“les semences du Verbe “ dans les autres Religions

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AGAPE
2002
Découvrir “les
semences du
Verbe “ dans
les autres
Religions
REVUE SAINTE-FAMILLE
HOLY FAMILY REVIEW
REVISTA SAGRADA FAMILIA
AGAPE
No34
Découvrir “les semences du Verbe “ dans les autres Religions
Revue annuelle produite par les
quatre vocations de la
Sainte-Famille de Bordeaux,
la Famille Spirituelle du Père
Pierre-Bienvenu Noailles
Equipe de Rédaction
Sr Geneviéve Bessiéres
Conseillére générale Apostolique
Vincenzo Mancini
Laïc Associé
Sr BernadetteTaurinya
Contemplative
Une Consacrée Séculiére
Sr.Teresa Cabo
Sr. SileMcGowan
Sr Lorette Laffargue
Equipe Intemationale Comlnfo
Revue éditée et publiée par
l’Equipe Intemationale de
Comlnfo de l’lnstitut Religieux
de la
Sainte -Famille de Bordeaux
Via dei Casali Santovetti58
00165 Roma, Italie
Tél. (+39)06 6650071 Fax (+39)
0666411470
Email sfbfrinfpcn.net
Editorial
« Les Semenes du Verbe »
Sr. Teresa Cabo
Article de fond Le dialogue interreligieux
Sr. Cleophas Thamel
Sri Lanka
Notre Spiritualité
Témoigner que la communion est possible
Sr Bern adette Taurinya
La Solitude
2
3
6
Une Famille Partage
Communion sans frontiéres
Sr Marie Héléne Méridier
Religleuse Apostolique France
9
Une laïque associée: dans la diversité
cosmopolite Londonienne
Margaret Holmes
Associée Laïque Angleterre
12
Dialogue dans un contexte multireligieux
Sr. Annette Suaris
Contemplative, Nagoda
Couverture:
dessin de
Sr. Maria Teresa Florenza
1
14
ÉDITORIAL
LES SEMENCES DU VERBE
privilégiés. Nos différences ne sont pas un obstacle
qui nous empêche de dialoguer, elles sont une
richesse qui donne de la profondeur, du dynamisme,
de l’intérêt, des perspectives à notre dialogue. Les
différences ajoutent encore à notre dialogue: la
sagesse et le goût du pain tendre qu’on partage à une
même table, en communion d’esprit et de coeur,
sachant que nous avons le même Père/Mère dont le
salut offert est sans limites.
En toutes choses, comme à propos de ce théme,
le dialogue interreligieux, nous pouvons tomber
dans des Iieux communs, répéter des poncifs que
nous connaissons ou entendons souvent, et avoir
la conscience tranquille sans pour autant changer
quoi que ce soit aux sentiments et aux
convictions que nous portons dans notre coeur.
Si les relations entre croyants de différentes
religions, n’ont jamais été faciles, nous ne
pouvons pas dire honnêtement que maintenant
elles le sont davantage, du moins si nous nous
situons dans la perspective de nos vielles Églises
d’Europe Occidentale.
Jésus de Nazareth, Fils de Dieu et notre Frère, nous
a laissé un bel exemple de dialogue interreligieux.
C’était un pratiquant Juif, fidèle à la volonté et au
désir du Dieu d’Israël Mais, les Évangiles, écrits par
des Juifs, nous montrent des scènes qui pourraient
nous paraître déconcertantes. Jésus parle de
théologie et se révèle lui-même comme le Messie à
une femme de Samarie. Avec le Centurion, un païen
il fait preuve d’une délicatesse exquise, et il loue la
profondeur de sa foi. Avec la Cananéenne, il a un
dialogue apparemment rude qui parvient à toucher
les fibres les plus sensibles d’un coeur féminin,
profondément sincère et humble. II se réjouit avec le
lépreux Samaritain qui vient remercier pour sa
guérison, et il n’hésite pas à comparer son attitude
avec celles des neuf Israélites qui n’ont pas senti la
nécessité de dire merci. Jésus n’hésite pas à
exprimer son admiration pour la foi de non juifs.
Si nous voulons un monde de paix nous devons le
construire, petit à petit, avançant et reculant, mais
sans jamais nous arrêter. C’est la manière d’être
fidèles à notre précieux héritage. C’est une façon de
contribuer à l’avènement d’un monde meilleur, en
faisant que le rêve de Dieu, I’idéal de notre
Fondateur, devienne réalité, et que tous ses Fils et
Filles soient enfin réunis à la même table, comme
membres de sa Famille.
.
Souvent nous avons répété ces paroles de Paul
VI dans l’Encyclique Evangeli Nuntiandi: ((Les
semences du Verbe se trouvent dans toutes les
Religions». Nous devrions faire en sorte que ces
vérités descendent dans notre coeur afin de les
transformer en sentiments de tolérance, de
respect, et d’humilité. Parfois il y a trop
d’arrogance, trop de fondamentalisme dans notre
manière de croire. Nous croyons comme si nous
étions en possession de la vérité absolue, et nous
ne respectons pas la part de vérité contenue chez
les autres. En 1965 au cours d’une session de
Vatican II, le Père Arrupe en appelait à : « une
plus grande estime des différentes cultures et
personnes, non comme une concession
extérieure, mais comme une reconnaissance du
coeur, comme II se doit entre frères et sœurs. »
Autrement dit, il faut se mettre à la place de
l’autre et reconnaître sa part de vérité, sans
vouloir imposer la sienne. Notre époque plus
que n’importe quelle autre a besoin d’écoute, de
discernement de collaboration et d’audace.
Le Charisme de la Sainte-Famille est un
Charisme de communion, d’inclusion. Et quand
nous parlons d’inclusion, nous voulons dire que
personne ne doit rester à l’extérieur. Toute
personne qui entre trouve une place,il n’ y a pas
de places réservées, II n’y a pas de postes
Sr. Teresa Cabo
Service International Com info, Rome
2
LE DIALOGUE
INTERRELIGIEUX
SOEUR CLEOPHAS THAMEL
Bien que nous appartenions à différentes familles,
castes, croyances, religions et cultures, en Jésus,
nous sommes «frères» et «soeurs» (Lc 11, 2-4). Par
conséquent, nous devons bâtir la communion entre
nous. C’est le dialogue qui crée la communion entre
les personnes et les groupe. Dans les années 80,
l’Église était consciente que le dialogue constituait
une priorité. Dans la décennie des années 90,
l’Église a mis l’accent sur la nécessité du dialogue
interreligieux. Elle avait raison . Bien que le
dialogue interreligieux soit apparu pour la première
fois dans les milieux officiels de l’Église, au cours
des années 1960 et suivantes, ce thème a continué
d’être un sujet de confusion, nul doute alors qu’il
soit nécessaire d’y revenir aujourd’hui. II existe une
certaine méfiance dans la façon de l’appréhender.
Certains voient dans ce dialogue, une menace pour
la mission de l’Église, d’autres le considèrent
comme une démarche fondamentale pour les
chrétiens, particulièrement dans le contexte d’un
continent où plusieurs religions coexistent.
de l’expérience religieuse, qui est une expression de
foi, d’espérance et d’amour. «Ainsi, tout ce que vous
désirez que les autres fassent pour vous, faites-le
vous-mêmes pour eux » (Mt 7,12). C’est l’histoire
de la fille d’une Syrophénicienne (Mc 7, 24-30) que
Jésus guérit, bien qu’elle ne partage pas sa foi, sa
religion. Celle histoire nous montre avec quel
sérieux, avec quelle profondeur Jésus approche les
personnes, sans se laisser arrêter par des préjugés de
religion.
POURQUOI LE DIALOGUE
INTERRELIGIEUX?
Parce que les différences sont réelles et ne peuvent
être ignorées. Cependant, toutes les religions disent
présenter la Vérité, mais les diverses interprétations
de la vérité nous invitent, à une ouverture à « La
Vérité », « Vérité» qui se trouve dans toutes les
religions. Cela nous conduit à reconnaître et à
affirmer que les autres religions contiennent certains
éléments de la Vérité. Par conséquent, la
connaissance des autres religions est le seul moyen
de s’approcher encore plus de la «Vérité Absolue».
Ainsi, le pluralisme religieux rend le dialogue
pressant. Aucune tradition religieuse ne peut
proclamer avoir le monopole de la vérité.
Qu’est ce que le dialogue ?
Dialoguer signifie: parler et écouter l’autre avec un
objectif bien déterminé. Le dialogue est un signe de
sagesse, d’ouverture et d’engagement à une cause.
Sil est vécu dans cette perspective, il créé la
fraternité, l’harmonie et l’intégration. «Le
merveilleux mystère d’unité et de communion de la
Trinité est le modèle et une puissante interpellation
dans nos efforts pour créer l’harmonie dans tous les
domaines de la vie ». (FABC Documents 319).
[FABC, sigle qui désigne la Fédération des
Conférences des Evêques d’Asie) (Féderation of
Asian Bishops Conference].
De réelles différences en religion peuvent servir à
unir ou à diviser les croyants des diverse religions.
Tout le monde sait que, diviser, est facile. Toutefois,
par le processus du dialogue, les personnes
pourraient reconnaître, dans leur religion
respective, des éléments semblables, de nature à
Le dialogue est un partage de soi, de ce que je suis unir. Le dialogue aide à «jeter des ponts» sur le
et de ce que je possède. II constitue le lieu d’un fossé qui existe véritablement entre les religions et la
enrichissement mutuel où l’ on peut apprécier les perception que leurs disciples en ont..
personnes de toutes croyances et idéologies. Le
dialogue interreligieux insiste sur la dimension
3
En Asie, c’est un impératif pressant que les chrétiens
entrent en dialogue avec les frères et soeurs des
autres religions qui les entourent, afin de témoigner
du Christ. « Aujourd’hui, un Sauveur vous est né»,
né en Asie ! L’Asie est le berceau des grandes
religions du monde Judaïsme, Christianisme,
Islamisme et Hindouisme. D’autres traditions
spirituelles s’y sont développées tel le Bouddhisme,
le Taoïsme, le Confucianisme, le Jaïnisme, le
Shintoïsme et les Sikhs. II existe aussi des religions
traditionnelles et tribales. L’Église d’Asie respecte
ces traditions et essaie d’engager un dialogue sincère
avec leurs croyants. Les peuples d’Asie sont fiers de
leurs religions et de leurs valeurs culturelles telles :
l’amour du silence et la discipline: la vie frugale, le
partage, la proximité de la nature, le respect de la vie
et des aînés, le sens de la communauté. La
modernisation, les nouvelles technologies, la
globalisation, la mondialisation et l’influence de
l’occident ont constitué une menace pour la survie
de ces valeurs reçues en héritage.
Notre mission d’évangélisation, aujourd’hui a
besoin de simplicité et d’un changement
d’attitude pour reconnaître la place des autres
religions dans le plan rédempteur de Dieu.
Ainsi, il est essentiel de cultiver une attitude
plus positive envers les gens des autres
croyances et de les considérer, avec respect,
comme des co-pélerins. II est important d’être
en contact avec des peuples qui ont d’autres
«credo ». Notre présence active auprès d’eux
nous aide à chasser les préjugés et les fausses
conceptions que nous pourrions avoir. Nous
devons apprendre à les connaître davantage et à
les croire également sincères dans leur recherche
de la vérité. Ce contact n’a pas besoin d’être
formel, les associations informelles sont
importantes et très pertinentes.
