L`imagerie ophtalmologique pour des affections rétiniennes courantes

L’imagerie ophtalmologique pour
des affections rétiniennes courantes :
Progrès en matière de visualisation de l’œil
PAR KEYVAN KOUSHAN, M.D., FRCSC
Contrairement à la plupart des organes, l’œil peut être étudié et visualisé à différents niveaux.
Les modalités d’imagerie de la tine et de la choroïde se développent sans cesse, ce qui nous
permet d’accroître nos connaissances sur la structure et la fonction de ces tissus. Grâce à ces
progrès technologiques, nous avons une meilleure compréhension de diverses maladies
rétiniennes. Ce numéro d’Ophtalmologie Conférences scientifiques donne un aperçu des outils
d’imagerie les plus couramment utilisés pour la rétine et examine brièvement leur application
pour un certain nombre de maladies rétiniennes courantes.
Diverses modalités d’imagerie rétinienne
Photographie du fond d’œil
Introduite initialement par Jackman et Webster en 18861, la photographie du fond dœil est devenue
un ément essentiel de l’évaluation et de la documentation tinienne. Les caméras de fond dœil
combinent un éclairage par flash lumineux aux principes de l’ophtalmoscopie indirecte pour enregistrer
des images de la rétine. La lumière est produite par une lampe de visualisation ou un flash électron-
ique. Elle passe ensuite à travers une série de filtres et de miroirs pour prendre une forme annulaire
(i.e., la partie centrale n’est pas éclairée). Cette lumière, de forme annulaire, est ensuite réfléchie par la
rétine. Lalignement correct de la caméra permettra à la lumière réfléchie de passer à travers le centre
de l’anneau lumineux et celle-ci sera enregistrée par une cara ou un appareil photographique
numérique2. Langle de visualisation de la plupart des appareils photographiques du fond d’œil varie de
30oà 50o. Les images obtenues avec un champ visuel de 45 à 60osont néralement appees des
images grand angle. La photographie standard de 7 champs du fond d’œil est principalement utilisée
dans les essais cliniques et utilise 7 images de 30ochacune pour capturer une vue plus large du fond
d’œil (Figure 1). Les images ultra grand angle sont obtenues en utilisant les nouvelles caméras laser qui
capturent des images d’une largeur de champ allant jusqu’à 200o. Ces caméras utilisent différentes
longueurs d’onde de lumière laser pour obtenir de multiples images et recréer ensuite les couleurs sur
l’image finale. Il a été démontré que cette technique avait une très bonne concordance diagnostique
avec les photographies stéréoscopiques standard de 7 champs et l’examen clinique dans le contexte de
la rétinopathie diabétique (RD) ou en présence de masses choroïdiennes pigmentées3,4.
Imagerie rétinienne monochromatique
Vogt a décrit l’utilisation de la lumière verte « exempte de rouge » pour améliorer la visualisation
du fond d’œil5. Cette technique utilise différentes propriétés de réflectivité des couches du fond d’œil
pour améliorer la visualisation de certaines de ses structures en ayant recours à l’illumination mono-
chromatique au moyen de filtres. Les filtres bleu, vert ou rouge sont couramment utilisés pour cette
modalité d’imagerie et chacun fourni un contraste accru pour des structures du fond dœil spécifiques.
Par exemple, la lumière verte (exempte de rouge) est partiellement réfléchie par l’épithélium pigmen-
taire rétinien (EPR) et est absorbée par le sang. Sa dispersion est minimale et elle fournit un bon
contraste et une bonne vue globale du fond d’œil.
