« Touch Innovation Think Innovation » Nouvelles Entités Moléculaires mises sur le marché en 2014 Anne-Bérengère Francois, Justine Markowski, Cécilia N’Guessan, Pauline Louyer, Hugo Zamolo et Asmaa Zerkdi Etudiants en 5ème année Industrie, Faculté de Pharmacie 1 Ce recueil a été préparé par un groupe d’étudiants de 5ème année de la faculté de Pharmacie de Lille. Il est basé sur une analyse des données issues de revues scientifiques à comité de lecture. Il ne reflète en aucun cas l’avis ou la position de la faculté de Pharmacie de Lille. Merci de nous envoyer vos suggestions afin d’améliorer l’édition suivante à : [email protected] 2 Introduction 37 nouvelles entités moléculaires (NMEs) ont été approuvées pour la première fois, par les trois principales agences d’autorisation des médicaments dans le monde : l’EMA (European Medecines Agency), la FDA (U S Food and Drug Administration) et la PMDA (Japan Pharmaceuticals and Medical Devices Agency). Ce chiffre montre une nette augmentation, quand on le compare aux 32 NMEs approuvées en 2013. Parmi ces 37 entités on compte 10 protéines recombinantes dont 6 anticorps monoclonaux et 2 protéines de fusion. Ces molécules ont été découvertes à égalité par des biotechs et des sociétés pharmaceutiques traditionnelles (19 versus 18), même si elles sont plus souvent commercialisées par ces dernières. De plus, parmi les NME approuvées on compte 19 « first-in-class », 16 agissent par des mécanismes nouveaux. En ce qui concerne les aires thérapeutiques, on constate un changement important (cf. diagrammes au verso). Les anti-infectieux sont devenus la classe thérapeutique la plus représentée en 2014. La prise en charge de l’hépatite C s’est enrichie de 3 spécialités, dont des traitements sans interférons. On voit également un renouveau d’intérêt pour les antibiotiques (6 NMEs) et les antifongiques (2 NMEs). Les anticancéreux restent une classe privilégiée avec 8 représentants. On remarquera de nouvelles cibles thérapeutiques : les inhibiteurs de PARP, les anticorps anti-PD1 (Programm Cell Death 1) et les anticorps bi-spécifiques. Une autre tendance remarquable est le nombre de médicaments orphelins (16 NMEs sur 37) qui concerne les maladies ayant une prévalence inférieure à 5 patients sur 10 000 en Europe, ou inférieure à 200 000 personnes sur le territoire américain. Lors de la soirée de l’innovation nous avions à présenter une sélection de ces NME. Ce recueil nous permet donc de vous détailler tout le pipeline de l’année 2014. 3 Innovation en 2013 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 Innovation en 2014 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 4 SOMMAIRE Dermatologie Apremilast Gastroentérologie Naloxegol Palonosetron/Netupitant Vedolizumab Hématologie Simoctocog alfa Vorapaxar Infectiologie Ceftolozane/Tazobactam Daclatasvir Dalbavancine Delamanid Finafloxacine Ombitasvir/Paritaprevir/Ritonavir/Dasabuvir Oritavancine Sofosbuvir/Ledipasvir Tedizolid Maladies broncho-pulmonaires Nintédanib Maladies métaboliques Albiglutide Dulaglutide Empaglifozine 5 Neurologie Florbetaben F-18 Suvorexant Tasimelteon Oncologie Belinostat Blinatumomab Ceritinib Idelalisib Nivolumab Olaparib Pembrolizumab Ramucirumab Parasitologie Efinaconazole Tavaborole Autres Eliglustat Elosulfase alpha Siltuximab 6 DERMATOLOGIE 7 Apremilast OTEZLA® Date d’approbation : FDA : 21/03/14 Découverte & Commercialisation : Celgene Introduction Molécule : L’Apremilast est un inhibiteur de la Phosphodiestérase 4 (PDE-4) indiqué chez les patients souffrant de psoriasis modéré à sévère. Apremilast est plus précisément indiqué dans l’arthrite psoriasique pour diminuer l’inflammation et soulager la douleur. Pathologie Le psoriasis est une maladie auto-immune de la peau d'origine inconnue. Il se caractérise par des lésions cutanées rouges et squameuses. Dans les cas graves, l'atteinte peut être généralisée (érythrodermie) et il peut exister des atteintes des articulations (arthrite psoriasique). Cible La PDE-4 est l’enzyme spécifique responsable de la dégradation de l’AMP cyclique (AMPc). Comme on le voit sur le schéma, l’AMPc est produite par l’adénylate cyclase (AC), enzyme généralement activée ou réprimée par l’activité des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG). L’AMPc est un second messager essentiel qui active la PKA (protéine kinase A), responsable de la synthèse notamment des médiateurs de l’inflammation. 8 Mécanisme d’action L’apremilast, en inhibant la PDE-4, entraîne l’arrêt de la dégradation de l’AMPc. L’augmentation du taux d’AMPc intracellulaire engendre l’augmentation de l’activation de la PKA et donc des réactions de phosphorylation. Parmi les conséquences de l’activation de la PKA, on trouve notamment la synthèse de l’IL-10 (cytokine anti-inflammatoire) et la diminution de la synthèse du TNF-α (cytokine proinflammatoire) (cf. figure). La réduction de la sécrétion des cytokines proinflammatoires entraîne donc une diminution des symptômes cliniques du psoriasis et une amélioration de la qualité de vie des patients. Essais Cliniques Lors de deux études de phase 3 (programme ESTEEM),1250 patients ont pris 30mg d’Apremilast deux fois par jour et les résultats ont montré une amélioration statistiquement significative des symptômes du psoriasis. Les critères primaires étaient la taille de l’aire cutanée touchée et l’index de sévérité et le critère secondaire le SPGA (évaluation globale de l’état physique du patient). Effets indésirables Dépression, pensées suicidaires. Références et liens http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22257911 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3383510/?report=reader http://scd-theses.u-strasbg.fr/2506/01/YOUGBARE_Issaka_2010.pdf http://ir.celgene.com/releasedetail.cfm?releaseid=795058 http://onlinelibrary.wiley.com/store/10.1002/art.34627/asset/34627_ftp.pdf;jsessionid= F29CEC4A341AFD31E2256551BD937A98.f01t01?v=1&t=i5tth7xt&s=eb577b6e8f17cdc8 ed65399baf11cbabbae766b9 9 GASTRO ENTEROLOGIE 10 NALOXEGOL MOVANTIK® Date d’approbation : FDA : 16 Septembre 2014 Découverte & Commercialisation : ASTRAZENECA EMA : 9 Décembre 2014 Introduction Les opioïdes sont une classe de médicaments utilisés pour traiter la douleur. Le principal effet secondaire associé à leur utilisation est : la réduction de la motilité du tractus gastro-intestinal,qui provoque une constipation. Le Movantik est un antagoniste opioide qui vise à en contrer les effets constipants. Indication : Structure du Movantik : Le Movantik est indiqué chez l’adulte souffrant de douleur chronique non lié à un cancer, pour traiter la constipation induite par les opioïdes. La dose préconisée est de 25 mg par jour à prendre le matin. Cette dose peut être diminué à 12,5 mg, si le patient présente une intolérance au traitement. Mécanisme d’action Le Movantik appartient à la classe des antagonistes des récepteurs opioïdes. Il exerce une action uniquement périphérique,. Il n’a pas d’effet central Études cliniques La sécurité et l'efficacité de Movantik ont été établies dans deux essais cliniques sur 1352 patients. Les participants à ces études étaient traités par des opioïdes durant 4 semaines minimum, pour des douleurs non liées au cancer et ayant souffert de constipation induite par les opioïdes. Les participants ont reçu soit 12,5 mg ou 25 mg de Movantik soit un placebo une fois par jour pendant 12 semaines. Le principal critère d’évaluation des études est la mesure des changements dans le nombre de selles par semaine depuis le début du traitement. 11 Les résultats de la première étude ont montré que 44 % des participants recevant 25 mg de Movantik et 41 % des participants recevant 12,5 mg de Movantik ont eu une augmentation des selles par semaine, en comparaison à 29% des participants recevant le placebo. Le traitement avec Le Movantik ne réduit pas l'action analgésique des opioïdes. Effets secondaires Les effets indésirables les plus fréquents lors des essais cliniques : sont : des douleurs abdominales, de la diarrhée, des nausées, une flatulence, des vomissements et des céphalées. Les effets indésirables les plus graves survenus lors des essais cliniques sont : les perforations au niveau du tractus gastro-intestinal. Interactions médicamenteuses Le Movantik ne doit pas être administré en concomitance avec un inhibiteur ou un inducteur du CYP3A4. L’association avec un autre antagoniste des récepteurs opioïdes est également déconseillée. Conclusion Malgré l’absence d’effet sur la repolarisation cardiaque prouvé par une étude précédente, la FDA a demandé la réalisation d’une étude post commercialisation sur les potentiels effets cardiovasculaires. Références http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2014/204760s000lbl http://www.nejm.org.doc-distant.univlille2.fr/doi/full/10.1056/NEJMoa1310246#t=articleTop William D. Chey, M.D., Lynn Webster, M.D., Mark Sostek, M.D., Jaakko Lappalainen, M.D., Ph.D., Peter N. Barker, Ph.D., and Jan Tack, M.D., Ph.D. , NEJM 2014; 370:2387-2396June 19, 2014DOI: 10.1056/NEJMoa1310246 12 PALONOSETRON et NETUPITANT AKYNZEO® Date d’approbation : FDA : 10 Octobre 2014 EMA : 22 Janvier 2014 Découverts par ROCHE Développé par HELSINN et EISAI License pour commercialisation et distribution aux USA : EISAI Introduction Molécule de Palonosetron: Akynzeo est une combinaison de deux principes actifs : Le Palonosetron approuvé depuis 2008 et d’une nouvelle entité moléculaire : le Netupitant. Akynzeo se présente sous forme d’un de comprimé oral dosé à 300 mg de Netupitant et 0,5 mg de palonosetron. Indication L’Akynzeo est indiqué dans le traitement des nausées aigues et retardées induites par une chimiothérapie, connues sous l’acronyme CINV (Chemotherapy induced nausea and vomiting) Molécule de Netupitant: Pathologie Les CINV peut survenir immédiatement lors de l’initiation d’une chimiothérapie et jusqu’à 5 jours après. Mécanisme d’action L’Akynzeo est une combinaison de deux principes actifs qui agissent sur deux cibles différentes. Le premier, le Netupitant est un peptidomimétique, antagoniste du récepteur NK1, il agit sur les phases aigue et retardée des CINV. Il possède une très bonne sélectivité et pénètre au niveau du système nerveux central. Le deuxième, le Palonosetron est un antagoniste du récepteur 5HT3 qui agit uniquement sur la phase aigue. Essais cliniques Une étude a été menée sur des patients sous chimiothérapie hautement ou moyennement émétique, pour différents types de tumeurs. Le comparateur utilisé dans l’étude était le Palonosetron seul. Le principal critère d’évaluation était l’absence d’effets émétiques. 13 Les résultats montrent qu’AKYNZEO apporte une meilleure prévention des CINV comparé au palonosetron seul et ce jusqu’à 5 jours suivant l’initiation de la chimiothérapie. Pour prouver l’efficacité d’AKYNZEO sur le long terme, une étude a été menée sur 309 patients subissant plusieurs cycles de chimiothérapie. L’Akynzeo a montré une efficacité répétée aux cours des cycles successifs. Effets indésirables : Liés au Netupitant : Réaction d’hypersensibilité, syndrome sérotoninergique qui se traduit par une confusion mentale, instabilité, troubles neuromusculaire, épilepsie et troubles gastro-intestinaux. Tous les patients recevant l’Akynzeo doivent être suivis pour prendre en charge l’éventuel syndrome sérotoninergique. Liés au Palonosetron : Céphalées, asthénie, dyspepsie, fatigue, constipation et érythème. Précautions d’emploi L’Akynzeo est un inhibiteur du CYP3A4, il ne doit pas être administré en concomitance avec des médicaments métabolisés par ce cytochrome. Références et liens www.fda.gov/drugs/developmentapprovalprocess/druginnovation/ucm4292 47.htm FDA_Approves_AKYNZEO%C2%AE_(netupitantpalonosetron)_for_the_Preventi on_of_ChemotherapyInduced_Nausea_and_Vomiting_(CINV). www.prnewswire.com/news-releases/fda-approves-akynzeonetupitantpalonosetron-for-the-prevention-of-CINV 14 Vedolizumab Entyvio ® Date d’approbation : FDA : 20/05/2014 EMA : 27/05/2014 Découverte & Commercialisation : Takeda Introduction Le vedolizumab est indiqué dans le traitement des patients adultes présentant une rectocolite hémorragique active ou une maladie de Crohn, modérée à sévère, ayant eu une réponse insuffisante ou une perte de réponse à un traitement conventionnel et par anti-TNFα ou ayant été intolérants à ces traitements. Pathologie La maladie de Crohn, atteint de façon transmurale divers segments du tube digestif, et s'accompagne de localisations extradigestives. C’est une des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) et son évolution au long cours est handicapante. Elle repose sur l'interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux. La rectocolite hémorragique (RCH) ou colite ulcéreuse est aussi une maladie inflammatoire chronique intestinale mais qui affecte l'extrémité distale du tube digestif. Celles-ci évoluent par poussées (phases aiguës) alternant avec des phases dites de rémission (c'est-à-dire de disparition des signes cliniques de la maladie). Mécanisme d’action Le védolizumab est un anticorps monoclonal humanisé. Il se lie de façon spécifique à l’intégrine α4β7 au niveau de la membrane des lymphocytes. Ceci entraîne l’inhibition de la liaison de l’intégrine α4β7 à la molécule d’adhérence MadCAM-1, qui est préférentiellement exprimée au niveau des vaisseaux sanguins et lymphatiques du tractus gastro-intestinal. Dans le cas de la rectocolite hémorragique ou de la maladie de Crohn, ces lymphocytes sont à l'origine d'une inflammation de l’intestin. En bloquant l'intégrine α4β7, le védolizumab réduit l'inflammation de l'intestin ainsi que les symptômes de ces maladies. 15 Schéma 1 : mécanisme d’action du vedolizumab Essais Cliniques 373 patients présentant une rectocolite hémorragique ont été randomisés en double aveugle. Les patients recevaient 300mg de vedolizumab ou le placebo toutes les 8 semaines. L’utilisation concomitante d’aminosalicylés et corticostéroïdes a été autorisée jusqu’à la 52ème semaine. Le critère principal de l’étude est la rémission complète. A la fin de l’étude 42% de patients traités avec le vedolizumab étaient en rémission clinique contre 16% pour le groupe placebo. De plus 31% des patients du groupe vedolizumab ont pu arrêter les corticoïdes contre 14% pour le groupe placebo. Une autre étude a été menée sur un groupe de 461 patients atteints de la maladie de Crohn. Les patients recevaient aussi toutes les 8 semaines 300mg de vedolizumab ou le placebo. A la 52ème semaine 39% de patients traités avec vedolizumab étaient en rémission clinique contre 22 % pour le groupe placebo. De plus 32% des patients du groupe traité par le vedolizumab ont pu arrêter les corticoïdes contre 16% pour le placebo. Effets secondaires Maux de tête, nausées, fièvre, toux, bronchites, sinusites, nasopharyngites, rash, arthralgies, fatigue… Références et liens Designing biologic selectivity for inflammatory bowel disease – role of vedolizumab, Drug Design, Niklas Krupka Daniel C Baumgart, Development and Therapy 2015:9 147–154 https://www.entyvio.com/vedolizumab http://ec.europa.eu/health/documents/communityregister/2014/20140522128 514/anx_128514_fr.pdf 16 HEMATOLOGIE 17 Simoctocog alfa NUWIQ® Date d’approbation : EMA : 22 Mai 2014 Découverte & Commercialisation : Octapharma AB Introduction Simoctocog alfa: Le Simoctocog alfa est une protéine de 1440 acides aminés dont La séquence est comparable au facteur VIII plasmatique humain (sans le domaine B). Le Nuwiq est produit par génie génétique dans des cellules de rein embryonnaire humain génétiquement modifié (HEK) 293F cellules. Indication Le Nuwiq est utilisé pour le traitement et la prophylaxie des épisodes hémorragiques chez les patients atteints d'hémophilie A (déficience congénitale en facteur VIII). Le Nuwiq est indiqué pour les populations d’enfants et d’adultes. Pathologie L'hémophilie A est une maladie hémorragique congénitale due à un déficit en facteur VIII. Cette protéine de coagulation est produite par le foie et circule dans le sang lié au facteur de von Willebrand. Mécanisme d’action Le Nuwiq agit comme le Facteur VIII. Il se fixe conjointement au facteur IX actif pour activer le facteur X, qui associé à son cofacteur (facteur Va) va activer la thrombine. 