En Europe, le semestre hivernal est celui des tempêtes. Les vents sont en moyenne plus faibles en été. Mais l’été
apporte aussi son lot de dangers avec lui, les orages locaux pouvant être à l’origine de puissantes bourrasques.
Les tempêtes estivales
TEXTE: PHILIPPE GYARMATI (METEOTEST)
La différence de température entre la zone sub-
tropicale chaude et la région polaire glaciale
(qui se refroidit énormément pendant les mois
de nuit polaire) est très importante durant le
semestre d’hiver. Cet écart entre le Nord et le
Sud donne naissance à de puissants systèmes
de basse pression sur l’Atlantique qui peuvent
générer de gros grains orageux même sur les
lacs suisses. En été, l’air du Nord est réchauffé
par le long jour polaire et son soleil de minuit.
La différence de température entre le Nord et
le Sud est alors plus petite. Sur l’Atlantique, les
zones de basse pression sont donc plus faibles
et les vents moins puissants.
Deux ou huit fois
Si nous faisons un petit saut dans le temps,
nous découvrirons des mesures pour le moins
surprenantes. La rafale de vent la plus rapide ja-
mais enregistrée en Suisse à moins de 800 mè-
tres d’altitude (190 km/h) a été mesurée à Gla-
ris le 15 juillet 1987, soit en plein au milieu de
l’été! Voilà une mesure qui n’a pas grand-chose
à voir avec la théorie d’un été à vents faibles et
d’un hiver à vents puissants, mais ce phéno-
mène a une explication tout à fait logique.
A large échelle, le vent est généralement plus
faible en été. Localement, les orages peuvent
par contre provoquer des rafales très puissan-
tes. Sur les lacs, ces situations sont souvent
plus dangereuses qu’en hiver. Le vent n’aug-
mente en effet pas petit à petit, mais soudai-
nement. La différence entre le vent moyen et
les puissantes rafales est d’ailleurs très peu
agréable pour les navigateurs à la voile. En hi-
ver, la vitesse maximale des rafales atteint en-
viron deux fois celle du vent moyen, mais lors
des orages estivaux, les gros coups de vent
peuvent être jusqu’à huit fois plus puissants
que le vent moyen. Rafales mises à part, les
orages sont également caractérisés par des dif-
férences locales de puissance et de direction
du vent. Alors que les tempêtes hivernales gé-
nèrent des rafales à large échelle, les rafales des
orages estivaux peuvent être très localisées. Les
causes sont, ici aussi, bien connues.
Pendant un orage, l’air situé à basse altitude
est refroidi très rapidement par les pluies vi-
olentes et la grêle: ceci donne d’un côté nais-
sance à une différence de pression locale con-
sidérable entre l’air froid de l’orage et
l’environnement encore chaud et de l’autre, à
un courant d’air important appelé outflow en
anglais. Les violentes rafales sont générale-
ment provoquées par d’importantes précipi-
tations: un paquet d’air est alors entraîné par
les précipitations d’une altitude très élevée
jusqu’au sol. Il s’écrase ensuite avec une vio-
Signes et effets de l’arrivée
d’une tempête et d’un orage
local. Une manifestation plutôt
rare, ici photographiée sur le lac
de Neuchâtel le 21 août 2007:
une trombe d’eau (en haut).
Les trombes d’eau peuvent
apparaître lorsque l’eau est plus
chaude que l’air, que de l’air
froid passe sur la surface de
l’eau et qu’un nuage d’orage se
forme dans les parages.