Buse à épaulettes - Portail AGIR forêt

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Les espèces fauniques menacées ou vulnérables
La buse à épaulettes
IMPORTANCE DES ESPÈCES FAUNIQUES MENACÉES OU VULNÉRABLES
QU’EST-CE QU’UNE ESPÈCE MENACÉE OU UNE ESPÈCE VULNÉRABLE?
Malgré l’abondance de ses milieux naturels, le Québec abrite plusieurs espèces animales en situation précaire. Le
terme « menacée » implique que l’espèce est en danger de disparition. Le terme « vulnérable » s’applique à une
espèce lorsque sa survie est jugée précaire même si sa disparition n’est pas appréhendée à court ou à moyen
terme. Sur le territoire de l’Agence Chaudière, on dénombre actuellement une espèce faunique menacée, deux
vulnérables et huit susceptibles d’être ainsi désignées. Ces espèces contribuent à la biodiversité du territoire et sont
sensibles aux modifications de leur habitat pouvant être causées par les interventions forestières.
POURQUOI LES PROTÉGER?
Plusieurs raisons peuvent être invoquées en faveur du maintien de la diversité des espèces animales. Les espèces en
situation précaire ont une valeur écologique, c’est-à-dire que dans un écosystème, chaque espèce a sa place au
sein de la communauté qu’elle habite. Par conséquent, la disparition d’une seule de ces espèces ou la modification
d’un élément majeur du milieu peut rompre ce fragile équilibre. Par ailleurs, de nouvelles découvertes mettent
régulièrement en évidence les rôles souvent insoupçonnés de ces espèces en regard de la santé ou du bien-être des
populations humaines. De plus, les gens ont toujours voulu comprendre les différents phénomènes de la nature. Les
espèces en situation précaire ont donc également une valeur éducative. Enfin, on leur confère une certaine valeur
économique et récréative étant donné que de plus en plus de personnes sont à la recherche et fréquentent des
milieux naturels en santé où peuvent être observées des espèces variées. En plus de passer de bons moments, les
adeptes de ces activités font rouler l’économie et permettent la création d’emplois.
STATUT DE LA BUSE À ÉPAULETTES
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Nom français : Buse à épaulettes
Nom latin : Buteo lineatus
Rang subnational (priorité provinciale) : Non évalué
Rang global (priorité mondiale) : Non évalué
Statut au Québec : Non en péril, mais préoccupant selon la
Loi sur les espèces en péril du Gouvernement du Canada
Saviez-vous que?
La buse à épaulettes est considérée comme
une espèce indicatrice de l’aménagement
durable des forêts puisqu’elle est vulnérable
aux réductions des superficies forestières et
au rajeunissement des peuplements?
BIOLOGIE DE LA BUSE À ÉPAULETTES
La buse à épaulettes est un grand rapace de 40 à 60 cm de longueur appartenant à l’ordre des
accipitriformes. Une fois ses ailes déployées, elle atteint une envergure de 1 m. Les parties
supérieures de l’adulte sont surtout brunes, les épaules sont roussâtres. La poitrine et le ventre sont
rayés de blanc et de brun roussâtre. La queue est noire avec d’étroites barres blanches. Ce rapace
fréquente les forêts de feuillus tolérants, telles les érablières matures, ou les forêts mixtes à
dominance de feuillus tolérants et situés près de marécages. Cette espèce migratrice se reproduit
dans le sud-ouest du Québec au début d’avril. Elle construit un gros nid de branches à la mihauteur de gros arbres matures, tel le hêtre à grandes feuilles. La buse à épaulettes retourne au
même site de reproduction année après année. Son régime alimentaire est principalement
composé de petits mammifères (lièvres et écureuils), de reptiles et d’amphibiens.
Saviez-vous que?
Le régime alimentaire de la buse à épaulettes étant composé de petits mammifères, sa présence dans votre
forêt peut contribuer à contrôler les populations de petits rongeurs, lesquels nuisent parfois à votre régénération
feuillue et à vos infrastructures (Ex. : Tubulures rongées dans une érablière).
Andréanne Désy, biologiste, Agence Chaudière - Mars 2008
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Les espèces fauniques menacées ou vulnérables
La buse à épaulettes
À la suite de la chasse pratiquée par les humains ainsi que de la perte de son habitat boisé, les populations de buse
à épaulettes connurent de grands déclins de la fin des années 1950 jusqu’aux années 1970. Depuis, les populations
se sont stabilisées, mais cette espèce demeure encore fragile. La perte d’habitat a un effet très grave sur la buse à
épaulettes. La coupe de grande étendues de forêts feuillues a grandement limité la disponibilité d’habitats
adéquats et de proies. Le remblai de milieux humides a aussi réduit l’abondance de ses proies. La buse à épaulettes
est également sensible à la compétition exercée par ses confrères. Par exemple, la buse à queue rousse exclue la
buse à épaulettes des plus petites régions boisées puisqu’elle se reproduit plus tôt dans la saison et s’approprie ses
sites de nidification. Les empoisonnements par les pesticides et autres polluants industriels sont aussi d’importantes
menaces.
