CURRICULUM Malnutrition chez les personnes âgées Reinhard Imoberdorfa, Maya Rühlinb, Alois Beerlic, Peter E. Ballmera Klinik für Innere Medizin, Departement Medizin, Kantonsspital Winterthur; Ernährungsberatung, Kantonsspital Winterthur; c Grundversorgerpraxis, Winterthur a b Quintessence En Suisse également, la malnutrition est fréquente et elle augmente avec l’âge. La malnutrition peut toucher les personnes ayant un poids insuffisant, normal ou excessif. La perte de poids involontaire constitue un critère essentiel pour le diagnostic de la malnutrition. En s’aidant de trois questions et de la brochure «Dénutrition?!», chaque médecin de famille peut facilement identifier les situations à risque ou les carences manifestes. Chez les personnes âgées en bonne santé, les apports journaliers recommandés s’élèvent à 30 kcal d’énergie, 0,8 à 1,2 g de protéines et 30 ml d’eau par kg de poids corporel. La collaboration avec une diététicienne diplômée revêt une importance majeure pour la prise en charge nutritionnelle des personnes âgées souffrant de malnutrition. Introduction Actuellement, l’espérance de vie à la naissance en Suisse est l’une des plus élevées au monde, conséquence d’une forte augmentation au cours du XXe siècle (www.bfs. admin.ch). Depuis 1900, elle a pratiquement doublé: de 46,2 à 80,5 ans pour les hommes et de 48,9 à 84,7 ans pour les femmes. Durant la même période, la proportion d’adolescents de moins de 20 ans a diminué, passant de 40,7 à 20,6%; la proportion de personnes de plus de 64 ans a augmenté, passant de 5,8 à 17,2%; quant à l’augmentation de la proportion de personnes très âgées (80 ans et plus), elle est particulièrement prononcée, passant de 0,5 à 4,8%. Au cours des deux dernières décennies, on a assisté à une amélioration des connaissances de la population suisse au sujet de l’importance de l’alimentation. En particulier, le surpoids et l’obésité, avec toutes leurs conséquences médicales et économiques, font l’objet d’intenses discussions en tant que problème de politique de santé. Il peut paraître surprenant de prime abord que l’on parle également de plus en plus de malnutrition en Suisse. Bien que dans notre pays où coulent le lait et le miel, nous pourrions nous procurer des aliments de grande qualité, la malnutrition et les carences sont fréquentes, y compris chez les personnes en surpoids et obèses [1]. La malnutrition est un facteur de risque indépendant très pertinent ainsi qu’un facteur de coût significatif, dont les conséquences ont été scientifiquement prouvées [2]. Chez les patients à risque de malnutrition, une malnutrition substantielle devrait être diagnostiquée précocement au moyen d’un interrogatoire systématique et d’un examen physique ciblé, et elle devrait faire l’objet d’une thérapie nutritionnelle. A cet égard, la pré­ vention et la détection de la malnutrition dans la pra­ tique revêtent une importance particulière. Pour une discussion plus détaillée, nous renvoyons à notre article de mise à jour paru dans cette revue [3]. La malnutrition est fréquente et elle augmente avec l’âge La malnutrition peut toucher les personnes ayant un poids insuffisant, normal ou excessif. D’après le sixième rapport sur la nutrition en Suisse, en moyenne un cinquième, voire un quart, des personnes admises à l’hôpital présentent une carence alimentaire ou un risque de ce type [4]. Dans une étude que nous avons réalisée chez 32 837 patients au total (16 540 femmes, 16 297 hommes), une malnutrition a été observée chez 5978 (18,2%) patients lors de l’admission à l’hôpital [5]. La prévalence de la malnutrition dépendait directement de l’âge: <45 ans: 8%; 45 à 64 ans: 11%; 65 à 84 ans: 22%; >84 ans: 28%. Ces chiffres illustrent bien le problème de la malnutrition chez les patients qui sont hospitalisés. A notre avis, la malnutrition devrait déjà être détectée et, si possible, prévenue en dehors du contexte hospitalier et ainsi, il s’agit là également d’une mission essentielle des méde­ cins installés en cabinet. Cet article fait