- la faible phytodisponibilité du nickel (extraction rapide).
Il s’agit de retranscrire de manière synthétique, les principales indications figurant dans
le guide technique édité par l’ADEME et l’APCA en 2005.
Dans tous les cas, la demande de dérogation devra comporter les éléments suivants :
- références documentaires sur le comportement du nickel dans les sols et les
teneurs usuelles ou anomaliques ;
- description géologique, hydrogéologique, lithologique et pédologique de la zone
concernée ;
- description des activités humaines sur ou à proximité du site.
5.1. ORIGINE NATURELLE DU NICKEL DANS LES SOLS
La démonstration d’une origine naturelle du nickel peut se faire en 3 étapes avec un
degré de complexité croissant :
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BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
- Recherche d‘études ou de demandes de dérogations existant sur de mêmes types
de sols et/ou de documents locaux, de type études géologiques ou pédologiques ;
- Etude du contexte géologique et pédologique local ;
- Prélèvement et analyse de terres.
5.1.1. Recherche d’études ou de demandes de dérogations
Il s‘agit de démontrer que les sols concernés par le dépassement de seuils peuvent se
rattacher à une série de sols déjà connue et étudiée afin de transposer les conclusions
déjà acquises. Si tel est le cas, l'étude est finie.
5.1.2. Etude du contexte géologique et pédologique local
Cette étude doit renseigner sur la présence de roches ou de minéraux potentiellement
riches en Ni, qui est un indice de l‘origine naturelle du Nickel.
Le nickel est par exemple naturellement présent dans les roches calcaires
ferrugineuses et dans certains minéraux (péridots, pyrite, pyroxène, serpentine…).
5.1.3. Prélèvement et analyse de terres
La méthode de référence citée dans l'arrêté est la norme NF X31-100 "Qualité des
sols. Echantillonnage. Méthode de prélèvement d‘échantillons de sol".
Afin de définir l’origine naturelle ou non du nickel dans les sols, il est conseillé de
réaliser une fosse, d’en décrire les horizons pédologiques, et de prélever et analyser
les éléments traces métalliques dans chaque horizon.
Sinon, il est possible d’effectuer des prélèvements et analyses de sols à 3 profondeurs
différentes sur 1,5 m (surface, intermédiaire et matériau parental) dans la mesure du
possible.
Concernant les analyses des ETM dans les sols, les deux seules méthodes conseillées
sont :
- NF ISO 14869-1. Qualité du Sol. Mise en solution pour la détermination des teneurs
élémentaires totales. Partie 1 : Mise en solution par l‘acide fluorhydrique et l‘acide
perchlorique.
- NF ISO 14869-2. Qualité du Sol. Mise en solution pour la détermination des teneurs
élémentaires totales. Partie 2 : Mise en solution par fusion alcaline.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
33
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Il existe une méthode de digestion à l'eau régale (NF ISO 11466) qui ne devra pas être
utilisée car son rendement d‘extraction pour les éléments majeurs et certains éléments
en traces métalliques est trop faible.
Pour une meilleure comparabilité des résultats, il est préférable de faire appel aux
méthodes normalisées recommandées et à des laboratoires expérimentés, travaillant
sous assurance-qualité.
Etude des corrélations entre éléments
Cette méthode, basée sur des corrélations naturelles, nécessite d’analyser le nickel
mais également Fe, Cr, Cu, Co, Zn, taux d’argile.
Dans le cas où l’on dispose de plusieurs horizons superposés, en un ou plusieurs
points, il s’agit d’établir le rapport Ni / X (avec X : Fe, Cr, Cu, Co, Zn ou taux d’argile) et
de voir son évolution de l'horizon de surface vers l’horizon profond. Si ce rapport est
constant, cela signifie que la relation naturelle héritée du matériau parental est
conservée jusqu'en surface, quel qu'ait été l'impact des processus de pédogenèse
ultérieurs. La relation naturelle est demeurée intacte. Il est possible de conclure qu'il
n'y a pas eu de contamination en Ni par les activités humaines.
Dans le cas où l’on dispose seulement de plusieurs horizons de surface (au moins 4), il
s’agit de montrer que les variations de teneurs en nickel sont directement
proportionnelles aux variations des teneurs en Fe, Cr, Cu, Co ou Zn. Évidemment,
dans ce cas, une double contamination en Ni et Fe/Cr/Cu/Co/Zn peut être évoquée
mais celle-ci reste bien peu probable.
