Régulation émotionnelle chez des adolescents présentant des

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L’Encéphale (2015) 41, 62—69
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PSYCHOPATHOLOGIE
Régulation émotionnelle chez des
adolescents présentant des troubles
des conduites et chez des témoins
Emotion regulation in adolescents with conduct disorder
and controls
A.-S. Deborde a,∗, S. Vanwalleghem Maury b, S. Aitel c
a
Laboratoire paragraphe EA 349, équipe de recherche CRAC—compréhension raisonnement et acquisition
de connaissances, UFR psychologie de l’enfant et du développement, université Paris 8, 2, rue de la
Liberté, 93200 Saint-Denis, France
b
Hôpital Robert-Debré, 75019 Paris, France
c
UFR psychologie de l’enfant et du développement, Université Paris 8, 93200 Saint-Denis, France
Reçu le 5 septembre 2013 ; accepté le 9 janvier 2014
Disponible sur Internet le 1 avril 2014
MOTS CLÉS
Trouble des
conduites ;
Alexithymie ;
Émotions ;
Adolescence
∗
Résumé Malgré les travaux théoriques mettant en relation les troubles des conduites (TC)
avec les difficultés de régulation émotionnelle, peu de recherches expérimentales ont exploré
les liens entre ces deux variables. Cette étude visait à étudier les liens entre TC et régulation
émotionnelle chez 75 adolescents : 30 adolescents avec TC et 45 témoins, âgés de 13 à 18 ans.
La régulation émotionnelle a été mesurée à l’aide de deux auto-questionnaires : la TAS-20
(questionnaire d’alexithymie de Toronto), considérée comme le gold standard pour mesurer
l’alexithymie, et la DERS (Difficulties in Emotion Regulation Scale), une échelle de régulation émotionnelle récemment validée. Les résultats ont mis en évidence que les témoins et les
adolescents avec TC présentaient des scores de régulation émotionnelle significativement différents. De plus, les corrélations ont montré que, plus les difficultés de régulation émotionnelle
étaient importantes, plus les TC étaient sévères. Enfin, d’après les analyses discriminantes,
les deux outils utilisés pour décrire les modalités de régulation émotionnelle se sont révélés
efficaces pour prédire l’appartenance d’un participant au groupe TC ou au groupe témoin de
manière significative. Les résultats vont dans le sens des travaux ayant souligné le lien théorique entre un défaut de mentalisation (i.e. accès et compréhension des états internes) et le
passage à l’acte. Ils encouragent le développement de programmes thérapeutiques centrés sur
la régulation émotionnelle à l’attention d’adolescents avec TC.
© L’Encéphale, Paris, 2014.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (A.-S. Deborde).
http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2014.01.002
0013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2014.
Régulation émotionnelle chez des adolescents présentant des troubles des conduites
KEYWORDS
Conduct disorder;
Alexithymia;
Adolescent;
Emotions
63
Summary
Objectives. — Although many authors have highlighted similarities between conduct disorder
(CD) and alexithymia, little empirical research has actually investigated the contribution of
emotion processing to CD. The purpose of this study was to explore the relationships between
CD and scores on affect regulation scales among 75 adolescents: a group of 30 adolescents with
CD and a group of 45 controls, ranging in age from 13 to 18.
Method. — All participants filled in a socio-demographic questionnaire. CD diagnosis was assessed in regard to DSM-IV criteria using the specific CD section of the Kiddie-Sads. Affect regulation
was measured with two self-reports: TAS-20 (Toronto Alexithymia Scale), known as the gold
standard for alexithymia measurement, and DERS (Difficulties in Emotion Regulation Scale), a
recently validated scale. In addition, since depression may influence the correlations between
CD and alexithymia, it was also measured with the BDI. In order to have more information on
the CD group, the CTQ was also used. One way analyses of variance adjusting for age were
used for mean score comparisons. Partial correlations adjusting for age were used to investigate the link between the CD severity (the severity index was calculated from the Kiddie-Sads)
and affect regulation scores. Finally, discriminant analyses were conducted to explore whether
affect regulation could correctly categorize controls and adolescents with CD.