partie d’une série de six articles spécialisés sur des thèmes ayant trait à la promotion de la santé des personnes âgées. Les articles ont été rédigés par les auteurs dans le cadre d’un partenariat entre le projet Via – Bonnes pratiques de promotion de la santé des personnes âgées (http://promotionsante.ch/public-health/promotion-de-la-sante-des-personnes-agees.html) et la Société Professionnelle Suisse de Gériatrie. La FMH et le Collège de Médecine de Premier Recours soutiennent cette initiative. Les auteurs sont indépendants de l’autorité responsable de la revue et ils n’ont perçu aucune compensation financière pour leurs travaux. Les articles ont fait l’objet d’une révision au sein de la rédaction et en externe dans le cadre du processus décisionnel habituel du FMS. Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936 932 CURRICULUM Description de cas: incroyable, mais vrai et pas si rare Figure 1 Perte de tissu graisseux sous-cutané au niveau du visage. Un patient de 65 ans se présente chez son médecin en raison d’un ballonnement abdominal croissant. Il n’a plus d’appétit et se sent déjà repu après quelques bouchées; certains aliments le dégoûtent vraiment. Son état se dégrade continuellement au cours des mois sui­ vants et l’homme est finalement admis à l’hôpital pour un (côté droit) montre le patient lors de bilan. La figure 1 l’admission à l’hôpital. Son visage émacié avec absence de tissu graisseux sous­cutané est particulièrement frappant, surtout en comparaison avec une photo prise un an avant le début de la maladie (fig. 1, côté gauche). La figure 2 illustre les arêtes osseuses saillantes au niveau de l’orifice supérieur du thorax, l’abdomen est ballonné et il est flagrant que le patient n’a, façon de parler, «plus que la peau sur les os». L’anamnèse révèle qu’il a perdu plus de 20% de son poids corporel au cours des 8 derniers mois. Les examens réalisés ont révélé un cancer du côlon, qui a pu être totalement réséqué par chirurgie. Grâce à une réadaptation intensive et à une prise en charge nutritionnelle, le patient a bien ré­ cupéré. Qu’est-il possible de faire dans la pratique? Le cas décrit ci­dessus ne constitue pas une exception. Nos efforts devraient se concentrer sur la détection précoce de telles détériorations de l’état nutritionnel et si possible, sur leur prévention. La perte de poids in­ volontaire constitue un critère essentiel pour le diag­ nostic de la malnutrition. Quiconque perd plus de 5% de son poids corporel en l’espace d’un mois ou plus de 10% de son poids corporel en l’espace de 6 mois rem­ plit le critère de malnutrition. En raison du manque de temps au cabinet médical, il est nécessaire de disposer d’instruments simples et institutionnalisés pour le dépistage de la malnutrition. Dans les lignes qui suivent, nous décrivons une marche à suivre simple, rapide et efficace, que chaque médecin de famille peut appliquer dans son cabinet. 1. Penser à la malnutrition. 2. Impliquer le patient, en 2.1 mettant à disposition du matériel de dépistage et d’information dans la salle d’attente du cabinet; 2.2 posant des questions sur l’appétit et sur l’apport de nourriture (habituel, réduit, diminué, absent). 3. Mesurer la taille et le poids de tout patient deux fois par an. Trois petites questions pour le dépistage Pour le dépistage, trois petites questions suffisent: 1. Avez­vous involontairement perdu du poids? 2. Si vous avez perdu du poids, combien de kilogrammes? 