AGAPE 2002 Découvrir “les semences du Verbe “ dans les autres Religions REVUE SAINTE-FAMILLE HOLY FAMILY REVIEW REVISTA SAGRADA FAMILIA AGAPE No34 Découvrir “les semences du Verbe “ dans les autres Religions Revue annuelle produite par les quatre vocations de la Sainte-Famille de Bordeaux, la Famille Spirituelle du Père Pierre-Bienvenu Noailles Equipe de Rédaction Sr Geneviéve Bessiéres Conseillére générale Apostolique Vincenzo Mancini Laïc Associé Sr BernadetteTaurinya Contemplative Une Consacrée Séculiére Sr.Teresa Cabo Sr. SileMcGowan Sr Lorette Laffargue Equipe Intemationale Comlnfo Revue éditée et publiée par l’Equipe Intemationale de Comlnfo de l’lnstitut Religieux de la Sainte -Famille de Bordeaux Via dei Casali Santovetti58 00165 Roma, Italie Tél. (+39)06 6650071 Fax (+39) 0666411470 Email sfbfrinfpcn.net Editorial « Les Semenes du Verbe » Sr. Teresa Cabo Article de fond Le dialogue interreligieux Sr. Cleophas Thamel Sri Lanka Notre Spiritualité Témoigner que la communion est possible Sr Bern adette Taurinya La Solitude 2 3 6 Une Famille Partage Communion sans frontiéres Sr Marie Héléne Méridier Religleuse Apostolique France 9 Une laïque associée: dans la diversité cosmopolite Londonienne Margaret Holmes Associée Laïque Angleterre 12 Dialogue dans un contexte multireligieux Sr. Annette Suaris Contemplative, Nagoda Couverture: dessin de Sr. Maria Teresa Florenza 1 14 ÉDITORIAL LES SEMENCES DU VERBE privilégiés. Nos différences ne sont pas un obstacle qui nous empêche de dialoguer, elles sont une richesse qui donne de la profondeur, du dynamisme, de l’intérêt, des perspectives à notre dialogue. Les différences ajoutent encore à notre dialogue: la sagesse et le goût du pain tendre qu’on partage à une même table, en communion d’esprit et de coeur, sachant que nous avons le même Père/Mère dont le salut offert est sans limites. En toutes choses, comme à propos de ce théme, le dialogue interreligieux, nous pouvons tomber dans des Iieux communs, répéter des poncifs que nous connaissons ou entendons souvent, et avoir la conscience tranquille sans pour autant changer quoi que ce soit aux sentiments et aux convictions que nous portons dans notre coeur. Si les relations entre croyants de différentes religions, n’ont jamais été faciles, nous ne pouvons pas dire honnêtement que maintenant elles le sont davantage, du moins si nous nous situons dans la perspective de nos vielles Églises d’Europe Occidentale. Jésus de Nazareth, Fils de Dieu et notre Frère, nous a laissé un bel exemple de dialogue interreligieux. C’était un pratiquant Juif, fidèle à la volonté et au désir du Dieu d’Israël Mais, les Évangiles, écrits par des Juifs, nous montrent des scènes qui pourraient nous paraître déconcertantes. Jésus parle de théologie et se révèle lui-même comme le Messie à une femme de Samarie. Avec le Centurion, un païen il fait preuve d’une délicatesse exquise, et il loue la profondeur de sa foi. Avec la Cananéenne, il a un dialogue apparemment rude qui parvient à toucher les fibres les plus sensibles d’un coeur féminin, profondément sincère et humble. II se réjouit avec le lépreux Samaritain qui vient remercier pour sa guérison, et il n’hésite pas à comparer son attitude avec celles des neuf Israélites qui n’ont pas senti la nécessité de dire merci. Jésus n’hésite pas à exprimer son admiration pour la foi de non juifs. Si nous voulons un monde de paix nous devons le construire, petit à petit, avançant et reculant, mais sans jamais nous arrêter. C’est la manière d’être fidèles à notre précieux héritage. C’est une façon de contribuer à l’avènement d’un monde meilleur, en faisant que le rêve de Dieu, I’idéal de notre Fondateur, devienne réalité, et que tous ses Fils et Filles soient enfin réunis à la même table, comme membres de sa Famille. . Souvent nous avons répété ces paroles de Paul VI dans l’Encyclique Evangeli Nuntiandi: ((Les semences du Verbe se trouvent dans toutes les Religions». Nous devrions faire en sorte que ces vérités descendent dans notre coeur afin de les transformer en sentiments de tolérance, de respect, et d’humilité. Parfois il y a trop d’arrogance, trop de fondamentalisme dans notre manière de croire. Nous croyons comme si nous étions en possession de la vérité absolue, et nous ne respectons pas la part de vérité contenue chez les autres. En 1965 au cours d’une session de Vatican II, le Père Arrupe en appelait à : « une plus grande estime des différentes cultures et personnes, non comme une concession extérieure, mais comme une reconnaissance du coeur, comme II se doit entre frères et sœurs. » Autrement dit, il faut se mettre à la place de l’autre et reconnaître sa part de vérité, sans vouloir imposer la sienne. Notre époque plus que n’importe quelle autre a besoin d’écoute, de discernement de collaboration et d’audace. Le Charisme de la Sainte-Famille est un Charisme de communion, d’inclusion. Et quand nous parlons d’inclusion, nous voulons dire que personne ne doit rester à l’extérieur. Toute personne qui entre trouve une place,il n’ y a pas de places réservées, II n’y a pas de postes Sr. Teresa Cabo Service International Com info, Rome 2 LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX SOEUR CLEOPHAS THAMEL Bien que nous appartenions à différentes familles, castes, croyances, religions et cultures, en Jésus, nous sommes «frères» et «soeurs» (Lc 11, 2-4). Par conséquent, nous devons bâtir la communion entre nous. C’est le dialogue qui crée la communion entre les personnes et les groupe. Dans les années 80, l’Église était consciente que le dialogue constituait une priorité. Dans la décennie des années 90, l’Église a mis l’accent sur la nécessité du dialogue interreligieux. Elle avait raison . Bien que le dialogue interreligieux soit apparu pour la première fois dans les milieux officiels de l’Église, au cours des années 1960 et suivantes, ce thème a continué d’être un sujet de confusion, nul doute alors qu’il soit nécessaire d’y revenir aujourd’hui. II existe une certaine méfiance dans la façon de l’appréhender. Certains voient dans ce dialogue, une menace pour la mission de l’Église, d’autres le considèrent comme une démarche fondamentale pour les chrétiens, particulièrement dans le contexte d’un continent où plusieurs religions coexistent. de l’expérience religieuse, qui est une expression de foi, d’espérance et d’amour. «Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux » (Mt 7,12). C’est l’histoire de la fille d’une Syrophénicienne (Mc 7, 24-30) que Jésus guérit, bien qu’elle ne partage pas sa foi, sa religion. Celle histoire nous montre avec quel sérieux, avec quelle profondeur Jésus approche les personnes, sans se laisser arrêter par des préjugés de religion. POURQUOI LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX? Parce que les différences sont réelles et ne peuvent être ignorées. Cependant, toutes les religions disent présenter la Vérité, mais les diverses interprétations de la vérité nous invitent, à une ouverture à « La Vérité », « Vérité» qui se trouve dans toutes les religions. Cela nous conduit à reconnaître et à affirmer que les autres religions contiennent certains éléments de la Vérité. Par conséquent, la connaissance des autres religions est le seul moyen de s’approcher encore plus de la «Vérité Absolue». Ainsi, le pluralisme religieux rend le dialogue pressant. Aucune tradition religieuse ne peut proclamer avoir le monopole de la vérité. Qu’est ce que le dialogue ? Dialoguer signifie: parler et écouter l’autre avec un objectif bien déterminé. Le dialogue est un signe de sagesse, d’ouverture et d’engagement à une cause. Sil est vécu dans cette perspective, il créé la fraternité, l’harmonie et l’intégration. «Le merveilleux mystère d’unité et de communion de la Trinité est le modèle et une puissante interpellation dans nos efforts pour créer l’harmonie dans tous les domaines de la vie ». (FABC Documents 319). [FABC, sigle qui désigne la Fédération des Conférences des Evêques d’Asie) (Féderation of Asian Bishops Conference]. De réelles différences en religion peuvent servir à unir ou à diviser les croyants des diverse religions. Tout le monde sait que, diviser, est facile. Toutefois, par le processus du dialogue, les personnes pourraient reconnaître, dans leur religion respective, des éléments semblables, de nature à Le dialogue est un partage de soi, de ce que je suis unir. Le dialogue aide à «jeter des ponts» sur le et de ce que je possède. II constitue le lieu d’un fossé qui existe véritablement entre les religions et la enrichissement mutuel où l’ on peut apprécier les perception que leurs disciples en ont.. personnes de toutes croyances et idéologies. Le dialogue interreligieux insiste sur la dimension 3 En Asie, c’est un impératif pressant que les chrétiens entrent en dialogue avec les frères et soeurs des autres religions qui les entourent, afin de témoigner du Christ. « Aujourd’hui, un Sauveur vous est né», né en Asie ! L’Asie est le berceau des grandes religions du monde Judaïsme, Christianisme, Islamisme et Hindouisme. D’autres traditions spirituelles s’y sont développées tel le Bouddhisme, le Taoïsme, le Confucianisme, le Jaïnisme, le Shintoïsme et les Sikhs. II existe aussi des religions traditionnelles et tribales. L’Église d’Asie respecte ces traditions et essaie d’engager un dialogue sincère avec leurs croyants. Les peuples d’Asie sont fiers de leurs religions et de leurs valeurs culturelles telles : l’amour du silence et la discipline: la vie frugale, le partage, la proximité de la nature, le respect de la vie et des aînés, le sens de la communauté. La modernisation, les nouvelles technologies, la globalisation, la mondialisation et l’influence de l’occident ont constitué une menace pour la survie de ces valeurs reçues en héritage. Notre mission d’évangélisation, aujourd’hui a besoin de simplicité et d’un changement d’attitude pour reconnaître la place des autres religions dans le plan rédempteur de Dieu. Ainsi, il est essentiel de cultiver une attitude plus positive envers les gens des autres croyances et de les considérer, avec respect, comme des co-pélerins. II est important d’être en contact avec des peuples qui ont d’autres «credo ». Notre présence active auprès d’eux nous aide à chasser les préjugés et les fausses conceptions que nous pourrions avoir. Nous devons apprendre à les connaître davantage et à les croire également sincères dans leur recherche de la vérité. Ce contact n’a pas besoin d’être formel, les associations