Année 2001 N° d’ordre 01 ISAL 0081 THESE Présentée devant L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON pour obtenir LE GRADE DE DOCTEUR FORMATION DOCTORALE : Matériaux ECOLE DOCTORALE : Matière condensée, surfaces, interfaces par DESIERES Yohan Ingénieur INSA Conception et études optiques de composants micro-photoniques sur matériaux III-V à base de structures à bande interdite de photon Soutenue le 20 décembre 2001 devant la Commission d’examens Jury : MM. BENISTY Henry BENECH Pierre LOURTIOZ Jean Michel DE LA RUE Richard GUILLOT Gérard CASSAGNE David SEASSAL Christian BENYATTOU Taha Maître de conférences Professeur Directeur de recherche Professeur Professeur Maître de conférences Chargé de recherche Chargé de recherche Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur Directeur de thèse Cette thèse a été préparée au Laboratoire de Physique de la Matière de l’INSA de LYON A Xav, à sa famille 1 Remerciements Je me rends compte aujourd’hui à quel point ces phrases sont difficiles à écrire. Difficile car évidemment chargé des émotions qui ont parcourues ces trois ans de vie Je commencerai donc « classiquement » par remercier Gérard Guillot, directeur du Laboratoire de Physique de la Matière de m’avoir accueilli pour mon stage de DEA puis pour ce travail de thèse. Je tiens à le remercier particulièrement pour le suivi des différents aspects de ce travail. Ce remerciement pourrait à l’évidence être un remerciement collectif du laboratoire. Qui n’a pas eu un article dans sa boite signé « important, GG » ? Ce travail n’aurait pas été possible sans mon directeur de thèse, T. Benyattou, pour qui je garderai un profond respect scientifique et qui restera pour longtemps pour moi un modèle en terme d’esprit de synthèse. Nos discussions de bureau auront largement nourri ce travail et ma motivation de jeune chercheur. Le fameux carnet à idées n’est pas près d’être vide au LPM. L’échange et les collaborations ont également été des éléments essentiels à l’avancé de ce travail. Je remercie donc de manière impersonnelles tous ceux qui s’impliquent dans l’organisation des journées scientifiques (conférences, GdR, réunion programme CNRS et Région). Ces journées d’échanges ont été des bols d’air enrichissants et motivants et restent parmi les meilleurs moments de cette thèse. Côté collaborations, merci tout d’abord à Christian Grillet du LEOM pour la réalisation des structures à cristaux photoniques. Cette thèse n’aurait évidemment pas pu avoir une part expérimentale sans échantillons. Je remercie également Alain Morand de L’IMEP et Marine le Vassor d’Yerville du GES pour leurs indispensables contributions numériques. Bonne continuation à tous. Ce travail est également celui des techniciens du LPM, Manu, Philippe, qui ont largement contribué à l’amélioration et la maintenance du dispositif expérimental. Ils sont des acteurs majeurs de la qualité de vie et de travail au LPM. Merci également aux autres membres permanents de l’équipe MCMO pour leurs conseils et bonne humeur : Régis et Jean Marie pour être aussi proches des doctorants, Catherine, Georges, Kader. Comment définir ces trois années de thèse au LPM. Avant tout par l’ambiance et la solidarité qui régne entre les doctorants. Nul doute que tous les aléas de nos expériences ont été largement compensés par cette expérience humaine. Je tiens donc à remercier tous les doctorants grâce auxquels ces 2 années resteront pour moi autre chose qu’une aventure scientifique. Ronan, Manu, Anis, Agnès, Murielle, Hugo, Paolo, José, Karim, Liviu pour les plus anciens. Bon vent à vous. Viennent ensuite et surtout Bab et Christophe, Laurent, Lilian et Mme Stéphanie « pipot » Périchon-Lacour, Silvia. L’extraordinaire Dr Nabilus ne peut manquer le césar de ces remerciements. Sa gentillesse et ses innombrables commentaires deviendront sans aucun doute légendaires au laboratoire. Les thésard d’hier laissent place encore et encore à ceux d’aujourd’hui: Matthieu, Stéphane, Aldrice, Nicolas….Bon courage à tous. Mon travail n’aurait pas pu se dérouler dans de si bonnes conditions sans ses moments « soupapes » vécus hors du laboratoire. Pour cela merci notamment à Jérémie, Nicolas, Julien, Denis, Mama korti’s, les MNS des casernes, hot snowboard, Superfrog… et plus récemment à Mathieu Cottin. Je ne pourrais finir sans inclure dans ces remerciements les deux personnes les plus chères qui ont supporté mon indisponibilité courante ces trois dernières années. Elles se reconnaîtront et mériteraient, s’il avait un sens, cent fois le titre de docteur. 3 Introduction Le marché des transmissions de données demande depuis quelques années des débits tels que la voie de transmission optique est devenue la voie majeure. Le développement des fibres optiques a constitué le premier maillon essentiel à la mise en place de cette technologie de routage de l’information. L’information est aujourd’hui transmise sur de nombreuses fréquences et des composants optiques sont indispensables en sortie de fibre pour gérer notamment les opérations de multiplexage/démultiplexage. Ces circuits optiques existent mais sont de l’ordre du centimètre : ils restent donc encombrants, et donc peu favorables à une production de masse. Parallèlement à cette problématique liée au développement de l’Internet, les interconnexions électriques entre puces commencent à être si proches les unes des autres que leurs performances pourraient en être limitées. Réaliser des interconnexions optiques peut être une solution à condition que les tailles de ces composants soient du même ordre que celles des composant microélectroniques actuels. Les cristaux photoniques, nés des idées de Yablonovitch 1 et John2 en 1987, sont de nouveaux matériaux dont les propriétés optiques permettent de manipuler la lumière à l’échelle de la longueur d’onde. Ces cristaux sont des structures dont l’indice diélectrique varie fortement à l’échelle de la longueur d’onde sur une, deux ou trois directions de l’espace. Cela en fait des réflecteurs efficaces, multidirectionnels, et compacts dont l’utilisation permet d’envisager une réduction en taille des composants d’optique guidée d’un facteur 10 3 à 104 . Des études antérieures ont déjà, dans cette optique, validé les potentialités de cristaux bidimensionnels réalisée dans un guide d’onde planaire. Ce travail s’appuie sur ces premières études pour étudier des dispositifs de guidage et de filtrage réalisés à partir de ce type de cristaux, aux longueurs d’ondes des télécommunications par fibres optiques. Dans le chapitre 1, nous présentons les principes physiques de base des cristaux photoniques. Nous nous attardons sur l’utilisation des cristaux photoniques en géométrie de guide d’onde en précisant les particularités de cette géométrie et en rappelant les résultats qui ont permis de valider cette approche de confinement mixte. Nous évoquons brièvement les intérêts de ces structures pour l’optique intégrée. 1 YABLONOVITCH, E. Inhibited spontaneous emission in solid state physics and electronics. Physical review letters. 1987, vol 58, n°20, p 2059-2062 2 JOHN, S., Strong localization of photons in certain disordered dielectric superlattices. Physical review letters. 1987, vol 58, n°23, p 2486-2489 1 Au chapitre 2, Nous détaillons tout d’abord les principes de la méthode de modélisation utilisée et complétée pour les besoins de nos études. Nous abordons ensuite la méthode de caractérisation mise en place au cours de ce travail pour l’étude spécifique de structures à cristaux photoniques sur membranes guidantes suspendues. Le chapitre 3 correspond principalement à une étude expérimentale de la propagation de lumière le long d’un défaut linéique réalisé dans un cristal photonique bidimensionnel. Cette étude s’appuie sur une analyse préliminaire des modes propres du défaut étudié. Elle s’appuie également sur de multiples modélisations numériques qui viennent appuyer les interprétations des résultats expérimentaux. Le chapitre 4 traite des pertes verticales qui apparaissent le long du guide étudié au chapitre 3. Nous avons tout d’abord évalué expérimentalement ses pertes de propagation. Une analyse de leurs origines est ensuite présentée. Cette analyse est le point de départ d’une discussion sur les voies envisagées pour réduire ces pertes. Enfin, dans le chapitre 5, nous abordons expérimentalement, au travers de deux structures différentes, la problématique du couplage entre une cavité et un guide à cristaux photoniques. La technique expérimentale est tout d’abord mise à profit pour appréhender le couplage entre une cavité adjacente à un guide à cristaux photoniques. Elle est dans un second temps utilisée pour caractériser un filtre de type Fabry Pérot réalisé au sein d’un guide à cristaux photoniques. La dernière partie de ce chapitre discute de l’amélioration des performances du filtre caractérisé. 2 Chapitre 1 Cristaux photoniques et optique intégrée • I- Introduction _______________________________________________________ 4 • II- Propagation dans un cristal photonique parfait _________________________ 6 II-2 Cas du cristal photonique triangulaire 2D _________________________________ 7 II-3 Les défauts dans un cristal photonique __________________________________ 10 • III- Application à l’optique intégrée ____________________________________ 11 III-1 Utilisation en géométrie de guide d’ondes _______________________________ 11 III-2 Utilisation des propriétés de réflexion omnidirectionnelle ___________________ 14 III-3 Utilisation des propriétés de dispersion : quelques applications ______________ 16 • IV- Conclusion ______________________________________________________ 17 BIBLIOGRAPHIE _________________________________________________________ 18 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée • I- Introduction Les cristaux photoniques sont des structures dont l’indice diélectrique varie de manière périodique à l’échelle de la longueur d’onde, sur une ou plusieurs directions de l’espace. Cette variation périodique de l’indice optique suivant les différentes directions entraîne l’apparition de gammes de fréquence pour laquelle la lumière ne peut alors plus se propager. C’est l’analogie entre la propagation d’une onde électromagnétique dans ces milieux et la propagation des électrons dans un cristal atomique1 qui a mené à l’appellation de ces bandes de fréquences « bandes interdites photoniques ». La réalisation d’une périodicité sur toutes les directions de l’espace peut ainsi permettre de réfléchir une onde lumineuse quelque soit son angle d’incidence ou sa polarisation. n2 n1 Figure 1 : les différents types de cristaux photoniques : unidimensionnels (1D), bidimensionnels (2D), tridimensionnels (3D). Certaines espèces animales2 et minérales fabriquent et utilisent ces structures à des fins esthétiques et stratégiques depuis bien longtemps (Figure 2) et ce n’est finalement que très récemment que l’homme y a trouvé un intérêt intellectuel (et financier). Le problème de la propagation d’une onde électromagnétique dans un empilement multicouches de diélectrique (cristal 1D) n’est en effet bien connu que depuis les années 60-703,4. Une première analogie avec la physique du solide avait alors été faite dans ce cas unidimensionnel. Il a toutefois fallu attendre la fin des années 80 pour qu’une généralisation du miroir de Bragg à plusieurs dimensions ne soit clairement introduite par Yablonovitch5 pour le contrôle de l’émission spontanée dans les émetteurs semi-conducteurs. Les applications et la fabrication de ces structures étaient certainement encore trop « lointaines » pour qu’une généralisation à 4 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée plusieurs dimensions de ce concept ne soit imaginée et publiée. La démonstration de ce concept n’a d’ailleurs été faite qu’en 1991, à partir d’une structure plexiglas 3D, la Yablonovite, et aux fréquences micro-ondes6. Microscopie électronique à balayage Microscopie électronique en transmission (a) (b) Figure 2 : exemples de réalisations naturelles de structures périodiques d’indice submicroniques. Ces structures apparaissent chez certaines espèces animales et minérales comme les souris des mers (a) ou les opales (b)1 . Les applications envisagées de ces cristaux aux fréquences optiques ont, malgré les difficultés de fabrication, de modélisation et de caractérisation, largement dépassé l’idée initiale du contrôle de l’émission spontanée. Elles couvrent aujourd’hui un large spectre allant de l’étude du couplage fort atome/ cavité aux interconnexions optiques. Il est donc bien difficile, seulement 15 ans après l’idée novatrice de Yablonovitch, de présenter un état de l’art exhaustif de cette thématique. Je restreindrai donc « lâchement » ce premier chapitre aux principes de base qui régissent la propagation d’une onde électromagnétique dans les cristaux photoniques (principalement les cristaux 2D) et à leurs principales applications pour l’optique intégrée. 1 http://www.ens-lyon.fr/~eyates/pageprincipale.htm 5 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée • II- Propagation dans un cristal photonique parfait II-1 Structures de bandes photoniques Si des notions simples d’électromagnétisme sont suffisantes pour comprendre la propagation de la lumière dans un miroir de Bragg, l’extension de la périodicité à plusieurs directions devient rapidement très délicate. L’utilisation des diagrammes de bandes, courante en physique du solide, est un des points qui a permis l’évolution rapide des connaissances théoriques sur ces structures. J’en donne ici les principaux fondements. r Dans un milieu sans source de constante diélectrique ε( r ), les évolutions temporelles et spatiales du champ électrique et magnétique sont données, en unités CGS, par : r r 1 ∂H ∇× E = − c ∂t r r ε (rr ) ∂E ∇× H = c ∂t r r ∇.(ε (r ) E ) = 0 r ∇.H = 0 où c désigne la célérité de la lumière. La recherche de solution sous r r r v r r r v forme d’ondes planes H (r , t ) = H (r ).e iωt et E (r , t ) = E (r ).e iωt permet de découpler r r les équations en deux équations d’ondes ne dépendant que de E et H : r ⎛ 1 r r r ⎞ ω2 r r ∇ × ⎜⎜ r ∇ × H (r ) ⎟⎟ = 2 .H (r ) ⎝ ε (r ) ⎠ c 2 r r r r r r r ω ∇ × ∇ × E (r ) = 2 .ε (r ) E (r ) c ( ) r la périodicité de εr (r ) permet de rmettre les solutions sous la forme r r k r ikr.rr rk r r kr r r r kr r r d’ondes de Bloch H (r ) = u (r ).e (où u (r ) vérifie u (r + a ) = u (r ) avec a vecteur de périodicité du réseau). Ceci permet de réduire l’équation faisant apparaître H à une équation aux valeurs propres7, qui peut être résolue numériquement par les algorithmes éprouvés en physique du solide. r Pour chaque valeur de k de la première zone de Brillouin, la r diagonalisation donne une série de fréquences propres ωn . Les couples ωn ( k ) correspondent aux modes propres du système et leur représentation dans la première zone de Brillouin permet de définir les courbes de dispersion optique de la structure. Pour une structure périodique suivant une direction et invariante suivant les autres, le diagramme typique est celui du miroir de Bragg. Un couplage entre mode propagatif et contra-propagatif est possible en bord de zone et entraîne l’apparition d’une onde stationnaire. La bande 6 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée interdite de propagation qui apparaît en ce point s’explique physiquement par la différence énergétique associée aux deux répartitions possibles de cette onde stationnaire dans la structure d’indice, (l’intensité maximale du champ électrique peut être positionnée dans les zones de fort ou bas indice). La bande interdite est d’autant plus large que le contraste d’indice est important (∆ω/ω≈∆n/n). n2 ω n1<n2 ⏐E ⏐ 2 x ⏐E2⏐ x π/a kx a Figure 3 : diagramme de dispersion d’un miroir de Bragg de période a, réduit dans la première zone de Brillouin (0<k<π/a). Une particularité importante des équations de maxwell est l’absence de longueurs caractéristiques. Ceci rend les propriétés optiques non dépendantes de la taille des structures. Multiplier les dimensions de L à N.L d’un cristal photonique n’entraînera qu’un décalage des bandes interdites vers des pulsations absolues ωN.L=(1/N).ωL . Les grandeurs comme la fréquence, la pulsation ou le vecteur d’onde peuvent ainsi être normalisées par une grandeur caractéristique du cristal photonique comme sa période a. La fréquence peut notamment être remplacée par la grandeur a/λ0 , où λ0 représente la longueur d’onde dans le vide de l’onde de fréquence f (ou de pulsation ω). II-2 Cas du cristal photonique triangulaire 2D Dans le cas d’une structure périodique 2D, les directions de propagation ne sont en général pas équivalentes. Les bandes interdites qui apparaissent pour chaque direction sont alors différentes en largeur et en position. Pour connaître la zone de fréquences où toutes les bandes se recouvrent, on peut montrer qu’il suffit de connaître et recouvrir les bandes associées aux directions de hautes symétries. Un réseau cristallin 2D particulièrement favorable au recouvrement de ses diverses bandes interdites est le réseau triangulaire8 (Figure 4). Sa première zone de Brillouin est en effet relativement proche d’un cercle. 7 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Espace réel Espace réciproque ky y a K v M u x 2π/a v* Γ kx u* n2>n1 n1 Figure 4 : cristal photonique triangulaire et espace réciproque associé. Les points de haute symétrie de la première zone de Brillouin sont reportés (Γ, M, K). J’ai représenté à la Figure 5 un diagramme de dispersion typique d’un cristal photonique triangulaire, composé de motifs d’air circulaires dans une matrice semi-conductrice pour des composantes du vecteur d’onde k variant le long des directions de hautes symétries (Γ vers K, K vers M, et M vers Γ). Les deux polarisations TE (champ magnétique suivant l’axe des motifs) et TM (champ électrique suivant l’axe des motifs) sont découplées dans le cas 2D et donnent lieu à deux systèmes de bandes indépendants. On parlera de bande interdite omnidirectionnelle si une bande apparaît pour toutes les directions mais pour une seule polarisation. On voit apparaître dans le cas présenté une bande interdite commune à toutes les directions et aux deux polarisations. On parle alors de bande interdite absolue. L’apparition d’une bande absolue dans le réseau triangulaire peut être obtenue avec des motifs circulaires si le contraste d’indice est au moins de 2.6 9 . Pour des contrastes inférieurs, seule une bande omnidirectionnelle persiste, jusqu’à un contraste de 2 10. L’association semi-conducteur/air (avec un contraste d’indice de l’ordre de 3-3,5) est donc parfaitement indiquée pour la réalisation de ces structures. Une première mise en évidence d’une bande interdite absolue 2D aux fréquences optiques a été possible grâce à la technologie « macroporeux »11. Cette approche est à ma connaissance la seule capable de réaliser, aux longueurs d’ondes optiques, des motifs de rapports 8 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée rayon/profondeur de l’ordre de 100. Ceci en fait notamment un outils de validation idéal des modèles 2D. Figure 5 : Calcul de Schilling et al.12, par la méthode des ondes planes,13 du diagramme de dispersion d’un cristal photonique triangulaire 2D (période a) composé de motifs circulaires d’air (rayon r = 0.45a) dans une matrice de silicium (n=3.4). Les deux polarisations ont été représentées. La bande interdite absolue correspond à la zone noircie. Pour un contraste d’indice et un réseau donnés, le rapport des surfaces de haut et bas indice est un des facteurs déterminant la largeur des bandes interdites omnidirectionnelles. Dans le cas de motifs circulaires de rayon r dans un cristal triangulaire de période a, on peut définir le facteur de remplissage en air : 2 2π ⎛ r ⎞ f = ⎜ ⎟ 3 ⎝a⎠ J’ai représenté à la Figure 6 la variation des bandes omnidirectionnelles avec le rapport r/a, obtenue numériquement et expérimentalement par Schilling et al. toujours avec la technologie « macro poreux » 14,15. Les bandes TE sont favorisées lorsque les zones semiconductrices sont bien connectées les unes aux autres (faible rapport r/a). Elles disparaissent toutefois lorsque la perturbation engendrée par le motif de bas indice est trop faible (aux alentours de r/a =0.2). Un facteur de remplissage optimum apparaît pour obtenir une bande interdite absolue maximale (correspondant aux épaisseurs optiques optimales de λ/4 des couches d’un miroir de Bragg 1D). Les relations de continuité des champs aux interfaces sont responsables de cette disparité entre les bandes TE et TM . 9 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Figure 6 : évolution des bandes interdites omnidirectionnelles TE et TM avec le facteur de remplissage en air d’un cristal triangulaire réalisé dans le silicium (n=3.4). Les résultats expérimentaux, obtenus à partir de structures de type silicium macro poreux sont en bon accord avec le modèle théorique . II-3 Les défauts dans un cristal photonique Un attrait majeur de ces structures repose sur l’insertion contrôlée de défauts au sein du cristal lors de sa fabrication. Les géométries possibles sont quasi infinies et peuvent aller de la modification de la taille ou de l’indice d’un seul motif du cristal à des défauts plus étendus comme le retrait de rangées entières de motifs. Comme pour les semi-conducteurs, ces défauts peuvent générer des états aux fréquences de la bande interdite du cristal parfait et être ainsi le « support » d’un champ électromagnétique propagatif pour ces fréquences1,16(Figure 7). Un contrôle de la propagation de la lumière au sein du cristal et à l’échelle de la longueur d’onde est alors envisageable via ces défauts. L’utilisation de ces structures ouvre notamment une voie vers une miniaturisation des composants d’optique intégrée et une amélioration de leurs performances. Le confinement de la lumière sur des dimensions submicroniques qui peut être atteint17 en fait aussi des objets de choix pour l’étude expérimentale de processus physiques, comme le couplage fort atomecavité18. 10 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Figure 7 : modes localisés d’un défaut ponctuel (gauche) ou étendu (droite) dans un cristal photonique carré de pilier de GaAs2. • III- Application à l’optique intégrée III-1 Utilisation en géométrie de guide d’ondes Une manière originale d’utiliser les cristaux 2D a été introduite par Krauss et al. en 199619. Il s’agit de réaliser ces cristaux dans une fine couche guidante semi-conductrice (Figure 8). Ce ne sont alors plus des ondes planes qui interagissent avec la structure mais les modes guidés de cette couche. Cette approche apporte trois éléments majeurs : (i) (ii) (iii) 2 Elle permet une utilisation des propriétés des cristaux photoniques en optique guidée « classique ». Elle permet de limiter la gravure des motifs du cristal à « grosso modo » la profondeur du mode guidé et ainsi d’utiliser les techniques de micro structuration des couches semi-conductrices développées pour la microélectronique et l’optoélectronique (lithographie électronique, gravures ioniques). Elle peut permettre un confinement 3D de la lumière à partir de structures cristaux photoniques 2D. http://jdj.mit.edu/photons/index.html 11 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée air n3 n1 β0 n2 Figure 8 : cristal photonique en géométrie de guide d’ondes (coupe verticale). La présence d’une bande interdite pour le mode guidé entraîne une décroissance exponentielle de l’intensité du champ le long de la structure périodique. Les propriétés de ces structures sont globalement les mêmes que celles d’une structure 2D infinie. Une transposition des concepts de la structure 2D infinie à la structure 2D en géométrie de guide est donc largement possible. Les quelques différences qui apparaissent (notamment au travers des études théoriques de Johnson et al20.) définissent toute la problématique de ces structures en géométrie de guide d’ondes. Une d’entre elles est la fermeture des bandes interdites pour des structures guidantes fortement assymétriques ou multimodes mais la plus critique en terme d’application reste la possibilité de fuites vers le substrat. La constante de propagation de l’onde électromagnétique dans la structure périodique ne permet pas toujours de vérifier la condition de réflexion totale à l’interface guide d’ondes/substrat. Des fuites vers le substrat sont alors possibles. Un moyen « simple » pour définir les modes du cristal sans pertes est de reporter les relations de dispersion du substrat semi infini sur celles de la structure globale. Dans le cas d’un substrat homogène d’indice ns, cette relation est très simple . En décomposant k suivant sa composante k// dans le plan du cristal et sa composante k ⊥ normale à ce plan, on a : k2 = k// 2+ k⊥ 2 =n s 2ω2 /c2 . Pour une composante k// donnée du diagramme de dispersion, une propagation dans le milieu d’indice ns sera possible si ω≥(c/ns)k //. La zone ainsi définie dans le diagramme de dispersion est usuellement appelée cône de lumière. Ces pertes naturelles ont notamment été observées par Kanskar et al21. sur une membrane semi-conductrice suspendue. Si, au contraire, ω<(c/ns)k //, la composante k⊥ est alors purement imaginaire dans la couche d’indice ns : la propagation sera guidée dans le plan de la structure périodique, sans pertes vers le substrat. Dans le cas d’un substrat périodique, le problème est moins trivial puisque c’est la bande de plus basse énergie qui doit être prise comme limite de radiation. Je présente à la Figure 9 le diagramme de bande typiquement calculé par Johnson et al. . pour un cristal photonique réalisé sur une membrane guidante. 12 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Figure 9 : diagramme de dispersion d’un cristal photonique triangulaire (de période a) réalisé sur une couche guidante d’indice n=3.46 et d’épaisseur e=0.6a. Le rayon des motifs d’air est de 0.45a. La zone grisée correspond au cône de lumière du substrat (ici l’air) ; dans cette zone, les modes du cristal sont à fuites. Les modes pairs ou quasi TE (cercle vide) permettent l’apparition d’une bande interdite omnidirectionnelle de propagation dans le cristal. Des états radiatifs existent toutefois aux mêmes fréquences. Les propriétés de transmission et de réflexion de ces cristaux triangulaires 2D ont été étudiées expérimentalement sur diverses configurations de guidage vertical : membranes suspendues dans l’air22, guide sur substrat de faible indice23,24 (silice ou AlOx) ou encore guides faiblement confinés, principalement sur la filière GaAs25,19,24. Les bandes interdites attendues ont, dans chaque cas, été observées via une chute de la transmission, variable suivant les directions du cristal et les configurations verticales (de l’ordre d’un facteur 100-1000 pour une dizaine de rangées de motifs). Les pertes verticales limitent la transmission des modes du cristal et contribuent évidemment à cette atténuation. Dans le cas de structures sur substrat, une augmentation de ces pertes avec le facteur de remplissage en air a été observée . Cette évolution s’explique par le meilleur couplage aux modes radiatifs à partir de plus larges motifs diffractants d’air. L’approche de Krauss et al.26 privilégie alors une restriction du facteur de remplissage en air aux dépends de la largeur de la bande interdite. Une gravure des motifs sur toute la largeur du mode guidé est également un point important pour limiter le couplage aux modes rayonnés27 mais se heurte toutefois à la difficulté de réaliser des motifs de quelques dixièmes de microns sur des profondeurs de 1-2µm (dans le cas typique de couche guidante semi-conductrice). Ces pertes verticales limitent également la réflectivité de ces structures28 mais avec de fortes variations au sein d’une même bande interdite. Le bord « haute fréquence » de la bande interdite est le plus fuyant (en polarisation TE et dans le cas d’un cristal composé de motifs d’air dans une matrice de fort indice), en raison de la forte localisation de 13 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée l’amplitude du champ dans les motifs diffractants (Figure 3). Les mesures de réflectivité sont quasi inexistantes pour des cristaux en géométrie de guide d’ondes (mesure directe non triviale). L’étude de micro cavités29 permet toutefois une évaluation indirecte de cette réflectivité (via les coefficients de qualité des modes). En conditions de guidage faible, Rattier et al.30 ont pu évaluer des réflectivités de 90%-95% pour la première bande interdite d’un cristal photonique triangulaire de 4 rangées « d’épaisseur ». Une valeur de 97% est annoncée par Pottier et al. 31 pour des miroirs d’une dizaine de rangées et à partir de cristaux sur membrane suspendue. III-2 Utilisation des propriétés de réflexion omnidirectionnelle Micro-sources et micro filtres Les défauts localisés d’un cristal photonique 2D en géométrie de guide d’ondes permettent un confinement du champ électromagnétique sur les trois directions de l’espace. Ce confinement permet d’atteindre de forts coefficients de qualité pour des cavités microniques, voire sub-microniques et de formes diverses. En géométrie de guide d’ondes, la forte localisation du mode devient même une source de couplage au continuum radiatif (via la distribution dans l’espace des vecteurs d’onde). Les facteurs de qualité observés restent jusqu’à présent de l’ordre de 300-1000 et restent donc décevants31,32 par rapport aux premières évaluations théoriques33. Ces microcavités ont tout de même permis de réaliser des sources lasers compactes pompées optiquement 34,35 avec parmi elles la plus petite au monde. Cette dernière a pu être réalisée sur la filière GaAs avec un pompage électrique pulsé36 et un seuil en courant de 300µA. Une ingénierie des modes de cavités est quoiqu’il en soit plus largement ouverte avec les cristaux photoniques puisque la condition de réflexion totale n’est plus nécessaire à l’obtention de fortes réflectivités. Guides d’ondes L’utilisation de défauts linéiques pour réaliser des fonctions de guidage a été introduite en 1994 par Meade et al. Les études du guidage sont toutefois restées théoriques37,38 jusqu’en 1997 où une première démonstration expérimentale de transmission a été faite dans le domaine micro ondes39,40 puis en technologie macro poreux dans l’infra rouge41. Cette propagation guidée n’est plus limitée par les lois de la réfraction aux interfaces du guide et il est possible de réaliser des guides présentant des rayons de courbure de l’ordre de la longueur d’onde avec des transmissions théoriques très proches de l’unité42. Le premier intérêt potentiel de ces guides réalisés à partir de cristaux 2D en 14 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée géométrie de guide d’ondes est évident au regard des dimensions typiques des circuits optiques intégrés sur verre ou sur silice, qui reposent sur de faibles contraste d’indice (ils ne permettent pas de réaliser des virages efficaces sur des dimensions inférieures au millimètre). Un facteur de réduction de l’ordre de 1000 est donc potentiellement accessible avec cette technologie, ce qui aurait bien sûr d‘importantes conséquences en terme d’intégration et de coût de fabrication. L’utilisation de bandes interdites pour la réduction des dimensions des composants optiques n’est évidemment pas la seule. La « simple » utilisation du contraste air/semi-conducteur permet de réduire le rayon de courbure des virages à une dizaine de microns. Les premières évidences expérimentales de ce guidage aux longueurs d’ondes optiques en géométrie de guide d’ondes ne sont apparues que depuis 199943,44,45, principalement en raison des difficultés expérimentales de caractérisation de ces structures. La problématique du couplage de lumière est en effet cruciale pour ces guides dont les tailles caractéristiques pour les fréquences des fibres optiques sont de l’ordre du micron voire inférieures. Ces premières études ont mis en évidence la présence de pertes verticales, qui restent une problématique majeure de ces dispositifs. Je reviendrai sur les études les plus récentes réalisées aujourd’hui aux chapitres 3 et 4 (centrés exclusivement sur ces dispositifs). Guides d’ondes et cavités De manière similaire à ce qui est fait avec des structures de confinement à réflexion totale, un couplage entre des guides et des cavités à cristaux photoniques peut permettre la réalisation de filtrage directionnel et sélectif en longueurs d’onde46, plus connu sous le nom de filtre ADD-DROP, qui est un composant clé du multiplexage en longueur d’onde. Si des démonstrations expérimentales de couplage entre un guide et une cavité existent47,48, les démonstrations expérimentales de filtrage « ADD–DROP » avec la technologie cristaux photoniques n’existent pas encore et ne semblent pas simples à obtenir (en tout cas par simple transposition des principes utilisés en optique guidée classique). Les études théoriques ont montré que cela était toutefois possible, mais au prix d’une maîtrise technologique difficilement envisageable aujourd’hui (Figure 10). Les applications de détection résonante, d’extraction sélective en longueur d’onde49, ou de couplage source laser/guide semblent moins contraignantes en terme de directivité. 