Etude des profils de teneurs
Les teneurs en Nickel de l'horizon de surface sont comparées à celles des horizons
immédiatement sous-jacents.
Il convient alors de prélever 3 ou 4 horizons superposés en un même point et pas
seulement l'horizon de surface labouré (dans une fosse ou avec une tarière) et faire
analyser les 3 ou 4 échantillons en ce qui concerne les propriétés agro-pédologiques
classiques (granulométrie, carbone organique, CEC, calcaire, pH), les teneurs totales
en nickel et en un ou deux éléments majeurs de référence (fer, aluminium).
Ainsi, une teneur en nickel beaucoup plus forte en surface qu'en profondeur est
souvent l'indice d'une contamination par une ou plusieurs activités humaines.
Cette méthode repose sur l'hypothèse que, en cas de pollution, l'élément polluant est
resté en surface ; l'interprétation est rendue difficile voire impossible s'il y a eu
migration de ce polluant vers la profondeur (ce qui peut arriver par exemple dans le
cas de sols sableux acides ou de podzols).
34
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Calcul de facteurs d'enrichissement
Cette méthode est complémentaire de la précédente. Pour chaque horizon de sol, on
peut calculer le facteur d‘enrichissement FE tel que :
FE = ([Ni]HS / [EC]HS) / ([Ni]MP / [EC]MP)
pour lequel EC représente un élément de référence (élément conservatif choisi pour sa
mobilité minimale comme Al).
L‘indice HS se rapporte à un horizon de sol et MP au matériau parental (ou, à défaut,
la base du profil).
Si FE est sensiblement supérieur à 1, l‘horizon de surface apparaît enrichi en Ni.
Si par contre les teneurs dans les horizons sont d‘origine géologique, FE est alors
voisin de 1, voire inférieur à 1, du fait de l‘altération pédogénétique.
5.2. ETUDE DE LA MOBILITE DU NICKEL DANS LES SOLS
Démontrer la non-mobilité du Nickel revient à démontrer son faible passage en solution
dans l’eau, lors d’un essai de lixiviation.
Il s’agit d’un test statique qui consiste à mettre en contact l'échantillon de sol avec un
lixiviant (eau additionnée de CaCl2 à 0,001 mol L-1) sous agitation pendant 24 heures
afin d‘en extraire les substances solubles. Cet essai repose sur l‘hypothèse que
l‘équilibre ou le quasi-équilibre est atteint entre les phases liquide et solide pendant la
durée de l‘essai. Le résidu solide est ensuite séparé par filtration. Les propriétés des
éluats sont mesurées au moyen de méthodes conçues pour l‘analyse de l‘eau et
adaptées afin de satisfaire aux critères d‘analyse des éluats.
Le seuil provisoire d‘investigation proposé par le guide technique de l’ADEME-APCA
est de 20 µg/l. Dans l‘état actuel des connaissances, le dépassement de ce seuil
traduirait une mobilité plus importante du Nickel et donc un refus de dérogation.
Ce seuil a été établi à partir d’une cinquantaine d‘échantillons de sols ”ordinaires‘. Ce
seuil pourrait néanmoins être modifié à l’occasion d’études complémentaires ou de
nouvelles demandes de dérogations.
5.2.1. Matériel
La mise en œuvre de l'essai de lixiviation nécessite :
- un échantillon de terre tamisé à 4 mm
- un verre borosilicaté d‘une grande pureté, possédant un volume nominal de 1 litre,
des flacons en verre munis de bouchons en matériau inerte, par exemple en PTFE
(polytétrafluoréthylène). Lorsque seuls des paramètres inorganiques sont analysés,
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
35
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
d‘autres matériaux peuvent être utilisés pour les flacons, comme par exemple le
HDPE/PP, excepté pour les échantillons non préservés servant à l‘analyse du mercure
(risque de contamination du Hg par le Hg d‘origine atmosphérique).
Pour le dosage ultérieur des paramètres inorganiques comme les éléments en traces
métalliques, un rinçage à l'acide nitrique 0,1 mol L-1 (de qualité analytique) est
obligatoire.
