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la difficulté d’appliquer ces trois critères hétérogènes « de manière rigoureuse sans devoir remettre en
cause tout ou une partie de leur bien-fondé » (Arrivé et al. 1986 :529). Le critère syntagmatique,
spécifique à « la linguistique moderne (en particulier le distributionnalisme) » est cité également et, selon
cette perspective, toute phrase (P) correspond à la structure de base syntagme nominal (SN) + syntagme
verbal (SV). Différents types de phrase sont mentionnés aussi, mais la conclusion des auteurs va vers la
prise en compte de la phrase en tant qu’énoncé : « qu’elle reçoive une caractérisation syntaxique ou
sémantique, la phrase est avant tout un fait de structure qui ne devient objet concret que lorsqu’il résulte
d’un acte d’énonciation individuel dans une situation particulière. (…) C’est au niveau de l’énoncé que
s’instaure la relation de la phrase avec le monde » (Arrivé et al. 1986 :532).
Pour sa part Tomassone (2002), après avoir attiré l’attention sur l’insuffisance de la définition formelle et
de la sémantique prises séparément, définit la phrase comme « une suite organisée de mots, ordonnées
suivant certaines règles et qui entretiennent entre eux certaines relations syntaxiques ». Selon l’auteure, la
phrase est ainsi conçue comme « la plus grande unité qui puisse être décrite par des règles syntaxiques »
et se définit par un ensemble de caractéristiques formelles, syntaxiques et sémantiques.
Selon Le Goffic (1993 : 8), la phrase est « une séquence autonome dans laquelle un énonciateur (locuteur)
met en relation deux termes, un sujet et un prédicat. La phrase typique, de référence, est la phrase
assertive (conclusive) à l’infinitif ». Réunissant d’une part grammaire de texte et notions de grammaire de
l’énonciation, et suivant d’autre part le critère syntaxique, cette définition pourrait être facilement intégrée
dans les cours de français, surtout en classe de 4e et 3e, lorsque les notions de grammaire de texte et
grammaire de l’énonciation sont étudiées. D’autant plus que le nouveau Programme de français (2016)
apporte des précisions sur la terminologie et réintroduit le terme de prédicat de la phrase dans l’étude des
fonctions, dès le cycle 3 (terme absent de l’ancien programme).
Béguelin et al. (2000) présentent la phrase sous le signe de « l’évidence » pour les locuteurs
francophones, car le terme de phrase renvoie (tout comme le terme mot), « au métalangage spontané, qui
considère que les mots s’assemblent dans un certain ordre pour former des séquences plus ou moins
développées » (Béguelin et al., 2000 : 49). Ce terme devient ainsi également un « produit culturel »,
« objet esthétique, voire idéologique » et pas seulement une notion grammaticale. Tout locuteur
francophone serait ainsi censé avoir une représentation de la phrase, réunissant le plus souvent des idées
sur le « bien écrire » et le « bien parler ». Le chapitre que ces auteurs consacrent à la phrase offre au
lecteur un aperçu historique de la notion de phrase ainsi qu’un regard analytique sur les définitions
modernes de la phrase. Plusieurs critères de définitions sont ainsi identifiés et analysés: sémantique
(réunissant des critères sémantico-logiques, psychologiques et pragmatiques), syntaxique, prosodique et
graphique. L’examen de ces critères démontre qu’ils sont « difficilement opératoires dès que l’on s’écarte
des structures des phrases les plus typiques » (op.cit. : 57) et surtout lorsqu’on analyse des données issues
du français parlé. Les auteurs présentent ainsi des notions grammaticales nouvelles, censées intégrer des
données orales et écrites, à savoir les concepts de clause et de période (proposés déjà par Berrendonner et
Reichler-Bégueli, 1989 et Berrendonner, 1990 ; 1993). Dans une conception pragmatique du langage et
reliée à la notion de mémoire discursive, la clause correspond à « l’unité minimale de l’action
langagière » (Berrendonner, 1993 : 22), alors que la période serait définie comme « une suite de clauses
se terminant par un intonème conclusif, c’est-à-dire, en général, un abaissement du ton » (Béguelin et al.,
2000 : 243). S’agissant de la clause, elle est une « unité de comportement » qui introduit un changement
dans un certain état de la mémoire discursive ; quant à la période, elle constitue une suite d’opérations
incluses dans le temps concerné et accomplit l’objectif informationnel de l’énonciateur.
Ces ouvrages, susceptibles d’informer les étudiants (futurs enseignants) et les enseignants puisque cités
par les programmes des concours nationaux de certification, proposent un ensemble de critères pour
définir la phrase et semblent s’accorder tous sur le critère syntaxique. Si l’on peut observer une certaine
unanimité des ces auteurs malgré leur appartenance à des écoles linguistiques différentes, la question du
choix possible opéré par l’enseignant reste néanmoins posée lors de la présentation de la phrase en classe
de français, d’autant plus que les Programmes scolaires, que nous présentons par la suite, ne donnent pas
de définitions de grammaire. Le choix semble alors difficile et certains auteurs mentionnent « l’insécurité
des enseignants » (Brissaud et Grossmann, 2009) devant les multiples questions de grammaire à aborder
,
Web of Conferences 07002 (2016) DOI: 10.1051/
SHS 2shsconf/2016270
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Congrès Mondial de Linguistique Française - CMLF 2016
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