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INTRODUCTION
L’Union européenne est l’un des acteurs majeurs de l’activité bancaire
mondiale, avec les États-unis et le Japon. Selon les secteurs, elle détient entre 20% et
40% des marchés mondiaux. Les actifs gérés par les institutions nancières ont aussi
battu des records au cours des cinq dernières années. Ainsi, dans l’Union européenne,
les actifs gérés par les fonds d’investissement ont quadruplé et dépassaient, en 2006,
les 6,5 trillions d’euros. Avec les services d’assurance (qui ne font pas partie de cette
étude), les services nanciers génèrent six millions d’emplois en Europe. C’est donc
un secteur en pleine évolution qui est considéré par certains comme « l’épine dorsale
des économies modernes ».
Paradoxalement, depuis maintenant trente ans que le système commun de
taxe sur la valeur ajoutée à été mis en place en Europe (par la Sixième Directive TVA
du 17 mai 1977), la plus grande part de cette activité est exemptée de la TVA et cette
exemption est souvent appliquée d’une manière très diverse par les États membres,
en contradiction avec les objectifs du marché intérieur.
Dans un environnement où la concurrence mondiale est de plus en plus rude
et fait peser des menaces sur les opérateurs un peu moins rentables ou un peu moins
bien organisés, des voix nombreuses se sont élevées ces dernières années, du côté
des entreprises comme des gouvernements, pour dénoncer les carences du système
d’exemption de TVA actuel, notamment en ce qu’il crée des distorsions de concur-
rence et défavorise les petites entreprises nancières par rapport aux plus grandes, les
nouvelles par rapport aux plus anciennes et les entreprises européennes par rapport
à leurs concurrentes étrangères.
Depuis 1977, le secteur nancier a connu des transformations spectaculaires.
Le recours accru à la sous-traitance, les nouveaux instruments nanciers et la place
des transactions internationales ont profondément modié l’aspect et la nature de ces
services. Dès lors, les tribunaux et la Cour européenne de justice sont régulièrement
saisis d’affaires portant sur l’interprétation de dispositions anciennes, dont l’application
aux situations nouvelles est de plus en plus malaisée.
Les réactions face au développement du secteur nancier ont été diverses :
la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont adopté des mesures pour atténuer l’effet de
l’exemption tandis que l’Afrique du Sud a opté pour l’élargissement de l’assiette
d’imposition. La Commission européenne a, quant à elle, entamé une procédure de
consultation et d’étude en vue d’un réexamen des dispositions de la Directive TVA
en ce qui concerne les services nanciers.
Le présent article a pour objectif de mettre en lumière de manière plus précise
l’étendue, la nature et les effets de l’exemption de TVA appliquée aux services nan-
ciers, en particulier dans l’Union européenne, de mesurer les difcultés posées par le