ASEF 3-4 2012.indb

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Ann. soc. entomol. Fr. (n.s.), 2012, 48 (3–4) : 239-252
ARTICLE
La biologie des insectes nécrophages et leur utilisation pour
dater le décès en entomologie médico-légale
Damien Charabidze
Université de Lille-Nord-de-France, F-59000 Lille, France
UDSL, Forensic Taphonomy Unit, F-59000 Lille, France
Abstract. Necrophagous insects and forensic entomology. The estimation of the time of death is
one of the major issues when a body is discovered. For this purpose, forensic entomology use insects
sampled on corpses to estimate a minimum post-mortem interval (PMImin) and the time of death. This
field of forensic sciences and legal medicine thus needs detailed knowledge regarding the development
and physiology of the species of forensic interest. Such knowledge is provided by constant research in
field and laboratory conditions. The goal of these studies is not only to develop new methods for PMI
estimation improvement. Forensic entomology research also allows a better comprehension of several
areas of the biology of necrophagous species. This review presents on a first part the development of
necrophagous species, and especially blowflies larvae (Diptera Calliphoridae). In a second part, the
current concepts in forensic entomology allowing PMI estimation are explained.
Résumé. Lorsque qu’un corps ou des restes humains sont découverts se pose inéluctablement la
question de la datation du décès. Pour y répondre, l’entomologie médico-légale (également appelée
entomologie forensique) se base sur l’entomofaune nécrophage présente sur le corps. Bien que cette
discipline soit relativement récente, les méthodes permettant d’estimer un intervalle post-mortem
à partir des prélèvements entomologiques ont considérablement évoluées au cours des dernières
années. Fondée initialement sur la connaissance empirique des habitudes de quelques espèces,
l’entomologie médico-légale s’est depuis dotée de méthodes performantes qui ont permis d’asseoir
son statut auprès des enquêteurs et les magistrats. Cette évolution est principalement due à une
intense activité de recherche, à la fois dans le domaine applicatif mais aussi plus fondamental. En
effet, les aspects criminels ne sont qu’un champ d’application de la recherche, qui s’intéresse plus
généralement à la biologie des insectes nécrophage et à leur implication dans le processus de
décomposition. Cet article propose une synthèse des connaissances actuelles et des recherches en
cours, et s’attache à décrire les méthodes en vigueur dans la cadre d’une datation du décès.
Keywords: Flies, forensic entomology, post-mortem interval, Calliphoridae, decomposition.
Introduction
L’estimation de l’intervalle post-mortem (IPM)
constitue le point de départ souvent indispensable
à l’identification de la (des) victime(s) et des
circonstances du décès. De ce fait, la détermination
de l’IPM a été largement étudiée dans le cadre de
la médecine légale, mais également d’un ensemble
d’autres disciplines. L’entomologie médico-légale,
l’anthropologie, la bactériologie, l’écologie, etc. sont
autant de méthodes permettant chacune, dans leurs
domaines d’application, d’estimer le moment de la
mort. Toutes ne sont bien entendues pas équivalentes,
et chacune présente ses contraintes et ses avantages
(Beauthier 2007). L’utilisation des insectes pour dater
le décès n’est pertinente que lorsque les techniques de
E-mail: [email protected]
Accepté le 24 mai 2012
datation médico-légale deviennent inefficaces, c’està-dire environ deux jours après le décès (Marchenko
1988). En effet, durant les premières heures postmortem, le développement des insectes sur le cadavre
est insuffisant pour apporter une datation précise, ou
du moins plus précise que celle réalisée par les médecins
légistes. L’utilisation d’œufs de diptères Calliphoridae
pour estimer un IPM très court peut cependant se
révéler utile et fiable lorsque les prélèvements sont
réalisés immédiatement et conservés à température
strictement contrôlée (Bourel et al. 2003). Passé
ce délai initial de quarante-huit heures, lorsque la
température interne du corps s’est alignée sur la
température extérieure et que les constantes physicochimiques de l’organisme sont trop altérées pour servir
de repères, l’étude des insectes présents sur le cadavre
devient la seule solution fiable permettant d’estimer
l’heure du décès (Kashyap & Pillay 1989; Marchenko
1988). Dans son article de référence daté de 1988
et réédité en 2001, Marchenko affirme ainsi : « Il est
239
D. Charabidze
inadmissible de tirer des conclusions quant à l’heure du
décès sur la base du degré de décomposition des tissus ou de
l’état de squelettisation du corps. L’étude entomologique
est la base permettant de résoudre les problèmes suivants :
1/ déterminer à quelle saison un corps est arrivé sur le
site où il a été découvert; 2/ identifier le moment de la
mort (…); 3/ établir le fait qu’un cadavre a été déplacé
(...)» (Marchenko 1988). En 1990, Haskell et Catts
publièrent un guide à l’intention du personnel présent
sur les scènes de crimes, expliquant les fondements de
l’entomologie médico-légale (Haskell & Catts 1990).
Il fallut cependant attendre encore cinq ans pour
que ce champ d’étude soit ajouté à ceux de la revue
américaine Journal of Forensic Sciences. Actuellement
présente dans la majorité des pays développés ou en
voie de développement, l’entomologie médico-légale
est particulièrement bien implantée aux Etats-Unis, où
son utilisation dans le cadre d’affaires criminelles est
quasi-systématique (Wyss & Cherix 2006).
