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REVUE SAINTE-FAMILLE
HOLY FAMILY REVIEW
REVISTA SAGRADA FAMILIA
Découvrir “les
semences du
Verbe “ dans
les autres
Religions
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AGAPE No34
Découvrir “les semences du Verbe dans les autres Religions
Revue annuelle produite par les
quatre vocations de la
Sainte-Famille de Bordeaux,
la Famille Spirituelle du Père
Pierre-Bienvenu Noailles
Equipe de Rédaction
Sr Geneviéve Bessiéres
Conseillére générale Apostolique
Vincenzo Mancini
Laïc Associé
Sr BernadetteTaurinya
Contemplative
Une Consacrée Séculiére
Sr.Teresa Cabo
Sr. SileMcGowan
Sr Lorette Laffargue
Equipe Intemationale Comlnfo
Revue éditée et publiée par
l’Equipe Intemationale de
Comlnfo de l’lnstitut Religieux
de la
Sainte -Famille de Bordeaux
Via dei Casali Santovetti58
00165 Roma, Italie
Tél. (+39)06 6650071 Fax (+39)
0666411470
Email sfbfrinfpcn.net
Couverture:
dessin de
Sr. Maria Teresa Florenza
Editorial
« Les Semenes du Verbe »
Sr. Teresa Cabo 2
Article de fond Le dialogue interreligieux 3
Sr. Cleophas Thamel
Sri Lanka
Notre Spiritualité
Témoigner que la communion est possible
Sr Bern adette Taurinya 6
La Solitude
Une Famille Partage
Communion sans frontiéres 9
Sr Marie Héléne Méridier
Religleuse Apostolique France
Une laïque associée: dans la diversité 12
cosmopolite Londonienne
Margaret Holmes
Associée Laïque Angleterre
Dialogue dans un contexte multireligieux
Sr. Annette Suaris 14
Contemplative, Nagoda
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ÉDITORIAL
LES SEMENCES DU VERBE
En toutes choses, comme à propos de ce théme,
le dialogue interreligieux, nous pouvons tomber
dans des Iieux communs, répéter des poncifs que
nous connaissons ou entendons souvent, et avoir
la conscience tranquille sans pour autant changer
quoi que ce soit aux sentiments et aux
convictions que nous portons dans notre coeur.
Si les relations entre croyants de différentes
religions, n’ont jamais été faciles, nous ne
pouvons pas dire honnêtement que maintenant
elles le sont davantage, du moins si nous nous
situons dans la perspective de nos vielles Églises
d’Europe Occidentale.
Souvent nous avons répété ces paroles de Paul
VI dans l’Encyclique Evangeli Nuntiandi: ((Les
semences du Verbe se trouvent dans toutes les
Religions». Nous devrions faire en sorte que ces
vérités descendent dans notre coeur afin de les
transformer en sentiments de tolérance, de
respect, et d’humilité. Parfois il y a trop
d’arrogance, trop de fondamentalisme dans notre
manière de croire. Nous croyons comme si nous
étions en possession de la vérité absolue, et nous
ne respectons pas la part de vérité contenue chez
les autres. En 1965 au cours d’une session de
Vatican II, le Père Arrupe en appelait à : « une
plus grande estime des différentes cultures et
personnes, non comme une concession
extérieure, mais comme une reconnaissance du
coeur, comme II se doit entre frères et sœurs. »
Autrement dit, il faut se mettre à la place de
l’autre et reconnaître sa part de vérité, sans
vouloir imposer la sienne. Notre époque plus
que n’importe quelle autre a besoin d’écoute, de
discernement de collaboration et d’audace.
Le Charisme de la Sainte-Famille est un
Charisme de communion, d’inclusion. Et quand
nous parlons d’inclusion, nous voulons dire que
personne ne doit rester à l’extérieur. Toute
personne qui entre trouve une place,il n’ y a pas
de places réservées, II n’y a pas de postes
privilégiés. Nos différences ne sont pas un obstacle
qui nous empêche de dialoguer, elles sont une
richesse qui donne de la profondeur, du dynamisme,
de l’intérêt, des perspectives à notre dialogue. Les
différences ajoutent encore à notre dialogue: la
sagesse et le goût du pain tendre qu’on partage à une
même table, en communion d’esprit et de coeur,
sachant que nous avons le même Père/Mère dont le
salut offert est sans limites.
Jésus de Nazareth, Fils de Dieu et notre Frère, nous
a laissé un bel exemple de dialogue interreligieux.