informelles sont importantes et très pertinentes. FORMATION AU DIALOGUE INTERRELIGIEUX VATICAN II ET LES AUTRES CROYANCES En prenant conscience de l’importance du dialogue interreligieux, tous les programmes de formation à la vie religieuse et au sacerdoce ont inclus l’étude des différentes religions du monde. II est nécessaire de comprendre la philosophie, les enseignements et les pratiques telles: la méditation, le yoga et les autres disciplines. En outre, une insertion dans un milieu, où se côtoient des pratiquants de différentes religions, peut aider. Des groupes interreligieux travaillent ensemble dans des projets de développement, projets pour venir en aide aux femmes, aux enfants, projets pour la justice et la paix, programmes écologiques. Les résultats sont importants, mais ce qui nous intéresse encore, c’est que dans les relations, les barrières tombent lentement. De cette façon, nous dit Diana Eck, modératrice du Conseil des Églises : «Nous avons non seulement besoin de connaître les autres, mais nous avons besoin aussi que les autres nous connaissent ». Cette nouvelle prise de conscience de la nécessité du dialogue deviendra , petit à petit une seconde nature. Le Concile Vatican II a reconnu l’existence d’éléments salvifiques, « des semences du Verbe», cachées dans les autres religions et cultures (Ad Gentes 11.) Selon les Pères du Concile: « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Les semences du Verbe ont besoin d’être découvertes, libérées, aussi bien que purifiées, élevées et portées à la perfection». (Ad Gentes 11, Lumen Gentium 17). C’est le dialogue qui nous permettra de toucher l’expression et la réalité la plus profonde de nos peuples et qui nous aidera à trouver des moyens authentiques de vivre et d’exprimer notre propre foi chrétienne. (FABC 1, art. 16) « Le dialogue interreligieux est fondé sur la conviction profonde que l’Esprit Saint est actif aussi dans les autres religions» (FABC Documents 253) « Le dialogue entre les religions découle de la nature même de l’Église, une communauté en marche, avec les peuples des autres croyances, vers le Royaume à venir» (FABC documents 300). Le dialogue religieux devrait être la façon idéale d’évangéliser…En toute humilité et soutien mutuel, nous cherchons, ensemble, avec nos fréres et soeurs cette plénitude du Christ, qui est le plan de Dieu pour l’ensemble de la création dans sa grande et merveilleuse diversité». (FABC document 94). UNE ATTITUDE DE PÉLERIN En conclusion nous pouvons dire que le dialogue interreligieux est un style de vie, un comportement et une activité normale entre personnes qui cheminent ensemble. Ce mouvement, en communion et dans l’unité, vers le Royaume, n’est pas centré sur l’Église, bien quelle en soit le signe et l’instrument, 4 bien que l’Eglise anime ce mouvement et y participe activement, mais c’est un mouvement centré sur Dieu, orienté vers le Royaume et au service de la société. Cette animation, ce changement de perspective, c’est ce que nous appelons le dialogue interreligieux. C’est la Bonne Nouvelle du Royaume que Jésus a proclamé par sa vie, ses paroles et ses actions, sa mort et sa résurrection. Jésus a fondé l’Église pour être un mouvement spirituel au service du Royaume. Celle attitude du pèlerin, imprégné d’humilité peut amener les partenaires du dialogue à une conversion authentique. Celle conversion n’est pas nécessairement conversion d’une religion à une autre, mais conversion du coeur, changement de vie.. conversion à Dieu et par Dieu. «C’est le travail de l’Esprit, méme si celle conversion se produit par I’intermédiaire du témoignage des partenaires avec qui je dialogue ». (FABC). POUR UNE RÉFLEXION PERSONNELLE ET UN PARTAGE EN GROUPE ET EN COMMUNAUTÉ Nous nous engageons á favoriser une culture de dialogue pour que grandissent la compréhension et la confiance mutuelle entre les individus et les peuples. Là sont les prémices d’une authentique paix (Engagement pour la Paix, 3 Jour de Prière pour la Paix, Assise, 24 Janvier 2002) 1 - Comment comprenez-vous le dialogue interreligieux? Dans votre vie, votre travail, avez-vous quelques expériences ou exemples typiques de ce dialogue interreligieux? 2 Aimeriez-vous que la Sainte-Famille avec son charisme de communion, ait un rôle particulier à jouer dans ce domaine du dialogue interreligieux? Comment verriez-vous ce rôle? 5 POUR UN PRINTEMPS DE NOTRE SPIRITUALITÉ TÉMOIGNER QUE LA COMMUNION EST POSSIBLE PAR SOEUR BERNADETTE TAURINYA Notre Famille spirituelle est présente sur quatre continents, dans 25 pays. Par sa vie et sa mission, elle nous rend proches de ce qui se vit sur notre Planète - Terre devenue un petit village. Sensibles au contexte d’une mondialisation croissante des cultures, nous constatons autour de nous, un besoin de spiritualité authentique et fort, en réponse à un matérialisme déshumanisant. La recherche de Dieu s’exprime sous des formes les plus diverses et les plus insolites. Nous voyons surgir, proches de nous souvent, des édifices religieux et des rites étrangers à notre culture. Nous devons prendre en compte leur présence à nos côtés, dans la vie quotidienne et vivre une démarche évangélique de rencontre et de dialogue avec nos frères et soeurs croyants de l’lslam, du Judaïsme, du Bouddhisme, de l’Hindouïsme... jamais de quelle nation iI provient et quelle religion i1 professe. C’est un être humain : i ly a du bien en lui. Et ce bien est dans son coeur pour m’enrichir moi aussi. Mais dans mon coeur aussi il y a du bien, que je peux lui offrir pour le rendre meilleur. Chaque fois qu’iI pleut, l’eau mouille chacun: II n’y a pas une pluie boudhiste el une hindoue, ou une Sri Lankaise et une Cingalaise. Pourquoi? Parce que nous sommes tous égaux. Nous avons tous faim, le soir, nous avons tous sommeil. II n’existe pas une faim bouddhiste et un sommeil musulman.» DIEU SEUL Le dialogue ne peut se limiter à une collaboration dans les domaines de la justice, de la paix et de la culture. La spiritualité qui sous-tend toute notre vie nous fait communier aux valeurs spirituelles des autres religions, change notre regard et notre écoute. « ECOUTE, lsrael ! le Seigneur notre Dieu est UN » (Dt 6.4). Dire que Dieu est Un engage Israël à ne point se façonner d’idoles, à ne point servir d’autres dieux mais à servir Celui qui l’a fait sortir du pays d’Egypte. Nous entendons comme en écho cette injonction à ne point se faire d’idoles dans les paroles du Seigneur à Milady Peychaud le 3 février 1822: « Je Suis Celui qui Suis. Les honneurs el l‘estime des hommes ne sont que de la fumée et Je Suis Celui qui suis. Leur amilié n ‘est que de la poussière et Je Suis Celui qui Suis. Les richesses et les plaisirs ne sont que de la boue et Je Suis Celui qui Suis et II n’y a que Moi qui Sois. « Je Suis Celui qui Suis el II n’y a que Moi qui Sois » DANS L’ORDINAIRE DU QUOTIDIEN En vivant les valeurs propres de la Sainte Famille, nous promouvons la justice, la droiture et le respect de la dignité intrinsèque de chaque être humain. Nous nous engageons pour un monde meilleur,obstinés dans notre conviction à croire que la communion est possible. Notre Charisme est inclusif. II nous conduit à travailler à tout ce qui unit, rassemble, pacifie les relations entre personnes, peuples et nations. Les lieux privilégiés de rencontre quotidiennes sont la famille, la communauté, le quartier, le village, le monde de l’éducation, la vie professionnelle et associative... La rencontre entre croyants peut avoir des conséquences bénéfiques sur la cohérence harmonieuse et fraternelle de nos milieux de vie et de mission. Le dialogue est d’abord existentiel. C’est l’échange dans la vie. «Quand je rencontre quelqu’un, dit Mafia Tong, moine, bouddhiste Sri-Iankais, je ne demande 6 Le Bon Père écrit: « Que désormais vous n’ayez que Dieu seul pour principe et pour fin de toutes vos actions ». N’est-il pas proche de Rabia al-Adawiya (713-801), mystique de l’Islam, dont la voie est très simple et très belle: n’aimer que Dieu seul, à l’exclusion de toute créature, ne l’aimer que pour lui seul et non pour en être récompensé. Rabia fait de l’amour de Dieu le pivot et le terme ultime de son itinéraire spirituel. Elle disait: «j’appartiens à mon Seigneur et vis à l’ombre de ses ordres...» Dans la ligne du détachement total des créatures pour n’aimer que Dieu Seul, elle n’hésite pas à exiger le renoncement à ce qui passe pour éminemment religieux: non seulement la science des traditions musulmanes et la vénération du temple de la Mekke mais jusqu’à I’amour du Prophète aussi bien que la haine de Satan. Faisant allusion au Prophète, elle disait : « Par Dieu, je l’aime beaucoup mais I’amour du Créateur m’occupe trop pour me laisser le temps d’aimer ses créatures ». Le Bon Père écrivait quant à lui: « Rien au monde n’est digne de partager notre coeur avec Dieu. Les Rois, les créatures, les Saints, les Anges et Vous-même, Ô Marie, ne pouvez entrer en partage avec Dieu » Dieu extrêmement : « Tu aimeras le Seigneur de toute la mesure dont il mesure ton existence, qu’il s’agisse de la mesure de bonheur ou de la mesure de malheur» (Tradition rabbinique). N’est-ce pas une pensée en syntonie avec celle de notre Bon Père: «La perfection d’un être réside dans l’accord qui existe entre toutes ses facultés et la fin pour laquelle il les a reçues: or, esprit, cœur, corps de l’h,omme, tout est pour Dieu » « Allez de I’avant. . . que rien n’arrête votre course» II ne s’agit pas seulement d’un élan joyeux, dynamique vers de nouveaux champs apostoliques. II ne s’agit pas seulement d’un appel fait à notre créativité, à notre audace, à notre générosité. C’est avant tout un appel à écouter pour être fidèles par toute notre vie à l’esprit propre aux membres de la Sainte Famille contenu en ces quelques mots: «n’aimer, ne chercher, ne vouloir que Dieu Seul en toutes choses...» (RS 1851). UN REGARD DIFFÉRENT SUR JÉSUS En 1985, Jean-Paul II s’adressait aux jeunes musulmans marocains en leur disant: « La loyauté UN REFLET D’EN-HAUT... exige aussi que nous reconnaissions et respections nos différences. La plus fondamentale est La Sainte Famille est pour nous la douce image d’un évidemment le regard que nous portons sur la Dieu en trois personnes, le reflet et la transparence personne et l’oeuvre de Jésus de Nazareth ». de la Communion trinitaire où tout est partage et don, ouverture et accueil, unité et harmonie. Au Lorsque j’étais à Jérusalem, Alain MICHEL, Dieu-Un et unique, le croyant juif désire