18 Essais cliniques Le Nuwiq a été évaluée dans trois études multinationales (GENA-01, GENA – 03 et GENA- 08). Dans l’étude GENA 01, sur 22 adolescents et adultes participant à l’essai, 94,4 % des épisodes de saignement ont été traités à la demande avec une excellente ou bonne efficacité. L’étude GENA 03 a porté sur 59 enfants âgés de 2 à 11 ans. Elle montre qu’en prophylaxie le taux moyen de saignement est de 0,338 épisodes de saignement/ mois. Dans cette étude, 68,6 % des crises de saignement ont été traités avec une seule perfusion et 81,3 % avec un ou deux perfusions. L’étude GENA 08, a permis cette fois d’évaluer l’efficacité du traitement en prophylaxie (prévention des évènements hémorragiques). Sur les 32 adultes participant à l’essai, la moyenne du taux de saignement par patient pendant la période de traitement prophylactique étaient 0,188 / mois pour tous les types de saignements. L'immunogénicité du Nuwiq a été évaluée lors des essais cliniques sur 135 patients (74 adultes et 61 enfants). Aucun n’a développé d’inhibiteurs du Nuwiq. Posologie Traitement des épisodes hémorragiques : La dose médiane pour traiter un épisode hémorragique a été 33,0 UI / kg. En général, les saignements mineurs nécessitent une dose légèrement inférieure, et les saignements plus graves ont requis jusqu'à trois fois plus que la dose médiane Traitement prophylactique : La médiane de consommation de Nuwiq en traitement de prophylaxie était 468,7 UI / kg / mois. Effets secondaires Les effets indésirables remarqués sont : picotements, paresthésies, maux de tête, inflammation et douleur au site d'injection, maux de dos, vertiges, sécheresse de la bouche. On a également signalé des effets secondaires liés aux dispositifs d'accès veineux central (CVAD) : infection liée au cathéter, caillot sanguin local au site du cathéter. Conclusion Le Nuwiq est un first in class, c’est le premier rFVIII ayant une structure aussi similaire à la structure humaine. L’EMA a accordé une AMM au Nuwiq sous réserve de mise en place d’un plan de pharmacovigilance. Références http://www.evidal.fr/showReco.html?recoId=4046 http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/EPAR__Product_Information/human/002813/WC500179340.pdf 19 Vorapaxar Zontivity® Date d’approbation : FDA : 18/02/2014 EMA : 19/01/2015 Découverte : Schering-Plough Commercialisation : Merck (qui a racheté Schering-Plough) Molécule : Introduction Vorapaxar est le premier antiagrégant plaquettaire agissant via PAR-1. Antithrombotique en association avec l'aspirine et/ou le clopidogrel il est indiqué chez l'adulte avec antécédent d'infarctus de myocarde et est administré par voie orale. Origine : il dérive d’une molécule naturelle, l'himbacine, un alkaloide de l'écorce de magniolia. Cette molécule découverte par screening fut initialement développée comme antagoniste muscarinique. Et lors de son optimisation, l’activité PAR fut optimisée. Pathologie L'infarctus du myocarde est une manifestation d'insuffisance coronarienne aiguë. Il s'agit d'une affection fréquente de pronostic grave, dépendant aussi bien à la phase aiguë qu'à distance, de l'importance de la destruction myocardique (causée par la nécrose ischémique), de la diffusion des lésions artérielles coronaires et de la stabilité électrique du cœur. Ensuite pour éviter la formation de nouveaux thrombus dans les artères on met le patient sous antiagrégants plaquettaires (généralement aspirine ou clopidogrel). Cible Le récepteur : PAR-1. Mécanisme d’action La thrombine démasque le ligand situé sur le récepteur PAR-1 (récepteur activé par protéase, exprimé entre autres par les plaquettes), ce ligand peut alors se fixer sur son récepteur et l'activer. Ce qui engendre la coagulation. Comme le montre le schéma Vorapaxar entre directement en compétition avec la fixation du ligand endogène. Le Vorapaxar agit donc comme un antagoniste réversible de PAR-1, mais sa longue demi-vie (5 à 13 jours) le fait paraître irréversible. 20 Cependant Vorapaxar n'inhibe pas l'agrégation plaquettaire induite par l'ADP (adénosine diphosphate), le collagène ou un analogue du thromboxane et n'affecte pas les paramètres de coagulation ex-vivo. Essais Cliniques L'étude principale (TRA 2P TIMI 50) réalisée sur 26 000 patients avait pour critères primaires d'évaluation : la mortalité cardiovasculaire, l'infarctus du myocarde, AVC et revascularisation coronarienne en urgence. Time to First Occurrence of the Composite Endpoint of CV Death, MI, Stroke or UCR in Post-MI or PAD Patients without a History of Stroke or TIA in TRA 2°P. Cette étude a montré que le Vorapaxar prescrit sur le long terme dans la population des patients en post-infarctus réduit significativement (20 %) la mortalité cardiovasculaire et les récidives ischémiques après un infarctus. Effets indésirables : Le vorapaxar augmente le risque de saignements, en particulier d’hémorragies intra-crâniennes (+ 1,26%). Interactions médicamenteuses : Le vorapaxar étant métabolisé par le CYP3A4, il faudra prendre en compte sa coadministaation avec les inhibiteurs et les inducteurs de ce cytochrome. Références et liens http://www.zontivity.com/ http://www.fda.gov/ http://www.medscape.fr Morrow DA, Braunwald E, Bonaca MP et al. Vorapaxar in the secondary prevention of atherothrombotic events, N Engl J Med, 2012;366:1404–141 21 INFECTIOLOGIE 22 Ceftolozane/tazobactam Zerbaxa® Date d’approbation : FDA : 19/12/2014 Découverte & Commercialisation : Cubist Introduction Le zerbaxa est un médicament indiqué pour le traitement des infections urinaires compliquées dont les pyélonéphrites dues à des bactéries à Gram négatif telles que Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Proteus mirabilis ou Pseudomonas aeruginosa. Il peut être aussi utilisé en combinaison avec du metronidazole pour les infections intra abdominales compliquées causées par des bactéries à Gram négatif et Gram positif. L'association du tazobactam à ceftolozane améliore le spectre d'activité contre les souches résistantes. Mécanisme d’action Le ceftolozane est une céphalosporine. L’action bactéricide du ceftolozane résulte de l'inhibition de la biosynthèse de la paroi cellulaire en interférant avec la synthèse du peptidoglycane par un mécanisme d'inhibition compétitif des transpeptidases extra-cytoplasmiques. Le tazobactam est un puissant inhibiteur des bêta-lactamases, enzymes portés par des plasmides qui provoquent fréquemment la résistance aux pénicillines et aux céphalosporines, y compris les céphalosporines de 3e génération. Il agit en ouvrant en ouvrant le cycle beta lactame. Essais Cliniques Une étude clinique a été menée sur 1 068 patients hospitalisés pour une infection urinaire compliquée (dont 82% de la population a été diagnostiquée avec une pyélonéphrite). Ils ont reçu soit 1,5 g de ZERBAXA(1 g / 0,5 g) IV toutes les 8 heures soit la lévofloxacine. Le critère principal d'efficacité a été défini comme une amélioration des symptômes cliniques et l'éradication microbiologique. 23 A la fin des 7 jours de traitement, il y a 76,9 % d’amélioration dans le groupe des patients traités par le ZERBAXA contre 68,4 % dans le groupe des patients traités par la lévofloxacine. Dans le cas d’infection abdominale compliquée, une étude de non-infériorité avec ZERBAXA en combinaison avec du métronidazole a été menée. Le critère principal d'efficacité était la réponse clinique, définie comme l'amélioration significative des signes et symptômes de l’infection. On a remarqué une éfficacité comparable pour le ZERBAXA et le méropénem au niveau des taux de guérisons. Il y a 83% de guérisons pour le groupe de patients traités par zerbaxa+Metronidazole contre 87,3% pour les patients traités par le meropenem. Effets secondaires : Les effets indésirables les plus communs chez plus de 5% des patients sont: nausées, diarrhées (clostriduim difficile), maux de tête et fièvre Intéractions: pas d’interactions spécifiques avec d’autres médicaments. Une Adaptation de posologie est nécessaire en cas d’insuffisance rénale. Réferences: http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2014/206829lbl.pdf http://www.zerbaxa.com Ceftolozane/Tazobactam: A New Option in the Treatment of Complicated GramNegative Infections, Maria Sorbera 2014 Dec 24 Daclatasvir DAKLINZA ® Date d’approbation : EMA : 22/08/2014 Découverte et commercialisation : Bristol-Myers Squibb Introduction Molécule : Le Daclatasvir empêche la réplication du virus de l’hépatite C en inhibant la protéine appelée 'NS5A' dans le virus de l'hépatite C. En bloquant cette protéine, essentielle pour la multiplication du virus le médicament empêche le virus de se multiplier. Il existe 6 génotypes du virus de l'hépatite C et Daklinza a démontré son efficacité contre les génotypes 1 à 4. Pathologie L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) commence par une phase aiguë qui est généralement asymptomatique, et n‘engage que très rarement le pronostic vital. Environ 15 à 45% des personnes infectées se débarrassent spontanément du virus dans les 6 mois qui suivent l’infection. Pour les autres, soit 55 à 85% des personnes infectées, l’infection évoluera vers la forme chronique, à évolution lente. Parmi celles-ci, le risque de cirrhose du foie est de 15 à 30% sur une durée de 20 ans. En cas de cirrhose, l’incidence du carcinome hépato-cellulaire est élevée (3 à 10 % par an) On estime qu'environ 130 à 210.000.000 d'individus, soit 3% de la population mondiale, ont une infection chronique par le virus de l'hépatite C et que 3 à 4 millions de personnes sont nouvellement infectées chaque année. L'évolution silencieuse de la maladie et la fréquence élevée de passage à la chronicité expliquent l'existence d'un important réservoir de sujets infectés. La variabilité génétique du VHC se traduit par 6 génotypes majeurs numérotés de 1 à 6 et de plusieurs dizaines de sous-types (sérotypes). Ces génotypes interviennent dans la réponse aux traitements. Les génotypes 2 et 3 répondent mieux que les 1 et 4. Mécanisme d’action Le daclatasvir est un inhibiteur de la protéine non structurale 5A (NS5A), une protéine multifonctionnelle constituant un composant essentiel du complexe de réplication du VHC. Le daclatasvir inhibe la réplication de l'ARN viral et l'assemblage des virions. Son mécanisme d’action est mal connu, des recherches récentes suggèrent que le 25 daclatasvir cible deux étapes du processus de réplication virale (réplication du génome et assemblage), ce qui permet une diminution rapide de l'ARN du VHC. Essais Cliniques Les essais cliniques ont évalué deux types d’associations : Daklinza avec le sofosbuvir ou avec peg-interféron alfa et la ribavirine. La Réponse Virologique Soutenue (SVR) était le critère principal retenu pour déterminer le taux de guérison virologique. Elle est définie comme un taux d’ARN viral inférieur à la limite de quantification (LIQ) à 12 (SVR12) et 24 semaines (SVR 24). Daclatasvir en association au sofosbuvir L'efficacité et la sécurité de Daklinza 60mg une fois par jour en association au sofosbuvir 400 mg une fois par jour, avec ou sans ribavirine, dans le traitement de l'infection chronique par VHC de génotype 1, 2, ou 3 ont été évaluées dans une étude randomisée ouverte chez 211 adultes sans cirrhose. Une réponse virale complète à 12 semaines (RVS12) était atteinte chez 99 % des patients porteurs de VHC de génotype 1, 96 % des patients porteurs de VHC de génotype 2 et 89% des patients avec un génotype 3. La réponse virologique était rapide (la charge virale mesurée à la semaine 4 a montré que plus de 97 % des patients répondaient au traitement). Aucun effet indésirable de grade 3 ou 4 n'a été rapporté. Daclatasvir en association au peg-interferon et à la ribavirine Les études randomisées, en double aveugle ont permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance de l’association de daclatasvir au pegIFN/RBV dans le traitement de patients adultes infectés par le VHC, naïfs de traitement et avec une maladie hépatique compensée. L'étude AI444042 avait inclus des patients avec un génotype 4 et l'étude AI444010 avait inclus des patients avec un génotype 1 ou 4. Dans l’étude AI444042, la réponse est rapide, les taux de RVS 12 étaient plus élevés chez les patients traités par daclatasvir que chez les patients traités par placebo et ce dans tous les sous-groupes. Dans l’étude AI444010, le taux de RVS12 était de 64 % vs. 36% pour le Placebo pour le génotype 1. La réponse au traitement est de 100% pour les patients naïfs de traitement et infectés par le VHC génotype 4, vs. 50% pour le placebo. Références et liens http://www.ema.europa.eu/docs/fr_FR/document_library/EPAR__Product_Information/human/003768/WC500172848.pdf Hepatology. 