FORMATION AU DIALOGUE
INTERRELIGIEUX
VATICAN II
ET LES AUTRES CROYANCES
En prenant conscience de l’importance du dialogue
interreligieux, tous les programmes de formation à la
vie religieuse et au sacerdoce ont inclus l’étude des
différentes religions du monde. II est nécessaire de
comprendre la philosophie, les enseignements et les
pratiques telles: la méditation, le yoga et les autres
disciplines. En outre, une insertion dans un milieu,
où se côtoient des pratiquants de différentes
religions, peut aider. Des groupes interreligieux
travaillent ensemble dans des projets de
développement, projets pour venir en aide aux
femmes, aux enfants, projets pour la justice et la
paix, programmes écologiques. Les résultats sont
importants, mais ce qui nous intéresse encore, c’est
que dans les relations, les barrières tombent
lentement. De cette façon, nous dit Diana Eck,
modératrice du Conseil des Églises : «Nous avons
non seulement besoin de connaître les autres, mais
nous avons besoin aussi que les autres nous
connaissent ». Cette nouvelle prise de conscience de
la nécessité du dialogue deviendra , petit à petit une
seconde nature.
Le Concile Vatican II a reconnu l’existence
d’éléments salvifiques, « des semences du Verbe»,
cachées dans les autres religions et cultures (Ad
Gentes 11.) Selon les Pères du Concile:
« L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est
vrai et saint dans ces religions. Les semences du
Verbe ont besoin d’être découvertes, libérées, aussi
bien que purifiées, élevées et portées à la
perfection». (Ad Gentes 11, Lumen Gentium 17).
C’est le dialogue qui nous permettra de toucher
l’expression et la réalité la plus profonde de nos
peuples et qui nous aidera à trouver des moyens
authentiques de vivre et d’exprimer notre propre foi
chrétienne. (FABC 1, art. 16) « Le dialogue
interreligieux est fondé sur la conviction profonde
que l’Esprit Saint est actif aussi dans les autres
religions» (FABC Documents 253) « Le dialogue
entre les religions découle de la nature même de
l’Église, une communauté en marche, avec les
peuples des autres croyances, vers le Royaume à
venir» (FABC documents 300). Le dialogue
religieux
devrait
être
la
façon
idéale
d’évangéliser…En toute humilité et soutien mutuel,
nous cherchons, ensemble, avec nos fréres et soeurs
cette plénitude du Christ, qui est le plan de Dieu
pour l’ensemble de la création dans sa grande et
merveilleuse diversité». (FABC document 94).
UNE ATTITUDE DE PÉLERIN
En conclusion nous pouvons dire que le dialogue
interreligieux est un style de vie, un comportement et
une activité normale entre personnes qui cheminent
ensemble. Ce mouvement, en communion et dans
l’unité, vers le Royaume, n’est pas centré sur
l’Église, bien quelle en soit le signe et l’instrument,
4
bien que l’Eglise anime ce mouvement et y participe activement, mais c’est un mouvement centré sur
Dieu, orienté vers le Royaume et au service de la société. Cette animation, ce changement de perspective,
c’est ce que nous appelons le dialogue interreligieux. C’est la Bonne Nouvelle du Royaume que Jésus a
proclamé par sa vie, ses paroles et ses actions, sa mort et sa résurrection. Jésus a fondé l’Église pour être un
mouvement spirituel au service du Royaume. Celle attitude du pèlerin, imprégné d’humilité peut amener les
partenaires du dialogue à une conversion authentique. Celle conversion n’est pas nécessairement conversion
d’une religion à une autre, mais conversion du coeur, changement de vie.. conversion à Dieu et par Dieu.
«C’est le travail de l’Esprit, méme si celle conversion se produit par I’intermédiaire du témoignage des
partenaires avec qui je dialogue ». (FABC).
POUR UNE RÉFLEXION PERSONNELLE ET UN PARTAGE
EN GROUPE ET EN COMMUNAUTÉ
Nous nous engageons á favoriser une culture de dialogue pour que grandissent la
compréhension et la confiance mutuelle entre les individus et les peuples. Là sont les
prémices d’une authentique paix (Engagement pour la Paix, 3 Jour de Prière pour la Paix,
Assise, 24 Janvier 2002)
1 - Comment comprenez-vous le dialogue interreligieux?
Dans votre vie, votre travail, avez-vous quelques expériences ou exemples typiques de ce
dialogue interreligieux?
2 Aimeriez-vous que la Sainte-Famille avec son charisme de communion, ait un rôle
particulier à jouer dans ce domaine du dialogue interreligieux? Comment verriez-vous ce
rôle?
5
POUR UN PRINTEMPS DE NOTRE SPIRITUALITÉ
TÉMOIGNER QUE LA
COMMUNION EST
POSSIBLE
PAR SOEUR BERNADETTE TAURINYA
Notre Famille spirituelle est présente sur quatre
continents, dans 25 pays. Par sa vie et sa mission,
elle nous rend proches de ce qui se vit sur notre
Planète - Terre devenue un petit village. Sensibles au
contexte d’une mondialisation croissante des
cultures, nous constatons autour de nous, un besoin
de spiritualité authentique et fort, en réponse à un
matérialisme déshumanisant. La recherche de Dieu
s’exprime sous des formes les plus diverses et les
plus insolites. Nous voyons surgir, proches de nous
souvent, des édifices religieux et des rites étrangers à
notre culture. Nous devons prendre en compte leur
présence à nos côtés, dans la vie quotidienne et vivre
une démarche évangélique de rencontre et de
dialogue avec nos frères et soeurs croyants de
l’lslam, du Judaïsme, du Bouddhisme, de
l’Hindouïsme...
jamais de quelle nation iI provient et quelle
religion i1 professe. C’est un être humain : i ly a
du bien en lui. Et ce bien est dans son coeur pour
m’enrichir moi aussi. Mais dans mon coeur aussi
il y a du bien, que je peux lui offrir pour le rendre
meilleur. Chaque fois qu’iI pleut, l’eau mouille
chacun: II n’y a pas une pluie boudhiste el une
hindoue, ou une Sri Lankaise et une Cingalaise.
Pourquoi? Parce que nous sommes tous égaux.
Nous avons tous faim, le soir, nous avons tous
sommeil. II n’existe pas une faim bouddhiste et un
sommeil musulman.»
DIEU SEUL
Le dialogue ne peut se limiter à une collaboration
dans les domaines de la justice, de la paix et de la
culture. La spiritualité qui sous-tend toute notre vie
nous fait communier aux valeurs spirituelles des
autres religions, change notre regard et notre
écoute.
« ECOUTE, lsrael ! le Seigneur notre Dieu est
UN » (Dt 6.4). Dire que Dieu est Un engage Israël
à ne point se façonner d’idoles, à ne point servir
d’autres dieux mais à servir Celui qui l’a fait sortir
du pays d’Egypte. Nous entendons comme en écho
cette injonction à ne point se faire d’idoles dans les
paroles du Seigneur à Milady Peychaud le 3 février
1822:
« Je Suis Celui qui Suis. Les honneurs el l‘estime
des hommes ne sont que de la fumée et Je Suis
Celui qui suis. Leur amilié n ‘est que de la
poussière et Je Suis Celui qui Suis. Les richesses et
les plaisirs ne sont que de la boue et Je Suis Celui
qui Suis et II n’y a que Moi qui Sois. « Je Suis
Celui qui Suis el II n’y a que Moi qui Sois »
DANS L’ORDINAIRE DU QUOTIDIEN
En vivant les valeurs propres de la Sainte Famille,
nous promouvons la justice, la droiture et le respect
de la dignité intrinsèque de chaque être humain.
Nous
nous engageons
pour un
monde
meilleur,obstinés dans notre conviction à croire que
la communion est possible. Notre Charisme est
inclusif. II nous conduit à travailler à tout ce qui
unit, rassemble, pacifie les relations entre personnes,
peuples et nations. Les lieux privilégiés de rencontre
quotidiennes sont la famille, la communauté, le
quartier, le village, le monde de l’éducation, la vie
professionnelle et associative... La rencontre entre
croyants peut avoir des conséquences bénéfiques sur
la cohérence harmonieuse et fraternelle de nos
milieux de vie et de mission. Le dialogue est d’abord
existentiel. C’est l’échange dans la vie.
«Quand je rencontre quelqu’un, dit Mafia Tong,
moine, bouddhiste Sri-Iankais, je ne demande
6
Le Bon Père écrit: « Que désormais vous n’ayez que
Dieu seul pour principe et pour fin de toutes vos
actions ». N’est-il pas proche de Rabia al-Adawiya
(713-801), mystique de l’Islam, dont la voie est très
simple et très belle: n’aimer que Dieu seul, à
l’exclusion de toute créature, ne l’aimer que pour lui
seul et non pour en être récompensé. Rabia fait de
l’amour de Dieu le pivot et le terme ultime de son
itinéraire spirituel. Elle disait: «j’appartiens à mon
Seigneur et vis à l’ombre de ses ordres...» Dans la
ligne du détachement total des créatures pour
n’aimer que Dieu Seul, elle n’hésite pas à exiger le
renoncement à ce qui passe pour éminemment
religieux: non seulement la science des traditions
musulmanes et la vénération du temple de la Mekke
mais jusqu’à I’amour du Prophète aussi bien que la
haine de Satan. Faisant allusion au Prophète, elle
disait : « Par Dieu, je l’aime beaucoup mais I’amour
du Créateur m’occupe trop pour me laisser le temps
d’aimer ses créatures ». Le Bon Père écrivait quant
à lui: « Rien au monde n’est digne de partager notre
coeur avec Dieu. Les Rois, les créatures, les Saints,
les Anges et Vous-même, Ô Marie, ne pouvez entrer
en partage avec Dieu »
Dieu extrêmement : « Tu aimeras le Seigneur de
toute la mesure dont il mesure ton existence, qu’il
s’agisse de la mesure de bonheur ou de la mesure de
malheur» (Tradition rabbinique). N’est-ce pas une
pensée en syntonie avec celle de notre Bon Père: «La
perfection d’un être réside dans l’accord qui existe
entre toutes ses facultés et la fin pour laquelle il les a
reçues: or, esprit, cœur, corps de l’h,omme, tout est
pour Dieu »
« Allez de I’avant. . . que rien n’arrête votre course»
II ne s’agit pas seulement d’un élan joyeux,
dynamique vers de nouveaux champs apostoliques. II
ne s’agit pas seulement d’un appel fait à notre
créativité, à notre audace, à notre générosité. C’est
avant tout un appel à écouter pour être fidèles par
toute notre vie à l’esprit propre aux membres de la
Sainte Famille contenu en ces quelques mots:
«n’aimer, ne chercher, ne vouloir que Dieu Seul en
toutes choses...» (RS 1851).
