8-062-A-10
Dengue,
fièvre
jaune
et
autres
arboviroses
P.
Dussart, R.
Cesaire,
A.
Sall
Les
virus
transmis
par
des
arthropodes
hématophages
(moustiques,
tiques
ou
phlébotomes)
sont
appelés
arbovirus
(arthropod-borne
virus).
Le
cycle
de
transmission
fait
intervenir
un
vertébré
réservoir
et
un
arthropode
vecteur.
Le
virus
se
multiplie
chez
le
vecteur
dont
l’écologie
détermine
l’épidémiologie
de
l’infection.
Suivant
les
arbovirus,
l’homme
peut
être
un
hôte
réservoir
ou
accidentel.
Chez
l’homme,
ces
infections
sont
le
plus
souvent
inapparentes
ou
peuvent
se
traduire
par
un
syndrome
pseudogrippal,
une
fièvre
hémorragique,
voire
une
atteinte
neurologique
de
type
méningoencéphalite.
Cette
revue
se
focalise
sur
les
arboviroses
les
plus
importantes
en
santé
publique,
en
raison
de
l’ampleur
des
épidémies
et/ou
de
la
survenue
de
formes
sévères
et
de
décès.
La
dengue
est
l’arbovirose
la
plus
fréquente,
sévissant
dans
toute
la
ceinture
intertropicale.
Le
nombre
de
cas
de
dengue,
mais
aussi
de
dengues
hémorragiques
et
autres
formes
sévères,
s’accentue
inexorablement
depuis
la
moitié
du
XXesiècle.
Tout
comme
la
dengue,
la
fièvre
jaune
cause
près
de
30
000
décès
par
an,
même
si
le
virus
amaril
reste
à
ce
jour
restreint
à
l’Afrique
et
l’Amérique
du
Sud.
Le
virus
West
Nile,
à
l’origine
de
fièvres
parfois
compliquées
d’atteintes
neurologiques,
présente
la
distribution
continentale
la
plus
large.
Le
chikungunya,
originaire
d’Afrique
et
présent
en
Asie
du
Sud-Est,
a
été
à
l’origine
d’une
épidémie
massive
à
la
Réunion.
Le
virus
de
l’encéphalite
japonaise
représente
la
cause
majeure
d’encéphalite
virale
en
Asie.
L’encéphalite
à
tiques
est
endémique
en
Europe
centrale
et
de
l’Est.
Enfin,
le
virus
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
est
à
l’origine
d’épizooties
et
d’épidémies
en
Afrique.
Si
aucun
traitement
antiviral
n’est
disponible,
des
vaccins
existent
contre
certaines
arboviroses
(fièvre
jaune,
encéphalite
japonaise
ou
encéphalite
à
tiques)
ou
sont
en
essai
clinique
(dengue).
La
lutte
antivectorielle
reste
primordiale,
en
particulier
pour
éviter
les
épidémies
urbaines
(dengue,
fièvre
jaune,
chikungunya).
©
2012
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droits
réservés.
Mots
clés
:
Arboviroses
;
Dengue
;
Fièvre
jaune
;
West
Nile
;
Chikungunya
;
Encéphalite
japonaise
;
Encéphalite
à
tiques
;
Fièvre
de
la
vallée
du
Rift
Plan
Introduction
générale
2
Dengue
2
Épidémiologie
de
la
dengue
2
Virus
de
la
dengue
2
Transmission
du
virus
de
la
dengue
2
Maladie
3
Physiopathologie
de
la
dengue
5
Diagnostic
biologique
5
Traitement
6
Approches
vaccinales
6
Lutte
antivectorielle
7
Fièvre
jaune
7
Historique
de
la
fièvre
jaune
7
Épidémiologie
de
la
fièvre
jaune
7
Virus
amaril
7
Transmission
du
virus
de
la
fièvre
jaune
7
Maladie
9
Physiopathologie
de
la
fièvre
jaune
9
Diagnostic
biologique
9
Traitement
de
la
fièvre
jaune
10
Vaccin
antiamaril
10
Lutte
antivectorielle
10
Aspects
de
santé
publique
11
Virus
West
Nile
11
Épidémiologie
du
virus
West
Nile
11
Virus
West
Nile
11
Transmission
du
virus
West
Nile
11
Maladie
11
Diagnostic
biologique
12
Traitement
12
Approches
vaccinales
12
Prévention
du
risque
post-transfusionnel
ou
postgreffe
13
Dispositif
de
surveillance
13
Encéphalite
japonaise
13
Épidémiologie
de
l’encéphalite
japonaise
13
Virus
de
l’encéphalite
japonaise
13
Transmission
de
l’encéphalite
japonaise
14
Maladie
et
sa
physiopathologie
14
Diagnostic
biologique
14
Traitement
14
Vaccin
15
Autres
moyens
de
prévention
15
Encéphalite
à
tiques
15
Épidémiologie
de
l’encéphalite
à
tiques
15
Virus
de
l’encéphalite
à
tiques
15
Transmission
et
cycle
de
l’encéphalite
à
tiques
16
Maladie
et
sa
pathogenèse
16
Diagnostic
biologique
16
Prévention
de
l’encéphalite
à
tique
16
EMC
-
Maladies
infectieuses 1
Volume
9
>
n2
>
mai
2012
http://dx.doi.org/10.1016/S1166-8598(12)50186-9
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
8-062-A-10 Dengue,
fièvre
jaune
et
autres
arboviroses
Chikungunya
17
Épidémiologie
du
chikungunya
17
Virus
chikungunya
17
Transmission
du
virus
chikungunya
17
Maladie
18
Physiopathologie
du
chikungunya
19
Diagnostic
biologique
19
Traitement
19
Vaccin
19
Fièvre
de
la
vallée
du
Rift
19
Historique
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
19
Épidémiologie
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
19
Virus
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
20
Transmission
et
cycle
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
20
Maladie
21
Diagnostic
biologique
21
Traitement
21
Prévention
21
Introduction
générale
Les
arbovirus–terme
dérivé
de
l’anglo-saxon
arthropod-borne
virus
sont
des
virus
transmis
à
un
hôte
récepteur
par
un
arthro-
pode
hématophage
:
moustique,
tique,
phlébotome
ou
Culicoides.
