Les micro-jets de plasma à pression atmosphérique et température ambiante
Les micro-jets de plasma, se propageant dans un flux d’hélium entouré d’air libre, à pression
atmosphérique et à température ambiante, ont attiré l’attention de nombreux chercheurs depuis une
dizaine d’années. Ces micro-jets sont créés initialement dans une décharge à barrière diélectrique
cylindrique (DBD) alimentée soit par des impulsions de tension soit par une tension sinusoïdale de
plusieurs kilovolts. Ils vont ensuite se propager dans le flux de l’hélium à l’extérieur de la DBD sous la
forme d’une onde d’ionisation. Le plasma ainsi produit est confiné dans la région spatiale où l’hélium est
l’espèce dominante, car l’ionisation de l’air ambiant nécessite un champ électrique bien plus important
que celui présent dans le front d’ionisation. Les potentielles applications biomédicales des micro-jets sont
prometteuses ; en effet, ils permettent de produire des espèces réactives de l’oxygène et de l’azote à
quelques centimètres de distance de la DBD sans augmenter la température du gaz de manière
significative.
Dans cette thèse, l’objectif a été de développer une meilleure compréhension de l’influence des
conditions expérimentales et de la géométrie de la DBD sur les propriétés des jets de plasma. À ces fins,
l’écoulement de l’hélium a été étudié en utilisant une approche expérimentale et numérique, et des
simulations sur la génération et la propagation du micro-jet de plasma ont été réalisées.
La strioscopie a été utilisée pour visualiser le flux d’hélium dans l’air ambiant. Nous avons mesuré la
longueur de la partie laminaire de l’écoulement en fonction du débit de gaz pour plusieurs configurations
de DBD sans plasma. Selon les conditions, le flux d’hélium peut rester laminaire sur une dizaine de
centimètres après la sortie de la DBD. Un peu plus loin, l’écoulement passe abruptement dans un régime
turbulent provoquant un mélange rapide entre l’hélium et l’air. Dans nos conditions expérimentales, la
création du plasma entraîne un raccourcissement de la partie laminaire. Nous avons montré que la
longueur du canal d’hélium dépend du débit d’hélium, de la tension appliquée, de la fréquence de
répétition des impulsions de tension et de la position des électrodes. Parallèlement aux études
expérimentales, nous avons procédé à une série de simulations en utilisant le logiciel commercial Fluent®,
sans prise en compte du plasma, afin d’obtenir le champ de concentration en hélium ; cette information
n’étant pas accessible à partir de nos expériences. On a effectué des calculs avec un flux d’argon et de
néon, gaz pour lesquels la création d’un micro-jet est également possible.
Une étude paramétrique sur la génération et la propagation des jets de plasma dans l’hélium a été
effectuée à l’aide d’un modèle fluide développé antérieurement au sein de l’équipe. Dans ce modèle, il
est supposé que le flux de gaz n’est pas perturbé par le plasma. Les sorties du modèle incluent les profils
de concentration électronique et ionique ainsi que le champ électrique. D’autres quantités d’intérêt sont
aussi déterminées telles que le courant aux électrodes, le dépôt d’énergie, le taux d’excitation et
d’ionisation, etc. Nous avons étudié l’influence du diamètre du tube et de sa longueur, de la position des
électrodes, de la permittivité du diélectrique, de la forme du signal de tension appliqué et de la
composition du gaz (hélium ou argon) sur la propagation et les propriétés du micro-jet. Les résultats
expérimentaux du groupe de Vincent Puech du LPGP à Orsay ont guidé nos choix sur ces paramètres. Nous
avons montré que la réduction du diamètre intérieur entraîne une augmentation de la densité
électronique moyenne dans le jet, que la modification de la position des électrodes ou de la permittivité
du diélectrique change la répartition du dépôt d’énergie entre le jet de plasma et la DBD. En outre, nous
avons montré que le jet de plasma d’argon est plus court que celui d’hélium, que ses densités d’espèces
chargées sont plus élevées, que sa puissance est plus élevée et que le plasma est moins diffus.
Mots-clés : plasma à pression atmosphérique – micro-décharge – jet d’hélium – jet de plasma