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avanT-ProPos
« L’humanité ne peut évoluer sans douleur que si elle se considère elle-même comme ne faisant qu’une, comme une seule
famille, sans se diviser en nations hormis celles héritées de l’histoire et des traditions. »
Andreï Sakharov, Réflexions
Dans le monde d’aujourd’hui, il y a des immigrés dans toutes les sociétés. La migration, qui n’est certes pas un
phénomène nouveau, représente un thème de débat brûlant depuis quelques décennies. L’épineuse question
migratoire occupe désormais une place importante dans la politique et suscite, hélas, un sentiment de peur et
de rejet auprès de nombreux contemporains. La distinction entre « nous » – les ressortissants d’un pays – et
« eux » – les immigrés ou les étrangers – est devenue familière.
Comment ne pas s’inquiéter devant l’attitude de certains hommes politiques qui, pour accroître leur popularité,
multiplient les déclarations xénophobes et nationalistes et les mesures radicales de lutte contre l’immigration ?
Leurs propositions rencontrent un franc succès. Tout cela n’est pas sans conséquence. En effet, de plus en
plus, les immigrés font l’objet de stéréotypes préjudiciables qui compromettent leur intégration. Cela éloigne,
pour chacun de nous, la perspective d’une société dont tous les membres seraient traités sur un pied d’égalité,
où l’égalité des chances serait bien réelle et où chacun pourrait vraiment bénéficier de tout ce à quoi il peut
prétendre.
Le processus migratoire ne va pas s’arrêter, malgré tout ce qui est fait pour le ralentir ou l’empêcher. Il fait
partie intégrante de la mondialisation et de la réalité du XXIe siècle. Immigrés et autochtones vont continuer
à vivre côte à côte. Il est donc essentiel de faire en sorte que cette cohabitation soit bénéfique pour tous.
La solution pour promouvoir la tolérance envers les migrants consiste à favoriser la compréhension du phé-
nomène migratoire chez les responsables politiques et pour l’ensemble de la population. La connaissance est
essentielle pour surmonter les barrières artificielles créées entre ressortissants du pays d’accueil et immigrés.
Il convient de replacer les migrations dans leur contexte sociologique, historique et géographique, et de bien
comprendre que la décision d’émigrer résulte d’un ensemble de facteurs complexes qui ne se limitent pas à la
pauvreté. De leur côté, les autochtones ont tendance à s’inquiéter des conséquences d’une immigration mas-
sive pour la sécurité et le système de protection sociale de leur pays. Face à eux, les immigrés ont également
des motifs de préoccupation : regroupement familial, absence de statut juridique dans certains cas, difficultés
d’accès aux services sociaux, sécurité individuelle ou perte de repères.
Plutôt que de considérer les immigrés comme une « communauté », ce qui repose sur des stéréotypes et conduit
à des généralisations, nous devrions apprendre à voir dans chaque immigré un individu unique, un être humain
qui a sa propre histoire, son expérience, ses qualités et ses espoirs d’avenir. Essayer de comprendre les migrants
et d’en apprendre davantage sur les problèmes relatifs à la question migratoire paraît essentiel.
Quelle est l’image des migrations dans les sociétés actuelles ? Quels sont les parcours des migrants avant
d’arriver dans les pays d’accueil et une fois sur place ? Quelle différence pouvons-nous faire entre les concepts
d’immigré et d’étranger ? Comment les politiques d’immigration et d’intégration en vigueur sont-elles conçues ?
Quels sont leurs objectifs et leurs effets ? Quelles sont les parties prenantes aux stratégies migratoires ? Quels
sont les principaux stéréotypes sur les immigrés et comment en venir à bout ?