15 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Figure 10 : exemple de dispositifs à cristaux photoniques, associant défauts linéiques (guide) et ponctuels (cavité), permettant un routage directionnel et sélectif en longueur d’onde. Le cristal 2D est, comme pour la figure 7, composé de piliers de semiconducteur dans l’air (réseau carré). Certains piliers sont dans ce cas plus petits que d’autres ou possèdent des indices optiques différents. III-3 Utilisation des propriétés de dispersion : quelques applications Toujours en géométrie guidée, les modes du cristal 2D situés dans le cône de lumière peuvent être utilisés pour l’extraction efficace de lumière guidée 50,51 vers le substrat. Une augmentation des efficacités d’extraction de la luminescence d’un facteur 6 a été reportée et peut être utilisée pour l’optimisation des performances des diodes électroluminescentes. Ces structures peuvent réciproquement être vues comme réseau de couplage directif entre des systèmes de guidage planaires (guide semi-conducteur) et verticaux (fibre)52,53. Les fortes dispersions qui apparaissent sur les bandes des cristaux photoniques (de toutes dimensionnalités) ont permis l’observation de réfractions 500 fois plus importantes que celles observées dans un prisme classique. Deux fréquences incidentes décalées de seulement 1% peuvent ainsi être réfractées sur deux directions séparées d’environ 50° 54. Ces effets dits de super prismes ont été observés expérimentalement sur des structures 3D ; ils n’ont pas encore été explorés expérimentalement en géométrie de guide d’onde. Il peuvent être une voie originale pour la réalisation de fonctions de routage en longueurs d’ondes 3. Ces fortes dispersions dans les cristaux s’accompagnent de vitesses de groupe très faibles, voire nulles qui peuvent être exploitées pour augmenter le gain effectif et les effets non linéaires55. Un effet laser basé sur une réflexion de Bragg distribuée a déjà été obtenu dans un cristal 2D 56. 3 http://www.intec.rug.ac.be/picco 16 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée Des systèmes de cavités couplées peuvent également permettre d’obtenir des faibles vitesses de propagation 57 et d’augmenter l’efficacité des processus non linéaires58. Des mesures expérimentales en géométrie de guide d’onde ont récemment montré une chute de la transmission du guide avec la présence de modes à faibles vitesses de groupe59. • IV- Conclusion Les cristaux photoniques sont des matériaux dont la constante diélectrique varie périodiquement sur une ou plusieurs directions de l’espace. Cette périodicité entraîne une modification importante des propriétés de dispersion optique du milieu « homogène », donnant notamment naissance à des bandes interdites de propagation multidirectionnelles lorsque le contraste d’indice est suffisant. L’utilisation de leurs propriétés de réflexion et de dispersion peut être avantageuse pour la réalisation de fonctions optiques intégrées originales et compactes. C’est déjà largement le cas pour les structures 1D que sont les miroirs de Bragg. Les propriétés des cristaux photoniques 2D peuvent être exploitées pour contrôler latéralement, et à l’échelle de la longueur d’onde, la propagation d’une lumière guidée dans une fine couche semi-conductrice. Cette approche permet de réduire la profondeur de gravure des cristaux à la profondeur du mode guidé dans la couche semi-conductrice et d’utiliser, pour leur fabrication, les techniques performantes de micro structuration des couches semiconductrices développées pour la microélectronique. La maîtrise de gravure de motifs à forts rapport d’aspect (typiquement de l’ordre de 10 pour des structures guidantes semi-conductrices) sont toutefois nécessaires pour limiter les pertes verticales. Des approches « forts confinement vertical » permettent de relaxer cette contrainte. Ce contrôle de la propagation permet d’envisager des composants optiques planaires compacts et originaux. C’est dans ce vaste cadre que ce travail trouve une justification. 17 Chapitre 1 : cristaux photoniques et optique intégrée BIBLIOGRAPHIE 1 JOANNOPOULOS, J. D., MEADE, R. D., WINN, J. N. Photonic crystal. Molding the fow of light. Princeton University Press, Princeton, 1995, 137 p. 2 MCPHEDRAN, R.C., NICOROVICI, N.A., MCKENZIE, D.R., BOTTEN L.C., PARKER A.R., ROUSE, G.W. The sea mouse and the photonic crystal. Australian journal of chemistry, 2001, vol 54, n° 4, p 241-244. 3 KOSSEL, D. Analogies between thin-film optics and electron-band theory of solids. 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Confined band gap in an air-bridge type of two-dimensional AlGaAs photoniccrystal Physical review letters, 2001, vol 86, n° 11, p 2289 – 2292 23 LIN, S. Y., CHOW, E., JOHNSON, S. G., JOANNOPOULOS, J. D. Demonstration of highly efficient waveguiding in a photonic crystal slab at the 1.5-µm wavelength”, Optics Letters, 2000, vol. 25, no. 17, pp 1297-1299 24 INOUE, K., KAWAI, N., SUGIMOTO, Y ., CARLSSON, N., IKEDA, N., ASAKAWA, K., optical properties of different types of GaAs-based photonic crystal slabs and their application to devices, Materials research Society Proceedings, vol 637, E3.2.1-E3.2.12, 2001. 25 LABILLOY, D., BENISTY, H., WEISBUCH, C., KRAUSS, T. F., DE LA RUE, R. M., BARDINAL, V., HOUDRE, R., OESTERLE, U., CASSAGNE, D., JOUANIN, C. Quantitative measurement of transmission, reflection, and diffraction of two-dimensional photonic band gap structures at near-infrared wavelengths. Physical Review Letters, 1997, vol79, n° 21, p 4147-50 26 KRAUSS, T. F., DE LA RUE, R. M. 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Trapping and emission of photons by a single defect in a photonic bandgap structure. Nature, 2000, vol 107, p 608-610 49 CHUTINAN, A., MOCHIZUKI, M., IMADA, M., NODA, S. Surface-emitting channel drop filters using single defects in two-dimensional photonic crystal slabs. Applied Physics Letters, 2001,vol 79, n° 17 p 2690-2692 50 ERCHAK, A. , RIPIN, D. J., FAN, S., RAKICH, P., JOANNOPOULOS, J. D., IPPEN E. P., PETRICH, G. S., KOLODZIEJSKI L. A. Enhanced coupling to vertical radiation using a twodimensional photonic crystal in a semiconductor light-emitting diode. Applied physics letters, 2001, vol 78 , n° 5 , p 563 – 565 51 BORODITKY, M., KRAUSS, T.F., COCCIOLI, R., VRIJEN, R., BHAT, R., YABLONOVITCH, E. Light extraction from optically pumped light-emitting diode by thin-slab photonic crystals, Applied physics letters, 1999, vol 75 , n° 8 , p 1036 – 1038 52 ASTRATOV, V. N., WHITTAKER, D. M., CULSHAW, I. S., STEVENSON, R. M., SKOLNICK, M. S., KRAUSS, T. F., DE LA RUE, R. M. 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Miniband transmission in a photonic crystal coupled-resonator optical waveguide, Optics letters, 2001 , vol 26 , n° 13 , p 1019 - 1021 21 Chapitre 2 Méthodes numérique et expérimentale • • • • I-Introduction ___________________________________________________24 II- Un outil numérique: la méthode FDTD____________________________26 II-1 Intérêts de cette méthode pour l’étude de dispositifs à cristaux photoniques _26 II-2 Principes de bases de la méthode. ___________________________________27 II-3 Conditions aux limites ____________________________________________31 II-4 Application à l’optique intégrée et aux cristaux photoniques______________38 II-5 Conclusions ____________________________________________________41 III-Caractérisation par photoluminescence (PL) guidée/découplée _______43 III-1 Principe de base ________________________________________________43 III-2 Mise en place de la technique dans le proche infra-rouge ________________44 III-3 Technique de PL guidée avec réseau de découplage sur membrane suspendue __________________________________________________________________48 IV-Conclusions __________________________________________________57 BIBLIOGRAPHIE ______________________________________________________58 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale • I-Introduction L’étude de matériaux et dispositifs à bandes interdites de photons a commencé au laboratoire en 1997, avec l’objectif de travailler sur la modélisation et sur la caractérisation des propriétés optiques de ces structures aux longueurs d’ondes des télécommunications optiques. C’est dans ce contexte que ma thèse a débuté au laboratoire en octobre 1998. La complexité de la fabrication et de la caractérisation de structures à cristaux photoniques aux fréquences optiques rendent coûteuses en temps et argent les études expérimentales systématiques sur des dispositifs des cristaux photoniques. Le développement de méthodes de modélisation optiques précises et rapides reste donc primordial pour l’étude de ces structures. Il y a encore quelques années, la méthode FDTD ne pouvait être envisagée pour la modélisation optique des cristaux photoniques qu’avec de puissants calculateurs. Ceux ci sont aujourd’hui sur tous les bureaux et expliquent en grande partie le net regain d’intérêt pour l’étude des cristaux photoniques par cette méthode. Cette méthode est adaptée à la modélisation optique de structure à fort contraste d’indice, tout en restant facilement compréhensible par un non spécialiste de l’optique. Son fonctionnement dans le domaine temporel la rend très intuitive et permet vraiment de la considérer comme un banc d’expérimentation numérique. Elle avait commencé à être implémentée au laboratoire avant le début de ce travail. Elle a donc constitué un outil de base que j’ai appris à utiliser et à développer pour l’étude des cristaux photoniques. J’ai résumé dans la première partie de ce chapitre son principe de base, ainsi que quelques exemples d’applications de cette méthode pour la modélisation de composants à bande interdite de photons. La caractérisation optique reste quoiqu’il en soit un outil indispensable à l’étude des dispositifs à cristaux photoniques. Cette caractérisation reste difficile en raison de leurs dimensions proches de la longueur d’onde. Le couplage de lumière à ces structures à partir de fibre effilée ou de faisceau focalisé reste donc particulièrement difficile. En géométrie de guide d’onde, une technique de couplage astucieuse et efficace a été développée sur le système GaAs par Labilloy et al.1. Cette technique utilise la luminescence d’une couche active placée au sein du guide d’onde. Un banc a donc été développé au début de ce travail sur ce principe de luminescence guidée, pour la gamme de longueur d’onde 1.31.7µm (filière de matériaux InP). L’utilisation de réseaux de découplage pour la collection de la lumière a permis d’adapter cette technique à la caractérisation de cristaux photoniques sur membranes suspendues. C’est la 24 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale mise au point de ce banc, sa validation et ses potentialités qui sont précisées dans la deuxième partie de ce chapitre. 25 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale • II- Un outil numérique: la méthode FDTD II-1 Intérêts de cette méthode pour l’étude de dispositifs à cristaux photoniques La méthode FDTD (pour finite-difference time-domain) est une méthode pour résoudre directement les équations de Maxwell sur une structure de profil d’indice quelconque. Cette méthode n’utilise pas d’approximations de propagation paraxiale comme la BPM, et donne des résultats tout à fait précis même sur des structures à fort contraste d’indice comme les cristaux photoniques. Les équations de base sont très simples et vérifient les formes dérivées et intégrales des équations de Maxwell. Ceci la rend très accessible et compréhensible. La résolution des équations est réalisée dans le domaine temporel, ce qui permet d’appréhender visuellement la propagation d’une onde électromagnétique dans un milieu structuré comme le sont les cristaux photoniques. Ce point rend cette méthode pédagogique pour l’utilisateur qui peut réaliser de véritables expériences numériques et développer une compréhension intuitive des processus de propagation. La simplicité des équations qui composent le cœur de l’algorithme de résolution, les nombreuses sources (ondes planes, modes guidés, dipôles oscillants, impulsions ou harmoniques) et conditions aux limites possibles permettent, à celui qui sait bien s’en servir, de pouvoir traiter un très grand nombre de problèmes (notamment en optique intégrée). Cette méthode temporelle n’est en effet pas seulement pédagogique. Le calcul de toutes les composantes de champs à tous les instants et sur tout le domaine de calcul permet d’obtenir de nombreuses informations précises, notamment grâce à l’utilisation de la transformée de Fourier. On peut ainsi, à partir de la propagation d’un seul pulse temporel, obtenir des spectres en fréquence en divers points de la structure ainsi que des cartes de champs harmoniques. Cette méthode permet également d’inclure du gain, de l’absorption, des effets non linéaires, de la dispersion, au prix, toutefois, de modifications importantes du cœur de l’algorithme de base. Où sont donc les inconvénients de cette méthode ? Comme beaucoup de méthodes, dans son principe même : le calcul direct de toutes les composantes de champs en tous les points de la structure requiert des ressources informatiques importantes qui limitaient jusqu’à récemment la taille des structures 3D à quelques périodes de cristal, même pour les plus puissant ordinateurs. C’est réellement l’évolution des ressources 26 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale informatiques en terme de mémoire et de rapidité qui a fait de cette méthode l’une des plus populaires pour l’étude de la propagation dans les cristaux photoniques. Aujourd’hui, un simple ordinateur de bureau permet, en quelques heures tout au plus, la modélisation 2D d’une structure d’environ 20x20µm…et cette taille grandit sans cesse chaque jour. II-2 Principes de bases de la méthode. II-2-1 Equations de bases La méthode FDTD repose sur une résolution directe des équations de Maxwell (Cf. Chapitre 1) sous leur forme différentielle Dans le cas où le matériau est isotrope, non dispersif, sans sources et transparent (constante diélectrique purement réelle), ces relations s’écrivent, dans un repère cartésien (x,y,z): ∂H x 1 ⎛ ∂E y ∂Ez ⎞ ⎟ = ⎜⎜ − µ ⎝ ∂z ∂t ∂y ⎟⎠ ∂H y 1 ⎛ ∂Ez ∂Ex ⎞ = ⎜ − ⎟ ∂t ∂z ⎠ µ ⎝ ∂x ∂H z 1 ⎛ ∂Ex ∂E y ⎞ ⎟ = ⎜⎜ − ∂t ∂x ⎟⎠ µ ⎝ ∂y ∂Ex 1 ⎛ ∂H z ∂H y ⎞ ⎟ = ⎜⎜ − ∂t ∂z ⎟⎠ ε ⎝ ∂y ∂H z ⎞ ⎛ ∂H ∂E y 1 ⎜ x − ⎟ = ⎜ ∂z ∂x ⎟ ε⎜ ∂t ⎟ ⎝ ⎠ ∂Ez 1 ⎛ ∂H y ∂H x ⎞ ⎟ = ⎜⎜ − ∂t ∂y ⎟⎠ ε ⎝ ∂x (1.1) (1.2) (1.3) (1.4) (1.5) (1.6) Les variations spatiales des composantes H régissent l’évolution temporelle des composantes de champ E et vice et versa. La réduction de ce système dans un plan (xy) permet de découpler ce système en deux sous systèmes indépendants. L’un fait intervenir les composantes de champ électrique du plan (Ex, Ey) et la composante normale au plan (Hz), et l’autre fait intervenir les composantes de champs restantes (Hx, Hy, Ez). Le premier cas est généralement appelé cas TM (pour transverse magnétique) et le second cas TE ( transverse électrique). Il n’est toutefois pas rare de 27 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale voir des notations inversées et il vaut mieux préciser clairement les composantes de champs considérées. Par souci de clarté, je ne détaillerai cette méthode FDTD que dans le cas 2D TM. Les équations se limitent donc aux équations (1.3), (1.4), (1.5). Des permutations circulaires sur les composantes de champs permettent d’obtenir facilement les équations pour la polarisation TE. On peut aussi se reporter à l’un des ouvrages référence de cette méthode2. II-2-2 Discrétisation des équations et algorithme de YEE La résolution de ce système d’équation, comme l’indique l’appellation coutumière de cette méthode, s’appuie sur une discrétisation spatiale et temporelle aux différences finies. L’espace 2D est ainsi discrétisé par un maillage de pas ∆x (=∆y=∆ dans la plupart des cas). L’espace des temps est aussi discrétisé avec un pas temporel ∆t. Figure 1: discrétisation spatiale de la structure pour l’application de la méthode FDTD. ε2 ε1 ε3 ε4 Les dérivées temporelles et spatiales des fonctions Ex, Ey, Hz sont approchées à partir de leur développement de Taylor au second ordre. En utilisant les notations de Kane Yee3, pour une fonction U(i∆x,i∆y, n∆t)=Ui,jn, où i,j,n sont des entiers, la dérivée temporelle de U à l’instant n et au point (x=i∆x, y=i∆y) s’exprime alors simplement : 28 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale ∂u ∂t ] i, j = ( ) uin, +j 1/ 2 −uin, −j 1/ 2 +0 [∆t ]2 ∆t (2.1) de même que ses dérivées spatiales au même point uin+1 / 2, j − uin−1 / 2, j ∂u ⎤ 2 = + 0 [∆x] (2.2) ⎥ ∆x ∂x ⎦ j , n ( ) uin, j +1 / 2 − uin, j −1 / 2 ∂u ⎤ 2 + 0 [∆x ] ⎥ = ∂y ⎦ i , n ∆y ( ) (2.3) Algorithme de Yee L’algorithme proposé par Kane Yee dans les années 70 utilise de manière astucieuse cette discrétisation dans les équations de Maxwell. Il propose tout d’abord une discrétisation des composantes de champs E sur des grilles décalées par rapport à celles du champs H, de manière à conserver une répartition des composantes qui vérifient naturellement les équations de Maxwell sous leurs formes intégrales. La grille des composantes de champs Ex est décalée d’un demi pas spatial suivant l’axe y tandis que la grille des composantes Ey est décalée d’un demi pas spatial suivant l’axe x. J’ai représenté la position des composantes de champs sur leur grille dans le cas 2D TM à la Figure 2. Un décalage temporel d’un demi pas est aussi introduit entre le calcul des champs E et des champs H. Hz Ex Ey Figure 2 : Position des composantes de champs électriques et magnétiques dans l’espace discrétisé selon la méthode de YEE. ∆y ∆y/2 ∆x 29 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Les équations finales discrétisées sur cet espace et dans le temps permettent de calculer la valeur d’une composante de champs en un point de la grille à un instant t+∆t en fonction : (i) de cette même composante au temps précédent t (ii) des valeurs de champs voisines ( 4 composantes E si on calcule une composante H mais seulement 2 composantes H si on calcule une composante E), calculées au temps t-∆t /2. Les équations d’évolution des champs dans les grilles sont ainsi très simples : ⎞ n+ 1 n− 1 ⎛ Hz i, j 2 = Hz i, j 2 +C⎜⎜ Ex n 1 − Ex n 1 + Ey n 1 − Ey n 1 ⎟⎟ i, j + i, j − i− , j i+ , j 2 2 2 2 ⎠ ⎝ n+ 1 ⎞ ⎛ n+ 1 Ex ni,+j1 = Ex ni,−j1 +CN ij ⎜⎜ Hz 2 1 − Hz 21 ⎟⎟ i, j − 2⎠ ⎝ i, j + 2 (3.1) (3.2) ⎛ n+ 1 n+ 1 ⎞ Eyin, +j 1=Eyni,−j1+CNij⎜⎜ Hz 12 −Hz 12 ⎟⎟ (3.3) i+ , j 2 ⎠ ⎝ i− 2, j avec C=∆t/∆ et CNi,j=∆t/(εi,j.∆). Ces équations simples permettent une incrémentation alternative des champs E et H sur tout le domaine de calcul et sur une boucle dont l’incrément correspond à un pas temporel. La carte de champ Hz au temps t permet de calculer les composantes de champ E au temps t+∆t/2. Cette nouvelle carte de champ permet de calculer les nouvelles valeurs du champ Hz au temps t+∆t. L’évolution de ces cartes de champ avec le temps décrivent la propagation d’une onde électromagnétique dans le milieu considéré. II-2-3 Dispersion numérique, conditions de stabilité de l’algorithme Dispersion numérique La discrétisation du domaine de calcul entraîne l’apparition d’une dispersion non physique des signaux qui se propagent sur la grille de calcul. Cette dispersion varie avec la fréquence, la direction de propagation sur la grille et la discrétisation spatiale. Pour réduire cet effet à des valeurs de précision acceptables, la discrétisation spatiale doit être suffisante pour « échantillonner » la longueur d’onde des signaux avec un nombre suffisant de points. Une erreur sur la vitesse de phase de moins de 1.2% est commise, toutes directions confondues, avec une discrétisation spatiale de 30 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale λ0/10.n (où λ0 est la longueur d’onde de l’onde considérée et n l’indice du milieu de propagation). Cette erreur chute à 0.3% lorsque la discrétisation est portée à ∆=λ0/20.n. C’est typiquement cette discrétisation qui sera choisie dans les calculs FDTD réalisés par la suite. Ceci permet de conserver une précision honorable même lorsque λ1=2λ0, et donc de propager une large gamme de fréquences sur une même discrétisation et avec une précision acceptable. Conditions de stabilité On peut montrer que l’algorithme de YEE est intrinsèquement stable si la condition suivante entre le pas temporel et le pas spatial est vérifiée : ∆t≤1/(c.√(1/∆x 2+1/∆y 2)), où c est la vitesse de la lumière si ∆x=∆y=∆ , alors cette condition se simplifie à ∆t≤∆/(c.√2) (4.1) Cette condition se comprend assez intuitivement : il faut que le pas temporel soit suffisant pour permettre de décrire la propagation de l’onde d’un nœud au nœud le plus proche, distant optiquement de ∆. Plus le maillage spatial sera fin et plus le nombre d’itérations pour décrire un temps T de propagation sera important. Par exemple, diviser par deux le pas spatial se traduit par un facteur 8 sur le temps de calcul et pour une structure 2D (X4 pour le nombre de composantes de champ et X2 pour le temps de calcul). II-3 Conditions aux limites Les ressources informatiques étant finies, il est nécessaire de restreindre spatialement le domaine de calcul. Cette restriction ne permet plus d’appliquer l’équation (3.1) en bord du domaine et les équations (3) en général sur les coins du domaine. Tous les champs situés en bord du domaine présentés à la figure 1 ne peuvent ainsi être calculés avec les équations classiques FDTD. Une première solution est de fixer les composantes de champ à une valeur nulle aux bords du domaine et de ne pas appliquer l’algorithme 31 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale de base. Des réflexions non physiques apparaissent alors sur ces bords et perturbent fortement le comportement de la structure. Il faut donc utiliser un algorithme pour ces composantes de bord qui visent à réduire ces réflexions. L’utilisation de conditions aux limites performantes est finalement la difficulté majeure de la mise en œuvre de cette technique de calcul. Plusieurs méthodes existent avec des philosophies différentes (que l’on retrouvera en détail dans le livre écrit par Allen Taflove) mais je ne présenterai succinctement que deux d’entre elles, mises en oeuvre au laboratoire avec leurs avantages et inconvénients. Je présenterai également une condition différente qui peut être appliquée en limite de domaine et qui peut être particulièrement intéressante pour la modélisation de structures périodiques. II-3-1 Conditions de Mur La technique utilisée par Mur4 repose sur un principe posé par Engquist et Madja5 qui n’est applicable que dans le cas d’un maillage FDTD cartésien. Il est basé sur la factorisation des opérateurs aux dérivées partielles dans l’équation d’onde. Dans le cas 2D, l’équation d’onde est la suivante : ∂ 2u ∂ 2u 1 ∂ 2u + − =0 ∂x 2 ∂y 2 c 2 ∂t 2 (5) avec u : composante scalaire de l’un des champs E et H. L’équation se présente sous la forme du produit d’un opérateur, nommé L, par la fonction u tel que Lu = 0 et avec L≡ ∂2 ∂2 1 ∂2 + − ∂x 2 ∂y 2 c ∂t 2 (6) Il est possible d’écrire l’opérateur L sous la forme d’un produit d’opérateurs L= L+ L− , avec : ∂ ⎛ ⎞ ⎜ ⎟ ∂ 1 ∂ ∂y ⎟ ± ⎜ ± 1− L ≡ ⎜ ⎛ 1 ⎞⎛ ∂ ⎞ ⎟ ∂x c ∂t ⎜ ⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎟ ⎝ ⎝ c ⎠⎝ ∂t ⎠ ⎠ 2 (7) Engquist et Madja ont montré que l’application de L- ou L+ à la fonction d’onde U tel que L ±.U=0 permettait respectivement en x=0 ou 32 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale x=d une absorption de la partie de l’onde qui devrait être réfléchie à l’interface entre les deux milieux, et ce quelque soit l’angle d’incidence de cette onde. Une factorisation similaire est évidemment possible en y=0 et y=d. Je ne détaille par la suite que le cas du bord en x=0. Pour une onde plane autour de l’incidence normale, on peut considérer que la dérivée suivant y est petite devant la dérivée temporelle et donc que : Avec : 2 1− S ≈1− 1 S 2 2 ∂ ∂y S≡ ⎛ 1 ⎞⎛ ∂ ⎞ ⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎝ c ⎠⎝ ∂t ⎠ (8) (9) Une approximation au second ordre de l’équation différentielle à appliquer aux composantes tangentielles du champ en x=0 pour éliminer l’onde réfléchie est alors typiquement : ∂ 2u 1 ∂ 2u c ∂ 2u − + =0 ∂x∂t c ∂t 2 2 ∂y 2 (10) Cette équation discrétisée par la méthode des différences finies correspond aux conditions de MUR du second ordre. Ces conditions ne sont pas applicables pratiquement aux coins du domaine de calcul sans que le développement de (8) ne soit réduit au premier ordre. L’équation différentielle pour x=0 se réduit alors à ∂ 2u 1 ∂ 2u =0 − ∂x∂t c ∂t 2 (11) Deux remarques peuvent être faites sur ces conditions aux limites. (i) (ii) Elles ne sont rigoureusement valables que pour des ondes arrivant à incidence normale à la limite du domaine. Une réflexion parasite apparaîtra pour des incidences s’en écartant. Ces conditions sont identiques pour les composantes du champ E et H. 33 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale II-3-2. Conditions PML (pour « perfectly matched layers »). Ces conditions aux limites sont certainement les conditions absorbantes les plus performantes aujourd’hui. Elles permettent de descendre à des réflexions en amplitude de l’ordre de 10 -5(amplitude du champ), sur une très large gamme d’incidences et de fréquences. Ces conditions partent de la condition d’adaptation d’impédance de deux ondes à l’interface entre deux milieux de même indice mais dont l’un est absorbant ( présentant une conductivité électrique σ et magnétique σ*non nulle). Dans le vide, cette condition s’exprime σ/ε0=σ*/µ0 (12) où ε0 désigne la permittivité du vide et µ0 sa permittivité magnétique. Dans ce cas l’onde n’est pas réfléchie à l’interface entre les deux milieux et s’atténue dans la partie absorbante. L’épaisseur de la couche absorbante peut être choisie aussi grande que voulue pour limiter la réflexion en bord de domaine. Cette adaptation d’impédance n’est toutefois possible qu’à incidence normale et une réflexion à l’interface entre les deux milieux réapparaît dès que l’on s’en écarte. L’astuce introduite par Bérenger dans les années 80 consiste à rendre le milieu absorbant et artificiellement biaxe6. L’absorption n’est alors choisie non nulle que suivant l’axe normal à l’interface entre les deux milieux(Figure 3). A l’interface, l’onde plane incidente est décomposée fictivement en deux ondes : (i) une onde à incidence normale, qui vérifie la condition (12) et qui n’est donc pas réfléchie à l’interface entre le milieu non absorbant et le milieu absorbant. (ii) Une onde à incidence rasante pour laquelle aucune absorption n’apparaît. Cette onde ne subit par conséquent aucune réflexion. Il suffit donc de rajouter des couches de type PML tout autour du domaine de calcul pour absorber sans réflexions une onde incidente arrivant avec une incidence quelconque. L’épaisseur de cette couche peut être choisie aussi grande que nécessaire pour absorber l’onde incidente. 34 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Une condition de mur métallique peut alors être imposée en limite de PML sans réflexions conséquentes d’énergie dans le domaine de calcul. Conditions métalliques PML σy=0 ; σy*=0 σx≠0 ; σx*≠0 ε0, µ0 σx/ε0=σx*/µ0 y Milieu incident σy=0 ; σy*=0 σx=0 ; σy*=0 ε0, µ0 Figure 3 : fonctionnement d’un milieu de type PML e x Le seul facteur de réflexion résiduel d’une PML provient de la discontinuité induite par la discrétisation spatiale. Pour réduire cet effet, il est courant d’imposer une gradation progressive en loi de puissance de l’absorption dans la couche PML7 : ρ σ(ρ)=σ m ×⎛⎜ ⎞⎟ ⎝e⎠ n (13) σm : conductivité maximale ρ: profondeur à l’intérieur de la région PML e : profondeur totale de la couche PML (≈10∆). n : ordre de l’équation de croissance de la conductivité, ou encore appelé ordre de la PML. Ce facteur est, dans la plupart des cas, choisi entre 2 et 5. avec 35 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale σy σx, σy σx σx, σy σx σy σx, σy Figure 4 : utilisation des couches PML dans le cas 2D σx, σy Quels sont donc les inconvénients de cette méthode ? Ces conditions sont plus compliquées à mettre en œuvre que les conditions de MUR surtout si on limite l’utilisation des équations PML aux couches absorbantes. Si le raccord des champs en 2D reste accessible, le raccord sur un maillage de YEE 3D est loin d’être simple. Cette difficulté mise de côté, le principal inconvénient est le coût en mémoire et en temps de calcul. Le milieu biaxe entraîne une augmentation du nombre de composantes de champ à stocker et du nombre d’opérations à réaliser à chaque pas temporel. Si ces conditions PML sont à présent assez généralisées dans les études 2D, elles restent moins utilisées pour encore de nombreux calculs 3D où la réduction de l’espace mémoire et du temps de calcul passent encore avant la diminution des réflexions sur les bords du domaine (grandes structures, structures très résonantes). II-3-3. Conditions de Bloch ou conditions aux limites périodiques (CLP) Les structures périodiques ne sont qu’une reproduction d’un motif de base suivant une ou plusieurs directions. Il est intéressant d’utiliser cette propriété pour restreindre leur modélisation à une seule période. C’est ce qui est couramment fait en physique du solide avec la méthode des ondes planes. Il faut pour cela implémenter sur les bords du domaine une condition qui traduit la périodicité de la structure. Ces conditions sont directement issues du théorème de Bloch8, appliqué aux composantes de champ U d’une structure de période a suivant l’axe x, 36 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale U(x+a, t) =U(x, t).exp.(-iβ.a) (14) où β défini la variation de phase d’une période à l’autre. Ces conditions aux limites périodiques ont été implémentées au cours de ce travail, principalement pour la modélisation de défauts périodiques comme les guides à cristaux photoniques ou même pour la modélisation de cristaux photoniques parfaits. Ces conditions n’entraînent pas une absorption en bord de domaine mais permettent simplement d’imposer une certaine relation de phase entre les champs présents sur des bords opposés de la structure. L’implémentation directe de cette condition sur les composantes de champ E et H dans le domaine temporel n’est pas toutefois directe9. Une solution simple et stable est de faire évoluer sur la même grille deux ondes similaires de composante de champs U1 et U2 mais évoluant de manière déphasée, en cosωt et sinωt. Dans ce cas, les conditions à appliquer aux composantes de champs de ces deux ondes en bord de domaine s’expriment simplement en fonction des différentes composantes de champs U, prises au même temps t10 : U1(x+a, t)=U1(x, t)cos(β.a)- U2(x, t)sin(β.a) U2(x+a, t)=U1(x, t)sin(β.a)+ U2(x, t)cos(β.a) U1(x, t)=U1(x+a, t)cos(β.a)+U2(x+a, t)sin(β.a) U2(x, t)=-U1(x+a, t)sin(β.a)+ U2(x+a, t)cos(β.a) (15) (16) (17) (18) Ces relations peuvent être soit associées à des conditions de type MUR ou PML appliquées sur les deux autres bords du domaine, soit être appliquées aux quatre bords du domaine FDTD si la structure est périodique suivant les deux directions de l’espace. La variation de phase suivant une ou deux directions permet de fixer la constante de propagation suivant une ou deux directions. Il suffit ensuite de faire évoluer l’algorithme FDTD pour savoir quelles fréquences permettent de satisfaire la condition de phase imposée. Ceci se traduit par l’apparition de résonances au sein de la structure. 