Aperçu historique
Le premier cas rapporté d’utilisation des insectes lors
d’une enquête remonterait au 10ème siècle, en Chine.
La présence de mouches sur le crâne aurait permis de
détecter une plaie à l’origine du décès (Benecke 2001).
Le même type de cas est relaté plus de 200 ans plus tard
en Chine également : suite au meurtre d’un homme aux
champs, la présence d’un grand nombre de mouches
sur la faux d’un autre paysan amena l’enquêteur à le
désigner comme étant le meurtrier (Benecke 2001;
Wyss & Cherix 2006). Ces deux exemples, souvent
rapportés, ne concernent cependant qu’une partie
limitée du processus d’expertise entomologique :
l’attraction des mouches par les plaies et la présence
de sang frais.
Le problème de la colonisation de la viande par les
mouches et leurs larves a été étudié en détail en Europe
à partir du 17ème siècle dans le cadre de la controverse
scientifique sur la génération spontanée. Les premières
expériences de Redi Francisco, datées de 1671,
démontrèrent que les larves observées sur la viande
provenaient de pontes de mouches, et que l’accès des
adultes conditionnait donc le développement ultérieur
de larves. De très nombreuses personnes pensent
aujourd’hui encore que les vers présents sur les cadavres
« sortent » du corps après la mort... Au milieu du 19ème
siècle, des enquêteurs français se mirent à estimer la
durée de présence des insectes sur un corps pour dater
le décès (Benecke 2001). Les bases de la démarche
scientifique d’expertise étaient posées : identification
des insectes prélevés, détermination de la succession
probable des espèces, déduction de la saison de ponte.
240
Cette méthodologie fut formalisée par Mégnin à la fin
de ce même siècle avec la mise en relation de l’état de
décomposition du corps et des préférences nutritives
des différentes espèces d’insectes nécrophages (Megnin
1894). Cette méthode fut par la suite baptisée
« méthode des escouades.
Le principe des escouades
Le concept sous-tendant cette théorie est simple :
le biotope « cadavre » évoluant au fur et à mesure de
la décomposition, certains insectes seront attirés très
tôt sur le corps, et d’autres plus tardivement. Mégnin
postula que ces périodes d’attractivité du cadavre
correspondaient à l’émission d’odeurs différentes
corrélées à certaines phases de décomposition
(Megnin 1894). Les insectes seraient alors attirés
par certains composés volatils caractéristiques d’une
phase de décomposition adaptée au développement
de leurs larves sur le cadavre (Cragg 1956; Vass 2004 ;
Seenivasagan et al. 2010; Von Hoermann et al. 2011).
Bien que les résultats obtenus par la technique des
électro-antennogrammes couplés à la caractérisation
des composés volatils par spectrométrie de masse
apportent des éléments de réponse, ce postulat reste à
démontrer pour la plupart des espèces (Frederickx et
al. 2011). La notion d’escouades s’imposa malgré tout
dans un premier temps comme une méthode simple
et efficace de datation de l’IPM. Smith proposa ainsi
dans sa monographie de 1986 une succession de huit
escouades qui resta pendant longtemps la référence
en entomologie médico-légale (Smith 1986).
Cependant, cette vision a depuis été fortement
remise en cause (Wyss & Cherix 2006). La
décomposition étant fortement liée aux caractéristiques
de l’écosystème cadavre, la succession des insectes
est donc très variable (Wells & Lamotte 2001). Elle
dépend des conditions environnementales et de l’état
initial du cadavre, mais d’autres facteurs interviennent
tels que l’action des végétaux, des champignons
ou de mammifères carnivores (Campobasso et al.
2001). Il a ainsi été démontré que les espèces et
ordres de successions pouvaient varier selon la zone
géographique (Avila & Goff 1998; Grassberger &
Frank 2004; Brundage et al. 2011), le type de milieu
(Mac Leod 1957; Smith & Wall 1997; Tomberlin
& Adler 1998; Hwang 2005; Sharanowski et al.
2008, Hwang & Turner 2009) ou encore suivant les
saisons et les années (Martinez-Sanchez et al. 2000;
Cruickshank & Wall 2002; Archer 2003; Schroeder
et al. 2003; Goulson et al. 2005; Voss et al. 2009;
Akotsen-Mensah et al. 2011; Battan &Linhares
2011; Brundage et al. 2011). La dégradation d’un
Insectes nécrophages et entomologie medico-légale
cadavre s’avère donc être un processus continu bien
plus qu’une suite d’étapes standardisées (Rodriguez
& Bass 1983 ; Schoenly & Reid 1987 ; Haglund &
Sorg 1997).
En conclusion, la datation d’un cadavre sur la base
de la succession des escouades, bien que parfois efficace
et bien documentée, est globalement extrêmement
délicate et imprécise, et manque de bases scientifiques
solides (Erzinçlioglu 1989; Arnaldos et al. 2005 ;
Wyss & Cherix 2006).
Biologie des insectes nécrophages
Classiquement, un cadavre abandonné au début
du printemps dans une zone à climat tempéré se décompose en quelques semaines à quelques mois. Nous
proposons dans les paragraphes qui suivent un aperçu
des espèces les plus fréquemment rencontrées en Europe centrale, en relation avec les stades de décomposition du corps (Tab. 1). Il ne s’agit bien entendu
pas d’une liste exhaustive : seules les espèces inféodées
aux cadavres (nécrophages ou prédatrices d’insectes
nécrophages) les plus fréquentes sont indiquées. Mais
Tableau 1. Liste non-exhaustive des insectes nécrophages ou sarco-saprophiles les plus fréquemment observés en France.