Ces
virus
se
multiplient
dans
l’arthropode
vecteur
avant
d’être
transmis
à
un
hôte
vertébré.
Le
virus
est
ainsi
entretenu
dans
le
milieu
naturel
grâce
à
un
cycle
permanent
entre
le
vecteur
et
l’hôte.
C’est
en
1865
qu’un
médecin
cubain,
Carlos
Finlay,
associa
pour
la
première
fois
la
transmission
de
la
fièvre
jaune,
arbo-
virose
majeure
en
Afrique
et
en
Amérique
latine,
à
la
piqûre
de
moustique.
En
1901,
Walter
Reed
confirma
que
le
sang
des
malades
était
infectieux
pendant
les
2
à
3
premiers
jours
de
la
maladie.
Il
montra
qu’un
délai
de
2
à
3
semaines
était
néces-
saire
à
partir
du
repas
sanguin
pour
que
le
moustique
puisse
transmettre
l’infection
et
qu’un
délai
de
2
à
5
jours
précédait
l’apparition
des
signes
cliniques.
L’agent
infectieux
était
fil-
trant,
Reed
avait
découvert
le
premier
virus
pathogène
pour
l’homme.
Depuis,
plus
de
500
arbovirus
ont
été
décrits,
dont
plus
d’une
cinquantaine
représente
un
intérêt
médical.
Ces
virus
sont
hété-
rogènes
d’un
point
de
vue
structural.
Ils
appartiennent
à
sept
familles
différentes,
elles-mêmes
divisées
en
plusieurs
genres,
dont
les
Flavivirus
(ex.
:
fièvre
jaune,
dengue,
virus
du
Nil
occiden-
tal,
encéphalite
japonaise),
les
Alphavirus
(ex.
:
chikungunya),
les
Bunyavirus
(ex.
:
Oropouche)
ou
encore
les
Phlebovirus
(ex.
:
fièvre
de
la
vallée
du
Rift).
Les
arbovirus
sont
répartis
sur
l’ensemble
du
globe,
mais
sévissent
majoritairement
dans
les
zones
tropicales.
Leur
survenue
est
caractérisée
par
des
bouffées
épidémiques
se
produisant
à
intervalles
de
temps
plus
ou
moins
longs.
Ce
sont
généralement
des
virus
pantropes
qui
peuvent
engendrer
chez
l’homme
des
formes
asymptomatiques,
paucisymptoma-
tiques
et
des
formes
algiques
fébriles
spontanément
réso-
lutives.
Des
formes
d’évolution
plus
grave
sont
également
possibles,
qui
se
caractérisent
principalement
par
la
surve-
nue
de
fièvres
hémorragiques,
de
méningoencéphalites
ou
d’hépatites.
Il
a
été
choisi
de
présenter
les
arbovirus
présentant
un
intérêt
majeur
en
termes
de
santé
publique
ou
de
potentiel
émergent
dans
le
monde,
mais
aussi
en
France
métropolitaine
et
dans
les
territoires
ultramarins.
Sont
exposés
les
principaux
flavivirus
avec
la
dengue,
la
fièvre
jaune,
le
virus
du
Nil
occi-
dental
(encore
appelé
virus
West
Nile),
l’encéphalite
japonaise
et
l’encéphalite
à
tiques.
Le
virus
chikungunya
appartenant
au
genre
Alphavirus
et
le
virus
de
la
fièvre
de
la
vallée
du
Rift
appartenant
au
genre
Phlébovirus
sont
également
traités
dans
ce
chapitre.
Dengue
Épidémiologie
de
la
dengue
Historique
Les
premières
épidémies
de
dengue
sont
apparues
au
XVIIIe
siècle [1–3].
Dengue
au
XXIesiècle
Au
début
du
troisième
millénaire,
la
dengue
représente
la
prin-
cipale
arbovirose
dans
le
monde
et
s’intègre
dans
le
schéma
d’une
maladie
infectieuse
émergente,
conséquence
de
l’évolution
démo-
graphique,
de
l’urbanisation
rapide
à
large
échelle,
de
l’évolution
exponentielle
des
transports
et
des
changements
environnemen-
taux.
Aujourd’hui,
elle
représente
l’arbovirose
la
plus
répandue
dans
le
monde
et
elle
connaît
une
expansion
rapide.
Plus
de
2,5
milliards
de
personnes,
soit
près
de
40
%
de
la
population
mon-
diale,
sont
désormais
exposées
au
risque
de
contracter
la
maladie.
Cette
pathologie
est
maintenant
endémique
dans
plus
de
cent
pays
d’Afrique,
des
Amériques
y
compris
la
zone
Caraïbe
de
la
Méditerranée
orientale,
d’Asie
du
Sud-Est
et
du
Pacifique
occiden-
tal.