37 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale II-4 Application à l’optique intégrée et aux cristaux photoniques Je donne ici quelques exemples de calculs qui peuvent être menés avec cette méthode sur des dispositifs microphotoniques. Le but est d’illustrer la versatilité de cette méthode et donner une idée de la manière dont ont été menés les calculs qui seront présentés dans ce travail. II-4-1 Transmission d’une structure guidante : influence des conditions absorbantes Transmission, Reflexion Un calcul FDTD en polarisation TE (composante de champ Hx, Hy, Ez ) a été mené sur un simple guide d’InP de 0.25µm d’épaisseur et entouré d’air pour observer les performances des conditions de bords. Le mode fondamental est injecté dans cette structure à une extrémité. L’évolution temporelle est une sinusoïde modulée par une gaussienne. Le profil guidé est calculé pour la fréquence porteuse du signal temporel ce qui entraîne quelques pertes de couplage pour les autres fréquences présentes dans le pulse. Deux lignes perpendiculaires au guide, placées vers l’entrée et la sortie du guide, permettent d’enregistrer l’évolution temporelle du champ électrique lors de l’évolution de l’algorithme. Ils permettent de calculer les coefficients de réflexion et de transmission du guide qui sont présentés à la Figure 5 pour le calcul réalisé avec les conditions PML. 1 0.1 0.01 1E-3 1E-4 1E-5 1E-6 1E-7 1E-8 1E-9 1E-10 1E-11 0.5 Transmission Reflexion Figure 5 : transmission d’un guide simple d’InP d’épaisseur 0.25µm entouré d’air pour des conditions aux limites de type PML. La carte de champ en amplitude ne présente aucune modulation significative 1.0 1.5 2.0 λ (µm) 38 2.5 3.0 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale II-4-2 FDTD périodique : diagramme de dispersion de guide à cristaux photoniques L’insertion de défauts linéaires dans un cristal photonique parfait peut permettre un guidage de lumière le long de ce défaut par l’effet de bande interdite. Le calcul des courbes de dispersion des modes de ce guide est bien sûr indispensable pour la compréhension de la propagation et pour leur conception. La méthode des ondes planes11 est une méthode très efficace pour de tels calculs d’états stationnaires. L’utilisation de conditions périodiques dans l’algorithme FDTD permet également ce calcul de manière relativement simple12,13. Oublions par exemple une rangée de trous d’air suivant la direction ΓK ( directions des plus proches voisins, ici choisie suivant x) d’un cristal hexagonal de période a (Figure 6), de manière à créer un de ces défauts linéiques périodiques suivant x. Le calcul des courbes de dispersion du guide peut se faire à partir d’un domaine de calcul limité à une seule période suivant cet axe. Les conditions aux limites périodiques sont appliquées sur les deux bords liés par la périodicité du guide tandis que des conditions de type MUR ou PML sont appliquées sur les deux autres bords du domaine. Conditions absorbantes Figure 6 : guide à cristaux photoniques et domaine discrétisé pour le calcul des courbes de dispersion . Un dipôle, placé hors des directions de hautes symétrie, est utilisé pour l’excitation de la structure y x a Conditions périodiques dans le domaine temporel E(x+a)=E(x) ejβa Les conditions périodiques permettent de fixer la variation de phase sur une période de propagation. Ceci revient à fixer la constante de propagation β(ou kx) suivant cet axe. Un déphasage de 2mπ (m entier) correspond par exemple à une constante de propagation de 2mπ/a. Une fois cette phase fixée, une source ponctuelle (par exemple un dipôle), placée au 39 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale sein du guide génère une impulsion temporelle. Un enregistrement temporel d’une composante du champ est alors fait au cours de l’algorithme en un ou plusieurs points, pris en dehors des points de symétrie Après un certain temps de simulation, un spectre de fréquence est réalisé en un point du guide. Des résonances apparaissent sur ces spectres (Figure 7). Elles correspondent aux différents modes du guide existant pour cette constante de propagation de 2mπ/a. Un très bon accord en fréquences a pu être observé avec des calculs de type onde plane réalisés par M. Le Vassor D’Yerville du GES de Montpellier. 0 0.1 ω3 ω2 0.42198 100 ω1 0.41398 ω1 ω2 ω3 kx.a=0 0.35798 amplitude Hz (u.a) 200 0.2 0.3 0.4 0.5 Figure 7 : Construction du diagramme de dispersion. Le spectre obtenu pour déphasage k x .a=0 fait apparaître trois résonances dont les fréquences sont reportées dans le diagramme de bande pour la valeur k x =0. a/λ kx π/a 0 Il suffit de faire varier le déphasage entre 0 et π pour décrire les courbes de dispersion du guide dans la première zone de Brillouin. Les cartes de champ pour ces fréquences ne sont obtenues que sur une seule période de propagation mais suffisent à l’identification des modes du guide(mode pair ou impair, nombre de nœuds sur l’axe transverse du guide). Ils peuvent être toutefois facilement reproduits sur plusieurs périodes en appliquant aux champs la relation de phase entre chaque période. 40 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale II-5 Conclusions La méthode FDTD La méthode FDTD est une méthode bien adaptée pour la modélisation des cristaux photoniques, principalement parce qu’elle permet un accès aux caractéristiques dynamiques des structures (facteur de qualité de résonateur, transmission, réflexion). Elle permet l’utilisation de sources des profils spatiaux (modes guidés, ondes planes, source ponctuelle) et des profils temporels (harmoniques, impulsions) divers, ainsi que l’utilisation de conditions aux limites adaptées aux fortes diffractions qui apparaissent dans les cristaux photoniques. C’est donc un collaborateur de choix pour l’expérimentateur qui veut mieux comprendre les significations physiques de spectres expérimentaux de transmission ou de réflexion (où va la lumière …). Des méthodes fréquentielles de type matrice de transfert existent également14,15 et restent complémentaires de cette méthode temporelle, notamment pour le calcul de forts coefficients de qualité et pour la prise en compte de la dispersion. Cette méthode peut également être utilisée pour calculer les modes propres d’une structure périodique comme un guide à cristaux photoniques ou même d’un cristal parfait. Toutefois, si le calcul FDTD est rapide (pour un guide, environ une minute par constante de propagation, et en 2D), l’extraction des fréquences propres n’est pas aussi directe que par la méthode des ondes planes. Suivant les conditions d’excitations, certains modes peuvent également être excités moins efficacement que d’autres. Ce dernier point est également valable pour l’enregistrement temporel des résonances qui doit être fait en plusieurs points de la structure. Cette méthode de calcul des modes propres me paraît, par contre, plus intéressante que la méthode des ondes planes lorsqu’il s’agit de la modélisation des structures en géométrie de guides d’ondes comme les guides à cristaux photoniques; ceci principalement parce que les pertes verticales de ces structures constituent un point critique pour des applications pratiques. La méthode des ondes planes en supercellule ne permet pas un calcul des valeurs dans l’espace réel et ne peut ainsi rendre compte des pertes d’énergie. L’énergie perdue par une cellule est en effet récupérée par la cellule suivante. La méthode FDTD permet de coupler conditions périodiques et conditions absorbantes et permet ainsi la possibilité de pertes nettes d’énergie tout en ne modélisant qu’une structure de taille minimale16. Des méthodes de types réseaux permettent aussi le 41 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale calcul de pertes à moindre coût dans des structures qui présentent un nombre de directions de périodicité limité17. Modélisation 2D d’une structure 3D Cette thèse est basée sur l’utilisation de cristaux photoniques 2D en géométrie de guide d’onde. Ces structures nécessitent en toute rigueur une modélisation 3D18, mais des coupes verticales et horizontales donneront quand même une indication disons « semi quantitative » des processus de propagations dans la structure 3D. Une approximation de type indice effectif sera faite pour tenir compte du confinement vertical lorsqu’un calcul sera réalisé dans le plan de la structure guidante (l’indice effectif du mode guidé remplacera alors l’indice du matériau guidant). Cette approximation est d’autant plus correcte que le confinement vertical est faible et que la structure est symétrique. Le premier point sera largement défavorable à la plupart des structures étudiées expérimentalement par la suite, et des écarts spectraux entre la modélisation et les résultats expérimentaux seront inévitables. Une implémentation de cette méthode FDTD en 3D reste en cours au laboratoire et devrait permettre une modélisation plus précise (notamment des structures étudiées au cours de cette thèse). Je reste persuadé de l’intérêt d’une modélisation de type 2D+indice effectif si l’utilisateur en connaît les limites. Une modélisation 2D restera encore pour un temps indispensable à la modélisation de structures très résonnantes ou de grandes dimensions. 42 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale • III-Caractérisation par photoluminescence (PL) guidée/découplée III-1 Principe de base Le principe de base de la technique utilisée a été développé sur la filière GaAs au cours de la thèse de D.Labilloy 19 au Laboratoire de Physique de la Matière Condensée et a permis d’évaluer pour la première fois quantitativement la réflexion et la transmission de cristaux photoniques 2D gravés sur des structures guidantes semiconductrices 20. Il repose sur la présence d’une couche active de type puits ou boites quantiques, placée au sein de la couche guidante. L’excitation optique de cette couche permet de générer une luminescence qui se couple, en partie, au mode guidé (Figure 8). Pompage optique luminescence Luminescence guidée Figure 8 : principe de la technique de photoluminescence guidée Couche guidante Source de Couche active photoluminescence Cette luminescence guidée permet alors de sonder les dispositifs à cristaux photoniques gravés dans cette même couche. Le point fort de cette technique est de permettre un couplage efficace de lumière dans des guides d’épaisseur inférieure au micron. Son inconvénient tient principalement dans la largeur spectrale disponible pour sonder des dispositifs à cristaux photoniques, qui reste principalement limitée par la réabsorption du signal guidé par la couche active présente sur la totalité de l’échantillon. Cette réabsorption peut constituer une limite au facteur de qualité de structures résonnantes. Cette technique est plus difficilement applicable à des filières de matériaux moins favorables à l’émission de lumière. L’essentiel de ce chapitre porte sur la mise en place de cette technique aux structures de la 43 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale filière InP et à son adaptation à l’étude des structures sur membranes suspendues d’InP. III-2 Mise en place de la technique dans le proche infra-rouge Il s’agit dans un premier temps de pouvoir générer, collecter et observer une luminescence guidée dans la gamme (1.3-1.7µm) à partir de structures réalisées dans la filière InP. Une simple structure guidante a donc été réalisée au LEOM pour cette étape de « validation » et un banc expérimental a été développé au laboratoire. III-2-1 Structure d’étude La structure de validation est une hétéro structure réalisée par épitaxie à jet moléculaire. Elle comprend un substrat d’InP sur lequel a été déposée une couche d’AlInAs en accord de maille sur InP. La couche guidante monomode proprement dite consiste en une couche In0.53Ga0.36Al0.11As de 0.75µm au milieu de laquelle cinq puits quantiques d‘InGaAs de 8nm en accord de maille sur InP ont été réalisés. Cette couche guidante joue à la fois le rôle de confinement optique et le rôle de confinement électronique au regard des puits d’InGaAs. Leurs positions correspondent au maximum de l’amplitude du mode fondamental pour maximiser le couplage de la luminescence vers le mode guidé. Une partie de cette luminescence est toutefois directement radiée vers l’air. Un spectre de cette luminescence frontale est présenté à la Figure 9. On distingue la luminescence des puits vers 1600nm. Une composante plus faible vers 1400nm a été attribuée à la luminescence de la couche d’InGaAlAs. 44 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Intensité de PL (a.u) 7.5 In0.53Ga0.36Al0.11As (0.4µm) n=3.47 X5 InGaAs (8 nm) In0.53Ga0.36Al0.11As (100nm) In0.53Ga0.36Al0.11As (0.27µm) n=3.47 AlInAs (3µm) n=3.21 InP(substrat) n=3.17 5.0 2.5 0.0 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650 λ (nm) Figure 9 : spectre de la photoluminescence de la couche active radiée hors du guide d’InGaAlAs (émission verticale) III-2-2 Validation L’étape de validation a été faite de manière très similaire à ce qui avait été fait par Labilloy et al., c’est à dire en visualisant la luminescence guidée à partir de la face clivée de l’échantillon. Le banc expérimental réalisé est présenté à la Figure 10. Ce banc repose sur trois éléments principaux : (i) Des sources lasers (HeNe de quelques mW, Yag continue de 80mW) (ii) Un système d’imagerie infrarouge (caméra Hamamatsu) (iii) Un système d’analyse spectral, comprenant : Vidicon -Un monochromateur Jobin Yvon 270 M avec deux réseaux de 150 et 600traits/mm, blazé respectivement à 1.2µm et 1µm. 45 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale -Un détecteur multicanal InGaAs à refroidissement Peltier. Il comporte 256 éléments de 50µm de largeur et de 200µm de hauteur. La sensibilité est de l’ordre du pW sur une gamme allant de 0.9µm à 1.7µm. L’association de ces deux éléments permet de réaliser des spectres rapides (5s) d’environ 300nm de large et d’atteindre une résolution limite de 0.3nm (limitée par la largeur des éléments de la barrette). La face clivée de l’échantillon est imagée symétriquement sur la caméra infrarouge et à l’entrée du monochromateur. X20 Laser Structure guidante à zone active Laser He-Ne Luminescence L1 X50 Séparatrice Caméra IR L1 Monochromateur Multicanal InGaAs Figure 10 : schéma d’expérience de validation de PL guidée. La collection du signal guidé est réalisée à partir de la face clivée de l’échantillon. Une figure très similaire à celle observée par Labilloy et al. est obtenue lorsque le plan correspondant à la face clivée est imagé sur la caméra (Figure 11). L’origine des différents signaux est bien détaillée dans la thèse de doctorat de D. Labilloy 21 et permet d’attribuer une partie du signal collecté à la luminescence guidée dans la couche d’InGaAlAs. 46 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale PL rayonnée dans l’air PL émise dans le substrat Figure 11 : observation infra rouge du plan de la face clivée. Echantillon PL guidée Des mesures spectrales de la lumière guidée ont été réalisées à partir de la face clivée (Figure 12). Ceci permet d’évaluer la réabsorption du signal lors de sa propagation dans la couche d’InGaAlAs . Les fentes d’entrée du monochromateur (avec un grandissement X50) ont été utilisées pour restreindre latéralement la zone d’analyse à une zone d’environ 2µm de largeur sur la facette clivée. Ce filtrage spatial permet d’analyser sélectivement le signal provenant du guide d’InGaAlAs. 0.08 5 400 3 -1 absorption (cm ) intensité de PL (u.a) 300 4 200 0.06 100 0 1300 1400 1500 1600 1700 0.04 longueur d'onde (nm) 2 0.02 1 0.00 0 1400 1500 1600 λ (nm) Figure 12 : réabsorption du signal guidé lorsque l’excitation est éloignée (par pas de 50µm) de la face clivée. Le signal le plus bruité correspond à la luminescence rayonnée perpendiculairement aux couches. Une évaluation de la réabsorption du signal guidé à partir des deux premiers spectres est présentée en insert. 47 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Deux maximums de réabsorption apparaissent et correspondent au maximum de réabsorption du puits (350cm-1) et de la couche guidante (200cm-1). Seul le flanc d’émission à des longueurs d’ondes plus hautes que celle du pic excitonique du puits reste clairement observable pour des distances supérieures à 100µm. L’utilisation du signal de PL à de plus courtes longueurs d’ondes est restreinte à des distances de propagation de l’ordre de 30µm, ce qui constitue le principal désavantage de cette technique. III-3 Technique de PL guidée avec réseau de découplage sur membrane suspendue III-3-1 Motivations L’essentiel du travail qui a été fait à la suite de la mise en place de cette technique s’est orienté vers l’étude de structures à cristaux photoniques, réalisées sur une membrane guidante d’InP. Il s’agissait de profiter du savoir faire développé au LEOM dans le domaine du micro usinage de ces membranes22 pour pallier au manque de maturité de la gravure des motifs du cristal photonique. La profondeur maîtrisée à l’époque (de quelques 0.3-0.4µm pour des tailles de motifs du même ordre) n’aurait pas permis d’obtenir des structures avec une bonne réflectivité et des pertes verticales limitées23. C’est ce qui a été illustré par un calcul FDTD à la Figure 13. Une gravure de 0.3µm seulement dans la couche d’InGaAlAs induit qu’une réflexion de quelques pour cents et des fortes pertes de diffraction vers le substrat. Le fort confinement accessible avec les membranes de seulement 0.25µm d’épaisseur permettait, pour cette même profondeur de gravure, un meilleur recouvrement entre le mode guidé et la hauteur des motifs (Figure 14), et une large augmentation de la réflectivité24 de la structure périodique. 48 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale n=1 Figure 13 : effet d’une gravure partielle (ici 50%) d’une couche guidante d’InGaAlAs de 0.75µm. Je représente l’amplitude de la composante du champ électrique normale au plan simulé (TE) pour λ= 1.45µm. La transmission est proche de 50% sur une très large gamme de fréquence, traduisant la faible interaction avec les motifs et les fortes pertes vers le substrat. n=3.47 substrat n=3.21 air n=3.17 air Figure 14 : gravure des motifs sur la totalité d’une membrane d’InP de 0.25µm. Je représente l’amplitude de la composante du champ électrique normale au plan simulé (TE) pour la fréquence la plus réfléchie ( sur le plateau de Bragg de plus basse fréquence). La réflexion est supérieure ou égale à 90% sur une gamme spectrale de 300nm, traduisant la forte interaction avec les motifs et les pertes réduites vers le substrat. On note que les pertes résiduelles sont des pertes d’adaptation entre le guide et la structure périodique. III-3-2 Extraction par réseau L’utilisation d’une membrane suspendue comme couche guidante rend plus difficile la collection par la face clivée. La couche d’InP n’est en général plus guidante lorsqu’elle repose sur un substrat en semi-conducteur. Il est alors nécessaire de cliver l’échantillon au niveau même de la membrane pour pouvoir collecter le signal guidé. Ce clivage est possible25 mais certainement très délicat et fragilisant. Une alternative est de pouvoir extraire le mode guidé au sein même de la membrane. C’est ce qui est généralement fait à partir des pertes verticales naturelles des cristaux photoniques26,24,27,28. Cette technique reste limitée dans le sens où elle exacerbe les propriétés de fuite de ces structures plutôt que leurs propriétés planaires. L’observation d’un mode de cavité avec de très faibles pertes verticales sera par exemple défavorisé par rapport à un mode qui présentera des fuites prépondérantes vers l’air. 49 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Pour avoir accès à la transmission du mode guidé au travers de structures à cristaux photoniques, l’idée a été de réaliser sur la membrane elle même une structure de type miroir de Bragg 1D pour extraire verticalement la lumière guidée hors de la membrane (Figure 15). L’utilisation de ce miroir dans une bande de transmission peut, dans certaines conditions, permettre une diffraction efficace du mode guidé vers l’air . Dans cette gamme le miroir de Bragg est plus couramment appelé réseau de découplage. Excitation laser PL découplée Membrane InP réseau de diffraction Source de PL Structure à cristaux Puits quantique photoniques (In0.35As0.65P) Figure 15 : principe de collection de la PL guidée utilisé lorsque la couche guidante est une membrane. Le substrat sous jacent ainsi que les points d’ancrage de la membrane ne sont pas représentés. Une approche à forte modulation où le réseau est gravé sur la totalité de la membrane a été choisie. Cette approche ne nécessite qu’une seule étape de gravure (commune avec la gravure des cristaux photoniques). Elle permet en principe d’obtenir une forte efficacité d’extraction par nombre d’alternance et ceci sur une largeur spectrale plus large que celle des réseaux faiblement modulés. III-3-3 Hétérostructure La réalisation d’une membrane d’InP nécessite une gravure sélective de la couche sous jacente. Une couche sacrificielle d’InGaAs permet une sélectivité de gravure totale vis à vis de l’InP. L’hétéro 50 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale structure de base inclue donc une première couche sacrificielle d’InGaAs (en accord de maille sur InP) puis une seconde couche d’InP de 245nm qui sera la future membrane guidante. La suspension de la membrane ne permet pas d’utiliser des puits d’InGaAs et la couche active consiste en un seul puits quantique de 5nm d’InAs0.65P0.35, déposé à mi-hauteur de la couche d’InP, et portant ainsi l’épaisseur totale de la couche guidante à 250nm. La présence d’arsenic dans la couche active empêche une sélectivité totale de gravure de la couche d’InGaAs. Je reviendrai plus précisément sur les conséquences de ce dernier point. La sous gravure de la couche d’InGaAs s’effectue en voie humide à partir des ouvertures réalisées dans la couche superficielle d’InP. Le processus de fabrication est plus amplement décrit en annexe. L’épaisseur de la couche sacrificielle est un multiple de λ0/4 (dans la plupart des cas 5λ0/4), constituant ainsi une couche anti-résonante pour l’émission du puits vers l’air et renforce ainsi la proportion de luminescence couplée au mode guidé de la membrane. Des mesures de luminescence (Figure 16) indiquent une inhibition de l’émission verticale du puits (centrée vers 1470nm) d’un facteur 4 environ, dans le cas de la zone suspendue. On distingue également la luminescence de l’InGaAs vers 1575nm lorsque la couche sacrificielle n’a pas été gravée. intensité de PL (u.a) 1.2 1.0 PL sur membrane PL hors membrane 0.8 Figure 16 : spectre de la luminescence frontale de la couche active In0.35As 0.65P présente dans la couche d’InP suspendue ou non suspendue. 0.6 0.4 0.2 0.0 1350 1400 1450 1500 1550 1600 λ (nm) La membrane d’InP de 0.25µm permet un guidage monomode TE jusqu’à des longueurs d’ondes de 1.2µm où un second mode guidé apparaît. L’indice effectif du mode fondamental TE varie de près de 10% dans la gamme de longueur d’onde visée 1.3µm<λ0<1.65µm. 51 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale Les dipôles rayonnants du puits sont localisés sur l’axe de symétrie de la membrane et orientés dans son plan d’invariance. Le couplage au mode fondamental TE de la membrane (Champ E dans le plan de la membrane) est donc largement favorisé devant le mode fondamental TM (champ H dans le plan de la membrane). 3.0 2.8 neff (TE) 2.6 Figure 17 : indice effectif du mode fondamental TE d’une membrane suspendue d’InP d’épaisseur 0.25µm. La dispersion de l’InP est prise en compte29. 2.4 2.2 mode fondamental premier mode d'ordre supérieur 2.0 1.8 1.6 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 λ(µm) III-3-4 Optimisation du réseau de découplage Cette optimisation s’est faite à partir de l’outil FDTD 2D présenté précédemment. La polarisation choisie est celle du puits quantique (champ E dans le plan de la membrane). Le résultat de cette optimisation est présenté à la Figure 18. Cinq alternances de période T=0.75µm avec un facteur de remplissage d’ air de 0.6 suffisent pour extraire 60-80% du signal guidé sur une plage d’environ 300nm (qui a été centrée sur la gamme d’émission du puits d’InAsP utilisé). Le fort facteur de remplissage en air permet d’augmenter le rayonnement en dehors de la membrane mais devient plus fragile et difficile à réaliser technologiquement au delà de f=0.6. Les angles de rayonnement, calculés à partir d’une simple loi de Bragg, sont évalués entre θ=95° et θ=120° (θ=0 pour une incidence rasante suivant le sens de propagation du mode guidé). Même en négligeant l’influence de la couche d’air anti-résonante, 50 % de la lumière extraite peut être collectée par un objectif d’ouverture numérique raisonnable, soit environ 40% de la lumière guidée. 52 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale (a) (b) 1.0 intensité Hz (u.a) 0.8 transmission réflexion pertes verticales bande interdite en centre de zone λ0=1.45µm bande interdite en bords de zone 0.6 bande de transmission 0.4 0.2 0.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0 λ (µm) Figure 18 : transmission, réflexion, pertes verticales du mode fondamental TE de la membrane d’InP au travers du réseau gravé(a) et amplitude du champ transverse (Ez) dans la structure pour λ 0= 1.45µm (b). Les positions de la membrane perforée et du substrat d’InP sont également reportées. La période du réseau est de 0.75µm et son facteur de remplissage en air de 0.6. Une réflexion résiduelle de 20-30% existe sur cette plage d’extraction, et est très proche de celle obtenue à une interface air/semiconducteur. Elle peut être diminuée de quelques pour cents en réalisant des motifs dont la largeur augmente progressivement avec la pénétration du champ. Un tel contrôle n’était pas technologiquement envisageable au moment où ces études ont été faites. Nous pouvions quand même compter sur les effets de proximité de l’insolation électronique pour avoir une première fente plus étroite que les suivantes. 53 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale III-3-5 Mise en œuvre et validation de cette technique d’extraction III-3-5-1 Banc expérimental La mise en œuvre de cette technique d’extraction a nécessité quelques modifications du dispositif expérimental utilisé précédemment pour une collection sur la tranche. Un seul axe optique est conservé et sert à la fois à la focalisation du laser de pompe et à la collection du signal extrait par le réseau (Figure 19). Les deux plans de focalisation P1 sont toujours associés au plan de la caméra et au plan des fentes d’entrée du monochromateur. multicanal InGaAs Monochromateur P1 PC L1 Laser HeNe Lame dichroïque Caméra IR Figure 19 : montage expérimental utilisé pour collecter la luminescence guidée qui est extraite de la couche guidante séparatrice z O P1 L1 y x échantillon Une autre modification est l’utilisation d’un objectif à miroir de type Cassegrain (grandissement Gobj=74, Ouverture numérique 0.65). Associé aux deux doublets L1, il permet surtout une collection très peu chromatique sur la gamme spectrale qui nous intéresse (1.3-1.6µm). Cette achromaticité permet une focalisation du laser HeNe (λ=632.8nm) dans un plan très proche du plan conjugué des fentes d’entrées du monochromateur aux longueurs d’ondes de collection. Ceci est essentiel pour la mise en place de cette technique. La taille du spot laser obtenu avec cet objectif est 54 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale typiquement de 2-3µm et son ouverture numérique doit permettre la collection du signal extrait par le réseau entre 1.3 et 1.6µm. III-3-5-2 Validation et mesures spectrales La structure étudiée est un simple réseau de 5 alternances reposant sur sa membrane. Le faisceau pompe est focalisé sur la membrane à quelques microns de celui ci. L’image infrarouge obtenue met directement en évidence le découplage de la lumière qui s’est propagée dans la membrane depuis la zone de pompage(Figure 20). réseau Limite de la membrane PL rayonnée Figure 20 : image infra rouge du plan de la membrane. Le faisceau laser est focalisé à quelques microns du réseau de découplage. Axe des fentes d’air PL découplée Un filtrage spatial est nécessaire pour pouvoir analyser sélectivement le signal découplé par le réseau des autres signaux collectés par l’objectif. Dans notre montage, la résolution de ce filtre est donnée latéralement par la largeur des fentes du monochromateur et verticalement par la hauteur de pixels de détection (200µm). Pour l’objectif X74 utilisé, on obtient une résolution verticale de 2-3µm environ, et une résolution latérale de l’ordre de la longueur d’onde, pour des largeurs de fentes inférieures à 100µm. L’utilisation du système monochromateur/barrette de détection comme filtre spatial permet donc une analyse spectrale localisée sur une surface d’environ 2µmx3µm. Ce système à été utilisé pour analyser sélectivement le signal issu de la zone de pompage et le signal extrait de la membrane par le réseau (Figure 21). 55 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale intensité de PL (u.a) 1.0 PL extraite réseau PL rayonnée 0.8 Figure 21 : analyse spectrale des signaux découplés par le réseau ou rayonnés hors de la membrane dans la zone de pompage 0.6 /10 0.4 0.2 0.0 1300 1350 1400 1450 1500 1550 λ (nm) Le signal extrait par le réseau est relativement proche de celui rayonné directement hors de la membrane dans la zone de pompage. Une zone de 300nm est donc utilisable pour sonder des dispositifs à cristaux photoniques, sans tenir compte de la réabsorption. III-3-5-3 Avantages de cette technique d’extraction par réseaux. Plusieurs avantages sont apparus à l’utilisation de réseaux d’extraction : (i) (ii) (iii) (iv) (v) 56 ils permettent une extraction sélective du mode guidé, ils peuvent être positionnés précisément lors des étapes de lithographie du dispositif à cristal photonique et n’obligent pas à un clivage de la structure d’étude, leurs propriétés d’extraction et de réflexion peuvent être contrôlées (si la technologie le permet), plusieurs réseaux peuvent être disposés sur une même membrane pour contrôler localement la propagation dans la membrane. Cette technique peut donc être une technique générique pour pouvoir étudier des composants à plusieurs ports d’entrées et de sorties, cette technique devrait pouvoir être utilisée pour coupler de la lumière à des composants de filières qui ne sont pas propices à l’émission de lumière 30. Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale • IV-Conclusion J’ai présenté dans ce chapitre les principes de base de la méthode FDTD qui a été développée en 2D au laboratoire. Cette technique de modélisation est simple, versatile et puissante et convient très bien à la modélisation de structures fortement diffractives de dimensions de l’ordre de la longueur d’onde. L’introduction de conditions aux limites de différentes types permet de réaliser des études propagatives mais aussi modales. Cette méthode sera largement utilisée dans la suite de ce travail qui repose sur l’étude de guides à cristaux photoniques. La mise au point d’une technique expérimentale adaptée à l’étude de cristaux photoniques sur membrane suspendue a été présentée. Cette technique repose sur la luminescence d’une couche active insérée dans la couche guidante et sur l’introduction de réseaux fortement modulés pour extraire la lumière guidée de la membrane. Ce principe d’extraction a été validé expérimentalement et présente de nombreux avantages comme la sélection naturelle du mode guidé, le contrôle de la position sur la membrane, le contrôle de ses propriétés optiques, et la possibilité de contrôler la propagation de la lumière dans la membrane en de multiples points. 