Diptères
Calliphoridae
Calliphora vicina (Robineau-Desvoidy 1830)
Calliphora vomitoria (L. 1758)
Phormia regina (Meigen 1826)
Protophormia terraenovae (Robineau-Desvoidy 1830)
Chrysomia albiceps (Wiedemann 1818)
Lucilia caesar (L. 1758)
Lucilia sericata (Meigen 1826)
Lucilia illustris (Meigen 1826)
Muscidae
Musca domestica (L. 1758)
Muscina stabulans (Fallèn 1817)
Muscina pabulorum (Fallèn 1817)
Ophyra capensis (Wiedemann 1818)
Ophyra leucostoma (Wiedeman 1818) (=ignava)
Fanniidae
Fannia canicularis (L. 1761)
Fannia manicata (Meigen 1826)
Fannia scalaris (Fabricius 1794)
Sarcophagidae
Sarcophaga carnaria (L. 1758)
Liopygia argyrostoma (Robineau-Desvoidy 1830)
Sarcophaga spp.
Piophilidae
Piophila casei (L. 1758)
Piophila nigriceps (Macquart 1851)
Piophila vulgaris (Fallen 1820)
Piophila varipes (Meigen 1830)
Coleoptères
Dermestidae
Dermeste undulatus (Brahm 1790)
Dermeste lardarius (L. 1758)
Dermeste peruvianus (Laporte de Castelnau 1840)
Dermeste frischii (Kugelann 1792)
Dermeste maculatus (De Geer 1774)
Silphidae
Acalypea (Blitophaga) opaca (L. 1758)
Acalypea (Blitophaga) undata (Reiter 1884)
Phosphuga atrata (L. 1758)
Silpha carinata (Herbst 1783)
Thanatophilus rugosus (L. 1758)
Thanatophilus sinuatus (Fabricius 1775)
Nicrophorus humator (Gleditsch 1767)
Nicrophorus vespillo (L. 1758)
Nicrophorus interruptus (Brullé 1832)
Necrodes littoralis (L. 1758)
Histeridae
Hister spp.
Saprinus spp.
Staphylinidae
Philontus spp.
Creophilus maxilosus (L. 1758)
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Necrobia violacea (L. 1758)
Necrobia rufipes (De Geer 1775)
Necrobia ruficolis (Fabricius 1775)
Phoridae
Conicera tibialis (Schmitz 1925)
Phora spp.
Megaselia spp.
241
D. Charabidze
de nombreuses autres espèces sont ponctuellement associées à ces écosystèmes, et notamment des femelles
adultes de Diptères non-nécrophages, à la recherches
des apports protéiques nécessaires à la vitellogénèse
(Adair & Kondratieff 2006 ; Anton et al. 2011; Dekeirsschieter et al. 2011).
Si les conditions climatiques sont favorables,
les Diptères Calliphoridae colonisent un corps très
rapidement après la mort, alors qu’aucune odeur n’est
encore perceptible par l’odorat humain. Ces espèces ont
en effet un système olfactif particulièrement développé
qui leur permet de détecter la présence d’un corps à très
grande distance (Braack 1987a; Kelling et al. 2003).
Parmi ces espèces pionnières, on trouve majoritairement
des Diptères Calliphoridae (Rognes 1997; Khoobdel &
Davari 2011). Après quelques jours, la décomposition
microbienne du corps est en pleine activité : les
symbiotes du tube digestif commencent à altérer le
cadavre de l’intérieur tandis que des champignons se
développent en surface. Les larves de Calliphoridae
sont maintenant et sont capables de s’attaquer à des
tissus plus résistants, notamment les muscles. Elles
participent de ce fait activement à la dégradation des
tissus en les fragmentant et en les consommant. On
observe également des adultes et des larves de Diptères
Muscidae, Faniidae et Sarcophagidae. Plus tardive, la
phase de dégradation des graisses dégage des acides gras
volatils tels que l’acide butyrique. Il est alors fréquent
d’observer des Coléoptères Dermestidae, dont les larves
s’attaquent également aux denrées alimentaires stockées
(viandes et poissons séchés). Ils sont fréquemment
observés en abondance dans le cas de corps découverts
en intérieur, où la présence de très nombreux individus
de tous stades, associée à une abondance de mues et de
déjections, indique souvent la succession de plusieurs
générations sur le corps (Schroeder et al. 2002). Dans
de tels cas, la squelettisation peut être très rapide, les
dermestes consommant sans difficulté la peau et les
tissus secs (Woodroffe & Coombs 1979). On observe
parfois également sur les tissus adipeux décomposés
des petits Lépidoptères du genre Aglossa. Les chenilles
se nourrissent des tissus graisseux décomposés, puis
se métamorphosent. Elles laissent peu de traces
identifiables de leur passage et sont trop peu fréquentes
pour être réellement utiles dans le cadre de datations.
La dégradation des matières protéiques du corps
est souvent l’occasion d’observer une entomofaune
typique, également rencontrée sur certains fromages.
Parmi celle-ci, on remarque la présence très fréquente de
petits Diptères appartenant au genre Piophila (Daniel
2011). Les larves des Piophilidae sont reconnaissables
à leur capacité à « sauter » : elles s’arc-boutent en fixant
leurs crochets buccaux à leur extrémité postérieure,
242
tendent leurs muscles puis lâchent brusquement. Ce
mécanisme de défense permet aux asticots de se projeter
à plus d’un mètre... et peut causer de désagréables
surprises au médecin légiste ou à un entomologiste
non-averti.