2015 Jan 23. doi: 10.1002/hep.27726. http://news.bms.com/press-release/daclatasvir-marketing-authorization-application-treatment-chronichepatitis-c-validate http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs164/fr/ 26 Dalbavancin Dalvance® Date d’approbation : FDA : 23/05/2014 EMA : avis favorable 18/12/2014 Découverte : Duratha Commercialisation : Actavis Introduction Les infections à bactéries à Gram positif sont un problème majeur de santé publique. Elles concernent essentiellement les staphylocoques dorés, les entérocoques et les pneumocoques. Dalbavancin est un antibactérien de la famille des lipoglycopeptides semi-synthétiques dérivé d'un glycopeptide naturel, dont la structure est proche de celle de la teicoplanine et de la Vancomycine. Indication La Dalbavancin (dalvance®) est indiquée dans le traitement des infections aigues de la peau et des tissus mous (« ABSSSI », Acute Bacterial Skin and Skin Structure Infections). Son spectre d’action est essentiellement dirigé contre les bactéries à Gram positif, notamment : les MRSA, souches de Staphylococcus aureus résistantes à la méticilline. Epidemiologie Aux Etats-Unis, plus de 14 millions de consultations ambulatoires sont enregistrées chaque année en raison de telles infections, entrainant plus de 600 000 hospitalisations (3,7% de toutes les hospitalisations en urgence). Les ABSSSI ont été responsables de près de 2000 morts dans la population américaine en 2011. Mécanisme d’action Dalbavancin a un mécanisme d’action analogue à la vancomycine. C’est un inhibiteur de la biosynthèse bactérienne. La molécule se lie par des liaisons hydrogènes à l’extrémité D-Ala-D-Ala des précurseurs du peptidoglycane. Elle bloque ainsi l’action des transpeptidases du fait de sa taille volumineuse. C’est donc un antibiotique bactéricide. Une longue chaîne lipophile, présente sur la structure glycopeptidique, explique ses propriétés pharmacocinétiques. En effet Dalbavancin possède une demi-vie d’élimination d’environ 200h et une meilleure pénétration à travers les tissus ce qui lui donne un excellent profil de sécurité et lui confère des avantages par rapport à la Vancomycine qui doit être administrée lorsqu’il s’agit de MRSA. 27 D'un point de vue pharmacodynamique, cette même chaîne lipidique permet d'ancrer la molécule à la paroi bactérienne et d'augmenter son interaction avec le peptidoglycane. Essais Cliniques Le programme de développement clinique s’appuie sur 2 essais principaux de noninfériorité. Ces deux études de phase III ont comparé en double aveugle, l’efficacité et la sécurité de dalbavancin (deux doses IV par semaine) à celle de la vancomycine (avec possibilité de switch avec le linezolide par voie orale). Le traitement a duré 8 jours pour dalbavancin et jusqu’à 10 voire 14 pour le comparateur, en incluant près de 1500 patients atteints d’une infection à MRSA connue ou suspectée. Le critère d’efficacité primaire était la réponse clinique, définie par un arrêt du développement de l’infection et l’absence de fièvre 48h à 72h après le début du traitement dans la population en intention de traiter. Les effets indésirables rapportés sont légers et limités, les plus fréquents sont des diarrhées, des céphalées et des nausées. Les interactions médicamenteuses n’ont pas été étudiées spécifiquement. Dans les deux essais la Dalbavancine a confirmé sa non-infériorité par rapport à la Vancomycine (/Linezolide). Son élimination double, rénale et hépatique évite d’avoir à réaliser une adaptation posologique chez les insuffisants rénaux. Présentation et shéma d’administration Elle est administrée après reconstitution, en injection intraveineuse de plus de 30 min. Elle est présentée sous forme d’ampoule à usage unique, d’hydrochlorure de dalbavancin en poudre lyophilisée, qui correspond à 500mg de forme pure de dalbavancin. Références et liens http://www.fda.gov/downloads/AdvisoryCommittees/CommitteesMeetingMaterials/ Drugs/Anti-InfectiveDrugsAdvisoryCommittee/UCM390792.pdf Image de la structure : http://www.ncbi.nlm.nih.gov « The International Journal of Clinical Practice ». http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17724497 28 Delamanid DELTYBA® Date d’approbation : EMA : 28 Avril 2014 PDMA : 4 Juillet 2014 Découverte et Commercialisation par : OTSUKA Introduction Delamanid est un agent anti-tuberculeux de la classe des nitrodihydroimidazooxazole. Il se présente sous forme de comprimés oraux dosés à 50 mg. Au cours des dernières décennies, l’industrie pharmaceutique a cru que le problème de la tuberculose était résolu, ce qui explique que DELTYBA soit seulement le deuxième antituberculeux à recevoir son AMM depuis 40 ans. Indication Le Deltyba est réservé aux cas spécifique de tuberculose multi-résistances MDR-TB (multidrug resistant Tuberculosis) en association avec des traitements classiques de tuberculose pulmonaire. La dose recommandée est de 100 mg deux fois par jour pour une durée de 24 semaines. Image de Mycobacterium tuberculosis Pathologie La tuberculose est une maladie infectieuse contagieuse, avec des signes cliniques variables. Elle est provoquée par Mycobacterium Tuberculosis (ou bacille de Koch BK). La tuberculose pulmonaire est de loin la forme plus fréquente, mais à partir du poumon le bacille peut migrer vers de nombreux autres organes. Mécanisme d’action Le DELTYBA est un inhibiteur de la production d’acide méthoxymycolique, un composant indispensable de la paroi externe de mycobactérium tuberculosis. La destruction de la paroi externe induit la mort de la bactérie. 29 Essais Cliniques Des essais cliniques ont été menés dans neuf pays. Le critère primaire d’évaluation retenu pour ces essais était une conversion des cultures d’expectorations (CCE) un paramètre qui permet d’établir le moment à partir duquel la tuberculose n’est plus infectieuse (il faut que 5 semaines de culture successives soient négatives). Les résultats (figure 1) démontrent qu’au bout de 2 mois de traitement, 45,4 % des sujets ayant reçu 100 mg de Deltyba 2 fois par jour, en association avec le traitement de base d’une tuberculose classique, sont guéris. Figure 1: Proportion de patients avec CCE durant 57 jours Ce pourcentage est significativement plus important que le taux de 29,6 % atteint dans le groupe placebo (qui n’ont reçu que les traitements classiques). La figure 2 montre que dès 2 mois de traitement avec le Delamanid, la différence de conversion avec le groupe placebo était devenue significative pour les doses de 100 et 200 mg. 30 Effets Indésirables Le principal effet indésirable est un allongement du QT qui indique un risque de torsade des pointes observées lors des contrôles par ECG. Lors des essais cliniques, aucun des épisodes d’allongement de l’onde QT ne s’est traduit par des symptômes tels que syncope ou arythmie. Le deuxième effet indésirable le plus fréquent est l’hypoalbuménie causé par le principal métabolite de Delamanid le DM-6705. Contre Indications L’allongement de l’onde QT amène à contre-indiquer le delamanib aux patients atteints d’une cardiopathie congénitale, ou ayant un historique de symptômes cardiaques, tels que arythmies, hypertension artérielle ou hypertrophie ventriculaire gauche. Conclusion OTSUKA espère intégrer le delamanid, DELTYBA dans le programme DOT (Directly Observed Therapy) mis en place par l’OMS dans les pays à fort taux de tuberculose et ainsi traiter le maximum de patients atteints de tuberculose multi-résistances MDRTB. Références www.who.int/tb/strategy/stop_tb_strategy http://www.ema.europa.eu/ema/index.jsp?curl=pages/medicines/human/medicines /002552/human_med_001699.jsp&mid=WC0b01ac058001d124 http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/Orphan_designation/200 9/10/WC500006083.pdf NEJM, 7 juin 2012, Delanamid for Multidrug-Resistant Pulmonary Tuberculosis, D. Wells 31 Finafloxacin Otic suspension XTORO ® Date d’approbation : FDA : 17/12/2014 Découverte : MerLion Pharmaceuticals Commercialisation : Alcon Laboratories, Inc. Introduction Molécule : Xtoro a été approuvé pour traiter l'otite externe aiguë causée par Pseudomonas aeruginosa et par Staphylococcus aureus. Xtoro est le médicament le plus récent appartenant à la classe des fluoroquinolones antimicrobiennes à être approuvé par la FDA. Il est commercialisé sous forme de gouttes auriculaires. Pathologie Environ une personne sur dix est atteinte d'otite externe aiguë au moins une fois dans sa vie. Les otites externes aiguës sont des inflammations du conduit auditif externe qui guérissent souvent spontanément en quelques semaines. Elles surviennent surtout en été, dans un contexte de baignades ou de plongées. Certains facteurs contribuent à leur survenue, notamment une humidité excessive, un nettoyage agressif par cotontige, un traumatisme local du conduit auditif externe, un eczéma, une allergie causée par un shampooing ou un produit cosmétique, le port de prothèse auditive. Dans les pays tempérés, elles sont souvent liées à une infection bactérienne. Une otite externe grave est à évoquer pour un traitement urgent, surtout chez les patients diabétiques, âgés ou immunodéprimés, quand les symptômes locaux sont sévères : douleurs vives empêchant le sommeil, écoulements abondants, gonflement derrière l'oreille. Mécanisme d’action La finafloxacine est une nouvelle entité chimique appartenant à la classe des fluoroquinolones antimicrobiennes. Elle a une activité contre les bactéries retrouvées dans les oreilles, qui sont considérées comme la cause des otites externes. Le médicament a une action topique, il est administré sous forme de gouttes auriculaires. 32 : Comme d’autres quinolones, la finafloxacine agit en inhibant la DNA Gyrase et la topoisomérase IV ce qui empêche la réplication de l'ADN bactérien. Son mode d'action comprend un effet oxydant sur les bactéries, mais leur effet principal est dû à la fixation de la quinolone sur l'ADN lors de la phase de duplication de l'ADN au cours de la mitose (phase S). Essais Cliniques La confirmation de l’infection a été faite post-traitement. Sur les 1234 participants seuls 560 avaient une otite causée par Pseudomonas aeruginosa ou par Staphylococcus aureus. Parmi ceux-ci, 70% des patients qui ont reçu Xtoro obtiennent une guérison clinique contre 37% pour ceux qui ont reçu le placebo. De plus, Xtoro a démontré sa supériorité pour l’élimination des bactéries (en se basant sur une culture bactérienne de l'oreille) et soulage plus la douleur de l'oreille. Effets indésirables Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés chez les participants traités par Xtoro sont des démangeaisons de l'oreille (prurit) et des nausées. Références et liens Rev Prescrire 2013 ; 33 (356) : 443-446. http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/nda/2014/206307Orig1s000SumR.pdf 33 Ombitasvir/Paritaprevir/Ritonavir/Dasabuvir VIEKIRA PAK® Date d’approbation : FDA : 19/12/14 EMA : Avis favorable CHMP le 10/12/14 Découverte & Commercialisation : Abbvie Introduction La spécialité VIEKIRA PAK® associe dans un même conditionnement des comprimés « combo » Ombitasvir/Paritaprevir/Ritonavir (VIEKIRAX®) et des comprimés de Dasabuvir (EXVIERA®). Elle est indiquée dans le traitement de l’hépatite C chronique de génotypes 1, incluant les patients souffrant de l’évolution en cirrhose du foie compensée. Cette spécialité est destinée à être administrée quotidiennement et peut être prescrite en association ou non avec la Ribavirine. Pathologie L’hépatite C est une maladie infectieuse due au virus de l’hépatite C (VHC) dont la transmission se fait par contact sanguin. L’infection se caractérise par une inflammation du foie souvent asymptomatique mais pouvant évoluer vers une hépatite chronique, une insuffisance hépatocellulaire, une cirrhose et un carcinome hépatocellulaire. L'hépatite C chronique est définie par une infection persistant depuis plus de six mois. Epidémiologie 170 millions de personnes sont atteintes d'hépatite C chronique dans le monde, dont 237 000 en France, où on enregistre 2 600 décès par an. Mécanisme d’action Ombitasvir/Paritaprévir/Ritonavir, en co-administration avec Dasabuvir, associe trois agents antiviraux aux mécanismes d'action distincts, pour cibler le VHC à de multiples étapes du cycle viral. (cf. schéma) 34 Molécules : Ombitasvir : C’est un inhibiteur de la NS5A du VHC (indispensable à la réplication virale). Paritaprevir : C’est un inhibiteur de la protéase NS3-4A du VHC (nécessaire au clivage protéolytique de la polyprotéine codée du VHC et essentiel à la réplication virale). Il est métabolisé par le CYP3A4. Ritonavir : C’est un puissant inhibiteur du CYP3A4, il est utilisé comme « booster » de l’exposition systémique au Paritaprévir. Dasabuvir : C’est un inhibiteur non nucléosidique de l'ARN polymérase ARNdépendante du VHC, indispensable à la réplication du génome viral. Essais Cliniques L’approbation de VIEKIRA PAK® est supportée par un programme de nombreux essais cliniques robustes. L’étude de phase 3 « open-label » PEARL-II a enrôlé 179 patients, incluant des co-infectés VIH et des patients ayant rechuté après un traitment par PEG interféron + Ribavirine. Les patients ont été traités par VIEKIRA PAK® +/- Ribavirine pendant 12 semaines. Après 12 semaines de traitement, le VHC n’était plus détectable pour 100% des patients. Conditionnement Ce type de conditionnement permet une amélioration de l’observance car il simplifie la prise du traitement. La boîte contient en fait des tiroirs contenant les comprimés, sur chaque compartiment est indiqué le moment de la prise et si le patient doit prendre son traitement en mangeant. Références et liens http://hepatoweb.com/Documents_PDF/RCP_ABBVIE.pdf http://www.abbvie.com/content/dam/abbviecorp/us/desktop/contentrooms/dow nloads/ProductFactsheet_ViekiraPak_US.pdf 35 Oritavancine ORBACTIV® Date d’approbation : FDA : 06/08/14 EMA : Avis favorable CHMP le 21/01/15 Découverte & Commercialisation : The Medicines Company Introduction L’Oritavancine est le troisième antibiotique indiqué dans le traitement des infections bactériennes cutanées approuvé cette année après Dalbavancine et Tedizolid. Il est destiné à être administré en dose unique par voie intraveineuse. Ce nouvel antibiotique présente l’avantage de ne nécessiter qu’une seule injection en raison de sa très longue demi-vie. Il permet d’éviter les multiples injections de Vancomycine, habituellement indiqué dans le traitement des ABSSI. Molécule : Pathologie Les infections aigues de la peau et des tissus mous : « ABSSSI » (Acute Bacterial Skin and Skin Structure Infections) sont généralement provoquées par les bactéries à Gram positif. Les souches sensibles à l’Oritavancine sont notamment : le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM), les entérocoques et les streptocoques. Cible L’Oritavancine agit sur la membrane cytoplasmique ainsi que sur la synthèse de la paroi bactérienne. Mécanisme d’action L'Oritavancine est un glycopeptide semi-synthétique. Il s’agit d’un antibiotique bactéricide rapide. Il inhibe la transglycosylation (essentielle dans la synthèse des peptidoglycanes) et la transpeptidation. Cela fragilise et rompt la paroi bactérienne, entrainant ainsi la mort de la bactérie. 36 Essais Cliniques L’efficacité de l’Oritavancine a été évaluée lors de deux études enrôlant un total de 1987 patients souffrant d’ABSSI. L’étude SOLO a enrôlé des patients traités en doubleaveugle soit par 15mg/kg de Vancomycine deux fois par jours pendant 7 à 10 jours, soit par une injection unique de 1200 mg d’Oritavancine. Les critères d’efficacité étaient la résolution ou la diminution de la taille de la lésion initiale, l’absence de fièvre et l’absence de nécessité d’antibiothérapie de secours. Les résultats ont montré que la dose unique d’Oritavancine était non-inférieure au traitement par la Vancomycine. Effets indésirables Il a été observé une certaine veinotoxicité sous Oritavancine. En effet, des interférences ont été remarquées avec les tests de coagulation. Le traitement doit donc être utilisé avec précaution chez les patients sous AVK. Sa très longue demi-vie représente un inconvénient en ce qui concerne les événements indésirables majeurs, en effet on ne dispose pas de moyen d’épuration efficace. Références et liens http://aac.asm.org/content/early/2009/07/27/AAC.00231-09.full.pdf http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24897083 37 SOFOSBUVIR ET LEDIPASVIR HARVONI ® Date d’approbation : FDA: 12/03/2014 EMA: 18/11/2014 Découverte & Commercialisation : GILEAD Introduction L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) est un problème important de santé publique puisque environ 170 millions de personnes sont infectées dans le Monde. Structure Ledipasvir Le Harvoni est un traitement de l’hépatite C chez l’adulte. Il se présente sous forme de comprimés pelliculés dosés à 90 mg de Ledipasvir et 400 mg de Sofosbuvir. Indication Le HARVONI est indiqué pour le traitement de patients adultes atteints d’infection virale C chronique et : Présentant une maladie à un stade avancé (avec fibrose hépatique F3/F4 ou présentant des manifestations extra-hépatiques du VHC) ou sont sur liste d’attente pour une transplantation hépatique ou ont subi une transplantation hépatique et présentent une récurrence de l’infection par le virus de l’hépatite C ou ont subi une transplantation rénale Pathologie On recense six génotypes, numérotés de 1 à 6 du VHC. Au stade précoce d’infection, le tableau clinique est très discret voire absent (asthénie et anomalies du taux d’ASAT). La majorité des patients découvrent leur infection de manière fortuite au stade chronique de la maladie. L'évolution de l'infection par le VHC, en l'absence de traitement, se fait vers : la cirrhose hépatique, l'insuffisance hépatique, éventuellement, le cancer hépatocellulaire pendant une période qui s’étend sur plusieurs dizaines d’années. 