POL 4213 8 février 2007 Hitler, le nazisme et sa mémoire : débats historiographiques et dérives négationnistes (1 re partie) Au lendemain d'une expérience aussi cataclysmique que celle de la Deuxième guerre mondiale, la plus meurtrière à ce jour (probablement au-delà de 40 millions de morts), et marquée par la mise à mort organisée de cinq à six millions de Juifs, les questions qui se posaient étaient les suivantes : Comment tout cela avait- il été possible? D'où avaient pu surgir l'idéologie nazie et le régime totalitaire auquel elle présida pendant 12 ans? Dans quelle mesure cette apparente aberration représentait-elle un prolongement de tendances profondes dans l'histoire allemande, la forme extrême de tendances qui avaient touché l'ensemble de l'Europe (ou de l’Occident) ou encore la constellation improbable de circonstances particulières? En d'autres termes, comment devait-on interpréter ce moment extrême? (a) Dans le fil d’une continuité «de Luther à Hitler» (pour prendre le titre d'un ouvrage américain de 1941), c'est-à-dire une configuration bien particulière de la psyché collective allemande ou encore un destin particulier de ce peuple (que rendait bien le mot allemand Sonderweg, désignant la «voie particulière», distincte de la «barbarie» des tsars russes et du libéralisme occidental, i.e. français et anglo-saxon), le nazisme apparaissant dans ce cas comme la résurgence exacerbée de tendances autoritaires qui s’étaient manifestées à d’autres reprises dans le passé ? (b) Sur l’arrière- fond d’une «crise européenne générale» consécutive à la révolution française, qui avait été marquée par l'irruption des masses sur la scène politique, et à la révolution industrielle, qui correspondait à la montée en puissance de la technique, ce qui faisait alors de l’expérience allemande un exemplaire parmi d’autres des formes d’autoritarisme, de fascisme et éventuellement de totalitarisme que connut le monde et particulièrement l’Europe au 20e siècle ? Ou encore comme (c) le fait imprévisible de la présence de Hitler, individu «démoniaque», qui sut cristalliser et mettre en oeuvre une série de tendances qui, sans lui, n'auraient pas mené à la catastrophe que l'on sait et, par conséquent, comme une expérience politique singulière, unique en son genre ? Le danger (sur le plan intellectuel) du premier type d’interprétation est celui de la «rétrodiction» ou de la téléologie: l'histoire de l’Allemagne avant l’avènement du nazisme risque d’être réinterprétée comme une préparation ou une anticipation du nazisme, i.e. les événements antérieurs seront relus à la lumière d’événements postérieurs; cette vue téléologique (i.e. les événements s’expliquent par le résultat auxquels ils aboutissent) est difficilement acceptable en histoire; la chaîne des événements historiques n'existe en effet qu'après coup, à chaque moment, il existe un certain nombre de directions possibles. Dans le cas qui nous occupe, on sait maintenant, par exemple, que l’accession de Hitler au pouvoir en janvier 1933 résulte d’un jeu complexe de manœuvres tactiques de la part de Hitler, d’un côté, et des politiciens de la droite conservatrice, de l’autre : des responsabilités et des choix individuels ont été clairement engagés et ils auraient pu déboucher sur une autre issue (sur ce 2 point précis, voir le récit détaillé de Henry Ashby Turner, Hitler : janvier 1933 : les trente jours qui ébranlèrent le monde, 1996). Ceci dit, on peut offrir une version plus satisfaisante de la thèse du caractère particulier du destin allemand en présentant divers éléments (la division religieuse, la manière autoritaire dont s’est réalisée l’unité et le type de régime qui s’en est suivi, la situation de l’Allemagne après 1918, …) comme des «filtres» qui resserrent à chaque étape le nombre et la nature des options possibles, sans que l’on puisse parler de déterminisme au sens fort (pour un exemple récent de ce genre : Heinrich A. Winkler, Histoire de l’Allemagne, XIXe-XXe siècle : le long chemin vers l’Occident, 2005). Le second type d’interprétation situe le nazisme dans des séries conceptuelles (autoritarisme, fascisme, totalitarisme) qui débordent le cas allemand. Les analyses marxistes du fascisme (par exemple Nicos Poulantzas, Fascisme et dictature, 1974) relèvent de cette approche (le nazisme y apparaît d’abord comme la forme que prend la domination du capital dans une conjoncture de tension extrême), tout comme les théories du totalitarisme du type de celle d’Hannah Arendt (The Origins of Totalitarianism, 1951), qui font de la modernité une catégorie centrale et relèguent les spécificités nationales au second plan. Elle peut donc avoir, si elle va au-delà de la prise en compte des caractères les plus généraux – qui peuvent être