3. Avez­vous mangé peu en raison d’une diminution de l’appétit? (tab. 1 ) Figure 2 Malnutrition avec atrophie musculaire, absence de tissu graisseux sous-cutané et abdomen ballonné. En cas de réponses totalisant deux points ou plus, il s’agit d’une situation à risque et une anamnèse alimen­ taire détaillée devrait dès lors être réalisée. Ce score Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936 933 CURRICULUM paraît quelque peu simpliste, mais des scores plus sophistiqués et donc plus chronophages ne sont guère plus utiles au cabinet médical. Il est possible de présenter ces trois questions sur un document coloré de format A4, de les déposer en salle d’attente et de demander aux patients d’y répondre. Lors de l’anamnèse alimentaire, il convient avant tout de poser des questions relatives à l’appétit, au goût et à la capacité de s’alimenter. Lors de l’examen physique, un aspect mérite une attention toute particulière. La cavité buccale est l’une des premières régions anatomiques de l’organisme où se manifestent Tableau 1 Les trois questions critiques en cas de suspicion de malnutrition [1]. Réponse Score 1. Avez-vous involontairement perdu du poids? Non 0 Incertain/Oui 2 2. Si vous avez perdu du poids, combien de kilogrammes? 1–5 1 6–10 2 11–15 3 >15 4 Incertain 2 3. Avez-vous mangé peu en raison d’une diminution de l’appétit? Non 0 Oui 1 Tableau 2 Carences nutritionnelles visibles à l’examen clinique. Région anatomique Anomalies et symptômes Carence en Lèvres Chéilite angulaire: rougeur et gonflement Niacine, riboflavine, douloureux avec formation de fissures vitamine B6, fer Gencives Spongieuses, sanglantes Vitamine C Langue Glossite: langue rouge, endolorie et striée Vitamine B6 et B12, acide folique, fer Mangelernährung trotz Überfluss?! Figure 3 Brochure «Dénutrition?!» Téléchargement sur: http://www.fial.ch/files/documents/de/brochure_denutrition_fr-hd.pdf. Adresse pour commander la brochure: [email protected]. les signes cliniques d’une carence nutritionnelle ou d’une malnutrition. Les lèvres, la langue, la muqueuse buccale et les gencives signalent la présence d’états de carence longtemps avant que d’autres régions du corps ne soient touchées (tab. 2 ). Ainsi, il est aussi possible de deviner la présence d’autres troubles tels que des brûlures de la bouche et de la langue, ainsi que des altérations du goût. En complément, il est recommandé de mettre à disposition des patients une brochure relative à la malnutrition en tant que matériel d’information. Il s’agit d’une mesure judicieuse, qui favorise l’autonomie des patients. Il est vivement conseillé d’utiliser la brochure «Dénutrition?!» (fig. 3 ). Régulation perturbée de l’apport alimentaire et carences chez les personnes âgées Chez les personnes âgées, la sensation de soif et l’appétit sont diminués. Cette «anorexie du sujet âgé» s’explique par une diminution du goût, de l’odorat et de la vue, ainsi que par l’activité accrue de facteurs de satiété au niveau gastro­intestinal [6]. Tandis que la fonction de digestion du tractus gastro­intestinal est préservée chez la personne âgée, la biodisponibilité du fer, de la vita­ mine B12 et du calcium est réduite en raison d’une sé­ crétion moindre d’acide gastrique. Par ailleurs, la capa­ cité de réaction adéquate au stress métabolique est altérée. C’est pourquoi même une maladie légère en­ traîne bien souvent déjà une dégradation de l’état nutritionnel chez la personne âgée. La malnutrition a de graves conséquences chez les personnes âgées. Ainsi, la perte de masse musculaire liée à une perte de poids accentue la sarcopénie et la fragilité liées à l’âge et favorise ainsi les handicaps et les limitations de l’autonomie. Recommandations nutritionnelles L’objectif des mesures nutritionnelles pratiques chez les personnes âgées est la mise à disposition de quantités suffisantes d’énergie, de protéines, de micronutriments et de liquide. Chez les personnes âgées, le maintien de la fonction, de l’autonomie et de la qualité de vie est pri­ mordial. La thérapie nutritionnelle chez le sujet âgé va bien au­delà de simples mesures nutritionnelles et elle englobe un vaste spectre de mesures qui peuvent toutes contribuer à une alimentation adéquate, ce qui est illus­ [7]. Si des modifications com­ tré dans le tableau 3 portementales et environnementales et des interven­ tions nutritionnelles par voie orale n’aboutissent pas à une alimentation couvrant les besoins du patient, il convient d’envisager en complément une alimentation artificielle par sonde. Cette modalité peut être mise en œuvre sous forme de thérapie