Théorème de Coase - Université Toulouse 1 Capitole

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IEP de Toulouse – Année universitaire 2006-2007
Conférences de méthode d’économie de D. Lang
Théorème de Coase et quasi-linéarité des préférences
Lorsque nous avons évoqué le théorème de Coase, j’avais commencé par préciser que
Coase lui-même n’avait jamais établi de théorème. Comme je l’avais souligné alors, il existe
plusieurs versions du « théorème de Coase », dont la plus célèbre est due à Stigler. En
substance, cette version du théorème de Coase s’énonce comme suit : dans un monde où les
coûts de transaction sont nuls et les droits de propriété bien définis, l’allocation des
ressources par les mécanismes de marché est nécessairement optimale. Dans l’exemple des
baigneurs et du lac, ce théorème signifie qu’en l’absence de coûts de transaction, il suffit que
l’Etat définisse bien les droits de propriété pour que les baigneurs et l’usine arrivent à une
solution optimale par la négociation. Une fois les droits de propriété définis, l’Etat n’a plus à
intervenir : le marché permet d’atteindre une solution Pareto-optimale, c’est-à-dire une
solution où il n’est plus possible d’améliorer la situation des baigneurs sans détériorer celle de
l’usine, et vice-versa.
En revanche, selon la répartition initiale des droits de propriété, la solution
Pareto-optimale atteinte ne sera pas la même. En effet, si l’Etat attribue l’entière
propriété du lac à l’usine, le lac sera plus pollué que si le lac est attribué aux baigneurs !
Mais, dans les deux cas (et dans la mesure où les hypothèses du théorème de Coase sont
vérifiées), la solution atteinte sera optimale au sens de Pareto.
C’est là qu’interviennent les préférences quasi-linéaires, qui correspondent à un cas
vraiment très particulier de courbes d’indifférences. Un consommateur qui a des
préférences quasi-linéaires consomme la même quantité d’un certain bien quel que soit son
revenu. Cela signifie que cet individu va commencer par acheter sa quantité désirée de ce
bien, puis dépenser ce qu’il reste pour le ou les autres biens de son panier (quitte à ne rien
acheter d’autre s’il n’a pas assez d’argent).
Or, dans le cas du théorème de Coase, on peut montrer que si les agents ont des
préférences quasi-linéaires, la solution atteinte sera toujours optimale, mais sera
également la même quelle que soit la répartition initiale des droits de propriété. Dans
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l’exemple du lac et des baigneurs, cela veut dire que, dans le cas particulier de préférences
quasi-linéaires, le lac sera aussi pollué si la propriété est attribuée aux baigneurs que si
elle est attribuée à l’usine.
Dans l’ensemble, je vous conseille de ne pas prêter trop d’importance à ce problème
de quasi-linéarité des préférences. Ce cas vraiment très particulier est évoqué dans le Varian,
mais ce problème de quasi-linéarité n’est jamais soulevé dans la discussion du théorème de
Coase et de ses différentes déclinaisons. La discussion porte plutôt, entres autres, sur
l’hypothèse d’absence de coûts de transaction et leur réintroduction.
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