UN REGARD DIFFÉRENT SUR JÉSUS
En 1985, Jean-Paul II s’adressait aux jeunes
musulmans marocains en leur disant: « La loyauté
UN REFLET D’EN-HAUT...
exige aussi que nous reconnaissions et respections
nos différences. La plus fondamentale est
La Sainte Famille est pour nous la douce image d’un évidemment le regard que nous portons sur la
Dieu en trois personnes, le reflet et la transparence personne et l’oeuvre de Jésus de Nazareth ».
de la Communion trinitaire où tout est partage et
don, ouverture et accueil, unité et harmonie. Au Lorsque j’étais à Jérusalem, Alain MICHEL,
Dieu-Un et unique, le croyant juif désire se donner Rabbin, rapportait au groupe des étudiants réunis
entièrement, sans partage, sans réserve, et c’est ce avec lui une parole de son Maître Manitou: «Compte
don de soi qui fait de lui, une personnalité tenu du chemin parcouru parles juifs et les chrétiens,
harmonieuse et sans contradiction intérieure. les juifs pourraient considérer les chrétiens comme
«L’unité d’en-bas » devient le reflet fidèle de la diaspora du Judaïsme. Le Christianisme a permis
«l’unité d’en-haut» (Rabbin Aje Munk).
que soit diffusée à travers l’espace et le temps, les
Ecritures ». Je posais alors la question: « mais Jésus,
Dans le Judaïsme, la sainteté consiste à vivre en état ne nous sépare-t-il pas ?» Après un temps de silence,
d’union avec Dieu, à un point tel que quelle que soit le Rabbin me répondit: « Non, Jésus ne nous sépare
l’action accomplie, nous ne venions jamais à nous pas si nous nous permettons un regard différent sur
séparer de Lui ni à nous en éloigner. . - « Tout ce lui ».Un juif pose ce regard autre et nous dit: «Jésus
que YHWH a dit, nous le ferons et nous y obéirons» est pour moi le frère éternel: I1 n’est pas seulement
(Ex 24,7). Comment le peupIe d’lsraël peut-il le frère des hommes, II est aussi mon frère juif. Je
s’engager à obéir avant même d’entendre ce que saisis la main fraternelle qu’il me tend pour que je le
Dieu ordonnera, indiquera? Parce que Dieu ne suive. C’est la même main, dont nous savons qu’elle
demande jamais l’impossible. II sait ce dont nous nous saisit tous. C’est la main d’un grand témoin de
sommes capables. N’est-ce pas cette conviction qui la foi d’Israël La foi inconditionnelle, la confiance
était au coeur des trois de Nazareth?
absolue en Dieu-Pére, l’empressement à se
soumettre totalement à la volonté de Dieu: voilà
l’attitude que Jésus nous propose et qui peut nous
ECOUTER EN AVANT
réunir juifs et chrétiens
Obéir, dit Rashi, commentateur juif du MoyenAge, c’est écouter en avant. C’est aussi aimer
7
UNE MANIÈRE DIFFÉRENTE DE DIRE
LE SEIGNEUR
EN CONCLUSION
Nous sommes proches de tout homme, de toute
femme qui cherche en vérité Dieu dans sa vie. Nous
puisons au patrimoine le plus essentiel de
l’humanité: sa quête de sens. Nous sommes tous des
pèlerins vers une terre nouvelle et un ciel nouveau.
Et nos chemins, quoique divers, se croisent car le
Royaume est cet espace infini du Salut offert à tous.
« Tout essayer pour le Christ. « tout espérer pour le
Christ « écrit Pierre Teilhard de Chardin. Pour ce
Christ Jésus, Verbe de Dieu, semence au coeur de
toute humanité, de toute culture, notre spiritualité
nous presse de travailler. Elle nous invite « à poser
un regard plein de bonté et de douceur sur toute
personne; à développer nos capacités d’accueil, de
paix, de fraternité « (Point-rencontre 1997). Dieu
aime le monde, Dieu aime notre humanité. Et
l’Esprit est à l’oeuvre! S’ouvrir à la quête de l’autre,
percevoir ce qui nous unit et nous différencie tout à
la fois, est essentiel au dialogue pour que naissent
l’estime et le respect réciproques...pour que naisse la
paix.
Nous lisons au début de l’Evangile de Jean : Jean le
Baptiste dit: « Voici I’Agneau de Dieu », André dit:
« Nous avons trouvé le Messie », Philippe:
« Nous avons trouvé celui dont parlent la Loi de
Moïse et les Prophètes » André et son compagnon
appellent Jésus: « Rabbi, maître » et Nathanaël
déclare: « Tu es le FiIs de Dieu, le Roi d’lsraël »
Nous ne pouvons que balbutier Dieu. Chacun a une
manière unique, personnelle de désigner Jésus et de
s’adresser à Lui.
A Jérusalem, l’Eglise de Jésus-Christ est présente en
13 confessions chrétiennes. C’est le seul lieu dans le
monde où il en est ainsi. Ce n’est pas à la division
qu’il faut être sensible. La diversité est bien plus
importante que la division! Le Mystère du Seigneur
est tellement riche qu’ aucune culture, aucune
tradition... ne peut l’exprimer pleinement. Ces
différentes approches du Mystère de notre Foi sont
l’espérance d’une connaissance à venir plus plénière,
d’une célébration plus riche de communion au
Mystère révélé en Jésus de Nazareth. L’Unité ne
peut être l’uniformisation des rites. L’oecuménisme,
c’est permettre à l’autre de dire Jésus avec ses mots,
sa culture, sa sensibilité.
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UNE FAMILLE PARTAGE
COMMUNION SANS
FRONTIÈRES
PAR SOEUR MARIE-HÉLÈNE MÉRIDIER
“Le Bon Père n’a pas connu l’Oecuménisme mais il nous a donné un Charisme de communion..
Qecuménisme, dialogue interreligieux sont aussi un terrain pour la Sainte-Famille, pour rassembler dans
l’unité les en,fants de Dieu dispersés.” Soeur Bernadette Taurinya, de la Communauté Contemplative de la
Solitude profitant d’un passage d Reims, fait le point dans une interview avec Soeur Marie-Héléne Méridier,
à propos de l’oecuménisme et du dialogue interreligieux. Membre de la Communauté apostolique de Reims
(France), aujourd’hui âgée de 97 ans, Marie-Hélène au cours de la conversation a pu partager sa riche
expérience personnelle et ses réflexions sur le sujet.
Depuis son enfance et sa jeunesse, Marie-Hélène a
été habituée à fréquenter sans préjugé des personnes
de traditions religieuses différentes. Chez elle,
c’était naurel de recevoir des gens de tout horizon.
Sa famille comptait des amis juifs très aimés. Les
vacances se passaient parfois chez des protestants et
cela na jamais été un obstacle. Dans sa carrière de
professeur, elle a rencontré d’excellentes élèves
protestantes et juives, qui avaient une réelle soif
d’apprendre. Aussi une fois à la retraite de
l’enseignement, c’est très naturellement qu’elle s’est
tournée vers les questions d’oecuménisme et de
dialogue interreligieux.
COMMENT APPROCHER
L’OECUMÉNISME?
Questionnée en quoi cette expérience avait renforcé
son appartenance à I’Eglise Catholique, et quels
liens elle établissait entre l’oecuménisme et sa vie de
soeur de la Sainte-Famille, entre Charisme de la
Sainte-Famille et Qecuménisme, Marie-Héléne
répondait:
« Cela ne m’a pas du tout séparée ! mais vous
pouvez vous douter qu’à l’époque, dans la SainteFamille, quelques soeurs n’ont pas accepté que je
fasse cela. Je me rappelle une soeur me disant, un
jour que le faisais l’éloge de la prière protestante:
«Et bien convertissez-vous au protestantisme ma
soeur! » C’était ne rien comprendre du tout ,car si
on veut s’occuper d’oecuménisme , II faut être prête
à reconnaître et à profiter justement de ce que nous
apporte les autres religions. C’est avant tout un
esprit, une ouverture... Être à I’écoute de tout le
bien que nous apportent les autres religions, et
demeurer fidèles à notre propre religion,à notre
propre appartenance ecclésiale. C’est cela qui est
quelques fois un peu difficile d’ailleurs »
A cette époque, elle réalise qu’il ne suffit pas d’avoir
de la sympathie pour les autres religions. Elle
entreprend une formation, des cours par
correspondance à Lyon, à Paris, dans ce qui
deviendra l’Institut Qecuménique. Là, elle fait la
connaissance d’un Pasteur protestant, professeur de
l’Institut. Ce dernier est un grand admirateur de son
père, un universitaire, qui fut son professeur de grec.
Finalement entre eux, une collaboration très active et
des liens d’amitié se tissent. II lui propose de
devenir sa secrétaire. Cette collaboration durera
douze ans. En même temps elle continuera de
recevoir un enseignement sur le Protestantisme, le
Judaïsme, l’lslam et l’Orthodoxie. Sa position lui
fera rencontrer les représentants de toutes ces
confessions…des orthodoxes comme Olivier
CIément, le Pére Huby, juif converti, devenu prétre
catholique, qui donnait des cours sur le judaisme.
UNE NÉCESSAIRE FORMATION
Dans I’Oecuménisme II ne s’agit pas de renoncer à
sa propre appartenance ecclésiale, mais i1 faut
cesser de croire que les autres religions se trompent.
« Non, elles nous apportent quelque chose de
différent que nous n’avons pas dans l’Eglise
Catholique». Une démarche authentiquement
9
oecuménique, c’est demeurer fidèle à son Église en
reconnaissant la vérité que l’on a à recevoir des
autres Eglises chrétiennes. «Quelques fois nous
pouvons être troublées par la vérité de l’autre. C’est
une forme de loyauté de reconnaître que nous
n’avons peut être pas toute la vérité. C’est le point
capital dans l’oecuménisme et qui est parfois
difficile, parce qu’on peut être tentées d’abandonner
sa religion. ».
Pour opérer ce glissement de mentalité, MarieHéléne reste convaincue qu’ une préparation est
nécessaire. L’oecuménisme nous demande un effort,
celui de nous former et non de nous informer
seulement.
« Voyez-vous ma vie serait à recommencer,
j’étudierais l‘histoire des religions.. Je pense que
c’est difficile de se dire un jour: je vais m’occuper
d’oecuménisme, quand on n’a pas été préparée à
cela. Mais iI faut s’y engager... II est nécessaire de
se former afin de respecter et de comprendre aussi
que l’autre suit un autre chemin qui a toute sa
valeur. Quand on pense qu’on a dit pendant des
siècles: « Hors de l’Eglise point de salut » c’est
monstrueux, alors que Jésus est mort pour toute
l’humanité. Nous avons certainement un effort
important à faire, mais il faut le faire. Et si nous
cherchons la vérité, c’est dans la rencontre, le
dialogue et l’estime mutuelle que nous la
trouverons.
LE CULTE DANS D’AUTRES
CONFESSIONS
Marie-Hélène apprécie particulièrement le culte
Protestant. Elle trouve que les protestants nous
apportent beaucoup par leur prière. « Ce que
j’apprécie encore c’est le fait que chez les
protestants, la démarche me paraît bien plus
personnelle. Par exemple la confession publique qui
a lieu parfois au début du culte, semble moins
formelle et moins impersonnelle que le rite
pénitentiel du début de l’Eucharistie chez les
Catholiques. lien va de même de la communion.
Dans ce que nos frères protestants appellent la
Sainte Cène - l’Eucharistie pour nous - la dimension
de partage est plus évidente. « A la messe, vous
communiez “pour vous “. Au temple, au cours de la
Sainte Cène, on vous donne une bouchée de pain et
vous devez la partager avec votre voisin de gauche
et votre voisin de droite. La dimension du partage
d’un repas que l’on fait ensemble est plus manifeste
qu’à la messe»
.