Angiographie à la fluorescéine (AF)
LAF est fondée sur les mêmes principes optiques que la photographie du fond d’œil, mais elle
utilise également la propriété de fluorescence de la fluorescéine sodique : absorption de la lumière à
de plus courtes longueurs donde et réémission à de plus grandes longueurs d’onde. La fluorescéine
sodique est excitée par la lumière bleue (longueur d’onde d’excitation de 465-490 nm) et réémet la
lumre jaune-verte (longueur donde dexcitation de 520-530 nm). La cara est dotée d’un filtre
bleu qui ne laisse passer que la lumière bleue dans l’œil. Une partie de cette lumière bleue est
réfléchie par la rétine et revient vers la caméra et une partie excite la fluorescéine sodique à l’intérieur
des vaisseaux sanguins ou ailleurs dans la rétine. La lumière fluorescente jaune-verte réémise avec la
Ophtalmologie
Conférences scientifiques
Département d’ophtalmologie
et des sciences de la vision
Faculté de médecine
Université de Toronto
60 Murray St.
Bureau 1-003
Toronto (Ontario) M5G 1X5
Le contenu rédactionnel d’Ophtalmologie –
Conférences scientifiques est déterminé
exclusivement par le Département
d’ophtalmologie et des sciences de la vision,
Faculté de médicine, Université de Toronto.
MD
Disponible sur Internet à : www.ophtalmologieconferences.ca
COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES
SCIENTIFIQUES DU DÉPARTEMENT
D’OPHTALMOLOGIE ET
DES SCIENCES DE LA VISION,
FACUL DE MÉDECINE,
UNIVERSITÉ DE TORONTO
2016
Volume 11, numéro 5
Département d’ophtalmologie
et des sciences de la vision
Sherif El-Defrawy, M.D.
Professeur et président
Jeffrey Jay Hurwitz, M.D.
Rédacteur,
Ophtalmologie – Conférences scientifiques
Valerie Wallace, Ph.D.
Directrice de la recherche
The Hospital for Sick Children
Agnes Wong, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Mount Sinai Hospital
Jeffrey J. Hurwitz, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Princess Margaret Hospital
(Clinique des tumeurs oculaires)
Hatem Krema, M.D.
Directeur, Service d’oncologie oculaire
St. Michael’s Hospital
David Wong, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Sunnybrook Health Sciences Centre
Peter J. Kertes, M.D.
Ophtalmologiste en chef
University Health Network
Toronto Western Hospital Division
Robert G. Devenyi, M.D.
Ophtalmologiste en chef
Kensington Eye Institute
Sherif El-Defrawy, M.D.
Ophtalmologiste en chef
lumière bleue réfléchie revient ensuite vers la caméra et passe
à travers un filtre jaune-vert avant d’être enregistrée dans une
échelle de gris. Par conséquent, toute lumière jaune-verte
réémise est enregiste comme brillante par la caméra et
dautres couleurs seront enregistrées comme sombres6. Le
Spectralis HRA de Heidelberg Engineering et le 200 Tx
d’Optos®, fondés sur la technologie dophtalmoscopie confo-
cale à balayage laser (cSLO), utilisent la lumière de laser
monochromatique (au lieu de la lumière du flash) pour
exciter les mocules de fluorescéine sodique et la capture
dimages confocales pour une meilleure focalisation. Cela
augmente significativement la résolution des images et réduit
les artéfacts associés à l’AF avec utilisation d’un flash, tels que
la dispersion des courtes longueurs donde et l’autofluores-
cence du cristallin5,7. LAF à ultra-grand angle offre l’avantage
de capter la pathologie au-delà de léquateur. Les caméras
Optos peuvent capturer des images à plus de 200o(centrées
sur la région médiane du corps vitré ; Figure 2A). Les
systèmes Heidelberg dos de lentilles avec ou sans contact
peuvent également capturer des images d’un champ aussi
large que 150o(Figure 2B).
Dans toutes les modalités, lhyperfluorescence indique
l’un des scénarios suivants : 1) fuite du colorant (p. ex., fuite
par des microavrismes dans la RD) ; 2) accumulation du
colorant (p. ex., dans les décollements de l’épithélium pigmen-
taire [DEP]) ; 3) effet fenêtre par altération de l’EPR produisant
une fluorescence plus prononcée de la choroïde et de la sclère
(p.ex., atrophie géographique dans la dégénérescence macu-
laire liée à l’âge [DMLA]) ou 4) coloration des structures avec
le colorant (p. ex., coloration des drusen dans la DMLA). Par
opposition, l’hypofluorescence indique une hypoperfusion des
tissus (p. ex., une ischémie maculaire dans la RD) ou un
blocage de la lumre fluorescente (p. ex. présence d’une
hémorragie épirétinienne dans la RD).