nutritionnelle transitoire à domicile ou dans une institution de soins (http:// geskes.ch 3 Homecare). Pour que l’assistance nutritionnelle continue à produire un effet durable, il est indispensable de dispenser des conseils et une aide pour la mise en œuvre à domicile Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936 934 CURRICULUM Tableau 3 Spectre des mesures possibles pour prévenir une malnutrition (modifié d’après [7]). Correction des problèmes oro-pharyngés Traitement adéquat des maladies aiguës et chroniques, traitement dentaire, exercices de déglutition Instauration d’une atmosphère agréable lors des repas Prise des repas à table, dans une salle à manger, ensemble avec d’autres personnes; ambiance calme et détendue; aide pour la prise des repas Modification des repas et des aliments Prise en compte des préférences personnelles, collations supplémentaires, finger food, modification de la texture et de la consistance des repas Enrichissements des plats et repas Avec des aliments riches tels que la crème, le beurre et l’huile, ou avec des concentrés nutritifs tels que la maltodextrine et la poudre de protéines Alimentation buvable ou dans une institution. A cet effet, il convient de discu­ ter de mesures simples et praticables sur le long terme pour les personnes âgées, parmi lesquelles figurent par ex. le recours à des services de repas à domicile et à des aides ménagères (www.pro­senectute.ch/fr) ou la prise des repas en communauté (www.tavolata.net/fr). La collaboration avec une diététicienne diplômée est vive­ ment recommandée. Apports hydriques Les apports hydriques journaliers recommandés s’élè­ vent à 30 ml par kg de poids corporel afin de compenser les pertes causées par la respiration, la sueur, l’urine et les selles (2,1 litres d’eau pour un homme de 70 kg). Les pertes supplémentaires provoquées par une sudation excessive, la fièvre, la diarrhée ou les vomissements doivent être compensées le plus rapidement possible par une augmentation conséquente des apports et, le cas échéant, par une supplémentation par voie intraveineuse (ou sous­cutanée). Conseils pour des apports hydriques adaptés aux besoins et en cas d’apports insuffisants Prévention Traitement Préparer à l’avance la quantité Boire lentement (petites de boisson pour toute la journée gorgées), mais constamment (par ex. 1 litre de tisane [bouteille isotherme] + 1⁄2 litre d’eau minérale) Toujours emporter dans son sac Boissons à privilégier: une bouteille en plastique – Boissons isotoniques – Solution de réhydratation faite maison (2⁄3 de thé noir, 1 ⁄3 de jus d’orange, sucre, sel) – Bouillon léger Instaurer des rituels de boisson: Solutions de réhydratation, par ex.: par ex. toujours boire un verre – Elotrans® d’eau avec le café ou boire – Normolytoral® un verre d’eau directement après – GES® 45 le lever le matin (par ex. préparer le verre à côté du lavabo dans la salle de bain) Apports énergétiques Avec l’âge, la dépense énergétique au repos diminue en raison de la diminution de la masse corporelle maigre. Les apports énergétiques journaliers recommandés s’élèvent à env. 30 kcal par kg de poids corporel. Cette valeur devrait être adaptée en fonction de l’état nutri­ tionnel, du niveau d’activité et de la situation méta­ bolique de chaque patient. En raison de grandes diffé­ rences individuelles, même chez les seniors en bonne santé mais surtout chez les personnes très âgées séni­ les, il convient de surveiller si les apports énergétiques sont adéquats en effectuant des contrôles du poids. Conseils pour des apports énergétiques adaptés aux besoins et en cas d’apports insuffisants Prévention Traitement Conserver une structure régulière des repas: trois repas principaux + collations Privilégier les aliments et boissons à densité calorique élevée, par ex. fromages (fromages gras et fromages à la crème), fruits secs, noix, mets sucrés, séré à la crème, yaourt au lait entier, jus de fruit, boissons lactées Composition équilibrée des repas principaux: féculents (céréales, pommes