Lorsque la décomposition s’achève, le milieu
devient relativement pauvre d’un point de vue nutritif
et extrêmement acide. Les insectes qu’on y trouve
sont majoritairement sarco-saprophiles, c’est à dire au
moins partiellement prédateurs. C’est notamment le
cas des Diptères du genre Ophyra (Chin et al. 2009).
Les Diptères Phoridae sont également très fréquents :
il s’agit d’espèces de très petite taille, et dont la
détermination est complexe. Leur morphologie leur
permet de s’immiscer jusque dans les cercueils, où
elles peuvent pulluler et se reproduire durant plusieurs
générations (Bourel et al. 2004). Ces espèces ont
cependant été relativement peu étudiées et sont de fait
rarement exploitées pour dater le décès. Les derniers
insectes à exploiter le cadavre sont généralement des
Coléoptères Dermestidae ou Tenebrionidae. Ils finissent
de consommer la peau et les tissus desséchés, ne laissant
derrière eux que des os (Bourel et al. 2001).
Tout au long de la décomposition, on peut enfin
noter la présence de coléoptères sarco-saprophiles
appartenant aux genres Necrophorus, Necrodes,
Thanatophilus et Silpha, ainsi que Saprinus et Hister.
Bien que très communes, ces espèces sont généralement
peu informatives quand a la datation du décès, et ont
été assez peu étudiées (Halffter et al. 2007; Midgley
& Villet 2009; Ozdemir & Sert 2009; Velasquez &
Viloria 2009 ; Ikeda et al. 2010; Dekeirsschieter
et al. 2011; Bugajski et al. 2011; Matuszewski
2011, 2012). De fait, l’entomologie médico-légale
exploite principalement la présence de Diptères, et
principalement des Calliphoridae.
Développement des larves de Diptères
nécrophages
Les diptères Calliphoridae ont un cycle de
développement holométabole : la femelle pond une
grappe d’environ 200 œufs qui, à l’éclosion, vont
donner des larves de premier stade (Wall 1993). Bien
que le sujet fasse encore débat, il semblerait que les
Calliphoridae ne pondent que durant la journée, ou
en présence de lumière (Greenberg 1990a; Tessmer
et al. 1995; Singh & Bharti 2001; Wooldridge et
al. 2007; Amendt et al. 2008). La température de
l’environnement et du substrat semble également être
un paramètre déterminant pour le déclenchement
de la ponte. Le seuil de température permettant
l’oviposition apparaît ainsi comme étant nettement
Insectes nécrophages et entomologie medico-légale
supérieur (jusqu’à 7 °C d’écart) à celui permettant
le déclenchement du vol (Hedouin et al. 1996). De
plus, la présence d’autres œufs, de larves ou d’individus
adultes accroît la probabilité de ponte en agissant
comme un signal attractif pour les femelles gravides
(Barton Browne 1960; Ashworth & Wall 1994).
Après s’être alimentés, les asticots vont s’éloigner du
corps pour s’empuper et se transformer en nymphes.
Le temps passé aux stades prépupe (larve migratrice)
et pupe (nymphe) peut représenter jusqu’à 75% de
la durée de développement totale (Greenberg 1990b,
1991). Cette stratégie minimisant le temps passé
sur le cadavre, observée chez la plupart des diptères
nécrophages, semble être une réponse évolutive à
l’instabilité de ce biotope éphémère (Greenberg
1990b; Archer & Elgar 2003). Cependant, certaines
espèces, notamment Phormia regina (Meigen 1826) et
Protophormia terraenovae (Robineau-Desvoidy 1830),
ne migrent pas au stade prépupe et se métamorphosent
donc sur place. On observe également que le cycle
stéréotypique décrit précédemment n’est pas toujours
respecté. Chez certaines espèces de Sarcophagidae
et de Calliphoridae, les œufs sont retenus dans les
voies génitales de la femelle après fécondation et
jusqu’à l’éclosion des larves de premier stade, qui
seront directement déposées sur leur source de
nourriture (larviposition) (Fabre 1923; Shewell 1987;
Erzinçlioglu 1990,1996; Singh & Bharti 2008; Cook
& Dadour 2011).