Angiographie au vert d’indocyanine (VIC)
Le VIC absorbe et émet la lumière dans le proche
infrarouge. Son absorption maximale est à 790 nm et son
émission maximale est à 835 nm. Langiographie au VIC est
une modalité d’imagerie idéale pour visualiser une pathologie
choroïdienne étant donné que le colorant permet la visualisa-
tion à travers l’EPR, le pigment xanthophylle tinien et les
espaces liquidiens de la tine (Figure 3). De plus, son poids
moléculaire élevé (774,96 Da) et sa liaison au plasma dans une
proportion élee (98 %) entrnent une fuite minimale du
colorant à partir des vaisseaux choroïdiens fenêtrés sains. Par
conséquent, les zones choroïdiennes hyperfluorescentes à
l’angiographie au VIC (plaques ou « hot spots ») indiquent
généralement une pathologie6.
Autofluorescence du fond d’œil (FAF)
Limagerie d’autofluorescence du fond d’œil est une
méthode de visualisation des grains de lipofuscine (et autres
fluorophores mineurs) psents naturellement ou pouvant
s’accumuler de façon pathologique dans le fond d’œil.
Laccumulation de lipofuscine dans les cellules de l’EPR est un
signe de vieillissement. Une accumulation excessive de lipo-
fuscine signe de nombreuses affections qui touchent l’EPR,
telles que la DMLA ou diverses formes de dystrophie réticulée.
Les grains de lipofuscine ont des propriétés autofluorescentes,
ce qui signifie que lorsqu’ils sont stimulés par la lumière bleue,
ils émettent une lumre fluorescente dans le spectre vert-
jaune6. De même, l’autofluorescence dans le proche infrarouge
utilise dautres fluorophores du fond dœil (tels que la méla-
nine) qui possèdent des propriétés d’autofluorescence dans le
spectre proche infrarouge8,9. Ainsi, l’autofluorescence du fond
d’œil et l’autofluorescence dans le proche infrarouge permet-
2
Figure 1. Photographie des 7 champs standardisés du fond
d’œil selon la classification de l’ETDRS (Early Treatment of
Diabetic Retinopathy Study)
Figure 2. Images d’angiographie à la fluorescéine (AF)
grand angle chez deux patients atteints de rétinopathie
drépanocytaire proliférante. A. Appareil Optos®.
B. Spectralis®de Heidelberg avec la lentille de Staurenghi.
Les zones entourées d’une ligne pointillée représentent
une néovascularisation rétinienne. La zone entourée d’une
ligne continue représente une ischémie périphérique.
B
des longueurs donde plus courtes, ce qui se traduit par une
pénétration moindre dans les tissus, mais une plus haute réso-
lution des images finales. La technologie de l’échographie en
mode B utilisée couramment en imagerie tinienne utilise
généralement des fréquences de 8 à 10 MHz et pénètre à une
profondeur denviron 40 mm. Cependant, la résolution des
images produites n’est que d’environ 0,5 à 0,9 mm. Par oppo-
sition, la biomicroscopie ultrasonore, qui permet de visualiser
en détail le segment antérieur, utilise des fréquences de 20 à
50 MHz, une profondeur de pénétration de seulement 5 à 10
mm et une résolution de 0,04 mm. La rapidité des ondes, leur
réflectivité, l’angle d’incidence et l’absorption par le milieu sont
autant d’éléments qui influent sur l’image finale. La rapidité
dépend de la densité du milieu de conduction.
Une échographie en mode A utilise une représentation
unidimensionnelle de la réflectivité des ultrasons pour déduire
des informations sur la longueur axiale et les structures
oculaires. Langle d’incidence doit être surveillé précisément au
moment où l’on obtient des informations d’une image
échographique en mode A étant donné qu’une sonde mal
positionnée peut entraîner des mesures inexactes de la
longueur axiale. L’échographie en mode B utilise une sonde
qui balaie un plan pour produire de multiples balayages en
mode A sur ce plan. Il en résulte une image échographique
bidimensionnelle de l’œil qui peut être utilisée pour déduire
des informations sur des affections, telles que les tumeurs
oculaires, les décollements de la rétine, les chirures de la
rétine, lesmorragies du vitré ou le décollement postérieur
du vitré.