57 Chapitre 2 : Méthodes numérique et expérimentale BIBLIOGRAPHIE 1 LABILLOY, D., BENISTY, H., WEISBUCH, C., KRAUSS, T. F., HOUDRE, R., OESTERLE, U. Use of guided spontaneous emission of a semiconductor to probe the optical properties of twodimensional photonic crystals. Applied Physics Letters, 1997, Vol 71, n° 6, p 738-740 2 TAFLOVE, A. Computational electrodynamics. The finite-difference time-domain method. Boston: Artech House Publishers, 1995. 599p. 3 YEE, K. S. Numerical solution of initial boundary value problems involving Maxwell’s equations in isotropic media. IEEE Trans. Antennas and propagation , 1966, vol 14, p 302-307 4 MUR, G. 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Applied optics, 2000, vol 39, n°31, p 5773-5777 59 Chapitre 3 Propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique sur membrane d’InP • I-Introduction _____________________________________________________ 62 • II- Etude numérique préliminaire_____________________________________ II-1 Bande interdite quasi-TE du cristal photonique utilisé _____________________ II-2 Diagramme de dispersion de W1______________________________________ II-2 Etude propagative _________________________________________________ II-3 Limitations du calcul 2D____________________________________________ 64 64 64 71 73 • III-Etude expérimentale de W1 _______________________________________ III -1 Principe des mesures ______________________________________________ III-2 Structures d’études ________________________________________________ III-3 Etude spectrale de la propagation_____________________________________ III-4 Photons lents dans un guide W1______________________________________ 75 75 78 80 87 • IV – Conclusions ___________________________________________________ 96 BIBLIOGRAPHIE________________________________________________________ 97 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… • I-Introduction Dans ce chapitre, la technique expérimentale présentée au chapitre précédent est utilisée pour mettre en évidence et étudier le guidage de lumière le long de défaut dans un cristal photonique. Si l’existence de modes localisés dans ces défauts a été montrée dès 1994 1, les études expérimentales dans le domaine optique sont restées limitées à des démonstrations qualitatives2 jusqu’à très récemment. Des études spectrales permettant la compréhension du guidage commencent juste à être publiées3,4,5,6,7,23 , et commencent à permettre l’étude de dispositifs plus complexes incluant notamment virages8 et cavités résonnantes9,10,19 . Dans cette optique, il s’agit notamment de mettre en évidence des zones de propagation monomode, avec des pertes limitées, et qui puissent être éventuellement couplées avec une efficacité acceptable vers des guides de type ridge ou fibre optique11. C’est en partie sur ces points que repose l’utilisation à grande échelle de guide à cristaux photoniques dans les futurs circuits optiques. La zoologie de défauts linéiques permettant l’apparition de modes guidés étant quasi infinie12,13 devant le nombre de structures réalisables et caractérisables, nous nous sommes limités à une seule géométrie de défaut. Ce défaut est présenté à la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Il consiste en une seule ligne de motifs oubliée dans un cristal photonique hexagonal de période a, suivant la direction des plus proches voisins (direction ΓK). Ce défaut a été nommé W 1 dans la littérature3 (WN pour N rangées omises). Cette structuration planaire est réalisée sur la membrane d’InP présentée au chapitre précédent. Une caractéristique générale des guides à cristaux photoniques est leur fort confinement latéral. Les guides deviennent ainsi rapidement multimodes dès lors que la taille d’une rangée de motifs est modifiée. Dans la série de défauts WN, le nombre de modes sera donc minimum pour N=1. Ceci doit faciliter l’attribution des caractéristiques expérimentales aux caractéristiques modales du guide. D’autres types de défauts permettent la réduction du nombre de modes dans la bande interdite, mais reposent soit sur une modification locale de la topologie du cristal14,6 , soit sur un type de défaut qui joue sur l’augmentation de la taille des motifs d’air12 . L’introduction de dislocations rend difficilement concevable la définition de véritables circuits optiques incluant des virages. L’approche proposée par Johnson 12 est intéressante, et a fait récemment l’objet d’études expérimentales concluantes sur des guides droits 4 ou avec des virages8 . Les modes restent toutefois limités à d’étroites bandes de fréquences dont le contrôle de la position reste un défi technologique. W1 reste le défaut respectant la symétrie du cristal initial le plus simple à réaliser par lithographie. 62 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Trou d’air W1 ΓK y Figure 1 : schéma de la structure d’étude. x a Surface de la membrane d’InP Ce dernier point justifiait grandement le choix de W1 avec la technologie disponible au moment de cette étude. Ceci n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Cette étude présente assez naturellement un premier aspect numérique 2D où les relations de dispersion ainsi que des spectres de transmission de guides W1 ont été calculés et commentés. Le deuxième volet de ce chapitre est consacré aux résultats expérimentaux et à leur analyse à la lumière des résultats numériques préliminaires et complémentaires. 63 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… • II- Etude numérique préliminaire II-1 Bande interdite quasi-TE du cristal photonique utilisé La membrane d’InP n’est bien sûr que le support pour accueillir un dispositif à cristaux photoniques. Un cristal de base à maille hexagonale a été choisi pour favoriser l’apparition d’une bande interdite 2D pour la polarisation quasi-TE15 (le champ E n’est rigoureusement dans le plan de la membrane que dans le plan médian de celle ci). Les calculs menés au GES de Montpellier permettent le calcul de la position et de la largeur de cette bande interdite dans le cas de notre membrane d’indice n=3.17 et d’épaisseur 0.25µm en fonction du facteur de remplissage en air (Figure 2). Un cristal de période 0.56µm et de facteur de remplissage en air de 50% permettent d’obtenir une bande interdite 2D allant de 1240nm à 1770nm, couvrant largement la gamme d’émission du puits. 0,48 0,46 0,44 0,42 a 0,40 0,38 a/λ 0,36 membrane InP d’épaisseur 0.25µm 0,34 0,32 0,30 0,28 0,26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 Facteur de remplissage(%) Figure 2 : membrane d’InP perforée par un réseau triangulaire de trous d’air circulaires : évolution de la bande interdite en polarisation quasi-TE avec le facteur de remplissage en air (calcul réalisé par M. Le Vassor D’Yerville du GES). II-2 Diagramme de dispersion de W1 Je présente ici le diagramme de dispersion ω(k ΓK) (ou plus simplement ω(kx )) d’un guide W1 réalisé dans un cristal photonique 2D de facteur de remplissage en air de 0.5 avec des motifs d’air circulaire (Figure 3). Celui ci a été calculé en utilisant la méthode FDTD décrite au chapitre 2. Les distributions de l’amplitude du champ Hz pour les modes identifiés en extrémités de zones sont présentées aux figures 4 et 5. Les distributions de champ des figures 4 et 5 ont été volontairement étirées suivant la direction x pour une meilleure visualisation. Ce sera le cas pour la plupart des distributions de champ présentées par la suite. Six rangées de motifs ont été 64 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… prises de part et d’autre du canal de haut indice. Le confinement vertical de la membrane est pris indirectement en compte dans les calculs 2D en prenant l’indice effectif du mode fondamental de la membrane à la place de celui de l’InP massif. Figure 3 : courbes de dispersion d’un guide W1 suivant ΓK. f=0.5. n eff =2.6. Calcul 2D FDTD en polarisation TM (Ex,Ey,Hz) Modes en centre de zone i1 a/λ0 =0.34338 p02- a/λ0 =0.408 p02+ a/λ0=0.4165 Figure 4 : amplitude du champ Hz des modes du guide W1 identifiés à la Figure 3 en centre de zone. Les motifs circulaires du cristal ont été superposés. 65 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Modes en bords de zone p01- a/λ0 =0.226 i 0- p01+ a/λ0=0.24 a/λ0=0.262 p1- a/λ0 =0.306 Modes en bords de zone (suite) i0+ a/λ0= 0.335 i1 a/λ0= 0.403 p1+ a/λ0 =0.423 Figure 5 : amplitude du champ Hz des modes du guide W1 identifiés à la Figure 3 en kx =π/a. Je ne détaillerai dans cette étude numérique que les particularités des modes dans le plan de la membrane et ne développerai que peu les conséquences de la limitation du confinement vertical des modes guidés (sujet du chapitre 4). 66 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… II-2-1 Confinement latéral d’un guide à cristaux photoniques Dans un guide réfractif classique et symétrique, les modes ne sont confinés dans la zone de fort indice n g que s’ils satisfont à la condition de réflexion totale à l’interface entre le guide d’indice ng et son milieu extérieur d’indice n s. Cette condition s’écrit kx < kmax=n s.ω/c. La zone où cette condition n’est pas satisfaite peut être ainsi représentée par une zone particulière dans le diagramme ω(kx ). Cette zone est communément appelée cône de lumière16 (Figure 6). ω ω=c/ns y Cône de lumière Cône de lumière x ns ng ns x Fréquences de coupure ns ng ns y Modes pairs Figure 6 : courbe de dispersion schématique d’un guide réfractif Limite de réflexion totale Modes impairs kx Dans le cas où le milieu bordant le guide est un cristal photonique, ce sont les relations de dispersion du cristal qu’il faut projeter suivant la direction de propagation ΓK. Cette projection aboutit à un continuum d’états possibles dans le diagramme ω(k x ). Celui ci peut être vu comme le cône de lumière du cristal photonique (Figure 3). La périodicité du guide permet de limiter la représentation du diagramme de dispersion à l’intervalle 0<kx <π/a. A la différence du guide réfractif, une bande interdite apparaît dans ce cône pour 0.425>a/λ0 >0.3, permettant le confinement latéral de nouveaux modes. On peut alors distinguer deux types de confinement latéral dans ce type de structure. Dans une première région ou a/λ0 <k x (2π/a)/neff, (où neff est l’indice du cristal photonique homogène), l’onde guidée voit le cristal photonique comme un 67 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… milieu homogène et les relations de dispersion ressemblent fortement à celui d’un guide réfractif classique. Dans la bande interdite, le confinement latéral est le résultat des réflexions cohérentes multiples sur les motifs du cristal, et les courbes de dispersion sont fortement perturbées. Ceci se traduit par un aplatissement de la plupart des courbes de dispersion. II-2-2 Attribution des bandes Pour faire correctement cette attribution, il est plus aisé de partir des courbes de dispersion d’un guide symétrique réfractif (Figure 6) et de replier les bandes obtenues aux extrémités de la première zone de Brillouin pour tenir compte de la périodicité suivant l’axe du guide W1(Figure 7). On peut garder une classification similaire à celle d’un guide réfractif symétrique. La symétrie du guide par rapport à son axe mène à un classement des modes en deux groupes pairs (p) et impairs(i) suivant la parité de leur profil de champ suivant l’axe de symétrie du guide. On doit également retrouver, en kx =0, une apparition progressive des modes d’ordres supérieurs lorsque ω augmente. L’ordre d’apparition des modes pour leurs fréquences de coupure au point Γ permet de compléter la classification des modes. On doit ainsi successivement trouver pour kx =0 : p0 (mode fondamental sans coupure), puis i0 (premier mode impair), p1 , i1 , p 2 … Des zones de couplages apparaissent au point de repliement en bord ou centre de zone pour chaque mode. Ces couplages font apparaître des levées de dégénérescence et des ouvertures de mini bandes interdites en fréquence. Les modes non dégénérés obtenus en extrémités de zone seront indicés par + ou – suivant leur plus haute ou plus basse fréquence. Des zones de couplage apparaissent également vers le point de croisement de deux modes de même symétrie. Aucun couplage ne peut avoir lieu entre deux modes de symétries différentes. y ω a Couplage p0/p1 x neff Figure 7: construction schématique du diagramme de dispersion d’un guide à cristaux photonique à partir des courbes de dispersion d’un guide non périodique p1 i0 Modes pairs p0 Pas de couplage p0/i0 68 0 Modes impairs Couplage p0/p0 π/a kx Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Le mode fondamental (p0 ) et le premier mode impair(i0 ) apparaissent donc sous le cône de lumière du cristal photonique, de manière très similaire à un guide réfractif homogène. En bord de zone, ces modes donnent lieu à deux ouvertures de bande interdite. Les ouvertures sont assez différentes (∆ω/ω=6% pour p 0 contre ∆ω/ω=12% pour i0 ) et donnent chacune deux couples de modes non dégénérés en bords de zone : (p0 -1 , p 0 +1), (i0 +, i0 -). Les branches repliées de ces deux modes donnent lieu à un couplage avec des modes d’ordre supérieur, issus de leur fréquence de coupure en k x =0 (p0 avec p 1 , et i0 avec i1 ). Le couplage entre i0 et i1 est particulièrement important (∆ω/ω=15%). Si les deux branches issues du couplage entre i0 et i1 sont visibles dans la bande interdite, seule la branche supérieure du couplage entre p 0 et p1 est visible (La branche inférieure restant dans les états du cristal). La branche du mode fondamental subit un nouveau repliement en kx =0 vers a/λ0 =0.4125, levant la dégénérescence entre p 0 +2 et p0 -2 avec une faible ouverture de ∆ω/ω=2%. Les modes n’ont plus été représentés dès lors qu’ils n’étaient plus dans la bande interdite. Ceci ne veut pas pour autant dire qu’aucun guidage ne peut subsister17. Certains modes gardent des résonances tout à fait satisfaisantes avec la méthode utilisée et restent ainsi clairement observables en dehors de la bande interdite. Ceci est certainement dû à la persistance de bandes interdites incomplètes le long de certaines directions, permettant toujours le confinement latéral de certains modes (notamment le mode fondamental) II-2-3 Plages monomodes La définition de zones de guidage monomodes dans la bande interdite reste un point important pour la réalisation de virages sans saut de modes ainsi que pour maîtriser le couplage avec des cavités. Si on ne considère que les modes pairs, le guide est monomode sur quasiment toute la plage de la bande interdite et les zones de coupure restent très limitées (<5% de la bande interdite). La plus grande plage monomode correspond au mode fondamental, ce qui est plutôt une bonne nouvelle en ce qui concerne le couplage d’énergie à partir de système guidant plus classique. Dans le cas d’un cristal de période 0.5µm, cela permet d’obtenir une plage de guidage monomode d’environ 400nm, centrée sur 1.4µm. Si on ne fait maintenant plus de différence entre les modes pairs et impairs, la zone de fréquence où seul le mode fondamental existe dépend principalement du couplage entre les modes pairs i1 et i0. Dans le cas présenté, le fort couplage permet l’ouverture d’une zone monomode pour le mode fondamental d’environ 160nm, centrée sur 1.35µm (toujours pour une période de cristal de 0.5µm). 69 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… II-2-4 Dispersion et vitesse de groupe D’un premier point de vue qualitatif, on peut noter les fortes dispersions qui apparaissent localement, résultant des couplages multiples entre modes via la périodicité du guide (extrémités de zone et anticroisement). Ces couplages amènent des points de vitesse de groupe nuls ou faibles en bord de zone mais aussi au niveau des anti-croisements. On entrevoit déjà que les modes correspondants seront difficiles à coupler à partir de guides classiques. La partie repliée du mode fondamental s’écarte de ce comportement sur une gamme de fréquences importantes, et présente ainsi une vitesse de groupe vg supérieure aux autres modes. Cette vitesse de groupe est de plus très similaire à celle présentée lorsque le confinement latéral était obtenu par réflexion totale. Ceci s’explique notamment par la large zone de fréquence où le mode ne subit pas de couplage. On peut également noter un comportement assez similaire pour la partie repliée du premier mode impair lorsque l’on s’écarte suffisamment du point de couplage avec le mode impair d’ordre supérieur i1. II-2-5 Distributions des champs L’amplitude Hz des modes présents en centre et bord de zone a été reporté à la Figure 4 et Figure 5. Il est notamment intéressant de comparer les répartitions obtenues lorsque des levées de dégénérescence apparaissent. Le mode de plus basse fréquence présente toujours une amplitude de champs Hz plus étendue dans les zones de faible indice n. Ceci est en accord avec l’évolution de l’énergie électromagnétique E∼1/ε. Hz2 (où ε=n2 ). Un point intéressant apparaît lorsqu’on regarde la partie réelle du champ : une large différence apparaît alors entre les distributions de champ de p0 et i1 (Figure 8). Le champ de i1 en Γ ne présente quasiment pas de variation de phase suivant x (kx .a ≈0). Le mode i1 est un mode quasi-Fabry Perot qui reste fortement confiné dans le guide grâce à la bande interdite. Le mode p0 +(Γ) présente, lui, une variation de phase de l’ordre de 2π sur une période de propagation, et reste donc très similaire au mode réfractif d’un guide « classique » à réflexion totale. Cette différence a déjà été notée par Benisty et al.13 , et nous verrons qu’elle peut avoir des conséquences assez importantes sur le fonctionnement du guide. 70 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… P02+ i1 Figure 8 : Partie réelle du champ Hz en Γ pour le mode fondamental du guide (à gauche) et impair d’ordre 1( à droite). II-2 Etude propagative Je présente à présent la transmission 2D du guide dont l’étude modale vient d’être réalisée. Cette transmission a été calculée par FDTD, toujours en polarisation TM (Ex,Ey,Hz). On pourra ainsi voir dans quelle mesure le diagramme calculé pour un guide infini permet de prévoir la transmission obtenue le long d’un guide qui est, lui, de dimension finie, voire même composé de quelques périodes seulement. II-2-1 Structure et condition de simulations Le cristal photonique du guide W1 simulé présente un facteur de remplissage de 0.5. chaque miroir comporte 6 rangées de trous suivant l’axe perpendiculaire au guide (y) et 10 rangées de trous suivant l’axe de propagation (voir Figure 9). 71 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… 7 6 5 Y (µm) 4 Figure 9 : guide W1 considéré pour le calcul de la transmission. f=0.5. neff =2.6. Les motifs d’air ont été représentés en bleu. 3 2 1 0 0 1 2 3 4 5 6 7 X (µm) Pour plus de clarté dans l’analyse des résultats une excitation soit paire soit impaire est choisie. Pour cela, des dipôles de type Ex ou Ey sont utilisés comme source sur l’axe du guide, quelques dixièmes de microns avant le premier motif. Un dipôle polarisé suivant l’axe x ( axe du guide) donne lieu à un zéro de champ magnétique suivant x et évite donc l’excitation de modes pairs. Inversement, un dipôle de type Ey induit un zéro de champ magnétique suivant l’axe perpendiculaire au guide. Celui ci est donc excité par un front d’onde présentant une symétrie paire par rapport à l’axe du guide. L’enregistrement temporel du champ magnétique est réalisé en deux points, situés de part et d’autre de l’axe du guide. La somme ou la différence de ces deux contributions est un moyen simple de sélectionner la transmission de modes respectivement pairs ou impairs. Ceci est fait quelques dixièmes de microns après le dernier motif. II-2-2 Couplage /détection de même symétrie La transmission des modes impairs et pairs est présentée à la Figure 10, en relation avec le diagramme de dispersion correspondant. 72 0.40 0.42 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… modes pairs transmission(u.a) (a) 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 0.30 0.32 0.34 a/ λ 0.36 0.38 modes impairs 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 kx ou(b) kΓK (2π/a) Figure 10 : transmission du guide de la figure 10 (a) et comparaison avec le diagramme de dispersion correspondant (b) Je me suis limité dans ce cas à la région spectrale de la bande interdite du cristal 2D. Les transmissions paires et impaires correspondent très bien avec la présence des modes de symétrie correspondante. On distingue en particulier une large zone de coupure pour les modes impairs résultant du couplage entre i0 et i1 . A l’inverse une transmission large est observée pour les modes pairs correspondant principalement au couplage au mode fondamental. La coupure qui apparaît en bords de zone de Brillouin vers a/λ=0.3 est bien visible sur le spectre de transmission. La bande interdite pour le mode fondamental (vers a/λ=0.4) n’est que peu visible car la longueur du guide est trop faible devant la décroissance exponentielle du champ induit par cette bande interdite. Une transmission « tunnel » conséquente est observée. II-3 Limitations du calcul 2D L’approche de l’indice effectif utilisé est un moyen indirect et approximatif pour rendre compte du confinement vertical de la membrane. On voit en effet une différence entre la bande interdite calculée pour f=0.5 en 2D (0.3<a/λ<0.425) et celle calculée en 3D au GES (0.315<a/λ<0.45) par la méthode des ondes planes. Dans cette approche 2D, le vecteur d’onde n’admet en effet pas de composante kz et la structure simulée ne présente donc pas de pertes verticales. 73 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Cette approche indice effectif permet toutefois d’avoir une bonne idée des possibilités de couplage des modes guidés avec le continuum radiatif en rajoutant le cône de lumière correspondant. Par analogie avec le confinement latéral, un mode sera fuyant vers l’air dans si k x <n air.ω/c18,12 . Avoir une idée des possibilités de pertes des modes guidés vers l’air est crucial pour l’étude expérimentale menée sur des structures cette fois ci réellement tridimensionnelles. Je présente donc le diagramme de dispersion avec ce cône de lumière à la Figure 11. La première chose à noter dans ce nouveau diagramme est la nature à fuite (verticale) du mode fondamental présent dans la bande interdite. Ce caractère fuyant, issu du repliement de la bande, est intrinsèque à la périodicité des miroirs. Cela peut être vu en quelque sorte comme le prix à payer pour obtenir des propriétés de confinement supérieures à celle d’un guide réfractif (bande interdite 2D). Cette bande interdite permet la suppression des fuites latérales du mode fondamental lors de virages serrés (virage à 60° ou 120° dans le cas du cristal triangulaire choisi). Seules quelques plages de fréquence peuvent donc être utilisées pour guider la lumière sans pertes verticales vers ces virages. Parmi ces plages, seules celles correspondant au mode P1 + permettent d’avoir un guidage monomode et de symétrie paire. Ce mode présente toutefois de faibles vitesses de groupe qui induisent une chute de la transmission19. Figure 11 : diagramme de dispersion d’un guide W1 de facteur de remplissage. Calcul FDTD 2D en polarisation TM (Ex,Ey,Hz) f=0.5. n eff =2.6. Le cône de lumière (zone rouge) indique les possibilités de fuites verticales des modes guidés. Ces derniers commentaires n’encouragent guère l’observation expérimentale d’une transmission le long de ce guide W1. C’est pourtant le sujet de la suite du chapitre. 74 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… • III-Etude expérimentale de W1 Il s’agit ici d’utiliser la technique expérimentale présentée au chapitre précédent pour tester la propagation le long de défaut W1. Ces structures guidantes ont été réalisées sur la membrane d’InP décrite précédemment. III -1 Principe des mesures III-1-1 Principe de base et premières observations Le principe des mesures repose sur la facilité de coupler de l’énergie au mode guidé d’une membrane par le pompage d’une couche active et de la collecter après un certain parcours dans la membrane, au moyen d’un réseau de diffraction. Pour tester qualitativement la transmission d’un guide, il suffit d’intercaler celui ci entre la source de pompage et le réseau de diffraction (Figure 12). Pompage optique PL guidée PL extraite Membrane d’InP réseau Source de PL Cristaux photoniques Couche active Figure 12 : principe du dispositif de test des guides à cristaux photoniques sur membrane d’InP Une structure de validation a été réalisée avec un guide plus large W3. Les images infrarouges obtenues montrent la validité de cette approche de caractérisation (Figure 13). Lorsque le faisceau pompe est placé en face de l’entrée du guide, un signal significatif est découplé de la membrane par le réseau. Lorsque ce faisceau est décalé de l’entrée du guide, le signal découplé est quasiment inobservable. Ces deux expériences sont une mise en évidence directe du guidage le long de défaut linéique dans un cristal photonique. Deux autres points sont clairement mis en évidence sur ces images. 75 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… (i) (ii) la présence de pertes verticales lors de la propagation. Un profil suivant l’axe y permet d’attribuer clairement l’origine des pertes aux interfaces du guide. La présence de pertes verticales à l’interface cristal entre le cristal photonique et la membrane. Ces pertes sont certainement des pertes de couplage entre le mode de la membrane et les modes du cristal. Pompage optique 10µm Figure 13: image infra rouge de la surface de la membrane lorsque l’excitation est placée en face (a) ou non (b) du défaut W3 . Une image en microscopie électronique à balayage a été superposée. Défaut de type W3 Cristal photonique Réseau de découplage Cette image est donc riche d’informations mais reste une image qui intègre le comportement du guide sur plage de 300nm. Il est donc absolument nécessaire d’analyser spectralement les signaux pour comprendre plus précisément le fonctionnement de ce type de guide. III-1-2 Mesures spectrales A la vue de l’image de la Figure 13, deux types de mesures, complémentaires, peuvent être envisagés sur ces guides (Figure 14). Des mesures de type transmission peuvent être réalisées en analysant sélectivement la lumière découplée par le réseau. La transmission est alors convoluée par la réponse du réseau et celle de la cavité guide/ réseau formée. J’ai toutefois montré que l’évolution du spectre découplé par le réseau était assez douce et dominée par l’évolution du spectre du puits. Des mesures spectrales peuvent également être réalisées sur les pertes verticales qui apparaissent le long du guide. Ce type d’analyse reste local et peut ainsi être fait à différentes positions le long du guide. Ceci permet de suivre l’évolution le long du guide de la puissance guidée, pour chaque fréquence. On peut en effet considérer que ces pertes, à fréquence 76 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… fixée, sont proportionnelles à l’énergie guidée. Suivre l’évolution de ce signal de pertes permet de comparer (dans un premier temps qualitativement) l’atténuation du signal guidé aux différentes fréquences. La résolution spatiale de ces mesures est bien sur limitée à une résolution d‘environ 2µm (4 périodes), mais elles sont très similaires dans le principe à des mesures en champs proches. La résolution verticale est, elle, légèrement plus grande (de l’ordre de 6 rangées). d a réseau Mesures de type « transmission » Figure 14 : les différentes expériences possibles Membrane d’InP Source PL Analyse des pertes hors du plan Aux alentours de la limite du cône de lumière, les pertes cohérentes seront très rasantes sur la membrane et ne seront pas captées par l’objectif d’ouverture numérique 0.65. Seule une partie des modes présents dans le cône de lumière peut être sondée à partir de leurs pertes cohérentes. Une droite qui délimite cette zone est reportée sur le diagramme de dispersion de la Figure 11. L’équation de cette droite est ω = c.k x /α, où α désigne l’ouverture numérique de l’objectif, ω la pulsation, c la vitesse de la lumière dans le vide, et kx la constante de propagation de la première zone de Brillouin. Les modes au-dessous du cône de lumière peuvent subir des pertes non cohérentes dues aux multiples défauts du guide. Ces pertes sont à priori isotropes et peuvent être collectées par l’objectif. Ces deux mesures sont complémentaires dans le sens où elles sondent les deux voies majeures de fuites pour l’énergie guidée. Elles peuvent permettre ainsi de comprendre plus précisément les processus de propagation dans ces structures périodiques20,21. D’autres voies de « fuites du guide » restent possibles mais me semblent être du second ordre : la réflexion le long du guide, les pertes latérales au travers des miroirs (certainement négligeables dans la bande interdite si un nombre de rangées suffisantes sont prises), et la réabsorption (pour la plupart des guides étudiés, celle ci est réduite par l’étape de sous gravure ; je reviendrai sur ce point). 