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Observatoire savoyard de l’environnement n°12
La qualité des peuplements macro-invertébrés est faible pour les
altitudes concernées. Les peuplements benthiques montrent sur
l’ensemble des stations une pauvreté faunistique qui leur confère
une réelle vulnérabilité. En effet, la disparition d’un unique taxon
(Leuctridae) ferait perdre 3 à 4 points d’IBGN, soit un classement
passant de qualité médiocre à mauvaise. Ce déséquilibre est dû à
l’effet cumulé d’une qualité des eaux médiocre et d’un habitat
perturbé.
L’Arc - secteur aval : no fish’s land (ou
poisson pas né)…
Le secteur en aval de Saint-Jean-de-Maurienne est fortement touché
par les activités humaines, tant du point de vue qualité des eaux
que des habitats aquatiques. La présence de nombreuses
infrastructures à proximité de l’Arc a entraîné un recalibrage du lit
et une artificialisation des berges pénalisantes. De plus, la prise d’eau
de la galerie Arc - Isère (Hermillon - Cheylas) en amont du secteur,
entraîne d’importantes variations journalières. Il s’agit du secteur
ayant la qualité physique la plus dégradée et la plus influencée de
la vallée. Les faciès d’écoulement sont uniformes et les radiers de
moins en moins fréquents. La turbidité des eaux est naturellement
forte une grande partie de l’année, pénalisant aussi la vie aquatique.
Les sources de pollution sont nombreuses. On remarque cependant
une amélioration de la qualité des eaux de l’amont vers l’aval du
secteur, excepté pour les teneurs en matières azotées qui ont
tendance à se dégrader.
La pollution par le plomb et le nickel se maintient en classe jaune
jusqu’à la confluence avec l’Isère. Le déclassement par le cuivre qui
était observé entre Saint-Martin-la-Porte et Saint-Julien-Montdenis
est plus modéré à Pontamaffrey et en aval.
La richesse faunistique n’évolue guère. Le taxon sensible du secteur
médian (Leuctridae) n’est plus présent en aval de Saint-Jean-de-
Maurienne, sa limite de résistance à la dégradation de l’habitat
semblant être atteinte. D’une manière générale, la qualité
biologique de l’Arc aval est très limitée.
Les peuplements piscicoles de ce secteur sont peu connus du fait de
la difficulté de réalisation des inventaires dans ces conditions
hydrologiques particulières, aggravées fréquemment par de fortes
turbidités. Les quelques pêches effectuées montrent un peuplement
peu diversifié et en faible effectif (5 espèces contactées) dont le
maintien des individus est délicat et d’une pérennité aléatoire.
La vallée de l’Arvan : le coma profond...
L ’ Arvan a un débit réservé depuis Saint-Jean-d’Arves (Bellevilles)
jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne (Le Tilleret). Entre ces deux points,
il s’écoule dans des gorges très encaissées. Il se caractérise par un
fort charriage de sédiments minéraux issus de l’érosion naturelle de
son bassin versant. La présence de ces sédiments dans l’eau pénalise
à elle seule le maintien de toute espèce aquatique et lui confère
une mauvaise qualité physique sur les seuls paramètres de turbidité
et de colmatage.
QUALITE DES COURS D’EAU :
L’ARC ET SES AFFLUENTS
La qualité chimique de l’eau de l’Arvan est également dégradée
depuis sa station de référence amont. Hormis les fortes teneurs en
matières phosphorées, les autres altérations ont une origine
anthropique évidente liée aux rejets directs des eaux usées
domestiques en amont de Saint-Jean-d’Arves. L’impact généralisé
des rejets domestiques hivernaux confère à l’ensemble des cours
d’eau de la vallée une qualité médiocre à mauvaise, sans qu’aucune
fois le bon état écologique ne soit approché.
Leur qualité hydrobiologique corrobore le mauvais état général du
milieu. Même si le caractère naturel de l’inhospitalité du lit est
largement pénalisant pour la macro-faune benthique, une
amélioration de la qualité des eaux laisserait entrevoir une qualité
des peuplements médiocre, contrairement à celle très mauvaise
actuellement rencontrée.
Le peuplement piscicole de l’Arvan est quasiment inexistant.
Des perspectives d’actions…
En 2005, la qualité de l’eau du bassin versant de l’Arc reste donc
fortement influencée par les activités humaines, notamment liées
au tourisme hivernal et aux industries. La poursuite de la collecte et
du traitement des eaux domestiques, ainsi que la mise en place et
la création de stations d’épuration, permettront dans un avenir
proche une amélioration évidente de la qualité des eaux.
Cependant, l’influence des ouvrages hydroélectriques sur la qualité
physique et les débits demeurera un facteur défavorable pour l’état
écologique des cours d’eau tout comme la turbidité naturelle sur le
secteur aval.
Enfin, la contamination par les métaux lourds, observée sur
l’ensemble des stations prospectées, restera longtemps en mémoire
dans les sédiments.