L’Organisation
mondiale
de
la
santé
(OMS)
estime
que,
chaque
année,
entre
50
et
100
millions
d’individus
sont
infectés
par
le
virus
de
la
dengue.
On
estime
également
qu’environ
500
000
per-
sonnes
sont
hospitalisées
annuellement
pour
une
dengue
sévère,
dont
une
large
proportion
d’enfants.
Enfin,
on
estime
à
25
000
environ
le
nombre
de
cas
de
dengue
conduisant
chaque
année
au
décès,
mais
le
taux
de
létalité
réel
pourrait
être
deux
fois
plus
élevé [4].
Actuellement,
la
distribution
géographique
de
la
dengue
dans
le
monde
se
superpose
à
celle
de
son
principal
vecteur,
Aedes
aegypti.
Virus
de
la
dengue
Les
virus
de
la
dengue
(dengue
virus
– DENV)
appartiennent
à
la
famille
des
Flaviviridae,
genre
Flavivirus.
Ce
genre
regroupe
entre
autres
les
virus
de
la
dengue
et
de
la
fièvre
jaune,
le
virus
du
Nil
occidental
(encore
appelé
virus
West
Nile).
Ce
sont
des
virus
enveloppés
d’environ
50
nm
de
diamètre
et
constitués
d’une
nucléocapside
icosaédrique
formée
par
la
protéine
C
associée
à
un
acide
ribonucléique
(ARN)
génomique
simple
brin
linéaire
de
polarité
positive
d’environ
11
kB.
La
nucléocapside
est
entourée
d’une
enveloppe
constituée
d’une
bicouche
lipidique
issue
du
réti-
culum
endoplasmique
dans
laquelle
sont
ancrées
les
protéines
membranaires
M,
dérivées
d’un
précurseur
prM,
et
d’enveloppe
E[5].
D’une
manière
générale,
le
génome
des
flavivirus
se
compose
à
son
extrémité
5d’une
région
non
traduite
d’environ
100
nucléo-
tides.
L’acide
ribonucléique
(ARN)
génomique
ou
ARN
messager
est
directement
infectieux
et
peut
générer
un
cycle
complet
de
réplication.
Il
est
traduit
en
un
unique
et
long
cadre
de
lecture
ouvert
codant
une
polyprotéine
virtuelle
d’environ
3
400
acides
aminés
clivée
co-
ou
post-traductionnellement
par
des
protéases
cellulaires
ou
virales.
Cette
polyprotéine
va
générer
trois
protéines
de
structure
(C,
prM/M
et
E)
ainsi
que
sept
protéines
non
structurales
(NS1,
NS2A,
NS2B,
NS3,
NS4A,
NS4B
et
NS5) [5].
L’extrémité
3s’achève
par
une
région
non
traduite
qui
contient
entre
400
et
700
nucléotides.
Les
virus
la
dengue
se
présentent
sous
quatre
sérotypes
généti-
quement
et
antigéniquement
distincts,
DENV-1,
DENV-2,
DENV-3
et
DENV-4.
Les
séquences
nucléotidiques
au
niveau
des
différents
gènes
du
virus
de
la
dengue
montrent
une
variabilité
génétique
entre
ces
sérotypes,
qui
se
limite
au
sein
d’un
même
sérotype
entre
6
%
et
20
%[6].
Ces
quatre
sérotypes
se
subdivisent
en
différents
génotypes,
souvent
corrélés
à
l’origine
géographique
dont
ils
sont
issus.
Transmission
du
virus
de
la
dengue
Vecteurs
arthropodes
L’espèce
principalement
en
cause
de
la
transmission
du
virus
de
la
dengue
à
l’homme
est
Aedes
aegypti
et,
dans
une
2EMC
-
Maladies
infectieuses
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Dengue,
fièvre
jaune
et
autres
arboviroses 8-062-A-10
moindre
mesure,
Aedes
albopictus.
D’autres
vecteurs
comme
Ae.
polynesiensis
ou
Ae.
scutellaris
peuvent
également
être
mis
en
cause.
Moustique
Aedes
aegypti
Originaire
d’Afrique,
Ae.
aegypti
se
répand
dans
l’hémisphère
ouest
au
XVIIesiècle,
en
Asie
tropicale
au
XIXesiècle,
et
dans
les
îles
du
Pacifique
fin
du
XIXedébut
du
XXesiècle.
Cette
espèce
est
ensuite
éradiquée
du
bassin
méditerranéen
dans
les
années
1950
et
quasi
éradiquée
de
l’Amérique
tropicale
dans
les
années
1960.
Au
cours
des
deux
décennies
qui
suivent
l’arrêt
des
diffé-
rents
programmes
d’éradication,
Ae.
aegypti
réinfeste
la
plupart
des
pays
dans
lesquels
il
avait
été
éradiqué.
Aujourd’hui,
Ae.
aegypti
est
une
espèce
cosmopolite.
De
nombreux
changements
écologiques
liés
à
l’augmentation
de
la
démographie
humaine
entraînent
une
urbanisation
incontrôlée
et
une
détérioration
de
l’environnement
urbain.
Ces
modifications
favorisent
la
pullulation
des
popu-
lations
d’Ae.
Aegypti
et
augmentent
ainsi
les
contacts
entre
le
moustique
et
l’homme [1].
Ae.
aegypti
est
un
moustique
de
couleur
noire
avec
des
bandes
blanc
argenté
sur
la
face
supérieure
du
thorax,
au
niveau
des
tarses
des
pattes
et
de
l’abdomen.
La
femelle
Ae.
aegypti
pond
ses
œufs
sur
la
paroi
humide
d’un
gîte
naturel
ou
artificiel
contenant
de
l’eau.