38 L’infection par le VHC est potentiellement curable. Jusqu’à l’arrivée des antiviraux à action directe, le standard of care était le traitement par interféron alfa et la Ribavirine. Cette combinaison peut conduire à une réponse virologique soutenue (RVS). La RVS est considérée comme une guérison, même si elle ne prévient pas la réinfection au VHC. Le traitement par interféron alfa et la Ribavirine est associé à des événements indésirables significatifs, une mauvaise tolérance et une d’efficacité limitée -. Au cours des 10 dernières années, sont apparus de nouveaux antiviraux à action directe qui ciblent des éléments clés de la réplication virale. Ces médicaments marquent une nouvelle ère du traitement, parmi eux Le HARVONI. Mécanisme d’action Le couple lédipasvir-sofosbuvir HARVONI, est une association d'antiviraux à action directe. Ledipasvir (Gilead Sciences) est un nouvel inhibiteur de HCV NS5A avec une puissante activité antivirale contre les génotypes du VHC 1a et 1b. Le Sofosbuvir (disponible en monothérapie depuis 2013) est un inhibiteur pangénotypique de l'ARN polymérase ARN-dépendante NS5B du VHC, qui est essentielle pour la réplication du virus. Le Sofosbuvir est une pro-drogue nucléotidique qui subit une métabolisation intracellulaire pour former un analogue de l'uridine triphosphate (GT-461203) actif au plan pharmacologique, qui peut être incorporé dans l'ARN viral par la polymérase NS5B et agit comme terminateur de chaîne. Études cliniques Près de 2.000 patients infectés par le VHC de génotype 1, ont été traités par HARVONI durant 8, 12 ou 24 semaines avec ou sans Ribavirine. Les études ont inclus des patients non cirrhotiques et cirrhotiques. Le critère principal d’évaluation de chaque étude (ION 1, 2 et 3) a été la réponse virologique soutenue (SVR) (VHC indétectable) 12 semaines après la fin du traitement (SVR12). Les patients qui obtiennent SVR12 sont considérés comme guéris du VHC. Sur les 865 participants aux différents essais, 94 à 99 % des patients recevant Harvoni uniquement, ont atteint le SVR à 12 semaines Lors de ces études, l’association à la Ribavirine n'a apporté aucune augmentation du taux de réponse. Les 3 études concluent que l'hépatite C peut être guérie par Harvoni de manière efficace et tolérable et ce après une cure de huit à douze semaines. 39 Effets secondaires Globalement le Harvoni est mieux toléré que le traitement de base (Ribavirine, interféron). Dans les 3 études IONS, moins d'effets indésirables ont été observés dans les bras sans Ribavirine par rapport aux bras comprenant la Ribavirine. Moins de 1 % des patients traités pendant 8, 12 et 24 semaines, respectivement, ont arrêté le traitement en raison d'événements indésirables. Les plus fréquentes chez les patients traités avec Harvoni (≥5%) étaient la fatigue, les maux de tête, des nausées, de la diarrhée et l’insomnie. Conclusion En fournissant un taux de guérison élevé en un temps record (huit à douze semaines) et en éliminant complètement la nécessité de l'interféron et la Ribavirine, Harvoni représente une avance considérable dans la prise en charge de l’infection au VHC de génotype 1. Reference Lancet 14 Février 2015, Daniel P Webster, Paul Klenerman, Geoffrey M Dusheiko, http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(14)62401-6 http://www.evidal.fr/showProduct.html?productId=149688 http://www.fda.gov/downloads/drugs/developmentapprovalprocess/drugin novation/ucm430299.pdf NEJM 17 AVRIL 2014, Ledipasvir and Sofosbuvir for Previously Treated HCV Genotype 1 Infection, Nezam Afdhal, M.D., K. Rajender Reddy, M.D., David R. Nelson, M.D., Eric Lawitz, M.D., Stuart C. Gordon, M.D. NEJM 15 MAI 2014, Ledipasvir and Sofosbuvir for Untreated HCV Genotype 1 Infection, Nezam Afdhal, M.D., Stefan Zeuzem, M.D., Paul Kwo, M.D., Mario Chojkier, M.D. NEJM 15 MAI 2014, Ledipasvir and Sofosbuvir for 8 or 12 Weeks for Chronic HCV without Cirrhosis, Nezam Afdhal, M.D., Stefan Zeuzem, M.D., Paul Kwo, M.D., Mario Chojkier, M.D. 40 Phosphate de Tedizolid Sivextro ® Date d’approbation : FDA : 20/06/2014 EMA : avis favorable 22/01/2015 Découverte : Cubist Commercialisation : Merck & Co Introduction Les infections à bactéries à Gram positif sont un problème majeur de santé publique. Elles concernent essentiellement les staphylocoques dorés, les entérocoques et les pneumocoques. Le phosphate de tédizolid est un antibactérien de la famille des oxazolidinones. C’est un analogue du linézolide, qui a été le premier antibiotique innovant apparu après trente ans d’absence. C'est en 1987 que sont décrits pour la première fois des composés appartenant à cette classe. Parmi les douze analogues testés en clinique, linézolide Zyvox™ est la seule ayant atteint le marché en 2000. Le phosphate de tédizolid consitue le deuxième membre de cette famille. Indication Le phosphate de tedizolid, Sivextro ® est indiqué dans le traitement des infections bactériennes aiguës de la peau et des structures cutanées (ABSSSI) chez les adultes. Son spectre d’action est essentiellement dirigé contre les bactéries à Gram positif, notamment : Staphylococcus aureus, y compris les souches résistantes à la méticilline (MRSA) et Streptococcus pyogenes. Epidemiologie Aux Etats-Unis, plus de 14 millions de consultations ambulatoires sont enregistrées chaque année en raison de telles infections, avec plus de 600 000 hospitalisations (3,7% de toutes les hospitalisations en urgence). Les ABSSSI sont responsables de près de 2000 morts dans la population américaine en 2011. Mécanisme d’action Les composés de type oxazolidinones agissent en inhibant la synthèse protéique. Ils agissent selon un mécanisme d’action différent des antibactériens nonoxazolidinones. Ils empêchent la formation du complexe d'initiation 70 S de la traduction (formé de la sous-unité 50 S, de la sous-unité 30 S et de l'ARNm, et enfin de 41 l'ARN de transfert fMet). Tedizolid est 4 à 16 fois plus actif que le linézolide vis-à-vis des MRSA. Le phosphate de tedizolid est une prodrogue : l’ester phosphorique est rapidement métabolisé in vivo en tedizolid par des phosphatases. L’utilisation d’une prodrogue apporte plusieurs avantages : d’une part, un meilleur profil d’inhibition de la MAO, donc un risque de syndrome sérotoninergique plus faible. d’autre part, le problème de la solubilité dans l’eau est résolu enfin, sa la biodisponibilité est améliorée. Essais Cliniques Les essais de phase III réalisés ont comparé le phosphate de tedizolid au linézolide (la référence), et ils avaient pour but de montrer la non infériorité du tedizolid dans la réponse clinique. Les deux essais ont inclus des patients atteints d’ABSSSI. Le premier essai comparait la forme orale du tedizolid 200mg au linézolide 600mg une fois par jour pendant six jours. Le deuxième essai comparait lui, la forme intraveineuse de tedizolid 200mg au linézolide 600mg chaque 12 heures pendant dix jours (avec possibilité de relais par la voie orale). Le tedizolid a bien démontré sa non-infériorité par rapport à la référence. Les effets indésirables les plus souvent rapportés, furent des nausées, diarrhées, vomissements et céphalées ainsi que des abcès, des cellulites bactériennes et des vertiges. De plus il y a des précautions d’emploi, notamment avec les patients présentant des neutropénies et ceux ayant des diarrhées dues à Clostridium Difficile. Il faut également prendre en compte le risque de développement de résistances, avec une utilisation non appropriée du médicament. Présentation et shéma d’administration Il se présente sous deux formes de 200mg (un comprimé par voie orale et une poudre lyophilisée pour injection). Les formulations sont à prendre une fois par jour, pendant six jours. Références et liens Image de la Molécule : newdrugapprovals.org Slee et al. Oxazolidinones, a new class of synthetic antibacterial agents: in vitro and in vivo activities of DuP 105 and DuP 721. Antimicrob. Agents Chemother. (1987) vol. 31, p1791-1797. Norrby R. Linezolid - a review of the first oxazolidinone. Exp. Opin. Pharmacother. (2001) vol 2, p1-10. http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/nda/2014/205435Orig1s000SumR. pdf 42 MALADIES BRONCHOPULMONAIRES 43 Nintedanib OFEV ® Date d’approbation : FDA : 15/10/2014 EMA : 20/11/2014 Découverte et commercialisation : Boehringer Ingelheim Introduction Molécule Le Nintedanib est une nouvelle entité moléculaire de la classe des inhibiteurs de tyrosine-kinase, qui a obtenu le statut de médicament orphelin. Il cible trois facteurs de croissance cellulaire (le VEGFR, le FGFR et le PDGFR). Initialement développé comme anticancéreux, il a été récemment approuvé pour le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique. : Pathologie La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie pulmonaire non néoplasique caractérisée par la formation de tissu cicatriciel dans les poumons en l'absence de toute cause connue. Bien que l'étiologie reste incertaine, un processus de cicatrisation aberrant impliquant un dépôt de collagène dans les espaces interstitiels et alvéolaires du poumon est la thèse la plus aboutie à ce jour. La FPI est rare et affecte environ 5 millions d'individus dans le monde. La prévalence est légèrement plus importante chez les hommes (1/5 000) que chez les femmes (1/7 700). L’incidence au sein de l’UE est de 30-35000 nouveaux cas/an. L'âge moyen au début de la maladie est de 66 ans. La FPI se manifeste initialement par un essoufflement et une toux sèche. L’évolution est variable car liée à la dyspnée et le risque de cancer du poumon est de 25% et la survie à 5 ans est de 20-40%. Mécanisme d’action Le composé a été identifié lors d'un programme de lead-optimization de petites molécules inhibitrices de l'angiogenèse. Les mécanismes pathogènes qui engendrent l’IPF ne sont pas entièrement compris, mais un certain nombre des récepteurs à tyrosine kinase inhibés par nintedanib sont impliqués en tant que médiateurs associés à la prolifération et le dépôt de collagène impliqués dans l’IPF. Parmi ceux-ci, FGFR-1 et FGFR-2 sont exprimés sur une variété de cellules dans les poumons de patients atteints d’IPF. En outre, le FGF-2 stimule la prolifération des fibroblastes pulmonaires des patients atteints d’IPF et l'inhibition de la signalisation de FGF réduit la fibrose pulmonaire et améliore la survie dans des modèles murins. La 44 prolifération, la migration et la survie des myofibroblastes semblent être responsable de dépôt de collagène dans l’IPF. L'expression est également corrélée à la fibrose sous-épithéliale chez les patients asthmatiques, et la thérapie anti-VEGF montre certains avantages fonctionnels dans des modèles murins de l’IPF. Essais Cliniques Il n’y a pas de biomarqueurs cliniques acceptés pour prédire la progression de la maladie et l'efficacité du traitement, à l'exception des mesures fonctionnelles du poumon. De ce fait, la Capacité Vitale Forcée(CVF) des patients est considérée comme une mesure physiologique adéquate et objective de la maladie. Les données de l'étude de Phase II TOMORROW ont suggéré que nintedanib dosé à 150 mg deux fois par jour a des avantages cliniques avec un profil d'innocuité acceptable. Les deux essais cliniques de phase III du nintedanib dans la FPI, IMPULSIS 1 et 2, ont porté sur 1066 patients traités par nintedanib 2 fois par jours pendant 52 semaines. Le critère principal est le taux annuel de déclin de la CVF. Les essais ont mis en avant une réduction de 50% du déclin de la CVF vs. placebo. Des différences significatives en faveur du nintedanib ont été démontrées concernant les critères secondaires : une diminution de 36% du risque d’exacerbation aigue vs. Placebo et une réduction de mortalité de 30%. Pour les deux études, les événements gastro-intestinaux étaient les plus fréquents dans les groupes ayant reçu le nintedanib. Des diarrhées ont été le plus fréquemment rapportées (61,5% vs 18,6% dans le groupe placebo). La plupart étant d'intensité légère ou modérée, n’ont été la cause d’interruption prématurée que pour moins de 5% des patients. Une élévation des enzymes hépatiques et de la bilirubine a été signalée dans respectivement 13,6% et 1.3% des patients recevant nintedanib contre 2,6% et 0.2% des patients recevant le placebo. Dans l'ensemble, les EI conduisant à l'arrêt du traitement ont eu lieu pour 123 (19,3%) des patients recevant nintedanib et dans 55 (13,0%) patients recevant le placebo. Références et liens http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm418994.htm Respir Med. 2014 Jul;108(7):1023-30 J Med Chem. 2015 Feb 12;58(3):1053-63. Annals of Medicine, 2015; 47: 15–27 http://www.orpha.net/consor/cgi-bin/OC_Exp.php?Lng=FR&Expert=2032 45 MALADIES METABOLIQUES 46 Albiglutide Eperzan 30mg Date d’approbation : FDA : 15/04/2014 EMA : 21/03/2014 Découverte : Human Genome Sciences Commercialisation : GSK Introduction L'eperzan est un médicament utilisé chez les adultes souffrant de diabète de type 2 pour contrôler leur taux de glucose dans le sang. C'est une protéine de fusion recombinante qui nécessite seulement une injection par semaine. Pathologie Le diabète est un trouble du métabolisme du glucose caractérisé par une hyperglycémie. Longtemps silencieux, le diabète de type 2 est la conséquence d'une altération de l'insulinosécrétion et des effets de l'insuline sur les tissus cibles (insulinorésistance). Cette altération entraîne une microangiopathie (atteintes neurologique, oculaire et rénale) et une macroangiopathie (atteintes coronarienne, vasculocérébrale et artérielle). Point épidémiologie : Le diabète de type 2 représente plus de 92 % des diabètes traités en France. Plus de 3 % des habitants de France métropolitaine en sont atteints. Au niveau mondial, 177 millions de personnes étaient atteintes de diabète en 2000 et ce chiffre pourrait atteindre 300 millions d’ici à 2025. Mécanisme d’action Le GLP-1(glucagon like peptide) est une hormone de la classe des incrétines qui joue un rôle important dans le contrôle de la glycémie post-prandiale. Il agit par l’intermédiaire d’un récepteur exprimé au niveau des cellules à insuline (β) et de certains tissus périphériques. L’activation des récepteurs par le GLP-1 stimule l’insulinosécrétion, inhibe l’action du glucagon de façon glucodépendante et a un effet trophique sur la masse des cellules β du pancréas. Enfin, le GLP-1 inhibe la sécrétion de glucagon, ralentit la Schéma 1 : Effets du GLP-1 vidange gastrique et augmente le sentiment de satiété. Chez les patients diabétiques de Type 2 cet effet incrétine du GLP-1 est fortement altéré. 