De nombreuses études se sont intéressées
aux aspects écologiques liés à la colonisation des
cadavres. Il s’agit d’une ressource alimentaire par
nature éphémère et imprévisible, nécessitant donc
des stratégies de colonisation et de développement
particulières (Woodcock et al. 2002). La compétition
y apparaît comme étant le principal facteur limitant
les populations de larves, principalement dans le cas
de cadavres de petite taille (Putman 1977; Smith &
Wall 1997 ; Godoy et al. 1996). Ainsi, dans une étude
sur la structuration des communautés de diptères
nécrophages, Kuusela et Hanski notent que la quantité
de femelles attirées par un cadavre de petite ou de grande
taille est sensiblement identique (Kuusela & Hanski
1982). En revanche, il existe une corrélation entre la
masse du cadavre et le nombre moyen d’individus qui
en émergent. Durant leur stade larvaire, les diptères
Calliphoridae expriment un grégarisme marqué. Ce
comportement se traduit par la formation de masses
de larves allant de quelques dizaines à quelques
millions d’individus. Au sein de ces masses, chaque
individu cherche à absorber le maximum de nourriture
possible en un minimum de temps (De Jong 1976;
Godoy et al. 1996; Dos Reis et al. 1999). Il en résulte
une « bousculade permanente » conduisant certains
individus à manquer de nourriture et à mourir. Dans
une étude de 1982, Kuusela démontre un effet négatif
de la compétition sur la vitesse de développement des
larves de Lucilia illustris (Meigen 1826) (Kuusela &
Hanski 1982). Une étude plus détaillée réalisée en
1995 et portant sur quatre espèces du genre Lucilia
conclut également à un effet négatif densité-dépendant
de la concentration de larves sur le taux de survie
des individus, leur taille et la fécondité des femelles
(Prinkkila & Hanski 1995). A l’inverse, l’augmentation
de la vitesse de développement à forte densité a été
décrite chez Calliphora vicina (Robineau-Desvoidy
1830), Calliphora vomitoria (L. 1758) et Chrysomya
spp. (Goodbrod & Goff 1990; Saunders & Bee 1995;
Ireland 2006). Les protocoles expérimentaux variant
énormément entre les études, il est délicat de comparer
entre eux les résultats. Il ressort globalement que la
probabilité de survie d’un individu décroît rapidement
lorsque le nombre de larves par gramme de substrat
devient trop importante, mais qu’un phénomène de
facilitation (augmentation de la probabilité de survie
avec la quantité de larves) peut apparaître pour des
concentrations intermédiaires (Baxter & Morisson
1983; Moe et al. 2002; Ireland 2006).
De plus, tous les tissus n’ont pas la même valeur
nutritive pour les larves. Des résultats expérimentaux
chez Calliphora vicina indiquent une durée de
développement des larves nourries avec du cerveau, du
cœur, du poumon ou des reins de porc inférieure de
deux jours à celles placées sur du foie (Kaneshrajah &
Turner 2004). Le même type de résultat a été obtenu
avec des larves de Calliphora augur (Fabricius 1775) et
Lucilia cuprina (Wiedemann 1830) (Day & Wallman
2006). Enfin, la comparaison de substrats de différentes
origines animales indique un développement plus
rapide sur la viande de porc que sur celle de bœuf (Clark
et al. 2006). On observe enfin que les différences de
valeur nutritive entre substrats sont amplifiées en cas
de surpopulation et donc de compétition pour l’accès
à la nourriture. Ce phénomène est par exemple visible
chez Chrysomya albiceps (Wiedemann 1819), espèce
relativement commune dans le sud de la France et dont
les larves de stade II et III sont prédatrices de larves
de diptères Calliphoridae, prédation particulièrement
développée lorsque la nourriture vient à manquer
(Faria et al. 2004). Dans l’ensemble, ces conclusions
indiquent un rôle majeur de la compétition en tant
que paramètre contrôlant les populations de diptères
nécrophages.
Une fois les œufs (ou les larves) déposés sur le corps,
la durée du développement dépend de la température.
Plus il fait chaud, plus le développement est rapide,
243
D. Charabidze
plus il fait froid, plus il est lent. La température n’est
cependant pas le seul facteur à agir sur la vitesse de
développement des insectes : la disponibilité en
nourriture ou la photopériode peuvent également jouer
un rôle important (Nabity et al. 2007). Le comportement
grégaire des larves est également à l’origine d’une
élévation locale de la température (“larval-mass effect”)
pouvant atteindre des proportions surprenantes (Slone
& Gruner 2007; Charabidze et al. 2011; Johnson et al.
2012) (fig. 1). La présence simultanée d’un très grand
nombre d’individus émettant une très faible chaleur du
fait de leur métabolisme peut en effet conduire à des
augmentations locales de température extrêmement
importantes : Greenberg (1991) relate une observation
de 18 °C supérieure à la température extérieure, tandis
que Turner mentionne une température de 40 °C au
sein d’une masse de larves (Greenberg 1991 ; Turner
& Howard 1992). Plus impressionnant encore, une
étude réalisée à Hawaii a permis d’enregistrer durant
plusieurs jours des températures de plus de 50 °C à
l’intérieur d’un cadavre de porc placé en zone boisée,
alors que la température extérieure était inférieure à
30 °C (Richards & Goff 1997). D’autres observations
de ce type sont fréquemment relatées dans la littérature,
notamment lors d’expériences en extérieur (Deonier
1940; Hewadikaram & Goff 1991; Joy et al. 2002).
Le comportement de ponte des femelles et le nombre
de larves en compétition pour la même ressource
alimentaire affecte ainsi diversement la durée de
développement et la probabilité de survie des individus.
Le rôle du grégarisme est donc discuté : la théorie
admise est qu’il facilite l’alimentation en favorisant la
liquéfaction locale des tissus par l’action conjointe des
enzymes salivaires et des mouvements de leurs crochets
buccaux, et permet également de minimiser l’exposition
aux prédateurs (Fabre 1923; Hobson 1932; Putman
1977; Dos Reis et al. 1999). Cette balance entre
grégarisme et compétition alimentaire a été analysée
d’un point de vue théorique par Ives, qui classe la
compétition chez Lucilia coeruleiviridis (Macquart
1855) comme appartenant au type 3, c’est-à-dire ayant
un faible impact final sur le fitness des individus (Ives
1989, 1991). Autrement dit, la compétition chez les
larves de Calliphoridae est suffisamment faible pour
maintenir à un niveau stable la ponte de paquets d’œufs
et le comportement d’agrégation des pontes chez les
femelles. Il existe de plus des aptitudes d’exploitation
des ressources différentes entre espèces, se traduisant
par une compétition interspécifique orientée en
faveur des espèces produisant beaucoup d’individus
à développement très court (Kouki & Hanski
1995). Ainsi, les Calliphoridae semblent limiter le
développement des populations de Sarcophagidae sur
les cadavres (Denno & Cothran 1976). Des capacités
compétitives différentes ont également été mises
en évidence au sein de différentes sous-populations
Figure 1
Mesure de température au sein d’une masse de larves de stade 3 de Lucilia sericata se développant à une température ambiante de 20 °C sur de la viande de
bœuf.