Tomographie par cohérence optique (TCO)
L’avènement de la TCO a eu un impact important sur
l’imagerie rétinienne et la pratique de l’ophtalmologie. La TCO
est fondée sur le principe d’une interférométrie à faible
cohérence, ce qui signifie que l’interférence d’une lumière de
référence et la lumière qui est réfléchie par les tissus sont util-
isées pour élaborer des images des couches rétiniennes. Ces
schémas dinterférence sont utilisés pour élaborer des
balayages axiaux en mode A à chaque point incident. La
combinaison de ces images est utilisée pour effectuer des
balayages bidimensionnels en mode B, qui donnent les images
familières à la plupart des utilisateurs6.
La TCO offre une imagerie rétinienne à très haute résolu-
tion qui a permis la prise en charge et le suivi précis de
nombreuses affections rétiniennes. La plupart des appareils
commerciaux de TCO offre une résolution axiale de 5 µm et
les instruments de recherche ont des résolutions axiales
encore plus élees. Cependant, la résolution latérale est
limitée par la diffraction de la lumière induite par la pupille et
est d’environ 20 µm12. La technologie TCO antérieure, appelée
la TCO dans le domaine temporel, utilisait un seul tecteur
de lumière et un miroir mobile pour élaborer chaque balayage
en mode A. Cette technologie limitait la vitesse d’acquisition
de l’instrument à quelques milliers de balayages en mode A
par seconde. La TCO dans le domaine spectral (DS) ou de
Fourier offre des vitesses d’acquisition significativement plus
élevées grâce à l’utilisation d’un ensemble de détecteurs et de
multiples longueurs d’onde de lumière dans l’ensemble d’un
spectre (d’où le nom « domaine spectral »). Cette technologie
permet de réaliser jusqu’à 100 000 balayages en mode A par
seconde. La plupart des appareils de TCO-DS offre des vitesses
de 27 000 à 40 000 balayages en mode A par seconde.
La TCO à source balayée (SB) utilise un faisceau laser qui
balaye dans une gamme de longueurs d’onde. Ces longueurs
d’onde sont généralement plus longues (de lordre d’environ
1 µm) que celles utilisées dans la TCO-DS (gamme d’environ
tent la visualisation non invasive des modifications
pathologiques survenant dans l’EPR (Figures 4A-4C)10.
Les caméras du fond d’œil peuvent être équipées de
capacité d’imagerie d’autofluorescence du fond d’œil avec des
filtres relativement peu coûteux pour limiter la lumière d’ex-
citation dans le spectre du bleu et la lumière émise dans le
spectre orange-vert. Le fi technique que représente l’im-
agerie d’autofluorescence du fond d’œil utilisant ces caméras
est le très faible niveau de lumière fluorescente naturelle du
fond dœil comparativement à l’intensité de la lumière fluo-
rescente émise durant l’AF ainsi que l’interférence provenant
de l’autofluorescence naturelle des cristallins atteints de
cataracte. La technologie cSLO (p. ex. le système Spectralis de
Heidelberg ou 200 Tx d’Optos) résout ces problèmes en util-
isant une seule longueur d’onde laser à faible énergie pour
exciter les fluorophores et les filtres appropriés pour la lumière
émise. L’utilisation de systèmes optiques confocaux dans la
technologie cSLO élimine également le problème de la disper-
sion de la lumière et de la réflectance secondaire11.
Imagerie échographique
L’échographie utilise des ondes acoustiques à des
fréquences > 20 kHz. Des fréquences plus élevées signifient
Ophtalmologie
Conférences scientifiques
3
Figure 3. Angiographie au vert d’indocyanine montrant une
sion néovasculaire chordienne de l’épithélium pigmentaire
sous-rétinien (EPR) (entourée d’une ligne pointillée).
