Tous droits réservés ­ Les Echos 2010 1/2/2010 P.15 IDÉES UN POINT DE VUE SUR LES NOUVEAUX PROGRAMMES DE SECONDE De l’économie pour tous les lycéens L es Français sont lucides sur eux-mêmes : ils sont 71 % à juger leur niveau de connaissance générale en économie « plutôt mauvais ou très mauvais » (Sondage BVA du 30-31 octobre 2009). Parce qu’elle concerne directement la vie de chacun, l’économie ne peut plus rester l’affaire de quelques initiés, de quelques experts. Un premier pas vient d’être franchi avec la création d’un enseignement d’économie obligatoire en classe de seconde. Le ministère de l’Education nationale prend l’enjeu de la culture économique à bras-le-corps : plus aucun élève ne sortira du lycée sans avoir suivi au moins un enseignement d’économie. Dès la rentrée 2010, les lycéens de seconde devront tous choisir de suivre un cours de sciences économiques et sociales ou de principes fondamentaux d’économie et de gestion. Les plus téméraires pourront même cumuler les deux. L’économie passe ainsi du statut d’option à celui d’obligation : quel changement majeur ! Qu’en est-il des programmes ? Un programme d’initiation doit clairement et simplement inviter les élèves à « raisonner en économiste », pour reprendre le titre d’un chapitre du célèbre manuel de Joseph Stiglitz. Raisonner en économiste, c’est montrer qu’au-delà des débats et des divergences, il existe entre nous un langage commun, une « boîte à outils », utilisée de Pékin à New York et qui n’est ni de gauche ni de droite. Les nouveaux programmes de seconde nous semblent répondre à cette ambition. Ils initient les élèves à quelques éléments de la grammaire de base de notre discipline. La découverte de l’économie ne doit pas être un exercice aride : elle doit « parler » aux élèves. Pour ce faire, les nouveaux programmes d’économie de seconde font une large place aux exemples concrets, aux situations particulières pour remonter ensuite vers les notions et concepts propres à l’économie : la décision d’un individu de consommer ou d’épargner, le fonctionnement et les acteurs de l’entreprise, la lutte contre la pollution, etc. Si ces programmes, comme tout programme, sont perfectibles, ils constituent à l’évidence une réelle avancée dans la diffusion d’une véritable culture économique en France. Elie Cohen, directeur de recherches au CNRS. Christian de Boissieu, professeur à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Jean-Hervé Lorenzi, professeur à l’université Paris-Dauphine. Philippe Martin, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. Jean-Louis Mucchielli, professeur à l’université Paris-I. Anne Perrot, professeur à l’université Paris-I.