Dans les faubourgs moins humides de la cité, certaines espèces à faibles besoins en eau ont
trouvé refuge. C’est le cas de la vipérine aux fleurs bleu rosé (Echium vulgare), dont le nom
vient d’une ressemblance certaine de sa fleur avec la vipère, du panicaut (Eryngium
campestre), aux allures de chardon bien qu’il appartienne à la famille du persil, et de la
fausse épervière (Picris hieracioides) cousine du pissenlit. Toutes se sont facilement
adaptées à ce nouveau milieu, et y ont élu domicile durablement.
Des espèces encore plus surprenantes, brandissant de remarquables grandes fleurs, se sont
également installées ici. Comme la mauve musquée (Malva moschata) dont la longue corolle
en préfloraison est tordue, ou le coquelicot coulant (Papaver rhoeas), de la famille du pavot.
Non loin de là, d’autres plantes arborant des fleurs plus petites et rapprochées ont aussi pris
leurs quartiers, comme le réséda jaune (Reseda lutea) ou la linaire vulgaire (Linaria vulgaris)
qui sert de garde-manger aux seuls bourdons, suffisamment lourds pour se frayer un chemin
jusqu’à la corolle. Le lamier blanc (Lamium album), qui ressemble à l’ortie mais dont les
feuilles, comestibles, ne piquent pas, a également emménagé dans ce qui est déjà une petite
ville végétale. Tout comme la saponaire officinale (Saponaria officinalis), avec ses grands
pétales roses, longtemps utilisée comme savon, aux propriétés qui intéressent la recherche
pharmaceutique.
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Plantes anciennes et petites nouvelles
Dans la cité des papillons, le restaurant est ouvert à tous, chaque jour. La fleur de la carotte,
(Daucus carota), plante venue d’Iran il y a fort longtemps, offre aux insectes une aire
d’atterrissage commode et de la nourriture abondante, accessible sans trop se fatiguer. C’est
aussi le cas de l’armoise vulgaire (Artemisia vulgaris), parente de la marguerite utilisée en
cuisine pour parfumer les volailles et les gâteaux, de la jacobée (Senecio jacobaea), aussi
appelée herbe de Saint-Jacques, toxique pour les bovins ou les chevaux, ou de la tanaisie
vulgaire (Tanacetum vulgare), très populaire dans la gastronomie moyenâgeuse. Le cirse des
champs (Cirsium arvensis) propose de grandes quantités de nectar au fond de ses tubes tout
comme la magnifique centaurée jacée (Centaurea jacea), dont la floraison permet d’offrir de
la nourriture aux insectes d’avril à août.
Suivant l’exemple de leurs ainées, quelques nouvelles se sont récemment établies en ville et
viennent mêler leurs couleurs aux plus anciennes. Le rose pâle de la coronille bigarrée
(Securigera varia) tranche avec le jaune vif du mélilot officinal (Melilotus officinalis) aux
vertus anti-inflammatoires. La discrète bryone (Bryonia dioica) s’est trouvé pour voisine une