se donner Rabbin, rapportait au groupe des étudiants réunis entièrement, sans partage, sans réserve, et c’est ce avec lui une parole de son Maître Manitou: «Compte don de soi qui fait de lui, une personnalité tenu du chemin parcouru parles juifs et les chrétiens, harmonieuse et sans contradiction intérieure. les juifs pourraient considérer les chrétiens comme «L’unité d’en-bas » devient le reflet fidèle de la diaspora du Judaïsme. Le Christianisme a permis «l’unité d’en-haut» (Rabbin Aje Munk). que soit diffusée à travers l’espace et le temps, les Ecritures ». Je posais alors la question: « mais Jésus, Dans le Judaïsme, la sainteté consiste à vivre en état ne nous sépare-t-il pas ?» Après un temps de silence, d’union avec Dieu, à un point tel que quelle que soit le Rabbin me répondit: « Non, Jésus ne nous sépare l’action accomplie, nous ne venions jamais à nous pas si nous nous permettons un regard différent sur séparer de Lui ni à nous en éloigner. . - « Tout ce lui ».Un juif pose ce regard autre et nous dit: «Jésus que YHWH a dit, nous le ferons et nous y obéirons» est pour moi le frère éternel: I1 n’est pas seulement (Ex 24,7). Comment le peupIe d’lsraël peut-il le frère des hommes, II est aussi mon frère juif. Je s’engager à obéir avant même d’entendre ce que saisis la main fraternelle qu’il me tend pour que je le Dieu ordonnera, indiquera? Parce que Dieu ne suive. C’est la même main, dont nous savons qu’elle demande jamais l’impossible. II sait ce dont nous nous saisit tous. C’est la main d’un grand témoin de sommes capables. N’est-ce pas cette conviction qui la foi d’Israël La foi inconditionnelle, la confiance était au coeur des trois de Nazareth? absolue en Dieu-Pére, l’empressement à se soumettre totalement à la volonté de Dieu: voilà l’attitude que Jésus nous propose et qui peut nous ECOUTER EN AVANT réunir juifs et chrétiens Obéir, dit Rashi, commentateur juif du MoyenAge, c’est écouter en avant. C’est aussi aimer 7 UNE MANIÈRE DIFFÉRENTE DE DIRE LE SEIGNEUR EN CONCLUSION Nous sommes proches de tout homme, de toute femme qui cherche en vérité Dieu dans sa vie. Nous puisons au patrimoine le plus essentiel de l’humanité: sa quête de sens. Nous sommes tous des pèlerins vers une terre nouvelle et un ciel nouveau. Et nos chemins, quoique divers, se croisent car le Royaume est cet espace infini du Salut offert à tous. « Tout essayer pour le Christ. « tout espérer pour le Christ « écrit Pierre Teilhard de Chardin. Pour ce Christ Jésus, Verbe de Dieu, semence au coeur de toute humanité, de toute culture, notre spiritualité nous presse de travailler. Elle nous invite « à poser un regard plein de bonté et de douceur sur toute personne; à développer nos capacités d’accueil, de paix, de fraternité « (Point-rencontre 1997). Dieu aime le monde, Dieu aime notre humanité. Et l’Esprit est à l’oeuvre! S’ouvrir à la quête de l’autre, percevoir ce qui nous unit et nous différencie tout à la fois, est essentiel au dialogue pour que naissent l’estime et le respect réciproques...pour que naisse la paix. Nous lisons au début de l’Evangile de Jean : Jean le Baptiste dit: « Voici I’Agneau de Dieu », André dit: « Nous avons trouvé le Messie », Philippe: « Nous avons trouvé celui dont parlent la Loi de Moïse et les Prophètes » André et son compagnon appellent Jésus: « Rabbi, maître » et Nathanaël déclare: « Tu es le FiIs de Dieu, le Roi d’lsraël » Nous ne pouvons que balbutier Dieu. Chacun a une manière unique, personnelle de désigner Jésus et de s’adresser à Lui. A Jérusalem, l’Eglise de Jésus-Christ est présente en 13 confessions chrétiennes. C’est le seul lieu dans le monde où il en est ainsi. Ce n’est pas à la division qu’il faut être sensible. La diversité est bien plus importante que la division! Le Mystère du Seigneur est tellement riche qu’ aucune culture, aucune tradition... ne peut l’exprimer pleinement. Ces différentes approches du Mystère de notre Foi sont l’espérance d’une connaissance à venir plus plénière, d’une célébration plus riche de communion au Mystère révélé en Jésus de Nazareth. L’Unité ne peut être l’uniformisation des rites. L’oecuménisme, c’est permettre à l’autre de dire Jésus avec ses mots, sa culture, sa sensibilité. 8 UNE FAMILLE PARTAGE COMMUNION SANS FRONTIÈRES PAR SOEUR MARIE-HÉLÈNE MÉRIDIER “Le Bon Père n’a pas connu l’Oecuménisme mais il nous a donné un Charisme de communion.. Qecuménisme, dialogue interreligieux sont aussi un terrain pour la Sainte-Famille, pour rassembler dans l’unité les en,fants de Dieu dispersés.” Soeur Bernadette Taurinya, de la Communauté Contemplative de la Solitude profitant d’un passage d Reims, fait le point dans une interview avec Soeur Marie-Héléne Méridier, à propos de l’oecuménisme et du dialogue interreligieux. Membre de la Communauté apostolique de Reims (France), aujourd’hui âgée de 97 ans, Marie-Hélène au cours de la conversation a pu partager sa riche expérience personnelle et ses réflexions sur le sujet. Depuis son enfance et sa jeunesse, Marie-Hélène a été habituée à fréquenter sans préjugé des personnes de traditions religieuses différentes. Chez elle, c’était naurel de recevoir des gens de tout horizon. Sa famille comptait des amis juifs très aimés. Les vacances se passaient parfois chez des protestants et cela na jamais été un obstacle. Dans sa carrière de professeur, elle a rencontré d’excellentes élèves protestantes et juives, qui avaient une réelle soif d’apprendre. Aussi une fois à la retraite de l’enseignement, c’est très naturellement qu’elle s’est tournée vers les questions d’oecuménisme et de dialogue interreligieux. COMMENT APPROCHER L’OECUMÉNISME? Questionnée en quoi cette expérience avait renforcé son appartenance à I’Eglise Catholique, et quels liens elle établissait entre l’oecuménisme et sa vie de soeur de la Sainte-Famille, entre Charisme de la Sainte-Famille et Qecuménisme, Marie-Héléne répondait: « Cela ne m’a pas du tout séparée ! mais vous pouvez vous douter qu’à l’époque, dans la SainteFamille, quelques soeurs n’ont pas accepté que je fasse cela. Je me rappelle une soeur me disant, un jour que le faisais l’éloge de la prière protestante: «Et bien convertissez-vous au protestantisme ma soeur! » C’était ne rien comprendre du tout ,car si on veut s’occuper d’oecuménisme , II faut être prête à reconnaître et à profiter justement de ce que nous apporte les autres religions. C’est avant tout un esprit, une ouverture... Être à I’écoute de tout le bien que nous apportent les autres religions, et demeurer fidèles à notre propre religion,à notre propre appartenance ecclésiale. C’est cela qui est quelques fois un peu difficile d’ailleurs » A cette époque, elle réalise qu’il ne suffit pas d’avoir de la sympathie pour les autres religions. Elle entreprend une formation, des cours par correspondance à Lyon, à Paris, dans ce qui deviendra l’Institut Qecuménique. Là, elle fait la connaissance d’un Pasteur protestant, professeur de l’Institut. Ce dernier est un grand admirateur de son père, un universitaire, qui fut son professeur de grec. Finalement entre eux, une collaboration très active et des liens d’amitié se tissent. II lui propose de devenir sa secrétaire. Cette collaboration durera douze ans. En même temps elle continuera de recevoir un enseignement sur le Protestantisme, le Judaïsme, l’lslam et l’Orthodoxie. Sa position lui fera rencontrer les représentants de toutes ces confessions…des orthodoxes comme Olivier CIément, le Pére Huby, juif converti, devenu prétre catholique, qui donnait des cours sur le judaisme. UNE NÉCESSAIRE FORMATION Dans I’Oecuménisme II ne s’agit pas de renoncer à sa propre appartenance ecclésiale, mais i1 faut cesser de croire que les autres religions se trompent. « Non, elles nous apportent quelque chose de différent que nous n’avons pas dans l’Eglise Catholique». Une démarche authentiquement 9 oecuménique, c’est demeurer fidèle à son Église en reconnaissant la vérité que l’on a à recevoir des autres Eglises chrétiennes. «Quelques fois nous pouvons être troublées par la vérité de l’autre. C’est une forme de loyauté de reconnaître que nous n’avons peut être pas toute la vérité. C’est le point capital dans l’oecuménisme et qui est parfois difficile, parce qu’on peut être tentées d’abandonner sa religion. ». Pour opérer ce glissement de mentalité, MarieHéléne reste convaincue qu’ une préparation est nécessaire. L’oecuménisme nous demande un effort, celui de nous former et non de nous informer seulement. « Voyez-vous ma vie serait à recommencer, j’étudierais l‘histoire des religions.. Je pense que c’est difficile de se dire un jour: je vais m’occuper d’oecuménisme, quand on n’a pas été préparée à cela. Mais iI faut s’y engager... II est nécessaire de se former afin de respecter et de comprendre aussi que l’autre suit un autre chemin qui a toute sa valeur. Quand on pense qu’on a dit pendant des siècles: « Hors de l’Eglise point de salut » c’est monstrueux, alors que Jésus est mort pour toute l’humanité. Nous avons certainement un effort important à faire, mais il faut le faire. Et si nous cherchons la vérité, c’est dans la rencontre, le dialogue et l’estime mutuelle que nous la trouverons. LE CULTE DANS D’AUTRES CONFESSIONS Marie-Hélène apprécie particulièrement le culte Protestant. Elle trouve que les protestants nous apportent beaucoup par leur prière. « Ce que j’apprécie encore c’est le fait que chez les protestants, la démarche me paraît bien plus personnelle. Par exemple la confession publique qui a lieu parfois au début du culte, semble moins formelle et moins impersonnelle que le rite pénitentiel du début de l’Eucharistie chez les Catholiques. lien va de même de la communion. Dans ce que nos frères protestants appellent la Sainte Cène - l’Eucharistie pour nous - la dimension de partage est plus évidente. « A la messe, vous communiez “pour vous “. Au temple, au cours de la Sainte Cène, on vous donne une bouchée de pain et vous devez la partager avec votre voisin de gauche et votre voisin de droite. La dimension du partage d’un repas que l’on fait ensemble est plus manifeste qu’à la messe» . LES RELATIONS JUDÉOCHRÉTIENNES Questionnée sur ses rapports avec le Judaïsme, des souvenirs très prégnants remontaient à la mémoire de Marie-Hélène. Souvenir du Pére Huby, «Avec lui jeme suis rendue compte que le Christianisme n’aurait pas existé s’il n’y avait pas eu le Judaïsme. Nous sommes des héritiers du Judaïsme ». Personnellement, ajoutait-elle, j’ai beaucoup de sympathie pour le tempérament