STIKEMAN ELLIOTT S.E.N.C.R.L., s.r.l. ACTUALITÉS – ÉCHANGE DE DROITS D’ÉMISSION ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES
2
attribués gratuitement aux émetteurs. Des
crédits plus importants que ceux qui étaient
prévus initialement dans la première version
du projet présentée à la Chambre ont été
accordés aux raffineries. Ces changements
sont considérés comme un compromis
nécessaire à l’obtention du soutien des
représentants au Congrès issus des États
industriels et consommateurs de charbon.
Agriculture et foresterie Le lobby de
l’agriculture et de la foresterie a obtenu des
concessions majeures au cours de
négociations de dernière minute qui ont eu
lieu pendant la rédaction des dernières
modifications apportées à l’ACES. La version
définitive du projet de loi a effectivement
exclu ces secteurs de la définition de
« secteurs plafonnés » et a laissé la
responsabilité de mettre sur pied un
programme de création de crédits
compensatoires s’appliquant à ceux ci au
département de l’Agriculture des États-Unis
(USDA) plutôt qu’à l’Agence de protection de
l’environnement (EPA). Ces changements
sont importants parce qu’à l’origine, il était
prévu que tous les secteurs de l’économie
seraient assujettis au régime de
plafonnement et d’échange; aussi, nombreux
sont ceux qui pressentent que l’USDA fera
preuve d’une plus grande permissivité que
l’EPA à l’occasion de la mise sur pied d’un
programme de crédits compensatoires
destiné à l’agriculture et à la foresterie.
Réaction du Sénat au projet de loi
Les dirigeants du Parti démocrate avaient
prévu que le projet de loi sur le changement
climatique devait être soumis au vote au plus
tard à la fin de l’été; cependant, le Sénat étant
occupé par les soins de santé et d’autres
initiatives, cette date limite a été repoussée.
Selon un porte-parole, le leader de la majorité
au Sénat, Harry Reid, « s’attend à ce que le
Sénat ait amplement le temps d’étudier cette
loi exhaustive sur l’énergie propre et le
changement climatique avant la fin de
l’année ». L’adoption de la loi au plus tard à la
fin de l’année 2009 aurait une importance
symbolique, puisque les Nations Unies
doivent tenir une conférence plénière en décembre
à Copenhague sur les prochaines étapes à franchir
pour contrôler les émissions de GES après
l’expiration de Kyoto en 2012.
La spéculation va bon train quant à savoir si les
représentants du Parti démocrate au Sénat
pourront réunir les soixante voix nécessaires pour
éviter l’obstruction systématique des républicains.
Des démocrates modérés ayant joint les rangs de
nombreux républicains pour s’opposer au projet de
loi actuel, la présidente du comité sénatorial sur
l’environnement et les travaux publics, Barbara
Boxer, et le président du comité sénatorial des
affaires étrangères, John Kerry, ont indiqué qu’ils
avaient besoin de temps pour rédiger une version
acceptable du projet pour les deux partis. Entre
autres préoccupations exprimées par certains
sénateurs considérés comme inconstants dans leur
façon de voter, on retrouve la crainte que les prix
deviennent instables comme ce fut le cas à la suite
de la mise en œuvre du système d’échange de
droits d’émission de l’Union européenne. La
sénatrice Boxer étudie la possibilité d’établir un
tunnel pour les prix des quotas d’émission dans le
but d’assurer une plus grande prévisibilité des
coûts. Évoquant les répercussions négatives que
l’ACES aura sur les raffineries de pétrole plus
petites comme celles qui sont implantées dans son
État, la sénatrice démocrate de l’Arkansas, Blanche
Lincoln, a jugé qu’il « présentait de graves
lacunes ». Dix autres démocrates, qui représentent
des États dotés d’importantes industries
manufacturières, ont écrit au président Obama pour
lui faire part de leur soutien au projet d’inclusion
d’un « rajustement frontalier à plus long terme »
dans la législation sur le climat afin que les emplois
et les industries très énergivores ne quittent pas les
États-Unis pour des pays qui ne limitent pas les
émissions de carbone.1 Le fait que de nombreux
sénateurs indécis viennent d’États charbonniers et
industriels (ou d’États du Sud et du sud-ouest des
États-Unis qui connaîtraient les augmentations les
plus marquées des coûts énergétiques aux termes
du projet de loi) donne une indication des difficultés
auxquelles l’ACES pourrait avoir à faire face.
1 Sénateurs Sherrod Brown (D-OH), Debbie Stabenow (D-
MI), Russ Feingold (D-WI), Carl Levin (D-MI), Evan Bayh
(D-IN), Bob Casey (D-PA), Robert Byrd (D-V.-O.), Arlen
Specter (D-PA), John Rockefeller (D-V.-O.) et Al Franken
(D-MN).