Results. — These results provided some additional data in order to understand the relationship between affect regulation and CD. Controls and adolescents with CD had significantly
different emotion regulation scales scores at both scales (TAS-20 and DERS) and in most of their
dimensions. Moreover, they also point out the positive correlation between difficulties in affect
regulation and CD severity. To our knowledge, this is the first study to have investigated relationships between CD and alexithymia using a severity index of CD. Finally, discriminant analyses
showed that the two emotion regulation scales permitted the significant discrimination of both
groups. These results are consistent with previous works highlighting the theoretical relationship between deficit in mental elaboration and acting-out. They point to the need to develop
therapeutic programs in order to improve emotion regulation of teenagers with CD. Finally, an
additional analysis showed a relationship between emotional neglect in childhood (measured
with CTQ) and the CD severity. A task for future research would be to study the relationships
between attachment, emotional regulation and CD in adolescence.
© L’Encéphale, Paris, 2014.
Introduction
Selon le DSM-IV, les troubles des conduites (TC) font
référence à un ensemble de comportements répétitifs
et persistants portant atteinte aux droits fondamentaux
d’autrui ou transgressant les normes et règles sociales. Ces
troubles entraînent une altération significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel. D’après la revue
de littérature de l’Inserm [1], les TC concerneraient 3 à 9 %
des adolescents de 13 ans à l’âge adulte. Pour les psychanalystes, ces comportements seraient le résultat de difficultés
d’élaboration psychique [2] ; autrement dit, l’impossibilité
à accéder et à comprendre ses états internes favoriserait le passage à l’acte. Pour plusieurs auteurs [e.g. 3],
l’alexithymie est un concept qui fait précisément référence
à cette incapacité à accéder et à comprendre ses états
internes. Il se caractérise principalement par une difficulté à
identifier et à verbaliser les états émotionnels, à distinguer
les émotions et les sensations corporelles qui y sont associées, par une vie fantasmatique réduite et un mode de pensée opératoire, c’est-à-dire tourné vers les aspects concrets
de l’existence, au détriment de leurs aspects émotionnelles
[4]. La littérature met en évidence des correspondances
entre alexithymie et TC : tout comme les alexithymiques, les
adolescents avec TC présenteraient des difficultés dans la
reconnaissance des émotions [5] ; inversement, les alexithymiques pourraient manifester des accès de violence [6,7].
Malgré ces similarités, peu d’études ont cherché à objectiver les liens entre alexithymie et TC à l’adolescence. De
plus, leurs résultats sont contradictoires. À noter que ces
recherches ne traitent pas spécifiquement des TC car elles
utilisent majoritairement d’autres termes (i.e. délinquance,
psychopathie. . .). À notre connaissance, seulement 4 études
ont rapporté un lien entre alexithymie et délinquance ou
psychopathie [8—11]. Dans leur recherche, Langevin & Hare
[10] ont trouvé des corrélations positives entre alexithymie et psychopathie dans un échantillon de 60 adolescents
(40 psychopathes et 20 témoins). De même, en 2012, Pihet
et al. [8] ont mis en évidence des scores d’alexithymie particulièrement élevés chez 80 adolescents délinquants. Enfin,
Zimmermann [9] et Berastegui et al. [11] ont montré que
l’alexithymie était l’une des deux dimensions caractéristiques de la délinquance à l’adolescence. En revanche, deux
études ne retrouvaient pas cette association [12,13]. En
effet, en 2001, Moriarty et al. [12] ne montraient pas de
différence significative dans les scores d’alexithymie chez
des adolescents délinquants sexuels (n = 15) et des témoins
(n = 49). De même, en 2012, une étude de Pihet et al. [13] ne
mettait pas en évidence de différence significative dans les
scores d’alexithymie chez des adolescents avec TC (n = 39)
et des témoins (n = 39).
Afin d’éclairer cette absence de consensus, notre
étude se proposait d’examiner les liens entre alexithymie
et comportements délinquants. Dans la mesure où ces
64
comportements se manifestent à l’adolescence, il paraissait pertinent de recueillir des données sur cette période
de vie. Dans cette optique, le référentiel théorique choisi
a été celui du DSM-IV. En effet, comparativement au terme
« délinquance », terme générique rendant compte d’un
phénomène social, le terme « troubles des conduites » du
DSM-IV présente l’avantage d’être clairement défini. De
plus, comparativement au terme psychopathie, le terme
« trouble des conduites » est plus adapté pour rendre
compte de la période de l’adolescence. En effet, implicitement, le terme « psychopathie » se réfère à la personnalité
antisociale dont le diagnostic ne peut être posé avant
l’âge de 18 ans. L’alexithymie a été mesurée en utilisant
la TAS-20, un auto-questionnaire considéré comme le gold
standard pour mesurer cette dimension. Afin de compléter
cet outil, la DERS, une échelle de régulation émotionnelle
récemment validée, a été utilisée conjointement.