Juif. Les Juifs ont une curiosité d’esprit et une soif d’apprendre que nous n’avons pas, II faut le reconnaître et qui est très agréable quand on enseigne ». Elle a souvent été en mesure de le vérifier, puisque sa carrière de professeur de Français-Latin-Grec s’est déroulée à Neuilly, un quartier de Paris où vivaient beaucoup de juifs. Marie-Héléne acquiesçait volontiers aux propos de son interlocutrice, lorsque celle-ci suggérait, que cette curiosité d’esprit était peut-être liée à la façon typique des Juifs de lire la Torah, en questionnant le texte. “Il faut frapper le texte comme le forgeron frappe le fer et en fait jaillir des étincelles...” « Vous avez raison, ajoutait-elle, parce que enfant déjà, ils apprennent l’hébreu, qui est une langue difficile pour être en mesure vers I’âge de 12-13 ans de faire la Bar-Mitsva . J’ai fait un peu d’hébreu pendant deux ans pour me rendre compte de l’effort que cela représentait. J’ai vu combien c’est une langue difficile » A la retraite de l’enseignement, Marie-Héléne jouissait de pas mal de liberté. Chaque vendredi soir, elle allait à la Grande synagogue de Paris, pour l’ouverture du Sabbat. «J’y allais disait-elle, avec mon costume religieux. Je ne me suis jamais cachée. Un jour à la fin de l‘office, un groupe de femmes juives m’attendait à la sortie. Elles se sont approchées de moi et m’ont dit: « ma soeur permettez-nous de vous demander pourquoi vous venez à la synagogue?» «Je leur ai dit que j’avais deux raisons de venir à leur synagogue : la première parce que j‘ai eu de nombreuses élèves juives que j’ai beaucoup aimées et dont hélas certaines ne sont jamais revenues des camps d’extermination et combien c’était pour moi un devoir sacré de faire quelque chose pour que les chrétiens comprennent mieux les juifs. La deuxième raison, parce que les psaumes que vous chantez sont exactement les mêmes que ceux que j’ai dans mon livre de prière, et qu’il m’est agréable de les chanter avec vous, au lieu de les lire toute seule dans mon livre de prière». Elles m’ont très bien comprise, et à partir de ce moment là, j’ai été très bien acceptée. Le Rabbin lui même est venu me serrer la main, ili m’a dit: « ma soeur nous sommes très heureux d’ 10 accueillir une religieuse catholique, et il a ajouté: «avec son costume ! ». IIs ont apprécié que justement je ne cache pas mon identité. Dans l’oecuménisme II ne faut pas s’introduire en cachette ». m’empêcher de lui dire : «ce n’est pas trop dur d’observer le Ramadan par cette chaleur ? » Son visage s’est éclairé et il m’a dit: « Ah! ma soeur, pour Allah, qu’ est ce qu’on ne ferait pas avec joie ».Ce/a m’avait paru très éclairant et très beau ». ORTHODOXIE LA PRIÉRE INTERRELIGIEUSE POUR LA PAIX ET L’UNITÉ Des Eglises orthodoxes, Marie-Hélène préfère l’Eglise Orthodoxe Russe, qui a une très belle liturgie. Avec la permission du doyen de l’Institut Saint Serge, l’Institut de théologie orthodoxe de Paris, elle a participé aux Offices et fréquenté la Communauté Orthodoxe Russe... « Le Doyen, c’est quelqu’un en qui j’ai la plus grande confiance. C’est vraiment un prêtre. II est marié, père de famille, grand-pére, mais ce n’est pas un obstacle bien au contraire ! C’est ça qu’il faut que nous admettions aussi dans l’Eglise Catholique. que nous ayons affaire à des hommes mariés, pères de famille, grands-pères, sans que cela ne retire rien à leur valeur spirituelle et religieuse ». Marie-Héléne reconnaît que l’Eglise orthodoxe a beaucoup à nous apporter par exemple du point de vue du culte de la vierge. La Mére de Dieu, “la Théotokos”, est honorée d’une façon beaucoup plus vivante, beaucoup plus riche que nous ne pouvons le faire dans l’Église catholique. «J’ai suivi des cours d’Olivier Clément, aujourd’hui un pilier de l’Église orthodoxe. A l’àge de 20 ans, sans religion, iI se convertit et choisit l’Orthodoxie. Dans ses cours, II aimait répéter : Nous orthodoxes, nous allons à Dieu par le coeur, tandis que vous, catholiques, vous allez à Dieu plutôt par le raisonnement » Nous sommes cartésiens, nous raisonnons, tandis que les orthodoxes y vont par le coeur, c’est cela que j’aime beaucoup dans l’Eglise Orthodoxe ». ISLAM Questionnée par Bernadette pour comprendre comment elle avait approché l’lslam, Marie-Héléne, soulignait les très beaux passages contenus dans le Coran, et le sens de la prière chez nos frères et soeurs musulmans qui prient à tout moment de la journée et en n’importe quel lieu. « Quand j’étais à Paris, je travaillais au secrétariat pour l’Unité et à l’lnstitut Qecuménique et je me rappelle que l’on avait pris comme employés, des musulmans. Un jour, je suis arrivée, l’employé finissait le ménage des bureaux. C’était au mois de juillet, il faisait très chaud et je n’ai pu Quand les Eglises et les religions s’unissent pour Prier pour la paix, c’est un grand pas en avant. Dans cette ligne Marie-Hélène évoquait l’expérience d’un prêtre d’une paroisse de Reims, qui a inauguré une célébration de Dieu pour tous. Les croyants de toutes les confessions peuvent y participer, tous honorent le même Dieu. «C’est ce même Dieu qui désire la paix. Aussi la guerre au nom de Dieu est une erreur, parce que Dieu c’est le Maître pour toutes les religions. II faut penser que le même Dieu veut la même paix ». La prière de Marie-Héléne pour l’Unité, c’est d’entrer dans la prière de ses frères et soeurs qui ne sont pas catholiques, c’est comprendre cette prière et y participer autant qu’elle le peut. Aussi quand elle est arrivée dans la communauté de Reims, elle s’est organisée de façon à participer à la messe le Samedi soir, et au Culte Protestant le Dimanche matin. « Dans l’oecuménisme dit-elle iI y a des moments où iI faut avoir le courage de dire: “ce que je fais n’est peut-être pas admis par tout le monde, mais je crois que j’ai raison de le faire. Parce que je le fais, - avec bon sens me semble-t-il pour reconnaître la vérité des autres religions et pour recevoir ce que j’ai à recevoir d’elles ». Questionnée par Bernadette, sur le message qu’ elle aurait pour nous, Soeurs de la Sainte Famille, qui avons un charisme inclusif, un charisme par lequel on essaie de témoigner que la communion est possible dans un monde où, de plus en plus, la question de Dieu divise mais unit aussi dans une même prière pour la paix? Marie-Hélène répondait:... « chacune de nous peut à sa façon témoigner. Ma conviction très profonde, c’est que nous avons quelque chose à recevoir des autres. Nous ne savons pas ce que le Bon Pére ferait s’il vivait maintenant au milieu de nous, mais peut- étre nous dirait-il aujourd’hui: « votre devoir est d’essayer de comprendre la vérité que les autres peuvent vous apporter ». Le Bon Pére était un homme ouvert. II a montré, par la Famille spirituelle qu’il a fondée, qu’il était audacieux dans son temps ». 11 UNE ASSOCIÉE LAÏQUE DANS LA DIVERSITÉ COSMOPOLITE DE LONDRES PAR MARGARET HOLMES Je suis d’origine chinoise, convertie et j’ai épousé un professeur d’anglais, rencontré à Londres, pendant mes études de maîtrise. Je vis ici depuis mon mariage en 1971, alors que Londres était et demeure encore une immense ville cosmopolite, le creuset de bien des croyances, races et cultures. Je me sens chez moi ici, car étant née à Singapour, je retrouve ici la même diversité culturelle et ethnique. Il y a quelques années, j’ai fait mon engagement comme associée laïque en même temps que trois autres personnes de nationalités différentes :une Malaisienne, une Nigériane et une Irlandaise de la paroisse du Sacré-Coeur, de Kilburn à Londres. Le charisme de l’Association de la Sainte-Famille nous avait attirées. Au début, j’entretenais un peu d’appréhension à la pensée de ce que signifiait : être associée, mais mon anxiété a disparu quand je me suis rendu compte que cela n’exigerait pas de changement drama- tique dans ma vie. J’étais et je suis encore occupée à mon travail quotidien, de la même façon, comme enseignante (à la retraite depuis peu de temps), épouse (maintenant veuve), mère, maîtresse de maison, membre actif dans ma paroisse, bénévole à la CAFOD etc., sans aucune modification extérieure dans ma vie. Toutefois, un changement intérieur s’est produit en moi. Je suis devenue de plus en plus consciente du besoin «d’être famille» comme la Sainte Famille, de réfléchir davantage sur la parole de Dieu dans les Saintes Ecritures et de participer plus intensément à la messe quotidienne. Ce bouleversement intérieur a augmenté mon éveil dans ma façon d’entrer en relation avec les personnes, à la maison, au travail, dans les rencontres sociales et dans d’autres milieux. Sans qu’on me l’ait demandé, je m’arrête souvent pour réfléchir et me poser la question : « Est-ce que j’ai été fidèle à notre charisme : être famille ? « Ce questionnement a une répercussion sur mes paroles Margaret avec les enfants en train de préparer des cadeaux pour la Fête des lumières (diwali) et mes actions, car notre charisme n’est plus enseveli, mais il occupe la première place dans mon esprit, devenant ainsi partie intégrante de mon être. J’essaie de pratiquer l’inclusion, m’assurant que toutes les personnes présentes à un événement, se sentent accueillies et participantes à part entiére. Je me rappelle les moments de ma vie où, à tort ou à raison, je me suis sentie exclue et mise de cóté, parce que j’étais de race et de religion différentes ou encore, à cause de mon apparence. Ce n’était vraiment pas plaisant de se sentir une étrangére. A mon travail, comme enseignante dans une école de Londres, j’entre en relation avec des adultes et des enfarits de plusieurs ethnies dont les antécédents religieux et culturels sont très diversifiés. En ce moment, je travaille à temps partiel dans une école qui reçoit des enfants de trente groupes raciaux et ethniques différents, et qui s’expriment en autant de langues.... II est donc difficile pour les enfants et les parents, qui ne parlent pas anglais, de faire connaître leurs besoins. Parfois, seule mon apparence orientale a suffi à rassurer parents et enfants qui arrivaient de l’Extréme Orient. 