LES RELATIONS JUDÉOCHRÉTIENNES
Questionnée sur ses rapports avec le
Judaïsme, des souvenirs très prégnants
remontaient à la mémoire de Marie-Hélène. Souvenir
du Pére Huby, «Avec lui jeme suis rendue compte
que le Christianisme n’aurait pas existé s’il n’y avait
pas eu le Judaïsme. Nous sommes des héritiers du
Judaïsme ». Personnellement, ajoutait-elle, j’ai
beaucoup de sympathie pour le tempérament Juif.
Les Juifs ont une curiosité d’esprit et une soif
d’apprendre que nous n’avons pas, II faut le
reconnaître et qui est très agréable quand on
enseigne ». Elle a souvent été en mesure de le
vérifier, puisque sa carrière de professeur de
Français-Latin-Grec s’est déroulée à Neuilly, un
quartier de Paris où vivaient beaucoup de juifs.
Marie-Héléne acquiesçait volontiers aux propos de
son interlocutrice, lorsque celle-ci suggérait, que
cette curiosité d’esprit était peut-être liée à la façon
typique des Juifs de lire la Torah, en questionnant le
texte. “Il faut frapper le texte comme le forgeron
frappe le fer et en fait jaillir des étincelles...” « Vous
avez raison, ajoutait-elle, parce que enfant déjà, ils
apprennent l’hébreu, qui est une langue difficile
pour être en mesure vers I’âge de 12-13 ans de faire
la Bar-Mitsva . J’ai fait un peu d’hébreu pendant
deux ans pour me rendre compte de l’effort que cela
représentait. J’ai vu combien c’est une langue
difficile »
A la retraite de l’enseignement, Marie-Héléne
jouissait de pas mal de liberté. Chaque vendredi soir,
elle allait à la Grande synagogue de Paris, pour
l’ouverture du Sabbat.
«J’y allais disait-elle, avec mon costume religieux.
Je ne me suis jamais cachée. Un jour à la fin de
l‘office, un groupe de femmes juives m’attendait à la
sortie. Elles se sont approchées de moi et m’ont dit:
« ma soeur permettez-nous de vous demander
pourquoi vous venez à la synagogue?» «Je leur ai dit
que j’avais deux raisons de venir à leur synagogue :
la première parce que j‘ai eu de nombreuses élèves
juives que j’ai beaucoup aimées et dont hélas
certaines ne sont jamais revenues des camps
d’extermination et combien c’était pour moi un
devoir sacré de faire quelque chose pour que les
chrétiens comprennent mieux les juifs. La deuxième
raison, parce que les psaumes que vous chantez sont
exactement les mêmes que ceux que j’ai dans mon
livre de prière, et qu’il m’est agréable de les chanter
avec vous, au lieu de les lire toute seule dans mon
livre de prière». Elles m’ont très bien comprise, et à
partir de ce moment là, j’ai été très bien acceptée. Le
Rabbin lui même est venu me serrer la main, ili m’a
dit: « ma soeur nous sommes très heureux d’
10
accueillir une religieuse catholique, et il a ajouté:
«avec son costume ! ». IIs ont apprécié que
justement je ne cache pas mon identité. Dans
l’oecuménisme II ne faut pas s’introduire en
cachette ».
m’empêcher de lui dire : «ce n’est pas trop dur
d’observer le Ramadan par cette chaleur ? » Son
visage s’est éclairé et il m’a dit: « Ah! ma soeur,
pour Allah, qu’ est ce qu’on ne ferait pas avec joie
».Ce/a m’avait paru très éclairant et très beau ».
ORTHODOXIE
LA PRIÉRE INTERRELIGIEUSE
POUR LA PAIX ET L’UNITÉ
Des Eglises orthodoxes, Marie-Hélène préfère
l’Eglise Orthodoxe Russe, qui a une très belle
liturgie. Avec la permission du doyen de l’Institut
Saint Serge, l’Institut de théologie orthodoxe de
Paris, elle a participé aux Offices et fréquenté la
Communauté Orthodoxe Russe... « Le Doyen, c’est
quelqu’un en qui j’ai la plus grande confiance.
C’est vraiment un prêtre. II est marié, père de
famille, grand-pére, mais ce n’est pas un obstacle
bien au contraire ! C’est ça qu’il faut que nous
admettions aussi dans l’Eglise Catholique. que nous
ayons affaire à des hommes mariés, pères de famille,
grands-pères, sans que cela ne retire rien à leur
valeur spirituelle et religieuse ».
Marie-Héléne reconnaît que l’Eglise orthodoxe a
beaucoup à nous apporter par exemple du point de
vue du culte de la vierge. La Mére de Dieu, “la
Théotokos”, est honorée d’une façon beaucoup plus
vivante, beaucoup plus riche que nous ne pouvons le
faire dans l’Église catholique.
«J’ai suivi des cours d’Olivier Clément,
aujourd’hui un pilier de l’Église orthodoxe. A l’àge
de 20 ans, sans religion, iI se convertit et choisit
l’Orthodoxie. Dans ses cours, II aimait répéter :
Nous orthodoxes, nous allons à Dieu par le coeur,
tandis que vous, catholiques, vous allez à Dieu
plutôt par le raisonnement » Nous sommes
cartésiens, nous raisonnons, tandis que les
orthodoxes y vont par le coeur, c’est cela que j’aime
beaucoup dans l’Eglise Orthodoxe ».
ISLAM
Questionnée par Bernadette pour
comprendre comment elle avait
approché l’lslam, Marie-Héléne, soulignait les très
beaux passages contenus dans le Coran, et le sens de
la prière chez nos frères et soeurs musulmans qui
prient à tout moment de la journée et en n’importe
quel lieu. « Quand j’étais à Paris, je travaillais au
secrétariat pour l’Unité et à l’lnstitut Qecuménique
et je me rappelle que l’on avait pris comme
employés, des musulmans. Un jour, je suis arrivée,
l’employé finissait le ménage des bureaux. C’était
au mois de juillet, il faisait très chaud et je n’ai pu
Quand les Eglises et les religions s’unissent pour
Prier pour la paix, c’est un grand pas en avant. Dans
cette ligne Marie-Hélène évoquait l’expérience d’un
prêtre d’une paroisse de Reims, qui a inauguré une
célébration de Dieu pour tous. Les croyants de toutes
les confessions peuvent y participer, tous honorent le
même Dieu. «C’est ce même Dieu qui désire la paix.
Aussi la guerre au nom de Dieu est une erreur, parce
que Dieu c’est le Maître pour toutes les religions. II
faut penser que le même Dieu veut la même paix ».
La prière de Marie-Héléne pour l’Unité, c’est
d’entrer dans la prière de ses frères et soeurs qui ne
sont pas catholiques, c’est comprendre cette prière et
y participer autant qu’elle le peut. Aussi quand elle
est arrivée dans la communauté de Reims, elle s’est
organisée de façon à participer à la messe le Samedi
soir, et au Culte Protestant le Dimanche
matin. « Dans l’oecuménisme dit-elle iI y a des
moments où iI faut avoir le courage de dire:
“ce que je fais n’est peut-être pas admis par tout le
monde, mais je crois que j’ai raison de le faire.
Parce que je le fais, - avec bon sens me semble-t-il pour reconnaître la vérité des autres religions et
pour recevoir ce que j’ai à recevoir d’elles ».
Questionnée par Bernadette, sur le message qu’ elle
aurait pour nous, Soeurs de la Sainte Famille, qui
avons un charisme inclusif, un charisme par lequel
on essaie de témoigner que la communion est
possible dans un monde où, de plus en plus, la
question de Dieu divise mais unit aussi dans une
même prière pour la paix? Marie-Hélène répondait:...
« chacune de nous peut à sa façon témoigner. Ma
conviction très profonde, c’est que nous avons
quelque chose à recevoir des autres. Nous ne savons
pas ce que le Bon Pére ferait s’il vivait maintenant
au milieu de nous, mais peut- étre nous dirait-il
aujourd’hui: « votre devoir est d’essayer de
comprendre la vérité que les autres peuvent vous
apporter ». Le Bon Pére était un homme ouvert. II a
montré, par la Famille spirituelle qu’il a fondée,
qu’il était audacieux dans son temps ».
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UNE ASSOCIÉE LAÏQUE DANS LA
DIVERSITÉ COSMOPOLITE
DE LONDRES
PAR MARGARET HOLMES
Je suis d’origine chinoise, convertie et j’ai épousé un
professeur d’anglais, rencontré à Londres, pendant
mes études de maîtrise. Je vis ici depuis mon
mariage en 1971, alors que Londres était et demeure
encore une immense ville cosmopolite, le creuset de
bien des croyances, races et cultures. Je me sens
chez moi ici, car étant née à Singapour, je retrouve
ici la même diversité culturelle et ethnique.
Il y a quelques années, j’ai fait mon engagement
comme associée laïque en même temps que trois
autres personnes de nationalités différentes :une
Malaisienne, une Nigériane et une Irlandaise de la
paroisse du Sacré-Coeur, de Kilburn à Londres. Le
charisme de l’Association de la Sainte-Famille nous
avait attirées. Au début, j’entretenais un peu
d’appréhension à la pensée de ce que signifiait : être
associée, mais mon anxiété a disparu quand je me
suis rendu compte que cela n’exigerait pas de
changement drama- tique dans ma vie. J’étais et je
suis encore occupée à mon travail quotidien, de la
même façon, comme enseignante (à la retraite
depuis peu de temps), épouse (maintenant veuve),
mère, maîtresse de maison, membre actif dans ma
paroisse, bénévole à la CAFOD etc., sans aucune
modification extérieure dans ma vie.
Toutefois, un changement intérieur s’est produit en
moi. Je suis devenue de plus en plus consciente du
besoin «d’être famille» comme la Sainte Famille, de
réfléchir davantage sur la parole de Dieu dans les
Saintes Ecritures et de participer plus intensément à
la messe quotidienne. Ce bouleversement intérieur a
augmenté mon éveil dans ma façon d’entrer en
relation avec les personnes, à la maison, au travail,
dans les rencontres sociales et dans d’autres milieux.
Sans qu’on me l’ait demandé, je m’arrête souvent
pour réfléchir et me poser la question : « Est-ce que
j’ai été fidèle à notre charisme : être famille ? « Ce
questionnement a une répercussion sur mes paroles
Margaret avec les enfants en train de préparer des
cadeaux pour la Fête des lumières (diwali)
et mes actions, car notre charisme n’est plus
enseveli, mais il occupe la première place dans mon
esprit, devenant ainsi partie intégrante de mon être.
J’essaie de pratiquer l’inclusion, m’assurant que
toutes les personnes présentes à un événement, se
sentent accueillies et participantes à part entiére. Je
me rappelle les moments de ma vie où, à tort ou à
raison, je me suis sentie exclue et mise de cóté,
parce que j’étais de race et de religion différentes ou
encore, à cause de mon apparence. Ce n’était
vraiment pas plaisant de se sentir une étrangére.
A mon travail, comme enseignante dans une école
de Londres, j’entre en relation avec des adultes et
des enfarits de plusieurs ethnies dont les antécédents
religieux et culturels sont très diversifiés. En ce
moment, je travaille à temps partiel dans une école
qui reçoit des enfants de trente groupes raciaux et
ethniques différents, et qui s’expriment en autant de
langues.... II est donc difficile pour les enfants et les
parents, qui ne parlent pas anglais, de faire connaître
leurs besoins. Parfois, seule mon apparence orientale
a suffi à rassurer parents et enfants qui arrivaient de
l’Extréme Orient.