Méthode
Participants
L’échantillon total était composé de 75 adolescents (38 filles
et 37 garçons). La moyenne d’âge était de 14,3 ans
(ET = 1,26 ; [13—18]).
Le groupe avec TC était constitué de 30 adolescents
(11 filles et 19 garçons), âgés en moyenne de 15,4 ans
(ET = 1,13 ; [14—18]). Il a été recruté auprès de la protection judiciaire de la jeunesse au sein d’une unité éducative
en milieu ouvert.
Le groupe témoin était constitué de 45 adolescents
(27 filles et 18 garçons), scolarisés au collège, en classe de 4e
en zone d’éducation prioritaire. Ils étaient âgés en moyenne
de 13,5 ans (ET = 0,66 ; [13—15]).
Procédure et recueil de données
Le diagnostic de trouble des conduites a été posé en référence aux critères DSM-IV en utilisant la section consacrée
à ce trouble dans la Kiddie-Sads ([14] ; version française
[15]). Le questionnaire comprend 15 items, répartis en
4 dimensions : agression envers des personnes ou des animaux, destructions de biens matériels, fraude ou vol,
violations graves de règles établies. À partir de la KiddieSads, un indice de sévérité du trouble des conduites a
été calculé en additionnant tous les items cotés « oui »
(« oui = 1 », « non = 0 »). Cet indice va de 0 à 15. Les participants étaient considérés comme présentant des troubles
des conduites si le score de sévérité était supérieur ou égal à
3 et si les troubles entraînaient une altération cliniquement
significative du fonctionnement social ou scolaire.
Le questionnaire d’alexithymie de Toronto (TAS-20,
[16—19] ; version française : [20]) a été utilisé pour mesurer
l’alexithymie. Cet auto-questionnaire est considéré comme
le gold standard pour mesurer cette dimension. Il s’agit
d’une échelle de type Likert en 5 points qui comporte
3 facteurs : (DIF) difficulté à identifier des émotions, (DDF)
difficulté à décrire ses émotions, (EOT) pensées orientées
vers l’extérieur. Le score total varie entre 20 et 80. Afin
de compléter les informations recueillis sur l’alexithymie,
la « Difficulties in Emotion Regulation Scale » (DERS ; [21] ;
A.-S. Deborde et al.
traduction française : [22]) a également été utilisée. Cette
échelle comprend 36 items et vise à évaluer les difficultés de régulation des émotions à travers 6 dimensions : N
(Non-acceptance) : non-acceptation de sa réponse émotionnelle, G (Goals) : difficultés à adopter des comportements
orientés vers un but dans un contexte émotionnel négatif, I (Impulse) : difficultés à se contrôler dans un contexte
émotionnel négatif, A (Awareness) : manque de conscience
émotionnelle, S (Strategies) : difficultés à mettre en place
des stratégies de régulation des émotions dans un contexte
émotionnel négatif, C (Clarity) : difficultés à identifier ses
propres émotions. Plus le score est élevé et plus le sujet
présente des difficultés dans la régulation de ses émotions.
Afin de contrôler un éventuel effet de la dépression,
l’inventaire abrégé de dépression de Beck à 13 items
(BDI, [23] ; traduction française [24]) a été utilisé. Il s’agit
d’un auto-questionnaire portant sur la semaine écoulée. Les
items sont gradués de 0 à 3 et fournissent une note globale
d’intensité du syndrome dépressif allant de 0 à 39. Des notes
seuils ont été calculées par Beck et Beamesderfer [in 24] :
score de 0 à 3 : pas de dépression ; de 4 à 7 : dépression
légère ; de 8 à 15 : dépression modérée ; 16 et plus : dépression sévère.
Un questionnaire socio-démographique visant à recueillir
des informations complémentaires a également été proposé
aux participants.
Enfin, le Childhood Trauma Questionnaire (CTQ, [25] ;
traduction française [26]) a été proposé aux adolescents
avec TC afin de mieux caractériser cet échantillon. Cet autoquestionnaire est un questionnaire de type Likert, gradués
de 1 « jamais vrai » à 5 « toujours très vrai ». Il comporte
5 dimensions comprenant chacune 5 items. Le score à chacune de ces dimensions varie de 0 à 25.