de terre), protéines et légumes/ salade Enrichissement avec des calories issues de matières grasses et/ou de sucres: – Soupes et plats: huile d’olive, huile de colza, crème, beurre – Boissons: miel, sucre ou maltodextrine (supplément glucidique en poudre issu de l’amidon de maïs pour un enrichissement au goût neutre, disponible en droguerie et pharmacie) Entretenir des rituels comme la pause-café avec en-cas (petit pain, fruit, yaourt, etc.) Alimentation buvable hautement calorique: – comme collation et/ou comme substitut de repas* * Pour obtenir des informations relatives à l’indication médicale, à la garantie de prise en charge des coûts et à l’organisation, consulter le site de la SSNC 3 Homecare. Apports protéiques Comme mentionné ci­dessus, les besoins énergétiques diminuent certes chez les personnes âgées, mais les besoins en protéines alimentaires restent inchangés, voire augmentent légèrement. Afin de maintenir l’équi­ libre des protéines de l’organisme par anabolisme et catabolisme continus, l’alimentation doit apporter quoti­ diennement des protéines de grande qualité. Sur la base du rapport de la Commission fédérale de l’alimen­ tation intitulé «Les protéines dans l’alimentation» [8], l’Office fédéral de la santé publique préconise des apports protéiques journaliers de 0,8 g par kg de poids corporel chez les personnes âgées en bonne santé. Toutefois, des quantités plus élevées sont actuellement discutées afin de préserver de façon optimale la masse maigre, les fonctions de l’organisme et la santé. En situation pathologique, par ex. en cas de maladies in­ flammatoires, d’infections et de plaies, les besoins peu­ vent être encore davantage accrus. Il est néanmoins difficile d’estimer à quel point ces besoins sont accrus. Des apports protéiques journaliers compris entre 1,0 et 2,0 g par kg de poids corporel sont actuellement en discussion, mais l’état actuel des connaissances est cepen­ Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936 935 CURRICULUM dant insuffisant pour pouvoir formuler des recomman­ dations concrètes dans des situations particulières. Tant que des preuves plus solides ne seront pas disponibles, il semble raisonnable de recommander la consommation de 0,8 à 1,2 g par kg de poids corporel chez toutes les personnes âgées, en particulier celles à risque de mal­ nutrition. ATTENTION: Tandis que jusqu’à l’âge d’env. 65 ans, il est recommandé d’adopter un régime méditerranéen, riche en légumes et en fruits, les recommandations s’inversent paradoxalement chez les sujets âgés, pour qui des apports énergétiques et en particulier protéiques jouent un rôle de plus en plus important. La consommation de légumes et de fruits devrait être un peu plus limitée, afin d’éviter une sensation de réplétion prématurée qui pourrait limiter les apports protéiques. Conseils pour des apports protéiques adaptés aux besoins et en cas d’apports insuffisants Prévention Traitement Enrichissement avec des protéines: Prévoir un aliment riche en protéines lors – Soupes et plats: fromage râpé, séré, œufs de chaque repas principal: – Boissons et aliments de consistance – Petit déjeuner: par ex. fromage, œuf, crémeuse: lait écrémé en poudre yaourt, séré – Déjeuner et dîner: par ex. viande, poisson, (commerce de détail), poudre de protéines du commerce (disponible œufs, fromage, substituts de viande en droguerie et pharmacie) (tofu, seitan, etc.) Alimentation buvable riche en protéines: Consommer du lait et des produits laitiers – contenant 18 à 20 g de protéines lors des collations: par unité (produits du commerce à 2 ou – par ex. 2 dl de lait/boissons lactées, un 1,25 dl) yaourt aux fruits ou un séré aux fruits Trois portions de produits laitiers par jour garantissent en plus des apports en calcium adaptés aux besoins Apports en vitamine D La vitamine D est devenue très populaire au cours de ces dernières années. Etant donné que cette vitamine est décrite dans un article séparé de cette série (numéro 50 du FMS, Bischoff­Ferrari, et al.), nous ne