12
LE DIALOGUE
DES RELIGIONS
COMMUNAUTÉ CONTEMPLATIVE
DE NAGODA
Maison des Contemplatives à Nagoda
Depuis quelques années, notre petite île du Sri
Lanka, est un champ de bataille et de violence!
Toutefois, nous ne devons pas oublier qu’elle a
toujours été le foyer des quatre grandes religions du
monde: le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le
christianisme. Notre communauté contemplative est
située dans un milieu où le catholicisme prédomine.
Nous n’avons pas de contact direct avec nos frères et
soeurs des autres religions. Notre dialogue et notre
communion avec eux se situent à un autre niveau.
Voici quelques expériences individuelles ou
communautaires que nous avons vécues.
LE BOUDDHISME
Le peuple sri lankais est en
majorité bouddhiste. Durant
les jours de pleine lune
(poya),
quand
nous
commençons notre prière du
matin,
nous
entendons
sonner les cloches et les
chants (gathas) des moines,
venant du temple non loin de
notre maison. Nous nous
sentons invitées à entrer en
communion profonde avec tous nos frères et soeurs
bouddhistes en offrant notre prière de louange à
notre seul et unique créateur, Père de nous tous, en
qui nous avons l’être et la vie. A certains moment,
les chants se font entendre toute la nuit (pirith) Les
soeurs qui par hasard, se trouvent à la prière
nocturne, l’offre en union avec eux, y joignant un
profond désir que Jésus Christ leur soit connu. Ce
temps est un moment trés fort de communion
consciente avec eux.
prière communautaire et à l’Eucharistie. L’homélie
de ce jour rappelle les vertus du Bouddha, qui peut
être considéré comme un prophète envoyé à notre
peuple pour lui prêcher la compassion, le
renoncement et la recherche constante de la vérité.
Il y a quelques années, nous avons eu l’occasion de
visiter un ashram bouddhiste. L’atmosphère de
silence qui y régnait pour la méditation et la prière
nous a frappées. Les cellules, où les moines passent
le temps de la méditation, et tout ce que représente
un ashram ne parle que d’ascèse de vie et de l’aspect
fugitif, transitoire des choses. Notre visite a été, pour
nous, un appel au détachement! Un rappel que
DIEU SEUL EST!
L’HINDOUISME
L’hindouisme et la culture tamoule sont intimement
liées et certaines valeurs de l’hindouisme sont
profondément enracinées dans les chrétiens tamouls.
Le premier et le plus noble élément de cette religion
est l’expérience de Dieu que recherche l’hindou.
Cette expérience est transmise par les écritures
hindoues: la Bhagavad Gita et les Upanishads. Nous
aussi trouvons que ces livres suscitent l’inspiration.
Ce n’est pas seulement la prière qui importe, mais
l’endroit où une personne prie. Selon Gita, cet
endroit doit être propre, sans cailloux ni gravier; de
plus, le «son» de l’eau qui coule favorise la
concentration de l’esprit. Notre vie, toute orientée
vers la prière, a aussi besoin d’un endroit semblable,
d’une telle ambiance faite de silence, de solitude afin
de demeurer à la Source.
Le sens du sacré, en tout, est très fort dans la vie
d’un hindou. C’est pour nous un rappel de la
Vesak, la plus grande fête bouddhiste célèbre la présence de notre Dieu partout et une invitation à
naissance, la mort, et l’ atteinte du Nirvana du marcher sur cette terre avec un grand respect envers
Seigneur Bouddha. Cette fête est rappelée dans notre tout ce qui existe.
13
LE PARTAGE DES RITES ET DES
SYMBOLES
Dans l’hindouisme, les rites et les symboles sont très
importants et imprégnés de signification. C’est
bénéfique pour nous d’en intégrer quelques uns dans
notre adoration, en leur donnant une signification
chrétienne. Par exemples: joindre les mains, toucher
le sol avec le front; l’encens, la lumière, les fleurs et
les fruits. Joindre les mains au-dessus de la tête, est
la reconnaissance de Dieu comme créateur et nousmêmes comme créatures; les mains join
tes
signifient en plus que la personne se tient devant
Dieu sans arme, ni orgueil, ni vanité. Les mains
jointes symbolisent aussi la communion intime entre
l’adorateur et Dieu: une main représente Dieu,
l’autre l’adorateur. La grande prostration sur le sol
est un geste de profonde humilité, la reconnaissance
que nous sommes poussière en face du créateur
Quelques uns de ces gestes ont une grande
signification pour nous et nous les adoptons dans
notre adoration et le culte que nous
rendons à Dieu.
pour aller prier à la mosquée. Nous avons observé
jeunes et aînés, riches et pauvres en prière : leurs
gestes expriment leur foi et leur dévotion à Allah. Le
vide à l’intérieur de la mosquée, le bassin rempli
d’eau à l’entrée pour la purification avant l’adoration
et la signification profonde, qui se cache derrière ces
signes.. .tout cela se rapproche de notre climat de
solitude, de l’esprit du désert et de la pureté de coeur
dont nous avons besoin afin de grandir dans notre vie
de contemplation.
Par ces expériences, si petites soient-elles, nous
apprenons à nous ouvrir, à admirer et apprécier tout
ce que nous avons en commun avec nos soeurs et
frères non chrétiens. Nous vivons, avec une
conscience accrue notre don de COMMUNION dans
un sens beaucoup plus large. Nous portons les
pratiquants des autres religions dans notre coeur en
vivant notre mission d’intercession. « Avec le Christ,
nous nous offrons au Père, pour l’humanité entière
dans l’assurance que l’Esprit la transforme dès
aujourd’hui et la conduit vers sa plénitude. (const.
art. 30)
Ouvertes à nos soeurs et frères
de diverses religions, nous
nous rendons compte que nous
sommes toutes et tous des
compagnons en pèlerinage vers
le Tout Puissant, chercheurs de
la Vérité, assoiffés d’Absolu,
aspirant à vivre en communion
avec LE SEUL SAINT!
Nous nous joignons à nos frères et soeurs hindous
pour la célébration de quelques unes de leurs fêtes,
qui se prêtent facilement à une signification
chrétienne. Deepa valx, la fête de la lumière, célèbre
la victoire de la lumière sur les ténèbres. Cette
célébration nous unit intimement à eux, car nous
remercions le Christ, lumiére qui éclaire chaque
être humain qui arrive en ce monde; de plus, nous
fêtons Jésus, vainqueur des ténèbres du péché par sa
mort et sa Résurrection. Thaipongar, la fête de la
moisson, est une autre occasion où nous nous
sentons en communion profonde avec nos frères et
soeurs hindous, un jour spécial pour rendre grâce à
notre créateur, qui nous donne tant de bonnes
choses.
Oui, nous sommes tous
pèlerins. Toutefois, un fait demeure: nous, chrétiens,
nous sommes bénis, nous avons reçu le don de la toi
et nous sommes envoyés, chargés d’une mission et
d’une responsabilité Nous devons reconnaître la
semence de la Parole...selon la spécificité de nos
appels et de la manière qui nous est propre, nous
Un des aspects de la vie de nos soeurs et frères de sommes interpellés(es) à devenir des instruments
l’islam, qui nous a frappées est leur fidélité. Nous afin que cette parole porte du fruit.
allons à Colombo pour acheter le matériel pour notre
travail la confection d’ornements liturgiques. Aux
environs des magasins se trouve une grande Que l’Esprit de Dieu Seul qui animait Jésus, Marie et
mosquée. Le vendredi, nous avons été témoins de Joseph, le zéle qui habitait leur coeur pour
leur ponctualité à fermer leur boutique de 12h à 14h l’établissement de la Famille de Dieu, soient nôtres,
jour après jour, en poursuivant notre pèlerinage.
-
14
UNE SÉCULIÈRE CONSACRÉE
DANS LE DIALOGUE
INTERRELIGIEUX
LE DÉFI
Le Christ a voulu que l’Église soit signe de
communion pour toute l’humanité et II nous a
demandé de nous aimer les uns les autres comme
Lui-même nous a aimés. Membres de l’Église, nous
faisons nôtre son désir de réconciliation et d’unité
pour promouvoir la fraternité universelle. (Const. de
l’Institut séculier de la Sainte-Famille, art. 70).
Mon pays, I’Afrique du Sud, est une société
multiculturelle et multireligieuse où se côtoient
chrétiens, hindous, bouddhistes, musulmans, juifs et
plusieurs religions traditionnelles africaines. La
constitution du pays inclut la « Liberté de religion »
comme un de ses principes fondamentaux.
L’Afrique du Sud est une démocratie débutante,
alors un grand nombre de personnes luttent pour la
paix, l’unité et la compréhension parmi les gens.
C’est un travail gigantesque qui peut aboutir
seulement par la foi, l’espérance, l’amour et la
confiance en Dieu, qui a sauvé le monde.
IMPORTANCE DE LA PRIÉRE
La prière est essentielle pour que les personnes du
monde entier changent leurs attitudes les unes
envers les autres et deviennent une Famille.
L’article 53 de nos constitutions dit ce qui suit:
« Notre prière au coeur du monde maintient vivante
et vraie, notre insertion. Elle est à la fois écoute de
la vie de Dieu en nous et écoute du monde pour y
découvrir la présence du Dieu Sauveur et Maître de
l’Histoire. Unie à celle du Christ, elle nous fait
chercher le dessein du Père dans les réalités
concrètes où nous sommes engagées, et nous permet
de découvrir leur signification pro fonde et
véritable».
Notre Saint Père, le Pape Jean-Paul II, dans son
Exhortation apostolique: Vita Consecrata, art.
100ss, nous dit ceci: « La prière du Christ à son
Père avant sa Passion pour que les disciples
demeurent dans l’unité (cf Jn 17, 21-23) se
Prolonge dans la prière et dans l’action de l’Église.
Comment ceux qui sont appelées à la vie consacrée
pourraient-ils ne pas se sentir concernés? La
blessure de la désunion encore existante entre ceux
qui croient au Christ et l’urgence de prier et de
travailler pour promouvoir l’unité de tous les
chrétiens ont été vivement ressenties au Synode. Par
ailleurs, le fossé qui s’élargit entre les chrétiens et
les non chrétiens doit aussi nous inciter à prier ».
« LE DIALOGUE DES ŒUVRES »
Chacun(e) de nous devons prendre la responsabilité
de promouvoir l’unité et la paix. Celle tâche n’est
pas facile, mais notre Saint Père nous incite «à
témoigner par une vie pauvre, humble et chaste,
pénétrée d’amour fraternel pour tous ». II nous
invite à franchir les barrières et à entrer en dialogue
avec les personnes de croyances et de religions
diverses.
« La collaboration, avec les personnes de traditions
religieuses différentes, trouve un autre champ
d’action dans la sollicitude commune pour la vie
humaine, qui va de la compassion pour la
souffrance physique et spirituelle à l’engagement
pour lajustice, la paix et la sauvegarde de la
création». Où la chose est possible, les personnes
consacrées chercheront l’entente avec les membres
d’autres religions, dans le « dialogue d’oeuvres »
qui ouvre la voie à un partage plus profond. La
recherche et la promotion de la dignité de la femme
est aussi un domaine particulier pour une rencontre
active avec les personnes d’autres traditions
religieuses.