Les
œufs
peuvent
résister
à
la
dessiccation
plusieurs
semaines
ou
mois,
et
ils
éclosent
lorsque
l’eau
va
les
submerger
de
nouveau.
Le
stade
larvaire
d’Ae.
aegypti
dure
de
7
à
9
jours
à
25 C
et
le
stade
de
nymphe,
2
à
3
jours
à
la
même
température [7].
Les
larves
et
nymphes
préfèrent
se
développer
dans
différents
types
de
contai-
ners
d’eau
propre
et
artificielle
:
jarres,
barriques,
citernes,
vases,
pots,
etc.
Ce
type
de
gîte
peut
être
productif
toute
l’année.
Cer-
taines
populations
d’Ae.
aegypti
sont
capables
de
se
développer
dans
des
gîtes
larvaires
«atypiques
»tels
les
puits,
les
regards
d’eau
pluviale,
les
siphons
de
sols,
les
gouttières,
les
flaques,
les
feuilles
engainantes
et
les
trous
d’arbres.
Dans
un
environnement
urbain
domestique,
l’écologie
d’Ae.
aegypti
se
caractérise
par
une
forte
anthropophilie.
L’activité
des
femelles
est
diurne
avec
un
pic
d’activité
principalement
en
milieu
de
matinée
ainsi
qu’en
fin
d’après-midi,
dont
l’occurrence
peut
varier
selon
le
climat
et
l’habitat.
Les
femelles
sont
capables
de
se
nourrir
deux
à
trois
fois
au
cours
d’un
même
cycle
gono-
trophique.
La
durée
de
vie
moyenne
est
de
8
à
15
jours
pour
une
femelle
et
de
3
à
6
jours
pour
un
mâle.
La
dispersion
spontanée
des
adultes
se
limite
entre
30
et
50
m/j.
Une
dispersion
passive
des
adultes
et
des
larves
est
possible
(vent,
voiture,
train,
avion,
bateau).
Pour
cette
raison,
le
règlement
sanitaire
international
(RSI)
impose
une
éradication
d’Ae.
aegypti
dans
un
rayon
de
400
m
autour
des
ports
et
aéroports
internationaux.
Moustique
Aedes
albopictus
Ae.
albopictus
est
une
espèce
asiatique
présente
dans
le
sous-
continent
indien,
en
Asie
du
Sud-Est,
Chine,
Japon,
Indonésie,
dans
les
îles
de
l’océan
Indien
(Madagascar,
Maurice,
Réunion,
etc.)
et,
depuis
le
début
du
XXesiècle
dans
les
îles
hawaïennes.
C’est
à
la
fin
du
XXesiècle
que
le
commerce
de
pneus
entre
les
dif-
férents
continents
est
à
l’origine
de
l’introduction
d’Ae.
albopictus
sur
les
continents
américains
(sud
des
États-Unis)
et
africain,
ainsi
que
dans
le
Pacifique
et
le
sud
de
l’Europe.
Ae.
albopictus
est
désor-
mais
implanté
en
Europe
en
Belgique,
Bosnie,
Croatie,
Grèce,
Pays-Bas,
Serbie
et
Suisse,
ainsi
qu’en
France
avec
six
départe-
ments
touchés
dans
le
Sud-Est
en
2010
:
Alpes-de-Haute-Provence,
Alpes-Maritimes,
Bouches-du-Rhône,
Corse-du-Sud,
Haute-Corse
et
Var.
Ce
moustique,
forestier
à
l’origine,
s’adapte
à
l’environnement
humain
sans
pour
autant
acquérir
le
même
degré
de
domes-
tication
qu’Ae.
aegypti.
Certaines
souches
d’Ae.
albopictus
ont
la
capacité
de
rentrer
en
diapause
hivernale,
expliquant
ainsi
une
distribution
de
ce
dernier
pouvant
aller
jusqu’à
l’isotherme
0C,
soit
une
distribution
beaucoup
plus
au
nord
que
celle
d’Ae.
aegypti [7,
8].
Son
aspect
est
proche
d’Ae.
aegypti
:
un
corps
de
couleur
noire
marqué
de
bandes
blanches
argentées.
La
différence
majeure
avec
Ae.
aegypti
est
qu’Ae.
albopictus
possède
une
seule
rayure
blanc
argenté
au
centre
dorsal
du
thorax.
Les
œufs
d’Ae.
albopictus
peuvent
résister
à
la
dessiccation
pendant
plusieurs
mois.
Les
gîtes
larvaires
se
caractérisent
par
des
containers
naturels
tels
que
des
trous
d’arbres,
aisselles
de
plantes,
branches
de
bambous,
etc.
ou
des
récipients
artificiels
tels
que
des
barriques
d’eau,
canettes,
boîtes
de
conserves
etc.
Cette
diversité
d’habitat
explique
la
pré-
sence
de
ce
vecteur
en
milieu
rural,
périurbain
et
urbain.
Ae.
aegypti
est
plus
efficace
qu’Ae.
albopictus
dans
la
trans-
mission
du
virus
de
la
dengue,
car
il
est
anthropophile
alors
qu’Ae.
albopictus
est
zoophile
et
anthropophile,
et
prend
son
repas
sanguin
à
partir
de
sources
plus
variées.
L’expansion
géographique
récente
d’Ae.
albopictus
peut
laisser
craindre
un
rôle
accru
de
ce
vecteur
dans
la
transmission
de
la
dengue.