Reproduit avec la permission de Ryan SJ. Retina. 5eéd.
Philadelphie (PA): Elsevier Saunders; 2013.Copyright© 2013.
Elsevier Health Science Books.
Figure 4. Imagerie multimodale pour la dégénérescence
maculaire liée à l’âge (DMLA) de type sèche avec atrophie
géographique de l’EPR. A : AF. B. Autofluorescence du
fond d’œil. C : Autofluorescence proche infrarouge.
Images utilisées avec la permission de Kellner U et al.
Retina. 2010;30(1):6-15.
840 nm). Elles pénètrent plus profondément dans les tissus et
permettent une meilleure visualisation choroïdienne et
sclérale. Les cepteurs à photodiodes des appareils de TCO-
SB ont la capacité de fonctionner à très haute vitesse, ce qui
permet des temps d’acquisition courts. Cependant, la tech-
nologie de la TCO-SB comporte quelques inconvénients. Étant
donné que la résolution des images est réduite en raison des
longueurs d’onde accrues, les images de TCO-SB ont une réso-
lution légèrement moins bonne comparativement aux images
de TCO-DS. De plus, l’absorption accrue des longueurs d’onde
plus longues par l’eau restreint la gamme des largeurs de
bande qui peuvent être utilisées par la TCO-SB, ce qui limite
encore davantage la résolution des images6,13.
L’angiographie-TCO marque une évolution de la tech-
nologie de la TCO qui utilise le contraste de mouvement pour
visualiser le flux sanguin rétinien et choroïdien sans l’injection
d’un produit de contraste. Langiographie-TCO repose sur le
balayage répété d’une zone, puis l’examen des images séquen-
tielles pour détecter tout changement14. L’image sultante a
l’aspect d’un angiogramme, mais offre les avantages d’un
temps d’acquisition court (environ 3 secondes) et d’une haute
rétabilité. De plus, les images d’angiographie-TCO four-
nissent des informations tridimensionnelles sur la localisation
des structures visualisées, ce qui permet aux cliniciens de faire
facilement la différence entre un système microvasculaire
normal et anormal dans la tine superficielle, dans la rétine
profonde et dans la choroïde (Figures 5A-5D). Cependant,
contrairement à l’autofluorescence traditionnelle, l’angiogra-
phie-TCO n’a pas la capacité de montrer une fuite vasculaire.
Par conquent, le clinicien doit déduire la présence d’une
fuite daprès les modifications tiniennes kystiques sur les
images de TCO juxtaposées (Figures 5E, 5F). De plus, la tech-
nologie actuelle de l’angiographie-TCO favorise la dégradation
des images en raison des mouvements oculaires, des artéfacts
de projection et d’autres facteurs14.
Modalités d’imagerie dans certaines
affections rétiniennes chroniques
Trous maculaires
La TCO est la principale modalité d’imagerie utilisée pour
le diagnostic, la stragie de prise en charge et le suivi des
trous maculaires. En fait, le groupe d’étude international sur la
traction vitréomaculaire (International Vitreomacular Traction
Study Group) a élaboré un système de classification
anatomique entrement fondé sur la TCO pour différents
stades de traction vitréomaculaire (TVM) et de trous macu-
laires15. Selon cette classification, l’adhérence vitréomaculaire
est définie comme la séparation vitréomaculaire périfovéale
avec adhérence vitréomaculaire persistante sans modification
de l’anatomie fovéale. Cela peut entraîner une TVM qui est
caractérisée par la déformation du contour fovéal et peut
inclure des pseudokystes, un schisis maculaire, un œme
maculaire cystoïde ou la présence de liquide sous-rétinien. La
TVM peut être sous-classifiée sur la base des mesures de TCO
en attachement vitomaculaire focal ( 1500 µm) ou large
(> 1500 µm). Un trou maculaire de pleine épaisseur (TMPE)
est une lésion fovéale caractérisée par linterruption des
couches rétiniennes de la membrane limitante interne à
l’EPR15. Le TMPE peut à son tour être assoc ou non à une
TVM, ce qui a des implications sur les options de traitement
disponibles (Figures 6A, 6B).
