effet, l’environnement a deux spécificités : il est indissociable du territoire
lui-même, et il ne peut se gérer durablement que par des processus
démocratiques qui supposent information et concertation. Les interrogations
soulevées vis-à-vis de l’agriculture relèvent de ces deux points de vue.
En premier lieu, les demandes commerciales adressées au-
jourd’hui à l’agriculture, ses critères concurrentiels et ses conditions de
pérennité s’organisent aussi, maintenant, autour de la capacité des
agriculteurs à travailler tous avec, et non malgré, les mécanismes
biologiques, et à contribuer plus volontairement, plus consciemment et
avec davantage d’ouverture aux autres acteurs, à la vitalité du territoire.
Produits de terroir, labels de qualité, pratiques respectueuses de l’envi-
ronnement, maintien des facteurs de production (sol, eau, patrimoine
génétique notamment) supposent la diffusion de nouveaux savoirs, de
pratiques plus fines, de méthodes moins sommaires que celles souvent
observées : ainsi, traiter systématiquement sans examiner l’état de son
champ, ou ne régler ses pulvérisateurs qu’une fois pour toutes en 15 ans
d’utilisation, est non seulement socialement inacceptable, mais aussi
techniquement inapproprié. Un travail en profondeur est devenu indispen-
sable, associant formation initiale et continue, développements scientifi-
ques et techniques, accompagnement des réorientations techniques des
exploitations, valorisation commerciale des productions issues de ces
réorientations, incitation aux pratiques de précision et sanction des
négligences persistantes.
En second lieu, la gestion et la valorisation des territoires ne
se décrètent plus d’en haut : elles se discutent, s’élaborent et se régulent
dans une large mesure au plus près du terrain, tout en restant dans un
cadre fourni par l’État, garant du respect des engagements communautai-
res et internationaux et des lois nationales. Cette réalité signifie équité et
concertation.
L’équité ne peut être satisfaite si certains acteurs bénéficient
d’un statut abusivement privilégié.; c’est une condition pour que les atouts
d’un territoire soient exploités de façon raisonnable et durable, mais aussi
pour qu’une concurrence loyale règne à l’intérieur de chaque secteur
économique. Le respect, effectif et vérifiable, d’une règle du jeu écono-
mique et réglementaire cohérente est donc indispensable, aux plans
environnemental, commercial et social.
La concertation, gage d’efficacité malgré ce que persistent à
affirmer certains sceptiques, aboutit toujours à des propositions enrichies
et adaptées lorsqu’elle se déroule selon une procédure reconnue et sincère.
C’est la meilleure façon d’analyser les atouts et les vulnérabilités d’un
territoire, de déterminer à quelles conditions chaque acteur pourra
bénéficier de façon durable des ressources physiques, biologiques, de
savoirs et de voisinages qui lui sont indispensables, d’en tirer une charte
de territoire dont s’inspireront les pratiques de chacun. Une telle démarche
donnerait un nouvel instrument aux élus et autres acteurs locaux pour le
développement du territoire. Elle préparerait utilement les discussions
communautaires et internationales.
8Préface