Sa
présence
complique
l’épidémiologie
et
le
contrôle
de
la
dengue
du
fait
:
de
la
diversité
de
ses
gîtes
larvaires
;
de
son
aptitude
à
coloniser
des
régions
éloignées
de
la
zone
intertropicale
(États-Unis,
Canada,
Europe,
etc.)
;
de
sa
capacité
à
conserver
dans
ses
œufs
en
diapause
le
virus
de
la
dengue,
dans
des
conditions
environnementales
contrai-
gnantes [9].
Spectre
d’hôtes
Bien
que
DENV
soit
transmis
principalement
à
l’homme
dans
les
villes
et
villages,
un
cycle
selvatique
impliquant
des
primates
non
humains
est
mis
en
évidence
en
Asie
et
en
Afrique.
Alors
que
le
cycle
forestier
asiatique
implique
des
singes
des
genres
Macaca
et
Presbytis,
et
un
moustique
vecteur
forestier,
le
cycle
caractérisé
en
Afrique
de
l’Ouest
implique
des
singes
du
genre
Erythrocebus
et
diverses
espèces
de
vecteurs
Aedes
sauvages.
Cycle
du
virus
de
la
dengue
:
arthropode-hôte
vertébré
Le
cycle
de
transmission
du
virus
de
la
dengue
fait
interve-
nir
avec
certitude
trois
hôtes
naturels
:
les
moustiques
vecteurs
et
réservoirs
du
virus,
l’homme
qui
est
l’hôte
amplificateur
et
les
primates
non
humains
qui
sont
les
hôtes
vertébrés,
réservoirs
démontrés
en
Afrique
et
en
Asie.
Le
virus
est
inoculé
dans
l’espace
sous-cutané
ou
intradermique
de
l’hôte
vertébré
lors
de
l’injection
de
salive
par
l’Aedes
au
cours
de
son
repas
sanguin.
L’incubation
chez
l’homme,
ou
cycle
d’amplification
intrinsèque,
débute
après
la
piqûre
du
moustique
infectant
et
dure
entre
5
et
7
jours.
À
l’issue,
l’homme
développe
une
phase
de
virémie
qui
précède
les
premiers
signes
cliniques
de
24
à
48
heures
et
se
poursuit
4
à
5
jours.
Au
cours
de
cette
fenêtre
virémique,
l’homme
est
infectieux
pour
un
moustique
vecteur
compétent
qui
prendrait
son
repas
sanguin
(Fig.
1).
Après
la
phase
virémique
chez
l’homme
ou
phase
de
défervescence
au
5ejour
de
la
maladie,
le
virus
est
éliminé
rapidement,
sans
qu’aucun
signe
de
persistance
virale
n’ait
pu
être
montré
à
ce
jour.
Après
ingestion
du
virus
par
le
moustique,
il
existe
chez
ce
dernier
un
cycle
d’amplification
extrinsèque,
d’une
durée
de
8
à
15
jours.
Cette
durée
va
être
variable
en
fonction
des
conditions
climatiques
(température,
pluviométrie,
hygrométrie).
Au
cours
de
l’amplification
extrinsèque
ou
cycle
gonotrophique
du
mous-
tique,
la
femelle
passe
du
stade
femelle
gorgée
au
stade
femelle
semi-gravide
puis
gravide.
Cette
première
étape
dure
3
à
4
jours
au
bout
desquels
elle
va
être
capable
de
pondre
ses
œufs.
Le
repas
sanguin
permet
à
la
femelle
d’acquérir
les
protéines
nécessaires
au
développement
de
ses
œufs.
Le
moustique
femelle
peut
transmette
le
virus
de
la
dengue
à
sa
descendance
encore
appelée
transmis-
sion
verticale.
Une
fois
ingérées,
les
particules
virales
arrivent
au
niveau
de
l’estomac
et
infectent
les
cellules
mésentériques
du
moustique.
Le
virus
va
ensuite
pouvoir
se
multiplier
et
diffuser
dans
tous
les
organes
du
moustique,
notamment
au
niveau
des
glandes
salivaires.
Lorsque
cette
réplication
virale
s’est
opérée,
le
femelle
moustique
devient
à
son
tour
infectante
et
le
reste
tout
au
long
de
son
existence.
Maladie
La
dengue
se
présente
sous
:
des
formes
asymptomatiques
;
des
formes
bénignes
d’évolution
spontanément
favorable
en
une
dizaine
de
jours
;
dans
une
minorité
des
cas,
des
formes
sévères
de
type
hémor-
ragique
avec
ou
sans
syndrome
de
choc
pouvant
entraîner
la
mort
en
l’absence
de
prise
en
charge
médicale
adaptée.
EMC
-
Maladies
infectieuses 3
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
8-062-A-10 Dengue,
fièvre
jaune
et
autres
arboviroses
Cycle d’amplification
intrinsèque 1
Cycle d’amplification
intrinsèque 2
Cycle d’amplification extrinsèque
chez le moustique
10 à 15 jours
Période d’incubation
chez l’homme
(5 à 7 jours)
Période d’incubation
chez l’homme
(5 à 7 jours)
Période de contamination du moustique
par l'homme (environ une semaine)
Virémie
Début de la fièvre Piqûre de moustique :
infection d’un individu 2
Piqûre de moustique :
infection d’un individu 1
Figure
1.
Cycle
du
virus
de
la
dengue
chez
l’homme
et
chez
le
moustique.
Quel
que
soit
le
sérotype
de
DENV
impliqué
dans
l’infection,
les
tableaux
cliniques
sont
similaires.