effectivement semblables, le défaut de diluer la spécificité du phénomène dans des tendances lourdes qui ont pourtant conduit à tout autre chose ailleurs. Ainsi, on verra que bien des historiens, à la différence des philosophes et des politologues, refusent la pertinence d’un concept comme celui de totalitarisme au nom de la singularité du nazisme. C’était le cas de De Felice avec l’Italie (il finissait par recourir au mot, on l’a vu, mais en lui donnant une acception essentiellement italienne; c’est aussi le cas d’Ian Kershaw pour ce qui est de l’Allemagne nazie. Ce point de vue ne remet pas en cause l’utilité d’un travail comparatif entre nazisme et fascisme, entre nazisme et communisme : mais cette comparaison sera éclairante, disent ces historiens, dans la mesure, justement, où elle mettra au jour les ressemblances et les différences. Au troisième type d’interprétation, on pourrait évidemment reprocher de surestimer le rôle de l'individu: ceci nous renvoie bien sûr au débat classique sur le poids respectif de l’«agent» et de la «structure» dans l’explication. Le cas de l’Allemagne nazie en est toutefois sûrement un où un individu a pu exercer un poids écrasant sur l’orientation des événements : au moins en apparence, Hitler semble avoir concentré dans sa personne l’image sinon la réalité du pouvoir et l’idéologie du régime entérinait cette apparence. Ceci devrait nous orienter à mon avis vers des questions du type : Quelle était la structure du pouvoir permettant une telle concentration du pouvoir? Comment un individu tel que Hitler a-t- il pu y accéder? Pourquoi tant de personnes lui ont-elles obéi? Quelles étaient les limites de son pouvoir? Une bonne partie de l’historiographie du nazisme tourne autour de ces questions : les courants que l’on désigne comme «structuralistes» ou «fonctionnalistes» cherchent à circonscrire le rôle de l’«age nt» Hitler dans un équilibre de forces complexe où il apparaît comme le pivot; une réponse différente, mais qui cherche à intégrer les préoccupations des précédents nous est offerte par Kershaw et les rapports qu’il établit entre le «chaos» dans lequel évo lue le régime et le «charisme» qui définit les rapports vis-à-vis du Führer. Notre traitement de l’expérience nazie suivra le plan suivant. Cette semaine, je présenterai un exposé sommaire de l’histoire allemande de 1848 à 1945. La semaine prochaine, nous examinerons les courants idéologiques qu’on peut identifier comme étant aux sources du mouvement national-socialiste et de l’idéologie ou la conception du monde hitlérienne proprement dite. La semaine suivante, enfin, nous examinerons d’abord la 3 controverse qui a agité le milieu des historiens allemands dans la seconde moitié des années 1980 (appelée l’Historikerstreit), puis le mouvement passablement ahurissant que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de «négationnisme», c’est-à-dire ceux qui nient la réalité du génocide des Juifs par les nazis. 1. L'Allemagne avant 1871 On peut remonter passablement dans l’histoire allemande lorsque l’on cherche des traits qui peuvent jouer un certain rôle explicatif dans le destin de ce pays au 20e siècle. Les thèses qui insistent sur une continuité dans le temps long font appel généralement aux éléments suivants : - Les guerres de religion du 16e siècle entre catholiques et protestants : elles furent très violentes, prirent la forme d’une guerre de classes (Guerre des Paysans de 1524-1525), débouchèrent au siècle suivant sur la Guerre de Trente Ans (16181648). Celle-ci se termina par les Traités de Westphalie, qui inaugurèrent le système interétatique européen moderne et laissèrent l’Allemagne morcelée et marquée par une division profonde et territoriale entre catholiques et protestants. - La Prusse émergea toutefois de cette situation comme une puissance militaire forte, bientôt en conflit avec l’Autriche et donc comme l’un des pôles possibles de l’identité allemande. Sous Frédéric II, «despote éclairé», la Prusse est le haut lieu de l’Aufklärung, le mouvement des Lumières allemand. Celui- ci atteint son sommet avec les œuvres de Goethe, Herder, Kant, etc. C’est dans ce contexte qu’apparaît le nationalisme allemand. - La Révolution française est accueillie avec enthousiasme par les Allemands, jusqu’à ce qu’elle se traduise par une politique d’occupation et d’annexions : si les victoires de Napoléon viennent près d’anéantir le Prusse, une réaction nationaliste ou patriotique secoue la jeunesse universitaire. La défaite de Napoléon en Russie, puis aux mains des Anglais, conduit au rétablissement d’une Prusse affaiblie. Dans l’Europe post-napoléonienne, c’est toutefois l’Autriche qui apparaît comme la première puissance continentale. Une Confédération germanique de trente- neuf