- un lixiviant : eau déminéralisée, eau déionisée ou eau d‘une pureté équivalente (5 <
pH < 7,5) avec une conductivité < 0,5 mS m-1 amenée à 0,001 M de CaCl2.
- un système d'agitation : agitateur à retournements (5 tours/min à 10 tours/min) ou
table à rouleaux effectuant environ 10 tours/min.
- un système de filtration et filtres à 0,45 µm (comme pour le flacon en verre, ces 2
éléments sont à rincé à l'acide nitrique pour le dosage ultérieur des éléments en traces
métalliques).
5.2.2. Description simplifiée de l'essai
L’essai de lixiviation se déroule comme suit :
- Pesée de 90 g de terre en équivalent de matière sèche dans le flacon
- Ajout de la quantité de lixiviant nécessaire à obtenir un rapport liquide/solide de 10
- Mélange du contenu
- Flacon placé dans le dispositif d'agitation pendant 24 h
- Après 24h, il faut séparer les phases par décantation, centrifugation et filtration
L'éluat ainsi obtenu est conservé au froid avant analyse. Précisons qu’il est
recommandé de réaliser un essai à blanc pour évaluer les éléments en traces
métalliques relargués par les matériels utilisés.
5.3. PHYTODISPONIBILITE DU NICKEL (EXTRACTION RAPIDE)
La biodisponibilité du nickel correspond à son aptitude à être transféré d‘un
compartiment quelconque du sol vers un organisme vivant (racine d‘une plante,
microorganismes, mésofaune…). La phytodisponibilité représente donc la quantité du
nickel qui peut être transférée dans la plante durant son développement.
36
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Pour estimer la phytodisponibilité du nickel, il existe différentes méthodes chimiques,
basée notamment sur des extractions au moyen de solutions salines ou de chélatants.
Pour la demande de dérogation, il est proposé d‘utiliser les méthodes suivantes :
- NF ISO 17870. Qualité du Sol. Extraction des éléments en traces par une solution
tamponnée de DTPA.
- Les méthodes d’extraction au NaNO3, CaCl2 0,01 mol.L-1 et NH4NO3 à 1 mol.L-1.
Ainsi, le seuil provisoire d‘investigation pour évaluer de la phytodisponibilité du nickel,
par une extraction au NH4NO3 à 1 mol L-1, est de 1,5 mg kg-1. Dans l‘état actuel des
connaissances, le dépassement de ce seuil traduirait une mobilité plus importante du
Nickel et donc un refus de dérogation.
D’un point de vue pratique, l’extraction par des solutions salines consiste à dissoudre
l’ensemble des ions adsorbés sur la phase solide du sol par échange ionique (ions
phytodisponibles). Les ions échangeurs sont par exemple Na+ dans une solution de
NaNO3 à 0,1 mol L-1, Ca2+ dans une solution de CaCl2 à 0,01 mol L-1 ou de Ca(NO3)2 à
0,5 mol L-1, ou NH4+ dans une solution de NH4NO3 à 1 mol L-1.
Ainsi, la prise d‘essai de terre, séchée à l‘air et tamisée à 2 mm (norme NF ISO
11464), est agitée pendant deux heures dans la solution du sel, dans un rapport 1/10
ou 1/2,5 (M/V). La suspension est ensuite centrifugée et filtrée et le ou les éléments
intéressants y sont dosés.
Le matériel utilisé doit être préalablement trempé dans une solution de HNO3 à 4 mol.L1
pendant 24 h puis rincé à l‘eau désionisée.
Pour la filtration, il faut utiliser des membranes filtrantes avec un système adapté de
filtration en matière plastique.
Il faut également conduire au moins un blanc d‘extraction avec chaque série
d‘échantillons.
CaCl2 à 0,01 mol L-1
NaNO3 à 0,1 mol L-1
NH4NO3 à 1 mol L-1
Prise d‘essai
5g
20 g
20 g
Volume de solution
50 ml
50 ml
50 ml
Agitation
20 °C ±2 °C, 120 min
±5 min, retournement
à 30 tr min-1
20 °C ±2 °C, 120 min
±5 min, retournement
à 30 tr min-1
20 °C ±2 °C, 120 min
±5 min, retournement
à 30 tr min-1
Centrifugation
15 min à 1000 g
15 min à 1000 g
15 min à 1000 g
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
37
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Filtration
0,22 µm
0,22 µm
0,22 µm
Acidification
0,5 mL HCl
0,5 mL HNO3
0,5 ml HNO3
Si les différents réactifs sont utilisés sur une même série de sol pour extraire un même
cation métallique, les résultats obtenus sont généralement différents mais linéairement
corrélés entre eux (proportionnels). Cette proportion varie notamment avec la capacité
d‘échange de l‘ion du réactif (le Na+ échange moins que le Ca2+).