47 Le GLP-1 est rapidement dégradé par une enzyme, la dipeptidylpeptidase IV. Il a donc une demie-vie très courte (2 minutes). Le principe actif d’Eperzan, est un «agoniste des récepteurs du GLP-1». Après l’injection d’Eperzan, l’albiglutide atteint les récepteurs dans le pancréas et les active, ce qui induit la libération d’insuline et contribue à faire baisser les taux de glucose dans le sang et à contrôler le diabète de type 2. Sa structure est composée de 2 copies d’une séquence de 30 acides aminés d’un glucagon-like peptide 1, humain modifié, génétiquement fusionné à l’albumine humaine. Cette association augmente suffisamment la masse moléculaire pour éviter la filtration glomérulaire. Cela augmente son temps de demi-vie et permet de diminuer la fréquence d’administration à une fois par semaine. Structure d’albiglutide (t1/2 : 5jrs): Essais Cliniques L'albiglutide a été étudié chez plus de 5 000 diabétiques de type 2 et comparé au placebo et à deux antidiabétiques déjà sur le marché qui sont d'administrés quotidiennement : sitagliptine (inh DPP4) et glimépiride (sulfamide). La principale mesure de l’efficacité est la modification du taux d’hémoglobine glycosylée (HbA1c), qui est le pourcentage d’hémoglobine présente dans le sang sur laquelle est fixé du glucose et dont la norme est de <7%. 39% des patients traités par la bithérapie avec l'albiglutide ont atteint un HbA1c <7% contre 16% avec le placebo. On atteint un taux de 32% pour le groupe Sitagliptine+Meftormine et 31% pour le groupe traité par Glimepriride+Metformine. Pour conclure, en bithérapie avec la metformine, l’albiglutide a été bien tolérée, et permet une réduction supérieure de l’HbA1c à la semaine 104, comparativement au placebo, la sitagliptine et le glimépiride. Effets secondaires Diarrhées, nausées (sensation de malaise) et réactions au niveau du site d’injection (éruptions, des rougeurs ou des démangeaisons). Références et liens Http://ema.com http://rms.medhyg.ch/numero-206-page-1260.htm GLP-1 receptor agonists: a review of headto-head clinical studiesJennifer M 48 Dulaglutide Trulicity ® Date d’approbation : FDA : 18/09/2014 Découverte : Lilly EMA : 26/11/2014 Commercialisation : Lilly Introduction Le dulaglutide est une molécule de la classe des incrétinomimétique utilisé pour le traitement du diabète de type 2. Cette substance se caractérise par une longue durée d'action permettant une administration parentérale hebdomadaire. Pathologie Le diabète est un trouble du métabolisme du glucose caractérisé par une hyperglycémie. Longtemps silencieux, le diabète de type 2 est la conséquence d'une altération de l'insulinosécrétion et des effets de l'insuline sur les tissus cibles (insulinorésistance). Point épidémiologie : Le diabète de type 2 représente plus de 92 % des diabètes traités en France. Plus de 3 % des habitants de France métropolitaine en sont atteints. Au niveau mondial, 177 millions de personnes étaient atteintes de diabète en 2000 et ce chiffre pourrait atteindre 300 millions d’ici à 2025. Mécanisme d’action Le GLP-1(glucagon like peptide) est une hormone de la classe des incrétines qui joue un rôle important dans le contrôle de la glycémie post-prandiale. Il agit par l’intermédiaire d’un récepteur exprimé au niveau des cellules à insuline (β) et de certains tissus périphériques. L’activation des récepteurs par le GLP-1 stimule l’insulinosécrétion, inhibe l’action du glucagon de façon glucodépendante et a schéma 1 : Effets du GLP-1 un effet trophique sur la masse des cellules β du pancréas. Enfin, le GLP-1 inhibe la sécrétion de glucagon, ralentit la vidange gastrique et augmente le sentiment de satiété. Chez les patients diabétiques de Type 2 cet effet incrétine du GLP-1 est fortement altéré. Le GLP-1 est rapidement dégradé par une enzyme, la dipeptidylpeptidase IV. Il a donc une demie-vie très courte (2 minutes). La problématique qui se pose aujourd'hui c’est que les analogues de GLP-1 existants ont une demi-vie assez courte de par leur structure peptidique. Ils sont soit de petites tailles et donc facilement éliminés par le rein par filtration glomérulaire, soit ils sont pour certains détruits par l’enzyme dipeptidylpeptidase au niveau de l’acide aminé en 49 position 2. Par exemple le Byetta a une demie-vie de 2,4 heures et doit administrer 2 fois par jour. Le dulaglutide lui est aussi un GLP-1 mais lié de façon covalente à l’extrémité du fragment Fc d’une immunoglobuline (IgG4). Cette fixation le protège de l’inactivation par la dipeptidylpeptidase (schéma 2). Un autre effet bénéfique est d’éviter la filtration glomérulaire. Ces deux modifications permettent de prolonger sa demi-vie à 5 jours schéma 2 : structure du dulaglutide Essais Cliniques Une étude clinique de 52 semaines a été réalisée pour montrer l’efficacité du dulaglutide par rapport au placebo et à l’exenatide (un agoniste du GLP-1). 976 patients ont été randomisés en 4 groupes: -placebo, -dulaglutide 0,75 mg une fois par semaine, -dulaglutide 1,5 mg une fois par semaine, -exenatide 10 mcg, Tous les patients prenaient en parallèle de la metformine (≥1500 mg par jour) et de la pioglitazone (jusqu'à 45 mg par jour). La principale mesure de l’efficacité est la modification du taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c), qui est le pourcentage d’hémoglobine présent dans le sang sur laquelle est fixé du glucose et dont la norme est de <7%. A la 26ème semaine, le traitement par dulaglutide 0,75 mg et 1,5 mg une fois par semaine a entraîné une réduction statistiquement significative de l'HbA1c par rapport au placebo et comparée à l'exénatide. On atteint un taux d’HbA1c < 7% pour les deux dosages du dulaglutide (6,5 % pour la dose 1,5 mg et 6,7% pour la dose 0,75mg) contre un taux de 7,8 % pour le placebo et 7% pour l’exenatide. Effets secondaires Les effets indésirables constatés étaient principalement : nausées, diarrhées, vomissements, perte d’appétit De plus il y a un faible risque d’hypoglycémies. Références et liens -https://www.trulicity.com -2012 Vidal recos « diabète non insulinodépendant » -OMS - Diabète: le coût du diabète - Aide-mémoire N°236* -http://www.diabetesincontrol.com/druglist/lookup/?setid=463050bd-2b1c-40f5b3c3-0a04bb433309 50 Empaglifozine Jardiance 10mg ou 25mg ® Date d’approbation : FDA : 22/05/2014 EMA : 01/08/2014 Découverte &Commercialisation : Boehringer Ingelheim et Elli Lilly Introduction L’empaglifozine, est un nouvel inhibiteur de SGLT-2 (Transporteur du glucose sodium-dépendant) utilisé pour le traitement du diabète de type 2. Pathologie Le diabète est un trouble du métabolisme du glucose caractérisé par une hyperglycémie. Longtemps silencieux, le diabète de type 2 est la conséquence d'une altération de l'insulinosécrétion et des effets de l'insuline sur les tissus cibles (insulinorésistance). Point épidémiologie : Le diabète de type 2 représente plus de 92 % des diabètes traités en France. Plus de 3 % des habitants de France métropolitaine en sont atteints. Au niveau mondial, 177 millions de personnes étaient atteintes de diabète en 2000 et ce chiffre pourrait atteindre 300 millions d’ici à 2025. Cible Le SGLT-2 est un transporteur présent au niveau du tubule proximal du néphron. Il est responsable de 98 % de la réabsorption du glucose filtré par le rein. Il permet le transport actif d’une molécule de glucose filtré à travers la membrane luminale en la couplant avec un ion sodium. C’est un transport saturable. Au delà du seuil de saturation le glucose est sécrété dans les urines, ce que l’on observe dans le diabète. Mécanisme d’action En inhibant le transporteur SLGT-2 l’empaglifozine augmente l’excrétion urinaire du glucose, donc diminue la glycémie. Schéma 1 : mécanisme d’action de l’empaglifozine. 51 Essais Cliniques Une étude menée sur 986 patients a montré l’efficacité de l’empaglifozine comparée au placebo. Le critère principal de l’efficacité est la diminution du taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) par rapport au taux mesuré au début de l’étude. La diminution de l’HbA1c a été plus importante chez le groupe de patients traités par empaglifozine -0.80% pour la dose 25 mg et -0,70% pour la dose 10mg contre + 0,1 % pour le groupe placebo. D’autres études ont été menées pour montrer l’efficacité de l’empaglifozine en bithérapies. La diminution de l’HbA1c a été plus importante chez le groupe de patients traités par empaglifozine+metformine (-0.80% pour la dose 25 mg et -0,70% pour la dose 10mg contre 0,1 % pour le groupe placebo+metformine). Les résultats sont similaires en terme d’efficacité pour la bithérapie avec l’insuline (-0,6% pour Empaglizoine 10mg+insuline et 0,7% Empaglizoine 25mg+insuline contre 0% pour le placebo+insuline) De plus le traitement par l’empaglifozine est associé à une réduction du poids corporel (-2,8% du poids de départ pour la dose 10mg d’empaglifozine, -3,2% pour la dose 25 mg contre -0,4% pour le placebo). Des effets indésirables prévisibles du fait du mode d’action de la molécule favorisant la glycosurie ont été détectés notamment un nombre important d’infections urinaires ou génitales. Par contre il n’y a pas eu d’augmentation de la fréquence des épisodes d’hypoglycémies. Contre-indication : Insuffisance rénale sévère Références et liens -http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm407637.htm -Empagliflozin for the treatment of type 2 diabetes mellitus: An overview of safety and efficacy based on Phase 3 trials, George Dailey, Journal of Diabetes -Efficacy and safety of empagliflozin added to existing antidiabetes treatment in patients with type 2 diabetes and chronic kidney disease: a randomised, double-blind, placebocontrolled trial, Prof Anthony H Barnett January 2014. 52 Deux autres inhibiteurs de SLGT-2 ont obtenu une approbation au Japon : L’ipraglifozine (Suglat®) qui a été développé par Astellas Pharma et Kotobuki Pharmaceutical, a obtenu son approbation le 20 Janvier 2014. La deuxième molécule est la luseoglifozine qui a été développée par la Japanese Pharmaceutical Company Taisho Pharmaceutical, elle a obtenu son approbation en Mars 2014. 53 NEUROLOGIE 54 Florbetaben F-18 Neuraceq® Date d’approbation : FDA : 19/03/2014 EMA : 20/02/2014 Découverte : Bayer-Schering Pharma Commercialisation : Piramal Imaging Introduction Molécule : Neuraceq® est une solution intraveineuse, indiquée dans l'estimation de la densité des plaques bêta-amyloides, par tomographie par émission de positrons, chez l'adulte dans un contexte d'Alzheimer ou autre déclin cognitif. Molécule radio-marquée au fluor 18 (18F) qui se désintègre par émission de positron (ß+), avec une demi-vie de 110 minutes. Les principaux photons utilisés pour l'imagerie sont la paire de 511 keV résultant de l'interaction entre le positron émis et un électron. Pathologie La maladie d'Alzheimer, touchant en France 900 000 personnes, est une pathologie neuro-dégénérative dans laquelle sont retrouvés : une atrophie de l'hippocampe, une dégénérescence neuro-fibrilaire (due à l’agrégation de protéines tau dans les neurones) et des plaques séniles. Ces plaques sont des lésions constituées par le dépôt de protéines bêta-amyloides. Les symptômes sont des troubles cognitifs (mnésiques, de langage et praxiques) mais aussi des troubles psycho-comportementaux liés à la démence. Cible Les plaques bêta-amyloides. Mécanisme d’action Dérivé du stilbène marqué par l'isotope radioactif 18F, il se lie aux plaques bêtaamyloides dans le cerveau. Le 18F produit un signal qui sera détecté par le PET scan. Florbetaben F 18 ne se lie pas aux protéines tau, ni aux α-synucléine, ni aux dépôts de tau issus des patients souffrant d'une démence frontotemporale. Un PET scan Neurateq positif indique des plaques amyloides (modérées à fréquentes). 55 Essais Cliniques L'étude pivot réalisée sur 31 patients en fin de vie avait pour objectif de déterminer la performance diagnostique du florbetaben (18F) à détecter la densité des plaques séniles corticales. Les résultats de TEP ont été comparés avec la densité maximale des plaques à l'autopsie du patient, pour déterminer la sensibilité et la spécificité du produit. La corrélation entre les PET scans de 82 sujets comparés aux résultats histopathologiques des autopsies (confirmant la présence ou l'absence de plaques amyloides) ont démontré que le Neuraceq détecte avec précision les plaques amyloides (modérées à fréquentes). Vue axiale de PET scans positifs et négatifs avec Neuraceq®. Les données de sécurité proviennent 872 patients. En conclusion le florbetaben ne permet pas un diagnostic de certitude dans les pathologies neurodégénératives telles Alzheimer. Même s'il permet un diagnostic plus précoce, l'offre de soins une fois le diagnostic posé, reste limitée. Ce produit est donc plutôt destiné à l'évaluation des traitements visant les plaques amyloides. Références et liens http://www.fda.gov/Drugs/ http://www.ema.europa.eu http://neuraceq.com/ http://www.prnewswire.com 56 Suvorexant Belsorma ® Date d’approbation : FDA : 13/08/2014 Japon: 09/2014 Découverte & Commercialisation : Merck Introduction Le suvorexant est le premier somnifère dont le mode d’action diffère des hypnotiques déjà sur le marché tels que le Stilnox (zolipidem) ou l’imovane (zopiclone). Son mode d'action est de désactiver l'éveil plutôt que d'induire le sommeil. Pathologie L’insomnie est difficile à définir de façon précise, car il n’existe pas de « norme » en matière de sommeil. Elle se caractérise par de la difficulté à dormir suffisamment, au point où cela entrave les activités de la vie courante (somnolence, moins bonne attention, irritabilité, etc.). Cible Les orexines A et B sont deux neuropeptides orexigènes hypothalamiques. Ils sont issus de la protéolyse d'un précurseur unique, la prépro-orexine. Ces neuromédiateurs jouent un rôle physiologique dans les mécanismes centraux contrôlant la prise alimentaire et le sommeil. Les orexines se lient à deux sous-types de récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), les récepteurs OX1R et OX2R, majoritairement exprimés dans l’hypothalamus. Mécanisme d’action Le surovexant agit comme antagoniste sélectif des récepteurs OX1R et OX2R, bloquant ainsi la liaison des orexines A et B à ces récepteurs. Sa demi-vie est de 12 heures (alors que le stilnox a une demi-vie de 2,4h). Schéma 1 : mécanisme d’action du suvorexant 57 Essais Cliniques 781 patients souffrant d’ insomnies ont reçu soit un placebo soit le suvorexant. Les essais cliniques ont montré que le suvorexant est relativement sûr et efficace pour le traitement de l' endormissement et du maintien du sommeil à des doses de 20 mg ou moins. Des doses plus élevées ont été étudiés mais non approuvés en raison de somnolence le lendemain et d’effets sur la conduite. Ce