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
Éléments à respecter
Éviter la période d’avril à août pour la réalisation des
travaux
Effectuer les travaux sur de petites superficies et les
répartir dans le temps et dans l’espace
Éviter les travaux de drainage
Conservez quelques gros arbres feuillus matures
Établir une zone de protection autour d’un nid de
buse à épaulettes
Conserver les débris ligneux au sol lors des travaux
forestiers
Andréanne Désy, biologiste, Agence Chaudière - Mars 2008
Pour quelles raisons?
Cet intervalle correspond à la période de reproduction de la
buse à épaulettes (nidification et élevage des oisillons).
Durant cette période, la présence humaine est nuisible et
peut amener les buses à quitter le nid.
La buse à épaulettes est sensible aux modifications d’habitat
occasionnées par les activités forestières, tels la
fragmentation de l’habitat, le changement de régime
hydrique ainsi que l’enrésinement et la diminution du couvert
forestier. La coupe sélective doit ainsi être favorisée afin de
conserver un couvert forestier relativement fermé supérieur à
70 %. Le diamètre des trouées ne doit pas dépasser la
hauteur des arbres dominants. La création d’ouvertures à
l’intérieur de grandes forêts feuillues par coupe sélective
semble être jusqu’à présent le meilleur moyen d’aménager
des habitats propices pour la buse à épaulettes.
La buse à épaulettes est sensible au changement du milieu
hydrique et est vulnérable au drainage puisqu’elle fréquente
les milieux humides, car ils fournissent une quantité et une
variété importantes de proies. (Voir la fiche technique Les
milieux humides)
La buse à épaulettes construit son nid sous la canopée dans
un arbre feuillu de plus de 35 cm de diamètre.
Généralement, le nid est localisé à proximité d’une source
d’eau et où la végétation est clairsemée. Rappelez-vous, le
nid peut être réutilisé plus d’une année.
La buse à épaulettes étant très sensible aux interventions
forestières en raison du dérangement occasionné durant la
période de nidification et du remplacement des arbres de
gros calibre, aucune intervention (coupe, construction de
chemin, etc.) ne doit être réalisée dans un rayon de 55 m
autour du nid. Si des infrastructures sont déjà existantes dans
cette zone, les dérangements doivent être minimiser entre le
1er avril et le 31 août. Dans la zone de 55 à 200 m de rayon
autour du nid, la coupe sélective doit être favorisée afin de
conserver un couvert forestier relativement fermé (> 70 %).
Les débris ligneux abritent une multitude de petits
mammifères, source importante de nourriture pour la buse à
épaulettes.
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Les espèces fauniques menacées ou vulnérables
La buse à épaulettes
Éléments à respecter
Conserver quelques chicots de fort diamètre lors des
travaux forestiers
Respecter les saines pratiques d’intervention
Pour quelles raisons?
La buse à épaulettes aime avoir à sa disposition des arbres
morts pour se percher et avoir une bonne vue sur le sol pour
surveiller ses proies.
Une bonne gestion des cours d’eau sur votre propriété aura
un impact positif sur le milieu ainsi que sur la qualité du réseau
de lacs et de cours d’eau de votre entourage. (Voir les fiches
techniques L’aménagement de traverses de cours d’eau, Les
milieux humides, puis Les lacs, rivières, ruisseaux et cours
d’eau intermittents)
LECTURES SUGGÉRÉES
AGENCE DE MISE EN VALEUR DES FORÊTS PRIVÉES DU BAS-SAINT-LAURENT. 2002. Trésors cachés de votre forêt, Guide pour mieux connaître et
protéger la biodiversité des forêts privées du Bas-Saint-Laurent. Agence de mise en valeur des forêts privées du Bas-Saint-Laurent et Forêt
modèle du Bas-Saint-Laurent, Québec, 139 p.
BEAULIEU, H. 1992. Liste des espèces de la faune vertébrée susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. Ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, 107 p.
BOUGLOUAN, N. 2008. Buse à épaulettes – Buteo lineatus, Fiche spécifique, Oiseaux net, 3 p.
(http://www.oiseaux.net)
COSEPAC. 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Buse à épaulettes (Buteo lineatus) au Canada – Mise à jour. Comité
sur la situation des espèces en péril au Canada, Ottawa, vi + 29 p.
COSEPAC. 2001. Espèces canadiennes en péril. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, 35 p.
GOUVERNEMENT DU CANADA. 2007. Profil d'espèce - Buse à épaulettes. Registre public des espèces en péril, 4 p.
(http://www.registrelep.gc.ca/default_f.cfm)
GAUTHIER, J. et Y. AUBRY (sous la direction de). 1995. Les oiseaux nicheurs du Québec : Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional.
Association québécoise des groupes d'ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la faune,
Environnement Canada, région du Québec, Montréal, xviii + 1295 p.
LONGTIN, B. 1996. Option de conservation, Guide du propriétaire. Centre québécois du Droit de l’environnement, Montréal, 100 p.
NATURE ACTION QUÉBEC. 2008. Les rapaces forestiers – Autour des palombes, buse à épaulettes et chouette rayée. Nature Action
Québec, Estrie, 2 p.
PAQUET, J. et V. GROISON. 2004. Guide terrain - Saines pratiques d’intervention en forêt privée, Nouvelle édition. Fédération des
producteurs de bois du Québec, Longueuil, 123 p. (10,00 $)
Andréanne Désy, biologiste, Agence Chaudière - Mars 2008
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