Notons que ces méthodes peuvent souffrir d‘une reproductibilité médiocre, inhérente
aux faibles quantités extraites. Il est de ce fait préférable de s‘adresser à un même
laboratoire pour obtenir des résultats comparables sur plusieurs analyses successives
au cours du temps.
En conditions contrôlées et homogènes (par exemple culture en serre d‘une variété
unique sur un même sol à des degrés variés de contamination), les quantités extraites
par les solutions salines sont bien corrélées à celles prélevées par un végétal.
Ainsi, la méthode d‘extraction avec NH4NO3 à 1 mol L-1 a été retenue pour :
- sa pertinence à prévoir les transferts des éléments cités vers les plantes,
- sa robustesse analytique,
- l‘existence de seuils allemands cohérents avec les seuils suisses et les teneurs
dans les sols français.
Il conviendra de confirmer ces seuils par des études complémentaires, ou à l‘occasion
de nouvelles demandes de dérogations.
5.4. PERTINENCE DES TESTS CHIMIQUES PRATIQUES POUR VERIFIER
LA PHYTODISPONIBILITE DES METAUX LOURDS PRESENTS DANS
UN SOL AVANT EPANDAGE
Comme cela a été présenté précédemment, les demandes de dérogation reposent sur
la mise en œuvre de différentes méthodes d’analyses des terres. Ce chapitre a pour
objet d’analyser la pertinence des tests chimiques proposés pour évaluer la
phytodisponibilité des éléments métalliques présents dans un sol avant épandage de
boues de station d’épuration.
5.4.1. Quelques définitions
La détermination des concentrations « pseudo totales » en métaux lourds dans les sols
permet de connaître le niveau de « contamination » initiale mais en aucun cas ne
38
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
fournit des renseignements sur la fraction de métaux susceptibles d’atteindre
l’écosystème. Il est donc, indispensable de définir des paramètres tels que la
biodisponibilité, la bioaccessibilité, la mobilité, la fraction mobilisable des métaux
contenus dans les sols.
La biodisponibilité et la bioaccessibilité
La définition de ces deux termes concernant les métaux présents dans les sols est
compliquée et requiert plusieurs références bibliographiques (Semple K. T. et al,
2004, Ehlers L.J. and Luthy R. G., 2004).
Pour simplifier et, quoique les toxicologues et les scientifiques environnementalistes
aient quelques divergences terminologiques, la biodisponibilité d’un métal correspond
à la quantité de métal qui interagit avec le système biologique des organismes par
absorption (passage intra-membranaire). La bioaccessibilité correspond à la quantité
totale de métal disponible dans le sol pouvant être assimilée par les organismes s’ils
entrent en contact avec ce constituant. La figure 1 (Semple et al, 2004) montre ces
deux fractions.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
39
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
Figure 6: Biodisponibilité et bioaccessibilité des composés dans un sol (Semple et al, 2004).
Les fractions mobiles et mobilisables (phytodisponibles)
Gupta et al (1996) ont développé des concepts concernant les fractions mobiles et
mobilisables des métaux dans les sols dans le cadre d’études de risques. La fraction
mobile, dite fraction « active » des métaux, est constituée des métaux
biodisponibles/bioaccessibles et facilement lessivables (extraction « douce » par
CaCl2). La fraction mobilisable, dite « potentiellement active » et « active », est
déterminée par extraction au DTPA (Norme NF ISO 14870 -mars 2002).
5.4.2. Discussion
Parmi les très nombreux tests chimiques pratiqués, seuls les tests les plus
fréquemment utilisés et quelquefois normalisés, peuvent être retenus.