C’était un pratiquant Juif, fidèle à la volonté et au
désir du Dieu d’Israël . Mais, les Évangiles, écrits par
des Juifs, nous montrent des scènes qui pourraient
nous paraître déconcertantes. Jésus parle de
théologie et se révèle lui-même comme le Messie à
une femme de Samarie. Avec le Centurion, un païen
il fait preuve d’une délicatesse exquise, et il loue la
profondeur de sa foi. Avec la Cananéenne, il a un
dialogue apparemment rude qui parvient à toucher
les fibres les plus sensibles d’un coeur féminin,
profondément sincère et humble. II se réjouit avec le
lépreux Samaritain qui vient remercier pour sa
guérison, et il n’hésite pas à comparer son attitude
avec celles des neuf Israélites qui n’ont pas senti la
nécessité de dire merci. Jésus n’hésite pas à
exprimer son admiration pour la foi de non juifs.
Si nous voulons un monde de paix nous devons le
construire, petit à petit, avançant et reculant, mais
sans jamais nous arrêter. C’est la manière d’être
fidèles à notre précieux héritage. C’est une façon de
contribuer à l’avènement d’un monde meilleur, en
faisant que le rêve de Dieu, I’idéal de notre
Fondateur, devienne réalité, et que tous ses Fils et
Filles soient enfin réunis à la même table, comme
membres de sa Famille.
Sr. Teresa Cabo
Service International Com info, Rome
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LE DIALOGUE
INTERRELIGIEUX
SOEUR CLEOPHAS THAMEL
Bien que nous appartenions à différentes familles,
castes, croyances, religions et cultures, en Jésus,
nous sommes «frères» et «soeurs» (Lc 11, 2-4). Par
conséquent, nous devons bâtir la communion entre
nous. C’est le dialogue qui crée la communion entre
les personnes et les groupe. Dans les années 80,
l’Église était consciente que le dialogue constituait
une priorité. Dans la décennie des années 90,
l’Église a mis l’accent sur la nécessité du dialogue
interreligieux. Elle avait raison . Bien que le
dialogue interreligieux soit apparu pour la première
fois dans les milieux officiels de l’Église, au cours
des années 1960 et suivantes, ce thème a continué
d’être un sujet de confusion, nul doute alors qu’il
soit nécessaire d’y revenir aujourd’hui. II existe une
certaine méfiance dans la façon de l’appréhender.
Certains voient dans ce dialogue, une menace pour
la mission de l’Église, d’autres le considèrent
comme une démarche fondamentale pour les
chrétiens, particulièrement dans le contexte d’un
continent où plusieurs religions coexistent.
Qu’est ce que le dialogue ?
Dialoguer signifie: parler et écouter l’autre avec un
objectif bien déterminé. Le dialogue est un signe de
sagesse, d’ouverture et d’engagement à une cause.
Sil est vécu dans cette perspective, il créé la
fraternité, l’harmonie et l’intégration. «Le
merveilleux mystère d’unité et de communion de la
Trinité est le modèle et une puissante interpellation
dans nos efforts pour créer l’harmonie dans tous les
domaines de la vie ». (FABC Documents 319).
[FABC, sigle qui désigne la Fédération des
Conférences des Evêques d’Asie) (Féderation of
Asian Bishops Conference].
Le dialogue est un partage de soi, de ce que je suis
et de ce que je possède. II constitue le lieu d’un
enrichissement mutuel où l’ on peut apprécier les
personnes de toutes croyances et idéologies. Le
dialogue interreligieux insiste sur la dimension
de l’expérience religieuse, qui est une expression de
foi, d’espérance et d’amour. «Ainsi, tout ce que vous
désirez que les autres fassent pour vous, faites-le
vous-mêmes pour eux » (Mt 7,12). C’est l’histoire
de la fille d’une Syrophénicienne (Mc 7, 24-30) que
Jésus guérit, bien qu’elle ne partage pas sa foi, sa
religion. Celle histoire nous montre avec quel
sérieux, avec quelle profondeur Jésus approche les
personnes, sans se laisser arrêter par des préjugés de
religion.
POURQUOI LE DIALOGUE
INTERRELIGIEUX?
Parce que les différences sont réelles et ne peuvent
être ignorées. Cependant, toutes les religions disent
présenter la Vérité, mais les diverses interprétations
de la vérité nous invitent, à une ouverture à « La
Vérité », « Vérité» qui se trouve dans toutes les
religions. Cela nous conduit à reconnaître et à
affirmer que les autres religions contiennent certains
éléments de la Vérité. Par conséquent, la
connaissance des autres religions est le seul moyen
de s’approcher encore plus de la «Vérité Absolue».
Ainsi, le pluralisme religieux rend le dialogue
pressant. Aucune tradition religieuse ne peut
proclamer avoir le monopole de la vérité.
De réelles différences en religion peuvent servir à
unir ou à diviser les croyants des diverse religions.
Tout le monde sait que, diviser, est facile. Toutefois,
par le processus du dialogue, les personnes
pourraient reconnaître, dans leur religion
respective, des éléments semblables, de nature à
unir. Le dialogue aide à «jeter des ponts» sur le
fossé qui existe véritablement entre les religions et la
perception que leurs disciples en ont..
