MODIFICATIONS DU MILIEU AQUATIQUE Influences intérieures Variations de la température de l’eau Extrêmement importantes en ce qui concerne la pêche : voir Thermo tropisme. Deux cas extrêmes : Température très basse : 0 degré ou en dessous. Même si la surface est prise par la glace, la température reste voisine de 4 degrés centigrades en eau profonde, degrés auxquels l'eau est à sa densité maxima. Tous les poissons, même ceux qui vivent généralement plus près de 1a surface que du fond, descendent alors vers le fond. Température très élevée : au-dessus de 35 degrés. En eau calme, l'appauvrissement en oxygène dissous est moins important dans les couches profondes qu'à proximité de la surface et, comme en hiver, les poissons recherchent les grands fonds. En eau courante, même des poissons n'aimant que l'eau calme ou peu courante (brème, gardon, etc.) recherchent les secteurs d'oxygénation majeure par brassage, souvent moins profonds que leurs secteurs habituels. Entre ces deux extrêmes, les moindres variations de température influent également sur le comportement de tous les poissons mais, sauf dans le cas d'une baisse importante et soudaine qui semble les pétrifier tous, il est pratiquement impossible d'affirmer qu'à tel ou tel degré, tel ou tel poisson se comportera invariablement de telle manière. Par exemple, il est admis, prouvé, qu'en dessous de S degrés centigrades, tous les poissons, salmonidés, cyprinidés et autres, entrent en période de nutrition mineure. Or, au milieu des glaçons dérivant sur la Loire, il se fait chaque année des pêches plus qu'honorables de chevesnes... au pain et, chaque année, des brochets se laissent tenter par un vif descendu par mi trou pratiqué dans la glace. Lumière ¾ ¾ Assure la fonction chlorophyllienne des plantes aquatiques vertes absorbant le gaz carbonique dissous dans l'eau pour n'en conserver que le carbone nécessaire à leur croissance et rejeter l'oxygène. Détermine le degré de visibilité dans l'eau. Règle constante ¾ Les rayons lumineux sont progressivement absorbés en traversant la masse de l'eau et, de par ce fait, l'intensité de la lumière diminue avec la profondeur. C'est la raison pour laquelle, à partir de 6 à 'i mètres de profondeur, la végétation aquatique se résume à des herbes de fond puis à des mousses et certains poissons vivant constamment sur le fond suppléent à leur vision défectueuse, par un odorat et des sens tactile et vibratoire très développés. ¾ La teinte de l'eau dans sa masse modifie la pénétration des rayons lumineux. Importance en ce qui concerne la pêche Eau très trouble : Très mauvaise pénétration. Pêche à la mouche inopérante. Pêche au lancer pratiquement nulle. Quelques chances de succès en pêchant au coup, à l'aide d'appâts traînant sur le fond ou immobiles. Eau trouble : Pénétration médiocre. Pêche à la mouche : quelques prises possibles à l'aide de grosses mouches sombres. Pêche au lancer rares chances, à l'aide de leurres relativement volumineux, émettant d'importantes vibrations. Pêche au coup : pêche sur le fond (surtout au ver) parfois très productive. Eau à peine teintée : Pénétration suffisante pour que mouches, leurres et appâts soient visibles sans que ligne, canne et pêcheur soient trop apparents. Excellente sauf dans deux cas : ¾ Teinte laiteuse : eau de fonte de neige. Très mauvaise pour toutes les pêches. ¾ Teinte gris verdâtre, glauque, après une très forte chaleur. Encore plus mauvaise car cette teinte est due à des myriades d'algues planctoniques mortes et fermentant en pleine eau. Eau claire : Pénétration normale. Mouche, lancer et pêche au coup «rendent » mais à trois conditions : ¾ Finesse de la ligne. ¾ Présentation correcte de la mouche, du leurre ou de l'appât. ¾ Gestes discrets, réduits au strict nécessaire. Eau très claire : Trop bonne pénétration ! C'est, sauf en période de fonte de neige ou de crue momentanée de pluie ou dorage, la teinte de l'eau sans plancton des torrents de montagne où les truites sont plus méfiantes et plus fuyardes que partout ailleurs. Influences extérieures Température de l’air N'agit sur le comportement des poissons que dans la mesure où elle influe sur celle de l'eau qui ne se réchauffe ou ne se refroidit que lentement. Des variations légères ou sans durée n'ont donc que très peu d'importance au point de vue pèche et seuls des écarts très nets et prolongés peuvent être nuisibles car ils sont toujours accompagnés d'un important changement de pression atmosphérique. Pression atmosphérique Immédiatement ressenties par le poisson doté d'un enregistreur de pression ultra-sensible (sa vessie natatoire), les variations de pressions atmosphériques