244
Insectes nécrophages et entomologie medico-légale
géographiques de l’espèce Lucilia sericata (Meigen
1826) (Martinez-Sanchez et al. 2007). Hanski évoque
enfin un effet de l’ordre de ponte des espèces ayant par
ailleurs les mêmes préférences écologiques, que l’on
pourrait résumer sous la forme « première espèce arrivée,
première servie » (Hanski 1977).
Calcul de l’Intervalle Post-Mortem (IPM)
L’ensemble de ces connaissances quant à la biologie
des espèces nécrophages constitue le socle sur lequel
s’appuient les méthodes entomologiques de datation
du décès. La première phase de l’expertise entomologique consiste à prélever les insectes et les larves présents sur le corps, puis à les identifier. La réalisation
de prélèvements est normalement réalisée par une personne formée à cette technique, mais incombe le plus
souvent à des techniciens de scène de crime ou à des
médecins légistes. Bien que chaque laboratoire ait son
propre protocole (généralement accompagné d’un kit
de prélèvement), des directives générales ont été publiées par l’European Association for Forensic Entomology
(EAFE) (Amendt et al. 2006). De nombreux ouvrages
proposent également des consignes de prélèvement détaillées (Haskell & Catts 1990; Byrd & Castner 2009).
Retenons simplement ici que les prélèvements doivent
nécessairement être effectués sur le site de découverte
du corps (pour retrouver les pupes) et que les insectes
doivent être pour moitié fixés et pour moitié conservés
vivants. Ces prélèvements sont conservés au frais (4 °C)
ou à température contrôlée et transmis au laboratoire
le plus rapidement possible. Les spécimens fixés sont
analysés immédiatement tandis que les larves vivantes
sont placées en élevage (Byrd & Castner 2009). Ce système présente un double intérêt: 1- l’élevage en conditions contrôlées des larves permet de déterminer a posteriori leur âge au moment de la découverte du corps;
2- il rend possible une double expertise des spécimens
: l’identification des larves fixées, souvent délicate, est
complétée par celle des individus adultes. Ajoutons
qu’en cas de problème avec les insectes vivants, les prélèvements fixés permettent de conserver une trace qui
rend malgré tout l’expertise possible.
C’est à partir de la liste complète des espèces et
des stades présents sur le corps que peut être estimé
l’Intervalle Post-Mortem (IPM). Lorsque le corps est
découvert peu de temps après le décès (IPM court),
seules les espèces les plus précoces à coloniser le corps
ont pu entamer leur développement sur le cadavre.
Il s’agit le plus souvent de Diptères Calliphoridae,
notamment Lucilia sericata, L. caesar, Calliphora
vicina, C. vomitoria, Phormia regina et Protophormia
terraenovae. Dans ce cas, le principe est de déterminer
précisément l’âge des insectes présents (généralement
des larves, mais parfois également des œufs ou des
pupes) afin de déterminer le moment de leur ponte
Figure 2
Représentation schématique du lien entre la température ambiante et le développement réalisé en une unité de temps passée à cette température (TDu) chez
les larves de diptères nécrophages. Seule la partie B est linéaire.
245
D. Charabidze
(Marchenko 1988).
La durée de développement dépendant de la
température, il s’agît d’un âge relatif. Pour le calculer,
la méthode la plus simple considère une relation
linéaire entre température et développement, aisément
modélisable par une équation de droite. Cependant,
lorsque la température devient extrême, cette linéarité
n’est plus vérifiée : il est alors nécessaire de se référer à
des modèles plus complexes (Allen 1976; Ikemoto &
Takai 2000; Byrd 2001; Bourel et al. 2003; Charabidze
et al. 2008 ; Gosselin et al. 2010; Reibe et al. 2010)
(fig. 2).
En France, la majorité des cas se déroulant dans une
gamme de température moyenne, la méthode la plus
fréquemment utilisée, appelée ADD (Accumulated
Degree Days), dérive de la modélisation linéaire
(Marchenko 1988). Elle synthétise pour chaque
espèce la cinétique de développement sous la forme de
deux constantes : une valeur seuil à atteindre et une
température minimum Tmin. Cette valeur doit être
retranchée à la température ambiante pour calculer
les ADD : pour Calliphora vicina, dont la Tmin est de
2 °C, une journée passée à 20 °C correspond à 20–2=18
ADD. La constante (seuil) propre à cette espèce étant
de 388ADD, il faut donc 388/18=21,5 jours passés
à 20 °C à C. vicina pour réaliser son développement
complet. Lorsque la température varie, le même
raisonnement peut être appliqué (fig. 3). On calcule
jour après jour le développement réalisé en fonction de
la température, puis on additionne ces valeurs jusqu’à
atteindre la constante spécifique d’ADD. Dans le cas
d’une datation de décès, on procède en partant du jour où
les mouches adultes ont émergé (jour 32 dans l’exemple
de la figure 2). On remonte ensuite la chronologie en
additionnant jour par jour le développement accumulé,
jusqu’à atteindre la constante d’ADD propre à l’espèce :
la date où cette valeur est atteinte correspond au jour
où les insectes ont été pondus sur le corps (jour 5 dans
cet exemple). S’agissant d’espèces nécrophages, cette
datation correspond à un moment ou la victime était
déjà décédée, c’est-à-dire à un IPM minimum. Cette
méthode n’est cependant applicable que lorsque les
premiers individus à avoir été pondus (généralement
des Diptères Calliphoridae) sont encore en train de
se développer lors de la découverte du corps. Ce cas
de figure correspond généralement à une période de
quelques jours à quelques semaines après le décès.