États est créée : il s’agit d’un ensemble assez lâche (une alliance défensive, pour l’essentiel), avec l’Autriche à sa tête et la Prusse, seul autre État d’une taille appréciable, comme second violon. C’est dans ce contexte que circulent les idées libérales, démocratiques et favorables à l’unification. Le mouvement de la Jeune Allemagne (rappelons- nous la Jeune Italie - il y eut aussi une Jeune Belgique, une Jeune Irlande, une Jeune Europe - avec sections française, polonaise et italienne) naît au début des années 1840; c'est un mouvement libéral favorable au suffrage universel. L'idée d'une véritable unité allemande est alors jugée révolutionnaire et dangereuse par l'Autriche absolutiste et multinationale (elle comprend des Hongrois, des Tchèques, etc.); la Prusse, qui est le seul des États allemands ayant un fort intérêt et disposant des capacités de réaliser cette unité, n'est pas du tout favorable aux idées libérales. En fait, le nationalisme, qui insiste sur la «germanité» commune à tous les Allemands et fait du «peuple» ou de la «nation» sa catégorie privilégiée, a un caractère «horizontal», par opposition au caractère «vertical» des régimes absolutistes, où l’on insiste sur la hiérarchie des ordres (la noblesse, les bourgeois, le peuple). De plus, le nationalisme apparaît «général», par opposition 4 aux particularismes des petits États dynastiques. Par ailleurs, l'économie allemande se développe fortement au cours des années 1820, 1830 et 1840, et, du même coup, se répand l'idée d'une unité économique des États allemands. La grande question qui traverse alors le mouvement nationaliste, i.e. favorable à l’unité des Allemands, est la suivante : faut- il réaliser l’unité avant la liberté ou le contraire? En 1847, le nouveau roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, apparaît plus ouvert aux idées libérales et il convoque un parlement chargé de rédiger une constitution (l’idée d’une constitution écrite – comme en France et aux États-Unis – a alors un caractère libéral, voire révolutionnaire, puisqu’elle implique une limitation des pouvoirs du monarque). L'entreprise échoue toutefois devant l'incompatibilité des positions défendues par les libéraux radicaux et de celles des partisans de la monarchie de droit divin, qui demeurent nombreux. Dans le sillage de la révolution de février 1848 à Paris, laquelle marque le passage de la monarchie constitutionnelle à la République, la situation se radicalise encore plus : on voit même apparaître un mouvement communiste, dont Karl Marx et Friedrich Engels sont les porteparole. Un soulèvement se produit à Berlin en mars 1848 : le roi, déterminé à sauver sa couronne, promet «au peuple prussien et au peuple allemand» une constitution ainsi qu’une Assemblée élue au suffrage universel. Des mouvements similaires se produisent dans le reste de l'Allemagne. En mai 1848, un parlement national élu au suffrage universel se réunit à Francfort et proclame son intention de réaliser l'unité allemande (en pratique, le passage d'une Confédération d'États à un État fédéral). Le Parlement est toutefois rapidement divisé entre les partisans de la «petite Allemagne» (i.e. une Allemagne sans l'Autriche et à la tête de laquelle se retrouverait la Prusse) et ceux de la «grande Allemagne» (i.e. une Allemagne incluant l'Autriche et placée sous la direction de celle-ci). Mais le roi de Prusse refuse finalement la couronne qui lui est offerte: il préfère régner en monarque absolu sur la seule Prusse plutôt que de devenir le monarque constitutionne l de la petite Allemagne. Les éléments radicaux du Parlement tentent alors un soulèvement armé, mais celui-ci est écrasé et les libéraux sont éliminés pour de bon comme force politique importante. La révolution allemande de 1848 constituera l'échec politiq ue du libéralisme : à la différence de l'Angleterre et de la France, l’Allemagne ne connaîtra plus (du moins avant l’après-Seconde Guerre mondiale) de mouvement libéral fort. Les décennies 1850 et 1860 sont marquées par la montée en puissance économique de la Prusse et une série de manœuvres diplomatiques de celle-ci pour réaliser l'unité allemande. Le personnage-clé de cette période est Otto von Bismarck, le «chancelier de fer» : il développe l'armée et la bureaucratie prussiennes, rallie les petits États allemands en combinant pressions économiques et militaires et tient tête aux revendications libérales. En 1866, on l’a vu, éclate une guerre entre la Prusse et l’Autriche (dont l’une des conséquences est l’intégration de Venise et de sa région à l’Italie nouvellement créée). À l’issue de cette guerre de sept semaines, les petits États allemands qui avaient appuyé l’Autriche sont forcés de rallier la Prusse. En 1867, des États allemands du nord se joignent à la Prusse pour former une nouvelle Confédération. Finalement, la Prusse, alliée aux autres États de la «Petite Allemagne» déclare la guerre à la France; la guerre de 1870-71 scellera l'unité allemande. En 1871, le roi de Prusse Guillaume 1er est proclamé empereur de l’Allemagne au château de Versailles! L’unité (partielle : l’Autriche n’est pas incluse) survient donc avant la liberté. 