12 LE DIALOGUE DES RELIGIONS COMMUNAUTÉ CONTEMPLATIVE DE NAGODA Maison des Contemplatives à Nagoda Depuis quelques années, notre petite île du Sri Lanka, est un champ de bataille et de violence! Toutefois, nous ne devons pas oublier qu’elle a toujours été le foyer des quatre grandes religions du monde: le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le christianisme. Notre communauté contemplative est située dans un milieu où le catholicisme prédomine. Nous n’avons pas de contact direct avec nos frères et soeurs des autres religions. Notre dialogue et notre communion avec eux se situent à un autre niveau. Voici quelques expériences individuelles ou communautaires que nous avons vécues. LE BOUDDHISME Le peuple sri lankais est en majorité bouddhiste. Durant les jours de pleine lune (poya), quand nous commençons notre prière du matin, nous entendons sonner les cloches et les chants (gathas) des moines, venant du temple non loin de notre maison. Nous nous sentons invitées à entrer en communion profonde avec tous nos frères et soeurs bouddhistes en offrant notre prière de louange à notre seul et unique créateur, Père de nous tous, en qui nous avons l’être et la vie. A certains moment, les chants se font entendre toute la nuit (pirith) Les soeurs qui par hasard, se trouvent à la prière nocturne, l’offre en union avec eux, y joignant un profond désir que Jésus Christ leur soit connu. Ce temps est un moment trés fort de communion consciente avec eux. prière communautaire et à l’Eucharistie. L’homélie de ce jour rappelle les vertus du Bouddha, qui peut être considéré comme un prophète envoyé à notre peuple pour lui prêcher la compassion, le renoncement et la recherche constante de la vérité. Il y a quelques années, nous avons eu l’occasion de visiter un ashram bouddhiste. L’atmosphère de silence qui y régnait pour la méditation et la prière nous a frappées. Les cellules, où les moines passent le temps de la méditation, et tout ce que représente un ashram ne parle que d’ascèse de vie et de l’aspect fugitif, transitoire des choses. Notre visite a été, pour nous, un appel au détachement! Un rappel que DIEU SEUL EST! L’HINDOUISME L’hindouisme et la culture tamoule sont intimement liées et certaines valeurs de l’hindouisme sont profondément enracinées dans les chrétiens tamouls. Le premier et le plus noble élément de cette religion est l’expérience de Dieu que recherche l’hindou. Cette expérience est transmise par les écritures hindoues: la Bhagavad Gita et les Upanishads. Nous aussi trouvons que ces livres suscitent l’inspiration. Ce n’est pas seulement la prière qui importe, mais l’endroit où une personne prie. Selon Gita, cet endroit doit être propre, sans cailloux ni gravier; de plus, le «son» de l’eau qui coule favorise la concentration de l’esprit. Notre vie, toute orientée vers la prière, a aussi besoin d’un endroit semblable, d’une telle ambiance faite de silence, de solitude afin de demeurer à la Source. Le sens du sacré, en tout, est très fort dans la vie d’un hindou. C’est pour nous un rappel de la Vesak, la plus grande fête bouddhiste célèbre la présence de notre Dieu partout et une invitation à naissance, la mort, et l’ atteinte du Nirvana du marcher sur cette terre avec un grand respect envers Seigneur Bouddha. Cette fête est rappelée dans notre tout ce qui existe. 13 LE PARTAGE DES RITES ET DES SYMBOLES Dans l’hindouisme, les rites et les symboles sont très importants et imprégnés de signification. C’est bénéfique pour nous d’en intégrer quelques uns dans notre adoration, en leur donnant une signification chrétienne. Par exemples: joindre les mains, toucher le sol avec le front; l’encens, la lumière, les fleurs et les fruits. Joindre les mains au-dessus de la tête, est la reconnaissance de Dieu comme créateur et nousmêmes comme créatures; les mains join tes signifient en plus que la personne se tient devant Dieu sans arme, ni orgueil, ni vanité. Les mains jointes symbolisent aussi la communion intime entre l’adorateur et Dieu: une main représente Dieu, l’autre l’adorateur. La grande prostration sur le sol est un geste de profonde humilité, la reconnaissance que nous sommes poussière en face du créateur Quelques uns de ces gestes ont une grande signification pour nous et nous les adoptons dans notre adoration et le culte que nous rendons à Dieu. pour aller prier à la mosquée. Nous avons observé jeunes et aînés, riches et pauvres en prière : leurs gestes expriment leur foi et leur dévotion à Allah. Le vide à l’intérieur de la mosquée, le bassin rempli d’eau à l’entrée pour la purification avant l’adoration et la signification profonde, qui se cache derrière ces signes.. .tout cela se rapproche de notre climat de solitude, de l’esprit du désert et de la pureté de coeur dont nous avons besoin afin de grandir dans notre vie de contemplation. Par ces expériences, si petites soient-elles, nous apprenons à nous ouvrir, à admirer et apprécier tout ce que nous avons en commun avec nos soeurs et frères non chrétiens. Nous vivons, avec une conscience accrue notre don de COMMUNION dans un sens beaucoup plus large. Nous portons les pratiquants des autres religions dans notre coeur en vivant notre mission d’intercession. « Avec le Christ, nous nous offrons au Père, pour l’humanité entière dans l’assurance que l’Esprit la transforme dès aujourd’hui et la conduit vers sa plénitude. (const. art. 30) Ouvertes à nos soeurs et frères de diverses religions, nous nous rendons compte que nous sommes toutes et tous des compagnons en pèlerinage vers le Tout Puissant, chercheurs de la Vérité, assoiffés d’Absolu, aspirant à vivre en communion avec LE SEUL SAINT! Nous nous joignons à nos frères et soeurs hindous pour la célébration de quelques unes de leurs fêtes, qui se prêtent facilement à une signification chrétienne. Deepa valx, la fête de la lumière, célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres. Cette célébration nous unit intimement à eux, car nous remercions le Christ, lumiére qui éclaire chaque être humain qui arrive en ce monde; de plus, nous fêtons Jésus, vainqueur des ténèbres du péché par sa mort et sa Résurrection. Thaipongar, la fête de la moisson, est une autre occasion où nous nous sentons en communion profonde avec nos frères et soeurs hindous, un jour spécial pour rendre grâce à notre créateur, qui nous donne tant de bonnes choses. Oui, nous sommes tous pèlerins. Toutefois, un fait demeure: nous, chrétiens, nous sommes bénis, nous avons reçu le don de la toi et nous sommes envoyés, chargés d’une mission et d’une responsabilité Nous devons reconnaître la semence de la Parole...selon la spécificité de nos appels et de la manière qui nous est propre, nous Un des aspects de la vie de nos soeurs et frères de sommes interpellés(es) à devenir des instruments l’islam, qui nous a frappées est leur fidélité. Nous afin que cette parole porte du fruit. allons à Colombo pour acheter le matériel pour notre travail la confection d’ornements liturgiques. Aux environs des magasins se trouve une grande Que l’Esprit de Dieu Seul qui animait Jésus, Marie et mosquée. Le vendredi, nous avons été témoins de Joseph, le zéle qui habitait leur coeur pour leur ponctualité à fermer leur boutique de 12h à 14h l’établissement de la Famille de Dieu, soient nôtres, jour après jour, en poursuivant notre pèlerinage. - 14 UNE SÉCULIÈRE CONSACRÉE DANS LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX LE DÉFI Le Christ a voulu que l’Église soit signe de communion pour toute l’humanité et II nous a demandé de nous aimer les uns les autres comme Lui-même nous a aimés. Membres de l’Église, nous faisons nôtre son désir de réconciliation et d’unité pour promouvoir la fraternité universelle. (Const. de l’Institut séculier de la Sainte-Famille, art. 70). Mon pays, I’Afrique du Sud, est une société multiculturelle et multireligieuse où se côtoient chrétiens, hindous, bouddhistes, musulmans, juifs et plusieurs religions traditionnelles africaines. La constitution du pays inclut la « Liberté de religion » comme un de ses principes fondamentaux. L’Afrique du Sud est une démocratie débutante, alors un grand nombre de personnes luttent pour la paix, l’unité et la compréhension parmi les gens. C’est un travail gigantesque qui peut aboutir seulement par la foi, l’espérance, l’amour et la confiance en Dieu, qui a sauvé le monde. IMPORTANCE DE LA PRIÉRE La prière est essentielle pour que les personnes du monde entier changent leurs attitudes les unes envers les autres et deviennent une Famille. L’article 53 de nos constitutions dit ce qui suit: « Notre prière au coeur du monde maintient vivante et vraie, notre insertion. Elle est à la fois écoute de la vie de Dieu en nous et écoute du monde pour y découvrir la présence du Dieu Sauveur et Maître de l’Histoire. Unie à celle du Christ, elle nous fait chercher le dessein du Père dans les réalités concrètes où nous sommes engagées, et nous permet de découvrir leur signification pro fonde et véritable». Notre Saint Père, le Pape Jean-Paul II, dans son Exhortation apostolique: Vita Consecrata, art. 100ss, nous dit ceci: « La prière du Christ à son Père avant sa Passion pour que les disciples demeurent dans l’unité (cf Jn 17, 21-23) se Prolonge dans la prière et dans l’action de l’Église. Comment ceux qui sont appelées à la vie consacrée pourraient-ils ne pas se sentir concernés? La blessure de la désunion encore existante entre ceux qui croient au Christ et l’urgence de prier et de travailler pour promouvoir l’unité de tous les chrétiens ont été vivement ressenties au Synode. Par ailleurs, le fossé qui s’élargit entre les chrétiens et les non chrétiens doit aussi nous inciter à prier ». « LE DIALOGUE DES ŒUVRES » Chacun(e) de nous devons prendre la responsabilité de promouvoir l’unité et la paix. Celle tâche n’est pas facile, mais notre Saint Père nous incite «à témoigner par une vie pauvre, humble et chaste, pénétrée d’amour fraternel pour tous ». II nous invite à franchir les barrières et à entrer en dialogue avec les personnes de croyances et de religions diverses. « La collaboration, avec les personnes de traditions religieuses différentes, trouve un autre champ d’action dans la sollicitude commune pour la vie humaine, qui va de la compassion pour la souffrance physique et spirituelle à l’engagement pour lajustice, la paix et la sauvegarde de la création». Où la chose est possible, les personnes consacrées chercheront l’entente avec les membres d’autres religions, dans le « dialogue d’oeuvres » qui ouvre la voie à un partage plus profond. La recherche et la promotion de la dignité de la femme est aussi un domaine particulier pour une rencontre active avec les personnes d’autres traditions religieuses. Notre Fondateur, Pierre Bienvenu Noailles, a vécu au dix-neuvième siècle, en France. II est marqué par son époque, et ses écrits en portent la trace. Dans cette période post révolutionnaire, il fut un des architectes de la reconstruction de l’Église de France. Son charisme est fondé sur la Sainte Famille de Nazareth, qu’il propose comme modèle.. 