ont une influence indéniable sur le rendement de la pêche et, au travers des controverses passionnées, l'opinion générale peut se résumer ainsi : Baromètre en hausse lente : Passable si la température ne change pas. Bon si la température augmente. Baromètre en hausse brutale : Médiocre. Baromètre en baisse lente : Sans changement de température immédiat : résultats variables. Accompagné d'une baisse de température : Mauvais. Baromètre en baisse brutale : Très mauvais. Stabilité en zone de haute pression (beau fixe) : Souvent décevant. Stabilité en zone de pression moyenne (entre pluie et beau temps) : Souvent excellent. Stabilité en zone de basse pression (entre pluie et tempête) : Mauvais. Degré de luminosité Règle générale : Aucun poisson n'aime la lumière très vive, surtout lorsque les rayons solaires frappent l'eau face à lui. Temps très clair : Pêche médiocre dans les secteurs éclaboussés de lumière, plus mauvaise dans les endroits où les rayons sont réfléchis par un écran de teinte claire : éboulis crayeux, berge hauts et jaune paille, paroi granitique aux myriades de facettes brillantes. Temps clair : Du printemps à l'automne Bonne pêche possible à découvrir tôt le matin et tard le soir, en se méfiant des ombres portées si l'on a le soleil derrière soi lorsqu'il monte ou décline. Rechercher les zones ombragées quand il est au zénith. De l'automne au printemps. Pêche passable vers le milieu du jour. Temps partiellement couvert : ¾ Nuages ressemblant à des flocons de ouate étirés, immobiles dans le ciel: cirrus, indiquant généralement une dépression barométrique soudaine. Mauvais. ¾ Groupes de nuages floconneux voyageant lentement en laissant des clairières de ciel libre. Passable si leur présence s'accompagne d'une légère baisse barométrique. Excellent si le baromètre monte lentement tandis que les clairières bleues semblent s'agrandir. Temps couvert : ¾ Gros nuages compacts, roulant à basse altitude leur masse gris foncé : mauvais. ¾ Voûte de nuages voyageant lentement assez haut dans le ciel. Souvent excellent. Par contre, si ces mêmes nuages s'immobilisent et semblent ensuite se rapprocher du sol : très mauvais. Pluie ¾ Pluie douce, régulière, tombant presque à la verticale sur l'eau durant toute une journée : très bon temps de pêche pour qui ose l'affronter. ¾ Pluie glaciale, intermittente, tombant en rafales tourbillonnantes : bon temps pour réviser le matériel ! ¾ Pluie douce sur eau froide : excellent si ce temps persiste durant deux ou trois jours. ¾ Pluie fraîche après de fortes chaleurs: très bon temps à condition qu'il ne s'accompagne pas d'une forte baisse barométrique. Neige ¾ Chutes de neige en rafales cinglantes : le pire de tous les temps. ¾ Chute de neige à gros flocons descendant "en feuille morte" sur l'eau. Temps des grosses surprises si l'on pêche le brochet en janvier et, en cas de chutes tardives (fin février-début de mars), très bon temps pour la mouche noyée. ¾ Neige dans l'eau prenant alors une teinte gris blanchâtre coupe l'appétit de tous les poissons d'eau douce. Orage Il n'existe pas deux pêcheurs d'accord sur ses effets. On peut, cependant, assez souvent faire les observations suivantes : ¾ Orage s'approchant : Bonne pêche allant en décroissant au fur et à mesure que les roulements du tonnerre s'amplifient. ¾ Orage sur tes lieux : Pêche nulle. ¾ Orage s'éloignant : Pêche excellente quand le grondement du tonnerre a cessé. Vents Opinions contradictoires : Les vents du Nord et d'Est sont mauvais pour la pêche et les vents d'Ouest et de Sud sont favorables, telle est 1 opinion de certains pêcheurs. Qui a raison ? Raisonnement des premiers : Les vents plus ou moins froids (Nord, Est) abaissent la température et diminuent l'appétit des poissons. Les vents plus ou moins chauds (Ouest, Sud) font le contraire. Constatations des seconds : ¾ Le fait est parfois exact mais les vents froids ne sont vraiment défavorables que s'ils soufflent sur une eau froide et, par exemple, un vent du Nord soufflant en été sur l'eau tiède d'un étang remédie plus rapidement à l'appauvrissement en oxygène dissous qu'un vent d'Ouest ou de Sud. ¾ Tous les vents très forts, soufflant en rafales, sont mauvais et un léger vent du Nord est souvent meilleur qu'un fort vent d'Ouest, presque toujours accompagné d'une baisse barométrique importante. ¾ Quelle que soit sa direction et pourvu que l'aiguille du baromètre soit assez haute, un vent moyen et régulier agitant la surface de l'eau est toujours préférable au calme plat, surtout, par eau très claire. ¾ Un brusque changement de direction du vent, même du Nord vers le Sud, est toujours défavorable car il est