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CHAPITRE 12 | LES VOLCANS EXTRATERRESTRES
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que riches en potassium (K), en terres rares (REE) et
en phosphore (P). Les mers lunaires sont constituées
d’épanchements basaltiques. Par rapport aux basaltes
terrestres, ils sont plus riches en fer et avaient une
viscosité plus faible. La majorité des éruptions basal-
tiques ont eu lieu entre 3,8 et 3,5Ga. Il semble cepen-
dant que certaines coulées pourraient être beaucoup
plus récentes (1Ga). Concomitamment à la mise en
place des basaltes, des éruptions siliciques ont éjecté
des matériaux pyroclastiques à des centaines de kilo-
mètres de distance du cratère d’origine, compliquant
ainsi la stratigraphie lunaire au-delà des phénomènes
d’impactisme qui n’ont cessé de la complexifi er.
Dans les deux cas, il s’agit de roches diff érenciées
qui ont environ 4,4Ga. Les mers, constituées de ba-
saltes plus jeunes (moins d’impacts météoritiques)
sont datées de 4 à 3,2Ga. Chimiquement, la Lune est
appauvrie en éléments volatils et est extrêmement
réduite. C’est un astre mort dont les dernières érup-
tions volcaniques sont vieilles de 3,2Ga.
1.1. Formation de la Lune
L’origine de la Lune est restée longtemps un sujet
de débat. Plusieurs hypothèses étaient classiquement
évoquées: la capture d’un astéroïde; la fi ssion d’une
partie de la terre par l’énergie centrifuge voire encore
la co-accrétion de la matière originelle du Système
solaire. Aujourd’hui, la communauté scientifi que s’ac-
corde à penser que l’origine de la Lune est la consé-
quence d’un impact structurant sur la proto-Terre par
un planétoïde de la taille de Mars (6500km de dia-
mètre) appelé Théia. Cet événement a éjecté un grand
nombre de débris de l’impacteur ainsi qu’une portion
du manteau terrestre dans l’espace.
Des simulations informatiques laissent entendre
que seulement une dizaine de pour cent de la masse
originelle de l’impacteur aurait produit un anneau de
débris en orbite. 90% de la masse de la Lune provien-
drait donc du manteau terrestre. Ces débris se seraient
accrétés en quelques dizaines d’années (voire une
centaine d’années au plus) pour donner naissance à
la Lune. Initialement, la distance Terre-Lune était plus
faible. La Lune s’est progressivement éloignée pour se
situer aujourd’hui à 385000km en moyenne.
Lors des six missions Apollo (1969-1972), 382kg de
matériaux lunaires ont été rapportés et leur analyse
a permis de confi rmer le caractère cogénétique des
deux planètes.
1.2. Une géochronologie lunaire basée
sur l’étude des cratères d’impact
L’étude des cratères lunaires met en évidence
que les impacts météoritiques furent intenses pen-
dant les premiers 500Ma de création de la Lune. La
chronologie comparée de la cratérisation lunaire,
couplée à la datation des roches ramenées des six vi-
sites par les missions Apollo, perme ent de se faire
une première idée de l’histoire géologique de la
Lune. Ce e étude a notamment mis en évidence une
phase de «grand bombardement tardif» (Late Heavy
Bombardment – LHB). Le LHB, tel que théorisé et mo-
délisé, semble aff ecter de manière globale toutes les
planètes du Système solaire. Sa durée estimée est de
50 à 150Ma, centrées sur 3,9Ga. Le taux de bombar-
dement est estimé à 20000 fois celui actuellement
observé sur Terre, ce qui correspond par exemple à
un impact d’un objet de plus de 1km tous les 20 ans
(sachant qu’un tel impact provoquerait aujourd’hui
sur Terre une extinction massive).
nDes tunnels de lave sur la Lune et Mars
Avant de pouvoir se rendre physiquement sur
la Lune, ou à l’aide d’engins spatiaux sur Mars, l’ob-
servation par télescope était le seul moyen d’appré-
hender la géologie extraterrestre. L’observation de
tunnels de lave eff ondrés sur la Lune a permis as-
sez tôt de comprendre que ces objets géologiques
étaient formés de nombreux champs de lave. Les
conditions de gravité de la Lune ont permis la
mise en place de tunnels de tailles plus impor-
tantes que sur Terre (Fig.12.1). Ils font, en général,
plusieurs centaines de mètres de large et plusieurs
centaines de mètres de profondeur et des dizaines
de kilomètres de longueur. Pendant les premières
phases de l’exploration spatiale, ces cavités ont été
considérées comme sites potentiels d’installation
de bases humaines pour les astronautes... ramenés
ainsi à l’âge des cavernes.