D’autres méthodes de datations existent. Il est
notamment possible d’estimer l’âge des larves à partir
de leur longueur (Byrd & Allen 2001; Wells & Lamotte
Figure 3
Exemple de détermination du jour de ponte d’individus de l’espèce Calliphora vicina s’étant développés à température variable et ayant émergés le jour 32.
Les constantes indiquées par Marchenko (1988) pour cette espèce sont de 388ADD (Accumulated Degree Days) avec une Tmin = 2 °C. Une journée à 20 °C
correspond ainsi à 20-2=18ADD. La courbe et les valeurs reportées sur le graphique correspondent aux ADD accumulés aux cours du temps. La constante
spécifique de 388ADD est atteinte le jour 5, qui correspond donc à la date de ponte (Intervalle Post-Mortem minimum).
246
Insectes nécrophages et entomologie medico-légale
2001; Grassberger 2002). Cette méthode fonctionne
bien pour des insectes placés à température constante
et donne une lecture continue de l’âge des individus,
contrairement à la méthode précédente basée sur les
stades. Cependant, elle nécessite que les larves soient
ébouillantées lors de leur prélèvement : en effet, cellesci ont naturellement tendance à se contracter, ce qui
peut fausser l’estimation de la longueur même après
leur mort. Les individus ébouillantés sont au contraire
étirés au maximum et peuvent donc être mesurés de
manière standardisée. Une récente étude a également
mis en évidence un lien entre la largeur des larves et leur
âge, cette relation ne pouvant être appliquée que sur des
larves vivantes et fraîchement prélevées (Myskowiak &
Doums 2002). Il en va de même pour l’estimation de
l’âge des individus sur la base de leur poids (Wells &
LaMotte 1995). Enfin, des corrélations a posteriori ont
permis de mettre en évidence une corrélation entre
la température moyenne et le délai d’apparition de
certaines espèces sur un corps (Matuszewski 2011,
2012).
Datation d’un IPM long
Lorsque les premiers colonisateurs ont achevé
leur développement, il ne reste de leur passage que
quelques pupes vides. Il n’est alors plus possible de
baser l’estimation de l’IPM sur ces individus. La
présence de pupes vides ou celle d’autres insectes en
train d’achever leur développement peut cependant
parfois être exploitée. Il est par exemple possible de se
baser sur la température maximum atteinte durant la
décomposition du corps pour calculer l’âge minimum
de tous les insectes prélevés. On estime ainsi quelle aurait
pu être leur vitesse maximale de croissance et donc la
durée minimum nécessaire à leur développement. Le
délai post mortem est évidemment dans ce cas largement
sous-estimé. Cette méthode est de plus inadaptée pour
des corps se trouvant en extérieur durant une longue
période, cas pour lesquelles la température varie
généralement très fortement (Charabidze 2010).
Une autre solution consiste à estimer le moment
de ponte des insectes encore en train de se développer
sur le corps, en utilisant la méthode des ADD décrite
précédemment. Cette datation est fiable, mais
généralement peu informative : l’estimation de l’âge
des insectes les plus tardifs indique bien un moment où
la victime était déjà décédée, mais la présence d’autres
espèces ayant achevé leur développement prouve que le
moment de la mort est antérieur à cette estimation.
Autres apports de l’entomologie médico-légale
Généralement, les larves de diptères nécrophages
utilisées pour la datation ne se développent que sur des
tissus morts, et donc après le décès. Dans certains cas
cependant, notamment en présence de plaies cutanées
importantes avec nécroses, il est possible pour certaines
espèces de se développer sur un organisme vivant :
on parle alors de myiases ( Hall & Wall 1995; Kim
et al. 2009). Ces cas restent cependant relativement
rares chez l’humain, et comportent un certain nombre
d’indices caractéristiques permettant de détecter
la présence ante-mortem d’insectes sur le corps. La
présence de myiases peut également être un indicateur
de mauvaise hygiène permettant d’établir la négligence
ou la maltraitance envers des personnes dépendantes
(enfants ou personnes âgées) et éventuellement de
dater l’apparition des plaies ou des sévices (Benecke &
Lessig 2001).
