QUALITE DES COURS D’EAU : L’ARC ET SES AFFLUENTS L’environnement strictement minéral et la dynamique torrentielle limitent l’attractivité du lit pour la faune aquatique. Le peuplement piscicole se compose essentiellement des truites Fario et Arc-en-ciel, conformément à ce qui peut être observé à une telle altitude. En revanche, les populations sont très dégradées et dépendantes des alevinages opérés à des fins halieutiques. Le colmatage minéral et les périodes de fortes turbidités sont certainement responsables de ce déséquilibre. L’étude 2004 de la qualité des cours d’eau de Savoie a porté sur 24 stations de mesures en Maurienne, à raison de, pour chacune d’entre elles, 4 campagnes physico-chimiques (février - mai - juillet septembre) et 1 campagne hydrobiologique (septembre). Des mesures de débit ont systématiquement accompagné les prélèvements d’eau. Au cours de la campagne d’automne, une recherche des métaux lourds a été réalisée, pour certaines stations sur prélèvements de bryophytes autochtones, ou à défaut, de sédiments. L’Arc - secteur médian : un milieu fortement perturbé L’ensemble des données acquises, analysées au moyen du SEQ-Eau/ version 2, a permis d’élaborer une carte de qualité (synthèse annuelle) caractérisant l’état des cours d’eau étudiés à la fin du premier contrat rivière. L’Arc - secteur amont : bon fond, mauvaise eau… L’Arc en amont du barrage de Bramans possède un lit naturel dont la pente, la typologie et la granulométrie variée confèrent aux écoulements une bonne hétérogénéité, cependant limitée par la présence discontinue d’un colmatage des fonds. Les zones de respiration de la rivière en Aiton périodes de crues sont encore M nombreuses du fait de la largeur du lit majeur et de l’artificialisation modérée des M berges. La fréquentation touristique hivernale génère une pollution saisonnière marquante pour le milieu qui, ajoutée aux pollutions chroniques des rejets agricoles non contrôlés, confère à certains tronçons une mauvaise qualité des eaux, préoccupante notamment en tête de bassin versant. De Bramans à Saint-Jean-de-Maurienne, la qualité physique du lit est fortement influencée par les aménagements hydroélectriques et les enrochements de berges. La qualité des eaux est influencée par les dilutions ou les concentrations des débits, respectivement sur les rejets de Modane et de Saint-Martin-de-la-Porte. Outre ces variations, les mesures réalisées ont caractérisé une bonne qualité des eaux. La présence de métaux lourds (cuivre, chrome, nickel et plomb) sur les stations prospectées et piégés dans les sédiments est inquiétante : les métaux s’accumulent dans le milieu et sont transportés vers l’aval par remise en suspension des sédiments lors des crues ou des lâchers d’eau. Il semblerait qu’une pollution au plomb soit apparue depuis 1999 (précédente étude) en aval du barrage de Saint-Martin-de-la-Porte. L'Arc Bonnevalsur-Arc M Doron de TermignonLa-Vanoise M Saint-Jean-deMaurienne M M M L'Arvan Les peuplements benthiques sont directement affectés par les variations de la qualité des eaux et le colmatage du lit, et montrent une diversité médiocre décevante, malgré des conditions naturelles limitatrices (altitude, régime glaciaire, milieu minéral). M M Bramans Modane Classes de qualité Valloirette très bonne bonne passable mauvaise très mauvaise Qualité de l'eau physico-chimie Qualité biologique indicateur biologique global normalisé - IBGN groupe indicateur repère - GI Pollutions spécifiques mesurées M métaux Source : DEP 28 Observatoire savoyard de l’environnement n°12 La qualité des peuplements macro-invertébrés est faible pour les altitudes concernées. Les peuplements benthiques montrent sur l’ensemble des stations une pauvreté faunistique qui leur confère une réelle vulnérabilité. En effet, la disparition d’un unique taxon (Leuctridae) ferait perdre 3 à 4 points d’IBGN, soit un classement passant de qualité médiocre à mauvaise. Ce déséquilibre est dû à l’effet cumulé d’une qualité des eaux médiocre et d’un habitat perturbé. L’Arc - secteur aval : no fish’s land (ou poisson pas né)… Le secteur en aval de Saint-Jean-de-Maurienne est fortement touché par les