Pour estimer la biodisponibilité/bioaccessibilité, trois extractions dites « douces » sont
préconisées : NaNO3, NH4NO3 et CaCl2 (Pueyo , 2004). La méthode avec CaCl2 est la
méthode normalisée aux Pays Bas pour évaluer la mobilité et/ou la phytodisponibilité
40
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
des métaux. Cette méthode fournit dans l’ensemble des bons résultats mais variables
selon le métal considéré (Houba, 1996).
D’autres tests ont été appliqués pour évaluer le transfert des métaux dans le système
environnemental par exemple, les extractions séquentielles. Doelsch (2006) a montré
dans une étude sur l’impact de l’épandage de boues sur la mobilité des métaux lourds
dans des sols tropicaux, que la fraction mobile correspondait aux métaux solubles
et/ou échangeables extraits par CaCl2 ou MgCl2 et aux métaux facilement désorbés,
solubilisés à pH 4-5 en milieu acétate.
La fraction mobilisable, « potentiellement active et active », peut être évaluée en
pratiquant l’extraction au DTPA (Norme NF ISO 14870-mars 2002).
Sur le long terme, l’épandage répété de boues sur les sols agricoles pourrait avoir une
incidence sur la biodisponibilité et/ou la mobilité des métaux du fait principalement
d’apport en matière organique. Antoniadis et al (2002) ont montré que du fait de ces
apports, les métaux extraits par CaCl2 (phase biodisponible) augmentaient et risquaient
d’être assimilés par les plantes si la capacité de rétention de ceux-ci par les
constituants du sol était insuffisante. D’où l’importance de connaître certaines
caractéristiques physico-chimiques des sols telles que le pH, la capacité d’échanges
cationiques, la teneur en argiles…, pour prévoir le devenir de ces métaux lourds et
estimer d’éventuels risques de contamination de l’écosystème.
Une étude menée par Aldrich et al a mis en évidence que la fraction la plus assimilable
par les plantes est la forme libre du métal (cas de Cu et Zn notamment). Le type de
fertilisants utilisés peut générer la formation de complexes lipophiles (dithiocarbamates
par exemple) ayant des propriétés de diffusion membranaire avec un risque de
contamination des organismes vivants.
Pour terminer, un des paramètres clés ayant une forte incidence sur la mobilisation des
métaux est le pH du sol. Ce paramètre est à prendre en compte pour l’étude sur la
mobilité potentielle des métaux contenus dans des sols agricoles.
Le concept de biodisponibilité-bioaccessibilité, d’un intérêt croissant, est tout donc à
fait adapté pour des études sur les sols à usage agricole dont les teneurs en métaux
lourds se situent au dessus des seuils autorisés et qui impliquent des tests fiables
pour estimer la fraction de métaux pouvant présentée un risque pour l’environnement.
De même, dans le cadre d’études de risques avec d’éventuels traitements pour la
remédiation du site, ces paramètres peuvent aider à la décision et au suivi de la
décontamination.
Ces tests sont simples et donc facilement réalisables. Pour résumer, sur quelques
échantillons représentatifs du sol, trois tests peuvent être proposés fournissant des
estimations sur les fractions mobiles (test avec NaNO3, NH4NO3 ou CaCl2) et
mobilisable (test avec DTPA).
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
41
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
5.5. SYNTHESE
Le tableau suivant présente de manière synthétique la démarche envisagée pour une
demande de dérogation dans le cas de sols présentant des teneurs en Nickel
inférieures ou égales à 70 mg/kg et un pH supérieur à 6 avec des indications tarifaires
sur les analyses.
Notons que les coûts d’analyses ont été estimés à partir de demandes de devis auprès
de 8 laboratoires d’analyses présents dans la région Franche-Comté ou à proximité.
Parmi les 8 laboratoires consultés, 4 laboratoires ont répondu favorablement à notre
requête : il s’agit des laboratoires Wessling (69), SADEF (68) pour l’ensemble des
paramètres et de CTC Environnement (69) et Laboratoire Départemental (21) pour une
partie des paramètres.
