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L’Algérie profonde
Les spéculateurs ont une longueur d’avance
“Quant aux dispositions de l’Etat, aucun point de vente n’a ouvert ses portes dans plusieurs
communes de la wilaya d’Oran, comme si les consommateurs de viande ne se trouvent qu’à Oran-
ville…”
Malgré les assurances et les promesses du gouvernement, de l’Ugcaa ou encore la fédération algérienne des
consommateurs, les spéculateurs ont prouvé qu’ils ont une longueur d’avance. “On n’attend pas Ramadhan
pour réguler le marché. C’est durant toute l’année qu’il faut agir”, fait savoir un économiste. Tous les produits
ou presque ont connu une hausse des prix fatale pour les petites bourses. Jugez-en : “La pomme de terre à 50
DA/kg, les tomates 60 DA, les courgettes 100 DA, les haricots verts 120 DA… La liste est longue. Pour les
viandes, le poulet est passé de 190 DA/kg à 340 DA/kg durant ces deux premiers jours de Ramadhan. Quant aux
dispositions de l’Etat, aucun point de vente n’a ouvert ses portes dans plusieurs communes de la wilaya d’Oran,
comme si les consommateurs de viande ne se trouvent qu’à Oran-ville”, peste un consommateur d’Oued Tlélat.
Chaque année, c’est le même rituel : promesses, promesses... Impossible à honorer et à tenir. “Le marché des
fruits et légumes échappe aux pouvoirs publics. C’est la règle de l’offre et de la demande avec des spéculateurs
qui tirent les ficelles. L’Etat a un rôle régulateur permanent et non ponctuel”, dit un commerçant qui conforte la
thèse de l’économiste. Pourtant, le ministre du Commerce semble satisfait et a affirmé que la hausse des prix
n’est pas comparable à celle de l’année dernière, ce qui est tout à fait juste, mais “nous sommes dans une
saison où plusieurs fruits et légumes sont disponibles. Avec la chaleur et l’insuffisance de la chaîne de froid, les
produits sont vite périssables. Du coup, les marchands tentent de liquider leurs produits, surtout en fin de
journée. D’autre part, le faible pouvoir d’achat pousse les commerçants à baisser les prix face à une demande
en berne”, précise un fellah. En effet, à part les marchés importants d’Oran dont celui de la Bastille, de Petit
Lac, d’El-Hamri où les prix sont abordables vu l’offre ; dans les marchés des petites communes “c’est la jungle
!”, affirme un père de famille de Boufatis. Quant au poisson, c’est une autre histoire. Le prix de la sardine,
prisée durant ce mois, monte et descend comme une vague déchaînée. Pour le pain, les boulangers ont décidé
d’imposer leur tarif de la baguette, soit 10 DA au lieu de 8,5 DA comme l’exige la loi : “Où est la DCP ?”,
s’interroge une ménagère. En attendant des jours plus cléments, les familles nécessiteuses et les “zawaliya” se
rendent chaque jour aux rares restos d’Errahma qui ont ouvert pour la circonstance.
N B
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