
206  Elena V. Trofimova 
 
obtenue  en  consultant les données  du  Service 
Hydrométéorologique  Russe  et  des 
explorations des expéditions. 
 
Les calculs par la méthode de J. Corbel 
L’analyse des données des calculs pour les 
125 bassins versants indique que les quantités 
de  l’érosion  karstique  (érosion  totale  des 
calcaires)  présente  une  variabilité 
considérable:  de  1,1  à  62,0  mm/millénaire. 
Pour  comparaison,  selon  J.  Corbel  (1957), 
cette  quantité  change  de  1,1  à  38,3 
mm/millénaire.  Le  maximum  s’observe  dans 
les régions de  basses et  moyennes montagnes 
de  l’Altaï,  dans  la  vallée  d’Anuï  (affluent 
gauche de l’Ob) (marqué N 3 selon la Fig. 1). 
Les  roches  karstifiables  sont  représentées  par 
les couches épaisses de calcaires, dolomies et 
marbres  du  Protérozoïque  (Riphéen), 
Cambrien,  Silurien  et  Dévonien. 
Fréquemment, on observe en coupe verticale et 
en  surface,  une  alternance  de  roches 
karstifiables  avec  des  dépôts  imperméables. 
On  note  une  fissuration  importante  de  ces 
roches.  Les  formes  karstiques  sont 
représentées par des dolines en entonnoirs, des 
pertes,  des  sources  karstiques,  des  abîmes  et 
des grottes; parfois on observe des champs de 
lapiés, des dépressions karstiques et des arches 
naturelles. En moyenne annuelle, la lame d’eau 
écoulée  superficielle  est  de  173  mm  (les 
précipitations  sont  de  430  mm).  Les  eaux  de 
l’Anuï se distinguent par une dureté élevée: en 
période d’étiage d’hiver, la valeur atteint 5,21 
mg-eq.  Le  transport  solide  moyen  annuel  est 
d’environ 140 t/ km
2
.  
Le  minimum  de  l’érosion  karstique 
coïncide  avec  les  régions  de  relief  des 
montagnes  de  Zabaïkalie  (N  84,  85)  (sud  de 
Sibérie Orientale), dans  les  vallées de  Borsya 
et de Turga (affluents de l’Onon). L’épaisseur 
des  calcaires,  subdivisés  en  deux  bancs 
principaux  et  séparés  par  des  couches  de 
roches imperméables (épaisseur entre 30 et 70 
m), est  de 400 m. Ces  roches sont rapportées 
au  Paléozoïque  et  les  couches  sont  très 
disloquées.  On  observe  ici  des  dolines  en 
entonnoirs, des pertes, des abîmes, des grottes 
et des champs de lapiés. Bien que la dureté de 
l’eau en période d’étiage d’hiver soit de 1,68 à 
2,3  mg-eq,  l’intensité  du  développement  du 
processus  karstique  dans  cette  région  est 
insignifiante. La raison principale est la faible 
humidité de ce territoire, or l’humidité est un 
facteur  fondamental  de  la  karstification.  La 
lame d’eau écoulée annuellement ici n’est que 
de 20 à 22 mm, avec des précipitations de 323 
à 368 mm. Les transports solides ne sont que 
de 1,3 t/km
2 
par an. 
 
Les calculs par la méthode de M. Pulina 
L’estimation de l’érosion chimique du karst 
par la méthode de M. Pulina n a été effectuée 
que  pour  31  bassins  versants.  La  plupart  des 
127 bassins versants considérés précédemment 
ont une composition géologique complexe : les 
roches karstifiables y alternent avec les roches 
imperméables.  C’est  pourquoi  il  est  difficile, 
surtout  en  l’absence  de  réseau  d’observations 
hydrochimiques bien développé en Russie, de 
choisir  une  concentration  chimique  des  eaux 
des  rivières  qui  traversent  des  roches 
imperméables.  À  cause  de  cela,  nos 
évaluations  se  sont  basées  sur  l’information 
hydrochimique  obtenue  pour  les  bassins 
versants lesquels se distinguent par la présence 
ininterrompue de roches karstifiables. Lors des 
calculs  on  a  tenu  compte  de  la  concentration 
chimique  des  précipitations  (données  du 
Service Hydrométéorologique Russe).  
Avec  la  méthode  M.  Pulina,  en  Sibérie  et 
en Extrême–Orient l’érosion chimique du karst 
varie  de  1,54  à  52,8  mm  par  millénaire.  Le 
maximum se  trouve  au  sud  du  lac  de  Baïkal, 
dans  la  vallée  de  Kultuchnaпa  (N19).  C’est 
une  région  de  roches  carbonatées  de 
l’Archéen.  La  particularité  des  manifestations 
karstiques  de  ce  secteur  est  leur 
développement  le  long  des  zones  de 
déformations tectoniques. On rencontre ici une 
multitude de sources karstiques et de pertes. La 
grande  intensité  des  processus  karstiques  est 
conditionnée  par  la  grande  valeur  du  module 
spécifique  (23,7  l/s  km
2
).  Le  minimum  de 
l’érosion karstique est observé sur le littoral de 
la mer de Tchoukotsk. Les roches karstifiables 
sont  représentées  par  les  calcaires,  les 
dolomies  du  Protérozoïque  supérieur  ou  du 
Paléozoïque.  On  observe  des  dolines  en 
entonnoirs  et  des  niches  de  corrosion.  La