Notre Fondateur, Pierre Bienvenu Noailles, a vécu
au dix-neuvième siècle, en France. II est marqué par
son époque, et ses écrits en portent la trace. Dans
cette période post révolutionnaire, il fut un des
architectes de la reconstruction de l’Église de
France. Son charisme est fondé sur la Sainte Famille
de Nazareth, qu’il propose comme modèle..
15
Sans aucun doute, nous pouvons espérer être
imprégnées de ce qui est écrit dans nos
constitutions et permettre à ces écrits de devenir
vraiment notre manière de vivre. Ne laissons
aucune pierre immobile, mais remuons toutes
celles que nous rencontrons afin de vivre selon
ces écrits. En même temps, puisse le Seigneur
La définition la plus courte que le Bon Père
remplir notre coeur de douceur, de simplicité et
donnera lui-même du Charisme est celle-ci:
d’amour pour toute l’humanité.
Le fils de Dieu est venu sur la terre pour y
fonder une Sainte Famille et il a voulu que
les trois premiers membres de cette Famille,
Jésus, Marie el Joseph, servent de modèles à
tous ceux qui devaient en faire partie”
Pèlerinage de la Sainte Famille 3.4 fiche 40.
“L’esprit de la Sainte-Famille se résume
tout entier dans ce mot: charité
De nombreuses difficultés tissent le quotidien
Lettre à la Mère Chopot 31 Août 1857 Textes de plusieurs parmi nous, mais, Jésus nous
Choisis N° 196.
demande de les dépasser afin d’être « attentives
à ceux qui nous entourent et dont nous nous
sentons proches. Nous sommes disponibles
pour répondre à leurs besoins, nous les
acceptons tels qu’ils sont avec leurs
richesses et leurs limites el nous nous
laissons interpeller par eux. Solidaires de
Dans la préface des Règles Générales de 1851, notre milieu, nous cherchons comment
notre Fondateur dit qu’à certains moments, iI est promouvoir la justice, la charité et la vérité
nécessaire de « bâtir sur un nouveau sol et dans nos relations avec les hommes (art. 66)
choisir avec discernement dans les anciens
édifices, les pierres qui pouvaient seules Au début de ce troisième millénaire, l’Église
convenir à celui que nous voulions élever ». tout entière doit sentir profondément la
Notre Fondateur s’il vivait au vingt et unième
siècle désirerait que tous les membres de sa Famille aient le coeur rempli de compassion et
d’amour pour tous les êtres humains, peu
importe leurs croyances.
Ne serait-ce pas le temps pour nous, séculières
consacrées, « d’aller de l’avant», en cherchant le
dialogue et l’unité avec les personnes d’autres
religions? La tâche ne sera pas facile...nous
aurons besoin de nombreuses grâces,
particulièrement, celles du courage, de la
fermeté ou force d’âme pour oser nous
aventurer sur de nouveaux terrains.
L’article 65 de nos constitutions exprime ceci:
« L’amour de Dieu, source de tout amour se
responsabilité d’obéir au commandement du
Christ:
« Allez dans le monde entier annoncer la
Bonne nouvelle à toutes les nations ».
Ainsi, chacune de nous, dans notre milieu, nous
pouvons relever ce défi en y répondant
librement. Comme individu, on ne nous
demande pas de nous tenir debout sur des
tribunes improvisées et proclamer l’évangile,
mais tranquillement, simplement, doucement
d’évangéliser par notre fidélité à la Parole et par
notre exemple... dans notre ville, notre pays;
auprès de toute personne que nous rencontrons.
En guise de conclusion, voici une pensée de
notre Fondateur. « Si Jésus, Marie et Joseph
manifeste dans l’amour des frères. II nous
fait vivre en communion et trouver une
complémentarité avec eux. Conscientes de
ce don, nous voulons le rayonner et
l’incarner dans notre milieu familial et
étaient à ma place, que diraient-ils, comment
social ».
agiraient-ils ? »
16
Que naissent les colombes!
17
NOUVELLES DE FAMILLE
ASSOCIÉS/ES
Préparation de l’Assemblée Générale
Martillac, la Solitude 17-22 août 2002
Le Comité d’organisation de l’Assemblée
Le Comité Intercontinental des Associés/es laïcs a décidé que, pour des raisons pratiques, I’Europe serait
chargée de la préparation de l’Assemblée Générale du mois d’Août 2002. Une équipe préparatoire a été
constituée avec trois Associés, représentant les trois langues officielles de la Famille: Bert Suffield
(Angleterre), Antonio Garrido (Espagne), Émile Boher (France), ainsi que Marie Carmen Vilardell,
Conseillère Générale de l’lnstitut Religieux. La première rencontre de travail de l’équipe a eu lieu à Madrid
(Espagne) en novembre 2001, et plus récemment une deuxième rencontre se déroulait à Rome, à la Maison
Générale, du 22 au 24 Février 2002. Pendant les séances de travail, Soeur Teresa Cabo assurait la traduction
et dans ses temps libres, chacun cherchait dans les profondeurs de sa mémoire les quelques mots d’Anglais,
Français ou Espagnol qu’il pouvait encore tirer de l’oubli!
Rencontre de la Coordinatrice d’Europe
avec les représentants des Comités Nationaux
Au mois d’Août 2001, avait lieu la rencontre de la coordinatrice pour l’Europe, Madame Maïté Dorronsoro,
avec les représentants des Comités Nationaux du Continent. C’est l’lrlande cette fois qui accueillait les
différentes Délégations.
La rencontre s’est tenue à Dublin. Les participants abordèrent plusieurs aspects relatifs à l’élection du
Coordinateur Européen, à la marche des Associés dans les différents pays, et surtout des thèmes en lien avec
l’Assemblée Internationale qui aurait lieu au mois d’Août prochain. C’est au cours de cette rencontre que
furent nommés les membres de l’équipe de préparation de l’Assemblée Internationale.
Le groupe, composé de 15 personnes, était très reconnaissant envers les soeurs Apostoliques d’Irlande, pour
leur accueil chaleureux, la bonne organisation de la rencontre et pour le choix du lieu particulièrement beau
et tranquille. Ils étaient conscients que, au-delà des barrières imposées par les différentes langues, ces jours
passés dans une ambiance si familiale et si agréable, les avaient beaucoup aidés à mieux se connaître et à
renouveler leur désir de continuer à avancer dans leur mission de « Faire Famille », comme le souhaitait le
Bon Père. À tout cela il fallait encore ajouter le plaisir de découvrir quelque chose de la belle et verte Irlande.
18
L’EVOLUTION DES
PRÊTRES ASSOCIÉS
PAR SŒUR MARGARET ROSE JAYASINGHE
AU SRI LANKA
(DE 1993 A 2000)
LES COMMENCEMENTS
RÉPONDRE À UN APPEL
Après avoir fait la session de spiritualité à Martillac,
en avril 1991, Sr Margaret Rose de la province de
Colombo s’est sentie appelée à promouvoir
davantage la vocation de prêtres associés de la
Sainte Famille dans son pays. Elle a été inspirée par
la vision du Fondateur qui avait fait une tentative de
fonder, dans son Association, une branche pour les
prêtres. Pendant qu’elle travaillait dans un
orphelinat, elle était en relation avec plusieurs
prêtres qui soutenaient son travail. Quelques uns ont
partagé leurs expériences avec elle, ce qui l’a
encouragée à travailler davantage au développement
des prêtres associés au Sri Lanka.
Dans son compte rendu sur l’évolution de ce
ministère, S. Margaret Rose souligne sa gratitude
envers les personnes qui lui ont apporté soutien et
encouragement: ses deux provinciales, Sr Euphrasia
Rodrigo et Sr. Kumudini Dassanyake ; Sr Joy Smith,
Sr Josephine Mendis, toutes deux décédées et Sr.
Margaret Muldoon, qui lui a suggéré de décrire
l’évolution de son expérience au service des prêtres
à partir de 1993.
Soeur Margaret Rose décrit elle-même
commencement et l’évolution du projet.
le
« Ce projet a été présenté à un prêtre en 1993,
aujourd’hui, il est engagé comme prêtre associé. En
1995, j’ai travaillé avec des prêtres de tous les
diocèses en étant coordinatrice de la promotion des
vocation. Ce fut la deuxième occasion de présenter
notre spiritualité aux prêtres que je sentais capables
de relever le défi: tout en vivant profondément leur
propre vocation sacerdotale, de découvrir un autre
appel à l’intérieur de leur premier appel à devenir
prêtre diocésain ».
(A un autre moment, j’ai été poussée à présenter
cette spiritualité aux séminaristes à Marawila
(diocèse de Chilaw). Ils ont très bien répondu, nous
avons eu des sessions tous les mois; ils célébraient la
fête du Fondateur et son anniversaire de façon
créative. Le directeur actuel du séminaire poursuit
son discernement; il a bon espoir de faire son
engagement bientôt ».
LES ÉTAPES DE DÉVELOPPEMENT DU PROJET
Première Étape
Visites aux prêtres individuellement; à ceux que notre spiritualité intéresse, parler de la vision de notre
fondateur
deuxième Étape
Leur fournir de la documentation: Guide spirituelle pouraujourd’hui, Sur ses pas, des dépliants sur l’Institut;
correspondre avec eux de façon régulière.
Troisième Étape
La visite de Joy Smith et Josephine Mendis pour la rencontre des Associés à Wennappuwa nous a donné le
privilège d’organiser notre PREMIEPE RENCONTRE DE PRÊTRES ASSOCIÉS, le l5 juillet, 1996.
19
Nous avons réfléchi sur l’histoire des prêtres associés et sur l’article 4 des statuts des associés.
Une autre rencontre a suivi; nous nous sommes entendus pour une rencontre par semestre.. .huit rencontres
ont eu lieu de 1997 à 2000
Les thèmes sur lesquels nous avons réfléchi sont les suivants:
• La vie de P.B.N. comme séminariste prêtre, et ses expériences personnelles.
• Le point de rencontre SF- vie de la Sainte Famille à Nazareth.
• La Sainte Famille, Germe de l’Église.
• Dieu Seul, vécu par Jésus, Marie et Joseph.
• Les expériences vécues par Sr Euphrasia Rodrigo et le Père Deverajaha à la journée de la Famille
du chapitre de 1999. Pour la première fois, un prêtre associé participait à notre journée de famille.
• Les art.1 2,3 des constitutions pour aider les prêtres à réfléchir sur I’identité des prêtres associés
de la Sainte-Famille.
• Leurs impressions le jour où six prêtres ont fait leur engagement et deux autres l’ont renouvelé
pour la première fois.
Quatrième Etape
A Wennapuwa et Nagoda (5juin, l8juin 2000)
L’identité du prêtre de la Sainte-Famille a été réfléchie, discutée et formulée par les membres du groupe.
A cette étape, nous avons aussi réfléchi en équipes , selon le rythme du travail. Les soeurs contemplatives de
Nagoda nous ont soutenus silencieusement dans cette mission par leur prière; et nous avons apprécié leur
contribution.