5 2. Le IIe Reich On se trouve donc après 1871 avec un nouveau Reich constitué de 25 États, lesquels demeurent toutefois dotés d'une assez large autonomie; mais l'existence d'un exécutif fédéral et le caractère autoritaire de l'ensemble hâtent l'homogénéisation de l'ensemble (sur les plans financier et judiciaire, notamment). La nouvelle Allemagne dispose d’un parlement national élu au suffrage universel; mais le chancelier n'étant pas responsable devant lui (il ne répond qu’à l'empereur), l’Allemagne n’est donc pas un régime parlementaire (comme l’est par exemple la Grande- Bretagne). De plus, le Reich ayant un caractère fédéral assez décentralisé, la Prusse, qui représente environ 60% de l’ensemble, maintient un système électoral qui pondère la représentation des divers ordres. Sur le plan de la légitimité, le nouvel Empire accorde une importance considérable à son caractère protestant, par opposition à l’Autriche catho lique : ceci permet de rassembler les protestants prussiens et non prussiens, les libéraux et les conservateurs protestants, mais offrait le désavantage de perpétuer la division entre Allemands catholiques et protestants. Par ailleurs, l’opposition entre nationalisme (démocratique) et particularisme (dynastique) n’avait plus de consistance à partir du moment où l’Empire national s’était réalisé sous l’autorité d’un monarque. De 1871 à 1879, Bismarck, qui s'appuie au Parlement sur le groupe des «libérauxnationaux», qui ont largement renoncé à leurs revendications démocratiques initiales : il crée la monnaie et la banque communes et lutte contre l'influence catholique (Kulturkampf). Devant la montée du mouvement ouvrier allemand, que traduit la création du Parti socialdémocrate allemand en 1869, Bismarck répond par la répression - il fait voter en 1878 une loi anti-socialiste très sévère - mais entreprend du même coup un vaste programme de réformes sociales (assurances maladie, accident, vieillesse, invalidité), dans lequel on peut voir une première mouture de l’État-Providence. La population allemande croît considérablement durant cette période : elle passe de 41 millions en 1871 à 68 millions en 1914, ce qui contraste avec la France dont la population croît beaucoup moins vite. Les progrès de l'industrie sont extraordinaires et l'Allemagne devient bientôt le premier État industriel d'Europe. Cette prospérité la protège de troubles révolutionnaires, mais le parti social-démocrate, libéré des lois anti-socialistes, continue d'attirer massivement les ouvriers: avec 4 millions de votes en 1912, il devient le premier parti d'Allemagne. Mais le parti est de moins en moins révolutionnaire et de mieux en mieux intégré à la société allemande (le sociologue G. Roth parle à ce propos d'«intégration négative»). Bismarck doit se retirer en 1890, suite à l'accession au trône du nouvel empereur, Guillaume II. La politique extérieure de l'Allemagne, jusqu’alors marquée par une très grande prudence, devient beaucoup plus aventureuse, tournée vers la conquête de colonies. Une Ligue pangermaniste est créée et divers groupes racistes proclament le droit des peuples porteurs de culture à coloniser les peuples inférieurs. L'éclatement de la Première guerre mondiale, pour laque lle les responsabilités sont partagées (mais où l’Allemagne porte celle d’une politique particulièrement irréfléchie), voit «l'union sacrée» entre tous les partis : un seul député socialiste, Karl Liebknecht, fils du co-fondateur du parti, votera éventuellement contre l'octroi des crédits militaires. Très vite, l’Allemagne, alliée à l’Autriche-Hongrie et à l’Empire Ottoman, se trouve à combattre sur deux fronts. La guerre, la première où les moyens de destruction techniques sont déployés massivement, est particulièrement meurtrière. Toutefois, à partir de 1916, le mécontentement devant la stabilisation du front donne lieu à des divisions au sein du parti social-démocrate et à manifestations pacifistes, organisées par des opposants 6 socialistes de gauche, appelés les spartakistes. Le haut commandement militaire prend de plus en plus la direction du pays, mais une vague de grèves rend la situation précaire. Dès septembre 1918, les militaires reconnaissent la nécessité de mettre fin à la guerre, mais tergiversent. En novembre 1918, une révolte de marins donne le signal à un mouvement révolutionnaire, sur le modèle russe. 