Tous les participants et leurs parents ont rempli un
formulaire d’information et de consentement. Dans un
premier temps, les participants ont répondu aux autoquestionnaires. Pour le groupe témoin, la passation a été
collective alors que pour les adolescents avec TC, elle était
individuelle. Chacun des deux groupes a été invité à poser
des questions sur les formulations susceptibles de poser
problème dans les questionnaires. Dans un 2e temps, tous
les participants ont été reçus par le psychologue référent
de l’étude afin de répondre à la section de la Kiddie-Sads
concernant les TC.
Analyses statistiques
Dans la mesure où la différence d’âge entre les témoins
et les adolescents avec TC était significative et que l’âge
était significativement corrélé à la majorité des différentes
variables d’intérêt (voir résultats), les analyses ont été
contrôlées par l’âge.
L’étude des relations entre sévérité des TC, scores et
sous-scores à la TAS-20 et à la DERS a consisté en des analyses de corrélations partielles, en contrôlant par l’âge. Les
moyennes obtenues aux différentes échelles dans les deux
groupes de participants ont été comparées en utilisant des
Anovas univariées, contrôlées par l’âge.
Enfin, des analyses discriminantes ont été conduites afin
de déterminer les dimensions de régulation émotionnelle les
plus pertinentes pour différencier les adolescents avec TC
Régulation émotionnelle chez des adolescents présentant des troubles des conduites
des témoins. Afin de tenir compte de l’effet de l’âge, cette
variable a été entrée dans le modèle parmi les variables
explicatives des troubles.
Le traitement et l’analyse statistique des données ont
été réalisés avec le logiciel SPSS.
Résultats
Statistiques descriptives
Les témoins et les adolescents avec TC présentaient des
âges significativement différents (t = 69,91 ; p ≤ 0,001). Or
l’âge était significativement corrélé à la majorité des
différentes variables d’intérêt (sévérité des TC, scores
et sous-scores à la TAS-20 et à la DERS ; 0,26 ≤ r ≤ 0,61 ;
0,001 ≤ p ≤ 0,03), excepté aux facteurs DDF de la TAS-20
(r = 0,17 ; p = 0,14) et Goals de la DERS (r = 0,17 ; p = 0,15).
En conséquence, les analyses ont été contrôlées par
l’âge.
La proportion de garçons et de filles dans chacun
des groupes était significativement différente [␹2 (1 ;
n = 75) = 3,92 ; p = 0,48]. Cependant, que ce soit dans le
groupe témoin ou chez les adolescents avec TC, le
sexe n’était corrélé à aucune des dimensions d’intérêt
(—0,25 ≤ r ≤ 0,40 ; 0,11 ≤ p ≤ 0,80 pour la sévérité des TC, la
TAS-20 et la DERS).
Enfin, les adolescents avec TC et les témoins ne présentaient pas de différence significative dans les scores de
dépression [F(1 ;72) = 1,12 ; p = 0,29].
Comme attendu, les adolescents avec TC ont obtenu
des scores de sévérité du trouble des conduites à la
Kiddie-Sads significativement plus élevés que les témoins
(F(1 ;72) = 475,77 ; p ≤ 0,001 ; MTC = 12,43 ; ET = 2,38 ; [4—15]
versus Mtémoins = 1,16 ; ET = 1,16 ; [0—4]). Chez les témoins,
8 adolescents présentaient des scores de sévérité subcliniques, compris entre 3 et 4. Toutefois, le fonctionnement
social et/ou scolaire n’a pas été considéré comme suffisamment altéré pour poser le diagnostic de trouble des
conduites. Afin de rendre compte de la diversité des profils
rencontrés en population générale, ces témoins n’ont pas
été exclus. Le Tableau 1 met en évidence les prévalences
des symptômes présentés chez les adolescents avec TC et
chez les témoins.
Concernant la situation scolaire du groupe d’adolescents
avec TC, 53,3 % (n = 16) étaient scolarisés en enseignement spécialisé (classe relais, classe d’intégration scolaire,
sections d’enseignement professionnel et adapté) ou déscolarisés, 23,3 % (n = 7) d’entre eux étaient scolarisés en
classe de 4e , 13,3 % (n = 4) en 3e , 3,3 % (n = 1) en 2e et
6,7 % (n = 2) en 1ère . Concernant leur situation judiciaire,
16,67 % (n = 5) des adolescents avec TC ont déjà été placés
en détention. La majorité rapportait des violences subies
au sein de leur famille : 56,7 % (n = 17) ont été suivis par
l’aide sociale à l’enfance. De plus, le CTQ a mis en évidence des scores élevés à toutes les dimensions évaluées :
négligence émotionnelle (M = 16,63 ; ET = 4,43 ; [9—25]),
abus émotionnel (M = 16,03 ; ET = 3,96 ; [10—24]), abus physique (M = 14,16 ; ET = 4,53 ; [6—25]), négligence physique
(M = 14,10 ; ET = 2,89 ; [8—19]) et abus sexuel (M = 9,63 ;
ET = 3,57 ; [5—16]).
