EDITO
Depuis quelques années, le monde connaît des transformations avec
des amplitudes que nous n’avons jamais vécues. En 100 ans, la
population mondiale a été multipliée par trois. La durée de vie
augmente de 2 mois par an, il n’y a jamais eu dans l’histoire de
l’humanité une telle accélération de la durée de vie. L’économie
chinoise va devenir la première économie du monde en dépassant en PIB celle des Etats-Unis. Nous serons
bientôt 8 milliards sur terre. L’économie des ressources change énormément. L’accès à la connaissance n’a
plus rien à voir avec ce qui existait il y a vingt ans. Les plateformes numériques ont transformé toutes les
industries. Fabriquer aujourd’hui n’a pas le même sens qu’il y a 20 ans. Il existe une dynamique d’interactions
entre le consommateur et le créateur. La nouvelle génération veut plus de sens dans son action, que l’impact
soit propre, que l’économie soit mieux régulée, que la contribution de leur travail soit positive.
Les plateaux de R&D qui étaient distribués dans quatre ou cinq pays il y a une vingtaine d’années le sont
aujourd’hui à l’échelle du monde. L’Inde et la Chine produisent cent fois plus de personnes en R&D que la
France. En parallèle, on observe des transformations radicales de capitalisations industrielles : la capitalisation
boursière de tout le CAC 40 représente environ 1 300 milliards d’euros, soit la capitalisation d’Apple, de Google,
d’Amazon et de Facebook !
Cela est amplifié par le fait que l’audience des technologies est de plus en plus rapide. Le téléphone, la radio et
la télévision ont attendu des dizaines d’années avant d'atteindre cinquante millions d’auditeurs. Aujourd’hui, ces
audiences sont obtenues en quelques mois. Les technologies disparaissent, remplacées par d'autres. Les
cycles technologiques sont extrêmement accélérés, ce qui tend à faire disparaître les logiques de propriété
intellectuelle qui prévalaient auparavant. La mobilité et l’agilité dans les modèles sont beaucoup plus puissantes
que le caractère isolé.
On ne peut pas concevoir aujourd’hui les transformations du monde sans se projeter fortement dans
l’innovation, l’innovation n’est pas une posture de modernité mais un levier. Il existe des invariants dans
l’innovation : il faut libérer l’esprit d’entreprise, les initiatives, lever les carcans, faciliter les interactions public-
privé qui existent là où l’innovation est forte.
On constate partout dans le monde que là où l‘innovation est puissante (Silicon Valley, Tel-Aviv, Corée du Sud,
Shanghai...), des écosystèmes puissants s’y sont développés. Les grandes et petites entreprises, les
enseignants, les professeurs d’université, les structures de recherche publique, etc., interagissent en dynamique
dans ces endroits. Il s’agit d'écosystèmes d'innovation performants.
En France, les écosystèmes se sont construits autour des pôles de compétitivité. C’est au sein des pôles que
l’on a vu ces dernières années se développer les grandes dynamiques transformant l’innovation.
Les pôles de compétitivité français, quand ils ont été créés en 2005, avaient pour ambition de décloisonner les
acteurs. Aujourd’hui, ils se retrouvent au cœur des politiques d’innovation et constituent des éléments clés pour
les territoires. La force des écosystèmes est de se repositionner et de se redynamiser en permanence. En
France, là où les pôles sont puissants, l'innovation est continue, les entreprises croissent et se transforment et
l’offre d’emplois y est plus forte.
Jean-Luc BEYLAT, Président de l’AFPC, juin 2015