Médecine & Santé publique10 LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN
Lundi 27 juin 2016 – n° 9508
Des plateformes web et applica-
tions mobiles se développent au-
jourd’hui pour optimiser la prise
en charge post-hospitalisation ou
après une chirurgie ambulatoire.
Elles offrent au médecin la pos-
sibilité d’initier rapidement des
protocoles de suivi «à la carte»,
avec des interfaces patients
«engageantes» et un système
de gestion d’alertes élaboré qui
promettent un gain de temps
conséquent aux soignants.
Plusieurs éditeurs de logiciels
étaient réunis fin mai à la «Paris Heal-
thcare Week» pour présenter leurs
solutions digitales de suivi à distance
de patients qui nécessitent un accom-
pagnement après une hospitalisation
ou une chirurgie ambulatoire.
Pour rassurer les médecins qui
craignent «l’usine à gaz informa-
tique», tous jouent la carte de la
simplicité d’usage avec des inter-
faces web ou mobiles qui se veulent
«intuitives». Ainsi, la création d’un
protocole de suivi est souvent l’affaire
de quelques minutes, à l’image de
«MyDocTool» qui offre des modèles
«totalement paramétrables», avec de
nombreux modules au choix (ques-
tionnaires d’évaluation, contenus
informatifs, tâches à effectuer…).Le
médecin définit la fréquence, la durée
d’envoi de chacun des items vers l’in-
terface patient, ainsi que les modali-
tés d’alertes qui peuvent être déclen-
chées selon des conditions multiples.
Avec un bon paramétrage, «il n’y a
pas de risque d’alerte intempestive»,
assure Sophie Davidas, co-fondatrice
de «MyDocTool», une solution au-
jourd’hui commercialisée et ouverte
à tous types de pathologies.
Évaluation des protocoles
Développée par la société Exolis,
la plateforme web «Engage» doublée
d’applications mobiles pour les pa-
tients et soignants couvre également
«tous les parcours de soins et tous les
domaines» et peut intégrer des don-
nées issues de dispositifs médicaux
connectés, indique Nicolas Binand, l’un
de ses fondateurs. «Engage» s’installe
nativement dans les établissements
de santé et dispose d’une interface per-
mettant une exploitation avancée des
informations recueillies selon la ver-
sion du système informatique
hospi-
talier. «La solution doit permettre d’ai-
der à optimiser les protocoles de suivi
avec des possibilités de comparaison
de données normalisées», ajoute Nico-
las Binand. Actuellement en cours de
développement, «Engage» doit entrer
en phase d’expérimentation pilote sur
le terrain dès cet été.
Plateforme infirmière
Destinée plus spécifiquement
au suivi post-opératoire, la solution
web et mobile «Maela» se distingue
par un kit d’objets santé connectés et
surtout une plateforme infirmières
dédiée qui assure la gestion perma-
nente des alertes paramétrées par
le médecin. «Nos infirmières sur-
veillent les alertes qui remontent sur
la plateforme, joignent le patient et
ne contactent le médecin que si néces-
saire», souligne Hubert Viot, direc-
teur de la société. Maela est actuel-
lement en phase de test à la clinique
du Val d’Ouest, à Ecully près de Lyon,
avant un déploiement commercial
prévu à partir de septembre.
Axée sur le suivi post opératoire,
la plateforme web et mobile «E-fit-
back» de Nouveal comprend une
analyse des informations par des
algorithmes intégrant le paramé-
trage médical qui déclenchent auto-
matiquement des alertes en fonction
des seuils déterminés. La solution est
en cours de test dans deux cliniques
privées de Capio France, avant une
implémentation dans les 80 établis-
sements européens du groupe cou-
rant 2017, précise Michaël Pondérant,
responsable marketing de Nouveal.
David Bilhaut
Digitalisation des parcours
de soins à l’hôpital
Le suivi des patients à portée
de clics
«Planning de garde» est une solu-
tion gratuite qui permet de gérer de
manière simplifiée, transparente et
en partie automatisée des plannings
et tableaux de services hospitaliers.
L’administrateur en charge d’éla-
borer son planning de garde créé un
calendrier et intègre les membres de
l’équipe grâce à leur adresse e-mail.
Chaque utilisateur renseigne sur la
plateforme web dédiée ses souhaits
de dates de garde et ses disponibilités
pour des remplacements éventuels.
«Pour la constitution du planning, on
a mis en place un algorithme qui per-
met de générer une base de planning
où au moins 80% des gardes sont éta-
blies de manière équilibrée», indique
Etienne Depaulis, co-fondateur de
planning-de-garde.fr.