65
Analyses principales
Conformément aux hypothèses, les adolescents avec TC présentaient des scores significativement plus élevés à la DERS,
à la TAS-20 et à toutes leurs sous-dimensions (voir Tableau 2),
excepté à deux dimensions de la DERS (Non-acceptance et
Goals).
Concernant la dépression, les scores à la BDI étaient
comparables chez les témoins et chez les adolescents avec
TC (Mtémoins = 6,06 ; ET = 5,57 ; [0—26] ; MTC = 5,56 ; ET = 3,99 ;
[1—21] ; F(1 ;72) = 1,12 ; p = 0,29). La majorité des participants ne présentait pas de dépression (60 % des témoins,
17,78 % des adolescents avec TC) ou une dépression légère
(56,67 % des témoins, 33,33 % des adolescents avec TC). Une
minorité présentait une dépression modérée (16,67 % des
témoins, 13,33 % des adolescents avec TC) ou sévère (16,67 %
des témoins, 2,2 % des adolescents avec TC).
Les analyses de corrélations (voir Tableau 3) ont mis
en évidence que la sévérité du trouble était significativement corrélée aux deux échelles de régulation émotionnelle
(DERS et TAS-20) ainsi qu’à toutes leurs sous-dimensions
(0,26 ≤ r ≤ 0,50 ; 0,001 ≤ p ≤ 0,03), excepté au facteur DDF
de la TAS-20 (r = 0,17 ; p = 0,14) et G de la DERS (r = 0,23 ;
p = 0,06).
Afin de déterminer quelles étaient les dimensions de
régulation émotionnelles les plus pertinentes pour différencier les deux groupes de participants, des analyses
discriminantes ont été conduites. Une 1ère analyse discriminante a été menée avec le score total à la TAS-20 et
ses dimensions (DIF, DDF et EOT). Afin de contrôler l’effet
de l’âge, cette variable a également été entrée dans les
analyses. La fonction finale retenait l’âge et le score total
à la TAS-20, avec un coefficient de corrélation canonique
de 0,77. L’âge et le score global à la TAS-20 permettaient
de classer correctement 90,7 % des participants : 88,9 % des
témoins et 93,3 % des adolescents présentant un TC. Une 2e
analyse discriminante a été menée avec l’âge, le score total
à la DERS et ses dimensions (N, G, I, A, S et C). La fonction
finale retenait l’âge, le facteur Clarity et le facteur Awareness, avec un coefficient de corrélation canonique de 0,83.
Ainsi, l’âge, le facteur Clarity et le facteur Awareness permettaient de classer correctement 96,0 % des participants :
93,3 % des témoins et 100 % des adolescents avec TC. Enfin,
une 3e analyse discriminante a été menée avec l’âge et
tous les scores de régulation émotionnelle (score total à la
TAS-20, à la DERS et toutes les dimensions DIF, DDF, EOT,
N, G, I, A, S et C). Les variables les plus susceptibles de
rendre compte d’un trouble des conduites étaient : l’âge, le
facteur Clarity et le facteur Awareness de la DERS. Le coefficient de corrélation canonique était de 0,83. Ces 3 variables
considérées conjointement permettaient de classer correctement 96,0 % des participants : 93,3 % des témoins et 100 %
des adolescents avec TC.
Discussion
La revue de littérature sur alexithymie et TC a mis en évidence une absence de consensus concernant l’association
entre ces deux variables. Dans notre étude, les résultats
obtenus à partir des deux instruments utilisés pour évaluer les capacités de régulation émotionnelle (TAS-20 et
66
A.-S. Deborde et al.
Tableau 1 Prévalences des symptômes présentés chez les témoins et chez les adolescents avec troubles des conduites (TC)
selon les critères DSM-IV.