77 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… III-1-3 Symétrie d’excitation Pour un guide symétrique comme W1, il est important de savoir quelle est la symétrie de la source utilisée pour l’injection. La couche active utilisée est un puits quantique. La source consiste en une multitude de dipôles polarisés aléatoirement dans le plan de la membrane. Cette répartition aléatoire des dipôles ne favorise aucun axe de symétrie particulier. Par conséquent l’onde guidée générée dans la membrane peut être vue comme relativement isotrope Le couplage aux modes guidés pairs devrait donc être favorisé dans nos expériences de transmission. Pour exciter plus efficacement les modes impairs, les dipôles doivent être positionnés au sein même du guide. Ceci est possible si le pompage optique est réalisé dans le guide lui-même, et si bien sur la couche active subsiste au sein du guide. III-2 Structures d’études III-2-1 Fabrication et conséquences Les différentes étapes de fabrication des structures sont présentées en annexe et détaillées dans la thèse de P.Pottier22. Je ne donnerai ici que les éléments nécessaires à la compréhension de l’étude expérimentale. La définition des motifs du cristal photonique est réalisée par l’insolation d’une résine PMMA par un faisceau électronique. Les autres étapes ne sont que des étapes de transfert du motif de cette couche vers la couche d’InP. Le contrôle de la taille des motifs(trous) est défini par le temps d’insolation de chaque motif. Le contrôle de la taille des trous repose donc sur un pré-calibrage des temps d’insolation. Dans la pratique, les structures sont répétées à différents endroits sur la résine avec des temps d’insolation différents. Les structures présentent alors naturellement des facteurs de remplissage différents allant de la sous-exposition (motifs non révélés) à la surexposition (motifs débouchant les uns sur les autres). On obtient alors quelques structures exploitables avec des facteurs de remplissage différents (typiquement compris entre f=0.4 et f=0.5, mais pouvant aller jusqu’à 0.3 ou 0.6). A facteur de remplissage constant, la dose dépend aussi de la nature du cristal : un réseau triangulaire 2D n’aura ainsi pas le même temps d’exposition optimal qu’un réseau 1D. Ce point est dû aux effets de proximité entre les motifs qui composent la structure, et génère le principal inconvénient de cette technique de caractérisation ; un croisement favorable entre les expositions du cristal photonique et du réseau de diffraction est nécessaire pour avoir des structures exploitables par la technique d’extraction par réseau. Cela multiplie le nombre de structures à réaliser d’autant plus que le calibrage en dose est approximatif et capricieux. C’est le principal élément qui a empêché des études plus systématiques sur les guides, par exemple l’étude de 78 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… l’influence du facteur de remplissage du cristal sur la propagation, l’influence de la direction de propagation. La technologie développée au LEOM a, depuis, gagné en maturité et rend aujourd’hui les études systématiques de structures à cristaux photoniques accessibles par cette technique. La sous gravure de la couche sacrificielle est une gravure sélective en phase liquide qui amène à la suspension de la membrane. La formation des membranes s’effectue à partir des motifs gravés dans l’InP (Figure 15) et le temps de gravure doit être suffisant pour que les deux membranes primaires (issues du cristal photonique 2D et du réseau) se joignent pour ne former qu’une seule membrane. InP sur InGaAs air membrane suspendue InP Figure 15 : formation de la membrane suspendue à partir des motifs gravés dans l’InP. Extension de la membrane à partir des motifs gravés dans la couche d’InP Il a été remarqué que cette gravure n’était pas tout à fait sélective vis à vis du puits quantique (élément As dans la couche active d’In0.35As0.65P). Cette couche active peut être ainsi fortement réduite à proximité des ouvertures de gravures (trous et fentes) (Figure 16). L’espace étroit (5nm) ainsi libéré dans la couche d’InP entraîne vraisemblablement un collage des deux parties restantes de la membrane par capillarité. Sous gravure de InAsP et InGaAs Puits InAsP air Substrat InP InP InGaAs Figure 16 : processus de sous gravure de la membrane. L’attaque de la couche sacrificielle d’InGaAs est sélective au regard de l’InP mais pas totalement au regard de L’InAsP. Une gravure partielle du puits d’InAsP apparaît à partir des motifs gravés dans la couche d’InP. Dans le cas de guides W1 ou de cavité de petite dimension, où l’espace entre les motifs limitrophes du défaut est faible (≈0.6-0.7µm), on peut aboutir à 79 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… élimination complète de la couche d’InAsP au sein du défaut crée dans le cristal. Le temps nécessaire à la réunion des deux membranes primaires issues du cristal photonique et du réseau (typiquement supérieur à 15min) est apparu suffisant pour que le signal de photoluminescence du puits au sein du guide soit quasiment nul. Ce point est très important dans le cadre de cette technique de caractérisation puisque la réabsorption de l’onde guidée par la couche active est son principal inconvénient. La réabsorption par la couche active sera donc limitée au parcours des photons dans la cavité formée par le cristal photonique et le réseau (certainement quelques dizaines de microns) qui reste de l’ordre de la longueur d’atténuation caractéristique au pic excitonique, évalué théoriquement à 70µm5 . III-2-2 Paramètres géométriques des structures étudiées Des guides W1 avec une période a=0.56µm ont été caractérisés : cette période, couplée à la largeur d’émission du puits d’InAsP (∼300nm), permet de sonder la gamme 0.35<a/λ<0.43, ce qui représente une large gamme de la bande interdite quasi-TE obtenue sur les cristaux (pour un facteur de remplissage en air de 0.5). Tous les guides caractérisés utilisent des largeurs de miroirs suffisantes pour que les pertes au travers de ceux ci soient à priori négligeables pour les fréquences de la bande interdite photonique (une largeur supérieure à dix rangées). Leurs longueurs ont toutefois été variables mais toujours inférieures à 80 rangées de motifs. Elle sera précisée pour chaque structure caractérisée. Les réseaux présentent cinq ou six alternances dont les caractéristiques à incidence normale ont été déterminées par FDTD au chapitre 2 (0.75µm de période pour un facteur de remplissage de 0.5). Ceux ci ont été disposés à environ 10µm de la sortie du guide. III-3 Etude spectrale de la propagation La première série de résultats a été obtenue sur un guide présentant 80 rangées de motifs suivant l’axe de propagation (Figure 17). réseau W1 ΓM (ou y) 80 périodes Limite de la membrane ΓK (ou x) Figure 17 : image infra rouge de la structure de test (réflexion). Les zones les plus claires correspondent au cristal photonique 80 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… III -3-1 Mise en évidence du guidage Le pompage optique s’effectue pour cela près de l’entrée du guide. La première évidence du guidage le long de W1 est directe par l’intermédiaire de la caméra Infra-rouge (Figure 18). Comme pour W3, on distingue tout d’abord sur la zone de pompage la photoluminescence radiée dans l’air. La position du défaut W1 est repérable facilement par les pertes hors de la membrane qui apparaissent le long de celui ci et par les pertes d’adaptation qui se produisent sur les premières rangées verticales des miroirs. Quelques microns après la sortie du guide, une tache apparaît correspondant à la lumière transmise par le guide et découplée par le réseau. Les deux types de mesures (transmission et pertes hors du plan) seront donc à priori possibles pour ce guide W1. découplage Propagation/pertes pompage Figure 18 : image infra rouge de la membrane (champ proche) III -3-2 Transmission du guide L’analyse spectrale du signal découplé par le réseau est représentée à la Figure 19. Une large transmission est observée sur l’ensemble de la gamme sondée (1300nm<λ<1600nm ou 0.43>a/λ>0.35). On peut noter les modulations de période 30nm caractéristiques des oscillations Fabry Perot qui apparaissent entre la sortie du guide et le réseau. Dans cette gamme de transmission, deux creux très nets de transmission de 10nm et 40nm apparaissent respectivement vers a/λ=0.411 et a/λ=0.385. Des creux similaires ont été observés dans des guides W3 et ont été attribués aux mini bandes interdites qui apparaissent dans le diagramme de dispersion et qui proviennent de couplages entre modes3,23. On s’attend donc à une origine similaire pour ces creux de transmission. Une comparaison de la transmission avec le diagramme de dispersion du guide peut permettre d’éclaircir l’origine de la transmission ainsi que de ces creux significatifs. La large transmission 81 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… contraste avec le diagramme de bande calculé précédemment (Figure 11) qui n’indiquait la présence de modes confinés dans le guide que pour des plages de fréquences très restreintes. Les faibles vitesses de groupe de ces modes ne laissaient pas entrevoir beaucoup d’espoir quant à l’observation d’une propagation significative d’énergie, et certainement aucun espoir d’observer une transmission si nette sur une gamme de fréquences aussi large. intensité de PL (u.a) 0.7 découplage réseau 0.6 0.5 0.4 Figure 19 : collection de la lumière transmise le long du guide et découplée par le réseau 0.3 0.2 0.1 0.0 0.34 0.36 0.38 0.40 0.42 0.44 a/λ En superposant la transmission obtenue avec le diagramme de dispersion du guide, on s’aperçoit qu’elle correspond très bien avec le mode fondamental, présent dans le cône de lumière (Figure 20). Ce mode, s’il est à fuite, a donc permis la propagation d’énergie le long du guide sur toute la gamme de fréquences sondées. Une mini bande interdite apparaît toutefois vers a/λ=0.411. en très bonne correspondance avec la chute de transmission observée expérimentalement et confirme ainsi l’attribution de la transmission observée à la branche repliée du mode fondamental. 82 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Coupure PL Ligne de lumière 0.45 0.45 transmission Bande interdite du mode fondamental 0.40 0.40 a/λ ??? 0.35 0.35 modes impairs modes pairs Coupure détection 0.30 0.0 Modes fuyant dans l’air 0.1 0.2 0.3 0.4 0.30 0.0 0.5 kx ou kΓK (2π/a) Figure 20 : correspondance entre la transmission observée expérimentalement et le diagramme de dispersion du guide. Un point important de ce résultat est donc la possibilité de coupler et de propager de l’énergie sur plus de 40µm grâce à la partie fuyante du mode fondamental, et globalement (couplage et propagation) de manière plus efficace que sur des modes en principe sans pertes verticales. Plusieurs points permettent d’ expliquer ce fait : (i) (ii) Les modes sans pertes sont pour notre gamme de mesures des mode impairs. L’excitation de ces modes à partir de notre source de luminescence guidée est donc peu efficace. Si le diagramme de dispersion nous dit que ce mode fondamental est à fuite pour les fréquences de la bande interdite, il ne nous dit pas directement avec quel taux. Il apparaît en tout cas que ce mode se propage sans induire de pertes suffisamment importantes pour empêcher que sa contribution ne domine le spectre découplé. Ceci a également été observé à partir d’autres études3,24 pour lesquelles le contraste d’indice entre la couche guidante et le substrat est faible. Les modes sans pertes dans la bande interdite sont dans ce cas inexistants. Une transmission le long de W3 est toujours observée même après plusieurs centaines de rangées et avec des pertes de propagation de l’ordre de 1-2dB/100m. Les techniques utilisées de couplage donnent même fort à parier que cette transmission soit liée à la branche repliée du mode 83 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… fondamental. Evaluer les pertes de propagation de ce mode dans le cas de W1 reste évidemment primordial pour des applications pratiques. Autres particularités du spectre de transmission L’atténuation observée expérimentalement pour la mini bande interdite est plus importante que celle observée numériquement au paragraphe II-2-2. Ceci s’explique par la plus faible longueur du guide choisie alors. Le devenir de l’énergie pour ces fréquences reste peu clair dans le cas d’une structure 3D. Est-elle seulement réfléchie le long du guide ou est-elle en partie rayonnée en dehors de la membrane? L’origine du creux de transmission vers a/λ=0.385 n’est pas claire à ce niveau de l’étude. Il ne correspond en effet pas clairement à une particularité du diagramme de dispersion du guide (Figure 11). Plusieurs origines peuvent être envisagées : une réflexion à l’entrée du guide, une réabsorption par le puits ou des pertes hors de la membrane plus importantes qu’aux fréquences voisines. La seconde hypothèse est peu probable, étant donné le temps de sous gravure important qui avait été pris justement pour limiter cet effet. Une étude spectrale de la seconde voie majeure de fuite de l’énergie guidée peut apporter quelques éléments de réponse à ces dernières questions. III-3-3 Pertes hors du plan de la membrane Une collection des pertes du guide a été réalisée pour différentes abscisses avec une résolution latérale d’environ 1-2µm. Un des spectres collecté après 32µm de propagation est présenté à la Figure 21a en comparaison avec la transmission obtenue précédemment. 84 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… (a) intensité de PL (u.a) 0.6 PL découplée Pertes hors du plan pour d=32µm 1 0.4 0.1 0.2 0.0 0.38 0.40 0.42 0.44 0.01 0.46 a/λ 0.36 0.36 0.38 0.38 0.40 minibande interdite Intensité de PL (u.a) (b) 0.40 d=7µm 0.42 0.44 0.46 0.48 d=32µm 0.42 0.44 0.46 0.48 d=42µm 0.36 0.38 0.40 0.42 0.44 0.46 0.48 a/λ Figure 21 : correspondance entre les pertes verticales et la transmission du guide (a) et évolution des pertes verticales le long du guide(b) (d étant la distance à l’entrée du guide). Une échelle logarithmique est utilisée pour l’intensité des pertes verticales. On remarque tout d’abord un creux dans ce spectre correspondant parfaitement avec celui observé sur la transmission du guide. Il est attribué à la mini bande interdite du mode fondamental en centre de zone. Ce creux n’est pas présent sur les spectres près de l’excitation et se creuse progressivement lors de la propagation du signal guidé (Figure 21b). Cette évolution indique clairement une diminution, à ces fréquences, de l’énergie présente dans le guide. Elle montre aussi que la réflexion distribuée n’induit pas de rayonnement supplémentaire en dehors du plan de la membrane. 85 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… L’impact de la mini bande interdite semble donc rester limité au plan de la membrane. L’énergie réfléchie reste donc majoritairement confinée au sein du guide (pour les fréquences de la bande interdite). L’observation des spectres de pertes aboutit à une toute autre conclusion vers a/λ=0.385, où des pertes relatives plus importantes apparaissent sur des les premiers microns du guide. Ces pertes importantes brisent la décroissance monotone du signal de PL vers les hautes fréquences. Elles traduisent donc un taux de fuite localement supérieur. Cette surintensité devient, sur les spectres pris en bout de guide, une sous intensité, traduisant la plus forte diminution de l’énergie au sein du guide, pour ces fréquences. L’origine du creux de transmission observé vers a/λ=0.385 est donc très différente du précédent creux de transmission. Il provient d’un plus fort taux de fuites hors du plan de la membrane. L’origine de cet accroissement local des fuites est difficile à expliquer sans l’intervention d’un autre mode guidé qui aurait des fuites verticales supérieures. L’écart en fréquence avec la bande impaire peut être expliqué en partie par la forte dépendance en fréquence de ce mode avec la géométrie des trous bordant le guide25. Le processus de couplage d’énergie vers ce mode n’est certainement pas favorisé devant celui du mode fondamental. Quand bien même ce mode serait plus fuyant, comment une grande part de l’énergie guidée dans la membrane peut être couplée vers ce mode ? Nous pensons que les imperfections du guide sont responsables de ce couplage. Elles permettent au sein du guide le transfert d’énergie du mode pair vers le mode impair. Ce transfert peut être observé dans un calcul 2D où une faible discrétisation spatiale est utilisée (typiquement λ/10). La reconstruction des motifs circulaires s’accompagne alors de déformations, d’autant plus aléatoires et prononcées que la discrétisation est faible. Lorsqu’une source et une détection de symétrie paire sont utilisées, une chute de la transmission apparaît pour des fréquences proches du croisement entre les deux branches de dispersion (Figure 22a). Une carte de champ harmonique pour une fréquence du creux de transmission (ω2) met en évidence la nature multimode de la propagation (Figure 22b). 86 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… ω1 transmission (u.a) 6 ω2 ω1 4 dipôle 2 0 0.325 propagation ω2 0.350 0.375 0.400 a/λ (a) (b) Figure 22 : Transmission 2D FDTD TM (Ex,Ey,Hz) d’un guide W1 de 30 périodes dont les motifs sont aléatoirement déformés par la discrétisation du domaine de calcul(a). Seuls les modes pairs ont été excités et détectés. Des cartes de champs Hz pour deux fréquences ω1 et ω2 indiquent que la chute de transmission est due à un couplage vers un mode impair(b). III-4 Photons lents dans un guide W1 La transmission observée dans les expériences précédentes n’a pas permis de mettre en évidence une propagation significative à partir des modes impairs présents dans la bande interdite. Ceci a été en premier lieu attribué à un faible taux de couplage entre le mode guidé de la membrane et ces modes, principalement en raison de leurs faibles vitesses de groupe20 . Un moyen de surmonter cette difficulté est de pomper le canal guidant lui-même. Cela a, à priori, un intérêt assez minime en ce qui concerne la propagation efficace de signaux le long du guide, mais reste intéressant pour la compréhension physique de ces guides. Un guide W1 de 50 rangées de long a donc été pompé par notre faisceau. Un faible temps de sous gravure permet de conserver une « certaine » partie du puits dans l’étroit canal guidant (en tout cas suffisamment pour qu’un signal de PL soit détectable par notre système). Ceci ne permet toutefois pas d’avoir une membrane suffisamment étendue pour faire des expériences de « transmission ». Seules les pertes « naturelles » du guide peuvent être analysées. III-4-1 Mesure à température ambiante La faible extension de la membrane à partir des motifs du cristal permet tout de même une excitation du mode guidé de la membrane, en face de l’entrée du guide. Une première expérience de « référence » a consisté à exciter le guide de l’extérieur, à partir de la partie vierge de la membrane et à 87 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… collecter les pertes naturelles du guide 15µm après l’entrée du guide. Le spectre obtenu est présenté à la Figure 23. Un spectre assez régulier est obtenu, correspondant aux pertes du mode fondamental. On peut toutefois observer une atténuation localisée vers a/λ=0.4, correspondant à la mini bande interdite déjà observée auparavant. La seconde expérience a consisté à pomper dans le guide lui-même et à collecter les pertes « naturelles », 15µm plus loin. Le résultat de cette mesure est également présenté à la Figure 23. De fortes résonances apparaissent à présent et dominent le simple continuum observé précédemment. Un premier groupe d’au moins 4 pics apparaît vers a/λ=0.347 alors qu’une résonance isolée apparaît également vers a/λ=0.399 dans la mini bande interdite. 0.35 Pertes du guide pompage intérieur au guide pompage extérieur au guide intensité(u.a) 0.30 0.25 0.20 Figure 23 : pertes du guide W1 pour deux positions de l’excitation. 0.15 0.10 0.05 0.00 0.34 0.35 0.36 0.37 0.38 0.39 0.40 0.41 a/λ La correspondance avec le diagramme de dispersion du guide permet d’associer ces résonances aux branches de symétrie impaires(Figure 24). Les résonances observées sur ces plages de guidage sont attribuées aux réflexions des modes impairs sur les extrémités du guide. La force de ces oscillations vient de la réflexion en bout de guide plus forte pour ces modes que pour le mode fondamental5 , mais aussi de la plus grande longueur effective du guide pour ces modes à faibles vitesses de groupe. Le groupe de pics vers a/λ=0.347 est attribué à la Branche i1-io + qui traverse la première zone de Brillouin. Le pic vers a/λ=0.4 est attribué à la branche impaire issue du bord de zone. 88 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Pompage optique 0.40 0.35 0.30 0.25 0.20 0.40 0.10 Mini bande interdite 0.40 0.15 0.45 0.05 0.00 0.45 z y Membrane d’InP a/λ résonances 0.35 x 0.35 modes impairs modes pairs 0.30 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 Cristaux photoniques 0.30 0.0 0.5 Couche active Pertes hors du plan kx ou kΓK (2π/a) (b) (a) Figure 24 : comparaison entre le spectre des pertes hors du plan du guide et le diagramme de dispersion (a). Les résonances sont attribuées aux multiples allers et retours des modes impairs le long du guide(b). Une analyse à plus haute résolution de ces zones de fréquence est présentée à la Figure 25. Elle permet d’estimer le coefficient de qualité du pic de résonance le plus fin à environ 1500. L’intensité de ce pic augmente lorsque la détection est déplacée le long du guide vers la zone de pompage. Ce pic domine même le spectre lorsque la détection est centrée sur la zone de pompage (Figure 25a), et un autre pic moins intense apparaît. 0.10 pertes du guide sur l'excitation pertes du guide 15µm après l'excitation intensité de PL (u.a) intensité de PL (u.a) 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0.390 0.395 0.400 0.06 0.04 0.02 0.00 0.344 0.405 0.346 0.348 0.350 0.352 0.354 a/λ a/λ (a) 0.08 (b) Figure 25 : pertes du guide lorsque le pompage est effectué à l’intérieur de celui ci. Mesures haute résolution Un calcul FDTD en polarisation TM (Ex, Ey, Hz) a été réalisé pour confirmer l’apparition de résonances longitudinales associées à la propagation des modes impairs repérés précédemment. La structure étudiée 89 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… numériquement est un guide de 30 rangées de long seulement (pour des raisons de temps de simulation), de facteur de remplissage en air f=0.5 (Figure 26). La source est un dipôle électrique orienté suivant l’axe y (transverse à l’axe du guide). Positionné sur l’axe du guide(E), il permet d’exciter sélectivement ses modes impairs. Une détection ponctuelle (D) est réalisée dans le guide et permet d’avoir une idée de la force des résonances qui apparaissent. Le spectre obtenu à partir de ce point de détection est reporté à la Figure 27a. Il est très similaire au spectre obtenu expérimentalement : une série de résonances marquées apparaît pour les fréquences correspondant à la branche impaire en milieu de bande interdite. Les résonances vers a/λ=0.4 restent sur une plage de fréquence plus restreinte, correspondant à la partie très plate de la branche impaire issue du mode i1 , en bords de zone de Brillouin (Figure 24a). Une figure de champs prise pour la fréquence la plus résonnante (vers a/λ=0.4) confirme l’origine « longitudinale » de ces résonances(Figure 24b). Le nombre de résonances observé expérimentalement est toutefois moins grand que dans le spectre obtenu par FDTD. La dégradation du coefficient de qualité par la présence d’une réabsorption ainsi que de pertes verticales peuvent expliquer la réduction du nombre de résonances observables expérimentalement. Seules les résonances correspondant aux zones de plus fortes dispersions sont certainement observées. 7 6 Y (µm) 5 4 E 3 Figure 26 : structure étudiée par FDTD. Les points d’excitation (E) et de détection(D) sont reportés. D 2 1 0 0 5 10 15 20 X (µm) . Une des mises à profit de ces fortes résonances peut être l’obtention d’un effet laser le long du guide, et sans cavité26,27. Les faibles vitesses de propagation, ainsi que les réflexions en bout de guide, dues au mauvais couplage vers le mode de la membrane, peuvent suffire à compenser les pertes de propagation. Cet effet laser n’a toutefois pas été observé à température ambiante. L’objectif de l’étude suivante était d’obtenir cet effet à plus basse température. 90 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… 6 6 4 4 2 2 15 Y (µm) Amplitude Hz (u.a) (b) a/λ=0.401 20 10 5 0 0.32 0.34 0.36 0.38 0.40 a/λ 0 0 2 4 6 0 8 10 12 14 16 18 20 760.0 -- 800.0 720.0 -- 760.0 680.0 -- 720.0 640.0 -- 680.0 600.0 -- 640.0 560.0 -- 600.0 520.0 -- 560.0 480.0 -- 520.0 440.0 -- 480.0 400.0 -- 440.0 360.0 -- 400.0 320.0 -- 360.0 280.0 -- 320.0 240.0 -- 280.0 200.0 -- 240.0 160.0 -- 200.0 120.0 -- 160.0 80.00 -- 120.0 40.00 -- 80.00 0 -- 40.00 X (µm) (a) Figure 27 : spectre réalisé au point D dans le guide, à partir de la composante de champ Hz (a). La répartition de l’amplitude de Hz pour la plus forte résonance observée vers a/λ=0.4 (indiquée par une flèche sur le spectre) est reportée en (b). III-4-2-Excitation à basse température (6°K) III-4-2-1 Conditions de mesures Un pompage à 6°K a été réalisé dans le but d’obtenir cet effet laser dans le guide ouvert. La baisse de température doit permettre d’augmenter le signal de PL, d’une part en décalant l’émission du puits vers les hautes fréquences, et, d’autre part, en réduisant les recombinaisons non radiatives. Le spectre du puits obtenu à cette température est présenté à la Figure 28. La largeur spectrale s’est considérablement réduite, passant ainsi de plus de 300nm à environ 25nm. intensité de PL (u.a) 0.6 0.4 Figure 28 : Spectre de luminescence du puits d’In 0.35As 0.65P à 6°K. 0.2 0.38 0.40 0.42 0.44 a/λ 91 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Le pompage est toujours réalisé dans le guide avec le même laser de pompe (HeNe) mais cette fois avec un objectif à lentille (x50 ; ouverture numérique de 0.5) dont la distance de travail reste compatible avec le cryostat utilisé. La puissance maximale disponible au niveau de l’échantillon est de l’ordre du milliwatt. La collection des pertes verticales du guide est réalisée sur la zone d’excitation. La focalisation de l’objectif a été réglée pour optimiser le signal collecté. III-4-2-2 Spectre des pertes verticales du guide à basse température Le groupe de deux pics observés à température ambiante (P1 et P2) est retrouvé sur le spectre réalisé à 6°K (avec une puissance d’environ 0.1mW), et avec un décalage spectral d’environ 20nm (du à la variation d’indice). Leur espacement est resté proche de 2nm. Le facteur de qualité de P1 est estimé à présent à 2500 mais le pic n’est décrit que par quatre points. Cette valeur est donc une valeur minimale, limitée par la résolution du système. L’augmentation du facteur de qualité peut être expliquée par une diminution de la réabsorption de la couche active aux longueurs d’ondes considérées. (a) intensité de PL (u.a) P1 polarisation suivant x polarisation suivant y sans polarisation 0.2 0.1 P2 0.0 0.402 0.403 0.404 0.405 (b) a/λ Figure 29 : analyse spectrale des pertes verticales du guide à 6°K(a), et image infra rouge de la structure lors des mesures(b). L’origine longitudinale des résonances est confirmée par une image en champ proche (des pertes sont observées sur toute la longueur du guide) ainsi que par une étude en polarisation ( les résonances correspondent majoritairement à une répartition du champ électrique suivant un axe perpendiculaire à celui du guide). 92 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… Enfin, l’autre groupe de résonances observées à température ambiante n’apparaît plus. Ceci est dû au décalage et au rétrécissement spectral de l’émission du puits. III-4-2-3 Etude en puissance d’excitation L’étude en puissance n’a pas permis de mettre clairement en évidence la présence d’un seuil caractéristique d’un effet laser. Un échauffement local de la structure est en effet apparu pour des puissances d’excitation supérieure à 0.1mW, décalant en fréquence et dégradant les résonances observées à plus basse puissance (Figure 30b). Un gain semble toutefois commencer à apparaître pour P1 vers 0.05-0.1mW avant que les effets thermiques ne prennent le dessus (Figure 30a). L’échauffement local est dans notre cas favorable à un meilleur confinement du champ suivant l’axe du guide (effet de lentille thermique). La dégradation observée est donc plutôt à mettre sur le compte d’une dégradation de la luminescence du puits (décalage en fréquence et augmentation des recombinaisons non radiatives). P1 P2 1.2 intensité de PL (u.a) intensité de PL (u.a) 1.4 1.0 0.8 0.6 0.4 P2 0.2 0.0 0 2 4 6 8 10 Puissance excitation (mW/100) échauff ement 1.6 0.2 0.05mW 0.1mW 0.4mW 0.5mW 0.8mW 0.9mW 1mW gain 0.1 échauffement 0.0 0.400 0.405 0.410 a/λ Figure 30 : pompage du guide W1 à 6°K : évolution des pics avec la puissance d’excitation De nombreuses améliorations pourraient permettrent d’augmenter le gain toute en en limitant les problèmes thermiques. Ces améliorations sont tout d’abord d’ordre expérimental et nécessiteraient: (i) (ii) l’utilisation d’une source pulsée pour pouvoir laisser refroidir la membrane entre deux pulses28 l’utilisation d’une source plus proche en fréquences de la barrière d’InP. Ceci permettrait de limiter la montée 93 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… en température de la membrane sur la zone de pompage par thermalisation des porteurs. L’utilisation d’une lentille cylindrique pour optimiser le pompage sur la totalité du guide. Ceci permettrait d’éviter la réabsorption par le puits dans les zones non pompées28 . (iii) Ces améliorations ont également attrait à la conception du guide ; il faudrait notamment augmenter le nombre de puits dans la structure, choisir un facteur de remplissage en air plus faible, et réduire au minimum le nombre de rangées latérales. Le report sur substrat de faible indice est également une voie plus radicale mais qui a montré son efficacité pour des cavités 2D 29 . Si aucun effet laser n’a pu être clairement observé avec nos conditions expérimentales, le fort coefficient de qualité obtenu me parait suffisamment encourageant pour pousser l’idée. Des sources lasers à bas seuil et directement intégrées à un guide à cristaux photonique constituent un objectif applicatif évident. Une manière de s’affranchir des problème thermiques observés dans W1 est d’élargir le guide. Un pompage continu réalisé à basse température entre deux miroirs à cristaux photoniques séparés de 5-6 microns a permis d’obtenir un effet laser vers 1410nm. J’ai représenté à la Figure 31 la courbe classique puissance de sortie versus puissance de pompage qui indique un seuil à 6°K d’environ 450µW. On peut noter que cet effet laser n’est plus obtenu dès que la température de dépasse 50°K environ. 70 50 40 40 intensité de PL (u.a) intensité PL(u.a) 60 30 20 0 1300 1350 1400 1450 1500 1550 λ (nm) 20 10 0 0.0 5µm Cristaux photoniques 94 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 puissance de pompage (mW) Cristaux photoniques Figure 31 : effet laser entre deux matrices de cristaux photoniques distantes de 5µm. Le pompage est réalisé entre les deux miroirs (laser focalisé). Mesures réalisées à 6°K. Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… J’ai également représenté des images IR de la membrane pour deux puissances de pompage encadrant la puissance seuil. On distingue les pertes verticales issues des deux bords du « macro » guide. Les images obtenues pour des puissances supérieures à la puissance seuil saturent la caméra et présentent des figures d’interférences caractéristiques d’une cohérence des pertes. Les zones plus intenses apparaissant le long des bords sont certainement révélatrices des défauts du miroir. Les mesures en polarisations ont montré que les résonances responsables de cet effet laser provenaient d’oscillations suivant la normale aux miroirs. Ces résonances correspondent vraisemblablement à la coupure d’un mode guidé en centre de zone (kx =0), où de faibles vitesses de propagation le long du guide apparaissent. Un guide plus large ne favorise certainement pas l’observation d’un effet laser en bord de zone : l’interaction du champ avec la corrugation du guide est moins importante et ne donne lieu à de faibles vitesses de groupe que plus près du bord de zone (il faudrait donc un guide plus long). 95 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… • IV – Conclusions Une observation claire du guidage le long d’une simple ligne de défaut réalisée suivant la direction ΓK d’un cristal triangulaire reposant sur une membrane d’InP a pu être faite à partir de la technique associant PL guidée et réseaux de découplage. Cette technique a permis d’étudier, sur une largeur spectrale d’environ 300 nm , la transmission de ce guide ainsi que les pertes hors du plan de la membrane qui apparaissent au cours de la propagation. L’étude des modes du guide a permis d’attribuer la transmission observée au mode fondamental du guide, seul mode pair sur la plus grande partie de la bande interdite. La périodicité du guide rend ce mode intrinsèquement « à perte », mais une transmission a pu être observée après plus de 40µm de propagation, et globalement sur plus de 200nm de largeur spectrale. Ces pertes intrinsèques représentent en quelque sorte le prix à payer pour obtenir les propriétés de confinement supérieures (bande interdite 2D) qui peuvent être intéressantes lorsque la condition de réflexion totale n’est plus vérifiée (virage serré). Des mini bandes interdites de propagation, déjà observées par d’autres groupes sur des guides plus larges, ont pu être mises en évidence expérimentalement, et avec un bon accord avec les courbes de dispersion numériques. Des fuites verticales plus importantes ont été observées sur une plage spectrale limitée. En première analyse, ces fuites ont été attribuées au seul autre mode à fuite de la bande interdite. Le couplage d’énergie vers ce mode impair pourrait faire intervenir les imperfections du guide. L’origine des pertes supérieures de ce mode reste à préciser. L’utilisation de ces guides pour des circuits intégrés optiques compacts semble donc possible puisqu’une transmission a pu être observée. Pour ce type d’application, une estimation quantitative des pertes de propagation reste néanmoins essentielle. Ce sujet est abordé dans le chapitre suivant. Des modes à faibles vitesses de propagation ont pu être mis en évidence. Ces modes permettent l’apparition de fortes résonances Fabry Perot suivant l’axe du guide. Ces fortes résonances pourraient être utilisées pour obtenir un effet laser sans cavité. Plus précisément, une résonance avec un facteur de qualité au moins égal à 2500 a pu être observée, mais aucun effet laser n’a pu être obtenu, certainement à cause de conditions de pompage inadéquates. Ces premiers résultats sont néanmoins très encourageants pour les dispositifs mettant à profit ces photons lents, et plus généralement les propriétés de dispersions de ces guides. 