activités humaines, tant du point de vue qualité des eaux que des habitats aquatiques. La présence de nombreuses infrastructures à proximité de l’Arc a entraîné un recalibrage du lit et une artificialisation des berges pénalisantes. De plus, la prise d’eau de la galerie Arc - Isère (Hermillon - Cheylas) en amont du secteur, entraîne d’importantes variations journalières. Il s’agit du secteur ayant la qualité physique la plus dégradée et la plus influencée de la vallée. Les faciès d’écoulement sont uniformes et les radiers de moins en moins fréquents. La turbidité des eaux est naturellement forte une grande partie de l’année, pénalisant aussi la vie aquatique. Les sources de pollution sont nombreuses. On remarque cependant une amélioration de la qualité des eaux de l’amont vers l’aval du secteur, excepté pour les teneurs en matières azotées qui ont tendance à se dégrader. La pollution par le plomb et le nickel se maintient en classe jaune jusqu’à la confluence avec l’Isère. Le déclassement par le cuivre qui était observé entre Saint-Martin-la-Porte et Saint-Julien-Montdenis est plus modéré à Pontamaffrey et en aval. La richesse faunistique n’évolue guère. Le taxon sensible du secteur médian (Leuctridae) n’est plus présent en aval de Saint-Jean-deMaurienne, sa limite de résistance à la dégradation de l’habitat semblant être atteinte. D’une manière générale, la qualité biologique de l’Arc aval est très limitée. Les peuplements piscicoles de ce secteur sont peu connus du fait de la difficulté de réalisation des inventaires dans ces conditions hydrologiques particulières, aggravées fréquemment par de fortes turbidités. Les quelques pêches effectuées montrent un peuplement peu diversifié et en faible effectif (5 espèces contactées) dont le maintien des individus est délicat et d’une pérennité aléatoire. QUALITE DES COURS D’EAU : L’ARC ET SES AFFLUENTS La qualité chimique de l’eau de l’Arvan est également dégradée depuis sa station de référence amont. Hormis les fortes teneurs en matières phosphorées, les autres altérations ont une origine anthropique évidente liée aux rejets directs des eaux usées domestiques en amont de Saint-Jean-d’Arves. L’impact généralisé des rejets domestiques hivernaux confère à l’ensemble des cours d’eau de la vallée une qualité médiocre à mauvaise, sans qu’aucune fois le bon état écologique ne soit approché. Leur qualité hydrobiologique corrobore le mauvais état général du milieu. Même si le caractère naturel de l’inhospitalité du lit est largement pénalisant pour la macro-faune benthique, une amélioration de la qualité des eaux laisserait entrevoir une qualité des peuplements médiocre, contrairement à celle très mauvaise actuellement rencontrée. Le peuplement piscicole de l’Arvan est quasiment inexistant. Des perspectives d’actions… En 2005, la qualité de l’eau du bassin versant de l’Arc reste donc fortement influencée par les activités humaines, notamment liées au tourisme hivernal et aux industries. La poursuite de la collecte et du traitement des eaux domestiques, ainsi que la mise en place et la création de stations d’épuration, permettront dans un avenir proche une amélioration évidente de la qualité des eaux. Cependant, l’influence des ouvrages hydroélectriques sur la qualité physique et les débits demeurera un facteur défavorable pour l’état écologique des cours d’eau tout comme la turbidité naturelle sur le secteur aval. Enfin, la contamination par les métaux lourds, observée sur l’ensemble des stations prospectées, restera longtemps en mémoire dans les sédiments. La vallée de l’Arvan : le coma profond... L ’ Arvan a un débit réservé depuis Saint-Jean-d’Arves (Bellevilles) jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne (Le Tilleret). Entre ces deux points, il s’écoule dans des gorges très encaissées. Il se caractérise par un fort charriage de sédiments minéraux issus de l’érosion naturelle de son bassin versant. La présence de ces sédiments dans l’eau pénalise à elle seule le maintien de toute espèce aquatique et lui confère une mauvaise qualité physique sur les seuls paramètres de turbidité et de colmatage. Observatoire savoyard de l’environnement n°12 29