LA SITUATION EN NOVEMBRE 2000
Prêtres engagés………... 9
En discernement………..8
A l’étape de contact…….3
En recherche……………1
Sr Margaret Rose mentionne aussi que plusieurs prêtres ont décidé d’arrêter quand ils étaient à l’étape de
contact, mais elle ajoute aussi « Nous sommes heureux(euses) de transmettre les valeurs et l’esprit de la
Sainte-Famille dans les paroisses et centres où sont les prêtres de la Sainte-Famille. A partir de 2001 nous
espérons travailler avec 4 autres de nos prêtres ainsi que les populations dont ils s’ occupent »
Un programme est au point pour les jeunes hommes, dans les séminaires de Haputale et Marawila, pour les
jeunes couples afin de bâtir la famille à Madampe Chilaw, Katuneriya et Wennappuwa.
Puisse notre fondateur, qui a été l’inspirateur de celle mission avec les prêtres et les personnes dont
ils s’occupent, nous guider dans l’avenir. Puisse-t-il inspirer plusieurs soeurs de divers pays, à
continuer ce travail afin que nous puissions témoigner du «VISAGE FAMILIAL DE DIEU » dans
l’Eglise.
20
LES JEUNES DE LA SAINTE-FAMILLE
S’ENGAGENT COMME
ASSOCIÉS LAÏQUES
PAR SŒUR MARY TERESA MOKHOTHU
AU LESOTHO
Le dimanche 7 mai 2001, la mission de Loretto au
Lesotho a été témoin d’une cérémonie solennelle et
inoubliable. En effet, ce jour là. vingt jeunes filles
faisaient officiellement leur promesse de vivre selon
l’esprit et les valeurs de la Sainte-Famille. Membres
d’un groupe d’une quarantaine de jeunes, elles
avaient été jugées prêtes à assumer cet engagement.
Jusqu’à maintenant, seulement deux filles d groupe
des jeunes s’étaient engagées comme membres des
associés laïcs de la Sainte Famille.
la façon traditionnelle des Associés de la SainteFamille.
A leur tour, toutes les jeunes alignées dans le
sanctuaire, allumaient aussi leurs cierges au cierge
pascal et chacune, solennellement, prononçait sa
propre promesse de vivre la vie des jeunes Associées
de la Sainte-Famille.
Après cette proclamation, une à une, elles montaient
à l’autel pour apposer leur signature à la promesse
qu’elles venaient de faire. Ce moment d’engagement
devant la communauté paroissiale et devant la
Présidente Nationale, Soeur Marie Theresa
Mokhothu fut très solennel et impressionnant.
Theresa concluait la cérémonie en présentant à
chacune des jeunes filles un insigne de la SainteFamille. Le groupe recevait aussi une Bible et les
Statuts des Associés pour les guider et les nourrir.
Cette célébration fut tellement impressionnante que
le représentant de la mission de Loretto demandait
au comité national que les jeunes de Loretto
reçoivent la formation et soient incitées à suivre
l’exemple du groupe qui venait de faire sa promesse
solennelle dans la Sainte-Famille.
La cérémonie s’est déroulée durant l’Eucharistie
présidée par le Père Lawrence Mokete Moeketsi,
o.m.i., qui rendait visite à la mission et prêchait une
retraite aux catéchistes de la paroisse.
Ce matin-là, une brève description de la SainteFamille et de la vie de notre fondateur, Pierre
Bienvenu Noailles, était donnée par Madame Mary
Rampoba, à tous les membres de la communauté
paroissiale présents à la messe. lmmédiatement
après, soeur Rosa Mary Chaka, animatrice du
groupe, présentait les jeunes aux membres du comité
national.
Madame Elizabeth Masechaba Masoabi, viceprésidente du comité, s’assurait auprès de
l’animatrice du groupe que ces jeunes avaient bien
reçu une formation appropriée, et assimilé les Pleine d’espérance Soeur Mary Theresa exprimait ce
éléments importants de la spiritualité ainsi que les voeu: « Nous espérons que ce groupe aura un impact
valeurs de la Sainte-Famille.
significatif sur la vie des Basothos et nous prions
pour que ces jeunes réussissent à vivre en suivant
Ensuite, le Président Continental des Associés, l’exemple de Pierre Bienvenu Noailles. C’est notre
Bernard Thabo Moeketsi, allumait son cierge au désir de recevoir plus de garçons et de filles dans le
cierge pascal et renouvelait son engagement, selon
groupe des jeunes afin que l’esprit du Fondateur se
répande toujours plus dans le pays»
21
L’INSTITUT RELIGIEUX
ESPOIR POUR
LES ENFANTS DE LA RUE
Un rêve est devenu réalité pour Soeur Margaret
Bradley, de la province Britain Irlande. En effet,
elle a réussi à faire publier un livre de ses
poèmes... «Espoir pour les enfants de la rue».
Son rêve a débuté en1998 après la lecture, dans
un journal quotidien, d’un article: «Children of
the Sewers» « Les enfants délaissés». A ce
moment-là, elle a été inspirée d’écrire un poéme
qui attirerait l’attention sur le sort réservé à ces
enfants et aiderait à une prise de conscience plus
grande de leurs immenses besoins. Margaret a
aussi décidé ceci:quand elle prendrait sa retraite
de l’enseignement, elle rassemblerait, dans une
anthologie, tous ses poémes, écrits pendant
quarante ans ; elle les ferait publier et toutes les
recettes serviraient à aider les enfants de la rue.
LES PROGRÉS D’UN POÈTE
«Au fil des ans», nous dit Margaret, « je suis restée
en contact avec divers groupes et personnes,
intéressés à la poésie. Je leur faisais parvenir des
copies de ce que j’avais écrit afin de recevoir des
commentaires et de la critique constructive. J’ai
appris bien des choses et j’ai reçu beaucoup
d’encouragements de la part de tous». Sa propre
famille l’a vivement soutenue et lui a permis de se
servir de « matériaux» provenant de l’expérience
accumulée par plusieurs génération de cultivateurs
dans la campagne Irlandaise. Ses collègues de
l’école lui ont aussi manifesté beaucoup d’intérét.
LA
PUBLICATION
DU
LIVRE
Afin d’éviter les longues démarches pour trouver un
éditeur, Margaret a décidé de faire imprimer
l’anthologie à compte d’auteur. Ayant trouvé un
éditeur qui lui convenait: NEELB’s (North Eastern
Education and Library Board) elle a fait imprimer
Ce garçon transporte 12 fois son propre poids
mille exemplaires au coût de £ 1,700 sterling.
Pour payer ces frais, elle a dû chercher des
commanditaires afin d’assurer le projet.
Margaret a rédigé une lettre; elle l’a expédiée
aux banques et commerces, présents dans son
environnement et à l’administration provinciale
de la SainteFamille...Grâce à la générosité de
tous, l’argent nécessaire a été recueilli.
FAIRE LA PROMOTION ET VENDRE LE
LIVRE
Une de ses amies, qui travaille dans une maison
d’édition, a suggéré à Margaret de faire un
lancement officiel. A sa demande, Margaret a
entrepris de le faire. Le propriétaire d’un
restaurant. «Marys Lounge» a mis à sa
disposition cet endroit en offrant gratuitement, à
cette occasion, thé et café. Cet événement a eu
lieu le 11 septembre, 2001. Comme le dit
Margaret. « Nous lancions de «l’ESPOIR»,
tandis que dans une autre partie du monde,
d’autres personnes étaient les auteurs de
désastres et semeurs de désespoir .. Les gens
sont venus nombreux au lancement.
22
Toutes nos communautés ont reçu un exemplaire du
livre et elles ont répondu généreusement. La
communauté de Margaret et sa famille ont joué le
rôle d’agents des ventes. Des exemplaires ont été
placés dans quatre écoles des environs et Margaret
est allée dans certaines pour parler des enfants de la
rue. Le responsable du secteur poésie de sa maison
d’édition a joint la « BBC Radio Ulster »,
demandant aux journalistes de communiquer avec
l’auteur afin de l’interviewer. Cette entrevue a fait
surgir un torrent de nouveaux contacts, de ventes
supplémentaires et de nouveaux encouragements au
sujet des poèmes. «Alors, maintenant» ,dit Margaret,
« il ne nous reste que quelques livres». Un généreux
donateur a même versé £ 400 pour qu’une seconde
édition suive.
«Je n’ai pas choisi la Colombie; la Colombie m’a
choisie ». Quinze jours avant la date fixée pour son
retour en Angleterre, Peter n’avait plus d’argent, il
A QUOI A SERVI L’ARGENT?
pouvait se payer de la nourriture seulement tous les
Le profit des ventes, toutes dépenses payées fut de deux jours. Les enfants de la rue se sont liés d’amitié
£6000. Je me faisais un grand souci au sujet de la avec lui; ils partageaient leur frugal repas et ils lui
manière la plus sûre de disposer de cet argent, et indiquaient les endroits où iI pouvait dormir en
entre les mains de quelles bonnes personnes? La sécurité, la nuit. Peter a été très impressionné par leur
Providence a fourni les contacts nécessaires au bonté.
moment le plus opportun.
A son retour en Angleterre, il a rendu visite à
Au cours d’une rencontre avec le groupe des l’archevêque, en lui demandant qu’est-ce que
«Apostolic Workers», on a lu une lettre venant de Sr. l’Église faisait pour aider ces enfants? L’archevêque
Anne Fernandes, qui travaille avec les enfants de la lui a expliqué ce que faisait l’Église pour les
rue à Bombay. Je me suis informée sur le soutenir. II a également assuré à Peter que beaucoup
magnifique travail que la soeur accomplit, de gens en Colombie leur apporte sans doute de
principalement auprès des filles. Je lui ai fait par- l’aide et il a ajouté cette parole, une véritable flèche:
«Dieu te demande peut-être de faire quelque chose
venir un don.
pour les enfants de la rue». Peter est parti et il a
Une autre personne m’a mise en communication réfléchi aux paroles de l’Archevêque. II a commencé
avec un prêtre salésien qui s’occupe des enfants de à recueillir de l’argent pour les enfants de la rue. A la
la rue, cette fois, des garçons, à Cape Town, en période des vacances, il est parti pour la Colombie,
où il a travaillé avec les Pères Salésiens.
Afrique du Sud.
Impressionné par le témoignage de l’Eglise
catholique en Colombie, il se convertit au
Le troisième contact est venu de la lecture d’un
article d’un magazine, que j’ai ramassé à l’église. catholicisme et, en 1995, II a été ordonné prétre:
L’auteur raconte une histoire prenante d’un jeune Depuis, Peter travaille avec les enfants de la rue».
étudiant anglais, Peter Walters, appartenant à la Peter a reçu un don: £ 2 000 pour développer son
magnifique travail. Margaret espère avoir la
religion anglicane. Peter est allé en Colombie durant
possibilité de le rencontrer un jour, en Angleterre, où
ses vacances. L’histoire mérite d’être racontée au
il vient trois fois par an.
complet; je laisse la parole à Margaret :
23
LA VIE D’UNE ÉGLISE OECUMÉNIQUE
AU CENTRE D’UNE VILLE DU
ROYAUME-UNI
PAR MARY SLAVEN
Depuis plus de trois ans, je fais partie de l’Équipe
Pastorale de l’Église du « Christ Pierre Angulaire »
et dans l’ensemble, je trouve cette mission àla fois
stimulante et encourageante. Stimulante, parce que
c’est un champ apostolique tout à fait nouveau pour
moi, encourageante, parce que de nombreuses
personnes animées de fermes convictions, totalement
disponibles
s’impliquent
dans
ce
travail
oecuménique.
MILTON KEYNES,
UNE VILLE NOUVELLE
dans l’église oecuménique, aussi bien que dans
l’église du villages dont il a la charge, et moi-même.