3. La République de Weimar (1918-1933) Le 9 novembre 1918, l'empereur abdique et les sociaux-démocrates proclament la république. Le 11 novembre, l'armistice est signé. Très rapidement, on dira que la révolution de novembre est la cause de la défaite : c’est la thèse du « coup de poignard dans le dos ». L'antagonisme entre les partisans (très minoritaires) d'une république des soviets et l' « establishment » social-démocrate soucieux de préserver ses conquêtes donne lieu à une alliance entre les dirigeants de ce parti et l'armée. Une grève générale organisée à Berlin en janvier 1919 est écrasée dans le sang et les deux leaders révolutionnaires les plus en vue, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, sont assassinés. Des corps paramilitaires achèvent d'écraser l'agitation communiste. La république de Weimar (du nom de la ville – celle de Goethe! – où la constitution a été signée) naît donc de l'alliance circonstancielle entre la gauche modérée et l’extrême-droite, ce qui entraînera une division durable de la gauche, entre communistes et sociaux-démocrates. La nouvelle constitution établit une république fédérale et parlementaire et adopte le suffrage universel égal à l’échelle fédérale comme à celle des «pays»; mais le président est élu directement par le peuple et dispose donc d’une forte légitimité, ce qui vise à contrebalancer le risque de paralysie venant de la division des partis; le président est en outre doté de larges pouvoirs, dont ceux de nommer le chancelier (premier ministre) et, surtout, de suspendre les droits fondamentaux en cas d’urgence et de permettre ainsi au chancelier de gouverner par décrets. Le Traité de Versailles, qui détermine les réparations que doit payer l'Allemagne, est accepté par les politiciens au pouvoir (ils n’ont guère le choix), ce qui les discrédite, euxmêmes et la République, aux yeux des nationalistes. L'Allemagne est morcelée : une partie de son territoire est donné à la Pologne; l’Alsace et la Lorraine reviennent à la France; la Sarre est soumise à un contrôle international; les vainqueurs interdisent que l’Autriche, désormais dépouillée de son empire, se joigne à l’Allemagne. Celle-ci est aussi en partie démilitarisée et humiliée ; elle s’enfonce par ailleurs dans la crise économique. Elle connaît une succession de tentatives de coups d'État venant de l'extrême-droite comme de l'extrême-gauche, qui, ni l’une ni l’autre n’acceptent la nouvelle république. Ainsi, en Bavière, la révolution se poursuit, avec un gouvernement constitué de sociaux-démocrates de diverses tendances et dirigé par Kurt Eisner, qui se maintenait au pouvoir malgré le reflux de la révolution. Lors des élections de janvier 1919, la droite l’avait en effet emporté massivement. Lorsqu’Eisner est assassiné, les conseils ouvriers et paysans qui avaient surgi à la fin de la guerre tentent alors de se constituer en gouvernement ; la République de Bavière est proclamée en avril, les communistes s’y rallient et créent une milice, mais les corps francs écrasent la République en quelques semaines. Un coup d’État de la droite (le putsch de Kapp) échoue à son tour, paralysé par une grève générale des syndicats. Dans la région de la Ruhr, la répression fait au moins 3000 morts. Le terrorisme, surtout d’extrême-droite, sévit : il y a de très nombreux attentats politiques, dont celui contre Walter Rathenau, ministre des Affaires étrangères, d’origine juive. 7 En 1923, l'Allemagne connaît une inflation terrible, qui semble due à la volonté des industriels de se libérer de leurs dettes et de relancer les exportations. Le mark est dévalué, mais, très rapidement, se développe une spirale descendante : alors qu’en 1914, le dollar américain s’échangeait contre 4,2 marks, il se met à perdre sa valeur d’une manière spectaculaire, ce qui ruine les épargnants et tous ceux qui vivent d’un revenu fixe, tandis que se constituent des fortunes colossales chez ceux qui achètent à vil prix les biens et bâtiments dont la valeur a chuté. Le tableau suivant illustre la chute du mark par rapport au dollar américain : Année Mois/Date 1922 Avril Octobre Novembre 1923 4 janvier 10 janvier 15 janvier 17 mai 10 juillet 23 juillet 28 juillet 7 août 9 août 5 septembre 6 septembre 7 septembre 20 septembre Valeur du $ US en marks 1 000 2 000 6 000 8 000 10 000 56 000 96 000 200 000 400 000 1 000 000 2 000 000 6 500 000 20 000 000 46 000 000 60 000 000 325 000 000 L’Allemagne accumule du retard dans ses paiements de réparation et les Français, intransigeants, occupent militairement la vallée industrielle de la Ruhr. Pour résister à cette occupation, des attentats sont perpétrés : extrême droite et communistes s’unissent contre l’occupant. Le 9 novembre 1923, un inconnu nommé Adolf