PRODUCTIVITÉ ET EMPLOI DANS LE TERTIAIRE 5
Introduction
Le rapport qui suit, organisé autour de deux contributions très complé-
mentaires et convergentes, constitue un apport significatif à l’économie du
secteur des services, et aux politiques économiques qu’il suscite. L’hétéro-
généité des différents services (aux entreprises, à la personne…) et leur
imbrication étroite avec l’industrie ou l’agriculture nécessitent plus qu’el-
les n’empêchent une vision fédératrice du sujet.
Le constat est implacable : le taux d’emploi est spécialement faible en
France dans les services, en particulier dans les hôtels-restaurants, les com-
merces, etc. Pierre Cahuc souligne que se conjuguent ici des dysfonction-
nements sur le marché du travail (coût trop élevé du travail peu qualifié,
protection de l’emploi mal conçue, obstacles au temps partiel, insuffisance
de la formation professionnelle…) et sur le marché des services eux-
mêmes (conditions de la concurrence…).
Michèle Debonneuil part d’un diagnostic proche à propos de cette caté-
gorie de services d’importance croissante, les services aux particuliers. Sans
constituer un modèle, l’expérience américaine permet de dégager quelques
leçons pour l’Europe et la France. Non seulement les services aux particuliers
satisfont une consommation en fort potentiel de développement et repré-
sentent un gisement privilégié d’emplois, mais en plus il apparaît que le
recours aux nouvelles technologies dans le secteur débouche à la fois sur
des créations d’emplois et des gains de productivité. Promouvoir les services
aux particuliers, c’est aussi une façon de favoriser des emplois non (ou peu)
délocalisables et d’amortir certains effets du vieillissement démographique.
Au chapitre des recommandations, il faut noter, et cela découle très lo-
giquement de l’analyse, toute une série de propositions concrètes relatives
au fonctionnement du marché du travail (certaines d’entre elles ayant une
portée allant bien au-delà des seuls services) et à l’organisation du secteur
des services. Ce rapport concis et précis, qui a été présenté au Premier
ministre lors de la séance plénière du CAE du 27 février 2004 et qui a été
finalisé grâce au concours de Hervé Bonnaz, Secrétaire général du CAE, va
sans aucun doute alimenter un fructueux débat.
Christian de Boissieu
Président délégué du Conseil d’analyse économique