l'indice d'une brusque variation de pression atmosphérique. ¾ Si le vent se stabilise dans une zone comprise entre le Nord-ouest et l'Est, il est possible que la pêche soit peu fructueuse durant un ou deux jours, mais ensuite le poisson recommence à mordre. ¾ En rivière, la direction du vent par rapport à celle dit courant a plus d'importance que son origine et, en règle générale, il est admis que : ¾ Un vent soufflant d'amont en aval, «sur le nez des poissons», est défavorable s'il est froid et assez bon s'il est chaud. ¾ Un vent soufflant d'aval en amont, «sur la queue des poissons », n'est franchement mauvais que s'il est très violent. ¾ Quelle que soit la provenance d'un vent soufflant en travers de la rivière, il y a toujours quelques poissons guettant au long des rives bordées de buissons courbés sur l’eau, car des insectes peuvent tomber des branches secouées. Phases de la lune Opinion de la majorité des pêcheurs : ¾ La meilleure période de pêche se situe entre le dernier quartier cette vieille lune et le premier quartier de lune nouvelle. Et cette période de « lune noire » comprend généralement les trois derniers jours de vieille lune et les trois ou quatre premiers jours de nouvelle lune. ¾ La période la moins favorable est la pleine lune, mais le fait est beaucoup plus net par temps clair que par temps couvert. Cette opinion est contestée Même en période mineure, pleine lune, la pêche est meilleure la veille, le jour même et le lendemain de chaque changement de lune que les autres jours à condition que température de l'eau et pression atmosphérique ne varient pas brusquement durant cette période. Et, en admettant que ces deux facteurs importants demeurent sans changement notable au cours d'un mois lunaire, le graphique ... donne une idée approximative de ce qu'un pêcheur peut espérer durant les vingt-neuf jours et demi que ce mois comporte. «La vieille lune est couleur de loutre», disait un vieux poseur de cordeaux ! C'est surtout ceci, qu'au travers de la rigueur naïve de ses hachures, ce graphique un peu trop absolu représente clairement et telle est, à peu de choses près, sa seule prétention. Les différents niveaux de l’eau Influence générale Hausse importante et soudaine : Pêche pratiquement nulle ou très médiocre car les poissons, quittant leurs postes habituels, sont constamment en quête d'un abri dont 1 emplacement cange à chaque instant. Stabilité à un fort niveau : Sauf par eau de fonte de neige, très froide et très pauvre en oxygène, pêche au coup souvent productif, surtout aux appâts traînant sur le fond, dans certaines zones : calmes, remous, bras morts et surtout dans les retraits momentanément inondés. Pêche au lancer : résultats incertains. Pêche à la mouche : résultats possibles en mouche noyée, généralement nuls ou très médiocres en mouche sèche. Décrue : Bonne pêche possible lorsque le niveau se rapproche de la normale. Stabilité à un niveau normal : Pêche souvent excellente pendant quelques jours à la suite d'une crue; variable ensuite. Niveau bas ou très bas : Passable ou médiocre, l'eau étant souvent très claire et, surtout, les variations de la température de 1 air influant plus rapidement sur celle de l'eau. Hausse lente sur niveau bas : D'autant meilleure pour toutes les pêches, au coup, au lancer et à la mouche, que le niveau était bas depuis longtemps. Instabilité : Plusieurs mouvements de hausse et de baisse au cours d'une même journée (coups de vannes) : très mauvais. Influence locale Sur cent bons pêcheurs, il n'en est peut-être pas dix qui possèdent ou consultent un baromètre ou un thermomètre, ni même un calendrier, mais tous ont des repères, rochers, racines, échelles graduées, etc., d'après lesquels ils savent exactement quels sont les endroits où il faut pêcher à tel ou tel niveau. C'est, avant toute autre chose, ce qui fait la force des champions locaux constamment renseignés grâce à eux sur les moindres mouvements d'eau faisant, qu'à tel endroit bon jusqu'alors, l'eau sera trop courante ou trop calme pour le genre de pêche qu'ils se proposent de pratiquer et que tel autre endroit qui ne valait rien va devenir parfait. Pour eux, ces repères impossibles à décrire tant ils varient à l'infini au long des rives, sont les seuls augures qui ne mentent jamais hormis une très brusque variation de température et de pression atmosphérique fermant la bouche des poissons. Et c'est pourquoi il y a toujours, un peu partout, en toutes saisons, un pêcheur écoutant d'une oreille distraite les considérations péremptoires des oracles sur le vent et sur la lune, mais regardant attentivement jusqu'à quel point l'eau arrive le long d'un roc ...