Texte : Luc Chabanne Dessin : Frédéric Mahé Dans le système immunitaire, c’est le blues, la déprime totale. En effet, le vétérinaire vient de décider un traitement imunodéprimant. Il a le choix entre trois types de traitements. Déjà que c’était pas drôle, mais là on va en baver… J’te jure… Car de nombreux produits sont pourvus d’activités immunosuppressives. Toutefois, seul un petit nombre d’entre eux ont franchi la barrière de l’utilisation clinique. De plus, disponibilité et coût limitent leur utilisation en pratique. Les immunodépresseurs vétérinaires sont regroupés en trois catégories : les g l u c o c o r t i c o ï de s , les a n t i m i to t i q u e s et la c i c l o s p o r i n e . Les glucocorticoïdes altèrent la circulation leucocytaire et provoquent une accumulation des lymphocytes circulants dans le secteur lymphatique. D’où une lymphopénie qui affecte surtout les lymphocytes T CD4. Eho ! Me laissez pas tout seul ! Ils inhibent aussi la production de l y m p h ok i n e s (interleukine 2 et interféron gamma) et altèrent la sensibilité des lymphocytes et des macrophages aux lymphokines. Ils affectent ainsi de façon préférentielle l ’ i m m u n i té c e l l u l a i re . Par ailleurs, l’effet très puissant des glucocorticoïdes sur les macrophages et les polynucléaires explique en grande partie leur action anti-inflammatoire. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE 580 - NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 72 Les médicaments antimitotiques sont de deux sortes : les antimétabolites et … les agents alcoylants (ou alkylants). Les antimétabolites interfèrent avec le métabolisme des bases puriques et pyrimidiques. Ils inhibent la synthèse de l’ADN, de l’ARN et des protéines (et par là même ont une action anti-proliférative). La cible cellulaire n’est pas connue avec précision. Le méthotrexate inhiberait la prolifération des lymphocytes T. Ces effets antiprolifératifs sur les cellules de la moëlle osseuse expliquent les effets secondaires de thrombopénie ou neutropénie irréversibles. Si on peut plus produire tranquillement… Allez, va te multiplier, flemmard ! Naan, je déprime. Les agents alcoylants, eux, forment des liaisons covalentes au niveau de l’ADN qui peuvent conduire à la mort cellulaire. Leur action s’exerce principalement sur les lymphocytes B (suppression de la production d’anticorps). Oula, c’est dur ! Les effets secondaires (anorexie, troubles digestifs ou aplasie médullaire) peuvent être facilement contrôlés par un ajustement de la dose. Ah ben c’est déjà çà ! En conséquence, ces molécules agissent surtout sur les cellules en division Quant à la ciclosporine, elle se combine à des récepteurs intracytoplasmiques de la famille des immunophilines, impliqués dans les voies de transduction des signaux d’activation des lymphocytes T. Ce qui interfère avec les étapes précoces de l’activation lymphocytaire par inhibition de la transcription des gènes codant pour l’IL-2 et d’autres cytokines (IL-3, IL-4, etc.) En agissant exclusivement sur les lymphocytes activés, en particulier sur les cellules CD4, ce type de médicaments n’a donc aucune action toxique sur l’hématopoïèse. Ils ne modifient pas les populations de lymphocytes T mémoire. Ils n’ont pas d’effet lymphoablatif et leur action est rapidement réversible à l’arrêt du traitement. Yeessss!!! 73 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2004 - 581