96 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… BIBLIOGRAPHIE 1 MEADE, R. D., DEVENYI, A., JOANNOPOULOS, J. D., ALERHAND, O. L., SMITH, D. A., KASH, K. Novel applications of photonic band gap materials : Low-loss bends and high Q cavities. J. Appl. Phys., 1994, vol 75, n° 9, p 4753-4755 2 BABA, T., FUKAYA, N., YONEKURA, J. Observation of light propagation in photonic crystal optical waveguides with bends. Electronics letters, 1999, vol 35, n°8, p 654-655 3 SMITH, C. J. M., BENISTY, H., OLIVIER, S., RATTIER M., WEISBUCH, C., KRAUSS, T. F., DE LA RUE, R. M., HOUDRE, R., OESTERLE, U. Low-loss channel waveguides with two-dimensional photonic crystal boundaries. Applied Physics Letters, 2000, vol 77, n° 18, p 2813-2815 4 LIN, S. Y., CHOW, E., JOHNSON, S. G., JOANNOPOULOS, J. D. Demonstration of highly efficient waveguiding in a photonic crystal slab at the 1.5-µm wavelength. Optics Letters, 2000, vol 25, n° 17, p 1297-1299 5 LETARTRE, D'YERVILLE, measurement in 2001, vol 79, n° X., SEASSAL, C., GRILLET, C., ROJO ROMEO, P., VIKTOROVITCH, P., M. L., CASSAGNE, D., JOUANIN, C. Group velocity and propagation losses a single-line photonic-crystal waveguide on InP membranes. Applied Physics Letters, 15, p 2312-2314 6 NOTOMI, H., SHINYA, A., YAMADA, K., TAKAHASHI, J., TAKAHASHI, C., YOKOHAMA, I. Singlemode transmission within photonic bandgap of width-varied single-line-defect photonic crystal waveguides on SOI substrates. Electronics letters, 2001, vol 37, n° 5, p 293-295. 7 BABA, T., FUKAYA, N., MOTEGI, A. Light propagation characteristics in photonic crystals waveguides. Proceedings of the European conference, St Andrews, 12-16 juin 2001,112p 8 CHOW, E., LIN, S. Y., WENDT, J. R., JOHNSON, S. G., JOANNOPOULOS, J. D. Quantitative analysis of bending efficiency in photonic-crystal waveguide bends at λ=1.55 µm wavelenghts. Optics letters, 2001, vol 26, n°5, p 286-288 9 OLIVIER, S., BENISTY, H., RATTIER, M., WEISBUCH, C., QIU, M., KARLSSON, A., SMITH, C. J. M., HOUDRE, R., OESTERLE, U. Resonant and nonresonant transmission through waveguide bends in a planar photonic crystal. Applied physics letters, 2001, vol 79, n° 16, p 2514-2516 10 SMITH, C. J. M., DE LA RUE, R. M., RATTIER, M., OLIVIER, S., BENISTY, H., WEISBUCH, C., KRAUSS, T. F., HOUDRÉ, R., OESTERLE, U.. Coupled guide and cavity in a two-dimensional photonic crystal. Applied Physics letters, 2001, vol 78, n° 11, p 1487-1489 12 JOHNSON, S. G., VILLENEUVE, P. R., FAN, S., JOANNOPOULOS, J. D. Linear waveguides in photonic-crystal slabs. Physical Review B, 2000, vol 62, n° 12, p 8212-8220 13 BENISTY, H. Modal analysis of optical guides with two-dimensional photonic band-gap boundaries. J. Appl. Phys., 1996, vol 79, n°10, p 7483-7492 14 LONCAR, M., NEDELJKOVIC, D., COTTEVERTE, J.-C., DOLL, T., SCHERER, A., GERRETSEN, J., PEARSALL, T. P. Waveguiding at 1500nm using photonic crystal structures in silicon on insulator wafers. Proceedings of CLEO, San fransisco, 2000, 5695p 15 JOHNSON, S. G., FAN, S., VILLENEUVE, P. R., JOANNOPOULOS, J. D. Guided modes in photonic crystal slabs. Physical Review B, 1999, vol 60, n° 8, p 5751-5758 16 LEE, D. L. Electromagnetic principles of integrated optics. New York : John Wiley & sons, 1986, 331 p. 97 Chapitre 3 : propagation guidée le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique… 17 ADIBI, A., XU, Y., LEE, R. K., YARIV, A. Properties of the slab modes in photonic crystal optical waveguides. Journal of lightwave technology, 2000, vol 18, n° 11, p 1554-1564 18 KUCHINSKY, S., ALLAN, D. C., BORRELI, N. F., COTTEVERTE, J.-C. 3D localization in a channel waveguide in a photonic crystal with 2D periodicity. Optics communications, 2000, vol 175, p 147-152 19 OLIVIER, S. , SMITH, C., RATTIER, M., BENISTY, H., WEISBUCH, C., KRAUSS, T. F., HOUDRE, R. , OESTERLE, U. Miniband transmission in a photonic crystal coupled-resonator optical waveguide Optics letters, 2001 , vol 26 , n° 13 , p 1019 – 1021 20 KAWAI, N., INOUE, N., CARLSSON, N., IKEDA, N., SUGIMOTO, Y., ASAKAWA, K., TAKEMORI, T. Confined Band Gap in an Air-Bridge Type of Two-Dimensional AlGaAs Photonic Crystal. Physical Review Letters, 2001, vol 86, n° 11, p 2289-2292 21 OCHIAI, T., SAKODA, K. Dispersion relation and optical transmittance of a hexagonal photonic crystal slab. Physical review B 2001, vol 63, n°12 22 POTTIER, P. Nanostructures à base de cristaux photoniques 1D et 2D pour circuits intégrés photoniques. Thèse de doctorat : Ecole Centrale de Lyon, 2001, 106 p. 23 OLIVIER, S., RATTIER, M., BENISTY, H., WEISBUCH, C., SMITH, C. J. M., DE LA RUE, R. M., KRAUSS, T.F., OESTERLE, U., HOUDRE, R.. Mini-stopbands of a one-dimensional system : The channel waveguide in a two-dimensional photonic crystal. Physical Review B, 2001, vol 63, n° 113311, p 1-4. 24 TALNEAU, A., LE GOUEZIGOU, L., BOUADMA, N. Quantitative measurement of low propagation losses at 1.55 µm on planar photonic crystal waveguides Optics letters, 2001, vol 26 , n° 16, p 1259-1261 25 ADIBI, A., LEE, R. K., XU, Y., YARIV, A., SCHERER, A. Design of photonic crystal optical waveguides with singlemode propagation in the photonic bandgap. Electronic Letters, 2000, vol. 36, no. 16, pp 1376-1378 26 DOWLING, J. P., SCALORA, M., BLOEMER, M. J., BOWDEN, C. M. The photonic band edge laser : a new approach to gain enhancement. Journal of Applied Physics, 1994, vol 75, n° 4, p 18961899 27 NOTOMI; M., SUZUKI, H., TAMAMURA, T. 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Electronic letters, 2001, vol 37, n° 12, p 764-766 98 Chapitre 4 Pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique sur une membrane d’InP • I Introduction et problématique ______________________________________ 100 • II-Evaluation des pertes de propagation________________________________ 101 II-1 Evaluation expérimentale____________________________________________ 101 II-2 Evaluation numérique des pertes ______________________________________ 105 II-3 Conclusions ______________________________________________________ 106 • III Origine des pertes au dessus du cône de lumière.______________________ 107 III-1 Origine des pertes _________________________________________________ 107 III-3 Discussion sur la réduction des pertes verticales dans W1. _________________ 113 • IV Conclusions_____________________________________________________ 119 BIBLIOGRAPHIE ________________________________________________________ 121 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique • .. I Introduction et problématique Cette étude s’insère dans la continuité des études expérimentales menées sur des guides W1, où une transmission sur plus de 40µm de long et sur une gamme de plus de 100nm a été mise en évidence. Cette transmission a été attribuée au couplage du mode fondamental, présent sur la plus grande partie de la bande interdite. Ce mode présente des points très positifs pour réaliser des fonctions de routage : sa carte de champ et sa courbe de dispersion sont très similaires au mode fondamental d’un guide réfractif classique et permet d’ores et déjà d’intuiter le bon couplage observé entre ces deux types de guides1. Il permet également d’avoir une gamme large de guidage monomode (≈100nm) dans la bande interdite. Cette propriété peut être exploitée pour réaliser des virages à 60 ou 120° (dans le cas d’un cristal photonique hexagonal) ne présentant ni pertes latérales (effet BIP 2D) ni pertes de couplage vers d’autres modes. L’épineux problème de la réflexion au virage reste à traiter. Pertes verticales z y Membrane d’InP x Cristaux photoniques W1 Figure 1 : la problématique, les pertes verticales dans le guide W1 Un inconvénient majeur de ce mode fondamental est sa localisation dans le cône de lumière. Si cette observation nous dit que ce mode est intrinsèquement fuyant, elle ne permet pas de dire avec quel taux. Là est toutefois le point important pour des applications pratiques. La valeur de 100 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. l’atténuation doit en effet fixer la longueur limite des dispositifs incluant ces guides. Il est donc nécessaire de connaître cette atténuation pour dire si les pertes sont rédhibitoires à la réalisation de dispositifs. L’observation d’une transmission significative sur plus de 80 périodes de propagation est, de ce point de vue, encourageante. Une évaluation quantitative des pertes de propagation sera présentée dans un premier temps et comparée à la littérature ainsi qu’aux résultats d’études numériques 3D obtenus par A.Morand du LEMO. Une deuxième étape de l’étude consiste à revenir à l’origine des pertes verticales des modes de la bande interdite. Il s’agit de préciser les quelques leviers possibles pour les réduire. • II-Evaluation des pertes de propagation II-1 Evaluation expérimentale II-1-1 Méthode de mesure L’évaluation expérimentale des pertes de propagation dans les cristaux photoniques n’est pas simple : Tout d’abord parce que les dimensions des guides sont de l’ordre de la longueur d’onde, rendant le couplage classique, en bout, par une fibre optique même effilée, que très peu efficace (pertes de 30dB rapportées par Tokushima et al.2.). Le guide W1 est déjà multimode sur de larges gammes de fréquences et rend le couplage modal certainement peu reproductible et difficile à connaître expérimentalement. De plus, la collection parasite des pertes de couplage peut largement surpasser la collection du signal guidé le long du défaut et réduire très fortement le rapport signal sur bruit. Toutefois, plusieurs techniques ont permis de s’affranchir de ce problème de couplage. (i) Une première technique consiste à utiliser les réflexions en bout de guide pour former des franges Fabry Perot sur le spectre de transmission. L’injection peut se faire à partir d’une fibre monomode3 ou à partir de guides ridge spécialement désignés pour cela4. Les pertes de propagation dépendent alors directement de la largeur des résonances observées sur la transmission. (ii) Une deuxième solution consiste à comparer la transmission de guides de longueurs différentes 5,6. Avec l’hypothèse d’un couplage et d’une collection reproductible (ce qui est envisageable avec la technique utilisée), on s’affranchit des pertes de couplage mais aussi de l’évaluation du coefficient de réflexion en bout de guide. C’est cette méthode qui a semblé la mieux adaptée à la technique expérimentale utilisée. C’est donc celle qui a été choisie pour évaluer les pertes des guides W1 sur membrane d’InP. 101 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. II-1-2 Structures d’étude L’étude des pertes a été réalisée sur des guides de période 0.56µm disponibles avec trois longueurs différentes (20, 40, et 80 rangées) sur la même membrane (Figure 2). La longueur des guides joue un rôle important dans l’évaluation des pertes. La longueur doit tout d’abord ne pas être trop petite pour que les pertes de propagation en régime « stationnaire » soient significatives par rapport aux pertes de couplage. La longueur doit tout de même rester limitée pour que le signal transmis reste au dessus du niveau de bruit du système de détection. Guide 80 rangées Guide 40 rangées Réseaux Guide 20 rangées Figure 2: image en réflexion IR de la structure utilisée pour mesurer les pertes de propagation. Trois guides de respectivement 20, 40, 80 rangées sont disponibles avec des réseaux de découplage. Les résultats de transmission obtenus sur le guide le plus long ont déjà été présentés au chapitre 3, pour l’étude de la propagation. Ces mesures doivent être faites de manière fine pour assurer une bonne reproductibilité de couplage et de détection. Dans notre cas c’est l’échantillon qui est déplacé par rapport au faisceau pompe, suivant un des axe de réglage. Le filtre spatial est ensuite ramené sur le réseau de découplage. Les réglages sont ensuite affinés pour optimiser le signal détecté. Une reproductibilité des spectres avec une variation de l’ordre de 10% a été observée. 102 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. II-1-3 Résultats expérimentaux Les spectres obtenus pour ces guides sont présentés à la Figure 3. Quelques remarques peuvent d’ores et déjà être faites. Les modulations de période 30nm (déjà observées sur le guide de 80 rangées) sont visibles sur tous les spectres. Les modulations sont décalées pour le guide de 40 rangées car le réseau est à une distance légèrement différente des autres structures. C’est ce qui amène à l’intersection entre les courbes du guide de 40 et 80 rangées vers 1380nm. Intensité PL (u.a) 10 80 rangées 40 rangées 20 rangées 1 Figure 3 : spectres découplés pour des guides de différentes longueurs. 0.1 0.01 1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650 1700 λ (nm) 103 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique 1800 .. 40/80 20/80 1600 atténuation (cm-1) 1400 1200 1000 Figure 4 : atténuation des guides étudiés à partir des transmissions de la Figure 3. 800 600 400 200 0 1300 1350 1400 1450 1500 a/λ (nm) L’apparition progressive du mini-gap pour le mode fondamental (en Γ) est bien visible vers 1365nm ainsi que le creux vers 1450nm du aux pertes importantes du guide hors de la membrane. Les spectres obtenus pour les guides les plus courts sont ramenés au guide le plus long (pour qui le résultat est certainement le plus significatif) pour évaluer l’atténuation linéique en fonction de la longueur d’onde (Figure 4). La valeur de l’atténuation linéique α s’exprime très simplement à partir de la transmission T1 et T2 des guides de longueur L1 et L2 par α=1/(L2-L1)*Ln(T1/T2). Les valeurs diffèrent assez largement d’un spectre à l’autre, traduisant certainement plus les incertitudes de la méthode expérimentale que les inhomogénéités entre guides. On aboutit à des valeurs d’atténuation minimale pour le mode fondamental de 200-400cm-1 (9-18dB/100µm), pour la gamme 1350 nm< λ<1430 nm. Une atténuation importante est observée pour les fréquences du minigap (≈60dB/100µm ou 1600cm-1 ), mais comme je l’ai montré au chapitre précédent, cela ne correspond pas à des pertes supérieures hors de la membrane mais plutôt à la réflexion distribuée suivant l’axe du guide. Les fortes pertes verticales observées vers 1450nm se traduisent par une atténuation maximale d’environ 50dB/100µm. 104 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. II-2 Evaluation numérique des pertes Des études, menées en collaboration avec A.Morand du LEMO ont permis d’évaluer quantitativement les pertes de propagation du mode fondamental. Le LEMO disposait au moment de cette étude d’un outil de calcul 3D adapté des micro ondes à l’optique, la TLM, méthode qui devait pouvoir permettre le calcul des pertes du guide. Cette méthode est une méthode temporelle7 qui est très similaire à la méthode FDTD présentée au chapitre 2. La structure étudiée est similaire à celle étudiée expérimentalement au chapitre précédent. Les courbes de dispersion calculées au chapitre précédent ont permis l’excitation sélective du mode fondamental pour les fréquences de la bande interdite. La contribution des pertes de couplage sur les pertes totales est limitée en injectant le profil de champ récupéré après une première propagation le long de la structure (15 rangées). L’évaluation de la puissance présente dans le guide est réalisée en calculant le vecteur de Poynting dans des plans à différentes abscisses le long du guide. Le tracé du logarithme de la puissance P en fonction de l’abscisse permet de remonter au coefficient d’atténuation linéique α par la relation P = Po.exp(−αx) . Les pertes de propagation on été évaluées pour plusieurs fréquences de la branche du mode fondamental et ont abouti à des valeurs comprises entre 5 et 10 dB/100µm. La précision de cette méthode de calcul des pertes a été estimée à 3dB/100µm. L’étude du second mode « à fuite » de la bande interdite (le mode impair i1) a révélé des pertes verticales nettement supérieures au cours des premiers microns de propagation. Une évaluation plus quantitative de ces pertes n’a pas pu être faite en raison de la présence d’un autre mode impair sans pertes pour des fréquences similaires. Cet encadrement correspond assez bien avec les valeurs estimées expérimentalement (9-18dB/100µm). Cette correspondance dans les ordres de grandeur indique donc que les pertes évaluées expérimentalement pour le mode fondamental correspondent au moins autant aux pertes intrinsèques du guide parfait qu’aux rugosités et imperfections de la structure réalisée. Réduire les pertes du mode fondamental dans le cas d’une membrane passe donc autant (et certainement plus dans le cas d’une membrane) par un effort au niveau de la conception guide qu’à un effort technologique sur la qualité et l’homogénéité des trous. 105 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. II-3 Conclusions Les pertes linéiques mesurées pour le mode fondamental « à fuite » sont de l’ordre de 0.2dB/µm. Cette valeur est proche de la valeur intrinsèque à la géométrie du guide, qui a été évaluée par une méthode numérique, et tient donc peu aux imperfections de sa réalisation technologique. Les valeurs de pertes reportées dans la littérature restent encore rares et correspondent souvent à des structures très différentes les unes des autres (largeur du guide, géométrie verticale, mode à fuite ou non). La comparaison du résultat obtenu ici présente donc des limites qui seront discutées plus en détail à la fin de ce chapitre, mais permet de faire un premier point en terme d’applications de ces guides. Les valeurs les plus faibles reportées dans la littérature sont de l’ordre de 1dB/100µm4,16,5, soit environ un ordre de grandeur en dessous de la valeur trouvée ici. Une mesure indirecte des pertes d’une structure similaire à celle étudiée a permis d’obtenir une valeur majorée de l’ordre de 17dB/100µm. Cette valeur est en très bon accord avec la valeur trouvée précédemment. Ces niveaux de pertes sont environ 3-4 ordres de grandeur supérieurs à celui obtenu aujourd’hui sur les guides à faible confinement d’indice (quelques dixièmes de dB par centimètre) et environ un à deux ordres de grandeur supérieurs à ceux obtenus sur les guides à fort contraste d’indice8,9. Ils nécessitent de définir des champs d’applications différents reposant sur des guides limités à une dizaine de microns de long. Cette échelle de distance est largement suffisante pour réaliser des fonctions originales (comme le filtre « add-drop ») ou (et) nécessitant d’être intégrées sur de petites dimensions. Il est donc important de ramener ces pertes à l’échelle des dispositifs qui peuvent être réalisés avec cette technologie. Une réduction des tailles de 3 ordres de grandeur est possible par rapport aux technologies « faible contraste » et compense en partie les 3-4 ordres de grandeur sur les pertes linéiques. L’optimisation de ces guides n’est, en plus, qu’à ses tous débuts. La comparaison avec les systèmes réfractifs à fort contraste (notamment air/silicium) est moins avantageuse, notamment en terme d’intégration et de simplicité de conception (ce n’est évidemment pas un hasard si la micro photonique silicium est un thème prioritaire par le MIT 1). La meilleure tenue aux rugosités5 et la plus grande diversité des résonateurs accessibles avec les bandes interdites omnidirectionnelles peuvent permettre, à plus long terme, de renverser cette tendance. 1 http://web.mit.edu/mphotonics/www/ 106 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique • .. III Origine des pertes au dessus du cône de lumière. Le but de cette étude est, d’une part, d’éclaircir l’origine de la différence de pertes verticales entre le mode fondamental et le mode impair présent dans le cône de lumière. Il s’agit en second lieu de préciser des approches qui sont ou qui peuvent être utilisées pour réduire les pertes verticales du mode fondamental, lorsque celui ci apparaît dans le cône de lumière. III-1 Origine des pertes L’origine des pertes des modes guidés tient, schématiquement, à leur position dans le fameux cône de lumière du substrat. Nous sommes revenus à l’origine de cette position pour mieux comprendre ses conséquences sur les pertes verticales qui apparaissent dans ce cas. III-1-1 Le diagramme de dispersion réduit à la première zone de Brillouin Il s’agit de partir de la courbe de dispersion schématique d’un guide classique non périodique. Je ne considère par simplicité que la branche du mode fondamental, pour une constante de propagation β0 . Je représente le cône de lumière correspondant au substrat qui représente tous les couples ω(k) qui permettent une propagation dans ce milieu. Les processus de diffraction de ce mode par des motifs périodiques placés le long du guide peuvent être schématiquement décrits dans l’espace réciproque (l’espace des vecteurs d’ondes). L’onde initiale, de constante de propagation β0, est diffractée sur une série d’ordres de constante de propagation k m=β0 ±2mπ/a, où m est un entier et a la périodicité spatiale des motifs. Ce processus est décrit à la Figure 5. 107 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. ω=(c/ns).kx x ω Cône de lumière du substrat d’indice ns ∆k=2π/a ∆k=2π/a ∆k=2π/a Composante à pertes 0 courbe de dispersion du mode fondamental d’un guide symétrique non périodique 2π/a β0 kx Figure 5 : diffraction d’un mode sur les multiples ordres de Bragg d’un guide périodique. Une diffraction à l’ordre +1 correspond à une diffraction du mode vers une constante de propagation k1=β0 +2π/a. L’énergie guidée, initialement propagée via un mode de constante de propagation β0 dans un guide non périodique, peut être répartie sur une série d’ordres km satisfaisants : km= β0 ±2mπ/a (Figure 5). On voit bien d’après la figure que c’est cet effet de diffraction qui rend le mode fondamental à fuite, en ramenant, par un processus de diffraction à l’ordre –1, de l’énergie sur une composante située dans le cône de lumière. Le mode présente toutefois d’autres composantes qui sont, elles, en dehors du cône de lumière et qui permettent la transmission d’énergie sans couplage avec le continuum radiatif. Un mode d’un guide périodique est donc constitué d’une série de composantes couplées les unes aux autres par la périodicité du guide et seule la composante présente dans le cône de lumière constitue un réservoir capable d’alimenter les pertes verticales. Si la connaissance de la seule composante du mode sur l’intervalle [-π/a, π/a] est suffisante pour décrire les propriétés de dispersion du guide, la connaissance du couplage entre toutes les composantes est nécessaire pour comprendre les propriétés de transport dans le guide, mais aussi de couplage vers d’autres défauts (guides, cavités). 108 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. III-1-2 Analyse des modes de W1 en kx =0 Lorsque β0 =0, une relation très simple relie les composantes de champ U : U(x+a,y)= U(x,y) (1) Ceci permet, suivant l’axe x, une décomposition directe du champ en série de Fourier sur une base d’onde plane ⎨km=2mπ/a, m un entier⎬. Pour le champ Hz, cette décomposition s’écrit : ∞ Hz(x, y)= ∑ Am(y).exp(i.km.x) (2) m =0 où Am(y) représente l’amplitude de l’onde plane de vecteur d’onde km. Dans cette base, seule la composante de Fourier k0 =0 correspond à une onde plane située dans le cône de lumière et représente directement la composante à fuite du mode guidé. Extraire cette composante β0 =0 permet d’appréhender simplement la physique des pertes verticales. C’est donc en ce point qu’a été extraite l’amplitude des différentes composantes k m= β0 ±2mπ/a. Ceci a été fait pour les deux modes présents dans la bande interdite : le mode fondamental et le premier mode impair. Les cartes de champs utilisées pour cette décomposition sont celles obtenues par FDTD périodique sur une période du guide W1. Les paramètres du guide considéré sont les mêmes que ceux utilisés pour l’approche du chapitre précédent (indice effectif de 2.6 et facteur de remplissage en air de 0.5). Les résultats des transformées de Fourier suivant l’axe x sont présentés à la Figure 6. fuite km (2π/a) (a) 109 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. fuite km (2π/a) (b) fuite km (2π/a) (c ) Figure 6 : amplitudes Am(km) pour les modes i1(a), p0- (b), p0+ (c) présents dans la bande interdite en centre de zone. Les champs, ainsi que les amplitudes A m pour les modes présents dans la bande interdite en kx =0, sont présentés à la Figure 6. Une comparaison plus quantitative de ces distributions peut être réalisée en calculant les ratios : y max ∫ A (y)dy 2 m Qm = − y max y max ∞ ∑ ∫ A (y)dy (3) 2 m m = 0− y max où y max représente les limites du domaine de calcul du champ suivant y. En pratique, les intensités pour m≥10 représentent moins de 0.001% de 110 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. l’intensité totale et j’ai donc limité le calcul à m≤10. Le Tableau 1 résume les résultats obtenus pour les trois modes présents en gamma. Q0 Q1 Q2 Q3 I1 0.953 0.043 0.0023 0.0004 P0 -(Γ) 0.17 0.823 0.0072 0.0006 P0 +(Γ) 0.02 0.96 0.01 0.002 Tableau 1 : décomposition en ondes planes des modes en Γ. On peut remarquer que le champ du mode fondamental se répartit principalement sur la composante k1 =2π/a alors même que le diagramme de dispersion réduit ne considère que la composante k0 =0 pour décrire le mode. A l’inverse, le spectre obtenu pour le mode impair est à l’opposé de celui obtenu pour le mode fondamental puisque sa composante majoritaire est la composante fuyante k 0 =0.Ce résultat était assez prévisible lorsque l’on regarde la modulation du champ Hz pour le mode fondamental et pour le mode impair (Figure 6). La période spatiale du champ est en effet très similaire à la période du guide dans le cas du fondamental, alors qu’une très faible modulation du champ apparaît le long de l’axe de propagation pour le mode impair. Ceci avait été déjà observé dans l’analyse préliminaire et permet également d’expliquer la plus faible sensibilité du mode fondamental à la largeur du guide10. Le réservoir d’énergie guidée qui peut être couplée vers l’air est donc plus faible pour ce mode fondamental que pour le mode impair i1 . Ces résultats vont dans le sens des observations numériques et expérimentales qui indiquaient des pertes vraisemblablement limitées pour le mode fondamental comparativement aux pertes du mode i1 . On peut également noter que la levée de dégénérescence en gamma pour le mode fondamental génère deux modes qui n’ont pas la même répartition sur les différentes composantes. Le mode de plus basse énergie présente une contribution, pour k0 =0, 100 fois plus importante que le mode de plus haute énergie. Ceci s’explique par la distribution du champ du mode de plus faible énergie : le champ pénètre plus dans les veines de diélectrique qui bordent le guide et interagit donc plus avec la corrugation. Cette observation illustre clairement la forte dépendance avec la corrugation de la diffraction à l’ordre -1. Cette « infiltration » du champ dans les veines de diélectrique disparaît toutefois rapidement lorsque l’on choisit un mode non dégénéré plus éloigné du centre de zone. 111 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. Cette analyse de Fourier montre que l’interaction des modes guidés avec la corrugation du guide reste, dans notre cas, relativement faible malgré le fort confinement du champ : ces modes guidés conservent des propriétés de propagation très proches de celles qu’ils auraient dans un guide non corrugué (k0 =0 pour le mode impair, et k1 =2π/a pour le mode fondamental). Cette tendance doit être encore plus marquée pour des guides plus larges, où le champ électromagnétique interagit moins fortement avec la corrugation. En terme de potentiel de fuites verticales, une distinction nette doit donc être à priori faite entre les modes de W 1 (ou plus généralement Wn ) présents dans le cône de lumière à partir d’un repliement de bande et les autres modes. L’harmonique du mode replié situé dans le cône de lumière présente un potentiel de fuite beaucoup moins important que celui d’un mode qui est originellement à fuite dans un système non corrugué. Ceci est un premier point qui éclaircit la transmission significative observée expérimentalement, après 45µm, pour les fréquences correspondant à ce mode fondamental. Il est d’autre part important de noter que cette distribution sur les composantes k m ne trouve origine que dans la périodicité suivant l’axe du guide. Réduire encore l’amplitude de la composante située dans le cône de lumière à partir de la géométrie planaire du guide peut constituer une voie pour diminuer les pertes de propagations verticales du mode fondamental. L’influence de la géométrie du guide sera envisagée par la suite de manière simple (et accessible d’un point de vue technologique). Cette analyse permet en outre de comprendre l’excellent couplage observé expérimentalement et numériquement entre un guide réfractif classique de largeur similaire au guide Wn 1,4,11 (supérieur à 98% pour Qiu et al. Avec un guide de type W3). Plus généralement, cette analyse de Fourier peut être un outil intéressant pour appréhender qualitativement, et peut être même quantitativement, le couplage d’énergie d’un guide vers d’autres dispositifs guidants de géométries différentes ou avec des cavités à cristaux photoniques. Je reviendrai sur ce point lors de l’étude expérimentale de couplage avec une cavité. Un dernier point consiste à remarquer qu’une méthode de type ondes planes est évidemment la méthode naturelle pour obtenir l’amplitude de ces composantes de Fourier. 112 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. III-2 Discussion sur la réduction des pertes verticales dans W1. III-2-1 Introduction Deux approches sont possibles pour réduire les pertes verticales des guides à cristaux photoniques. La première approche vise à utiliser des modes situés sous le cône de lumière correspondant au substrat. Ces modes ne peuvent pas donner lieu à une diffraction de Bragg vers ce substrat et sont en théorie sans pertes verticales. L’apparition de ces modes est favorisée par le choix de substrat de faible indice. Plusieurs approches ont été envisagées, allant du report de membrane semi-conductrice sur verre12 des guides d’AlGaAs sur AlOx 13, jusqu’aux membranes suspendues (silicium ou InP)14,15,16. De multiples défauts linéiques permettent d’obtenir un ou plusieurs modes sous le cône de lumière et dans la bande interdite17 d’un cristal hexagonal de trous sur guide d’ondes. Dans la plupart des défauts de type W1 envisageables (et plus particulièrement une rangée de motifs manquante), nous avons vu que plusieurs modes apparaissaient sous le cône de lumière et dans la bande interdite. Ces modes sans pertes sont toutefois restreints à d’étroites gammes de fréquences (60nm au mieux dans le cas du guide étudié au chapitre précédent) et présentent de fortes dispersions. Leur position en fréquence est de plus sensible à la taille et la forme des trous . Dans le cas d’une omission totale des motifs, le mode fondamental n’apparaît en général que peu dans la bande interdite et sous le cône de lumière (pour la partie repliée en bords de zone). Une transmission sur environ 100nm de largeur spectrale a toutefois été observée très récemment par Baba et al. sur membrane de silicium . La transmission a été attribuée à un mode sous le cône de lumière ( donc en principe sans pertes). Des pertes d’environ 0.01dB/µm ont toutefois été mesurées. Cette valeur n’est finalement que dix fois plus faible à celle trouvée dans ce travail pour le mode fondamental dans le cône de lumière. Ce point de comparaison me paraît particulièrement intéressant étant donné la grande similitude de nos structures avec celles présentées par Baba et al. Cette valeur obtenue montre certainement quel niveau de perte on peut attendre aujourd’hui des imperfections technologiques de ces guides. Pour ces modes, ce sont certainement les écarts à la périodicité qui génèrent ces pertes. Des études théoriques manquent toutefois sur ce sujet. Ces modes sont fortement influencés par le bord de zone de Brillouin et présentent généralement une forte dispersion chromatique amenant à des vitesses de groupe faibles. Les pertes de couplage (par réflexion ou couplage 113 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. sur des modes à fuites) à partir d’un dispositif présentant de plus faibles dispersions (guide à contraste d’indice, ou fibre) peuvent donc être importantes, et représentent, en quelque sorte, le prix à payer pour une propagation sans pertes cohérentes18. Ces modes sont les meilleurs candidats pour des propagations sur de longues distances (i.e quelques millimètres, et sans tenir compte de leurs plus faibles vitesses de groupe), ou pour des systèmes tous cristaux photoniques (source, routage, détection). Le choix du guide doit toutefois être judicieux 13 pour éviter la présence aux mêmes fréquences des modes à fuites de plus bas ordre comme le mode fondamental. Pour des dispositifs mixtes incluant des parties cristaux photoniques de quelques dizaines de périodes seulement, les pertes du couplage depuis (vers) un système guidant différent pourraient devenir prépondérantes. Les études numériques manquent sur ce point. Une autre voie pour réaliser des fonctions de guidage le long de W1 consiste à utiliser les modes à fuites comme le mode fondamental, tout en choisissant une géométrie de guide qui minimise le couplage d’énergie guidée vers le substrat. Cette approche « à pertes limitées » est, à priori, celle choisie lorsque le substrat est de fort indice, puisque dans ce cas, le cône de lumière couvre presque totalement la bande interdite. Les zones de fréquences où les modes sont sans pertes sont, par conséquent, très étroites. Des études sur de telles structures à faible confinement vertical ont largement démontré la présence de pertes limitées le long de guides à cristaux photoniques4, 5. Ces pertes sont même du même ordre de grandeur que celles d’un mode localisé sous le cône de lumière (≈1dB/100µm). Même si les structures sont assez différentes (notamment par la largeur de guide), cela valide cette approche « pertes limitées » et encourage à son développement, notamment pour le guide W1 qui présente une large gamme monomode. III-2-2 Réduction des pertes de W1 III-2-2-1 Réduction de la composante à fuite Diminuer le couplage de la composante majeure du mode fondamental vers la composante à fuite passe par une diminution de l’interaction du mode avec la corrugation du guide. Ceci peut se faire simplement en augmentant la taille des motifs circulaires qui bordent la ligne de défauts ou bien en modifiant leur forme. Je présente à la Figure 7 le calcul des rapports Qm pour les trois modes présents en gamma, et pour différents rayons R de motifs bordant le guide. La modification de la taille des motifs joue sur la largeur moyenne du guide ainsi que sur sa corrugation. Le rayon de base du cristal photonique est de 0.21µm pour une période de 0.56µm (f=0.5). L’indice effectif de la membrane est toujours pris à 2.6. 