Quel impact les lois de 2002 ont-elles eu dans
le secteur sanitaire et médico-social ? (suite)
JMG : sur le plan de l’information, nous
avons nous aussi progressé. Nous ex-
pliquons beaucoup plus ce que nous
faisons, donnons plus de documents aux
familles comme le livret d’accueil ou
le règlement intérieur. Nous expliquons
comment nous fonctionnons, faisons visiter
nos locaux. Nous travaillons beaucoup
en confiance avec les familles. Cela a
indubitablement eu un effet positif sur
nos pratiques mais aussi sur les résidents.
Notre personnel est aujourd’hui mieux
informé qu’il ne l’était. Grâce aux réunions
du conseil de la vie sociale, il y a eu
beaucoup d’évolution en matière de
respect de la vie privée par exemple.
Notre établissement a été construit en
1984. A cette époque, on ne prévoyait
pas de toilettes ou des douches dans
chaque chambre. Nous avions bien sûr
conscience de l’intimité des personnes
et du nécessaire respect, mais nous
n’allions pas aussi loin dans les mesures
mises en place. La loi de 2002 nous
en donne l’obligation dans tous les
aspects du respect de l’intimité. En même
temps, si on n’éduque pas les résidents
sur ce point, ils n’auront jamais cette
compréhension qu’ils ont droit au respect
de leur intimité, de leur nudité, de leur
personne à part entière. La question de la
vie privée est au cœur de l’architecture
désormais pour les établissements en
cours de construction.
HM : c’est très fort ce que vous dites
là. A Saint Jean de Dieu, 30% des
chambres sont sans cabinet de toilette
et 55% sans douche.
VC : cette loi est à l’origine d’une
conception différente des bâtiments. Par
exemple, en géronto-psychiatrie, chaque
patient est en chambre seule et bénéficie
d’une douche et de toilettes privatives.
Les soignants sont très attentifs à l’intimité
des patients.
JMG : ils l’étaient déjà avant.
HM : les usagers et familles d’usagers
sont devenus, à juste titre, très exigeants
sur l’hôtellerie des structures qui les
accueillent.
VC : les locaux sont très importants et
ont un effet tant sur les patients que sur
le personnel.
JMG : en même temps, cela pose un
problème sur le plan de la sécurité. Nous
sommes dans des paradoxes perpétuels.
VC : c’est sûr que la maladie psychiatrique
a des contraintes particulières. Mais c’est
plutôt intéressant car cela nous oblige à
réfléchir à ce que l’on fait plutôt que d’agir
par automatisme dans certains cas. L’un
des travers de la loi est sans doute que
le législateur n’a pas pris en compte le
temps passé à mettre en pratique cette
loi.
JMG : c’est très chronophage effective-
ment, notamment sur le plan administratif.
HM : c’est une réalité, oui. C’est un de
nos rôles à l’Unafam d’expliquer cela.
VC : une demande de dossier patient,
c’est un temps de secrétariat énorme.
JMG : oui, mais en même temps, c’est
une loi qui est vraiment très importante,
tant pour les usagers que pour les
équipes.
VC : cette idée de la démocratie sanitaire
ou sociale, introduite dans la loi, est
bien réelle.
HM : je reste cependant convaincu qu’elle
n’est pas appliquée partout.
Partenaire de longue date
de l’hôpital Saint Jean de
Dieu, l’Unafam du Rhône
a démarré une action de
sensibilisation à ses missions
depuis le printemps 2012
auprès des hôpitaux du
département. Explications.
DÉBAT
L’indispensable
Ce guide porte bien son nom !
L’indispensable permet en effet aux aidants
d’approfondir leurs connaissances sur la
maladie mentale et surtout d’apprendre
à se situer par rapport à leur proche
malade et aux soignants. Rédigé conjoin-
tement par l’Union nationale des familles
et amis de personnes malades et/ou
handicapés psychiques (UNAFAM) en France
et la Fédération des familles et amis de
la personne atteinte de maladie mentale
(FFAPAMM) au Québec, il est en vente à
l’UNAFAM au modique prix de 5 € .
Repéré pour vous
Association reconnue d’utilité publique,
l’Unafam représente les familles d’usagers
confrontées aux troubles psychiques au
conseil d’administration de l’ARHM, à la
commission de gestion et à la CRUQPEC1
de Saint Jean de Dieu. Elle est aussi
partie prenante pour les permanences
de la Maison des usagers. Est-elle pour
autant connue ?
L’un des axes de travail de la délégation
du Rhône est d’accroître sa notoriété
pour toucher le plus grand nombre de
familles confrontées à la maladie. Le
cœur de l’action de l’association est
d’apporter aide et écoute par des pairs,
formés, confrontés à la maladie. Avec le
postulat qu’une famille qui va mieux est
plus efficace auprès de son proche et
renforce ainsi l’alliance thérapeutique
avec les soignants.
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DROITS DES USAGERS 2013
© ARHM