Hitler, chef d’un petit parti extrémiste, le Parti ouvrier national-socialiste allemand, créé en 1920 (et dont le programme éclectique en 25 points figure dans le recueil), tente un putsch à Munich, avec l'aide du général Ludendorff, no 2 des forces armées pendant la guerre et leader des nationalistes. Programme en 25 points du NSDAP : traits saillants - Grande Allemagne Abrogation du Traité de Versailles Antisémitisme Suppression de l’intérêt Confiscation des bénéfices de guerre Nationalisation des entreprises appartenant à des trusts Participation aux bénéfices des entreprises Défense de la classe moyenne et des petits commerçants Réforme agraire Santé publique Création d’une armée nationale Contrôle des journaux Liberté religieuse «L’intérêt général passe avant l’intérêt particulier» 8 Le putsch connaît un échec lamentable. Le procès que subit Hitler est toutefois un succès politique: condamné à 5 ans de prison, il en fera une seule, au cours de laquelle il écrira un livre intitulé Mein Kampf (Mon combat). Le putsch de Munich apparaît finalement plus comme le dernier acte de cinq années (1918-1923) de soubresauts révolutionnaires et contrerévolutionnaires que comme la préfiguration des choses à venir. Les années 1924 à 1929 marquent en effet une pause: la prospérité économique revient, l'Allemagne réintègre le jeu diplomatique, les réparations sont étalées sur 59 ans et la France évacue la Ruhr, l’économie est stimulée par les investissements américains. Dans ces circonstances, les mouvements nationalistes extrémistes voient leurs appuis fondre. Mais la crise économique de 1929 frappe l'Allemagne de plein fouet, étant donné que son économie dépend largement de l’aide américaine: en deux ans, le nombre de chômeurs passe de 2 à 6 millions. L'Allemagne est polarisée entre, d’une part, les diverses forces nationalistes favorables à la révision du Traité de Versailles, xénophobes et antisémites, dont le Parti national-socialiste des travailleurs d'Allemagne représente la troupe de choc et, d’autre part, les communistes. Tous les partis majeurs disposent alors de formations paramilitaires et les affrontements violents pour le contrôle de zones sont monnaie courante. Aux élections de 1930, le parti nazi obtient 18,3% des voix (contre seulement 2,6% aux élections de 1928) et le nombre de ses députés passe de 12 à 107. Au premier tour des élections présidentielles de 1932, où les nazis décident de présenter leur candidat contre celui de la droite, le président Hindenburg obtient 49,6% contre 30,1% à Hitler et 13,2% à Ernst Thaelmann, chef des communistes ; au second tour, Hindenburg est réélu avec 19 millions de voix (53%) contre 13 millions à Hitler (38%) et 4 millions à Thaelmann (10%). De nouvelles élections en juillet 1932 donneront 37,3% des voix et 230 députés aux nazis (contre 12,5% au Zentrum, 21,6% au SPD et 14,6% au KPD), qui forment le premier parti d'Allemagne. L’impasse est complète, car aucun parti n’est arrivé à se dégager suffisamment nettement ou à pouvoir établir une coalition stable. Surtout, nazis et communistes, les deux partis opposés au régime politique ont obtenu ensemble une majorité «négative». De nouvelles élections ont lieu en novembre, qui marquent un recul des nazis (33,1%) et une progression des communistes (16,9%), qui réunissent encore, comme on le voit, la moitié des suffrages. En fait, à partir de l’été 1930, le chancelier Brüning, un politicien conservateur, est incapable de gouverner avec l’appui du Reichstag et le président Hindenburg lui accorde les pleins pouvoirs pour qu’il gouverne au moyen de l’article 48. On entre formellement dans une période de dictature au niveau fédéral, une situation que contestent les sociaux-démocrates qui contrôlent le gouvernement de Prusse. À partir de ce moment, les sociaux-démocrates se trouvent en quelque sorte piégés entre le risque d’une dictature présidentielle et celui d’une guerre civile. Les affrontements entre milices de parti deviennent fréquents et de plus en plus sanglants. Au printemps 1932, Brüning est renvoyé et Frantz von Papen lui succède. À l’été, le président nomme le chancelier commissaire de Prusse, ce qui a pour effet de suspendre les pouvoirs du gouvernement social-démocrate. Devant le risque d’une guerre civile qu’ils peuvent difficilement gagner, les sociaux-démocrates, dont l’appui électoral décroît, gardent un profil assez bas. Les nazis revendiquent le poste de chancelier en invoquant leur statut de premier parti. Mais une partie du haut commandement militaire et le président lui- même sont opposés à Hitler et diverses combinaisons sont tentées pour éviter de lui confier le gouvernement. Mais tout cela échoue et la tension est forte, la fin de l’année 1932 étant marqué par une