114 .. Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique R1=0.27 1 1 1 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 R=0.27 0.6 0.7 R=0.25 0.6 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0 1 2 3 4 5 0.1 0 6 0 1 2 3 4 5 6 1 1 1 1 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 R=0.19 0.6 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 2 3 4 5 4 5 6 R=0.15 0.1 0 0 6 3 0.6 0.5 1 2 0.7 R=0.17 0.6 0.5 0 R=0.23 0.6 0.5 1 2 3 4 5 1 6 2 3 4 5 6 mode impair i1 1 1 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 0.8 R=0.27 0.7 0.6 0.7 R=0.25 0.7 0.6 R=0.23 0.6 0.5 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.2 0.2 0.1 0.1 0.3 0 0.2 0.1 0 1 2 3 4 5 6 0.8 0 1 2 3 4 5 6 1 0.7 0.7 R=0.19 3 4 5 6 0.7 0.6 0.6 2 0.6 R=0.17 0.5 R=0.15 0.5 0.5 0.4 0.4 0.3 0.3 0.2 0.2 0.4 0.3 0.2 0.1 0.1 0 0.1 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 mode fondamental p 0 21 1 1 0.9 0.9 0.9 0.8 0.8 R=0.27 0.7 0.8 R=0.25 0.7 0.6 0.6 0.5 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0 0 1 2 3 4 5 6 0.1 0 1 2 3 4 5 6 1 1 1 1 0.9 0.9 0.9 R=0.19 0.8 R=0.17 0.8 0.7 0.7 0.6 0.6 0.6 0.5 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.2 0.1 0.1 0 0 2 3 4 5 6 2 3 4 5 6 R=0.15 0.8 0.7 1 R=0.23 0.7 0.6 0.1 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 mode fondamental p0 2+ Figure 7 : Intensité Qm des composantes de Fourier pour les modes en gamma, en fonction du rayon des premiers motifs. 115 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. Plusieurs remarques sont à faire à partir de ces résultats. On remarque tout d’abord que le mode p0 est le mode dont la répartition sur les composantes de Fourier varie visiblement le plus en fonction du rayon des premiers motifs. La répartition du mode impair varie, elle, peu, avec ce paramètre. Le mode impair présente originellement une forte composante k0 =0 qui interagit moins avec la corrugation présente suivant l’axe du guide. Une variation de cette corrugation n’aura donc que peu d’effet sur la répartition sur les composantes de Fourier, mais induit un changement important en énergie. Inversement, on a vu que l’influence de la corrugation sur la fréquence du mode fondamental pair restait faible. On voit ici que cela se fait en partie grâce à un changement de répartition de l’énergie guidée sur les différentes composantes de Fourier plus net que pour le mode i1. Il apparaît clairement qu’un transfert vers des composantes de Fourier plus grandes est favorisé lorsque la largeur moyenne du guide diminue (trous plus gros) alors qu’un transfert vers la composante k0 =0 est favorisé lorsque la largeur du guide augmente (trous plus petits). Pour le mode p0 2-, la grandeur Q0 passe ainsi de 5% lorsque la corrugation est affaiblie (R=0.27µm) à 50% lorsqu’elle est renforcée (R=0.15µm). Pour le mode p0 +, cette variation est même plus grande puisque Q0 passe de 0.1% à 3.5% pour la même variation de taille de motif. La distribution de Fourier du mode fondamental est donc très sensible au facteur de remplissage. Un fort facteur de remplissage apparaît comme favorable à la réduction de la composante fuyante du mode fondamental. Un choix de rayon R=0.482a, au lieu de 0.268a, permet une diminution respective d’un facteur 35 et 10 des composantes à fuite des modes p0 2+ et p0 2-. Le rôle de la corrugation dans les pertes verticales de W1 peut encore être illustré en modifiant la forme des premières rangées de motifs, par exemple en les remplaçant par des lignes uniformes. Je présente à la Figure 8 les facteurs Qm obtenus lorsque deux rangées de motifs ont été remplacées par ces motifs uniformes suivant l’axe de propagation. On obtient alors un facteur Q0 de 0.2% contre près de 50% lorsque des motifs circulaires de faibles dimensions sont pris. L’énergie guidée est alors majoritairement transportée par la composante k1 (avec plus de 99%). 116 .. 8 8 6 6 6 4 4 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 4 2 2 2 0 0.0 Y (µm) 8 Y (µm) Y (µm) Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique 0 0.0 0.2 0 0.0 0.4 0.1 0.2 Qm Qm 1 1 0.9 0.9 0.8 0.8 0.7 0.7 0.6 0.6 0.5 0.5 0.4 0.4 0.3 0.3 0.2 0.2 0.1 0.1 0.3 0.4 0.5 X (µm) X (µm) X (µm) Qm 0.7 R=0.482a R=0.268a 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 1 2 3 m 4 5 6 0 0 1 2 3 4 5 6 1 2 3 m 4 5 6 m Figure 8 : Intensités Qm pour le mode p02- en fonction du rayon R et de la forme des premiers motifs. III-2-2-2 Couplage de la composante à fuite : influence du substrat L’analyse de Fourier dans le plan de la membrane a permis d’évaluer la proportion d’énergie guidée qui peut être couplée en dehors de la membrane. L’analyse réalisée reste toutefois une analyse 2D qui ne prend pas vraiment en compte la direction verticale (aucune composante k z n’étant prise en compte), et n’indique donc pas quelle fraction γ de cette énergie disponible est réellement rayonnée dans le substrat. Ce rayonnement des structures en géométrie de guide d’ondes dépend largement de la géométrie verticale et notamment de la profondeur des motifs 19,20,21. Ce rayonnement dépend également de la taille des motifs qui permettent la diffraction du mode guidé. La symétrie du système est un dernier paramètre qui peut inhiber ce couplage d’énergie en dehors du plan de la couche guidante22. L’intensité de la composante fuyante obtenue par un calcul 2D doit donc plutôt être considérée comme un réservoir d’énergie disponible, mais pas nécessairement utilisée. Les pertes finales du mode dépendraient alors naïvement du produit γ.Qfuite (où Qfuite représente l’intensité de la composante de Fourier du mode guidé situé dans le cône de lumière du substrat). Ce déficit d’énergie de la composante à fuite serait évidemment constamment rééquilibré par les processus de diffraction au sein du guide (ceux-ci permettant de satisfaire à la distribution correspondant au mode guidé). L’intensité de la composante à fuite du mode guidé (Qfuite) est un paramètre important pour le taux de pertes verticales. Le taux couplage γ de ce 117 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. réservoir vers l’air en est bien sûr un autre. Ils représentent toutefois deux leviers assez différents puisque le taux de couplage dépend plus de la géométrie verticale que de la géométrie planaire du guide. Ce taux γ est, en fait, fortement lié à la diffraction du champ électromagnétique par un seul motif. La dépendance de ce rayonnement avec les paramètres géométriques et optiques de la structure a déjà fait l’objet d‘études précises à partir d’approches perturbatives23,24,25. J’en rappelle ici les principaux résultats. Deux processus majeurs de diffraction du champ électromagnétique par un motif ont été identifiés. Je les ai représentés schématiquement à la Figure 9 . Le premier correspond à la diffraction du mode guidé sur les motifs de plus faible indice. Plus la condition de guidage vertical sera faible, moins le champ aura tendance à diffracter sur un motif. Une manière de réduire cet effet consiste à réduire la longueur du motif pour permettre un meilleur couplage de l’énergie diffractée sur le mode guidé26,27. Une estimation analytique de l’énergie radiée met en évidence une dépendance quadratique avec le volume du motif de faible indice . Une dépendance quadratique avec la différence de constante diélectrique εg -εs apparaît également. Le cas de la membrane est, vis à vis de ce processus et en terme de pertes verticales, le plus défavorable. La taille finie de ces motifs engendre un second processus de diffraction du champ par la discontinuité que constitue la limite du motif. L’énergie radiée augmente de manière quadratique avec la différence de constante diélectrique εg -εm . Elle augmente également avec la quantité d’énergie véhiculée à des profondeurs supérieures à celles de la limite du motif . Une gravure sur une profondeur au moins égale à celle du mode guidé est nécessaire pour minimiser ces pertes. εm εs εm εg εg εs εs Figure 9 : processus de diffraction du mode guidé en dehors de la couche guidante de constante diélectrique εg (avec εg > εs > εm ). 118 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. On voit là une voie de convergence : plus la condition de guidage verticale sera faible, plus la diffraction du mode guidé par le motif sera faible (donc positif du point de vue des pertes), mais plus l’étendue de la gravure verticale du motif devra être grande, et ceci pour deux raisons : tout d’abord parce que l’étendue verticale du mode guidé sera plus importante, et ensuite parce que l’efficacité de diffraction par la limite du motif sera plus efficace (∝(εm-εs)2). Les pertes seront d’autant plus faibles que les profondeurs de gravure permettront de réduire la force du guidage vertical. Il faut donc raisonner en terme de profondeur de gravure disponible. Pour de faibles profondeurs de gravure (0.3µm par exemple), il est certainement plus favorable de choisir une membrane, qui permet un fort confinement vertical du champ et permet d’avoir la condition εm-εs=0. Pour de plus fortes profondeurs , il est bien difficile de trancher « ad hoc » sans faire une modélisation de la structure, même 2D. Dans le cas du guide W1, le choix du facteur de remplissage n’est pas vraiment clair. J’ai indiqué qu’un fort facteur de remplissage allait avec la réduction de la composante fuyante du mode fondamental. Ceci va à l’inverse de la réduction du processus de diffraction vertical. Peu de données expérimentales sont disponibles aujourd’hui sur l’évolution des pertes avec le facteur de remplissage des structures. Une diminution des pertes avec la diminution du facteur de remplissage a été récemment observée pour des guides W3 sur le système InP. Pour W3, Il semble donc que la réduction de γ l’emporte sur l’augmentation du facteur Q0. Il n’est toutefois pas évident que cette tendance perdure dans le cas de guides à cristaux photoniques plus étroits que W3 où l’interaction du mode guidé avec la corrugation sera plus forte. • IV Conclusions La technique de caractérisation utilisée au cours de ce travail a permis une mesure directe des pertes d’un guide de type W1 sur une membrane d’InP. Les pertes du mode fondamental ont été évaluées expérimentalement aux alentours de 10-20 dB/100µm. Cette valeur a été trouvée proche des pertes « intrinsèques ». La diminution des pertes de ce mode passe donc plus par une modification de la géométrie (planaire et verticale) du guide que par une amélioration de la qualité de sa réalisation. Ces pertes de propagation restent acceptables à l’échelle des dimensions des dispositifs envisagés ( une dizaine de microns) et sachant qu’aucune optimisation n’a été réalisée. L’origine des pertes des modes localisés dans le cône de lumière a été éclaircie à partir d’une analyse de Fourier. Cette analyse a montré que la faible interaction des modes guidés avec la corrugation du guide était en partie responsable des pertes verticales limitées de la branche fuyante du mode 119 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. fondamental et du couplage efficace avec des guides diélectriques « réfractifs » de largeurs similaires. Les données expérimentales et le savoir faire technologique ne permettent pas aujourd’hui de définir une approche unique pour limiter les pertes des guides à cristaux photoniques. Ce pourrait être un constat d’échec. Ceci permet pourtant de pouvoir encore faire un choix en terme de fonctionnalité de ces guides. Quelques tendances peuvent, de ce point de vue, être définies. L’approche « faible guidage vertical+motifs profondément gravés » est certainement favorisée pour les dispositifs de routage classiques (réflexion totale) incluant des guides à cristaux photoniques comme structure d’accès vers une fonction originale réalisée dans le même cristal. La branche repliée du mode fondamental devrait relativement bien convenir à ce type d’applications. L’approche « fort contraste vertical » (mode sous le cône de lumière) pourrait être plus intéressante pour les dispositifs actifs, intégrant, dans un même cristal, sources cohérentes, dispositifs de routage planaire, détecteurs. 120 Chapitre 4 : pertes de propagation le long d’une ligne de défauts dans un cristal photonique .. BIBLIOGRAPHIE 1 ADIBI, A., XU, Y., LEE, R. K., YARIV, A. Properties of the slab modes in photonic crystal optical waveguides. Journal of lightwave technology, 2000, vol 18, n° 11, p 1554-1564 2 TOKUSHIMA, M., KOSAKA, H., TOMITA, A., YAMADA, H. 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L’utilisation de ces guides reste donc limitée pour l’instant, même sur des portions droites, à quelques dizaines de périodes tout au plus. Leur intérêt majeur repose donc peut être plus aujourd’hui sur leurs propriétés spécifiques (forte dispersion des modes en bord de zone, faible vitesse de groupe), sur la porte d’entrée naturelle qu’ils offrent vers d’autres dispositifs à cristaux photoniques performants, plutôt que sur la réalisation de circuits optiques tous cristaux photoniques. Les études menées sur les micro cavités 2D à cristaux photoniques ont montré que des modes de coefficients de qualité supérieurs à 1000 pouvait être obtenus pour des dimensions de cavité de quelques microns, et que les propriétés modales (coefficient de qualité2, fréquences3,4) pouvaient être contrôlées assez finement à partir de la géométrie. Des lasers de dimensions microniques 5, voire même sub-microniques6,7 ont été obtenus par pompage pulsé, optique et électrique. Les guides à cristaux photoniques représentent une voie naturelle pour coupler ces micro cavités à des circuits optiques planaires. Plusieurs voies de couplage sont envisageables (Figure 1) : 124 (i) Une première voie consiste à juxtaposer la cavité parallèlement au guide pour aboutir à une interaction latérale du (des) mode(s) de cavité avec le (les) mode(s) du guide. Ce couplage permet d’extraire une ou plusieurs fréquences se propageant dans le guide. Ces fréquences peuvent ensuite être redirigées, de manière directive ou non directive, vers un second guide également juxtaposé à la cavité. Des applications de type routeurs en longueur d’onde sont alors possibles. (ii) Une seconde voie consiste à réaliser le couplage par l’extrémité du guide en introduisant la cavité sur l’axe du guide, à quelques motifs de son extrémité. La plupart des longueurs d’ondes guidées seront réfléchies à cette extrémité, sauf quelques unes, qui seront couplées à la cavité. Cette approche permet plutôt de réaliser des dispositifs de type Fabry Perot (si un second guide est placé face à la cavité) Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Ces deux approches peuvent également être utilisées pour coupler une raie laser d’une micro cavité vers un guide ou, au contraire, pour réaliser des fonctions de détection résonnante. λ1, λ2, λ3 λ2 , λ3 guide Couplage latéral Cavité λ1 λ1 guide Figure 1 : dispositifs passifs et actifs associant guide et cavité d’un même cristal photonique λ1 , λ2 , λ 3 guide λ2, λ3 λ1 Cavité λ1 guide Couplage frontal La plupart des études menées sur ce thème restent théoriques et numériques8,9,10 et peu d’études expérimentales ont mis en évidence un couplage entre une cavité et un guide réalisés dans le même cristal photonique 2D. Elles ont été réalisées, pour la plupart, en géométrie de guide d’ondes et avec des configurations de couplage latéral 11,12 ou frontal (pour faire un virage13). Une dernière étude a été très récemment reportée en technologie « macroporeux » sur l’étude d’un filtre Fabry Perot14. La technique de caractérisation semblait tout à fait adaptée à l’étude de ces structures « guide+cavité » sur membrane et c’est dans ce contexte que nous nous sommes intéressés à cette problématique du couplage. • II- Dispositif de type « routeur » II-1 Structure d’étude La structure d’étude consiste en un guide W1 auquel a été juxtaposé une cavité de forme quasi rectangulaire (Figure 2). Cette structure a été conçue et réalisée au LEOM dans le but de mettre en évidence un couplage entre les deux objets. La technique de PL diffractée disponible au LEOM avait mis en évidence une disparition de certaines résonances de la cavité lorsque le guide était juxtaposé, suggérant qu’un couplage d’énergie vers le guide avait lieu pour ces fréquences. Il n’était cependant pas possible avec cette technique de vérifier que l’énergie avait bien été couplée au guide. C’est dans ce but 125 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D que la technique de caractérisation par PL guidée/découplée a été appliquée à ces structures. II-1-1 Structure planaire Le cristal photonique de base est le même que celui étudié précédemment : c’est un cristal hexagonal de période a=0.56µm. Le facteur de remplissage en air de la structure présentée ici est toutefois un peu plus faible que pour les structures étudiées précédemment (de l’ordre de 0.35). membrane « Active » membrane « Passive » –InAsP sous gravé C y E G S Figure 2 : schéma de la structure réalisée dans le plan de la membrane. x Un guide similaire à ceux étudiés précédemment (guide de type W1 suivant la direction ΓK) a été réalisé sur toute la longueur du cristal (50 périodes). Une cavité a été placée à proximité du guide (3 rangées de séparation), à mi chemin entre l’entrée et la sortie. La cavité choisie est presque rectangulaire et relativement large pour permettre l’existence d’un grand nombre de modes. Ceci augmente les possibilités de couplage avec le guide mais rend bien évidemment l’attribution des modes beaucoup plus difficile que dans le cas d’une cavité plus petite. La forme de la cavité avait été choisie pour inhiber les modes similaires aux modes « whispering gallery » qui sont recherchés dans les cavités de type microdisque15 . II-1-2 Structure verticale La structure verticale est très similaire aux structures verticales utilisées précédemment (même composition nominale des couches) si ce n’est l’épaisseur de la couche sacrificielle, fixée à 126 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D 1.16µm (3λ/4) au lieu de 1.93µm(5λ/4). L’étape de sous gravure a été choisie suffisante pour réduire fortement l’absorption du guide W1 sans toutefois permettre d’inactiver totalement la grande cavité (Figure 2). Ceci permet ainsi d’obtenir une structure qui peut n’être excitée efficacement que de l’extérieur du guide (point E), ou à partir de la cavité (point C). La technique de PL diffractée utilisée au LEOM ne nécessitait pas la gravure de réseau de découplage : j’ai donc utilisé le laser de pompe pour percer la membrane à une extrémité du guide (sortie S) et avoir ainsi un accès à la transmission du guide. Une image infra rouge (Figure 3) de la membrane montre le résultat, finalement acceptable, de cette opération. Une structure similaire mais sans guide W1 a également été réalisée sur la même membrane. Trou percé cavité Figure 3 : image en réflexion infra rouge de la structure. On distingue en noir les dispositifs (cavité/guide et cavité seule) réalisés dans deux matrices de cristal photonique On distingue le trou percé grâce au faisceau pompe en face d’une des extrémités du guide. Guide W1 Cristal photonique 127 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D II-2 Résultats expérimentaux II-2-1 Excitation de la cavité Je présente dans un premier temps l’analyse des pertes verticales de la cavité non couplée (pas de guide W1 juxtaposé) lorsque celle ci est pompée directement par le laser (Figure 4). Comme attendu, de nombreux pics de résonance apparaissent avec des facteurs de qualité allant jusqu’à 1000. Des simulations FDTD confirment la présence de nombreuses résonances mais une attribution claire des différentes composantes n’a pu être obtenue. cavité seule intensité de PL(u.a) 1.0 0.5 0.0 1450 1500 1550 λ (nm) 1600 Cristal photonique Cavité (b) (a) Figu re 4 : analyse spectrale des pertes verticales de la cavité seule (a), et image infra rouge correspondante (b). Des mesures similaires ont été réalisées sur la structure associant le guide à la cavité. Le spectre obtenu est présenté à la Figure 5, en comparaison avec le spectre de la cavité seule. On retrouve un spectre présentant les mêmes composantes, mais décalées vers les hautes longueurs d’onde. Chaque pic de la cavité couplée peut facilement être associé à un pic de la cavité seule. Le décalage spectral va dans le sens du « dé-confinement » des modes de la cavité et est un signe du couplage guide-cavité. Il est toutefois délicat de comparer ici de manière quantitative les intensités des pics, très sensibles au positionnement du pompage et de la détection. 128 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Les largeurs à mi–hauteur des pics obtenus ne varient quasiment pas de la structure couplée à la structure non couplée. Le facteur de qualité Q dépend des processus de décroissance de la cavité (pertes vers l’air, couplage au guide, réabsorption, pertes latérales au travers des miroirs). Chaque processus présente un temps caractéristique de décroissance τ . Dans le cas de la cavité seule, le facteur de qualité peut s’exprimer par : Q1 -1 =Q-1air+Q-1réabsorption+ Q-1 pertes miroirs avec Qair=ωr.τ air, Qréabsorption=ωr.τ réabsorption, …et ωr est la pulsation de la résonance considérée. Pour le guide couplé, le facteur de qualité devient Q2 . En considérant que les autres processus ne sont pas affectés par la présence du guide (ce qui est certainement d’autant plus valable que la cavité est grande), le facteur Q2 s’écrit : Q2 -1 =Q1 -1 +Q-1guide. Pour la plupart des modes observés, Q2 ≈Q1 . Le facteur de qualité des résonances observées est donc principalement limité par les pertes verticales vers l’air et la réabsorption (les pertes aux travers des miroirs sont vraisemblablement négligeables pour les fréquences de la bande interdite). intensité de PL(u.a) 2.0 cavité seule cavité couplée 1.5 1.0 0.5 0.0 1450 1500 1550 1600 λ (nm) Figure 5 : spectre de la cavité couplée, en comparaison avec celui de la cavité isolée. Le pompage est effectué dans la cavité. 129 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D II-2-2 Excitation du guide couplé Dans cette expérience, le faisceau pompe est focalisé à l’entrée du guide et permet d’exciter majoritairement les modes pairs du guide. Deux types de mesures sont réalisés. Le premier consiste à collecter les pertes verticales de la cavité, pour savoir si de l’énergie a été couplée du guide à un ou plusieurs de ses modes résonnants. Le signal obtenu est dominé par un pic centré sur 1470nm (Figure 6) et d’environ 5nm de largeur à mihauteur (Q≈270). Ce pic sera dénommée M1 par la suite. On distingue également un autre pic, moins intense, vers 1485nm. Ces deux pics correspondent parfaitement aux pics observés lors de l’excitation « directe » de la cavité. Il est important de noter que les modes observés correspondent à des modes couplés à partir du guide et qui présentent des pertes vers l’air suffisantes pour être détectées. Intensité de PL 0.4 M1 0.8 0.3 0.6 Detection sur E Detection sur C 0.2 0.1 1400 0.3 Figure 6: transmission du guide (continu) et pertes de la cavité (tirets) lorsque le pompage optique est localisé à l’entrée du guide. 0.1 1450 1500 λ (nm) 1550 1600 Le second type de mesure consiste à collecter les pertes verticales provenant du trou percé dans la membrane. Ceci permet d’avoir accès à une information sur la transmission du guide (Figure 6). L’analyse du signal révèle une transmission large entre 1425 et 1590nm. Un creux de transmission d’environ 10% coïncide très bien avec la position et la largeur du pic M1 observé sur la cavité. Ces pertes de transmission sont attribuées à la partie couplée au guide et rayonnée dans l’air (processus important de décroissance de ce mode). 130 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Une analyse plus quantitative a été faite au LEOM et a permis d’évaluer, pour M1, un facteur de qualité Qguide d’environ 2500. Une analyse des pertes du guide, localisée dans la première moitié du guide, a également été faite pour clarifier la nature du mode guidé impliqué dans ces processus de couplage (Figure 7). 0.8 intensité de PL (u.a) 0.7 pertes verticales à 23% du guide 0.6 0.5 0.4 0.3 minigap en Γ Figure 7 : pertes verticales collectées dans la première moitié du guide W1. 0.2 0.1 0.0 1350 1400 1450 1500 1550 1600 λ (nm) La mini bande interdite du mode fondamental est identifiée vers 1415 nm. On peut noter que cette bande est observée à plus hautes longueurs d’ondes qu’au cours des études sur les guide simples du chapitre 3, en accord avec le plus faible facteur de remplissage en air de cette structure(≈0.35). Cette mini bande interdite permet d’attribuer la transmission large observée au dessus de 1425nm à la première branche repliée du mode fondamental. Les oscillations observées sur l’ensemble de cette branche (période proche de 10 nm) sont quant à elles compatibles avec la réflexion du mode fondamental au niveau de la cavité (avec une vitesse de groupe de c/8, évalué par Letartre et al. 16 ). Comme pour les expériences précédentes sur les guides, le couplage aux modes impairs du guide n’est vraisemblablement pas efficace. II-2-3 Excitation de la cavité couplée Si un couplage entre le guide et le mode présent vers 1470nm a lieu lorsque le guide est excité, une certaine réciprocité est attendue lorsque la structure « guide+cavité » est excitée à partir de la cavité. La collection des pertes du guide (G) et des pertes apparaissant sur l’orifice de la membrane (S) permet alors de sonder la propagation d’un signal le long du guide (Figure 2). Quelques résonances sont 131 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Intensité de PL(u.a) effectivement observées sur les pertes du guide (Figure 8). Une expérience similaire (même excitation et détection) réalisée sur la structure sans guide ne révèle pas de signal significatif : les résonances détectées se sont bien propagées le long du guide depuis la cavité jusqu’à la zone de détection. Parmi ces résonances, on distingue le pic M1, déjà observé lors des expériences précédentes. pertes du guide d=27µm d=21µm 0.30 0.25 M2 pertes cavité cavité couplée 1 0.20 M3 0.15 0.10 0.05 0.00 0.1 M1 1450 1500 1550 1600 1650 Figure 8 : Structure cavité+guide. La luminescence guidée est la cavité (C). Le spectre est collecté sur le guide, pour d=21 et d=27µm (courbe rouge tiret et noire continue). Le spectre de la cavité couplée est rappelé pour l’identification des résonances (échelle logarithmique, courbe bleue continue). λ (nm) Intensité de PL (u.a) D’autres modes apparaissent (notamment M2, M3) plus clairement que M1. Le mode M2 est même le plus intense, et présente un facteur de qualité proche de 700. Toutes les résonances observées sur le guide s’atténuent le long du guide (≈50dB/100µm pour M2). Ces pertes expliquent certainement l’observation d’un seul mode (M2) sur le spectre obtenu en S (Figure 9). 0.04 M2 Détection trou Figure 9 : Structure cavité+guide. La luminescence guidée est générée dans la cavité (C). Le spectre est collecté sur le trou percé en sortie de guide (S) 0.02 0.00 1400 132 1450 1500 1550 λ (nm) 1600 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Ces observations mènent à penser que le processus de couplage de M2 au guide est vraisemblablement différent de celui de M1. En effet, (i) (ii) ce mode n’a en effet pas été détecté parmi les modes de la cavité. Ceci suggère que ses pertes verticales sont très faibles par rapport à celles des autres modes observés (le rapport Q guide/Qair serait supérieur à celui des autres modes). à partir d’une excitation en E, aucune chute du signal transmis le long du guide n’a pu être observé en S, pour les fréquences de M2. Intensité Hz (u.a) Un processus de couplage efficace vers un mode guidé de symétrie impaire pourrait permettre d’expliquer cette dernière observation. Un tel mode impair apparaît en bord de zone pour des fréquences voisines et peut permettre un couplage efficace vers certains modes de la cavité (Figure 10). Nous avons déjà vu (chapitre 3) que ces modes impairs n’étaient pas couplés efficacement à partir d’une excitation extérieure au guide et pourraient donc expliquer l’absence de couplage de M2 du guide vers la cavité. Ce mode guidé impair doit toutefois pouvoir être détecté lors de sa diffraction sur le trou. Pour cette symétrie impair un signal diffracté significatif ne peut être détecté que si le trou percé en bout de guide est légèrement hors de l’axe du guide. Ce point semble être vérifié à partir d’image infrarouge. Le mode guidé impliqué dans le couplage de M3 n’est pas non plus très clair puisqu’un autre mode impair existe dans cette zone de fréquence. transmission du guide (mode impair) modes de cavité transmis sur le mode pair du guide modes de cavité transmis sur le mode impair du guide 200 1.0 100 0.5 1.40 1.45 1.50 λ (µm) Figure 10 : simulations FDTD 2D d’une structure similaire à la Figure 2. Un mode impair permet la propagation le long du guide jusqu‘à λ=1.5µm (trait continu). Des creux de transmission apparaissent et traduisent le couplage efficace vers certains modes de la cavité. Une excitation de la cavité (traits discontinus) mets en évidence la transmission résonante sur le mode impair. 