La
sévérité
clinique
paraît
dépendre
de
multiples
facteurs
(infection
primaire
versus
secon-
daire),
le
terrain
génétique
de
l’individu,
son
âge
et
la
virulence
de
la
souche [10–12].
Point
important
La
dengue
représente
au
XXIesiècle
l’arbovirose
la
plus
répandue
dans
le
monde
avec
plus
de
2,5
milliards
de
personnes
exposées
au
risque
de
contracter
la
maladie.
Ce
virus
appartient
à
la
famille
des
Flaviviridae,
genre
Fla-
vivirus.
Sa
distribution
mondiale
se
superpose
à
celle
de
son
principal
vecteur,
Aedes
aegypti,
principalement
dans
toute
la
zone
intertropicale.
Le
cycle
de
transmission
du
virus
de
la
dengue
(DENV)
fait
intervenir,
outre
des
mous-
tiques
vecteurs
et
réservoirs
du
virus,
l’homme
qui
est
l’hôte
amplificateur
et
les
primates
non
humains,
réser-
voirs
démontrés
en
Afrique
et
en
Asie.
Le
nombre
de
cas
de
dengue,
mais
aussi
de
dengues
hémorragiques
et
autres
formes
sévères,
s’accentue
inexorablement
depuis
la
moitié
du
XXesiècle.
On
estime
à
environ
25
000
le
nombre
de
décès
annuels,
principalement
chez
des
enfants,
mais
le
taux
de
létalité
réel
pourrait
être
deux
fois
plus
élevé.
Les
virus
de
la
dengue
existent
sous
forme
de
quatre
sérotypes
distincts.
Si
les
formes
dites
de
dengue
hémorragique
peuvent
survenir
au
cours
d’une
infection
primaire
par
un
sérotype,
de
multiples
études
épidémio-
logiques
ont
montré
un
risque
accru
en
cas
d’infection
secondaire
par
un
sérotype
hétérologue.
La
survenue
des
formes
sévères
serait
aussi
influencée
par
l’existence
de
souches
virales
plus
virulentes.
L’une
des
difficultés
dans
la
conception
d’un
vaccin
contre
DENV
réside
dans
la
mise
au
point
d’un
vaccin
actif
contre
les
quatre
sérotypes.
Bien
qu’aujourd’hui
aucun
vaccin
ne
soit
commercialisé,
plusieurs
candidats
vaccins
sont
développés
et
certains
d’entre
eux
sont
au
stade
des
essais
cliniques.
Formes
pauci-
ou
asymptomatiques
et
dengue
«
classique
»
Peu
de
données
chiffrées
sont
actuellement
disponibles
sur
la
proportion
des
infections
pauci-
ou
asymptomatiques
par
le
virus
de
la
dengue,
variant
de
15
%
à
75
%
en
fonction
du
type
d’étude [13,
14].
La
fièvre
dengue,
plus
communément
appelée
dengue
«
classique
»,
après
une
incubation
variant
entre
3
et
14
jours
(en
moyenne
1
semaine),
se
caractérise
par
un
syndrome
pseudo-
grippal
de
début
brutal
associant
généralement
une
forte
fièvre
(>
38,5 C)
et
des
céphalées,
des
myalgies,
des
arthralgies
et
des
douleurs
rétro-orbitaires.
Après
les
2
à
4
premiers
jours
de
maladie
peuvent
apparaître
une
éruption
maculopapuleuse
géné-
ralisée
et
un
érythème
du
visage.
Dans
cette
forme
clinique
non
compliquée,
un
syndrome
hémorragique
mineur
peut
aussi
être
observé,
caractérisé
par
un
purpura
pétéchial,
ou
encore
un
sai-
gnement
cutané
superficiel
:
purpura
ecchymotique
peu
étendu,
hématomes
aux
points
de
ponction,
ou
muqueux
:
saignements
gingivaux
ou
encore
hémorragies
gastro-intestinales
ou
vaginales.
D’autres
symptômes
sont
fréquemment
rapportés
tels
que
des
signes
digestifs
:
nausées,
vomissements,
douleurs
abdominales,
sans
défense
ni
contracture,
ni
syndrome
occlusif,
ou
des
ano-
malies
biologiques
:
syndrome
mononucléosique,
thrombopénie
(<
100
×
109/l),
cytolyse
hépatique
modérée
(deux
à
dix
fois
la
normale),
cytolyse
musculaire
modérée
(2
à
20
fois
la
nor-
male),
allongement
isolé
du
temps
de
céphaline
activée
(TCA)
par
présence
d’un
anticoagulant
circulant,
sans
autre
anomalie
de
l’hémostase.
L’évolution
de
la
maladie
est
spontanément
réso-
lutive
avec
un
retour
à
l’apyrexie
en
moins
de
1
semaine.
Une
asthénie
persistante
peut
être
observée
pendant
la
période
de
convalescence.
Il
n’existe
pas
de
forme
chronique
ni
de
rechute
de
la
maladie.
Dengue
hémorragique
et
autres
formes
sévères
Dans
certains
cas,
après
2
à
7
jours
d’évolution
et
au
moment
de
la
défervescence
thermique,
l’infection
peut
évoluer
vers
une
dengue
hémorragique
ou
une
dengue
avec
syndrome
de
choc
(dengue
haemorrhagic
fever/dengue
shock
syndrome
DHF/DSS) [2].
Ces
formes
cliniques
se
déclarent
le
plus
souvent
chez
des
enfants
de
moins
de
15
ans
comme
cela
est
largement
observé
en
Asie
du
Sud-Est
depuis
les
années
1950.
