Que transmettre ?
Que transmettre, c’est peut-être la principale question à se poser lorsque l’on veut s’investir
dans un projet de santé humanitaire. Elle en soulève un millier d’autres. Comment
transposer nos façons de travailler aux conditions locales ? Parmi nos savoirs, quels sont
ceux qui leur seront utiles ? Certaines pratiques françaises pourraient-elles nuire dans le
contexte vietnamien ? Nos savoir être sont ils adaptés à leur culture ?
On ne peut transmettre que ce que l’on a reçu. Et en l’occurrence, là, il faut modifier,
adapter, remettre en cause ce que l’on a reçu. Cette remise en question déstabilise souvent
le participant à une mission, qui se retrouve démuni, non préparé par sa formation aux
questionnements induits par une telle expérience.
Comment transmet-on ?
La transmission se passe selon le principe d’un relais entre 2 personnes, l’une prête à
recevoir, l’autre prête à donner. Une chaîne humaine va donc se constituer pour que le
savoir, ou le savoir faire soit transmis de proche en proche. Au cours d’une mission
humanitaire, parfois on a l’impression de stagner, ou que l’information ne passe pas, que les
sages-femmes ne se sentent pas concernées, que l’interprète ne transmet pas ce que l’on
souhaite faire passer... En réalité, il suffit de toucher une personne qui soit motivée à
transmettre à son tour pour que l’information passe. Au final, on n’aura plus besoin de nous,
ce qui répond à la philosophie de nos 2 associations qui vise à transmettre dans un objectif
d’autonomie. Le projet des Lampions dans les écoles de sages-femmes vietnamiennes va
dans ce sens, s’adressant à des personnes, les enseignants, qui par essence auront à cœur de
transmettre à leur tour.
Et après ?
Lorsque l’on part en mission, on se pose toujours LA question : que va-t-il rester de mon
passage ? Ai-je servi à quelque chose ? Et c’est là la grande inconnue de la transmission, celle
qui laissera toujours une petite frustration : on peut transmettre tout ce que l’on voudra, on
n’aura pas d’influence sur ce que la personne, ou l’équipe médicale va en faire. On transmet
pour aider la personne à trouver ses ressources et à les utiliser, comme dans notre métier de
sage-femme, où nous aidons les couples à trouver leurs ressources pour donner naissance à
leur enfant. C’est le principe même de maïeutique, que nous utilisons sans toujours le savoir,
lorsque nous intervenons avec les Lampions auprès de l’équipe de la maternité de Y Yen.
A nous ensuite de garder un esprit maïeutique tout au long de notre vie associative et de
transmettre aux futurs participants toutes les informations concernant le projet afin qu’ils
poursuivent ce qu’on a commencé. A nous de continuer également à participer à des
journées telles que celle-ci qui permettent des échanges d’expériences et de points de vues
qui nous sont bénéfiques, nous, petite association humanitaire ayant bénéficié de la
transmission du savoir des Lampions.