0 1.55 133 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D II-2-4 Mécanismes de couplage guide/cavité Comme il n’a pas été possible d’attribuer précisément les résonances observées sur la cavité, j’ai réalisé une étude pour tenter de clarifier les distributions du champ électrique qui y sont associées. Ces distributions sont en effet particulièrement importantes pour comprendre les processus de couplage vers le guide. Cette distribution peut être évaluée en analysant les pertes de la cavité non couplée après polarisation du signal sur l’axe optique de détection. Ceci est valable si la répartition du champ électrique de chaque mode suivant x et y est conservée lors de la diffraction par un bord de la cavité. Pour la cavité étudiée, les bords sont relativement réguliers et notre approche est certainement justifiée. On s’attend alors à ce que les résonances soient préférentiellement polarisées suivant les axes de symétrie de la cavité. intensité de PL (u.a) Des tests à fortes puissances réalisés avant ces mesures ont toutefois dégradé le niveau de signal, et ont nécessité l’utilisation de fentes plus ouvertes. Les facteurs de qualité observés sont ainsi un peu plus faibles qu’à la Figure 4. Des résonances qui n’avaient pas été particulièrement bien collectées avec une meilleure résolution spectrale (et donc spatiale) apparaissent plus clairement. Les résonances correspondent, pour la plupart, à des distributions de champs électriques suivant l’un ou l’autre des axes de symétrie de la cavité. J’ai indiqué la valeur du taux de polarisation T=(Imax-Imin)/(Imax+Imin) pour chaque mode (Figure 11), quand il était significatif. La composante de champ de plus grande intensité est aussi reportée. 3 80% Ex 2 Polarisation (Imax-Imin)/(Imax+Imin) Ex=0° 15° 30° 45° 60° 75° Ey=90° 1 90% Ey 0 1450 70% Ex 1500 40% Ex 75% 75% Ex Ey 75% Ex 1550 λ(nm) 134 95% Ex 1600 95% 95% Ex Ex 1650 Figure 11 : mesures en polarisation des pertes de la cavité seule. Les valeurs du taux de polarisation et la polarisation d’intensité maximale sont indiqués pour chaque pic lorsque cela est significatif. Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D M1 et M3 présentent un fort degré de polarisation du champ E suivant l’axe x (axe du guide). Ceci traduit une concentration de la force d’oscillateur suivant les composantes k y. Le mécanisme de couplage du mode fondamental vers M1 repose donc vraisemblablement sur sa composante k x de plus bas ordre (i.e sa composante fuyante, dans la première zone de Brillouin). Une utilisation de la corrugation pour aboutir à un couplage cavité-guide a déjà été observée par Smith et al . Dans le cas reporté, c’est une zone d’anti-croisement entre le mode fondamental et un mode d’ordre supérieur (du type P0 -P1 ) qui permet de transférer de l’énergie sur des composantes k x plus faibles. Le mode guidé impliqué dans le couplage du mode M3 n’est pas du tout clair. Un processus similaire à celui envisagé pour M1 est possible. Le couplage de M3 pourrait également impliquer le principal mode guidé impair de la bande interdite, qui présente lui une composante majeure dans la première zone de Brillouin. II-3 Conclusions Un couplage a été observé expérimentalement entre un guide de type W1 et certains modes d’une cavité juxtaposée parallèlement au guide. Ces résultats confirment les possibilités de couplage entre ces deux objets mais la complexité de la structure n’a pas permis d’attribution claire des modes de cavité mis en jeu. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment son rôle. Des mesures sur des cavités de plus petite tailles restent nécessaires pour comprendre plus en détail les processus de couplage. Les diverses expériences réalisées sur la structure étudiée ont néanmoins mis en évidence le rôle de la dynamique de transfert entre les états localisés de la cavité et les différents continuums (air, modes guidés). Ces expériences ont certainement mis en évidence les différences de couplage entre les modes de cavité et les différents modes guidés. L’utilisation des cavités à cristaux photoniques pour exciter des modes guidés sans pertes (sous le cône de lumière) me semble un point important en terme de dispositifs. Des applications d’extractions verticales ont déjà été envisagées à partir de mode de type M112,17. Ces diverses applications reposent sur le contrôle des pertes verticales de ces micro-cavités2, 18 et sur le contrôle du couplage entre un mode guidé vers un mode de cavité. Pour les cavités étendues, la corrugation joue certainement un rôle important dans les processus de couplage. La connaissance des composantes de Fourier du mode guidé et du mode de la cavité peut être alors intéressante pour comprendre l’efficacité du couplage. La vitesse de groupe du mode guidé entre certainement en compte dans l’efficacité de couplage guide /cavité. 135 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D Il ne semble pas simple de réaliser un filtre de type « ADDDROP » directif avec la technologie cristaux photoniques. Les rares études théoriques restent acrobatiques à mettre en oeuvre. Les multiples réflexions qui peuvent apparaître dans une cavité à cristaux photoniques génèrent des ondes stationnaires qui rendent l‘obtention de la directivité plus délicate que dans le cas de micro-disques, où les modes de type « whispering gallery » permettent une directivité beaucoup plus naturelle. La transposition des dispositifs réfractifs à la technologie cristaux photoniques n’est pas nécessairement la meilleure voie pour profiter des propriétés de ces structures. Les facteurs de qualité sont de toute façon aujourd’hui beaucoup trop faibles pour des applications de multiplexage en longueurs d’ondes (où il faudrait des facteurs de qualité d’au moins 10000). D’autres voies, comme l’utilisation des propriétés d’ultra-refractivité de ces cristaux, sont peut être plus avantageuses pour des applications de type multiplexage/démultiplexage. • III-Dispositif de type « Fabry Perot » Dans un second temps, nous nous sommes donc plutôt intéressés à un dispositif non directif comme le simple filtre Fabry Perot. Il illustre la deuxième voie de couplage possible entre une cavité et un guide. Un filtre de ce type a déjà été réalisé sur SOI par Foresi et al. 19 en utilisant un guide « réfractif 2D » de silicium et un cristal photonique 1D. L’alignement des motifs sur le guide est certainement loin d’être aisé (Figure 12). Cette fonction peut être réalisée plus simplement à partir d’un guide à cristaux photoniques. Il nous est donc apparu intéressant de voir quels résultats pouvaient être obtenus par cette approche. air n2 InP n1 Figure 12 : réalisation d’une fonction Fabry Perot intégrée à un guide 136 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D III-1 Structure d’étude La membrane d’InP de 0.25µm avec le puits d’In 0.35As065 P reste toujours à la base de nos études expérimentales. Le cristal photonique est toujours un cristal hexagonal, mais cette fois de plus petite période (0.49µm). Le cristal comprend deux tronçons de guides W1 entre lesquels a été disposé une cavité constituée d’un seul motif oublié entre deux séries de trois motifs (Figure 13). Un guide de référence a été conservé. Ces structures ont été réalisées par C.Grillet au LEOM. Des réseaux de découplage de période 0.75µm ont été placés environ 10µm après la sortie du guide, comme pour la plupart des études précédentes, pour pouvoir analyser la transmission du filtre et du guide de référence. Un temps de gravure important a donc été utilisé, gravant en grande partie la couche active au sein du cristal, des guides et de la cavité. La cavité référence indiquée sur la Figure 13 a également été réalisée sur la même membrane pour connaître la position en fréquences du (des) mode(s) de la cavité, indépendamment de la structure guidante W1. Pour cela un couplage par évanescence est réalisé en pompant la membrane en dehors de la structure. Ce sont les pertes de la cavité qui sont analysées. réseau Cavité référence réseau Figure 13 : image en microscopie électronique du type de dispositif étudié III-2 Résultats expérimentaux Les expériences de transmission ont pu être réalisées pour les dispositifs similaires de la Figure 13, mais avec un facteur de remplissage en air de l’ordre de 30% seulement. Le pompage de la couche active est réalisé sur la partie active de la membrane, à l’entrée des guides. 137 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D intensité de PL (u.a) coupure mode pair en extrémité de zone 3 transmission mode fondamental 2 1 guide référence 0.32 0.05 0.34 0.36 guide + cavité bande du cristal 0.00 0.32 1.0 0.34 0.36 cavité référence 0.5 bande du cristal 0.0 0.32 0.34 a/λ 0.36 Figure 14 : PL découplée sur le réseau pour le guide simple (haut) et pour le guide avec la cavité (milieu). Les pertes verticales de la cavité de référence ont également été analysées (bas). Une transmission le long du guide de référence est observée sur la quasi totalité de la gamme de mesure. Une coupure nette apparaît toutefois vers a/λ=0.31 et est attribuée à la zone d’anti-croisement entre le mode fondamental et le mode pair d’ordre supérieur. La plus grande partie de la transmission observée est donc attribuable au mode fondamental du guide. Pour le filtre, un pic de transmission est observé vers a/λ=0.341. cette résonance est en bon accord avec la résonance observée sur la cavité de référence (décalage de 6nm entre les deux pics). Les facteurs de qualité sont de 287 pour la structure Fabry Perot et de 176 pour la cavité de référence. Ces écarts peuvent en partie s’expliquer par les écarts de fabrication qui sont très influents pour ce type de cavité. La transmission du filtre augmente continûment à partir de a/λ≈0.35-0.36. Ceci pourrait être du à la chute de la réflectivité des miroirs de la cavité. Un calcul « onde plane » mené par M. Le Vassor d’Yerville du GES permet d’identifier les modes de cette cavité qui apparaissent dans la bande interdite en fonction du facteur de remplissage (Figure 15). Pour le facteur de remplissage de la structure étudiée, nous 138 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D sommes en effet très proches des états du cristal photonique. La transmission continue qui débute peu avant a/λ=0.36 sur la structure filtre est certainement due à la chute de l’efficacité des miroirs du filtre. Des pertes assez larges sont d’ailleurs observées sur la structure référence à ces fréquences, laissant penser à des pertes dans les bandes du cristal. Le mode de la cavité le plus vraisemblablement responsable de cette transmission Fabry Perot serait donc le mode qui sort de la bande interdite complète vers a/λ=0.375 (mode M0). Même si une bande interdite complète n’existe plus pour ce mode vers a/λ=0.341, des bandes interdites partielles peuvent permettre un certain confinement du champ de la cavité. Le calcul 3D réalisé n’a toutefois pas permis de mettre en évidence un fort confinement de M0 pour un facteur de remplissage de 0.3. Des études complémentaires sont donc certainement à faire pour confirmer l’attribution ce mode de résonance au mode M0. Cette étude est néanmoins démonstrative du concept de filtre Fabry Perot intégré à un guide W1. Evolution du gap et des modes de la cavité H1 en fonction du facteur de remplissage en air CALCUL PWM 3D 0,48 0,46 0,44 0,42 a/ λ 0,40 0,38 0,36 0,34 0,32 0,30 0,28 0,26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 facteur de remplissage (%) F igure 15 : évolution des modes de la cavité en fonction du facteur de remplissage en air du cristal. Calcul « onde plane » en polarisation quasi TE (calcul 3D de type super cellule) réalisé par M. Le Vassor d’Yerville du GES. L’indice de la membrane d’InP a été pris égal à 3.17 ( indice à 1525nm 20). Les zones bleues indiquent les états du cristal. Les modes de la cavité apparaissent dans la bande interdite. Pour le facteur de remplissage de la structure étudiée, le mode observé est à la limite de cette bande complète TE (cercle noir). Un taux de transmission de l’ordre de 5% est trouvé expérimentalement, en normalisant la transmission du filtre par rapport à celle du guide de référence. Ce taux de transmission est évidemment 139 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D faible et provient des pertes des miroirs de la cavité et du couplage seulement partiel au mode de la cavité résonnante. Une manière naturelle d’obtenir un bon couplage entre le mode de cavité et le mode guidé est d’utiliser une géométrie de cavité proche de celle du guide, comme par exemple une portion de guide fermée. Il a déjà été observé que ces structures16 présentaient des relations de dispersion proches d’un guide ouvert. Limiter la longueur à quelques rangées devrait tout de même permettre l’apparition de modes résonnants présentant des distributions de champ proches de celles présentes dans le guide ouvert. air Détection Ey InP F igure 16 : filtre Fabry Perot comprenant une cavité linéique de forme similaire au guide d’injection. La cavité est ici composée de deux motifs omis dans le cristal. Une validation de ce concept été faite numériquement. La structure étudiée comprend un guide W1 et une cavité composée de deux motifs suivant la direction du guide. Deux motifs ont également été disposés de part et d’autre pour former les miroirs (elle sera donc appelée L2-2). L’excitation est réalisée à l’aide d’un dipôle polarisé suivant l’axe perpendiculaire au guide (y). La détection est réalisée en sortie de guide. Le spectre de transmission obtenu pour ce filtre a été normalisé par la transmission obtenue le long d’un guide simple, ce qui permet d’avoir une bonne idée de l’efficacité du couplage vers la cavité. Une comparaison a été faite avec une structure de type L1-2 par ailleurs identique (Figure 15). Pour la structure L2-2 un couplage de l’ordre de 80% est obtenu pour la résonance située vers a/λ=0.36, sur la bande de transmission du mode fondamental. Pour la structure de type L1-2, le mode présent vers a/λ=0.34 (pour f=0.5) dans le calcul de M. le Vassor (Figure 15) n’a pas été suffisamment couplé pour observer une transmission significative. Deux transmissions de l’ordre de 20% apparaissent vers a/λ=0.41-0.42 et correspondent au couplage 140 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D des deux modes de cavité de plus hautes fréquences calculés par M.Le Vassor D’Yerville (Figure 15). L’un de ces modes est celui que nous pensons impliqué dans la transmission Fabry Perot observée expérimentalement pour le filtre de type L1-3. 1.0 20 Γ 0.7 0.6 0.5 L2-2 guide simple 0.4 0.3 minibande interdite en Transmission filtre 0.8 10 0.2 Transmission guide (u.a) 0.9 0.1 0.0 0.35 0.36 0.37 0.38 0.39 0.40 0.41 0 0.42 a/λ Transmission filtre Γ 0.8 0.6 0.4 L1-2 Guide simple 20 10 0.2 0.0 0.35 0.36 0.37 0.38 0.39 0.40 0.41 0.42 Transmission guide simple(u.a) (b) mini bande interdite en (a) a/λ (c ) (d) Figu re 17 : transmission 2D FDTD des filtres L-1-2 et L2-2. Les composantes de champs considérées sont (Hz,Ex,Ey). Le facteur de remplissage en air du cristal photonique est de 0.5 et l’indice le plus fort est de 2.7 (indice effectif de la membrane d’InP vers a/λ=0.4). La transmission des filtres a été normalisée par la transmission du guide sans la cavité. Les flèches verticales sur les tracés (b) et (d) indique respectivement la fréquence des cartes de champ tracée en (a) et (c) et (amplitude de Hz en échelle logarithmique ) . Un premier essai expérimental sur L2-2 a été fait sur des structures réalisées par C.Grillet au LEOM, de conception similaire à celle comprenant le filtre mono défaut (guide de référence, cavité de référence, et filtres). Les structures qui ont pu être exploitables lors de ce premier essai (facteur de remplissage de l’ordre de 0.3) n’ont pas permis l’observation de résonance en transmission. D’autres structures 141 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D ont été réalisées avec des facteurs de remplissage plus forts et avec un faible temps de sous gravure. L’idée était de tester une première fois ces structures en pompant la cavité Fabry Perot puis de réaliser une reprise de sous gravure pour pouvoir réduire la réabsorption et permettre l’utilisation des réseaux de découplage. La première étape s’est relativement bien déroulée et des modes ont pu être observés sur les pertes verticales des cavités de référence. La reprise de sous gravure a pu être réalisée (images en microscopie électronique à l’appui) mais la caractérisation qui a suivi n’a pas permis d’observer une transmission, peut être pour des problèmes de collage. Un travail reste à faire de ce côté. III-3 Conclusions Une fonction de filtre Fabry Perot a été intégrée à un guide W1 en insérant des motifs dans le guide. Une cavité monodéfaut a été dans un premier temps utilisée et a permis d’obtenir une transmission résonnante présentant avec un facteur de qualité de l’ordre de 250. Des études complémentaires restent à faire en terme de modélisation du résultat expérimental, mais ce résultat expérimental de couplage frontal, avec un guide W1 et une cavité constituée d’un seul motif omis n’avait à ma connaissance pas encore été obtenu expérimentalement en géométrie de guide d’onde. Une seule observation de ce type a toutefois été très récemment rapportée en technologie macroporeux 14,21 (avec des facteurs de qualité comparables à ceux observé dans ce travail). Il semble toutefois que cette cavité ne soit pas la mieux adaptée pour un couplage optimal avec le mode fondamental du guide. Dans l’objectif d’améliorer le couplage entre le guide et la cavité résonante, la cavité ponctuelle a été remplacée par une cavité linéaire, orientée suivant l’axe du guide. Cette cavité présente des caractéristiques naturellement proches du guide lui même (profil de champ, constantes de propagation). Des calculs FDTD 2D montrent qu’un taux de couplage de l’ordre de 80% peut être obtenu pour une cavité linéaire composée de seulement 2 motifs (qui est à comparer à un taux de couplage maximum de 20% pour le mode de cavité monodéfaut). Ce type de cavité linéaire est donc très bien adapté à un couplage avec des guides de largeurs similaires, que ce soit sur l’axe ou hors de l’axe. Elle peut donc être utilisée avantageusement comme filtre mais aussi comme cavité active22 (source laser ou détecteur résonnant). Le couplage « latéral » entre ce type de cavités linéaires et un guide de type W1 doit également être efficace. 142 Chapitre 5 : couplage guide/cavité dans un cristal photonique 2D BIBLIOGRAPHIE 1 LEE, K. K., LIM, D. R., LUAN, H.-C. , AGARWAL, A., FORESI, J., KIMERLING, L. C. Effect of size and roughness on light transmission in a SiÕSiO2 waveguide: Experiments and model. Applied physics letters, 2000, vol 77, n° 11, p 1617-1619 2 VUCKOVIC, J., LONCAR, M., MABUCHI, H., SCHERER, A. Limits on quality factors of localized defect modes in planar photonic crystal structures. Proceedings of the European conference “electromagnetic crystal structures”, St Andrews, 12-16 juin 2001, p112. 3 PAINTER, O., SRINIVASAN, K., O’BRIEN, J. O., SCHERER, A., DAPKUS, P. D. 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Les premières évidences de guidage dans ces structures n’ont été publiées qu’en 1999 et la première étude spectrale de transmission n’a été publiée qu’à la fin de l’année 2000. Le travail présenté a été axé sur l’étude d’une unique ligne de motifs omise le long de la direction ΓK d’un réseau triangulaire (notamment pour pouvoir avoir un nombre de modes réduit et rendre plus claire l’interprétation des résultats). Les dimensions typiques des guides ainsi étudiés sont de 0.25µmx0.6µm. Un banc expérimental permettant des analyses de type « transmission » sur des structures suspendues a été mis en place pour la gamme de longueur d’onde 0.9µm-1.7µm. Il permet de générer une source de lumière guidée à une position de la membrane et de collecter les pertes verticales de celle ci en un autre point de cette même surface. Ce banc s’est révélé très adapté à la problématique de la caractérisation de guides à cristaux photoniques. Une mise en évidence directe du guidage de lumière le long du guide a pu être faite. La présence de pertes de propagation le long du guide et hors du plan de la membrane a pu être observée. Une étude spectrale de la transmission et de ces pertes a pu être réalisée, pour la polarisation quasi-TE, et sur une gamme spectrale de près de 300nm centrée vers la longueur d’onde de 1450nm. La propagation guidée a été observée sur quasiment toute la gamme de longueurs d’ondes disponible et a été clairement attribuée au mode fondamental du guide apparaissant dans la bande interdite du cristal photonique. Une plage monomode d’environ 100nm a été définie pour le guide étudié avec une atténuation du signal guidé estimée expérimentalement à 1020dB/100µm. Ces pertes ne sont majoritairement pas dues aux inhomogénéités technologiques du guide mais à sa géométrie planaire et verticale. Une analyse approfondie de l’origine de ces pertes a été présentée, tant d’un point de vue expérimental que théorique. Si les courbes de dispersion du guide indiquent la nature intrinsèquement fuyante du mode fondamental, une analyse de Fourier a clairement montré que le processus de diffraction du mode guidé à l’ordre –1, premier responsable de ces fuites aux fréquences de la 145 bande interdite, restait naturellement peu efficace. Une distinction doit donc à priori être faite entre les modes présents dans le cône de lumière du substrat par repliement de bande en extrémité de zone (ordres de diffraction différents de 0) et ceux présents dans le cône de lumière du substrat pour l’ordre 0. L’analyse de Fourier du mode fondamental permet également d’expliquer le très bon couplage déjà observé avec le mode fondamental d’un guide « réfractif » aux fréquences de la bande interdite. L’utilisation de ce mode à fuite peut d’ores et déjà être envisagé sur des distances courtes (≈-3dB pour 20µm, soit 40 périodes environ), qui pourraient suffire à la réalisation de fonctions originales. Des modes guidés en dehors du cône de lumière ont également été observés à partir des pertes naturelles du guide. Ces modes n’apparaissent toutefois que pour des plages très limitées de fréquences. De fortes résonances longitudinales ont été observées pour les modes guidés présentant de faibles vitesses de groupe, et avec des facteurs de qualité dépassant pour l’une d’entre elle notre limite expérimentale (2500). Ces photons lents peuvent être exploités pour la réalisation de lasers sans cavité. Nous nous sommes intéressés dans un second temps au couplage entre une cavité à cristaux photoniques et le guide étudié précédemment dans ce travail, tout d’abord dans le cadre d’une étude préliminaire de filtres « addrop » ne comportant qu’un seul guide et une cavité non optimisée. Le couplage réciproque entre le guide et la cavité a été observé expérimentalement. Cette étude a clairement montré l’importance de la limitation des pertes hors du plan de la cavité pour la réalisation de filtres « add-drop » planaires performants. Ces objets sont individuellement très riches et leur association n’en est finalement que plus complexe. La réalisation pratique d’un filtre de type « adddrop » basé sur cette association est à mon avis loin d’être optimale, notamment pour des raisons de directivité. La transposition des principes des dispositifs réfractifs (notamment ceux associant guides et cavités de type microdisques) à la technologie cristaux photoniques a peut être été trop rapide. Les performances des dispositifs de routage de type « phasar » sont loin d’être égalées. Un dispositif de type filtre Fabry Pérot symétrique n’a pas ce problème de directivité et a fait l’objet d’une étude expérimentale. La cavité résonante introduite dans le guide est composée d’un seul motif omis dans le cristal (dimensions typiques 0.6-0.7µm). Une résonance en transmission de facteur de qualité de l’ordre de 200 a été observée expérimentalement avec un taux de transmission de 5% .Un travail reste néanmoins à faire pour son attribution claire. Dans l’optique d’améliorer le couplage entre la cavité et le guide, une courte portion de guide a été introduite comme cavité résonante. Une étude numérique 2D a montré que la transmission du filtre Fabry Pérot pouvait alors être de l’ordre de 80% pour une cavité constituée de seulement 2 motifs alignés suivant l’axe du guide. Ce résultat ne prend bien sur pas en 146 compte les pertes verticales d’une structure réelle mais est à comparer aux 20 % tout au mieux obtenus avec une cavité ponctuelle. Ce type de cavité linéique représente une solution intéressante pour la réalisation de filtres mais aussi pour l’intégration de sources lasers à des dispositifs planaires. L’utilisation des fortes dispersions des guides à cristaux photoniques pourrait même permettre d’atteindre de faibles seuils pour ces cavités linéiques L n . 2. Quel avenir pour les guides à cristaux photoniques ? Les pertes verticales constituent aujourd’hui une limitation évidente de ces guides (tout au moins pour des applications passives). Il est quasi certain que les quelques leviers à peu près connus pour réduire les pertes du mode fondamental fuyant seront efficaces (augmentation de la profondeur de gravure notamment). Un des problèmes est de savoir de combien ? Aucune valeur théorique n’est vraiment en ligne de mire. Il est à mon avis primordial d’avoir une estimation numérique notamment pour de fortes profondeurs de gravure de motifs (5µm-10µm?) non seulement pour pouvoir fixer un horizon en terme d’applications mais aussi pour avoir une idée plus précise du potentiel de l’approche « modes fuyant à pertes limitées » au regard de l’approche « modes sans pertes », dont les premières valeurs expérimentales de pertes sont loin d’être nulles. L’origine de ces dernières est d’ailleurs à approfondir. Nul doute que les efforts technologiques sur les profondeurs de gravure ou les uniformités des motifs seraient encore plus importants si une réduction de plusieurs ordres de grandeur était attendue. L’évaluation numérique de ces pertes à partir d’un calcul 3D reste un problème si des propagations sur plusieurs centaines de microns sont nécessaires pour avoir une décroissance suffisante du signal. De manière plus générale, il semble tout de même que l’utilisation des cristaux photoniques pour des applications de routage planaire reste quelque peu en deçà des attentes nourries par les premiers calculs 2D menés au MIT par Mekis et al. et Fan et al. sur des structures à base de piliers semi-conducteurs. En ce qui concerne le guidage, il semble notamment loin d ‘être facile de réaliser des virages efficaces sur de larges gammes de fréquences. La nature multimode de la plupart des guides réalisables sur une couche guidante semiconductrice et la réflexion qui apparaît à l’entrée des virages en sont les raisons principales. Cette réflexion peut être atténuée en jouant sur la géométrie du virage pour créer des effets de résonances favorables à la transmission, mais au prix toutefois de structures plus complexes et sélectives en longueurs d’ondes. On peut alors se demander si il y a un intérêt pratique au développement de guides à cristaux photoniques pour réaliser des virages à faibles rayons de courbures. Des solutions relativement simples existent en effet par une approche « refractive » à forts contrastes d’indices. Les rugosités constituent 147 effectivement un problème dans ces systèmes, mais c’est un problème qui est identifié et qui « reste » d’ordre technologique. Si ces guides ne sont pas autant à leur avantage pour des applications de guidage que n’on laissé paraître les premières simulations, ils montrent aujourd’hui d’autres potentialités qui justifient très largement les efforts actuels de recherche dans ce domaine. (i) Ils offrent tout d’abord une voie d’entrée naturelle vers d’autres composants à cristaux photoniques comme par exemple les micro-cavités, actives ou passives. Ces micro-cavités ont montré leur efficacité et des voies d’échanges vers d’autres composants planaires sont nécessaires. (ii) Les propriétés de dispersion de ces guides sont tout à fait intéressantes et bien particulières à ces objets. L’apparition de courbure en bords de zone, de zones de couplage entre modes sont autant de caractéristiques de ces guides. Une réflexion est nécessaire pour en tirer le meilleur avantage. Outre l’excitation intellectuelle certaine que procurent ces structures, des applications peuvent être envisagées pour réaliser des fonctions optiques originales et compactes, au sein même du guide. Je pourrais citer de manière non exhaustive la remise en forme d’impulsions, la conversion de fréquences, la réalisation de micro sources bas seuil. De manière plus générale, le contrôle global de la dispersion optique reste l’apport majeur de ces structures à cristaux photoniques et l’ouverture de bandes interdites de propagation n’en est finalement qu’une conséquence, certes importante, mais pas unique. Le potentiel intellectuel et applicatif de ces structures dépasse évidemment très largement le cadre de ce travail et on comprendra aisément qu’il est difficile d’y mettre un point final… 148 149 Annexe : fabrication des cristaux photoniques sur membrane semiconductrice Je donne ici les différentes étapes technologiques qui sont utilisées au LEOM pour réaliser des cristaux photoniques 2D sur membrane d’InP. L’ensemble de ces étapes est représenté à la figure 1. 1 2 3 PMMA SiO2(sputtering) PMMA Membrane InP InGaAs SiO2 Substrat InP -Hétérostructure de base ( croissance MBE) 4 SiO2 -PMMA et SiO2 pour les étapes de masquage -Transfert dans le PMMA par lithographie électronique 6 5 Air Transfert dans la silice . Gravure RIE (CHF3) Transfert sur InP. Gravure RIE (CH4:H2) Sous gravure en voie humide de l’InGaAs. (HF:H2O2:H2O) (sélectivité totale au regard de l’InP) Figure 1 : les différentes étapes technologiques pour la réalisation de cristaux photoniques sur une membrane d’InP. 149 FOLIO ADMINISTRATIF THESE SOUTENUE DEVANT L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON NOM : DESIERES DATE de SOUTENANCE : 20/12/2001 Prénoms : Yohan TITRE : Conception et études optiques de composants micro-photoniques sur matériaux IIIV à base de structures à bandes interdites de photons NATURE : Doctorat Numéro d’ordre : 01 ISAL 0081 Formation doctorale : Matière condensée, surfaces, interfaces Cote B.I.U. –Lyon : T50/210/19 /. et bis CLASSE : RESUME Ce travail de thèse porte principalement sur l’étude de nouveaux guides optiques, réalisés à partir de structures dont l’indice est fortement modulé et sur des dimensions de l’ordre de la longueur d’onde : les cristaux photoniques. Ces micro-guides peuvent notamment permettre de contrôler latéralement la propagation de la lumière dans un guide plan semi-conducteur classique sur des échelles de l’ordre de la longueur d’onde, à la différence des technologies actuelles qui ne réalisent cette fonction qu’à l’échelle du millimètre. Ces micro-guides représentent de ce point de vue une porte d’entrée vers une intégration des composants optiques similaire à celle qu’ont subit les composants électroniques depuis 50ans. Une première partie de ce travail repose sur la modélisation de ces structures à partir d’une méthode de résolution des équations de Maxwell aux différences finies dans le domaine temporel, notamment pour le calcul des courbes de dispersion. Une seconde partie de ce travail a consisté à la réalisation d’un banc de caractérisation de ces micro-composants aux longueurs d’ondes des télécommunications optiques. Ce banc permet un couplage efficace de lumière via la génération d’une luminescence au sein du composant. Des réseaux de découplage ont également été introduits sur les structures d’études pour pouvoir collecter la lumière transmise le long de ces guides. Ce banc a mis clairement en évidence ce nouveau type de guidage et des mesures spectrales ont permis une meilleure compréhension des processus de guidage particuliers à ces composants. Une troisième partie de ce travail repose sur une étude expérimentale et numérique des pertes de propagation de ces guides, qui restent élevées pour des applications pratiques. La dernière partie de ce travail consiste en l’association de ces guides avec des micro-cavités résonnantes, dans l’objectif de réaliser des fonctions compactes de filtrage en fréquences. MOTS-CLES : optique intégrée, cristaux photoniques, simulation FDTD, photoluminescence guidée, guides, réseaux Laboratoire de recherche : Laboratoire de Physique de la Matière UMR-CNRS-5511. Directeur de thèse : BENYATTOU Taha Président de jury : GUILLOT Gérard Composition du jury : BENISTY Henry, BENECH Pierre, LOURTIOZ Jean Michel, DE LA RUE Richard, SEASSAL Christian, CASSAGNE David, GUILLOT Gérard, BENYATTOU Taha