15 Sans aucun doute, nous pouvons espérer être imprégnées de ce qui est écrit dans nos constitutions et permettre à ces écrits de devenir vraiment notre manière de vivre. Ne laissons aucune pierre immobile, mais remuons toutes celles que nous rencontrons afin de vivre selon ces écrits. En même temps, puisse le Seigneur La définition la plus courte que le Bon Père remplir notre coeur de douceur, de simplicité et donnera lui-même du Charisme est celle-ci: d’amour pour toute l’humanité. Le fils de Dieu est venu sur la terre pour y fonder une Sainte Famille et il a voulu que les trois premiers membres de cette Famille, Jésus, Marie el Joseph, servent de modèles à tous ceux qui devaient en faire partie” Pèlerinage de la Sainte Famille 3.4 fiche 40. “L’esprit de la Sainte-Famille se résume tout entier dans ce mot: charité De nombreuses difficultés tissent le quotidien Lettre à la Mère Chopot 31 Août 1857 Textes de plusieurs parmi nous, mais, Jésus nous Choisis N° 196. demande de les dépasser afin d’être « attentives à ceux qui nous entourent et dont nous nous sentons proches. Nous sommes disponibles pour répondre à leurs besoins, nous les acceptons tels qu’ils sont avec leurs richesses et leurs limites el nous nous laissons interpeller par eux. Solidaires de Dans la préface des Règles Générales de 1851, notre milieu, nous cherchons comment notre Fondateur dit qu’à certains moments, iI est promouvoir la justice, la charité et la vérité nécessaire de « bâtir sur un nouveau sol et dans nos relations avec les hommes (art. 66) choisir avec discernement dans les anciens édifices, les pierres qui pouvaient seules Au début de ce troisième millénaire, l’Église convenir à celui que nous voulions élever ». tout entière doit sentir profondément la Notre Fondateur s’il vivait au vingt et unième siècle désirerait que tous les membres de sa Famille aient le coeur rempli de compassion et d’amour pour tous les êtres humains, peu importe leurs croyances. Ne serait-ce pas le temps pour nous, séculières consacrées, « d’aller de l’avant», en cherchant le dialogue et l’unité avec les personnes d’autres religions? La tâche ne sera pas facile...nous aurons besoin de nombreuses grâces, particulièrement, celles du courage, de la fermeté ou force d’âme pour oser nous aventurer sur de nouveaux terrains. L’article 65 de nos constitutions exprime ceci: « L’amour de Dieu, source de tout amour se responsabilité d’obéir au commandement du Christ: « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne nouvelle à toutes les nations ». Ainsi, chacune de nous, dans notre milieu, nous pouvons relever ce défi en y répondant librement. Comme individu, on ne nous demande pas de nous tenir debout sur des tribunes improvisées et proclamer l’évangile, mais tranquillement, simplement, doucement d’évangéliser par notre fidélité à la Parole et par notre exemple... dans notre ville, notre pays; auprès de toute personne que nous rencontrons. En guise de conclusion, voici une pensée de notre Fondateur. « Si Jésus, Marie et Joseph manifeste dans l’amour des frères. II nous fait vivre en communion et trouver une complémentarité avec eux. Conscientes de ce don, nous voulons le rayonner et l’incarner dans notre milieu familial et étaient à ma place, que diraient-ils, comment social ». agiraient-ils ? » 16 Que naissent les colombes! 17 NOUVELLES DE FAMILLE ASSOCIÉS/ES Préparation de l’Assemblée Générale Martillac, la Solitude 17-22 août 2002 Le Comité d’organisation de l’Assemblée Le Comité Intercontinental des Associés/es laïcs a décidé que, pour des raisons pratiques, I’Europe serait chargée de la préparation de l’Assemblée Générale du mois d’Août 2002. Une équipe préparatoire a été constituée avec trois Associés, représentant les trois langues officielles de la Famille: Bert Suffield (Angleterre), Antonio Garrido (Espagne), Émile Boher (France), ainsi que Marie Carmen Vilardell, Conseillère Générale de l’lnstitut Religieux. La première rencontre de travail de l’équipe a eu lieu à Madrid (Espagne) en novembre 2001, et plus récemment une deuxième rencontre se déroulait à Rome, à la Maison Générale, du 22 au 24 Février 2002. Pendant les séances de travail, Soeur Teresa Cabo assurait la traduction et dans ses temps libres, chacun cherchait dans les profondeurs de sa mémoire les quelques mots d’Anglais, Français ou Espagnol qu’il pouvait encore tirer de l’oubli! Rencontre de la Coordinatrice d’Europe avec les représentants des Comités Nationaux Au mois d’Août 2001, avait lieu la rencontre de la coordinatrice pour l’Europe, Madame Maïté Dorronsoro, avec les représentants des Comités Nationaux du Continent. C’est l’lrlande cette fois qui accueillait les différentes Délégations. La rencontre s’est tenue à Dublin. Les participants abordèrent plusieurs aspects relatifs à l’élection du Coordinateur Européen, à la marche des Associés dans les différents pays, et surtout des thèmes en lien avec l’Assemblée Internationale qui aurait lieu au mois d’Août prochain. C’est au cours de cette rencontre que furent nommés les membres de l’équipe de préparation de l’Assemblée Internationale. Le groupe, composé de 15 personnes, était très reconnaissant envers les soeurs Apostoliques d’Irlande, pour leur accueil chaleureux, la bonne organisation de la rencontre et pour le choix du lieu particulièrement beau et tranquille. Ils étaient conscients que, au-delà des barrières imposées par les différentes langues, ces jours passés dans une ambiance si familiale et si agréable, les avaient beaucoup aidés à mieux se connaître et à renouveler leur désir de continuer à avancer dans leur mission de « Faire Famille », comme le souhaitait le Bon Père. À tout cela il fallait encore ajouter le plaisir de découvrir quelque chose de la belle et verte Irlande. 18 L’EVOLUTION DES PRÊTRES ASSOCIÉS PAR SŒUR MARGARET ROSE JAYASINGHE AU SRI LANKA (DE 1993 A 2000) LES COMMENCEMENTS RÉPONDRE À UN APPEL Après avoir fait la session de spiritualité à Martillac, en avril 1991, Sr Margaret Rose de la province de Colombo s’est sentie appelée à promouvoir davantage la vocation de prêtres associés de la Sainte Famille dans son pays. Elle a été inspirée par la vision du Fondateur qui avait fait une tentative de fonder, dans son Association, une branche pour les prêtres. Pendant qu’elle travaillait dans un orphelinat, elle était en relation avec plusieurs prêtres qui soutenaient son travail. Quelques uns ont partagé leurs expériences avec elle, ce qui l’a encouragée à travailler davantage au développement des prêtres associés au Sri Lanka. Dans son compte rendu sur l’évolution de ce ministère, S. Margaret Rose souligne sa gratitude envers les personnes qui lui ont apporté soutien et encouragement: ses deux provinciales, Sr Euphrasia Rodrigo et Sr. Kumudini Dassanyake ; Sr Joy Smith, Sr Josephine Mendis, toutes deux décédées et Sr. Margaret Muldoon, qui lui a suggéré de décrire l’évolution de son expérience au service des prêtres à partir de 1993. Soeur Margaret Rose décrit elle-même commencement et l’évolution du projet. le « Ce projet a été présenté à un prêtre en 1993, aujourd’hui, il est engagé comme prêtre associé. En 1995, j’ai travaillé avec des prêtres de tous les diocèses en étant coordinatrice de la promotion des vocation. Ce fut la deuxième occasion de présenter notre spiritualité aux prêtres que je sentais capables de relever le défi: tout en vivant profondément leur propre vocation sacerdotale, de découvrir un autre appel à l’intérieur de leur premier appel à devenir prêtre diocésain ». (A un autre moment, j’ai été poussée à présenter cette spiritualité aux séminaristes à Marawila (diocèse de Chilaw). Ils ont très bien répondu, nous avons eu des sessions tous les mois; ils célébraient la fête du Fondateur et son anniversaire de façon créative. Le directeur actuel du séminaire poursuit son discernement; il a bon espoir de faire son engagement bientôt ». LES ÉTAPES DE DÉVELOPPEMENT DU PROJET Première Étape Visites aux prêtres individuellement; à ceux que notre spiritualité intéresse, parler de la vision de notre fondateur deuxième Étape Leur fournir de la documentation: Guide spirituelle pouraujourd’hui, Sur ses pas, des dépliants sur l’Institut; correspondre avec eux de façon régulière. Troisième Étape La visite de Joy Smith et Josephine Mendis pour la rencontre des Associés à Wennappuwa nous a donné le privilège d’organiser notre PREMIEPE RENCONTRE DE PRÊTRES ASSOCIÉS, le l5 juillet, 1996. 19 Nous avons réfléchi sur l’histoire des prêtres associés et sur l’article 4 des statuts des associés. Une autre rencontre a suivi; nous nous sommes entendus pour une rencontre par semestre.. .huit rencontres ont eu lieu de 1997 à 2000 Les thèmes sur lesquels nous avons réfléchi sont les suivants: • La vie de P.B.N. comme séminariste prêtre, et ses expériences personnelles. • Le point de rencontre SF- vie de la Sainte Famille à Nazareth. • La Sainte Famille, Germe de l’Église. • Dieu Seul, vécu par Jésus, Marie et Joseph. • Les expériences vécues par Sr Euphrasia Rodrigo et le Père Deverajaha à la journée de la Famille du chapitre de 1999. Pour la première fois, un prêtre associé participait à notre journée de famille. • Les art.1 2,3 des constitutions pour aider les prêtres à réfléchir sur I’identité des prêtres associés de la Sainte-Famille. • Leurs impressions le jour où six prêtres ont fait leur engagement et deux autres l’ont renouvelé pour la première fois. Quatrième Etape A Wennapuwa et Nagoda (5juin, l8juin 2000) L’identité du prêtre de la Sainte-Famille a été réfléchie, discutée et formulée par les membres du groupe. A cette étape, nous avons aussi réfléchi en équipes , selon le rythme du travail. Les soeurs contemplatives de Nagoda nous ont soutenus silencieusement dans cette mission par leur prière; et nous avons apprécié leur contribution. LA SITUATION EN NOVEMBRE 2000 Prêtres engagés………... 