Apports des marqueurs moléculaires
piques les plus simples : aspect des colonies sur milieu
de culture (pigmentation, opacité, mucosité), caractères
biochimiques et sensibilité aux antibiotiques. Mais ces
caractères de base sont pauvres et trompeurs. Pauvres, car
bien souvent peu variables au sein de l’espèce. Trompeurs,
car influencés par les traitements antibiotiques rec¸us par
le patient ou les conditions de culture de la bactérie.
Pour ne prendre que la sensibilité aux antibiotiques, qui
est couramment utilisée, car immédiatement disponible,
elle n’a de sens que pour un germe ayant acquis plu-
sieurs mécanismes de résistance dont la combinaison est
peu fréquente. Mais, face à une bactérie présentant le
phénotype sauvage de sensibilité aux antibiotiques, cette
méthode n’est d’aucun secours. Et la prise d’antibiotique
par le patient peut parfois modifier le phénotype de résis-
tance chez la bactérie qu’il héberge, alors qu’il s’agit
toujours du même clone. D’autres méthodes de typage
phénotypiques peuvent être utilisées : sérotypage (anti-
gènes de surface déterminés par agglutination avec des
antisérums spécifiques), lysotypage (sensibilité aux bacté-
riophages, virus spécifiques de clones bactériens formant
des plages de lyse sur les cultures). Le lysotypage est
actuellement réservé à des laboratoires de référence qui
seuls possèdent la collection de bactériophages adéquats.
Le sérotypage et le sérogroupage sont couramment uti-
lisés pour typer les méningocoques, les salmonelles et
les shigelles. Des antisérums sont aussi à la disposition
des laboratoires pour certains sérogroupes de Escherichia
coli (antigène capsulaire K1 et antigènes somatiques des
E. coli entéropathogènes) et sérotypes de streptocoques
du groupe B. Pour les autres espèces bactériennes, la
possession d’une banque d’antisérums est l’affaire de labo-
ratoires spécialisés. Cependant, le sérotypage classique
est parfois confronté à des biais liés soit à la lecture des
agglutinations, soit à la variabilité d’expression des anti-
gènes par la bactérie selon les conditions de culture. On
voit donc que les méthodes phénotypiques, si elles ont
l’avantage de donner des résultats rapides, sont entachées
d’un grand nombre de biais et de limitations.
Ces limites ont amené les microbiologistes à dévelop-
per des méthodes d’analyse directe de l’ADN génomique
bactérien (caractéristique de la bactérie) qui, lui, reste
stable, quelles que soient les conditions de culture et les
antibiothérapies utilisées. Comme le séquenc¸age complet
du génome bactérien reste encore long et onéreux, les
méthodes de typage utilisées ne vont étudier que cer-
taines régions du génome bactérien. On parlera alors
de marqueurs moléculaires caractérisant un génotype
bactérien.
Les méthodes de typage moléculaire
On peut classer les méthodes de génotypage en trois
catégories :
–les techniques de séquenc¸age de l’ADN ;
–les techniques de restriction enzymatique ;
–les techniques d’amplification génique basées sur
la polymerase chain reaction (PCR).
Alors que les techniques de séquenc¸age donnent,
comme résultat final, une séquence d’ADN sous la forme
d’une chaîne de caractères composés des quatre bases (A,
C, T et G), les autres techniques génèrent des fragments
d’ADN de tailles différentes que l’on fait migrer dans un
champ électrique (électrophorèse en gel d’agarose ou de
polyacrylamide) afin de les séparer en fonction de leurs
tailles. Le résultat final se présente alors sous la forme
d’un profil de bandes, semblable à un «code-barres »
que l’on va comparer à celui obtenu pour une autre
souche bactérienne (figure 2). Certaines techniques vont
analyser le génome dans sa globalité, ou pour être plus
précis, inspecter différents sites dispersés sur l’ensemble
du chromosome : c’est notamment le cas des techniques
de restriction enzymatique. D’autres, au contraire, cible-
ront seulement quelques gènes, ne donnant ainsi qu’une
vision partielle ou focale du génome bactérien. Cepen-
dant, dans tous les cas, si la méthode utilisée ne montre
aucune différence entre les souches analysées, il fau-
dra toujours garder à l’esprit que des différences situées
ailleurs sur le génome, donc non étudiées, peuvent quand
même exister. C’est pour cette raison qu’il est générale-
ment conseillé d’associer plusieurs méthodes de typage
afin d’augmenter la sensibilité et d’obtenir un résultat plus
fiable.
Techniques de séquenc¸age de l’ADN
À défaut de pouvoir séquencer le génome complet
des bactéries, les techniques de génotypage basées sur le
séquenc¸age de l’ADN génomique se limitent à l’analyse
d’un ou de plusieurs gènes présentant un polymorphisme
suffisant pour être exploitable. Ces gènes peuvent être des
gènes de virulence, des gènes codant des antigènes de
surface (on parle alors de sérotypage moléculaire) ou des
gènes dits «de ménage »codant des fonctions de base
de la cellule. Les séquences d’ADN obtenues pour un
même gène chez les différentes souches sont alignées et
comparées afin de repérer des mutations, des délétions
ou des insertions qui les différencieraient. La tech-
nique de multi-locus sequence typing (MLST) combine
le séquenc¸age de plusieurs gènes de ménage (générale-
ment sept) afin d’analyser l’évolution d’une espèce sur
une longue période de temps [5]. Cette méthode permet
de classer les souches en «sequence types »(ST), regrou-
pés en groupes ou complexes clonaux, et est devenue la
méthode de référence pour les études phylogénétiques de
collections de souches [6]. Malgré leur grande fiabilité,
et les comparaisons interlaboratoires qu’elles permettent,
les méthodes de génotypage basées sur le séquenc¸age
présentent plusieurs inconvénients qui limitent leur utilisa-
48 mt pédiatrie, vol. 15, suppl´
ement 1, novembre 2012
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