Tableau 5 : Démarche proposée pour une étude de dérogation – Cas du Ni : 50 < [Ni] ≤ 70
mg/kg
Teneurs
en Nickel
(mg/kg)
pH
Méthode
Mode opératoire
Coûts estimatifs par
échantillon y.c.
préparation (€ HT)
Démontrer l'origine naturelle
Recherche d'études ou de demandes
de dérogation existant sur de mêmes
types de sols et/ou de documents
locaux, de types d'études
géologiques ou pédologiques
Transposition des conclusions
déjà acquises par rattachement à
une série de sol connu
Etude du contexte géologique et
pédologique local
Recherche de la composition
lithologique et minéralogique du
terrain
La présence de roches ou de
minéraux potentiellement riches
en Ni est un indice de l'origine
naturelle du Ni
50 < [Ni] ≤ 70
Prélèvement et analyse de terres : Prélèvement de sol
Démontrer qu'on observe :
pH > 6,8 . Ouverture d'une fosse, description
Analyse pH, Carbone organique total,
des horizons, prélèvement et
Granulométrie, CEC, Calcaire
analyse
45 à 60
. A défaut, prélèvement et analyse
de 3 profondeurs sur 1,5 m
Analyse des ETM (Ni, Fe, Cu, Co, Zn,
(surface, intermédiaire, matériau
Cr, Al)
parental)
74 à 80
Comparaison verticale (calculs de
corrélations entre le Ni et d'autres
éléments)
Calcul du facteur d'enrichissement
Démontrer l'origine naturelle du Ni
6 < pH ≤ Démontrer sa faible mobilité dans
6,8
le sol
Démontrer sa faible
phytodisponibilité
42
Interprétation
Même démarche que ci-dessus
Tests de lixiviation sur les
échantillons de surface
Extraction chimiques avec NH4NO3 à
1 mol/l
. Une concentration croissante
en Ni avec la profondeur et donc
que l'origine du Ni dans le sol
provient de la roche-mère
. Une corrélation entre le Ni et
d'autres ETM ou majeurs. La
corrélation est généralement
preuve de l'association du Ni
dans la roche-mère avec
d'autres constituants
. Un facteur d'enrichissement
des horizons de surface inférieur
ou égal à 1
50 à 70
[Ni] dans l'éluat < 20 µg/l
12 à 15
[Ni] dans l'extrait NH4NO3 < 1,5
mg/kg
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6. Conclusions
Après une analyse bibliographique sur l’origine et la mobilité du nickel dans les sols, ce
rapport s’attache à caractériser les sols franc-comtois vis-à-vis des teneurs en nickel
d’origine naturelle.
Cette analyse est établie à partir des données analytiques disponibles dans la base de
données de l’inventaire minier (BRGM, SNEAP) en s’appuyant sur une approche
analogique (les sols issus d’une même série litho-stratigraphique sont admis comme
étant similaires du point de vue des teneurs en nickel).
Une analyse semi-quantitative du risque de dépassement du seuil de 50 mg/kg pour le
nickel dans les sols est également mise en œuvre et permet d’aboutir à une
cartographie des teneurs en nickel d’origine naturelle dans les sols.
Le croisement de cette information avec l’occupation du sol et la topographie de la
zone d’étude permet de déterminer des zones géographiques, disponibles pour
l’épandage de boues, avec des teneurs plus ou moins élevées en nickel d’origine
naturelle. Ces résultats sont pondérés par la densité d’échantillons pour chaque niveau
litho-stratigraphique afin de juger de la pertinence de la caractérisation.
La cartographie résultante renseigne l’utilisateur sur les zones susceptibles de contenir
des teneurs naturelles élevées en nickel dans les sols et permet de le guider dans le
choix des zones d’épandage.
Toutefois, cette cartographie, qui apporte des indications sur les teneurs naturelles en
nickel dans les sols, mérite d’être vérifiée lors de l’étude préalable d’épandage.
Par ailleurs, à l’issue des résultats d’analyses, si les teneurs en nickel dépassent la
valeur-seuil de 50 mg/kg, une demande de dérogation pourra alors se faire suivant le
logigramme proposé par le guide technique de l'ADEME et APCA en 2005.
Pour terminer, l’étude présente de manière synthétique la démarche envisagée lors
d’une demande de dérogation ainsi que des compléments d’information sur les tests
analytiques permettant de démontrer l’origine naturelle du nickel dans les sols, sa
faible mobilité et sa faible phytodisponibilité du nickel.
BRGM/RP-55302-FR – Rapport final
43
Teneurs en nickel dans les sols franc-comtois
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