Troubles des conduites
Témoins (%)
Adolescents avec TC (%)
Agressions envers des personnes ou des animaux
Brutalité envers d’autres personnes
Bagarres
Détention d’une arme
Cruauté envers les personnes
Cruauté envers les animaux
Vol(s) avec violence
Relations sexuelles sous la contrainte
37,8
4,4
2,2
0
0
0
0
96,7
93,3
100
70
43,3
100
26,7
Destruction de biens matériels
Départ de feu volontaire
Destruction de biens
2,2
2,2
70
100
Fraude ou vol
Effractions
Mensonges
Vol(s) sans violence
0
37,8
2,2
80
96,7
96,7
Violations graves des règles établies
Sorties nocturnes jusqu’à tard dans la nuit
Fugue(s)
École buissonnière
22,2
2,2
42,2
90
86,7
96,7
DERS) confirment les travaux de Langevin & Hare [10], Pihet
et al. [8], Zimmermann [9] et Barestegui et al. [11]. En
effet, comparativement aux témoins, les adolescents avec
TC présentaient des scores d’alexithymie et de dysrégulation émotionnelle significativement plus élevés. Ainsi, les
adolescents avec TC avaient plus de difficultés à identifier
leurs émotions (facteur DIF de la TAS-20 ; facteur C de la
DERS), à en prendre conscience (facteur A de la DERS), à les
décrire (facteur DDF de la TAS-20) et à les gérer (facteur S
de la DERS). Ils avaient également plus de difficultés à se
détacher d’un mode de pensée ancré sur le réel plutôt que
sur leurs états émotionnels (facteur EOT de la TAS-20). Enfin,
confrontés à une situation émotionnelle difficile, ces adolescents avaient plus de mal à se contenir (facteur I de la DERS).
De plus, les analyses de corrélations ont mis en évidence
que plus les difficultés de régulation émotionnelle étaient
importantes, plus les TC étaient sévères. À notre connaissance, cette étude est la 1ère à avoir investigué la question
des liens entre TC et alexithymie en introduisant la notion
de sévérité des troubles. Ces résultats vont dans le sens des
travaux ayant souligné le lien théorique entre un défaut de
mentalisation des émotions et le passage à l’acte [2,6].
Tableau 2 Moyennes, écarts-types, intervalles et comparaisons de moyennes à la TAS-20 et à la DERS chez les témoins et chez
les adolescents avec troubles des conduites (TC).
Témoins (n = 45)
TAS-20
DIF
DDF
EOT
DERS
N
G
I
A
S
C
TC (n = 30)
Anovas univariées
Moyenne
ET
Intervalle
Moyenne
ET
Intervalle
54,84
18,57
14,53
21,73
90,71
12,90
15,40
14,29
19,33
19,66
30,77
9,57
5,80
3,91
4,53
19,46
5,52
4,95
6,31
4,25
6,16
4,85
[35—78]
[7—33]
[8—22]
[12—30]
[54—142]
[6—23]
[5—25]
[6—29]
[10—28]
[8—35]
[21—39]
66,90
24,7
16,63
25,53
117,90
16,50
17,70
21,30
25,26
25,60
39,26
8,36
4,25
2,80
3,10
18,62
3,25
3,47
3,39
2,03
4,68
4,10
[34—79]
[11—34]
[5—20]
[18—30]
[45—142]
[6—22]
[6—25]
[10—29]
[21—30]
[13—32]
[31—48]
F(1;72) = 14,14
F(1;72) = 7,34
F(1;72) = 4,16
F(1;72) = 10,43
F(1;72) = 18,02
F(1;72) = 2,79
F(1;72) = 2,60
F(1;72) = 9,11
F(1;72) = 24,01
F(1;72) = 6,62
F(1;72) = 25,02
p ≤ 0,001
p = 0,01
p = 0,05
p = 0,002
p ≤ 0,001
p = 0,10
p = 0,11
p = 0,004
p ≤ 0,001
p = 0,01
p ≤ 0,001
TAS-20 : questionnaire d’alexithymie de Toronto ; DIF : difficultés à identifier ses émotions ; DDF : difficultés à exprimer ses émotions ; EOT :
pensée opératoire ; DERS : échelle de difficultés de régulation émotionnelle ; N : non-acceptance ; G : goals ; I : impulse ; A : awareness ;
S : strategies ; C : clarity. Les comparaisons de moyenne ont été contrôlées par l’âge des participants.
Régulation émotionnelle chez des adolescents présentant des troubles des conduites
Tableau 3
facteurs.