Cependant,
des
formes
de
DHF/DSS
sont
également
décrites
de
fac¸on
indifférenciée
chez
des
enfants
et
des
adultes
sur
le
continent
américain [15,
16].
La
première
anomalie
observée
dans
une
DHF/DSS
est
une
aug-
mentation
aiguë
de
la
perméabilité
vasculaire
qui
mène
à
une
fuite
plasmatique
vers
le
compartiment
extravasculaire,
condui-
sant
à
une
hémoconcentration
et
à
une
diminution
de
la
pression
sanguine [4].
Lors
de
la
fuite
plasmatique,
il
n’existe
pas
de
lésion
vasculaire
apparente,
suggérant
que
les
changements
fonc-
tionnels
vasculaires
s’opèrent
via
un
médiateur
à
action
locale.
L’hépatomégalie
associée
est
commune,
mais
n’est
pas
un
phéno-
mène
constant.
La
survenue
de
troubles
sévères
de
l’hémostase,
associés
à
une
coagulopathie
de
consommation
(allongement
du
TCA
et
dimi-
nution
du
TP)
et
à
un
syndrome
de
choc
par
hyperperméabilité
capillaire,
peut
mener
à
une
défaillance
multiviscérale
et
au
décès
du
patient.
Au
total,
2
%
à
4
%
des
patients
développent
un
syn-
drome
de
fuite
plasmatique
de
gravité
variable,
qui
dure
2
à
4EMC
-
Maladies
infectieuses
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 30/10/2016 par Universite Lyon I Claude Bernard (19411). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Dengue,
fièvre
jaune
et
autres
arboviroses 8-062-A-10
Sans
Dengue ± signes d’alerte
Dengue sévère
1. Fuite plasmatique sévère
2. Hémorragie sévère
3. Atteinte viscérale
Avec signes
dalerte
Figure
2.
Classification
des
différentes
formes
cliniques
de
dengue
(d’après
l’Organisation
mondiale
de
la
santé) [4].
3
jours.
La
létalité
pour
les
cas
de
dengue
hémorragique
est
en
moyenne
de
2,5
%,
cependant,
faute
de
prise
en
charge
médicale
rapide
et
appropriée,
elle
peut
atteindre
20
%.
Une
nouvelle
classification
de
l’OMS
prend
désormais
en
compte
le
fait
que
les
trois
formes
cliniques
de
dengue
initiale-
ment
définies
ne
sont
probablement
pas
trois
entités
différentes,
mais
correspondent
plutôt
à
un
spectre
clinique
continu
(Fig.
2)[4].
Elle
regroupe
désormais
sous
le
terme
de
«fièvre
dengue
sévère
»
toutes
les
formes
cliniques
ne
correspondant
ni
aux
critères
de
la
dengue
classique
ni
à
ceux
de
la
dengue
hémorragique,
et
elle
permet
de
prendre
en
considération
les
formes
graves
de
la
fièvre
dengue
dites
«
atypiques
»
comme
les
encéphalopathies,
hépatites,
myocardites
ou
rhabdomyolyses [17].
Enfin,
elle
met
en
avant
l’existence
de
signes
d’alarmes
observés
au
cours
d’une
fièvre
dengue
qui
imposent
une
mise
sous
observation
stricte
du
patient
:
douleurs
abdominales
ou
sensibilité,
vomissements
persistants,
présence
d’un
épanchement
pleural
ou
d’ascite,
sai-
gnement
des
muqueuses,
léthargie,
agitation,
débord
hépatique
supérieur
à
2
cm
ou,
sur
le
plan
biologique,
une
augmentation
de
l’hématocrite
simultané
d’une
chute
rapide
des
plaquettes [4].
Diagnostic
différentiel
de
la
dengue
Les
principaux
diagnostics
différentiels
à
évoquer
au
cours
d’une
infection
par
DENV
pendant
la
phase
fébrile
sont
:
paludisme
non
compliqué,
primo-infection
du
virus
de
l’immunodéficience
humaine
(VIH),
virose
aiguë
exanthéma-
tique
(rougeole,
rubéole,
mononucléose,
etc.),
autres
arboviroses
(fièvre
jaune,
chikungunya,
etc.),
grippe
et
autres
syndromes
grippe-like.
De
même,
à
la
phase
critique
de
la
maladie,
les
pathologies
suivantes
doivent
être
évoquées
:
paludisme
grave,
gastroentérite
aiguë,
leptospirose,
salmonellose,
rickettsiose,
hépatites
virales,
méningoencéphalite
ou
sepsis
bactérien.
D’autres
tableaux
cliniques
comme
un
abdomen
aigu
(appendi-
cite,
cholécystite,
perforation),
une
acidocétose
diabétique,
une
acidose
lactique,
une
thrombopathie
ou
une
insuffisance
rénale
peuvent
également
être
envisagés [4].
Physiopathologie
de
la
dengue
La
physiopathologie
de
la
dengue
a
fait
l’objet
de
nombreuses
études,
cependant,
elle
reste
encore
mal
connue.
L’absence
d’un
modèle
animal
constitue
un
obstacle
ralentissant
l’étude
des
mécanismes
induits
lors
de
l’infection,
et
par
conséquent
le
déve-
loppement
d’un
vaccin.
Diagnostic
biologique
Le
diagnostic
biologique
de
la
dengue
fait
appel
à
la
détection
du
virus,
de
son
génome
ou
d’antigènes
viraux,
constituant
le
diag-
nostic
direct
réservé
au
stade
précoce
de
la
maladie.
