sur la lecture professionnelle
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On napprend à lire que parce quon lit
(Jean Foucambert)
L’objectif est de faire acquérir aux lecteurs les notions principales de la lecture efficace.
Avec une approche méthodologique des théories sur la fixation visuelle, et de nombreux
exercices pratiques, il s’agira, après quelques entraînements personnels et en formation, de
leur venir en aide dans leurs techniques de recherche d’emploi, entre autres le repérage
précis dans la recherche des rubriques dans les pages de petites annonces, le décryptage
et la localisation des informations recherchées. Il s’agit aussi de leur apporter des facilités
complémentaires à la lecture des ouvrages qu’ils auront à utiliser dans l’exercice de leur
profession, de développer leurs capacités de compréhension et d’analyse au cours d’études
et de recherches dans leur cadre professionnel, de développer leur mémoire en mettant en
jeu une puissance de lecture accrue dans l’identification et l’anticipation du sens.
« Lire consiste à prélever des informations dans la langue écrite
pour construire directement une signification » ( Jean Foucambert).
Introduction
La majorité des problèmes qui se posent aux lecteurs vient de l’inadaptation
des méthodes scolaires d’apprentissage de la lecture et bien souvent de la
méconnaissance de techniques simples visant à la faciliter.
Les yeux déchiffrent l’imprimé par un mouvement de fixation qui n’est pas
régulier. Celui-ci se fait par saccades qui appréhendent environ dix lettres à
chaque fois. On nomme cela « le point de fixation visuelle ».
Les saccades ont une durée approximative d’un tiers à un quart de seconde
en moyenne, pour chaque temps d’arrêt de fixation. Le temps de pivote-
ment, pour le passage d’une fixation à la suivante est d’un quarantième de
seconde.
Lecture et lisibilité
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Vitesses de lecture :
Lecture à haute voix 9.000 mots/heure 50.000 signes/heure
Lecteur lent 13.000 mots/heures 70.000 signes/heures
Lecture chuchotée 20.000 mots/heure 110.000 signes/heure
Lecteur moyen 28.000 mots /heure 150.000 signes/heure
Lecteur rapide 60.000 mots/heure 330.000 signes/heure,
soit un rapport de 1 à 7
La vitesse de lecture est proportionnelle au nombre de signes appréhendés par point de
fixation visuelle.
Lorsqu’un lecteur lit plus vite, c’est qu’il appréhende plus de signes par point de fixation.
D’où le corollaire suivant :
« Si, lorsque le nombre de signes par point de fixation double, la vitesse double aussi, c’est
donc que le point de fixation est constant ».
« L’oeil du lecteur rapide ne se déplace pas plus vite que celui du lecteur lent. C’est simple-
ment la capacité d’appréhension pendant le temps de pose qui est très supérieure ».
Lorsque notre oeil regarde un paysage, nous sommes capables de le reproduire plus ou
moins bien sur une feuille de papier. Mais, lorsque nous lisons, aucun souvenir visuel ne
subsiste, il ne reste que la mémorisation.
« Si bien qu’il n’est pas possible d’affirmer objectivement que nous avons vu les lettres
ou les mots du passage que nous lisons avec le plus d’attention. Il ne subsiste que le
sens ».
Ce paradoxe débouche sur un questionnement concernant les mécanismes de lecture.
Nous sommes en situation à la fois d’observateur et d’observé, car nous assemblons en
phrases des mots. Mais aussi, nous sommes amenés, dans le même cadre, à nous interro-
ger sur les structures linguistiques qui commandent ces phrases et ces mots et ce qu’ils
initient. Nous produisons alors du sens.
Donc :
Plutôt que de se demander : « Qu’est-ce ? »
Nous nous poserons plutôt la question : « Qu’est-ce que cela produit? »
Rapports entre
les facteurs de nature visuelle et la lecture
Ils sont de deux ordres :
1. Les caractéristiques de vision du lecteur.
2. Les caractéristiques de la structure typographique.
Sauf cas extrêmes, il n’y a pas de corellation entre ces facteurs :
l’acuité visuelle des bons lecteurs n’est pas supérieure à celle des mauvais lecteurs,
la perception instantanée n’est pas meilleure chez les bons lecteurs,
le dessin des caractères : proportion, épaisseur des jambages, empattements,
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pleins et déliés, etc. ne semblent influencer les performances de manière significative.
la dimension de ces caractères n’a pas non plus d’incidence,
sauf dans le cas de petits caractères.
Processus mental
En 1905, un ophtalmologiste français nommé Javal, suite à des expérimentations, en dé-
duit deux lois :
1. le nombre de saccades est indépendant de la distance entre l’observateur et le livre »,
2. La grandeur oculaire de la section de la ligne imprimée dont la lecture se fait sans mou-
vement des yeux est inversement proportionnelle à la distance entre l’oeil et le livre.