graphique montre l’importance de l’effet placebo dans la prise en charge des insmonies. En effet les patients traités par le placebo uniquement ont une augmentation du temps de sommeil, ils passent de 340 minutes à 370 minutes de sommeil. Le groupe prenant le suvorexant puis le placebo passe de 320 minutes à 385 minutes de sommeil puis redescend à 360 minutes de sommeil. Enfin le groupe traité par le suvorexant passe de 320 minutes à un plateau à 380 minutes. La dose recommandée pour suvorexant est de 10 mg, les 30 minutes avant le coucher, avec au moins sept heures restantes avant l'heure prévue de l’éveil. On peut aller jusqu’à 20 mg si la 10mg dose est bien toléré mais pas efficace. Effets secondaires Idées suicidaires, somnolence diurne (attention à la conduite ), fatigue La co-administration avec d'autres dépresseurs du SNC (par exemple , les benzodiazépines, opiacés, les antidépresseurs tricycliques ,alcool) augmente le risque de dépression du SNC. Contres indications : Suvorexant n’est pas recommandé avec les inhibiteurs du CYP3A. Et sii ce médicament est utilisé avec des médicaments inhibiteurs du CYP3A il est recommandé d’ajuster la dose Contre indiqué en cas de narcolepsie Références et liens -Designing biologic selectivity for inflammatory bowel disease – role of vedolizumab, Drug Design, Niklas Krupka Daniel C Baumgart, Development and Therapy 2015:9 147–154 -https://www.entyvio.com/vedolizumab http://ec.europa.eu/health/documents/communityregister/2014/20140522128514/a nx_128514_fr.pdf 58 Tasimelteon Hetlioz ® Date d’approbation : FDA : 02/10/2014 EMA : avis favorable 22/10/2014 Découverte & Commercialisation : Vanda Introduction Tasimelteon, Hetlioz ® est indiqué dans le trouble du sommeil associé à un cycle non circadien, chez les aveugles. Il a obtenu la désignation de médicament orphelin. Physiopathologie Le trouble du sommeil associé à un cycle non circadien, est un trouble chronique grave qui perturbe le rythme circadien des personnes atteintes. Tout le monde a une horloge interne ou biologique qui s’étend sur un peu plus de 24 heures. Chez les personnes voyantes, cette horloge est réinitialisée chaque jour par des signaux lumineux de l’environnement. Pour les personnes aveugles et incapables de percevoir la lumière, cette synchronisation « jour/ nuit » de l’horloge biologique est alors hors de contrôle. Cela crée des périodes de sommeil pendant la journée, et des périodes d’éveil pendant la nuit. La mélatonine est un synchroniseur endogène des rythmes circadiens, des rythmes de température et de veille-sommeil en particulier. Cette donnée constitue la base physiologique du traitement des dysrythmies (syndrome de franchissement rapide des fuseaux horaires, syndrome de retard de phase et désynchronisation chez les aveugles). Epidémiologie Bien que la plupart des aveugles aient la capacité de percevoir la lumière, on estime aux Etats-Unis à 100 000, le nombre de personnes qui n’ont pas la possibilité de synchroniser leur rythme grâce à cette perception lumineuse. Ce trouble touche tous les âges et il affecte donc environ 70% des personnes nées aveugles ou qui le sont devenues au cours de leur vie. Cible Tasimelteon cible les récepteurs de la mélatonine. La mélatonine, hormone produite par la glande pinéale, est sécrétée préférentiellement pendant la nuit, avec un pic situé vers 3 heures du matin. 59 Mécanisme d’action Il agit au niveau du noyau supra chiasmatique de l’hypothalamus, dans le cerveau (Voir schéma cicontre). Ces noyaux sont responsables du rythme endogène (entrainé par l’alternance jour/nuit). Tasimelteon est un agoniste des récepteurs à la mélatonine. Il a une affinité plus importante pour le recepteur MT2 par rapport au MT1. Le mécanisme précis dans ce trouble n’est pas connu. Essais Cliniques L’efficacité d’Hetlioz® a été testée dans un essai clinique, qui a inclus 104 patients, tous aveugles et souffrant d’une désynchronisation. Il s’est montré significatif par rapport au placebo pour la diminution des phases d’éveil pendant la nuit et des phases d’endormissement pendant la journée. L’acrophase a été définie comme critère d’efficacité primaire. Elle correspond à l’espace entre les cycles du rythme circadien, et a été évaluée en mesurant l’intervalle entre les pics de production d’un métabolite de la mélatonine (aMT6). Ce pic se produit environ 3,5 heures avant le réveil. Les effets indésirables, les plus souvent rapportés ont été: des céphalées, l'augmentation des transaminases, des cauchemars ou des rêves inhabituels et de manière plus générale une nuit de sommeil perturbée, des infections des voies respiratoires supérieures ou des voies urinaires, et de la somnolence. Hetlioz® peut donc nuire à des activités qui exigent une vigilance complète. On conseille de prendre un comprimé de 20 mg d’Hetlioz®tous les soirs à une heure régulière, avant le coucher et les activités doivent être limitées après sa prise. Références et liens http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm384092.htm http://www.cmse.ch/pdf/colloque_14_octobre/9_melatonine.pdf http://www.hetlioz.com 60 ONCOLOGIE 61 Belinostat Beleodaq ® Date d’approbation : FDA : 03/06/2014 EMA : avis favorable 10/10/2012 Découverte : Topotarget Commercialisation : Spectrum Introduction La FDA a accéléré la mise sur le marché du belinostat, beleodaq ® pour le traitement d’une pathologie très grave, le lymphome périphérique à cellules T réfractaire ou en rechute. Il a obtenu la désignation de médicament orphelin. Pathologie Les lymphomes non hodgkinien se développent à partir des lymphocytes. Ils sont habituellement localisés au niveau des ganglions lymphatiques d’une région donnée, mais ils peuvent gagner l’ensemble du corps via le système lymphatique. Le lymphome périphérique à cellules T, est caractérisé par la prolifération monoclonale d'une population mature de lymphocytes T. Epidémiologie Les lymphomes périphériques à cellules T réfractaires ou en rechute, représentent 10 à 15% de tous les lymphomes non hodgkiniens en Amérique du Nord. Cible Les histones désacétylases (HDAC) de classe 1 et 2 sont des enzymes qui catalysent l’élimination de groupes acétyle des résidus de lysine des histones et des protéines « non-histones ». Mécanisme d’action Beleodaq® est un inhibiteur des histones désacétylases. In vitro, Belinostat provoque l'accumulation des histones acétylées et d'autres protéines, ce qui induit un arrêt du cycle cellulaire et / ou l'apoptose des cellules. Il inhibe l'activité enzymatique d'histones désacétylases à des concentrations nanomolaires (<250 nm). Belinostat montre une cytotoxicité préférentielle pour les cellules tumorales. 62 Essais Cliniques Près de 14 essais cliniques ont été réalisés mais l’autorisation de mise sur le marché s’est appuyée sur les résultats d’un essai à un seul bras (sans placebo) sur 120 patients. Ces patients présentaient tous un lymphome périphérique à cellules T réfractaires ou en rechute et avaient un taux de plaquettes inférieur à 100,000/microlitres. Le critère d’efficacité primaire, le taux de réponse globale, (ORR) a été de de 25%. La médiane de durée avant progression était de 8,4 mois. Des effets indésirables sévères, ont été observés chez 47% des patients. Un patient est décédé suite à une insuffisance hépatique. Des essais post-approbation permettront l’ajustement de dose du belinostat lorsqu’il est administré avec la combinaison CHOP (cyclophosphamide, vincristine, doxorubicine et prednisone) puis de caractériser l’efficacité et la sécurité versus la combinaison seule. Le belinostat est principalement métabolisé par l’enzyme UGT1A1. Il faut donc éviter toute administration concomitante avec des inhibiteurs d’UGT1A1. Il faudra réaliser un ajustement de dose lors d’une co-administration de la warfarine. Présentation et schéma d’administration Belinostat se présente sous la forme de 500mg d’une poudre lyophylisée, après reconstitution, la concentration est de 50mg/ml. La dose recommandée de belinostat est 1000 mg/ m² en perfusion intraveineuse, pendant 30 minutes. Le schéma d’administration est précis : une fois par semaine à J1 et J5 toutes les 3 semaines. Références et liens http://www.fda.gov/Drugs/InformationOnDrugs/ApprovedDrugs/ucm403960.htm http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4159056/ http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/nda/2014/206256Orig1s000SumR. pdf 63 BLINATUMOMAB Blincyto® Date d’approbation : FDA: 12/03/2014 EMA: Dossier soumis Découverte & Commercialisation : AMGEN Introduction Le Blinatumomab est un anticorps monoclonal, qui se caractérise par un engagement bispécifique des cellules T. (Bi-specific T-cell engager BiTEs) Illustration du BiTEs Indication Le Blinatumomab est utilisé pour le traitement de patients adultes atteints de leucémie aiguë lymphoblastique à précurseurs de lymphocytes B (ALL). Pathologie La leucémie aiguë lymphoblastique à précurseurs de lymphocytes B (ALL) est un type de cancer caractérisé par une surpopulation de lymphoblastes B dans la moelle osseuse. Ceci cause une surproduction de Lymphocytes immatures et non fonctionnels qui finissent par remplacer les cellules saines du tissu sanguin. Mécanisme d’action La destruction des cellules tumorales par les lymphocytes T met en jeu l’intervention du MHC de class I et du récepteur T (TCR). Pour renforcer cette interaction, le principe des ACs bispécifiques, comme le Blinatumomab, est d’associer dans un même anticorps : un Fab qui se lie à l’AG présent à surface de cellules tumorales (CD19) alors que l’autre Fab se lie à un marqueur des lymphocytes T, le CD3. 64 Études cliniques L’efficacité et la sécurité de Blinatumomab ont été testées au cours d’essais cliniques ouverts, multicentriques à bras unique. Les patients inclus dans l’étude sont adultes avec une mutation Philadelphia négative, réfractaires au traitement de base ou ayant subit une rechute. Les patients ont reçu le Blinatumomab dosé à 9 ug / jour pendant les 7 premiers jours puis 28 ug / jour par la suite. L’administration du Blinatumomab s’est faite par perfusion intraveineuse continue sur quatre semaines toutes les 6 semaines (sur cinq cycles). Le critère principal était la rémission complète (CR) ou CR avec récupération hématologique partielle de la numération formule sanguine (CRH) durant les deux premiers cycles. Sur les 189 patients traités avec le Blinatumomab, pour deux cycles, 81 (43%, 95% CI 36-50) patients ont atteint une CR ou CRH ; 63 (33%) patients ont atteint une CR et 18 (10%) patients ont atteint un CRH. 32 (40%) des patients ayant obtenu CR / CRH ont pu subir ultérieurement une transplantation HSCT. Sur la base de ses résultats, le Blinatumomab a obtenu son approbation dans le traitement de l’ALL. Effets secondaires Les évènements indésirables les plus fréquents étaient la neutropénie fébrile (48 patients, 25%), la neutropénie (30 patients, 16%) et l'anémie (27 patients, 14%). Trois (2%) patients ont eu un syndrome de libération des cytokines. Des manifestations neurologiques ont également été enregistrées dans 20 (11%) et quatre (2%) patients, respectivement. Trois décès (liés à des septicémies, ont été attribuées au traitement. Conclusion Le Blinatumomab a reçu son AMM sous réserve d’application d’un REMS (Risk evaluation and mitigation strategy) qui consiste en un plan de gestion de risques construit autour de 3 axes : Informer les différents professionnels de santé du risque de survenue de syndrome de relargage de cytokines qui peut être létal. Informer les professionnels de santé du risque de toxicité neurologique. Informer les pharmaciens, qui préparent et dispensent le BLINCYTO, et les infirmières, qui administrent le BLINCYTO des risques probables d’erreurs lors de la préparation de l’injection et de son administration. Références Lancet Oncol 2015; Max S Topp, N.Gokbuget,A.Stein ;http://dx.doi.org/10.1016/ S1470-2045(14)71170http://www.fda.gov/drugs/informationondrugs/approveddrugs/ucm279174 http://www.ema.europa.eu/ema/index.jsp?curl=pages/medicines/human/or phans/2009/11/human_orphan_000637.jsp& http://www.fda.gov/downloads/drugs/drugsafety/postmarketdrugsafetyinfor mationforpatientsandproviders/ucm425862.pdf 65 Ceritinib ZYKADIA® Date d’approbation : FDA : 29/04/2014 EMA : ATU de cohorte de l’ANSM & AMM conditionnelle de l'EMA. Découverte & commercialisation : Novartis Introduction Molécule : Zykadia® est indiqué pour le traitement du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) localement avancé ou métastatique présentant un réarrangement du gène ALK. Il se présente sous forme de gélules et sa posologie journalière est de 750 mg, en une prise, à jeun. Pathologie 2 à 7 % des patients atteints d’un cancer du bronchique non à petites cellules (CBNPC) présentent une translocation du gène ALK. Celle-ci entraîne l'expression d’une protéine de fusion (EML4-ALK) qui se traduit par l'altération de la voie de signalisation d'ALK et la prolifération des cellules tumorales. Comparé aux autres cancers du poumon celui-ci touche des sujets plus jeunes (< 65 ans), non fumeurs et avec antécédent d'adénocarcinome. Cible ALK (Anaplastic Lymphoma Kinase). Mécanisme d’action Thérapie ciblée, Zykadia® est un inhibiteur de kinase. En se fixant sur l'ALK, il inhibe son autophosphorylation et ainsi la cascade de signalisation intracellulaire et la prolifération des cellules cancéreuses. 66 Essais Cliniques Les essais cliniques ont été réalisés sur des patients métastatiques, ALK+, intolérants ou non répondeur au crizotinib (le 1er inhibiteur d'ALK approuvé par la FDA). Avant de traiter par Zykadia® il a fallu déterminer le profil génétique de la tumeur par méthode de FISH (Fluorescence in situ hybridization) sur une biopsie tumorale pour s'assurer que le cancer est ALK+. 44% des patients étaient répondeurs et ce pour une durée de 7 mois. Zykadia® a fait l’objet d’une demande d’autorisation accélérée auprès de la FDA à la suite des résultats cliniques sur la réponse tumorale (une amélioration de la survie globale ou sans progression de la maladie n’ayant pas encore été établie). Étude de sécurité sur 255 patients ALK+. Effets indésirables (EI) : EI fréquents : diarrhées, nausées/vomissements, élévation des transaminases, douleurs abdominales, asthénie, diminution de l'appétit, constipation. Diminution des doses suite aux EI chez 60% des patients. EI graves : principalement pneumonies. Décès suite aux EI chez 5% des patients. Interactions médicamenteuses : Zykadia® est métabolisé par le CYP 3A4 et peut inhiber ce cytochrome. Références et liens http://www.us.zykadia.com http://www.fda.gov/ Alice T. Shaw, Dong-Wan Kim, Ranee Mehra, Ceritinib in ALK-Rearranged Non– Small-Cell Lung Cancer, The new England journal of medecine. 