grève des transports publics à Berlin, organisée conjointement par les nazis et 9 les communistes, contre la direction social-démocrate. À la suite d’une série d’intrigues de palais où sont mêlés d’importants industriels et plusieurs politiciens conservateurs, Hindenburg décide de nommer Hitler chancelier le 30 janvier 1933. On peut donc dire que l’arrivée au pouvoir de Hitler était à la lettre constitutionnelle (même si de larges pans de la constitution ne s’appliquaient plus depuis 1930, en raison de l’état d’exception), mais il est exagéré de dire qu’il fut porté au pouvoir par le suffrage des électeurs, les élections de novembre 1932 n’ayant accordé à son parti que 33% des voix. Le tableau de la page suivante (construit à partir des données apparaissant sur le site http://www.gonschior.de/weimar/index.htm) retrace, sur une période de près de quinze ans, l’évolution (en %) des appuis aux principaux partis depuis les élections législatives de 1919 jusqu’à celles de mars 1933 : 19 Participation 20/22 24 I 83,02 79,18 NSDAP . . DVFP . . Landvolk . WP 24 II 28 30 32 I 77,42 78,76 6,55 3,00 0,87 . . . . 1,89 3,17 . . 1,71 2,29 4,54 3,95 0,91 0,78 0,64 1,03 1,56 DNVP 10,27 15,07 19,45 20,49 CSVd . . . . DVP 4,43 13,90 9,20 DDP 18,56 8,28 4,39 BBB BVP USPD KPD Autres 33 75,60 81,95 84,06 80,58 88,74 2,63 18,33 37,36 33,09 43,91 . . . 0,25 0,30 . 0,40 0,31 . 0,97 0,37 0,42 0,29 14,25 7,03 5,93 8,66 7,97 0,20 2,49 1,10 1,48 0,98 10,07 8,71 4,75 1,18 1,86 1,10 5,65 6,34 4,90 3,78 1,01 0,95 0,85 3,23 3,74 3,07 3,03 3,26 3,09 2,73 13,64 13,37 13,60 12,07 11,81 12,44 11,93 11,25 37,86 21,92 20,52 26,02 29,76 24,53 21,58 20,44 18,25 7,62 17,63 0,80 0,33 0,07 0,03 . . . . 2,09 12,61 8,94 10,62 13,13 14,56 16,86 12,32 0,68 2,30 6,25 4,15 4,86 3,02 0,56 0,61 0,35 19,67 Zentrum SPD 32 II Légende : NSDAP = Nazis; DVFP = Parti de la liberté du peuple allemand; Landvolk = Parti nationalchrétien et paysan allemand; WP; BBB = Mouvement paysan bavarois; DNVP = Parti national-allemand du Peuple; CSvD = Chrétiens-sociaux; DVP = Parti allemand du peuple; DDP = Parti démocratique allemand; BVP = Parti du peuple bavarois; Zentrum = Parti du Centre (catholiques); SPD = sociauxdémocrates; USPD = sociaux-démocrates indépendants; KPD = communistes. 4. Le régime nazi (1933-1945) Arrivant au pouvoir avec seulement deux ministres nazis dans un gouvernement de coalition conservateur (d’une manière qui ressemble donc à celle dont Mussolini a accédé luimême au pouvoir), Hitler pose rapidement (et plus vite que Mussolini) les bases de la dictature. Le 2 février, le Parlement est dissous et de nouvelles élections sont convoquées, comme l’autorise la constitution. Le 6 février, le Parlement de Prusse, qui était tenu par les sociaux-démocrates, est à son tour dissous. L'incendie du Reichstag, le 28 février, attribué à un terroriste communiste, donne le signal. Un décret du président Hindenburg déclare un état 10 d’urgence permanent et suspend les droits fondamentaux: cette loi sera considérée en quelque sorte comme la Constitution du IIIe Reich (la Constitution républicaine ne sera jamais formellement abolie; le régime hitlérien existant de facto). Les communistes et autres opposants de gauche sont arrêtés en masse quand ils ne sont pas sauvagement assassinés. Les élections du 5 mars donnent 43,9% des voix aux nazis et 8% à leurs alliés nationalistes du DNVP ; il est intéressant de constater qu’en dépit du climat de terreur, le SPD, le KPD et le Zentrum, trois partis opposés (jusqu’à un certain point, dans le cas de ce dernier) au nazisme mais, hélas, également opposés entre eux, arrivent à totaliser 42% des voix. Le 23 mars, les pleins pouvoirs sont confiés à Hitler. Dès le printemps 1933, l'administration, la police, la justice, les universités sont épurées; les livres jugés séditieux sont brûlés sur la place publique; les syndicats sont dissous et remplacés par le Front du travail; au cours de l'été, les autres partis sont dissous l’un après l’autre; on lance un boycott des commerces juifs; on ouvre les premiers camps de concentration et on crée la police secrète d'État. En juillet, Hitler signe un concordat avec le pape Pie XI : celui-ci promet que les prélats ne feront pas de politique, en échange de quoi le gouvernement allemand s’engage à ne pas intervenir dans les affaires de l’Église. En 1934, les S.A., force paramilitaire du parti, sont devenus incontrôlables et leurs chefs réclament la poursuite de la révolution. Cela signifie notamment faire de la S.A. le cœur du dispositif militaire allemand, ce à quoi s’opposent les chefs de l’armée. Les S.A. regroupent alors environ 2 500 000 hommes alors que l’armée, dont le recrutement est limité par le Traité de Versailles, n’en compte que 100 000. Toutefois, l’armée