Explication :
Il existe deux moyens de faire varier la grandeur angulaire des lettres ou des mots d’un
texte lu :
soit rapprocher le texte de l’oeil : l’angle rapproché optique de chaque lettre ou de
chaque mot issu de l’oeil du lecteur augmente ou diminue.
soit de composer le texte en caractères plus gros ou plus petits, la distance entre l’oeil
et l’imprimé variant peu.
Dans les deux cas, on constate que le nombre de signes perçu par fixation visuelle est
pratiquement constant et donc indépendant de la valeur angulaire du faisceau optique de
lecture.
Le faisceau optique
Il grandit quand le texte est :
soit rapproché
soit composé en caractères de corps plus gros.
Il diminue quand ce texte est :
soit éloigné,
soit composé dans un corps plus petit.
Rapports entre les facteurs
de nature mentale et la lecture
On relève par contre des relations significatives entre les performances de lecture et cer-
taines aptitudes mentales des lecteurs.
On constate une corellation entre :
le Q.I. des lecteurs,
la mémoire immédiate des lecteurs,
la mémoire à moyen terme du lecteur.
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Les principaux rouages de la méthodologie de la lecture ne sont pas de nature ophtalmo-
logiques, mais de nature mentale.
Ils ne dépendent pas de l’acuité visuelle, mais des facteurs concernant nos capacités de
communication nerveuses (neurones), de mémorisation et d’intelligence.
On peut tirer cinq postulats (Richaudeau) :
1. Quelle que soit la quantité d’informations à décoder et l’intelligence du lecteur, il faut
à l’oeil un temps incompressible d’environ 1/3 à 1/4 de seconde pour transformer les
signes visuels en images mentales.
2. La quantité d’informations acquises par fixation visuelle est à peu près indépendante
de la distance entre l’oeil et le texte, du type de caractères et de leur grosseur, donc de
la dimension du bloc de signes (signe graphique) appréhendé en une fixation.
3. Dans les cas extrêmes de perception optique anormale, la vitesse de lecture sera ré-
duite dans de faibles proportions : de 10 à 15%.
4. La quantité d’informations varie dans des proportions de 1 à 7 suivant les lecteurs.
5. Le temps de fixation n’est pas à des servitudes ophtalmologiques. On peut donc
supposer que cette constante de temps (1/3 à 1/4 de seconde) est fonction du stade
ultérieur du processus de vision : transmission nerveuse, décodage, assimilation et
enregistrement.
Perception et mémorisation du texte
Perception visuelle de la lettre et du mot :
Que voit l’oeil pendant le temps de fixation ? La réponse que l’on est tentée d’avancer
est : les lettres.
En observant les exemples ci-dessous, on s’apercevra qu’il n’en est rien :
lecture
eutcelr
Le second contient les mêmes lettres que le premier, mais il est plus difficile à lire et à re-
tenir, en opposition au premier qui nous est familier et qui fait partie de notre patrimoine
de vocabulaire.
curer difficilement
abbé construction
lettre opposition
cerveau informations
oeil exemples
codage ophtalmologie
faible typographie
dure complication
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On s’aperçoit qu’on lit aussi vite les mots de la première colonne que ceux de la secon-
de, malgré la différence du nombre de lettres. On en déduira l’accès direct des informa-
tions au cerveau, non pas lettre par lettre mais mot par mot («signe graphique» - termi-
nologie de Jean Foucambert).
Premier postulat :
le « tout » est perçu avant ses « parties » (gestalt-thérapie).
Deuxième postulat :
les variations de « signification » d’un élément en fonction d’un « ensemble » distin-
guent le « signifiant » du « signifié », le « signifié » variant en fonction de la structure
de « l’ensemble » qui le contient.
Codages courts et codages longs
La lettre n’est qu’un chaînon intermédiaire. L’oeil, indifférent à leurs formes et à leur
dimensions ne perçoit que le dessin des mots, leur forme globale. La lettre cède la place
à un nouvel ensemble qui devient un « signe graphique » dès le stade de la vision.
Le «signe graphique» peut être un mot seul ou un groupe de mots avec sa ponctuation :
virgule, point, guillemet, point d’exclamation, etc.
Le lecteur lent déchiffre environ deux mots par fixation. Le lecteur rapide pourra doubler
et même quintupler ce chiffre.
Pour améliorer ses performances, le lecteur pourra utiliser deux moyens :
mettre en jeu une puissance de lecture plus grande, donc percevoir davantage de
mots durant chaque fixation.
rechercher un meilleur rendement, transmettre une information plus riche, par un
meilleur codage du message, une élimination des éléments visuels ou linguistiques
parasitaires.
Ces deux voies ne sont pas antagonistes et on pourra les associer chez tout bon lecteur.
Codage par groupe de mots
Un lecteur normal perçoit un texte mot par mot. Ce processus permet une codification
plus économique, donc une lecture plus efficace.
Mais si on allonge ce codage en passant du mot au groupe de mots (signe graphique),
puis à la phrase, le perte de rendement (la redondance) est à nouveau réduite.
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