67
Corrélations partielles entre l’indice de sévérité des troubles des conduites (TC), la DERS, la TAS-20 et leurs sousSévérité TC DERS
Sévérité TC 1
DERS-F
N
G
I
A
S
C
TAS-20
DIF
DDF
EOT
N
G
NS
0,50**** 0,28*
0,23
1
0,74**** 0,51****
1
0,2 NS
1
I
A
S
C
TAS-20
DIF
DDF
EOT
0,36***
0,74****
0,42****
0,39****
1
0,48****
0,44****
0,29*
0,27*
0,1 NS
1
0,33***
0,82****
0,65****
0,49****
0,64****
0,27*
1
0,50****
0,45****
0,1 NS
0,1 NS
0,45****
0,46****
0,29*
1
0,46****
0,70****
0,49****
0,48****
0,41****
0,41****
0,51****
0,40****
1
0,35***
0,73****
0,53****
0,48****
0,43****
0,31**
0,59****
0,2 NS
0,84****
1
0,26*
0,39***
0,1 NS
0,43****
0,34***
0,0 NS
0,26*
0,35***
0,72****
0,50****
1
0,40****
0,37***
0,31**
0,1 NS
0,1 NS
0,52****
0,2 NS
0,33***
0,63****
0,25*
0,1 NS
1
**** p ≤ 0,001 ; *** p ≤ 0,005 ; ** p ≤ 0,01 ; * p ≤ 0,05 . NS : non significatif ; DERS : échelle de difficultés de régulation émotionnelle ; N : nonacceptance ; G : goals ; I : impulse ; A : awareness ; S : strategies ; C : clarity ; TAS-20 : questionnaire échelle d’alexithymie de Toronto ;
DIF : difficultés à identifier ses émotions ; DDF : difficultés à exprimer ses émotions ; EOT : pensée opératoire. Les corrélations ont été
contrôlées par l’âge des participants.
De plus, les analyses discriminantes ont montré que les
deux instruments utilisés (TAS-20 et DERS) dans cette étude
se sont révélés efficaces pour différencier les adolescents
avec TC des témoins. Toutefois, l’échelle DERS (plus précisément les deux facteurs Clarity et Awareness) s’est révélée
encore plus sensible que la TAS-20 (rcanonique DERS = 0,83 vs
rcanoniqueTAS-20 = 0,77). La difficulté à identifier ses émotions
(facteur Clarity de la DERS) et à en prendre conscience (facteur Awareness) seraient deux caractéristiques significatives
des adolescents avec TC.
Parmi les limites de notre étude, il faut souligner la différence d’âge entre les témoins (Mtémoins = 13,5 ; ET = 0,66 ;
[13—15]) et les adolescents avec TC (MTC = 15,4 ; ET = 1,13 ;
[14—18]). Or, l’adolescence constitue une période critique
dans le développement des capacités de régulation émotionnelle [27] : il est attendu que plus un sujet est jeune,
moins il est apte à réguler efficacement ses émotions et
donc, plus il est susceptible d’avoir des scores d’alexithymie
élevés. Les hypothèses théoriques sur les variations des
capacités de régulation émotionnelle en fonction de l’âge
ont été peu testées de manière expérimentale. Elles sont
toutefois corroborées par l’étude de Zimmermann et al.
[28] confirmant que la prévalence d’alexithymie diminue
avec l’âge chez 264 adolescents, âgés de 15 à 17 ans. En
conséquence, la différence d’âge dans notre étude aurait
pu être à l’origine d’un biais dans les scores de régulation
émotionnelle, compromettant ainsi les chances de mettre
en évidence des résultats significatifs. Mais, malgré tout,
les témoins (groupe le plus jeune) ont obtenu des scores
d’alexithymie significativement plus faibles que les adolescents avec TC (plus âgés) ; ce résultat était robuste
puisqu’il restait significatif, même quand on ne contrôlait pas les analyses par l’âge. En dépit de sa moyenne
d’âge, ce groupe de témoins a donc permis de mettre en
évidence une différence significative dans les scores de
régulation émotionnelle avec le groupe d’adolescents avec
TC.
Par ailleurs, les outils choisis pour mesurer la régulation émotionnelle n’étaient pas spécifiquement développés
pour de jeunes adolescents. Jusqu’à présent, la TAS-20 était
couramment utilisée avec des adolescents [e.g. 11,29,30]
et deux études avaient même conclu à de bonnes qualités psychométriques de l’échelle pour cet âge [28,31].