Choriorétinopathie séreuse centrale (CRSC) chronique
La CRSC est une affection mal comprise qui touche prin-
cipalement les hommes jeunes ou d’âge moyen. Les stéroïdes
exones, le stress et la personnali de « type A » sont des
facteurs de risque possibles16,17. On pense que la phys-
iopathologie de ce type d’affection touche les choriocapillaires
et l’EPR, ce qui entraîne une accumulation de liquide sous-
rétinien avec une vision réduite et déformée18. De multiples
modalités d’imagerie peuvent être utilisées pour obtenir des
renseignements sur les caractéristiques de la CRSC pour
chaque patient. Les modalis couramment utilisées sont la
TCO, lAF et la FAF. L’angiographie au vert d’indocyanine et
l’angiographie-TCO peuvent également jouer un rôle dans la
prise en charge de cette affection.
La TCO est la principale modalité d’imagerie pour diag-
nostiquer la CRSC et effectuer le suivi des patients qui en sont
atteints (Figures 7A, 7B). La principale observation révélée par
la TCO est la présence de liquide sous-tinien qui touche
généralement le centre de la fovéa. D’autres observations faites
en TCO incluent des irrégularis de la tine externe et de
l’épithélium pigmentaire, telles qu’un décollement de l’épi -
thélium pigmentaire. À l’occasion, la présence de liquide
intrarétinien est également observée sur les images de TCO de
cas atteints de CRSC chronique. Le clinicien doit exclure la
présence d’une membrane néovasculaire choroïdienne (NVC)
concurrente dans ces cas.
LAF peut être utilisée pour détecter des zones de fuite au
niveau de lEPR entraînant la présence de liquide sous-
rétinien. L’identification de ces zones confirme le diagnostic et
est également importante pour l’établissement d’un traitement
au laser éventuel (Figures 8A, 8B). De plus, comme nous
l’avons mentionné précédemment, lAF est utilisée pour
exclure la présence dune membrane NVC dans les cas
douteux ou chroniques. L’identification de zones d’altérations
de l’EPR, en dehors de la zone affectée ou dans l’œil contro-
latéral, confirme le diagnostic de CRSC.
Classiquement, l’angiographie au vert dindocyanine
montre de multiples zones d’hyperperméabilité choroïdienne
aux phases intermédiaire et tardive de l’angiographie. Ces
zones entourent généralement les fuites situées au niveau de
l’EPR, mais peuvent également être observées en dehors de la
zone de fuite et dans l’œil controlaral18. L’identification de
ces zones est importante pour l’établissement d’un traitement
éventuel de la CRSC, tel qu’une thérapie photodynamique
pleine-fluence ou demi-fluence19.
4
Figure 5. Angiographie-TCO (tomographie par cohérence
optique) de l’œil gauche chez un patient présentant une
DMLA néovasculaire. A : Système vasculaire de la rétine
superficielle. B. Système vasculaire de la rétine profonde.
C : Rétine extérieure avec des traces de vaisseaux
aberrants (Ce panneau serait normalement dénué de
vaisseaux). D : Couche choriocapillaire montrant la
membrane néovasculaire choroïdienne (entourée d’une
ligne pointillée rouge). E,F : Images de TCO en mode B
juxtaposées montrant le liquide intrarétinien dû à la NVC.
Images gracieusement offertes par le DrDavid Chow,
Toronto Retina Institute.
E
F
L’angiographie-TCO n’est pas une modalité dimagerie
habituelle pour établir le diagnostic de CRSC, étant don
qu’elle ne montre pas les fuites. Cependant, de nouvelles
dones sugrent que langiographie-TCO permet de visu-
aliser un flux sanguin anormal au niveau des choriocapillaires
dans la CRSC. Plus précisément, des zones de flux sanguin
réduit dans les choriocapillaires entourées de zones hyperper-
fues ont été obseres dans les cas de CRSC chronique20.
