enceinte à vide et soumis à un po-
tentiel positif V
o
de plusieurs kilo-
volts (figure 2). Le champ électrique
intense ainsi créé (V
o
/R), de l’ordre
de quelques dizaines de volts par
nanomètre, est suffisant pour arra-
cher les atomes de surface. Le phé-
nomène physique exploité est l’éva-
poration par effet de champ décrite
dans l’encadré 1.
En superposant des impulsions de
tension (V
p
) au potentiel continu
(V
o
), les atomes de surface sont
évaporés à des instants précis sous
forme d’ions. La mesure des temps
de vol (t) des espèces chimiques de-
puis l’échantillon jusqu’à un détec-
teur situé à une distance L permet
de déterminer leur vitesse et d’accé-
der directement à leur rapport masse
sur charge (m/n). Ce rapport m/n
des ions (n est l’état de charge de
l’ion formé) s’exprime à partir de la
conservation de l’énergie :
1/2 m
~
L/t
!
2=ne
~
Vo+Vp
!
Pour une longueur L de 0,5 m les
temps de vol t sont voisins d’une
microseconde. Pour obtenir une
résolution en masse suffisante
(∆m/m ≈5.10
-3
) la mesure du temps
de vol nécessite une précision voi-
sine de la nanoseconde.
La nouveauté de notre instru-
ment, comparé aux sondes atomi-
ques classiques (encadré 2), pro-
vient du multidétecteur que nous
avons conçu. Il est sensible à la po-
sition des impacts d’ions contraire-
ment à l’appareil inventé par E.W.
Muller, il y a près de 25 ans. La
sonde atomique tomographique se
comportant comme un microscope à
projection, il est possible de calculer
la position des atomes de chaque
couche évaporée à partir des coor-
données des impacts sur le multi-
détecteur via une homothétie.
Simultanément, la nature des ions
émis par l’échantillon est identifiée
par spectrométrie de masse à temps
de vol, comme pour la sonde
classique. On reconstruit alors le
volume analysé couche par couche.
Bien que cette sonde tridimen-
sionnelle soit simple dans son prin-
cipe, la mise en œuvre de l’idée
s’est révélée assez délicate. Il s’agit
d’enregistrer les images matérielles
successives correspondant à cha-
cune des espèces chimiques issues
de l’échantillon (figure 2). La diffi-
culté majeure provient du fait que
ces images doivent être saisies indé-
pendamment pour chaque salve
d’ions (c’est-à-dire pour chaque
temps de vol caractéristique). Or,
les ions arrivent dans des intervalles
de temps extrêmement courts. Les
images matérielles correspondant
par exemple au cobalt et au nickel
réunis dans un même alliage ne sont
séparées que de quelques dizaines
de nanosecondes. Le détecteur (en-
cadré 3) doit permettre, en outre, la
localisation de plusieurs impacts si-
multanés (ions de même masse).
LA LOCALISATION DES ATOMES
En première approximation, les
trajectoires asymptotiques des ions
peuvent être considérées comme is-
sues d’un même point. La transfor-
mation qui permet de passer de la
position des atomes en surface de
l’échantillon aux coordonnées (x)
des impacts sur le détecteur est pro-
che d’une projection stéréographique.
A partir du grandissement de l’ap-
pareil (G), on calcule les coordon-
nées des atomes à la surface de la
pointe x
a
= x/G avec G = L/bR où R
est le rayon de courbure de la pointe
(b ~ 2 pour une projection stéréo-
graphique). Avec une pointe dont
le rayon de courbure vaut 50 nm,
Figure 2 - Principe de la sonde atomique tomographique. Les atomes évaporés depuis la surface de
l’échantillon sont identifiés par spectrométrie de masse à temps de vol. Leurs positions sont calculées
(projection quasi stéréographique) à partir des coordonnées des impacts sur le détecteur spatial.
L’aire grisée de l’échantillon représente le volume analysé.
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