a un caractère professionnel et est bien équipée. En même temps, des conservateurs qui ont contribué à faire nommer chancelier sont apeurés et songent, maintenant que les communistes et les socialistes ont été éliminés, à restaurer la monarchie avec l’appui de l’armée. Hitler sait qu’il a besoin du concours de l’armée et qu’un coup d’État ou une guerre civile l’empêcheraient de continuer à gouverner. Il s'assure l’appui de l’armée en mettant au pas les S.A. au cours de la «nuit des longs couteaux» qui voit l'exécution de plusie urs cadres S.A. par la garde du corps personnelle de Hitler, la S.S., appuyée par l’armée ; par la même occasion, Hitler élimine d’autres adversaires politiques, dont l’ancien chancelier von Schleicher, qui s’était opposé à sa venue au pouvoir et constituait le possible point de ralliement d’une opposition militaire, Gregor Strasser, ancien no 2 du parti nazi qui avait entamé des discussions avec von Scleicher à l’automne 1932, et Edgar Jung, secrétaire du vice-chancelier von Papen, au centre du mouvement conservateur monarchiste. Les länder sont abolis et l'Allemagne devient un État centralisé, dominé par le parti nazi et le complexe policier dirigé par Himmler. À la mort de Hindenburg, en 1934, Hitler cumule les fonctions de chancelier et de président et se proclame Führer, une désignation non prévue à la constitution de Weimar. L'armée accepte de prêter un serment personnel à Hitler. Un plébiscite organisé en août 1934 et destiné à ratifier les actions entreprises depuis janvier 1933 donne à Hitler 84,6% des voix : cela signifie tout de même qu’en dépit du climat de répression, pas moins de 5 millions d’Allemands ont signifié leur opposition. Un vaste programme d'autarcie économique et d’armement amène un relèvement économique du pays, si bien que le chômage est à toutes fins pratiques résorbé en 1938. Cette période est marquée par une recrudescence de l'antisémitisme: lois de Nuremberg sur la pureté raciale (1935), blocage de l'émigration juive, «aryanisation» (i.e. confiscation) des biens, Nuit de cristal (1938) et autres pogroms. 11 Sur le plan de la politique étrangère, Hitler se fixe deux grands objectifs: le rassemblement de tous les Allemands dans une grande Allemagne; la conquête d'un espace vital jugé nécessaire. Hitler rétablit le service militaire, il réoccupe la Rhénanie démilitarisée, sans réaction autre que verbale de la part de la France et de l’Angleterre. En 1936, on scelle l'axe Berlin- Rome, puis le pacte anti-Komintern avec le Japon. À partir de 1937, le réarmement allemand s'accélère. En mars 1938, Hitler envahit l'Autriche, où il est accueilli en libérateur. En septembre, il annexe les Sudètes, région de la Tchécoslovaquie habitée par des minorités allemandes. Les pays occidentaux plient devant Hitler. En revanche, l'invasion de la Tchécoslovaquie en mars 1939 fait la preuve qu'on ne peut faire confiance à Hitler. Le 24 août 1939, le monde apprend avec stupeur que l'Allemagne et l'URSS ont signé un pacte de nonagression. Le 1er septembre, les troupes allemandes envahissent la Pologne; les Soviétiques font de même. Le 3 septembre, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne. Après une année de « drôle de guerre », les succès militaires de l'Allemagne sont foudroyants: au printemps 1940, la Belgique, les Pays-Bas, puis la France tombent. Mais l'Angleterre ne se rend pas et remporte la bataille aérienne. En juillet 1941, l'Allemagne se lance à la conquête de l'URSS: les Allemands s'emparent rapidement de al partie la plus riche du pays. Partout, l'Allemagne organise le pillage des pays occupés et se lance dans l'extermination systématique de la population juive. Mais l'armée allemande s'enlise dans l'hiver russe et les États-Unis, auxquels l’Allemagne a déclaré la guerre en décembre 1941, se joignent activement aux combats, mettant au service des forces anti-allemandes leur puissance industrielle. Les débarquements alliés en Afrique du nord, puis en Sicile témoignent du revirement de la situation. Dès le printemps 1944, il est clair que l'Allemagne a perdu la partie, mais l'extermination des juifs se poursuit. En juin 1944, le débarquement allié en Normandie achève l’encerclement. L'Allemagne, qui a déjà souffert beaucoup des bombardements massifs, sera ravagée par les troupes alliées. Le 1er novembre 1944, Himmler donne l'ordre de cesser les gazages de prisonniers juifs et d'effacer les traces du massacre. Le 30 avril 1945, Hitler se suicide dans son bunker. Le 2 mai, l'Armée rouge prend Berlin. Les 7 et 9 mai, au nom de l'Allemagne, l'amiral Dönitz, successeur désigné de Hitler, signe la capitulation sans conditions. Les principaux chefs nazis survivants seront jugés par le tribunal de Nuremberg en 1946.