67 Idelalisib ZYDELIG® Date d’approbation : FDA : 23/07/14 EMA : 25/07/14 Découverte & Commercialisation : Gilead Sciences Introduction L’Idelalisib est un inhibiteur de l’isoforme delta de la phosphoinositide 3-kinase (PI3Kδ). Il a été approuvé pour traiter les récidives de trois types de cancers du sang : la leucémie lymphoïde chronique (LLC), le lymphome à petits lymphocytes et le lymphome folliculaire. Il est destiné à être utilisé par voie orale en association avec le Rituximab chez les patients qui ont reçu au moins deux traitements systémiques antérieurs. Cette molécule a obtenu le statut d’orphan drug. Molécule : Pathologie Les lymphomes non hodgkinien se développent à partir des lymphocytes. Ils apparaissent habituellement dans un groupe de ganglions lymphatiques d’une région donnée. Ils peuvent gagner presque tout tissu ou organe du corps via le système lymphatique ou la circulation sanguine. La LLC, le lymphome à petits lymphocytes et le lymphome folliculaire sont caractérisés par la prolifération monoclonale d'une population mature de lymphocytes B. Ils font tous trois partie des lymphomes indolents car leur évolution est lente (plusieurs années). Cible La kinase PI3Kδ est une enzyme permettant la transformation des phosphoinositides en phosphatidylinositol-3-phosphate (cf. figure). Elle est hyperactive dans les tumeurs malignes à cellules B et occupe une place centrale dans les voies de signalisation qui entrainent la prolifération, la survie, la migration et la rétention de cellules malignes dans les tissus lymphoïdes et la moelle osseuse. Mécanisme d’action L’Idelalisib entre en compétition avec l’ATP pour la liaison avec la PI3Kδ, ceci entraine l’inhibition de la phosphorylation du phosphatidylinositol (phospholipide de la membrane cellulaire et second messager essentiel) et de la phosphorylation de l’Akt (ou protéine kinase B, essentielle à la signalisation cellulaire) (cf. figure). L’Idelalisib induit l’apoptose et inhibe la prolifération des lignées cellulaires dérivées de cellules B malignes et des cellules de la tumeur primaire. 68 Essais Cliniques Lors des essais cliniques, 220 patients en rechute de LLC et qui ne sont pas en assez bonne santé pour recevoir le traitement cytotoxique, ont été enrôlés. Les patients ont été traités par la combinaison de l’Idelalisib (150mg 2 fois par jour) avec le Rituximab. L’étude a démontré que les patients qui ont reçu l’Idelalisib vivaient plus longtemps sans aggravation de la maladie que les patients ayant reçu la combinaison (cf. Kaplan-Meier). On observe qu’à 5,5 mois, 50% des patients sous placebo avaient fait une rechute et qu’à 14 mois 100% avaient fait une rechute. Au bout de 18 mois, plus de 50% des patients sous Idelalisib n’avaient toujours pas progressé. L’essai a donc été arrêté à 18 mois pour des raisons éthiques : l’efficacité n’étant plus à prouver et pour ne pas entrainer de perte de chance pour les patients du groupe placebo. Effets indésirables liés au mécanisme Le traitement par Idelalisib comporte un risque infectieux, des épisodes fréquents de pneumopathie ont été observés. Références et liens Furman et al. (2014), Idelalisib and Rituximab in relapsed chronic lymphocytic leukemia, New England Journal of Medicine, 2014 Mar 13;370(11):997-1007 http://fr.wikipedia.org/wiki/Leucémie_lymphoïde_chronique http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm406387.htm 69 Nivolumab OPDIVO® Date d’approbation : FDA : 22/12/14 EMA : 29/09/14 Japon : 04/07/14 Découverte & Commercialisation : Bristol Myers Squibb (BMS) Introduction Le Nivolumab est un anticorps monoclonal (IgG4) anti PD-1 (Programme Cell Death 1) traitant les patients atteints d’un mélanome inopérable (stade III) ou métastatique (stade IV). Le Nivolumab est indiqué après échec de l’Ipilimumab* (chez les patients ne portant pas la mutation BRAFV600 ou après échec de l’association Ipilimumab + inhibiteur de BRAF chez les patients présentant la mutation BRAFV600). Ce traitement a obtenu le statut de médicament orphelin. Pathologie Le mélanome est le moins fréquent mais le plus mortel des cancers de la peau, représentant 4% de tous les cas mais 79% des morts attribuées aux cancers cutanés. Il se forme dans les mélanocytes de l'organisme, responsables de la synthèse des pigments de la peau. Les carcinogènes principaux du mélanome sont les rayons UV. Certains grains de beauté (naevi dysplasiques) peuvent donner naissance plus tard à un mélanome. Cible Le récepteur PD-1 est exprimée notamment à la surface des lymphocytes T activés. La liaison du récepteur PD-1 à ses ligands : PD-L1 et PD-L2 (Programmed Cell Death Ligand 1 et 2) entraine une inhibition de la prolifération, de la survie des cellules T et de la sécrétion de cytokines. Dans des conditions normales, ce mécanisme permet d’éviter une suractivation du système immunitaire. Par contre, PD-L1 et PD-L2 sont souvent surexprimés par les cellules malignes ce qui leur permet d'échapper à la destruction médiée par l'immunité. (cf. figure) Mécanisme d’action Le Nivolumab, en se liant au récepteur PD-1 empêche son interaction avec PD-L1 et PD- L2. De cette manière, il restaure l'activité anti-tumorale des cellules T, soit en empêchant leur inactivation, soit en les réactivant. 70 Essais Cliniques Lors de l’étude de phase III ouverte (open label), 405 patients randomisés ont été inclus. Ils ont reçu soit Nivolumab (N=272), soit une chimiothérapie (N=133). L’étude a été réalisée sur des patients adultes après échec du traitement par Ipilimumab*. Les auteurs de l'étude ont conclu que le Nivolumab montrait une efficacité supérieure à la chimiothérapie. La majorité des événements indésirables observés étaient de faible grade. « Après échec de l’Ipilimumab »* : On sait qu’il existe deux catégories de patients. La première, ne portant pas la mutation BRAF V600, était traitée par l’Ipilimumab en monothérapie. La deuxième, portant la mutation BRAF V600, était traitée par l’association de l’Ipilimumab avec un inhibiteur de BRAF. Conclusion Un récent essai de phase 3 a montré l’efficacité du Nivolumab dans le cancer du poumon. On peut donc imaginer pour 2015 une nouvelle indication pour OPDIVO®. Références et liens http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm427716.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Nivolumab http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/da19219351b980795 50b135f9005a275.pdf http://meetinglibrary.asco.org/content/83737 http://www.esmo.org/Conferences/ESMO-2014-Congress/News-Articles/Results-of-aPhase-III-Randomised-Study-of-Nivolumab-in-Patients-with-Advanced-MelanomaAfter-Prior-Anti-CTLA4-Therapy http://www.fondation-arc.org/Actualites/cancer-du-poumon-le-nouveau-succesdu-nivolumab.html 71 Olaparib LYNPARZA ® Date d’approbation : FDA : 19/12/2014 EMA : 24/10/2014 Découverte : KuDos Commercialisation : Astra Zeneca Introduction Molécule Le Lynparza est le premier inhibiteur de la poly ADP ribose polymérase (PARP), une enzyme impliquée dans la réparation de l’ADN. Le traitement est initié après un test réalisé avec le compagnon diagnostic BRACAnalysis CDx de Myriad Genetics. Il s’agit du premier traitement ciblant spécifiquement la PARP. Pathologie Le cancer de l'ovaire est en général de mauvais pronostic car découvert tardivement. Il est la 5ème cause de mortalité féminine aux Etats-Unis. L'ovaire est situé dans le petit bassin et une lésion tumorale peut se développer lentement sans signes cliniques. Le traitement actuel repose sur la chirurgie pour la majorité de la tumeur et sur la chimiothérapie (Platine + Taxanes) qui réduit le risque de récidive. Une mutation BRCA est une mutation dans l'un des gènes BRCA1 et BRCA2 . Ces mutations nuisibles, au sein des gènes suppresseurs de tumeurs, se traduisent par une prédisposition héréditaire aux cancers du sein et des ovaires dans les familles affectées. Pour le cancer de l'ovaire, le risque de le développer avant 70 ans est de 25 % à 60 % pour les mutations dans le gène BRCA1 et de 15 % à 25 % pour les mutations dans le gène BRCA2. Mécanisme d’action L’Olaparib est un inhibiteur de la poly ADP ribose polymérase (PARP). La molécule cible le site NAD+ de PARP. L'activation d'une PARP est une réponse cellulaire immédiate à l'apparition d'ADN monocaténaire d'origine métabolique, chimique ou radioactive. Ces enzymes se lient aux fragments d'ADN monocaténaire et, après un changement de configuration, commencent la synthèse d'une chaîne de poly(ADPribose) comme signal pour les autres enzymes de réparation de l'ADN. Les patients avec les mutations BRCA 1 / 2 sont souvent résistants aux traitements anticancéreux. Mais cela donne à leurs cancers une vulnérabilité unique. Leurs cellules cancéreuses ont recours de manière accrue aux PARP pour réparer leur ADN et leur permettre de continuer à se diviser. Cela signifie que les médicaments 72 : qui inhibent sélectivement la PARP peuvent être d'avantage significatif chez les patients portant ces mutations. Essais Cliniques « Study 19 » est une étude randomisée de Phase II, en double-aveugle, multicentrique, contrôlée contre placebo évaluant la survie sans progression chez les patients atteints de cancer de l’ovaire séreux de haut-grade, sensible au platine, en rechute, et en réponse partielle ou complète de leur dernier régime contenant du platine. Le médicament a démontré son efficacité dans l’essai réalisé chez les patients atteints de cancers de l’ovaire avancés, gBRCAm délétères, ou présumés délétères (test approuvé par la FDA : BRACAnalysis CDx ). Il a enrolé 137 patients atteints de cancer de l'ovaire, gBRCAm associée et déjà traités avec trois ou plusieurs lignes de chimiothérapie antérieure. L'approbation est basée sur le taux de réponse objective (ORR) de l'essai. Les essais ont démontré une ORR de 34% (IC à 95%: 26, 42). La durée médiane de réponse était de 7,9 mois (IC à 95%: 5,6, 9,6). L'approbation du BRACAnalysis CDx par la FDA est basée sur les données de l'étude clinique utilisée pour obtenir l'approbation du Lynparza. Des échantillons de sang de participants aux essais cliniques ont été testés pour valider l'utilisation du test dans cette population. Les résultats d’une étude rétrospective soutiennent l'hypothèse que les patients atteints de cancer de l'ovaire séreux récurrent sensible au platine et avec une mutation BRCA ont le plus de chances de bénéficier du traitement par Olaparib. Effets indésirables Les réactions indésirables les plus fréquentes (supérieur ou égal à 20%) chez les patients traités avec olaparib étaient l'anémie, les nausées, l’asthénie, vomissements, diarrhée et dysgueusie. Références et liens Olaparib for the treatment of ovarian cancer. Drugs of the Future. 2009; 34(2): 101. Journal of Medicinal Chemistry 51 (20): 6581–91. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 105 (44): 17079–84. Cancer Research 69 (9): 3850–5. Lancet Oncol. 2014 Dec 3. pii: S1470-2045(14)71135-0. / Lancet Oncol. 2014 Jul;15(8):852-61 73 PEMBROLIZUMAB KEYTRUDA® Date d’approbation : FDA : 4 septembre 2014 EMA : en cours d’évaluation Découverte & Commercialisation MERCK MSD Introduction Le Pembrolizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui bloque le récepteur PD1 (programmed-death). Indication Le Pembrolizumab est indiqué dans le traitement du mélanome non opérable ou métastasé après échec de traitement par l’Ipilimumab et en association à un inhibiteur BRAF V600 (si le patient est porteur de la mutation BRAF V600) Le Pembrolizumab est administré à la dose de 2 mg / kg en perfusion intraveineuse de 30 minutes toutes les 3 semaines. Pathologie Le mélanome malin est une tumeur qui se développe à partir des mélanocytes. C’est l’un des plus grands challenges en oncologie avec 200000 nouveaux cas déclarés et 65000 morts chaque année dans le monde. Images de mélanome malin : Historiquement, le taux de survie à 5 ans pour les patients atteints du mélanome de stade IV est d'environ 6 %. La découverte de la mutation oncogène sur le gène BRAF V 600 a amélioré l’issue des traitements, chez les patients qui en sont porteurs par ajout d’un inhibiteur de BRAF V 600 au traitement de base. Plus récemment, est apparue une classe thérapeutique d’immuno-modulateurs, agissant par inhibition du récepteur transmembranaire PD-1. 74 Mécanisme d’action La liaison des ligands de PD-1 : (PD-L1 ; PD-L2), aux récepteurs PD-1 présents sur la membrane des lymphocytes T, inhibe leur prolifération et la production de cytokines. Cette liaison contribue à l'inhibition de la surveillance immunitaire de lymphocytes T. Le Pembrolizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui se lie au récepteur PD1 et bloque son interaction avec PD-L1 et PD-L2, libérant ainsi la voie à la réponse immunitaire, anti-tumorale. Étude clinique Une étude multicentrique, ouverte, a été menée sur des patients présentant un mélanome avancé après échec du traitement avec au moins deux doses de l’Ipilimumab. Les patients ont reçu le Pembrolizumab par voie iv soit 2 mg / kg soit 10 mg / kg toutes les 3 semaines, jusqu'à progression de la maladie, ou survenue d’une toxicité inacceptable. Les patients porteurs de la mutation BRAF V 600, ont également reçu un inhibiteur de BRAF V600. Le critère principal dans l’étude est le taux de réponse global (ORR), il est évalué avec le Critères d'évaluation de réponse dans les tumeurs solides (RECIST). Le traitement a été bien toléré, avec un profil de sécurité similaire dans les groupes 2 mg / kg et 10 mg / kg. Aucun décès attribué au Pembrolizumab n’a été noté. Effets secondaires Les principaux effets indésirables de KEYTRUDA (rapportés chez au moins 20% des patients) étaient la fatigue, toux, nausées, prurit, éruption cutanée, diminution de l'appétit, constipation, arthralgie, et la diarrhée. Le KEYTRUDA a été interrompu pour les réactions défavorables essentiellement d’origines infectieuses. Conclusion Le Pembrolizumab est un First in class qui a reçu une autorisation accélérée sous réserve de mener des études à long terme pour confirmer son bénéfice thérapeutique. Références -Anti-programmed death receptor 1 immunotherapy in melanoma: rationale, evidence and clinical potential. ;Freeman-Keller M1, Weber JS2. -ClinicalTrials.gov, numberNCT01295827 -Lancet, Published Online: 14 July 2014 Anti-programmed-death-receptor treatment with pembrolizumab in ipilimumab-refractory advanced melanoma: a randomised dosecomparison cohort of a phase 1 trial, Prof Caroline Robert, MDcorrespondenceemail, Prof Antoni Ribas, MD, Prof Jedd D Wolchok, MD, F Stephen Hodi, MD, Omid Hamid, MD 75 Ramucirumab CYRAMZA® Date d’approbation : FDA : 21/04/2014 EMA : 25/09/2014 Découverte : ImClone Systems (racheté par Eli Lilly) Commercialisation : Eli Lilly Introduction Le ramucirumab est un anticorps monoclonal recombinant anti-VEGF (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire) de type IgG1. Présenté en solution concentrée pour perfusion IV, il est utilisé seul ou en combinaison avec un taxane : le paclitaxel (dans l'indication : cancer gastrique) ou docetaxel (pour le cancer du poumon non à petites cellules). Administration : avant la perfusion de ramucirumab, il faut injecter un antihistaminique (anti-H1). Et pour les patients ayant des antécédents de réactions à l'administration de ce médicament ajouter : dexamethasone + paracétamol, avant chaque perfusion de ramucirumab. Pathologie Le cancer gastrique est le 4ème le plus commun dans le monde et de forte mortalité. Le récepteur au VEGF, ciblé par CYRAMZA®, est fortement représenté dans les tumeurs gastriques et participe à leur angiogenèse. Cible Récepteur 2 au VEGF. Mécanisme d’action En se fixant au récepteur 2 au VEGF, CYRAMZA® empêche ses ligands d'activer l’angiogenèse. 