la psychiatrie et des soins de santé2. Or le respect envers M. Smith implique qu'il faudrait respecter son choix de
vouloir conserver son logement subventionné. Puisque le respect de la personne est considéré comme un principe
fondamental de la bioéthique moderne, forcer M. Smith à déménager dans un foyer de groupe pourrait être
contraire à l'éthique, du moins dans des circonstances cliniques ordinaires. Qui plus est, la réadaptation
psychiatrique est associée à une démarche axée sur le client et sur le rétablissement, qui vise à aider les patients
à atteindre leurs buts dans la vie. Ainsi, forcer M. Smith à déménager dans un foyer de groupe pourrait ne pas être
une décision judicieuse sur le plan clinique, du moins dans un contexte de réadaptation. Ce cas montre que la prise
de décision clinique peut s'étendre à des aspects qui vont au-delà du traitement pour englober les conditions de
vie telles que le logement, des considérations qui viendront certainement compliquer le processus.
Q2. S'il faut aider M. Smith à conserver son logement subventionné, dans quelle mesure (le cas
échéant) faudrait-il tenir compte des avantages potentiels qu'il y aurait pour lui de vivre dans un cadre
supervisé comme un foyer de groupe?
Un milieu de vie non favorable peut nuire au bien-être et à la santé d'une personne. Ce constat s'applique de façon
générale au travail, aux loisirs et au milieu social, et peut-être encore plus au logement. Il suffit de penser aux
sans-abri qui ont une espérance de vie moins longue en raison de leurs conditions de logement difficiles. Le
logement peut donc être bénéfique pour une personne, et il l'est peut-être davantage pour les personnes ayant
des déficiences psychiatriques qui sont plus vulnérables que la population en général et qui peuvent avoir besoin
de soutiens à domicile pour maintenir leur bien-être ou leur santé. Lorsqu'il s'agit de déficiences physiques, les
mécanismes de soutien offerts sont essentiellement matériels, comme l'aménagement de rampes d'accès pour les
personnes en fauteuils roulants par exemple. Dans le cas des déficiences psychiatriques, toutefois, le soutien est
principalement d'ordre social et il consiste en l'appui d'intervenants (professionnels, membres de la famille et
autres) qui aident la personne dans l'exécution des activités de la vie quotidienne généralement importantes telles
que le maintien d'une saine alimentation et la prise des médicaments. Les logements supervisés comme les foyers
de groupe peuvent offrir une telle supervision, ce type de soutien étant fondé sur le principe de la bienfaisance.
Dans le cas de M. Smith, où le principe de la bienfaisance s'oppose à celui de l'autonomie, lequel des deux
principes devrait l'emporter? Il ne fait aucun doute que la prise d'antipsychotiques, de même que le suivi étroit et
le traitement du diabète ainsi que le suivi de sa consommation de drogue, seraient bénéfiques pour la santé de M.
Smith. Cependant, cela aurait également pour effet de nuire à son autodétermination. Il est vrai que la non-
observance du traitement par M. Smith et sa consommation de cannabis pourraient elles aussi nuire à son
autodétermination, car, à un niveau extrême, ces comportements peuvent causer une stupeur. Un tel scénario est
toutefois peu probable dans le cas de M. Smith, compte tenu de ses antécédents. Il est généralement admis (et
prévu par la loi) que, lorsque la sécurité d'une personne est grandement menacée par une maladie mentale, la
bienfaisance l'emporte sur l'autonomie. Dans les autres cas, toutefois, le choix de la personne doit être respecté,
et ce principe a aussi été examiné et démontré dans le contexte de la réadaptation psychiatrique3. Par conséquent,
il s'agit ici d'évaluer dans quelle mesure la sécurité de M. Smith est menacée si celui-ci vit dans un logement
subventionné plutôt que dans un foyer de groupe et d'évaluer le lien entre ce risque et la maladie mentale. La non-
observance du traitement antipsychotique risque d'exacerber les symptômes psychiatriques de M. Smith et
pourrait même provoquer chez lui des idées suicidaires, mais probablement pas de gestes suicidaires (si l'on se fie
à ses antécédents). Des complications pourraient aussi être causées par un suivi et un traitement inadéquats du
diabète, bien que le diabète de M. Smith semble assez léger puisqu'il n'a jamais causé de coma, en dépit de sa
propre négligence. Enfin, sa consommation excessive de drogue a causé, par le passé, des exacerbations de ses
symptômes psychiatriques qui ont nécessité des hospitalisations au service de psychiatrie, sans toutefois
provoquer de comportements agressifs ni de gestes suicidaires. Sans doute plus important encore, l'insistance
dont fait preuve M. Smith pour conserver son logement subventionné (plutôt que de déménager dans un foyer
groupe) n'est pas liée à sa santé mentale, mais à son désir de préserver son autonomie, un désir naturel et très
courant. Par conséquent, comme le maintien de M. Smith dans son logement subventionné ne semble pas poser de
risque grave pour sa sécurité et que ce désir ne semble pas lié à sa maladie mentale, le principe d'autonomie
l'emporte ici sur celui de la bienfaisance. En d'autres termes, les avantages potentiels de vivre dans un foyer de
groupe ne devraient pas influencer le soutien qui lui serait accordé pour conserver son logement subventionné.
Q3. Comment caractérise-t-on la notion de coercition thérapeutique et dans quelle mesure, le cas
échéant, cette notion est-elle compatible avec la réadaptation psychiatrique?
La coercition consiste en la restriction ou la modification d’une partie de l'éventail des choix ou des choix réels qui
sont offerts à une autre partie. La coercition peut se manifester sous diverses formes, par exemple l'extorsion
émotionnelle, la manipulation intellectuelle et bien d'autres, mais certains établissent une distinction entre le
recours à la force physique et la coercition4. La menace, comme la menace d'hospitaliser une personne si elle ne