A part le prêtre nous sommes tous des ministres à
plein temps. Je suis le seul ministre non ordonné.
Pratiquement la seule différence entre nous, c’est
que je ne peux pas célébrer l’Eucharistie. Pour le
reste je partage en tout les mêmes responsabilités,
assurant à mon tour la prédication, présidant les
célébrations, organisant les services, travaillant avec
les
différents
comités
et
participant
à
d’innombrables réunions!
UNE PREMIÉRE DATE « REPÉRE »
L’Église dans laquelle je travaille existe seulement
depuis dix ans, mais les communautés qui
maintenant se réunissent dans ce lieu pour prier ont
approximativement vingt-cinq ans. Avant même
qu’elles aient une église proprement oecuménique, il
y avait à Milton Keynes des assemblées de prière
communes. Les gens avant se rencontraient et
priaient dans la bibliothèque publique, ils
disposaient d’une pièce à leur usage. La ville, en soi,
n’a que 25 ans seulement et elle fait partie des toutes
derniéres villes nouvelles du Royaume-Uni. Elle
continue de s’étendre semaine après semaine. Le
centre, où se dresse l’église, est une zone peu
résidentielle qui abrite le coeur administratif, les
commerces de détails, et les lieux de loisirs. En
général, la population réside dans les nombreux
petits villages anciens qui entourent la nouvelle cité.
Ces petits villages continuent de se développer car
de nouveaux logements sont construits autour de ce
qui, en d’autres temps, constituait le centre. Dans
I’ensemble, le tout a été conçu avec goût et demeure
assez attirant.
Ce week-end nous allons célébrer le l0e anniversaire
de la consécration de l’Église. II y a 10 ans cette
célébration fut véritablement un événement
historique. Elle eut lieu en présence de la Reine et le
sermon fut prêché par le Cardinal Hume. C’était la
première fois depuis la Réforme qu’un Prélat
catholique prêchait en présence du Monarque, un
véritable événement. Pour le 10° anniversaire i1 n’y
aura pas de présence royale et devinez qui fera
l’homélie ?... Moi-même ! Quel contraste!
LES PAROISSIENS
Comme l’église est située dans le centre de ville où
très peu de gens vivent, ceux qui viennent à l’Église
en semaine sont assez différents de ceux qui
participent le week-end. En semaine l’assemblée est
formée surtout de commerçants, de fonctionnaires
de l’administration publique, d’employés de
bureaux, de banques, des vendeurs. En fin de
semaine ce sont surtout les gens qui viennent des
villages environnants. Ceux qui fréquentent l’Eglise
pendant la semaine constituent une population
L’ ÉQUIPE DE PASTORALE
mouvante, tandis que les fidèles du week-end sont
ŒCUMENIQUE
relativement stables, à l’exception de visiteurs
occasionnels.
De tous ceux qui viennent à l’Église, les
Nous formons une Équipe pastorale de cinq
Catholiques, à l’exception de quelques fidèles
personnes: 2 membres de l’Église Anglicane, 1 de
véritablement engagés, constituent, la confession la
l’Eglise Baptiste et 2 autres de l’Église Catholique
moins dynamique. Au début cela m’ennuyait
Romaine, à savoir: le prêtre qui dit la Messe dans
terriblement, maintenant je l’accepte simplement.
Les choses sont ainsi , mais ça fait peine.
24
UN OECUMÉNISME VIVANT ET EN BONNE SANTÉ
La semaine dernière “les Églises unies de Grande-Bretagne et d’Irlande « (CTBI) ont tenu une de
leurs conférences bi-annuelle et l’Evêque m’a aimablement demandé de représenter le Diocèse.
Cet organisme est né en 1990 pour remplacer le BCC, le Conseil Britannique des Églises. Ce
changement était motivé par une raison profondément oecuménique: le but était de créer un
organisme qui puisse véritablement représenter tous ses membres, et qui puisse refuser
d’encourager ou d’endosser des initiatives inacceptables pour ses membres.
Ce principe peut sembler trop neutre, mais en fait, il s’est révélé être libérant pour les églises
membres dont le nombre a augmenté depuis qu’il a été adopté. La conférence comptait 30
participants venus des quatre nations: Angleterre, Irlande, Écosse et Pays de Galles. II y avait
plusieurs Evêques aussi bien Anglicans que Catholiques, pas mal de ministres ordonnés et
beaucoup de laïques. Ce fut une bonne expérience de diverses Églises travaillant ensemble. Deux
des conférences ont été données par des laïques, tous deux professeurs d’université, l’un Écossais,
l’autre Gallois. Leur langage avait une extraordinaire fraîcheur, compréhensible par tout le monde,
un langage bien séculier, éloigné de notre jargon d’église. Ils ont souligné la manière dont les
nouvelles structures politiques dans leurs pays respectifs ont créé dans la population, un nouveau
sentiment d’appartenance nationale, et un nouveau sentiment d’appartenance ecclésiale. C’était le
plus intéressant et le plus inspirant.
L’Oecuménisme est vivant, en bonne santé, mais il avance lentement, et en ce moment il n’y a rien
de spectaculaire à son sujet !
25
LE VICARIAT
LA CLÔTURE N’EST PAS UNE BARRIÈRE
POUR LES ACTIVITÉS ŒCUMÉNIQUES
OU INTERRELIGIEUSES
La Communauté Contemplative de la Solitude se considère privilégiée. Sans quitter le monastère, de
nombreux moyens de s’ouvrir à l’oecuménisme s’offrent à elle. Voici un résumé succinct de ses activités.
Rencontre Oecuménique
dans le cadre de l’Année Jubilaire
Dans le cadre de l’année jubilaire et à l’initiative de la Communauté Contemplative, en accord avec le
secteur paroissial, une rencontre oecuménique entre chrétiens était organisée le 13 mai 2000. Une centaine de
personnes dont une vingtaine d’adolescents se sont rassemblés.
Le Thème : En quel Dieu je crois? Les intervenants ont choisi d’aborder la question à partir du Dieu Trinité,
chacun selon sa sensibilité. Le diacre orthodoxe parcourt la parole de Dieu dans l’Évangile de St. Jean, le
jeune pasteur réformé interroge à partir de la liturgie, et une laïque, de confession catholique, développe la
place de la Trinité dans la vie quotidienne. Un buffet champêtre et une célébration commune à la chapelle
complètent celle journée riche d’échanges et de nouvelles connaissances.
Session sur la Parole de Dieu
Un éclairage sur d’autres Religions
A la fin du mois de janvier 2002, un aumônier
militaire quia bien approché l’Islam, donnait une
conférence sur le sujet, à la Communauté
Contemplative de la Solitude. II laissait à leur
disposition un exemplaire du Coran, accompagné
Les exposés étaient centrés sur le sens, la pratique d’un ouvrage « Islam et Chrétienté », relatant 13
du Shabbat et la lecture Juive de la Bible. Les siècles de cohabitation.
participantes ont réfléchi sur les implications du
Shabbat dans la pastorale, dans leur manière de La lecture durant les repas permettait aussi à la
célébrer.
Quelle
place
faisaient-elles Communauté de découvrir le livre: « Le Moine et le
à la célébration de la création dans le rythme de leur Lama », entretiens de Dom R. Le Gall et du Lama
vie?...Quelle place pour la gratuité? Quel sens Jigmé Rinpoché, directeur d’un Centre Tibétain en
Dordogne ( France). Ce livre introduisait les soeurs
donner au repos ?...
dans l’univers Bouddhiste Tibétain.
Deux textes faisaient l’objet d’une étude plus
précise, avec maints exemples tirés des De nombreux articles sur l’une ou l’autre religion,
commentaires rabbiniques, qui s’éclairaient les uns dans le journal “La Croix”, (un journal français),
les autres.En conclusion des points communs étaient étaient propres aussi à faire naître plus de
relevés entre la lecture Juive et la lecture Chrétienne compréhension. Enfin « Le voyage de Théo », de
de la Bible, ce qui jetait bien des lumières Catherine Clément, philosophe, édité aux éditions
sur la manière dont les toutes premières “Le Seuil - point”, même s’il n’est qu’un survol de
Communautés Chrétiennes ont pu lire la Bible. C’est ces questions de dialogue interreligieux, offrait
la même Parole qui rassemble un peuple, qui cependant un large éventail des croyances
s’incarne en Jésus et qui se déploie dans une Eglise religieuses à travers le monde
qui est le Corps du Christ
Du 20 août au 1er septembre 2001, une session sur
la Parole de Dieu regroupait à Martillac 36 Soeurs
du Vicariat ainsi que des Soeurs apostoliques et des
Séculières, en tout 70 participantes.
26
L’INSTITUT SÉCULIER
DE LA
SAINTE FAMILLE
L’Institut Séculier de la Sainte-Famille vient de publier une brochure et un dépliant sur la nature et
le but de l’Instítut. II est maintenant disponible en français et en espagnol La version Anglaise
paraîtra bientôt. L’avant propos de cette brochure a été écrit par l’Ancien Archevêque de
Bordeaux, Monseigneur Marius Maziers qui a facilité l’érection de l’Institut Séculier de la SainteFamille dans le diocèse de Bordeaux.
Nous devons à Madeleine Delbrel, un grand témoin de la Foi pour notre temps, cette parole par
laquelle elle a rendu compte de sa présence chrétienne dans une banlieue ouvrière de Paris. « Être
dans les ténèbres de l’ignorance universelle, des prises de conscience de Dieu - savoir que là est
l’acte salvateur par excellence. Croire de la part du monde, espérer pour le monde, aimer pour le
monde. Savoir qu’une minute chargée de Foi, même dépouillée de toute action extérieure, possède
un germe de valorisation, une puissance vitale que tous nos gestes humains ne sauraient
remplacer ».
Le mystère de Jésus de Nazareth qui est au coeur de la spiritualité de Pierre Bienvenu Noailles
donne à cette conviction un fondement lumineux.
C’est en habitant une humble bourgade de Galilée, en vivant avec Marie et Joseph une vie familiale
très simple, en travaillant de ses mains, en participant à la vie sociale de ce pays, que pendant trente
ans, Jésus a vécu sa mission de Sauveur; mission d’alliance entre Dieu et l’homme, mystère
étonnant, bouleversant de la manifestation de 1’ Amour Trinitaire à travers une humanité en tout
semblable à la nôtre, sauf le péché.
Tel est bien le mystére que veulent vivre et signifier au coeur du monde du 21 e siècle, les membres
de l’Institut Séculier de la Sainte-Famille. Des coeurs qui, dans 1’ épaisseur de toutes les activités
humaines désirent accueillir et reconnaitre 1’ Amour Tninitaire tel qu’il se manifeste à travers 1’
humanité de Jésus. Des coeurs qui désirent, dans la simplicité de la vie ordinaire, au quotidien,
manifester cet Amour de Dieu pour les hommes, le laisser transparaître à travers la qualité des
relations fraternelles.
En ces temps très marqués par le sécularisme, c’est à dire l’absence de référence à
Dieu dans l’orientation de la vie, il est important que des personnes se vouent à Jésus
Christ au coeur même des activités humaines pour y reconnaître, sous le souffle de
l’Esprit Saint, l’Amour créateur du Père et participent à l’avènement quotidien de son
Royaume d’Amour, de Justice et de Paix.
Monseigneur M. Maziers
Ancien Archevêque de Bordeaux.
27
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