76 Essais Cliniques L'efficacité du CYRAMZA® a été évaluée en monothérapie ou en association, versus placebo. Dans l'indication cancer gastrique : La monothérapie permet un allongement de 1,4 mois de survie globale par rapport au placebo et diminue le risque de progression de la maladie de 52%. La combinaison Ramucirumab + paclitaxel réduit les décès de 19% et la progression de la maladie de 37% par rapport au placebo + paclitaxel. Dans le cancer du poumon : L’association Ramucirumab + docetaxel, conduit à un taux de réponse de 23% contre 14% pour le placebo + docetaxel. Effets indésirables : En relation avec le mécanisme d’action, on observe un risque d'hémorragies mortelles et de diminution de la cicatrisation des plaies. Les effets indésirables les plus fréquents sont : asthénie, neutropénie, leucopénie, diarrhée, épistaxis & hypertension. Références et liens www.cyramzahcp.com; www.fda.gov 77 PARASITOLOGIE 78 Efinaconazole Jublia ® Date d’approbation : FDA : 06/06/2014 Découverte : Dow Pharmaceuticals Sciences Commercialisation : Valeant Introduction Efinaconazole, Jublia ® est indiqué dans le traitement des onychomycoses des pieds chez l’adulte, dues à Trichophyton rubrum ou mentagrophytes. Pathologie L’onychomycose aussi appelée mycose des ongles est une infection causée par des champignons. Elle peut toucher aussi bien les ongles des mains que des pieds. Le plus souvent on retrouve des champignons dermatophytes ou des levures du genre Candida. C’est une affection très fréquente, en effet aux Etats-Unis elle touche environ 35 millions de personnes, dont presque la moitié ne se traite pas. Beaucoup pratiquent le débridement de l’ongle, les traitements ont donc une large place à conquérir dans cette indication, la dernière molécule approuvée datant de 1999. Synthèse L’efinaconazole fait partie des antifongique triazolés. Une nouvelle voie de synthèse, a permis d’accéder à un intermédiaire clef de la synthèse de divers agents antifongiques triazolés. Le centre stéréogénique tétra substitué indispensable dans les molécules antifongiques triazolées, a été construit par un procédé de cyanosilylation asymétrique catalytique d’une cétone. Cette approche a été appliquée avec succès à la synthèse énantiosélective de l’efinaconazole. 79 Mécanisme d’action Le mécanisme d'action d'efinaconazole, est celui des antifongiques triazolés,. Le principal mécanisme d'action d’efinaconazole étant le blocage de la biosynthèse d'ergostérol, par inhibition de la stérol 14α-déméthylase, conduisant à des changements dégénératifs secondaires. Le manque d’ergostérol dans la cellule est en effet responsable de l’activité fongistatique et fongicide. Essais Cliniques Deux études de phase III ont été réalisées incluant chacune environ 800 patients avec une onychomycose des pieds, 48 semaines de traitement ont été suivies de 4 semaines d’observation. Les effets indésirables rapportés ont été des réactions locales. L’efinaconazole a montré une réelle efficacité et se positionne donc comme une sérieuse alternative aux traitements oraux. Présentation et schéma d’administration Jublia® se présente sous forme d’une solution topique de 10% d’efinaconazole, et d’un pinceau applicateur. Il est appliqué une fois par jour pendant 48 semaines. Références et liens http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23459486 http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/nda/2014/203567Orig1s000SumR. pdf http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24635354 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23177180 80 Tavaborole Kerydin ® Date d’approbation : FDA : 07/07/2014 Découverte & Commercialisation : Anacor Introduction Le Tavaborole, Kerydin® est indiqué dans le traitement des onychomycoses des pieds dues à Trichophyton rubrum ou mentagrophytes. Pathologie L’onychomycose aussi appelée mycose des ongles est une infection causée par les champignons. Elle peut toucher aussi bien les ongles des mains que des pieds. C’est une affection très fréquente qui touche environ 35 millions de personnes aux Etats-Unis, dont presque la moitié ne se traite pas. Beaucoup pratiquent le débridement de l’ongle, les traitements ont donc une large place à conquérir dans cette indication, la dernière molécule approuvée datant de 1999. Mécanisme d’action Le tavaborole bloque la synthèse des protéines fongiques en inhibant une aminoacylARNt synthétase, la leucyl-ARNt synthetase. En effet le cycle oxaborole du tavaborole 81 est un isostère d’acide carboxylique qui établit des interactions intermoléculaires similaires. Il possède de plus la particularité de se lier de manière covalente au site actif de l’enzyme cible. Enfin, grâce à son caractère hydrophobe, il pénètre de manière très efficace dans les ongles. Essais Cliniques 1500 patients ont été traités par application de la solution de tavaborole. Il a montré sa supériorité dans les essais d’efficacité. Les effets indésirables les plus souvent rapportés ont été une exfoliation, un érythème ou une dermatite au site d’application, ainsi que des ongles incarnés. Plus généralement le Kerydin® a montré un profil de sécurité similaire au Jublia®. Présentation et schéma d’administration Il se présente sous la forme d’une solution topique 5% p/p) à base d’alcool. Il doit être appliqué une fois par jour pendant 48 semaines, sur la surface totale des orteils. Références et liens http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/label/2014/204427s000lbl.pdf http://www.anacor.com/about_anacor_overview.php http://investor.anacor.com/releasedetail.cfm?ReleaseID=858211 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23312945 http://www.accessdata.fda.gov/drugsatfda_docs/nda/2014/204427Orig1s000SumR. pdf 82 AUTRES 83 Eliglustat CERDELGA® Date d’approbation : FDA : 19/08/14 EMA : Avis favorable CHMP le 20/11/14 Découverte : Genzyme Commercialisation : Sanofi Introduction Le tartrate d’Eliglustat est un analogue de la céramide destiné à traiter par voie orale la maladie de Gaucher de type 1. Cette molécule a le même mécanisme d’action que le Miglustat (commercialisé par Actelion) dont l’utilisation est limitée par la survenue très fréquente d’effets indésirables contraignants. Molécule : Pathologie La maladie de Gaucher est une maladie de surcharge lysosomale causée par la mutation du gène GBA (Glucosidase Beta Acid) ou plus rarement du gène PSAP (Prosaposin). Ces mutations entrainent un déficit enzymatique en glucosylcéramidase, responsable du clivage du glucosylcéramide en glucose et céramide. Le glucosylcéramide s’accumule dans les cellules dites de Gaucher (foie, rate et moelle osseuse). Le type 1 est le plus fréquent (90%) : il s’agit d’une forme non neurologique entrainant des organomégalies (rate, foie), des atteintes osseuses et des cytopénies. Cible Le glucosylcéramide est un glycolipide présent dans les membranes cellulaires animales. Il participe à la synthèse d’autres sphingolipides. Le glucosylcéramide est synthétisé par la glucosylcéramide synthétase à partir de la céramide. Figures : Structure du glucosylcéramide et biosynthèse 84 Mécanisme d’action Comme analogue de substrat, l’Eliglustat inhibe partiellement la glucosylcéramide synthétase en entrant en compétition avec la céramide au niveau du site catalytique. Ceci permet de diminuer la concentration plasmatique en glucosylcéramide et de diminuer son accumulation dans les cellules de Gaucher. Essais Cliniques L’étude de phase 3 ENGAGE a montré l’efficacité statistiquement significative de l’Eliglustat versus placebo. La seconde étude de phase 3 ENCORE a montré la noninfériorité significative du traitement versus l’Imiglucerase* (CEREZYME®). Pour ces deux études le critère primaire était la taille de la rate, les critères secondaires étaient la taille du foie, le taux de plaquettes et l’hémoglobine. Imiglucerase* : Traitement enzymatique substitutif indiqué dans la maladie de Gaucher. L’Imiglucérase remplace l’activité de l’enzyme déficiente (glucosylcéramidase) en hydrolysant la glucosylcéramide. Références et liens http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3340614/pdf/nihms367942.pdf http://www.sanofi.com/Images/35193_20131211_Cerdelga-FDA-Filing_fr.pdf http://www.fda.gov/NewsEvents/Newsroom/PressAnnouncements/ucm410585.htm 85 Elosulfase Alfa VIMIZIM ® Date d’approbation : FDA : 14/02/2014 Découverte et commercialisation : BioMarin Pharmaceutical Inc. Molécule : Introduction Le VIMIZIM est une forme recombinante de la Nacétylgalactosamine-6-sulfatase (GALNS). Le déficit de cette enzyme est à l’origine du syndrome de Morquio A. VIMIZIM est la seule enzymothérapie substitutive indiquée dans cette affection. Le médicament a obtenu le statut de médicament orphelin. Pathologie La mucopolysaccharidose IVA (MPS IVA, également connu comme le syndrome de Morquio A) est une maladie caractérisée par une activité déficiente de la Nacétylgalactosamine 6-sulfatase (GALNS) provoquant le stockage lysosomique excessif des glycosaminoglycanes, tels que le keratane sulfate et la chondroitine sulfate. Ce stockage excessif provoque une dysplasie squelettique systémique, une petite taille et des anomalies des articulations, qui limitent la mobilité et l'endurance. Une malformation de la poitrine altère la fonction respiratoire et le relâchement des articulations du cou provoque une instabilité vertébrale et potentiellement une compression de la moelle épinière. Les premiers symptômes se manifestent souvent dans les cinq premières années de vie. La maladie limite sensiblement la qualité et la durée de vie des personnes touchées. Le taux d'incidence du MPS IVA est encore non confirmé, mais les estimations varient entre 1 pour 200-250 000 naissances vivantes. La prévalence est estimée entre 1 000 et 1 500 patients aux États-Unis, l'UE et le Japon et entre 1500 à 2000 patients dans le reste du monde. Mécanisme d’action La N-acétylgalactosamine 6-sulfatase est une enzyme qui catalyse le clivage du groupe 6-sulfate de la partie N-acétyl-D-galactosamine 6-sulfate de la macromolécule chondroïtine sulfate et, de même, avec les unités D-galactose 6sulfate de la macromolécule keratane sulfate. Cette enzyme appartient à la famille des hydrolases, en particulier celles agissant sur les liaisons ester sulfurique. Cette enzyme participe à la dégradation des glycosaminoglycanes et la dégradation des structures glycanniques. Le mécanisme d’action est donc la substitution de l’enzyme déficiente dans le MPS IVA, par sa forme recombinante. 86 Essais Cliniques L’essai MR-004, est un essai pivot d’une durée de 24 semaines en double aveugle. Le critère principal est la distance parcourue dans le Test 6-minutes de marche [6MWT]. L’efficacité a été définie comme la variation positive de la distance parcourue dans le 6MWT entre le début du traitement et la semaine 24. Evolution de la distance parcourue dans le 6MWT(m/semaine) L’essai comprenait 176 patients atteints de MPS IVA (âgés de 5 à 57), et visait à évaluer l’efficacité de l’elosulfase alfa : à 2 mg / kg / par semaine et 2mg / kg une fois toutes les deux semaines, versus placebo. Les mesures d'efficacité secondaires étaient le test de montée d’escalier de 3 minutes (3MSCT) ainsi que la modification du keratane sulfate urinaire (KS). À la semaine 24, le traitement par elosulfase alfa par injection hebdomadaire a démontré une augmentation de 22.5m pour le test 6MWT (IC 95% 4,0, 40,9; P = 0,017) par rapport au placebo pour la dose 2 mg / kg / par semaine. De plus, cette posologie hebdomadaire a démontré de meilleurs résultats dans le test 3MSCT. L’urine normalisée KS a été réduite, à 24 semaines, dans les deux régimes par rapport au placebo. Sur les 6 mois de traitement, 22,4% des patients du groupe hebdomadaire ont eu des événements indésirables conduisant à une interruption des injections, et nécessitant une intervention médicale. Cependant, aucun effet indésirable n’a entraîné l'arrêt définitif du traitement. Références et liens http://newdrugapprovals.org/2013/04/02/biomarin-submits-vimizim-bla/ http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1774123/fr/vimizim-elosulfase-alpha-enzyme-recombinante Drugs. 2014 Apr;74(6):713-8. http://www.rcsb.org/pdb/explore.do?structureId=4FDJ J Inherit Metab Dis. 2014 Nov;37(6):979-90 87 Siltuximab SYLVANT® Date d’approbation : FDA : 22/04/2014 EMA : 22/05/2014 Découverte & commercialisation : Janssen Introduction Le Siltuximab est un anticorps monoclonal chimérique humanisé (de type IgG) dirigé contre l’interleukine-6. Indiqué dans la maladie de Castleman multicentrique (MCM), il est administré par perfusion IV (1h toutes les 3 semaines, jusqu'à échec du traitement). Pathologie Pathologie rare, la maladie de Castleman multicentrique (MCM) affecte les ganglions et tissus lymphatiques. L'excès d'IL-6 dans la MCM augmente anormalement la prolifération des lymphocytes ; Entraînant : gonflement des ganglions lymphatiques, inflammation & réaction autoimmune. Dans sa version multicentrique de nombreux ganglions lymphatiques sont touchés. Cette affection n'est pas un cancer. Symptômes : fièvre, fatigue, nausée / vomissements, gonflement des jambes... Les patients VIH+ ont plus de risque de développer une MCM (même si le Siltuximab n'a pas été étudié et n'est donc pas indiqué dans les populations VIH+ ou Herpes Virus8 +). La MCM est traitée par chimiothérapie et perfusion d'anticorps. Cible IL-6 88 Mécanisme d’action Siltuximab se lie à l'IL-6, qu'il empêche ainsi de se fixer à ses récepteurs et d'activer l'inflammation. http://www.sylvant.com/for-healthcare-professionals/mechanism-of-action) Essais Cliniques L'étude principale patients MCD. comportait 79 Le siltuximab a montré un taux de réponse durable (minimum : 18 semaines) sur la tumeur et les symptômes (résolution complète ou la stabilisation des symptômes de MCM) de 34% par rapport au placebo. Effets indésirables : L'étude de sécurité à long terme sur 19 patients, a montré que les effets indésirables les plus fréquents étaient : prurit, prise de poids, rash, hyperuricémie, augmentation des infections respiratoires, diarrhées, douleurs des extrémités, arthralgies, asthénie. Interaction médicamenteuses : L’IL-6 diminue l’activité de différents isoenzymes de CYP450. La liaison IL6/siltuximab peut donc augmenter le métabolisme des médicaments substrats des CYP450, en raison de la normalisation de l’activité enzymatique des CYP450. Faire preuve de prudence lorsque SYLVANT® est administré en concomitance avec des substrats du CYP3A4 dans les cas où une diminution de l’efficacité ne serait pas souhaitable. Références et liens http://www.sylvant.com www.fda.gov http://www.ema.europa.eu 89 REMERCIEMENTS L’équipe de la Journée de l’Innovation tient à remercier : - Le Professeur André Tartar - Monsieur le Doyen Damien Cuny - Le Professeur Patrick Duriez - La Société de Pharmacie de Lille - Monsieur Mario Squelard et le laboratoire Servier - Monsieur Berthe et la Reprographie de la Faculté - Monsieur Jérémy Cardon et la MACSF - Le Crédit du Nord de Loos - Aurélie Caille pour la réalisation de l’affiche - Marie de la K’fet pour les verres - Madame Joëlle N’Guessan pour la réalisation des gâteaux 90