9 En discernement………..8 A l’étape de contact…….3 En recherche……………1 Sr Margaret Rose mentionne aussi que plusieurs prêtres ont décidé d’arrêter quand ils étaient à l’étape de contact, mais elle ajoute aussi « Nous sommes heureux(euses) de transmettre les valeurs et l’esprit de la Sainte-Famille dans les paroisses et centres où sont les prêtres de la Sainte-Famille. A partir de 2001 nous espérons travailler avec 4 autres de nos prêtres ainsi que les populations dont ils s’ occupent » Un programme est au point pour les jeunes hommes, dans les séminaires de Haputale et Marawila, pour les jeunes couples afin de bâtir la famille à Madampe Chilaw, Katuneriya et Wennappuwa. Puisse notre fondateur, qui a été l’inspirateur de celle mission avec les prêtres et les personnes dont ils s’occupent, nous guider dans l’avenir. Puisse-t-il inspirer plusieurs soeurs de divers pays, à continuer ce travail afin que nous puissions témoigner du «VISAGE FAMILIAL DE DIEU » dans l’Eglise. 20 LES JEUNES DE LA SAINTE-FAMILLE S’ENGAGENT COMME ASSOCIÉS LAÏQUES PAR SŒUR MARY TERESA MOKHOTHU AU LESOTHO Le dimanche 7 mai 2001, la mission de Loretto au Lesotho a été témoin d’une cérémonie solennelle et inoubliable. En effet, ce jour là. vingt jeunes filles faisaient officiellement leur promesse de vivre selon l’esprit et les valeurs de la Sainte-Famille. Membres d’un groupe d’une quarantaine de jeunes, elles avaient été jugées prêtes à assumer cet engagement. Jusqu’à maintenant, seulement deux filles d groupe des jeunes s’étaient engagées comme membres des associés laïcs de la Sainte Famille. la façon traditionnelle des Associés de la SainteFamille. A leur tour, toutes les jeunes alignées dans le sanctuaire, allumaient aussi leurs cierges au cierge pascal et chacune, solennellement, prononçait sa propre promesse de vivre la vie des jeunes Associées de la Sainte-Famille. Après cette proclamation, une à une, elles montaient à l’autel pour apposer leur signature à la promesse qu’elles venaient de faire. Ce moment d’engagement devant la communauté paroissiale et devant la Présidente Nationale, Soeur Marie Theresa Mokhothu fut très solennel et impressionnant. Theresa concluait la cérémonie en présentant à chacune des jeunes filles un insigne de la SainteFamille. Le groupe recevait aussi une Bible et les Statuts des Associés pour les guider et les nourrir. Cette célébration fut tellement impressionnante que le représentant de la mission de Loretto demandait au comité national que les jeunes de Loretto reçoivent la formation et soient incitées à suivre l’exemple du groupe qui venait de faire sa promesse solennelle dans la Sainte-Famille. La cérémonie s’est déroulée durant l’Eucharistie présidée par le Père Lawrence Mokete Moeketsi, o.m.i., qui rendait visite à la mission et prêchait une retraite aux catéchistes de la paroisse. Ce matin-là, une brève description de la SainteFamille et de la vie de notre fondateur, Pierre Bienvenu Noailles, était donnée par Madame Mary Rampoba, à tous les membres de la communauté paroissiale présents à la messe. lmmédiatement après, soeur Rosa Mary Chaka, animatrice du groupe, présentait les jeunes aux membres du comité national. Madame Elizabeth Masechaba Masoabi, viceprésidente du comité, s’assurait auprès de l’animatrice du groupe que ces jeunes avaient bien reçu une formation appropriée, et assimilé les Pleine d’espérance Soeur Mary Theresa exprimait ce éléments importants de la spiritualité ainsi que les voeu: « Nous espérons que ce groupe aura un impact valeurs de la Sainte-Famille. significatif sur la vie des Basothos et nous prions pour que ces jeunes réussissent à vivre en suivant Ensuite, le Président Continental des Associés, l’exemple de Pierre Bienvenu Noailles. C’est notre Bernard Thabo Moeketsi, allumait son cierge au désir de recevoir plus de garçons et de filles dans le cierge pascal et renouvelait son engagement, selon groupe des jeunes afin que l’esprit du Fondateur se répande toujours plus dans le pays» 21 L’INSTITUT RELIGIEUX ESPOIR POUR LES ENFANTS DE LA RUE Un rêve est devenu réalité pour Soeur Margaret Bradley, de la province Britain Irlande. En effet, elle a réussi à faire publier un livre de ses poèmes... «Espoir pour les enfants de la rue». Son rêve a débuté en1998 après la lecture, dans un journal quotidien, d’un article: «Children of the Sewers» « Les enfants délaissés». A ce moment-là, elle a été inspirée d’écrire un poéme qui attirerait l’attention sur le sort réservé à ces enfants et aiderait à une prise de conscience plus grande de leurs immenses besoins. Margaret a aussi décidé ceci:quand elle prendrait sa retraite de l’enseignement, elle rassemblerait, dans une anthologie, tous ses poémes, écrits pendant quarante ans ; elle les ferait publier et toutes les recettes serviraient à aider les enfants de la rue. LES PROGRÉS D’UN POÈTE «Au fil des ans», nous dit Margaret, « je suis restée en contact avec divers groupes et personnes, intéressés à la poésie. Je leur faisais parvenir des copies de ce que j’avais écrit afin de recevoir des commentaires et de la critique constructive. J’ai appris bien des choses et j’ai reçu beaucoup d’encouragements de la part de tous». Sa propre famille l’a vivement soutenue et lui a permis de se servir de « matériaux» provenant de l’expérience accumulée par plusieurs génération de cultivateurs dans la campagne Irlandaise. Ses collègues de l’école lui ont aussi manifesté beaucoup d’intérét. LA PUBLICATION DU LIVRE Afin d’éviter les longues démarches pour trouver un éditeur, Margaret a décidé de faire imprimer l’anthologie à compte d’auteur. Ayant trouvé un éditeur qui lui convenait: NEELB’s (North Eastern Education and Library Board) elle a fait imprimer Ce garçon transporte 12 fois son propre poids mille exemplaires au coût de £ 1,700 sterling. Pour payer ces frais, elle a dû chercher des commanditaires afin d’assurer le projet. Margaret a rédigé une lettre; elle l’a expédiée aux banques et commerces, présents dans son environnement et à l’administration provinciale de la SainteFamille...Grâce à la générosité de tous, l’argent nécessaire a été recueilli. FAIRE LA PROMOTION ET VENDRE LE LIVRE Une de ses amies, qui travaille dans une maison d’édition, a suggéré à Margaret de faire un lancement officiel. A sa demande, Margaret a entrepris de le faire. Le propriétaire d’un restaurant. «Marys Lounge» a mis à sa disposition cet endroit en offrant gratuitement, à cette occasion, thé et café. Cet événement a eu lieu le 11 septembre, 2001. Comme le dit Margaret. « Nous lancions de «l’ESPOIR», tandis que dans une autre partie du monde, d’autres personnes étaient les auteurs de désastres et semeurs de désespoir .. Les gens sont venus nombreux au lancement. 22 Toutes nos communautés ont reçu un exemplaire du livre et elles ont répondu généreusement. La communauté de Margaret et sa famille ont joué le rôle d’agents des ventes. Des exemplaires ont été placés dans quatre écoles des environs et Margaret est allée dans certaines pour parler des enfants de la rue. Le responsable du secteur poésie de sa maison d’édition a joint la « BBC Radio Ulster », demandant aux journalistes de communiquer avec l’auteur afin de l’interviewer. Cette entrevue a fait surgir un torrent de nouveaux contacts, de ventes supplémentaires et de nouveaux encouragements au sujet des poèmes. «Alors, maintenant» ,dit Margaret, « il ne nous reste que quelques livres». Un généreux donateur a même versé £ 400 pour qu’une seconde édition suive. «Je n’ai pas choisi la Colombie; la Colombie m’a choisie ». Quinze jours avant la date fixée pour son retour en Angleterre, Peter n’avait plus d’argent, il A QUOI A SERVI L’ARGENT? pouvait se payer de la nourriture seulement tous les Le profit des ventes, toutes dépenses payées fut de deux jours. Les enfants de la rue se sont liés d’amitié £6000. Je me faisais un grand souci au sujet de la avec lui; ils partageaient leur frugal repas et ils lui manière la plus sûre de disposer de cet argent, et indiquaient les endroits où iI pouvait dormir en entre les mains de quelles bonnes personnes? La sécurité, la nuit. Peter a été très impressionné par leur Providence a fourni les contacts nécessaires au bonté. moment le plus opportun. A son retour en Angleterre, il a rendu visite à Au cours d’une rencontre avec le groupe des l’archevêque, en lui demandant qu’est-ce que «Apostolic Workers», on a lu une lettre venant de Sr. l’Église faisait pour aider ces enfants? L’archevêque Anne Fernandes, qui travaille avec les enfants de la lui a expliqué ce que faisait l’Église pour les rue à Bombay. Je me suis informée sur le soutenir. II a également assuré à Peter que beaucoup magnifique travail que la soeur accomplit, de gens en Colombie leur apporte sans doute de principalement auprès des filles. Je lui ai fait par- l’aide et il a ajouté cette parole, une véritable flèche: «Dieu te demande peut-être de faire quelque chose venir un don. pour les enfants de la rue». Peter est parti et il a Une autre personne m’a mise en communication réfléchi aux paroles de l’Archevêque. II a commencé avec un prêtre salésien qui s’occupe des enfants de à recueillir de l’argent pour les enfants de la rue. A la la rue, cette fois, des garçons, à Cape Town, en période des vacances, il est parti pour la Colombie, où il a travaillé avec les Pères Salésiens. Afrique du Sud. Impressionné par le témoignage de l’Eglise catholique en Colombie, il se convertit au Le troisième contact est venu de la lecture d’un article d’un magazine, que j’ai ramassé à l’église. catholicisme et, en 1995, II a été ordonné prétre: L’auteur raconte une histoire prenante d’un jeune Depuis, Peter travaille avec les enfants de la rue». étudiant anglais, Peter Walters, appartenant à la Peter a reçu un don: £ 2 000 pour développer son magnifique travail. Margaret espère avoir la religion anglicane. Peter est allé en Colombie durant possibilité de le rencontrer un jour, en Angleterre, où ses vacances. L’histoire mérite d’être racontée au il vient trois fois par an. complet; je laisse la parole à Margaret : 23 LA VIE D’UNE ÉGLISE OECUMÉNIQUE AU CENTRE D’UNE VILLE DU ROYAUME-UNI PAR MARY SLAVEN Depuis plus de trois ans, je fais partie de l’Équipe Pastorale de l’Église du « Christ Pierre Angulaire » et dans l’ensemble, je trouve cette mission àla fois stimulante et encourageante. Stimulante, parce que c’est un champ apostolique tout à fait nouveau pour moi, encourageante, parce que de nombreuses personnes animées de fermes convictions, totalement disponibles s’impliquent dans ce travail oecuménique. MILTON KEYNES, UNE VILLE NOUVELLE dans l’église oecuménique, aussi bien que dans l’église du villages dont il a la charge, et moi-même. A part le prêtre nous sommes tous des ministres à plein temps. Je suis le seul ministre non ordonné. Pratiquement la seule différence entre nous, c’est que je ne peux pas célébrer l’Eucharistie. Pour le reste je partage en tout les mêmes