L’administrateur n’ayant plus qu’à
effectuer les dernières retouches pour
finaliser son planning qui sera envoyé
par e-mail au secrétariat de l’hôpi-
tal. Une fois le planning publié, les
membres de l’équipe ont accès depuis
leur smartphone ou ordinateur à une
version en permanence à jour. L’appli-
cation propose aussi une fonction
d’échange simplifiée de jours de garde
entre les membres de l’équipe. «La pro-
chaine étape est l’intégration dans le lo-
giciel RH de l’hôpital», indique Etienne
Depaulis qui y voit un moyen de déve-
lopper une offre «premium» pour les
établissements. D.B.
«Planning de garde» séduit
internes et médecins
L’application « Engage » facilite
le recueil de données pour
les patients suivis en sortie
d’hospitalisation
DR
E-SANTÉ
Pour répondre aux impasses
thérapeutiques du patient
Alzheimer ou atteint de cancer
incurable, le laboratoire Janssen
ambitionne de «redéfinir les
soins de santé» en développant
des outils essentiels à une méde-
cine prédictive qui puisse agir
très en amont de la maladie.
«Le temps des produits “me too“est
vraiment derrière nous», assure Tom
Aelbrecht, responsable du «Campus
Janssen» en Belgique. «Notre raison
d’être, c’est d’apporter de vraies inno-
vations aux patients», a-t-il martelé
face à un parterre de journalistes in-
ternationaux conviés à Beerse pour
découvrir le plus grand centre euro-
péen de recherche du groupe. Situé à
une quarantaine de kilomètres d’An-
vers, ce vaste campus réunit 1 800col-
laborateurs pour la seule R&D,
autour de trois axes stratégiques:
les neurosciences, l’oncologie et les
maladies infectieuses. Depuis 2015,
Janssen s’appuie notamment sur trois
nouvelles plateformes de recherche
dédiées à la prévention, l’interception
des maladies ainsi qu’au microbiome.
«Des domaines de l’innovation médi-
cale transformationnelle appelés à
modifier le paysage sanitaire», selon
les dires de la firme. Dans le champ du
cancer, «l’interception» de la maladie
avant l’apparition des premiers symp-
tômes observables représente «le
futur des traitements», considère le
DrPeter Lebowitz, responsable de la
branche oncologie chez Janssen. «En
sortant du classique cheminement
bonne santé-diagnostic-traitement
vers la médecine prédictive, avant que
ne survienne la tumeur, nous pensons
que nous aurons de bien plus grands
effets thérapeutiques», ajoute-t-il. Une
approche qui nécessite en premier
lieu de progresser dans la compré-
hension des mécanismes à l’origine
de la transition des cellules normales
vers un état précancéreux, quand les
cellules s’avèrent moins complexes et
résistantes aux traitements.
Améliorer la survie
Pour l’heure, le quatrième labora-
toire mondial en oncologie en termes
de ventes priorise plusieurs domaines
thérapeutiques précis présentant
des besoins non satisfaits comme les
hémopathies malignes, le cancer de la
prostate ou le cancer du poumon. Son
Darzalex (daratumumab) en mono-
thérapie a reçu le feu vert de la Commis-
sion européenne le 23mai dernier dans
le cadre d’une procédure accélérée
pour les patients atteints de myélome
multiple en rechute et réfractaires aux
autres traitements disponibles. Le
laboratoire fait état d’une augmenta-
tion significative de la survie globale,
s’élevant à 20mois en moyenne selon
les résultats d’études de phase2, chez
ces patients lourdement prétraités
dont le pronostic est généralement très
mauvais (5 à 9mois).
Dans le domaine
des neurosciences et notamment de la
maladie d’Alzheimer, l’objectif avoué
est d’arriver à sortir d’impasses thé-
rapeutiques en ciblant la pathologie
bien plus en amont. «Nous investis-
sons beaucoup sur les technologies qui
contribuent à favoriser un diagnostic
précoce», indique Husseini Manji, res-
ponsable du pôle de recherche en neu-
rosciences au sein de Janssen. C’est
tout l’enjeu du partenariat conclu
en février dernier entre Janssen et
Neurovision pour développer une
technologie d’imagerie de l’amyloïde
dans la rétine en vue d’une détection
et surveillance précoce de la patholo-
gie. «L’œil est une très bonne fenêtre
sur le cerveau», note Husseini Manji.