La
détection
d’anticorps,
ou
diagnostic
indirect,
est,
quant
à
elle,
privilégiée
à
partir
du
5ejour
de
la
maladie.
Détection
du
virus
ou
de
son
génome
À
partir
de
sérums
obtenus
entre
le
1er et
le
7ejour
de
maladie,
la
détection
du
virus
peut
être
effectuée
par
isolement
sur
lignées
continues
de
cellules
de
moustiques.
Cependant,
du
fait
de
la
clas-
sification
de
DENV
comme
agent
biologique
de
classe
3
lors
de
sa
mise
en
culture,
il
est
impératif
de
disposer
d’un
laboratoire
de
sécurité
biologique
de
niveau
3
(LSB
3).
Cette
méthode,
bien
que
toujours
considérée
comme
la
technique
de
référence
par
l’OMS,
ne
permet
pas
de
poser
un
diagnostic
avant
une
dizaine
de
jours
au
minimum,
donc
ne
permet
pas
de
répondre
à
une
situation
d’urgence.
Les
méthodes
moléculaires
basées
sur
la
reverse
transcriptase-
polymerase
chain
reaction
(RT-PCR)
ont
contribué
à
améliorer
le
diagnostic
de
la
dengue
en
phase
symptomatique
et
ouvert
la
voie
au
sérotypage
DENV-1
à
DENV-4,
primordial
dans
un
but
de
surveillance
épidémiologique
plus
qu’à
des
fins
diagnos-
tiques.
Plus
récemment,
des
techniques
de
RT-PCR
en
temps
réel
se
sont
développées
pour
détecter
DENV
ou
le
sérotype
en
cause.
Bien
qu’encore
coûteuses,
ces
techniques
permettent
de
s’affranchir
des
contraintes
imposées
par
la
RT-PCR
convention-
nelle
liées
principalement
au
risque
de
contamination,
mais
ne
présentent
pas
toujours
une
sensibilité
suffisante
pour
supplanter
complètement
les
techniques
conventionnelles [18].
Détection
antigénique
:
la
protéine
NS1
Depuis
2006,
plusieurs
tests
basés
sur
la
détection
d’antigène
viral
ont
été
commercialisés,
des
tests
enzyme-linked
immuno-
sorbent
assay
(Elisa)
et
des
tests
rapides
de
type
immunochromato-
graphique
(ICT)
sous
forme
de
bandelette
rapide
ou
cassette.
Ces
tests
permettent
la
mise
en
évidence
de
l’antigène
NS1
dans
le
sérum
des
patients
dès
l’apparition
des
premiers
signes
cliniques
et
offrent
un
diagnostic
précoce
d’infection
par
DENV.
Les
tests
actuellement
disponibles
(Elisa
et
ICT)
présentent
une
sensibilité
comprise
entre
37
%
et
93
%
en
fonction
des
études,
ces
dernières
n’étant
pas
toujours
comparables
en
termes
de
méthodologies
uti-
lisées.
Les
performances
des
tests
rapides
ICT
restent
inférieures
à
celles
des
tests
Elisa [19,
20].
Afin
de
minimiser
les
moindres
perfor-
mances
des
tests
ICT,
un
fabricant
a
couplé
dans
la
même
trousse
deux
cassettes
permettant
de
détecter
en
parallèle
l’antigène
NS1
et
les
anticorps
de
type
immunoglobulines
M
(IgM)
et
IgG,
mais
les
performances
de
la
cassette
anticorps
demeurent
insuffisantes.
Diagnostic
indirect
ou
diagnostic
sérologique
Le
diagnostic
sérologique
de
la
dengue
repose
sur
la
détec-
tion
d’IgM
et
d’IgG
spécifiques
en
fonction
de
leur
cinétique
d’apparition
au
cours
du
temps.
La
détection
des
IgM
met
en
œuvre
des
techniques
Elisa
de
type
capture,
celle
des
IgG
utilise
préférentiellement
des
techniques
de
type
Elisa
indirect.
Cinétique
des
anticorps
dirigés
contre
le
virus
de
la
dengue
Au
cours
d’une
infection
primaire,
les
IgM
apparaissent
au
bout
de
5
à
6
jours
et
les
IgG
7
à
10
jours
après
les
premiers
signes
cliniques
et
atteignent
leur
maximum
en
2
à
3
semaines.
Les
IgM
atteignent
leur
pic
de
sécrétion
2
semaines
après
le
début
de
la
maladie.
Dans
certains
cas,
elles
peuvent
persister
jusqu’à
6
mois
après
le
premier
épisode
infectieux
(Fig.
3A).
Lors
d’une
infection
secondaire
caractérisée
par
un
contact
avec
un
virus
hétérologue,
les
IgG
apparaissent
plus
précocement
et
leur
taux
croît
progressivement
durant
environ
2
semaines.
Les
IgM
sont
détectées
à
des
taux
plus
faibles
et,
dans
certains
cas
peuvent
être
fugaces,
voire
absentes.
D’une
manière
générale,
le
titre
glo-
bal
en
anticorps
augmente
très
rapidement
dès
la
phase
aiguë
de
l’infection
et
ils
présentent
une
réactivité
croisée
significa-
tive
vis-à-vis
d’autres
antigènes
de
flavivirus [4].
D’un
point
de
vue
technique,
l’observation
d’une
ascension
du
titre
des
IgG
est
rare-
ment
effectuée
faute
d’un
second
prélèvement
effectué
pendant
la
période
de
convalescence
(Fig.
3B).
EMC
-
Maladies
infectieuses 5
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