4
En Asie, c’est un impératif pressant que les chrétiens
entrent en dialogue avec les frères et soeurs des
autres religions qui les entourent, afin de témoigner
du Christ. « Aujourd’hui, un Sauveur vous est né»,
né en Asie ! L’Asie est le berceau des grandes
religions du monde Judaïsme, Christianisme,
Islamisme et Hindouisme. D’autres traditions
spirituelles s’y sont développées tel le Bouddhisme,
le Taoïsme, le Confucianisme, le Jaïnisme, le
Shintoïsme et les Sikhs. II existe aussi des religions
traditionnelles et tribales. L’Église d’Asie respecte
ces traditions et essaie d’engager un dialogue sincère
avec leurs croyants. Les peuples d’Asie sont fiers de
leurs religions et de leurs valeurs culturelles telles :
l’amour du silence et la discipline: la vie frugale, le
partage, la proximité de la nature, le respect de la vie
et des aînés, le sens de la communauté. La
modernisation, les nouvelles technologies, la
globalisation, la mondialisation et l’influence de
l’occident ont constitué une menace pour la survie
de ces valeurs reçues en héritage.
VATICAN II
ET LES AUTRES CROYANCES
Le Concile Vatican II a reconnu l’existence
d’éléments salvifiques, « des semences du Verbe»,
cachées dans les autres religions et cultures (Ad
Gentes 11.) Selon les Pères du Concile:
« L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est
vrai et saint dans ces religions. Les semences du
Verbe ont besoin d’être découvertes, libérées, aussi
bien que purifiées, élevées et portées à la
perfection». (Ad Gentes 11, Lumen Gentium 17).
C’est le dialogue qui nous permettra de toucher
l’expression et la réalité la plus profonde de nos
peuples et qui nous aidera à trouver des moyens
authentiques de vivre et d’exprimer notre propre foi
chrétienne. (FABC 1, art. 16) « Le dialogue
interreligieux est fondé sur la conviction profonde
que l’Esprit Saint est actif aussi dans les autres
religions» (FABC Documents 253) « Le dialogue
entre les religions découle de la nature même de
l’Église, une communauté en marche, avec les
peuples des autres croyances, vers le Royaume à
venir» (FABC documents 300). Le dialogue
religieux devrait être la façon idéale
d’évangéliser…En toute humilité et soutien mutuel,
nous cherchons, ensemble, avec nos fréres et soeurs
cette plénitude du Christ, qui est le plan de Dieu
pour l’ensemble de la création dans sa grande et
merveilleuse diversité». (FABC document 94).
Notre mission d’évangélisation, aujourd’hui a
besoin de simplicité et d’un changement
d’attitude pour reconnaître la place des autres
religions dans le plan rédempteur de Dieu.
Ainsi, il est essentiel de cultiver une attitude
plus positive envers les gens des autres
croyances et de les considérer, avec respect,
comme des co-pélerins. II est important d’être
en contact avec des peuples qui ont d’autres
«credo ». Notre présence active auprès d’eux
nous aide à chasser les préjugés et les fausses
conceptions que nous pourrions avoir. Nous
devons apprendre à les connaître davantage et à
les croire également sincères dans leur recherche
de la vérité. Ce contact n’a pas besoin d’être
formel, les associations informelles sont
importantes et très pertinentes.
FORMATION AU DIALOGUE
INTERRELIGIEUX
En prenant conscience de l’importance du dialogue
interreligieux, tous les programmes de formation à la
vie religieuse et au sacerdoce ont inclus l’étude des
différentes religions du monde. II est nécessaire de
comprendre la philosophie, les enseignements et les
pratiques telles: la méditation, le yoga et les autres
disciplines. En outre, une insertion dans un milieu,
où se côtoient des pratiquants de différentes
religions, peut aider. Des groupes interreligieux
travaillent ensemble dans des projets de
développement, projets pour venir en aide aux
femmes, aux enfants, projets pour la justice et la
paix, programmes écologiques. Les résultats sont
importants, mais ce qui nous intéresse encore, c’est
que dans les relations, les barrières tombent
lentement. De cette façon, nous dit Diana Eck,
modératrice du Conseil des Églises : «Nous avons
non seulement besoin de connaître les autres, mais
nous avons besoin aussi que les autres nous
connaissent ». Cette nouvelle prise de conscience de
la nécessité du dialogue deviendra , petit à petit une
seconde nature.
UNE ATTITUDE DE PÉLERIN
En conclusion nous pouvons dire que le dialogue
interreligieux est un style de vie, un comportement et
une activité normale entre personnes qui cheminent
ensemble. Ce mouvement, en communion et dans
l’unité, vers le Royaume, n’est pas centré sur
l’Église, bien quelle en soit le signe et l’instrument,
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