mentionnerons ici que l’essentiel concernant les personnes âgées. La Commission fédérale de l’alimentation préconise une supplémentation en vitamine D, à la dose de 800 UI par jour, chez les hommes et les femmes à partir de l’âge de Conseils pour des apports en vitamine D adaptés aux besoins et en cas d’apports insuffisants Prévention Traitement Planifier la consommation régulière d’aliments contenant de la vitamine D: – Poissons gras: saumon, thon, hareng, sardine (remarque: privilégier les produits MSC ou bio) – Œufs, champignons, produits à base de lait entier – Le cas échéant, produits enrichis en vitamine D (par ex. œufs, produits laitiers) Préparations à base de vitamine D (gouttes, gélules ou produits pour administration parentérale) Le cas échéant, alimentation buvable spécifique pour les seniors, avec teneur élevée en vitamine D Remarque: utilisation pertinente lorsque l’alimentation buvable est indiquée en raison d’apports énergétiques et protéiques insuffisants 60 ans. Avec l’âge, la synthèse endogène de vitamine D par la peau diminue. Par ailleurs, les personnes âgées, en particulier celles qui sont très âgées et dépendantes, sortent moins souvent et moins longtemps en plein air. Dans ces situations, une supplémentation en vitamine D est recommandée. La concentration sanguine cible de 25(OH)D est d’au moins 50 nmol/l. Conclusion et perspectives La malnutrition est un problème fréquent chez les per­ sonnes âgées. Sa prévalence augmente avec l’âge et avec la dépendance. La malnutrition est responsable d’une augmentation de la fragilité, de la morbidité et de la mortalité et, en cas d’hospitalisations, d’une augmen­ tation de la durée de séjour et des coûts de traitement. La malnutrition devrait déjà être prévenue, détectée et traitée en dehors du contexte hospitalier et ainsi, il s’agit là d’une mission essentielle des médecins de famille. Pour les personnes âgées, il convient de discuter de mesures simples et praticables sur le long terme, parmi lesquelles figure le recours à des services de re­ pas à domicile et à des aides ménagères. A cet effet, la collaboration avec des diététiciennes diplômées (diététi­ cienne diplômée ES/HES, diététicienne BSc), avec des responsables de l’Association suisse des services d’aide et de soins à domicile et avec d’autres institutions comme Pro Senectute est indispensable. Le projet Via aspire à promouvoir la santé des personnes âgées, à renforcer leur autonomie et à améliorer leur qualité de vie. Cet article doit aider à nous rapprocher de cet objectif essentiel. Correspondance: Dr Reinhard Imoberdorf Facharzt für Innere Medizin FMH Klinik für Innere Medizin Kantonsspital Winterthur CH-8401 Winterthur reinhard.imoberdorf[at]ksw.ch Références 1 Imoberdorf R, Ballmer PE. Die Epidemiologie der Mangelernährung. Therapeutische Umschau 2014; 71(3):123–126. 2 Löser Ch. Ursachen und Klinik der Mangelernährung. Therapeutische Umschau 2014; 71(3): 135–139. 3 Imoberdorf R, Rühlin M, Beerli A, Ballmer PE. Malnutrition – sous­ nutrition. Forum Med Suisse 2011; 11(44): 782–786. 4 Fäh D, Matzke A. Alimentation et Santé. Dans: Keller U, Battaglia Richi E, Beer M, Darioli R, Meyer K, Renggli A, Römer­Lüthi C, Stoffel­ Kurt N. Sixième rapport sur la nutrition en Suisse. Berne: Office fédé­ ral de la santé publique, 2012: 127–186. Disponible gratuitement sur www.blv.admin.ch/dokumentation/00327/04527/05229/index. html?lang=fr. 5 Imoberdorf R, Meier R, Krebs P, Hangartner P, Hess B, Stäubli M, Weg­ mann D, Rühlin M, Ballmer PE. Prevalence of undernutrition on ad­ mission to Swiss hospitals. Clin Nutr 2010; 29: 38–41. 6 Imoberdorf R, Rühlin M, Ballmer PE. Der ältere Mensch im Kranken­ haus. Schweiz Zeitschr Ernährmed 2006; Nr. 5: 2–5. 7 Volkert D, Bauer JM, Frühwald T, Gehrke I, Lechleitner M, Lenzen­ Grossimlinghaus R, Wirth R, Sieber C. Klinische Ernährung in der Ge­ riatrie. Aktuel Ernahrungsmed 2013; 38: e1–e48. 8 http://www.blv.admin.ch/themen/04679/05065/05093/index. html?lang=fr Forum Med Suisse 2014;14(49):932–936 936