Cependant, ces recherches ont inclus un éventail d’âges
très large (14 à 19 ans pour Zimmerman et al. [28] ; 12 à
17 ans pour Säkkinen et al. [31]) sans vérifier si les qualités psychométriques de la TAS-20 étaient les mêmes selon le
développement. Récemment, une étude de Parker et al. [32]
a précisément mis en évidence que les qualités psychométriques de la TAS-20 décroissaient chez les plus jeunes. Ainsi,
la validité interne est bonne chez les 19—21 ans (␣ > 80)
alors qu’elle est insatisfaisante chez les 13—14 ans (␣ < .70).
Pour information, le Tableau 4 présente les alphas de Cronbach chez les témoins et chez les adolescents avec TC de
notre recherche. Conformément à l’étude de Parker et al.
[32], le groupe témoin (Mâge = 13,5) présentait des alphas
de Cronbach inférieurs à 0,70 alors que le groupe TC, plus
âgé (Mâge = 15,4), présentait de meilleurs alphas de Cronbach (entre 0,44 et 0,84). Compte tenu de ces résultats,
la version française de la TAS-20 pour enfants (QAE [33]),
aurait dû être utilisée. À notre connaissance, aucune donnée n’est encore disponible avec la DERS. Compte tenu de
la pertinence de cet outil, des travaux visant à étudier la
validité de la DERS avec de jeunes adolescents seraient
nécessaires.
Enfin, il est important de noter que le groupe témoin
et le groupe avec TC ne présentaient pas le même niveau
Tableau 4 Alphas de Cronbach à la TAS-20 chez les témoins
et les adolescents avec TC.
␣
Témoins
TC
TAS-20
DIF
DDF
EOT
0,62
0,67
0,43
0,40
0,84
0,84
0,70
0,44
68
d’étude. Toutefois, il n’a pas été possible de tenir compte de
cette variable dans les analyses en raison de la très grande
disparité des formations à l’intérieur du groupe avec TC ;
en effet, plusieurs cursus se confondaient : cursus général,
professionnel, CLIS, SEGPA, déscolarisation. . . Il était donc
difficile de situer le niveau de chaque formation comparativement aux autres.
Par ailleurs, un résultat intéressant de notre étude
appelle à des recherches futures. En effet, une analyse
de régression complémentaire a montré que, parmi les
maltraitances rapportées par les adolescents avec TC au
Child Trauma Questionnaire, la négligence émotionnelle
contribuerait à expliquer 13 % de la sévérité du trouble
des conduites (␤=0,36 ; p = 0,49). Autrement dit, parmi
les maltraitances subies dans l’enfance, c’est la négligence émotionnelle qui semble être le plus associée au
TC. Ce résultat pose la question de savoir si la qualité
des liens d’attachement, compromise dans les situations
de maltraitance par négligence émotionnelle, pourrait
constituer un facteur de risque au développement d’un TC
à l’adolescence. Dans cette optique, il serait intéressant
de décrire les relations entre trois variables : attachement, régulation émotionnelle et TC, notamment avec des
analyses de médiation.
Parmi les autres perspectives, l’examen de la contribution des traits de personnalité au développement de
TC constituerait une thématique de recherche complémentaire. De récentes études chez l’adulte ont montré
que les conduites psychopathiques étaient associées aux
traits de personnalité de la « Dark Triad » [34]. Initialement
décrite par Paulhus & Williams [34], la « Dark Triad » est
une constellation de 3 traits de personnalité comprenant
le machiavélisme (manipulation et exploitation d’autrui,
mépris de la moralité et prise en compte exclusive de ses
propres intérêts), le narcissisme (image grandiose de soi,
égoïsme) et la psychopathie (insensibilité, absence d’affect
et de remords). De plus, une recherche a également mis en
évidence l’association entre alexithymie et machiavélisme
[35] en soulignant les liens entre difficultés à identifier leurs
émotions (DIF) et opinion négative sur la nature humaine.
Dans des recherches futures, ces dimensions pourraient être
articulées dans une perspective développementale (chez
l’adolescent) afin de documenter les processus à l’origine
de l’installation des TC.
Dans une perspective clinique, cette étude suggère
l’importance d’un travail précoce centré sur l’identification
et la gestion des émotions auprès des adolescents présentant un TC. À notre connaissance, trois programmes
thérapeutiques spécifiquement centrés sur la régulation
émotionnelle ont déjà été développés (i.e. thérapie dialectique [36] ; thérapie transférentielle [37] et thérapie
basée sur la mentalisation [38]). Bien que ces programmes
concernent les personnes présentant des troubles de la
personnalité borderline, il serait pertinent d’étudier dans
quelle mesure ils pourraient être adaptés au traitement des
adolescents présentant un TC.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.
A.-S. Deborde et al.
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