La transmission dans le cadre de l`action humanitaire

La transmission dans le cadre de l’action humanitaire
Le point du point de vue d’une sage-femme
L’action humanitaire dans le domaine dical passe par une étape de transmission.
C’est d’autant plus vrai dans le cas d’associations comme les Lampions ou Humaïa dont
l’objectif principal est la formation des personnels soignants. Il apparaît donc intéressant de
s’interroger sur cette action de transmission, et de fléchir sur notre manière de
transmettre nos savoirs et nos savoir-faire dans le cadre de l’activité humanitaire.
« Transmettre », d’après le Larousse, répond à 4 définitions.
Sens 1 : Faire passer, agir comme intermédiaire
Sens 2 : Faire passer dans un autre organisme, propager
Sens 3 : Communiquer, faire parvenir, donner quelque chose que l’on a reçu à quelqu’un
Sens 4 : Mettre en possession de quelqu’un d’autre
Ces 4 définitions ont fait écho à diverses expériences vécues, que ce soit en tant que sage-
femme, participants à une mission, ou membre actif d’une association humanitaire. C’est
cette réflexion que nous souhaitons vous faire partager aujourd’hui.
Pourquoi transmet on ?
Transmettre, c’est donc agir comme intermédiaire. L’acte de transmission n’est pas une fin
en soi. Il permet d’agir en direction d’un objectif. La question de l’objectif est primordiale.
Cet objectif doit être défini à l’avance, et commun aux 2 parties. Une divergence d’objectifs
peut mener à une incompréhension. Lors d’une mission humanitaire, l’objectif paraît parfois
irréalise, lointain, mais il faut s’en souvenir, se le rappeler régulièrement, pour avancer dans
la bonne direction, la même que ceux que l’on souhaite aider.
Que nous a-t-on transmis ?
Ce que nous allons transmettre, c’est évidemment ce que nous avons reçu, à savoir notre
formation de sage-femme. Cette fameuse formation, qui est si codifiée, réglementée, et
discutée à l’heure actuelle, est la base de ce que l’on va transmettre, au Vietnam ou ailleurs.
Ce qui fait la qualité de notre formation, c’est le mélange entre la transmission théorique des
savoirs, et l’apprentissage par l’expérience et le compagnonnage auprès des sages-femmes
diplômées. Cet apprentissage par l’expérience, est peu valorisé à l’heure actuelle. En effet,
on ne nous reconnaît pas nos 5 ans d’études sous prétexte que nous n’avons pas assez de
semaines de cours théoriques (13 semaines par an, contre 27 semaines de stage). On
envisage donc de modifier la formation en diminuant les heures de stage, et en augmentant
les heures de cours, pour justifier un accès à la recherche qui a pour objectif de remettre en
cause la pratique, celle-là même que l’on aura diminuée par cette réforme.
Que transmettre ?
Que transmettre, c’est peut-être la principale question à se poser lorsque l’on veut s’investir
dans un projet de santé humanitaire. Elle en soulève un millier d’autres. Comment
transposer nos façons de travailler aux conditions locales ? Parmi nos savoirs, quels sont
ceux qui leur seront utiles ? Certaines pratiques françaises pourraient-elles nuire dans le
contexte vietnamien ? Nos savoir être sont ils adaptés à leur culture ?
On ne peut transmettre que ce que l’on a reçu. Et en l’occurrence, là, il faut modifier,
adapter, remettre en cause ce que l’on a reçu. Cette remise en question déstabilise souvent
le participant à une mission, qui se retrouve démuni, non préparé par sa formation aux
questionnements induits par une telle expérience.
Comment transmet-on ?
La transmission se passe selon le principe d’un relais entre 2 personnes, l’une prête à
recevoir, l’autre prête à donner. Une chaîne humaine va donc se constituer pour que le
savoir, ou le savoir faire soit transmis de proche en proche. Au cours d’une mission
humanitaire, parfois on a l’impression de stagner, ou que l’information ne passe pas, que les
sages-femmes ne se sentent pas concernées, que l’interprète ne transmet pas ce que l’on
souhaite faire passer... En réalité, il suffit de toucher une personne qui soit motivée à
transmettre à son tour pour que l’information passe. Au final, on n’aura plus besoin de nous,
ce qui répond à la philosophie de nos 2 associations qui vise à transmettre dans un objectif
d’autonomie. Le projet des Lampions dans les écoles de sages-femmes vietnamiennes va
dans ce sens, s’adressant à des personnes, les enseignants, qui par essence auront à cœur de
transmettre à leur tour.
Et après ?
Lorsque l’on part en mission, on se pose toujours LA question : que va-t-il rester de mon
passage ? Ai-je servi à quelque chose ? Et c’est là la grande inconnue de la transmission, celle
qui laissera toujours une petite frustration : on peut transmettre tout ce que l’on voudra, on
n’aura pas d’influence sur ce que la personne, ou l’équipe médicale va en faire. On transmet
pour aider la personne à trouver ses ressources et à les utiliser, comme dans notre métier de
sage-femme, nous aidons les couples à trouver leurs ressources pour donner naissance à
leur enfant. C’est le principe même de maïeutique, que nous utilisons sans toujours le savoir,
lorsque nous intervenons avec les Lampions auprès de l’équipe de la maternité de Y Yen.
A nous ensuite de garder un esprit maïeutique tout au long de notre vie associative et de
transmettre aux futurs participants toutes les informations concernant le projet afin qu’ils
poursuivent ce qu’on a commencé. A nous de continuer également à participer à des
journées telles que celle-ci qui permettent des échanges d’expériences et de points de vues
qui nous sont bénéfiques, nous, petite association humanitaire ayant bénéficié de la
transmission du savoir des Lampions.
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