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Theo Iff
Philippe Gyarmati
Jean-Marc Sandoz
Ursula Ramseier
Philippe Gyarmati
Theo Iff
marina.ch  juillet/août 08
nature
juillet/août 08  marina.ch
En Europe, le semestre hivernal est celui des tempêtes. Les vents sont en moyenne plus faibles en été. Mais l’é
apporte aussi son lot de dangers avec lui, les orages locaux pouvant être à lorigine de puissantes bourrasques.
Les tempêtes estivales
TEXTE: PHILIPPE GYARMATI (METEOTEST)
La différence de température entre la zone sub-
tropicale chaude et la région polaire glaciale
(qui se refroidit énormément pendant les mois
de nuit polaire) est très importante durant le
semestre d’hiver. Cet écart entre le Nord et le
Sud donne naissance à de puissants systèmes
de basse pression sur l’Atlantique qui peuvent
générer de gros grains orageux même sur les
lacs suisses. En été, l’air du Nord est réchauffé
par le long jour polaire et son soleil de minuit.
La différence de température entre le Nord et
le Sud est alors plus petite. Sur l’Atlantique, les
zones de basse pression sont donc plus faibles
et les vents moins puissants.
Deux ou huit fois
Si nous faisons un petit saut dans le temps,
nous découvrirons des mesures pour le moins
surprenantes. La rafale de vent la plus rapide ja-
mais enregistrée en Suisse à moins de 800 -
tres d’altitude (190 km/h) a été mesurée à Gla-
ris le 15 juillet 1987, soit en plein au milieu de
l’été! Voilà une mesure qui n’a pas grand-chose
à voir avec la théorie d’un été à vents faibles et
d’un hiver à vents puissants, mais ce phéno-
ne a une explication tout à fait logique.
A large échelle, le vent est généralement plus
faible en été. Localement, les orages peuvent
par contre provoquer des rafales très puissan-
tes. Sur les lacs, ces situations sont souvent
plus dangereuses qu’en hiver. Le vent n’aug-
mente en effet pas petit à petit, mais soudai-
nement. La différence entre le vent moyen et
les puissantes rafales est d’ailleurs très peu
agréable pour les navigateurs à la voile. En hi-
ver, la vitesse maximale des rafales atteint en-
viron deux fois celle du vent moyen, mais lors
des orages estivaux, les gros coups de vent
peuvent être jusqu’à huit fois plus puissants
que le vent moyen. Rafales mises à part, les
orages sont également caractérisés par des dif-
férences locales de puissance et de direction
du vent. Alors que les tempêtes hivernales -
nèrent des rafales à large échelle, les rafales des
orages estivaux peuvent être très localisées. Les
causes sont, ici aussi, bien connues.
Pendant un orage, l’air situé à basse altitude
est refroidi très rapidement par les pluies vi-
olentes et la grêle: ceci donne d’un côté nais-
sance à une différence de pression locale con-
sidérable entre l’air froid de l’orage et
l’environnement encore chaud et de l’autre, à
un courant d’air important appelé outflow en
anglais. Les violentes rafales sont générale-
ment provoquées par d’importantes précipi-
tations: un paquet d’air est alors entraîné par
les précipitations d’une altitude très élevée
jusqu’au sol. Il s’écrase ensuite avec une vio-
Signes et effets de l’arrie
d’une tempête et d’un orage
local. Une manifestation plutôt
rare, ici photographiée sur le lac
de Neuctel le 21 août 2007:
une trombe d’eau (en haut).
Les trombes d’eau peuvent
appartre lorsque l’eau est plus
chaude que l’air, que de l’air
froid passe sur la surface de
l’eau et qu’un nuage d’orage se
forme dans les parages.
los
nature
lence inouïe au sol. Des extrêmes sont at-
teints lorsque l’orage avance lui-même rapi-
dement et que les rafales sont canalisées par
la topographie. Ce qui se passe alors dans
l’atmosphère est comparable au resserrement
d’un cours d’eau qui provoque des rapides.
En fin d’après-midi
Se pose alors la question suivante: est-il possi-
ble de prédire le risque de puissantes bourras-
ques orageuses? En règle rale, un orage est
pla par des vents soufflant à 3000 mètres
d’altitude. La direction du courant et surtout la
vitesse de déplacement de lorage peuvent être
lues sur des cartes méo repsentant le vent
à cette altitude. La température est un autre
facteur déterminant la puissance des rafales.
Plus la différence de température entre l’air si-
tué sous l’orage et l’air environnant est grande,
plus il est vraisemblable que des rafales plus
puissantes apparaîtront. Cela signifie qu’en -
gle rale, les rafales les plus puissantes souf-
flent au moment du jour où la temrature est
la plus élevée, soit en fin d’après-midi. Mais
lorsqu’un front froid s’approche, une différence
de temrature peut appartre localement à
n’importe quel moment du jour. Dans le cas du
passage d’un front froid, le vent est renforcé par
un vaste champ de pression. En effet, la pres-
sion atmosphérique augmente consirable-
ment à l’arrière d’un front froid, conférant ainsi
encore plus de puissance au vent.
Les rafales orageuses les plus puissantes ap-
paraîtront donc dans le cas suivant: un jour
d’été, le soleil chauffe l’air à plus de 30° Cel-
sius. Le soir, un front froid actif approche ra-
pidement depuis l’ouest. A l’avant du front se
forme une ligne orageuse avec de violentes
averses de grêle. Les orages passent très vite
d’ouest en est sur le plateau suisse et les ra-
fales ne cessent de pousser le front vers
l’avant. Lorsqu’il rencontre un resserrement,
le front orageux subit une nouvelle accéléra-
tion et atteint des vitesses extrêmes.
Une situation typique: orage
en formation sur le lac des
Quatre-Cantons.
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