Rétinopathie diabétique (RD)
La physiopathologie de la RD est liée à des modifications
de la paroi des capillaires dues à une hyperglycémie
chronique. Ces modifications entraînent une incompétence
vasculaire et une hypoxie chronique ainsi que des modifica-
tions structurelles subséquentes dans la rétine.
LAF demeure une modalité importante pour documenter
diverses modifications pathologiques observées dans la RD.
LAF permet de documenter une fuite vasculaire diffuse ou
focale dans la RD et peut être utilisée pour guider le laser
maculaire focal dans le traitement de l’œdème maculaire
diabétique. LAF est également une modalité importante pour
le diagnostic de l’ischémie maculaire, qui est identifiée comme
une zone avasculaire fovéale élargie. De plus, l’AF est utilisée
de façon routinière pour identifier ou confirmer la présence
d’une néovascularisation rétinienne au niveau du disque
optique (NVD) ou ailleurs (NVA) (Figure 9). LAF à grand angle
est particulièrement utile pour identifier les zones
périphériques de non-perfusion et la néovascularisation rétini-
enne, qui peuvent facilement passer inaperçues lors d’un
examen clinique.
La TCO en tant qu’instrument diagnostique non invasif
est utilisé pour le suivi habituel des patients atteints de RD. La
TCO est particulrement utile pour la documentation et le
suivi de l’œdème maculaire diabétique, qui apparaît comme
un épaississement maculaire en TCO. En revanche, un amin-
cissement maculaire excessif (tel qu’un amincissement du
complexe cellulaire ganglionnaire) en TCO peut suggérer une
ischémie maculaire21,22. Langiographie-TCO est un instrument
prometteur pour documenter l’agrandissement et le remode-
lage de la zone avasculaire fovéale et le remodelage du plexus
vasculaire chez les patients diabétiques23-25.
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
La DMLA est une cause fréquente de perte de vision
parmi les patients âgés, en particulier les patients caucasiens.
Les allèles scifiques à risque génétique, la pigmentation
claire de l’iris, le sexe féminin, les antécédents de tabagisme
et les antécédents d’exposition au soleil sont d’autres facteurs
de risque importants26-28. La DMLA est généralement divisée
en types non exsudatif (sèche) et exsudatif (néovasculaire
ou humide), ce dernier étant associé à la présence
de membranes NVC. De multiples modalités dimagerie
sont utilisées pour documenter le stade de la DMLA et en
particulier pour différencier la DMLA exsudative de la DMLA
non exsudative.
LAF est la modalité d’imagerie traditionnelle pour docu-
menter et caractériser les lésions de NVC dans la DMLA
exsudative. D’après le type de fuite visible à l’AF, les lésions de
NVC peuvent être qualifiées de classiques ou d’occultes29. La
NVC occulte est caractérisée par une hyperfluorescence
précoce qui augmente de taille et d’intensité aux phases inter-
médiaire et tardive de l’angiographie. La NVC occulte
comprend deux types de fuite : 1) DEP fibrovasculaire, qui
apparaît comme des zones définies précocement d’hyperfluo-
rescence tachetée qui peuvent ou non montrer une fuite à la
phase tardive de l’angiographie (Figure 10) ; 2) fuite tardive
d’origine indéterminée, qui apparaît généralement comme une
Ophtalmologie
Conférences scientifiques
5
Figure 6. Exemples d’anomalies vitréomaculaires
visualisées en TCO. A : Traction vitréomaculaire (TVM).
B : Trou maculaire de pleine épaisseur sans TVM résiduelle.
Figure 7. TCO d’un œil atteint de choriorétinopathie
séreuse centrale (CRSC) chronique. A : Initialement.
B. Réduction modérée du volume de liquide sous-rétinien
5 mois après le traitement laser focal et à microimpulsion.
Figure 8. AF de l’œil droit chez un patient atteint de
choriorétinite séreuse centrale chronique. A : Phase précoce
de l’angiographie montrant un point de fuite précoce
(flèche). B : Phase tardive d’une angiographie montrant
l’apparence de cheminée du point de fuite (flèche).
AB
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