responsabilités, assurant à mon tour la prédication, présidant les célébrations, organisant les services, travaillant avec les différents comités et participant à d’innombrables réunions! UNE PREMIÉRE DATE « REPÉRE » L’Église dans laquelle je travaille existe seulement depuis dix ans, mais les communautés qui maintenant se réunissent dans ce lieu pour prier ont approximativement vingt-cinq ans. Avant même qu’elles aient une église proprement oecuménique, il y avait à Milton Keynes des assemblées de prière communes. Les gens avant se rencontraient et priaient dans la bibliothèque publique, ils disposaient d’une pièce à leur usage. La ville, en soi, n’a que 25 ans seulement et elle fait partie des toutes derniéres villes nouvelles du Royaume-Uni. Elle continue de s’étendre semaine après semaine. Le centre, où se dresse l’église, est une zone peu résidentielle qui abrite le coeur administratif, les commerces de détails, et les lieux de loisirs. En général, la population réside dans les nombreux petits villages anciens qui entourent la nouvelle cité. Ces petits villages continuent de se développer car de nouveaux logements sont construits autour de ce qui, en d’autres temps, constituait le centre. Dans I’ensemble, le tout a été conçu avec goût et demeure assez attirant. Ce week-end nous allons célébrer le l0e anniversaire de la consécration de l’Église. II y a 10 ans cette célébration fut véritablement un événement historique. Elle eut lieu en présence de la Reine et le sermon fut prêché par le Cardinal Hume. C’était la première fois depuis la Réforme qu’un Prélat catholique prêchait en présence du Monarque, un véritable événement. Pour le 10° anniversaire i1 n’y aura pas de présence royale et devinez qui fera l’homélie ?... Moi-même ! Quel contraste! LES PAROISSIENS Comme l’église est située dans le centre de ville où très peu de gens vivent, ceux qui viennent à l’Église en semaine sont assez différents de ceux qui participent le week-end. En semaine l’assemblée est formée surtout de commerçants, de fonctionnaires de l’administration publique, d’employés de bureaux, de banques, des vendeurs. En fin de semaine ce sont surtout les gens qui viennent des villages environnants. Ceux qui fréquentent l’Eglise pendant la semaine constituent une population L’ ÉQUIPE DE PASTORALE mouvante, tandis que les fidèles du week-end sont ŒCUMENIQUE relativement stables, à l’exception de visiteurs occasionnels. De tous ceux qui viennent à l’Église, les Nous formons une Équipe pastorale de cinq Catholiques, à l’exception de quelques fidèles personnes: 2 membres de l’Église Anglicane, 1 de véritablement engagés, constituent, la confession la l’Eglise Baptiste et 2 autres de l’Église Catholique moins dynamique. Au début cela m’ennuyait Romaine, à savoir: le prêtre qui dit la Messe dans terriblement, maintenant je l’accepte simplement. Les choses sont ainsi , mais ça fait peine. 24 UN OECUMÉNISME VIVANT ET EN BONNE SANTÉ La semaine dernière “les Églises unies de Grande-Bretagne et d’Irlande « (CTBI) ont tenu une de leurs conférences bi-annuelle et l’Evêque m’a aimablement demandé de représenter le Diocèse. Cet organisme est né en 1990 pour remplacer le BCC, le Conseil Britannique des Églises. Ce changement était motivé par une raison profondément oecuménique: le but était de créer un organisme qui puisse véritablement représenter tous ses membres, et qui puisse refuser d’encourager ou d’endosser des initiatives inacceptables pour ses membres. Ce principe peut sembler trop neutre, mais en fait, il s’est révélé être libérant pour les églises membres dont le nombre a augmenté depuis qu’il a été adopté. La conférence comptait 30 participants venus des quatre nations: Angleterre, Irlande, Écosse et Pays de Galles. II y avait plusieurs Evêques aussi bien Anglicans que Catholiques, pas mal de ministres ordonnés et beaucoup de laïques. Ce fut une bonne expérience de diverses Églises travaillant ensemble. Deux des conférences ont été données par des laïques, tous deux professeurs d’université, l’un Écossais, l’autre Gallois. Leur langage avait une extraordinaire fraîcheur, compréhensible par tout le monde, un langage bien séculier, éloigné de notre jargon d’église. Ils ont souligné la manière dont les nouvelles structures politiques dans leurs pays respectifs ont créé dans la population, un nouveau sentiment d’appartenance nationale, et un nouveau sentiment d’appartenance ecclésiale. C’était le plus intéressant et le plus inspirant. L’Oecuménisme est vivant, en bonne santé, mais il avance lentement, et en ce moment il n’y a rien de spectaculaire à son sujet ! 25 LE VICARIAT LA CLÔTURE N’EST PAS UNE BARRIÈRE POUR LES ACTIVITÉS ŒCUMÉNIQUES OU INTERRELIGIEUSES La Communauté Contemplative de la Solitude se considère privilégiée. Sans quitter le monastère, de nombreux moyens de s’ouvrir à l’oecuménisme s’offrent à elle. Voici un résumé succinct de ses activités. Rencontre Oecuménique dans le cadre de l’Année Jubilaire Dans le cadre de l’année jubilaire et à l’initiative de la Communauté Contemplative, en accord avec le secteur paroissial, une rencontre oecuménique entre chrétiens était organisée le 13 mai 2000. Une centaine de personnes dont une vingtaine d’adolescents se sont rassemblés. Le Thème : En quel Dieu je crois? Les intervenants ont choisi d’aborder la question à partir du Dieu Trinité, chacun selon sa sensibilité. Le diacre orthodoxe parcourt la parole de Dieu dans l’Évangile de St. Jean, le jeune pasteur réformé interroge à partir de la liturgie, et une laïque, de confession catholique, développe la place de la Trinité dans la vie quotidienne. Un buffet champêtre et une célébration commune à la chapelle complètent celle journée riche d’échanges et de nouvelles connaissances. Session sur la Parole de Dieu Un éclairage sur d’autres Religions A la fin du mois de janvier 2002, un aumônier militaire quia bien approché l’Islam, donnait une conférence sur le sujet, à la Communauté Contemplative de la Solitude. II laissait à leur disposition un exemplaire du Coran, accompagné Les exposés étaient centrés sur le sens, la pratique d’un ouvrage « Islam et Chrétienté », relatant 13 du Shabbat et la lecture Juive de la Bible. Les siècles de cohabitation. participantes ont réfléchi sur les implications du Shabbat dans la pastorale, dans leur manière de La lecture durant les repas permettait aussi à la célébrer. Quelle place faisaient-elles Communauté de découvrir le livre: « Le Moine et le à la célébration de la création dans le rythme de leur Lama », entretiens de Dom R. Le Gall et du Lama vie?...Quelle place pour la gratuité? Quel sens Jigmé Rinpoché, directeur d’un Centre Tibétain en Dordogne ( France). Ce livre introduisait les soeurs donner au repos ?... dans l’univers Bouddhiste Tibétain. Deux textes faisaient l’objet d’une étude plus précise, avec maints exemples tirés des De nombreux articles sur l’une ou l’autre religion, commentaires rabbiniques, qui s’éclairaient les uns dans le journal “La Croix”, (un journal français), les autres.En conclusion des points communs étaient étaient propres aussi à faire naître plus de relevés entre la lecture Juive et la lecture Chrétienne compréhension. Enfin « Le voyage de Théo », de de la Bible, ce qui jetait bien des lumières Catherine Clément, philosophe, édité aux éditions sur la manière dont les toutes premières “Le Seuil - point”, même s’il n’est qu’un survol de Communautés Chrétiennes ont pu lire la Bible. C’est ces questions de dialogue interreligieux, offrait la même Parole qui rassemble un peuple, qui cependant un large éventail des croyances s’incarne en Jésus et qui se déploie dans une Eglise religieuses à travers le monde qui est le Corps du Christ Du 20 août au 1er septembre 2001, une session sur la Parole de Dieu regroupait à Martillac 36 Soeurs du Vicariat ainsi que des Soeurs apostoliques et des Séculières, en tout 70 participantes. 26 L’INSTITUT SÉCULIER DE LA SAINTE FAMILLE L’Institut Séculier de la Sainte-Famille vient de publier une brochure et un dépliant sur la nature et le but de l’Instítut. II est maintenant disponible en français et en espagnol La version Anglaise paraîtra bientôt. L’avant propos de cette brochure a été écrit par l’Ancien Archevêque de Bordeaux, Monseigneur Marius Maziers qui a facilité l’érection de l’Institut Séculier de la SainteFamille dans le diocèse de Bordeaux. Nous devons à Madeleine Delbrel, un grand témoin de la Foi pour notre temps, cette parole par laquelle elle a rendu compte de sa présence chrétienne dans une banlieue ouvrière de Paris. « Être dans les ténèbres de l’ignorance universelle, des prises de conscience de Dieu - savoir que là est l’acte salvateur par excellence. Croire de la part du monde, espérer pour le monde, aimer pour le monde. Savoir qu’une minute chargée de Foi, même dépouillée de toute action extérieure, possède un germe de valorisation, une puissance vitale que tous nos gestes humains ne sauraient remplacer ». Le mystère de Jésus de Nazareth qui est au coeur de la spiritualité de Pierre Bienvenu Noailles donne à cette conviction un fondement lumineux. C’est en habitant une humble bourgade de Galilée, en vivant avec Marie et Joseph une vie familiale très simple, en travaillant de ses mains, en participant à la vie sociale de ce pays, que pendant trente ans, Jésus a vécu sa mission de Sauveur; mission d’alliance entre Dieu et l’homme, mystère étonnant, bouleversant de la manifestation de 1’ Amour Trinitaire à travers une humanité en tout semblable à la nôtre, sauf le péché. Tel est bien le mystére que veulent vivre et signifier au coeur du monde du 21 e siècle, les membres de l’Institut Séculier de la Sainte-Famille. Des coeurs qui, dans 1’ épaisseur de toutes les activités humaines désirent accueillir et reconnaitre 1’ Amour Tninitaire tel qu’il se manifeste à travers 1’ humanité de Jésus. Des coeurs qui désirent, dans la simplicité de la vie ordinaire, au quotidien, manifester cet Amour de Dieu pour les hommes, le laisser transparaître à travers la qualité des relations fraternelles. En ces temps très marqués par le sécularisme, c’est à dire l’absence de référence à Dieu dans l’orientation de la vie, il est important que des personnes se vouent à Jésus Christ au coeur même des activités humaines pour y reconnaître, sous le souffle de l’Esprit Saint, l’Amour créateur du Père et participent à l’avènement quotidien de son Royaume d’Amour, de Justice et de Paix. Monseigneur M. Maziers Ancien Archevêque de Bordeaux. 27