Outre la datation du décès, il est fréquemment
mentionné que l’étude de l’entomofaune nécrophage
prélevée sur un corps permet de mettre en évidence
d’éventuels déplacements post-mortem du corps
(Marchenko 1988). Bien que ce cas de figure soit
extrêmement rare (seulement quelque cas recensés dans
le monde), la présence de certaines espèces ayant une
aire de répartition stricte peut théoriquement indiquer
un déplacement du corps survenu après la ponte de
ces espèces. Il est également intéressant de noter que
les deux espèces françaises du genre Calliphora les
plus fréquemment trouvées sur les cadavres humains
ont une répartition différente : Calliphora vicina est
principalement synanthropique tandis que Calliphora
vomitoria est plutôt observée en zone rurale (Hwang
2005 ; Hwang & Turner 2009). La présence de cette
dernière sur un cadavre découvert en centre-ville a
cependant été maintes fois rapportée et n’implique
pas nécessairement un déplacement de corps. Il s’agit
cependant d’un élément d’information à considérer.
De manière analogue, Necrodes littoralis (L. 1758) n’est
quasiment jamais observé en zone urbaine, mais est
très fréquent dans la nature.
Enfin, l’absence sur un corps d’un ensemble
d’espèces très communes et généralement pionnières
peut indiquer une inaccessibilité temporaire du cadavre
durant la période de colonisation de ces insectes. Il peut
s’agir d’un confinement du cadavre ou de la présence
d’un « emballage » ayant bloqué l’accès au corps, mais
également et plus simplement de mauvaises conditions
climatiques (Campobasso et al. 2001). Il est donc
nécessaire d’être très prudent lors de la formulation
de ce type de conclusions. Enfin, l’existence d’un délai
de colonisation et l’absence de certaines espèces peut
247
D. Charabidze
également être dû à la présence de substances répulsives
(Marchenko 1988; Charabidze et al. 2009).
Pour finir, notons deux cas particuliers : les corps
inhumés, généralement très peu colonisés (Bourel et
al. 2004, Gunn & Bird 2011), et les corps immergés,
auxquels une faune spécifique est associée (Myskowiak
et al. 2010). Dans ces deux cas, il est le plus souvent
impossible de formuler une datation sur la base de
prélèvements entomologiques.
Recherche et perspectives
La recherche en entomologie médico-légale est
très active (Tomberlin et al. 2011). Des articles sur le
sujet sont fréquemment publiés dans Forensic Science
International, Journal of Forensic Sciences, Medical &
Veterinary Entomology ou encore Journal of Medical
Entomology. Ces travaux peuvent globalement être
répartis en deux catégories complémentaires : 1) des
recherches appliquées, répondant à une problématique
ciblée rencontrée lors d’expertises et 2) des recherches
plus fondamentales sur la biologie des espèces
nécrophages.
Une des branches de recherche les plus actives
s’intéresse à la quantification du délai précédant la
colonisation, c’est-à-dire l’étude des facteurs influençant
l’arrivée des insectes sur un corps (Charabidze et
al. 2009; Reibe & Madea 2009; Pohjoismäki et al.
2010; Akotsen-Mensah et al. 2011; Anderson 2011;
Anton et al. 2011; Matuszewski 2011, 2012). A
visée applicative (amélioration de la précision et de la
fiabilité des conclusions d’expertises), ces recherches
sont complétées par de nouvelles méthodes de calcul
de la durée de développement (Charabidze et al. 2008;
Reibe et al. 2010). L’utilisation de l’informatique a
également permis l’apparition de nouveaux outils de
datation : le programme ForenSeek, spécialement
développé dans le cadre de l’entomologie médicolégale, propose ainsi un système intégré d’aide à
l’expertise entomologique (Charabidze 2008, 2010).
Parallèlement à ces recherches et développements, de
nombreux inventaires faunistiques et des suivis de
colonisations sont réalisés dans différents pays (Braack
1987b ; Vitta et al. 2007; Wang et al. 2008; Azwandi &
Abu Hassan 2009; Biavati et al. 2010; Dekeirsschieter et
al. 2011; Segura et al. 2011; Matuszewski et al. 2011).
Ils constituent une part importante de la littérature en
entomologie médico-légale et apportent des données
fondamentales sur l’entomofaune nécrophages en
Europe et en Amérique du nord. De tels inventaires,
ainsi que des études de durée de développement
propres aux espèces locales, manquent en revanche
cruellement dans la majeure partie des pays d’Afrique
248
(Wyss & Cherix 2006; Szpila & Villet 2011).
Dans un tout autre registre, les propriétés
antibactériennes de certains composés synthétisées par
les larves de Calliphoridae sont étudiées par la recherche
pharmaceutique (Cerovsky et al. 2009, 2011; Barnes
et al. 2010; Kawabata et al. 2010 ; Arora et al. 2011 ;
Nygaard et al. 2012). Enfin, les aspects génétiques
et moléculaires sont également étudiés en vue de
développer de nouvelles méthodes d’identification
(Harvey et al. 2003; Saigusa et al. 2006; He et al. 2007;
Desmyter & Gosselin 2009; McDonagh et al. 2009;
Hwang Park et al. 2009; Mazzanti et al. 2010; Malewski
et al. 2010; Boehme et al. 2010, 2011; Guo et al. 2011;
Szpila & Villet 2011 ; Frederickx et al. 2012). Ces
recherches sont particulièrement utiles dans le cas des
Sarcophagidae ou des Phoridae dont la détermination
est très délicate (Guo et al. 2011; Boehme et al. 2010).
Bien que ces méthodes d’identification ne soient
pas encore utilisées en routine dans les laboratoires
d’entomologie médico-légale, elles représentent une
évolution importante pour la discipline, notamment
grâce au gain de temps et de fiabilité qu’elles sont
susceptibles d’apporter.
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