Freiner la progression d’Alzheimer
nécessite «d’attaquer cette patho-
logie complexe sur plusieurs fronts»,
souligne-t-il. Le laboratoire focalisant
actuellement ses développements
autour de l’inhibition de BACE, l’im-
munothérapie amyloïde et du vaccin
anti-Tau. David Bilhaut
D’Alzheimer à «l’interception» des cancers
Janssen veut un changement de paradigme
Le PrClaude Planché, pionnier
de la chirugie cardiaquenéona-
tale, décédé le 6 juin, a mené une
carrière internationale à l’hôpital
Marie Lannelongue
Pionnier dans la chirurgie car-
diaque néonatale, le Pr Claude Plan-
ché, chirurgien de stature interna-
tionale qui aexercé toute sa carrière
à l'hôpital Marie Lannelongue (Ples-
sis-Robinson) jusqu'à son départ à
laretraite en 2003, membre de l'Aca-
démie nationale de chirurgie et de
l'American Association for Thoracic
Surgery, est décédé le 6juin dernier à
l'âge de 78ans. «C'était l'un des chirur-
giens les plus doués de sa génération,
se souvient le DrAnita Touchot, col-
laboratrice et amie deplus de trente
ans. S'ilétait très célèbreà l'internatio-
nalpour sestravaux en cardiopathie
congénitale, il est restépeuconnu du
grand publicen France. «C'était un
homme très sobre et discret, très culti-
vé, décrit Anita Touchot. Il travaillait,
il avait des résultats et ça lui suffisait.».
La chirurgie cardiaque congéni-
tale lui doit beaucoup, en particulier
pour les cardiopathies congénitales
complexes. Il commence sa carrière
en 1970 à Marie Lannelongue dans la
droite lignée du PrDubosc, premier
chirurgien à opérer un «enfant bleu»
dans cet hôpital dédié à la chirurgie
cardiaque pédiatrique à sa création.
Plus de 2 000 interventions
Deux grandes avancées ont mar-
qué sa carrière. Avec leshôpitaux
Laënnec et Broussais à l'époque, ila
fait partie des premiers au monde en
1984 à réaliser un «switch artériel»,
selon une technique française mise au
point pourla correction de la transpo-
sition des gros vaisseaux. Avec plus de
2 000interventions «switch» en 30ans,
la série Planché-Marie Lannelongue
est laplus importante au monde. Pour
la première fois en Europe, il a opéré
d'une greffe de cœuren 1988 la petite
Lucie âgée seulementde 6 jours.
Le chirurgien, marié et sans en-
fants, n'a eu de cesse d'innover et de
transmettre. «Il a entretenu une cohé-
sion d'équipe incroyable, se remémore
avec émotion le DrAnita Touchot.
Les interventions se faisaient dans le
calme et la sérénité. Les confrèresve-
naient du monde entier se former à ses
côtés». L'hôpital Marie Lannelongue
lui rendra hommage dans quelques
semaines en donnant son nom au bloc
opératoire dans lequel il opérait avec
ses équipes.
Dr Irène Drogou
Pionnier de la chirurgie cardiaquecongénitale
Décès du Pr Claude Planché
Le nouveau système de Roche
Diabetes Care, Accu-Chek Insight
permet une gestion intuitive et
discrète des injections de bolus.
«Une pompe à insuline abrite de
l’insuline rapide uniquement, rappelle
le PrAnne Vambergue, diabétologue
au CHRU de Lille, qui pallie à la fois
la sécrétion basale, “vitale“, indépen-
dante des repas, mais fonction des
fluctuations de fin de nuit, de l’activité
physique, etc., et les bolus.»
Le débit de base est programmé
et personnalisé, avec des bolus pré-
prandiaux en fonction de ce que l’on
sait du repas à venir, l’objectif étant
de mimer autant que faire se peut la
sécrétion physiologique du pancréas.
La pompe est a priori destinée aux
diabétiques de type 1 sous traitement
intensif (4 injections et plus), lorsque
l’équilibre n’est pas atteint, mesuré
sur l’hémoglobine glyquée, malgré un
traitement intensif, en cas d’hypogly-
cémies à répétition, quand les varia-
tions glycémiques ou les besoins en
insuline sont très différents d’une
journée à l’autre, ou si les horaires de
travail rendent compliquées les multi-
injections. «Le candidat à une pompe
à insuline doit maîtriser l’autosur-
veillance glycémique, indique-t-elle,
et savoir adapter les doses». Ils sont
40 000 en France aujourd’hui à l’uti-
liser. Accu-Chek Insight comprend
une pompe de taille réduite, aux
bords arrondis pour plus de confort,
dont la navigation est simplifiée et,
innovation, la cartouche d’insuline
préremplie, ce qui évite les manipu-
lations, suffisante pour 2 à 3jours.
Connectée via Bluetooth à la pompe,
une commande à distance (en toute
discrétion !) de l’injection des bolus
est incluse dans une télécommande
en forme de smartphone à écran tac-
tile couleur. La navigation est intuitive
à partir du menu principal vers l’en-
semble des fonctionnalités, dont un
lecteur de glycémie. Enfin, pour déci-
der des doses de bolus, le patient peut
s’appuyer sur un algorithme intégré
dans la télécommande qui propose un
«conseil bolus» prenant en compte
les repas, l’activité physique et sa gly-
cémie. Dr Brigitte Blond
D’après uneconférence de presse Roche
Diabetes Care
Insulinothérapie dans le diabète
Un nouveau système par pompe
QMED9508_010_010_QVW 10 24/06/2016 20:52:33
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